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Judaïsme et christianisme dans les commentaires patristiques de la Genèse

de Marie-Anne Vannier (Éditeur de volume)
©2014 Collections VI, 196 Pages

Résumé

Les commentaires patristiques de la Genèse ont été fréquemment étudiés, car ils s’inscrivent dans le cadre de la catéchèse baptismale et articulent création et création nouvelle. En revanche, les chercheurs ont très peu, voire pas du tout, envisagé l’influence du Judaïsme sur ces commentaires. Or, ne serait-ce que par le texte de la Septante qui sert de référence aux Pères grecs, l’influence du Judaïsme y est présente, ce qui amène à une autre compréhension des premiers mots du texte. S’y ajoute la place de Philon d’Alexandrie, les méthodes exégétiques issues du Judaïsme. C’est donc une nouvelle manière d’aborder ces commentaires qui est proposée dans cet ouvrage, fruit d’un programme de recherche de la MSH Lorraine, qui renouvelle l’étude de ces textes et montre quelles ont été les interactions entre Judaïsme et christianisme dans l’Antiquité tardive.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l'éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Avant-propos: Marie-Anne Vannier
  • La Genèse dans la Septante: Cécile Dogniez
  • Le récit de la création dans l’exégèse des rabbins et des Pères de l’Église : un essai de comparaison: José Costa
  • Aperçu général
  • Trois motifs : la création ex nihilo, le couple création/émanation, la création de l’homme
  • Le motif de la création dans un judaïsme pluriel et les Pères
  • Points de rencontre entre judaïsme et christianisme dans les commentaires patristiques de la Genèse: Marie-Anne Vannier
  • Philon et Origène, interprètes du récit de la Création: Gérard Rémy
  • L’esthétique de la création selon Philon
  • Une théologie de la création
  • La création de l’homme
  • L’exégèse allégorique d’Origène
  • De la lettre à l’allégorie
  • Un choix séparateur entre le bien et le mal
  • L’homme agent de la séparation du bien et du mal
  • Le mal au service du bien
  • Le Verbe et l’allégorie de la lumière
  • Le Verbe créateur
  • Le rôle illuminateur du Christ et de l’Église
  • La dignité de l’homme selon la lettre
  • L’homme « fait » par Dieu
  • À la ressemblance de l’image
  • De l’image à la ressemblance
  • La ressemblance assumée
  • La symbolique de l’homme et de la femme
  • Originalité d’une exégèse
  • Forme et sens d’une exégèse allégorique
  • Une structure de pensée
  • L’agencement des trois sens de l’Écriture
  • De Philon à Origène
  • La création de l’homme (Gn 1, 26) dans une lecture critique de Philon le Juif : l’Epistula 29 (43 M) d’Ambroise de Milan face au De opificio mundi: Gérard Nauroy
  • L’exposé philonien
  • Deux approches exégétiques
  • La preuve par l’exemple : le banquet et les jeux du stade
  • Le principe et la fin dans l’oeuvre créatrice
  • L’intellect, seule partie de l’homme à l’image de Dieu
  • L’homme maître du vivant
  • De la figure à la manifestation dans le Contra Faustum de saint Augustin: Yves Meessen
  • Une oeuvre de controverse
  • Le témoignage prophétique et le voile qui demeure
  • Exorde
  • Disputation tripartite (tripartita disputatione) : refutatio/confirmatio
  • Premier argument : l’annonce voilée du Christ
  • Deuxième argument : de l’utilité des prophéties
  • Troisième argument : la conduite exemplaire des Juifs
  • Péroraison
  • Le fils perdu et retrouvé. Luc 1-2 : une lecture de la Genèse entre tradition juive et culture païenne: Philippe Lefebvre
  • Le thème du fils perdu et retrouvé en Luc et dans la Genèse
  • Les deux fils enfin trouvés en Lc 1-2
  • Fils perdus et retrouvés dans la Genèse
  • Lc 1-2 et la Genèse : une fresque ordonnée
  • Zacharie et Élisabeth/Abraham et Sarah
  • Marie et Hagar
  • Élisabeth et Marie / Rébecca, Léa, Rachel
  • La pensée du texte en Gn et en Lc
  • Le fils perdu d’Asher. Une lecture juive chez Luc ?
  • « Jésus », fils d’Asher
  • Sérah, fille d’Asher : sur les traces des fils perdus
  • Sérah dans les traditions juives
  • Anne et Sérah
  • Luc et les traditions juives sur la Genèse
  • Les trois Grâces : entre Genèse et culture grecque
  • Évangiles et culture gréco-latine
  • Trois Grâces, trois Parques en Lc 1-2 ?
  • Les trois Grâces évangéliques
  • La Genèse en mouvement
  • La liste des patriarches chez Isidore de Séville (Etym. VII, 7): Jacques Elfassi
  • Annexe 1 : texte et traduction
  • De patriarchis
  • Les patriarches
  • Annexe 2 : table des sources
  • La perplexité maïmonidienne sur Bereshit: Géraldine Roux
  • Présentation des auteurs

MARIE-ANNE VANNIER1

Avant-propos

Les nombreux commentaires patristiques de la Genèse s’inscrivent souvent dans le cadre de la catéchèse baptismale pour s’arrêter au récit de la création, ou encore à tel ou tel épisode, comme la rencontre du chêne de Mambré. Rares sont ceux qui portent sur tout le texte, mais on constate qu’ils sont marqués par le judaïsme.

Le texte de référence dont les Pères disposaient était soit la Septante, soit une version de la Vetus Latina, avant que la Vulgate n’intervienne. Or, comme le montre Cécile Dogniez, la Septante témoigne de la réception du judaïsme dans le monde hellénistique. Les Pères qui la commentent n’ont pas manqué d’en être marqués.

Sous deux angles différents, José Costa et moi-même envisageons les points de rencontre avec le judaïsme et son influence sur les commentaires patristiques de la Genèse, en particulier de ses deux premiers chapitres.

Puis Gérard Rémy et Gérard Nauroy examinent respectivement l’influence de Philon sur Origène et sur Ambroise de Milan. Philon prend en quelque sorte le relais de la Septante pour proposer un judaïsme hellénistique qui va infléchir l’exégèse patristique de la Genèse.

Passant d’Ambroise à Augustin, dont le commentaire des deux premiers chapitres de la Genèse est fondamental, Yves Meessen s’attache aux généalogies présentes dans la Genèse et qu’Augustin reprend dans le Contra Faustum.

Philippe Lefebvre montre ensuite comment le Nouveau Testament réalise souvent une lecture misdrashique de l’Ancien. Il prend pour ← 1 | 2 → exemple le fils perdu et retrouvé qu’on trouve à la fois dans la Genèse et dans l’Évangile de Luc.

Jacques Elfassi étudie la reprise par Isidore de Séville, au livre VII des Étymologies, des Questions hébraïques sur la Genèse de Jérôme.

Enfin, Géraldine Roux pose la question de la perplexité de Maïmonide par rapport au premier mot de la Genèse : Bereshit.

C’est finalement toute une lecture nouvelle qui s’ouvre au prisme de l’influence que ces commentaires ont reçue du judaïsme dans un monde où les frontières entre les deux communautés étaient beaucoup moins tranchées2 qu’on ne le pense.

Je remercie Laetitita Le Couédic pour la mise en page de l’ouvrage. Je remercie plus largement la MSH Lorraine et le Centre Écritures qui nous ont permis d’organiser ce colloque, dont nous publions les Actes. ← 2 | 3 →

1Université de Lorraine, IUF, Centre Écritures, EA 3943, F-57000.

2Cf. D. BOYARIN, La partition du judaïsme et du christianisme, Paris, Cerf, coll. « Patrimoines », 2011.

CÉCILE DOGNIEZ1

La Genèse dans la Septante

La traduction de la Septante, la première version grecque de la Bible hébraïque, faite à Alexandrie par des Juifs, à partir du IIIe siècle avant notre ère, constitue un événement sans précédent dans l’Antiquité.

La Septante, c’est aussi la plus ancienne interprétation de la Bible hébraïque que nous possédons, faite en accord avec le milieu religieux qui l’a vu naître, le judaïsme de l’époque hellénistique. De ce fait, la Septante est la première rencontre, par l’intermédiaire de la langue grecque, entre le judaïsme et l’hellénisme.

Par ailleurs, au sein du christianisme ancien, la Septante fut la seule forme des livres bibliques qu’ont pu lire et comprendre les chrétiens issus du monde méditerranéen parlant grec. La Septante est par conséquent le passage obligé entre le judaïsme et le christianisme ancien.

On voit ainsi le rôle majeur que joue cette Bible grecque à la fois dans l’histoire du judaïsme et dans celle du christianisme.

Voici trente ans environ que Marguerite Harl s’est tournée vers la Septante, saisissant la mesure du rôle séminal de cette version dans la littérature patristique et mettant au jour l’ignorance dans laquelle nous la tenions jusque-là en France.

Depuis, les travaux sur la Septante ont pris un essor tout particulier. Outre l’accélération constante des publications dans ce domaine, ces dernières années ont vu naître de nombreux projets de traduction de la Septante en différentes langues.

Nous aimerions montrer ici que les études sur la Septante se trouvent au croisement de plusieurs disciplines et que la prise en compte ← 3 | 4 → des recherches menées dans ces différents domaines fournit un éclairage précieux pour mieux appréhender l’histoire de tel ou tel livre biblique, pour comprendre, non seulement en amont de la Septante, la plus ancienne histoire de la forme originale de la Bible, en hébreu, mais aussi, en aval, les lectures patristiques de ce qui, au sein du christianisme, deviendra l’Ancien Testament.

Comme chacun le sait, l’histoire du texte de la Bible a progressé à grands pas, depuis 1950, en raison des découvertes de Qumran : on peut désormais étudier l’histoire ancienne du texte hébreu à partir de témoins très anciens et non plus seulement à partir des versions auxquelles les biblistes avaient recours uniquement lorsque le texte massorétique était difficile à comprendre.

Par ailleurs, la parenté entre certains fragments hébreux de Qumran et le modèle hébreu traduit par les Septante modifia quelque peu le statut de cette Bible grecque : la LXX ne pouvait plus être prise comme une traduction libre de l’hébreu dès lors que son texte s’écarte du texte massorétique.

Qumran attesta ainsi, à date ancienne, une pluralité textuelle pour l’hébreu, alors que l’on savait que le texte grec lui-même était mouvant et fut l’objet de révisions, à la fois en milieu chrétien et en milieu juif. Mais de même que la révision juive nommée kaigé n’affecte pas la Genèse, de même la recension chrétienne, antiochienne, par exemple, n’existe pas non plus pour le texte grec de ce livre. D’une façon générale, force est de constater le caractère particulièrement stable, unifié et jugé satisfaisant du texte grec de l’ensemble du Pentateuque, comparé à la diversité textuelle de certains livres historiques et prophétiques. Ce phénomène de conservatisme textuel qui caractérise le Pentateuque grec vaut du reste aussi pour le texte hébreu de la Torah qui, pour ainsi dire, n’a donné lieu ni à contestation ni à réfection.

Pour donner un premier exemple de l’intérêt qu’il y a néanmoins à prendre en compte le texte grec de la LXX pour mieux appréhender l’histoire du texte de la Genèse, nous voudrions nous attarder ici sur ce que l’on considère généralement comme un ajout dans la Septante de la Genèse et qu’il convient peut-être de reconsidérer à l’aune de l’histoire du texte biblique telle qu’elle émerge de l’étude des fragments de ← 4 | 5 → Qumran. Nous voulons parler du « plus » de la LXX par rapport au TM qui se trouve à la fin de Gen 1, 9, souvent analysé comme une harmonisation d’après Gen 1, 7 à propos du firmament.

Un fragment de Qumran, 4QGenk, donne un texte différent du TM, probablement avec le « plus » – on possède les deux derniers mots –, qui semble donc attester pour la Septante une Vorlage différente du TM. Ici la LXX refléterait donc une autre leçon, plus ancienne que celle retenue par le TM qui, lui, résulterait d’une correction juive postérieure.

En effet, la mention de l’eau, qui serait ici en rivalité avec Dieu, aurait été supprimée, sans doute pour gommer la suprématie de cet élément naturel dans la création, afin de mettre davantage en valeur l’activité créatrice et toute-puissante de Dieu, telle qu’elle se lit, en grec et en hébreu, dans le cas du firmament aux v. 6-7. Le livre des Jubilés, en II 5-6, soutient cette autre leçon de la Septante pour Gen 1, 9, en mentionnant l’exécution de l’ordre divin par les eaux mais pour lesquelles il est bien précisé qu’elles sont sous le commandement divin. Et les Pères2 qui commentent le texte de la Septante ne manquent pas de se prononcer sur cette leçon.

Prenons un deuxième exemple dans la Genèse pour montrer l’importance du témoignage que constitue le texte grec pour tenter d’accéder à la forme ancienne du substrat hébreu. Il s’agit du verset de Gen 17, 14, situé dans un passage crucial pour comprendre le rôle de la circoncision à la fois dans le judaïsme puis dans le christianisme. On considère généralement que dans ce verset le traducteur ajoute la mention « le huitième jour ».

Résumé des informations

Pages
VI, 196
Année
2014
ISBN (PDF)
9783035107678
ISBN (ePUB)
9783035195590
ISBN (MOBI)
9783035195583
ISBN (Broché)
9783034315388
DOI
10.3726/978-3-0351-0767-8
Langue
français
Date de parution
2014 (Août)
Mots clés
création Septante méthodes exégétiques catéchèse baptismale
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2014. VI, 196 p.

Notes biographiques

Marie-Anne Vannier (Éditeur de volume)

Marie-Anne Vannier est Professeur à l’Université de Lorraine et membre de l’IUF. Au bénéfice d’une double formation en philosophie et en théologie, elle est directrice de l’Equipe de recherche sur les mystiques rhénans. Elle a publié de nombreux ouvrages sur Saint Augustin, Jean Cassien et Eckhart et est rédactrice en chef de la Revue Connaissance des Pères de l’Eglise.

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