Chargement...

Xénographies féminines dans l’Europe d’aujourd’hui

de Margarita Alfaro Amieiro (Éditeur de volume) Stéphane Sawas (Éditeur de volume) Ana Belén Soto Cano (Éditeur de volume)
©2020 Collections 194 Pages

Résumé

Le présent volume s’intéresse au phénomène de la littérature interculturelle en Europe depuis les dernières décennies du siècle passé jusqu’à l’actualité. Les onze essais réunis dans ce volume analysent différentes thématiques (déplacement, exil, déracinement, changement de langue, création littéraire et société d’accueil) traitées par des auteures aux optiques très variées en fonction de leur pays d’origine, l’Europe étant leur lieu d’arrivée.
Le terme xénographie féminine désigne une vaste constellation de situations de femmes liées à l’immigration, à l’exil et au voyage volontaire, dont la caractéristique principale est la rencontre avec l’altérité sous différentes manifestations (linguistiques, sociales, culturelles, artistiques et idéologiques). Les xénographies occupent donc une place privilégiée dans la littérature européenne contemporaine, articulée autour d’une diversité d’espaces et de champs littéraires révélateurs d’une identité européenne supranationale.
Les textes sont articulés autour de trois grands axes où les auteures étudiées montrent leur apport et leur originalité à la conception des xénographies féminines. Ainsi sont objet d’étude dans le premier axe, « Entre deux mondes », Fatou Diome, Marzena Sowa, Najat El Hachmi, Laila Karrouch et Kaha Mohamed Aden. Dans le deuxième axe, « Questionnements identitaires », sont abordées Calixthe Beyala, Sema Kiliçkaya, Fatima Gallaire et Anna Moï. Dans le troisième axe, « Figures du retour », figurent Hélé Béji, Fawzia Zouari, Éléni Dikaiou, Cypris Kophidès, Allain Glykos et Nahal Tajadod.
Ce recueil collectif offre une réflexion littéraire sur la réalité plurielle de la société européenne contemporaine en tant que terre d’accueil et de dialogue interculturel et montre le dynamisme et l’intérêt des productions littéraires produites par des femmes venues d’ailleurs.

Table des matières

  • Cover
  • Title Page
  • Copyright
  • Autorenangaben
  • Über das Buch
  • Zitierfähigkeit des eBooks
  • Sommaire
  • Introduction
  • Entre deux mondes
  • Brigitte Le Gouez: Fra-intendimenti entre Italie et Somalie : pour une lecture de Kaha Mohamed Aden
  • Diego Muñoz Carrobles: Du Maroc à Barcelone : Laila Karouch et Najat El Hachmi, deux écrivaines catalanes d’origine marocaine
  • Ana Belén Soto Cano: La transition démocratique en Pologne dans l’œuvre de Marzena Sowa
  • Arzu Etensel Ildem: Fatou Diome : une œuvre à cheval entre la France et le Sénégal
  • Questionnements identitaires
  • Margarita Alfaro Amieiro: Calixthe Beyala ou la quête de la féminitude dans les essais Lettre d’une Africaine à ses sœurs occidentales et Lettre d’une Afro-française à ses compatriotes
  • Vassiliki Lalagianni: Frontières, migration et sujet transnational chez Sema Kiliçkaya
  • Beatriz Mangada Cañas: Topographies du déplacement et poétique francographe chez Anna Moï
  • Christina Oikonomopoulou: De l’exil territorial et intérieur à l’émergence d’une nouvelle identité : la femme dépaysée dans le théâtre de Fatima Gallaire
  • Figures du retour
  • Angelika Frühwirth: L’Iran postrévolutionnaire par « ouï-dire » : la poétique de distance dans Elle joue de Nahal Tajadod
  • Adelaida Porras Medrano: L’espace maghrébin au féminin : Hélé Béji et Fawzia Zouari
  • Stéphane Sawas: Les femmes et la mémoire de l’Asie Mineure chez les écrivains grecs de la diaspora
  • Notices bio-bibliographiques
  • Index

←8 | 9→

Introduction

Le recueil collectif Xénographies féminines dans l’Europe aujourd’hui1 réunit les contributions de chercheurs d’universités autrichienne (Université de Vienne), espagnoles (Université Autonome de Madrid, Université de Séville), françaises (INALCO, Université Sorbonne Nouvelle), grecque (Université du Péloponnèse) et turque (Université d’Ankara) pour proposer une réflexion, nécessaire dans le domaine littéraire, sur la réalité plurielle de la société européenne contemporaine, érigée depuis plusieurs décennies en terre d’accueil et de dialogue interculturel (Delbart, 2005 ; Porra, 2011). La création littéraire d’aujourd’hui reflète ce nouveau défi : elle met en scène, interroge et transmet, à travers les langues européennes, des identités autres, souvent hybrides. Ces démarches suscitent à leur tour des tentatives de théorisation relative au classement de ces auteurs. Nous parlons par exemple, dans le domaine francophone, de littérature-monde, d’écrivains allophones d’expression française et même de l’Autre Francophonie, différente d’une Francophonie dite classique (Mayaux et Nowicki, 2012).

L’expérience de l’ailleurs reste l’une des caractéristiques les plus marquantes de notre monde globalisé ; elle donne lieu à une pluralité de voyages, du déplacement géographique stricto sensu au voyage intérieur. L’intériorité s’y manifeste comme le lieu d’une motivation qui sert de point de départ à la nécessité d’écrire. La convergence de ces deux déplacements, externe et interne, inspire de nouvelles écritures qui viennent enrichir et parfois même défier le canon des littératures dites nationales.

La littérature contemporaine d’expression française témoigne du surgissement d’un espace littéraire transnational qui rompt non seulement avec les canons traditionnels mais aussi avec des conceptions idéologiques enracinées dans des systèmes souvent obsolètes qu’elle se ←9 | 10→propose de mettre en perspective. Par l’écriture, il s’agit de présenter une nouvelle réalité qui se forge au sein même d’une société désormais plurielle et qui s’inscrit dans un monde global. Un nouveau paradigme se profile ainsi dans une perspective dynamique et transversale. Il s’agit d’une littérature ectopique (Albaladejo, 2011), écrite hors lieu et caractérisée par la construction d’une identité personnelle en rapport avec un projet existentiel qui peut renvoyer à une notion plurielle d’ailleurs (Moura, 1998 ; Forsdick, Milne et Moura, 2018). Au centre de ce projet, l’écriture d’inspiration autobiographique propose un cadre esthétique, représentatif d’un monde complexe où la question de la quête identitaire, personnelle ou collective, s’avère centrale. En ce sens, le terme xénographie désigne une vaste constellation de situations liées à l’immigration, à l’exil et au voyage volontaire, dont la caractéristique principale est la rencontre avec l’altérité sous différentes manifestations (linguistiques, sociales, culturelles, artistiques et idéologiques). Les xénographies occupent donc une place privilégiée dans la littérature européenne contemporaine, articulée autour d’une diversité d’espaces et de champs littéraires révélateurs d’une identité européenne supranationale (Alfaro et Mangada, 2014).

Dans les différentes littératures européennes d’aujourd’hui, la question de l’étranger est centrale dans la mesure où les écrivains venus d’ailleurs qui adoptent une nouvelle langue sont de plus en plus nombreux. La notion d’étranger, avec toutes les implications qu’elle comporte pour l’identité, l’appartenance, l’acceptation, le territoire, la langue ou l’altérité, ouvre ainsi à un espace d’étude décisif. Cette notion reçoit en outre un éclairage particulièrement intéressant lorsqu’elle est reliée à l’écriture des femmes et à l’expérience migratoire. Une nouvelle modernité au féminin s’exprime alors, en rapport avec le lien, de plus en plus important, entre l’individu et les enjeux démocratiques (Klinkenberg, 2015). Les femmes sont dès lors la voix principale d’une société où elles se présentent comme capables de transgresser les codes établis et de réfléchir sur leur statut, avec l’objectif d’atteindre l’égalité à tous les niveaux (Touraine, 2007). Il s’agit de proposer, par une réflexion intellectuelle et esthétique, des cadres novateurs qui puissent tracer les voies où les conditions sociales seraient favorables à tous, hommes et femmes.

Le présent volume privilégie des corpus littéraires d’expression française tout en y intégrant des analyses sur des écrivains d’expression catalane, grecque ou italienne. Il s’éloigne d’une articulation d’ordre géographique, en rapport avec l’origine des auteurs étudiés, pour privilégier une disposition destinée à mettre en valeur de manière ←10 | 11→transversale les notions de déplacement et d’hybridité. Il s’agit en effet de sortir de modèles binaires et unilatéraux (du pays d’origine au pays d’accueil) pour souligner la circulation multilatérale accélérée des hommes et des idées au sein de réseaux aux ramifications de plus en plus complexes. Les études portent sur des écrivains originaires d’Afrique occidentale (Cameroun, Sénégal) et orientale (Somalie), d’Asie du Sud-Est (Vietnam), d’Europe orientale (Grèce, Pologne), du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), du Proche et Moyen-Orient (Iran, Turquie), qui explorent une large gamme de genres littéraires, du roman au théâtre, en passant par le roman jeunesse, l’essai, la nouvelle, le récit de voyage, le journal et le roman graphique. Dans la première section, « Entre deux mondes », Brigitte Le Gouez, Diego Muñoz Carrobles, Ana Belén Soto Cano et Arzu Etensel Ildem se penchent sur des œuvres situées entre un ici et un là-bas, dans l’espace (Fatou Diome) et dans le temps (Marzena Sowa), qui thématisent et interrogent l’intégration (Najat El Hachmi, Laila Karrouch) et les petits malentendus lourds de sens (Kaha Mohamed Aden), issus du colonialisme et du néocolonialisme. Ces réflexions invitent, dans la deuxième section, à des « Questionnements identitaires » liés à la condition des femmes migrantes qui portent un regard tantôt critique (Calixthe Beyala) tantôt poétique (Sema Kiliçkaya) sur le monde globalisé et s’interrogent sur leur statut d’écrivaine étrangère (Fatima Gallaire, Anna Moï), étudié par Margarita Alfaro Amieiro, Vassiliki Lalagianni, Beatriz Mangada Cañas et Christina Oikonomopoulou. Enfin, les circulations accrues entre espaces d’origine et espaces d’accueil (Hélé Béji, Fawzia Zouari) multiplient, d’une génération à l’autre (Éléni Dikaiou, Cypris Kophidès), les « Figures du retour » investies souvent par la médiation de la parole féminine (Allain Glykos, Nahal Tajadod), dans les textes analysés dans la troisième section par Angelika Frühwirth, Adelaida Porras Medrano et Stéphane Sawas.

L’ensemble du recueil a ainsi l’ambition de montrer l’intérêt et la pertinence d’un thème qui, appréhendé dans des perspectives nouvelles, permet de souligner, au croisement des sciences humaines et sociales, la nécessité d’une prise de conscience convoquant les parcours de la reconnaissance, pour reprendre l’expression de Paul Ricœur (2004).

Margarita Alfaro Amieiro
Stéphane Sawas

←11 | 12→

Références bibliographiques

Albaladejo, Tomás, « Sobre la literatura ectópica », in Adrian Bieniec, Szilvia Lengl, Sandrine Okou & Nadia Shchyhlevska (dir.), Rem tene, verba sequentur! Gelebte Interkulturalität. Fetschrift zum 65. Geburtstag des Wissenschaftlers und Dichters Carmine/Gino Chiellino, Dresde, Thelem, 2011, p. 141–151.

Alfaro, Margarita, & Mangada, Beatriz (dir.), Atlas literario intercultural. Xenografías femeninas en Europa, Madrid, Calambur, 2014.

Delbart, Anne Rosine, Les Exilés du langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919–2000), Limoges, PULIM, 2005.

Forsdick, Charles, Milne, Anna-Louise, & Moura, Jean Marc, « L’ailleurs par temps de mondialisation », Revue critique de fixxion française contemporaine, 16, juin 2018.

Klinkenberg, Jean-Marie, La Langue dans la cité. Vivre et penser l’équité culturelle, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2015.

Mayaux, Catherine, & Nowicki, Joanna (dir.), L’Autre Francophonie, Paris, Honoré Champion, 2012.

Moura, Jean-Marc, L’Europe littéraire et l’ailleurs, Paris, PUF, 1998.

Porra, Véronique, Langue française, langue d’adoption. Une littérature « invitée » entre création, stratégies et contraintes (1946–2000), Hildesheim-Zürich-New York, Georg Olms, 2011.

Ricœur, Paul, Parcours de la reconnaissance, Paris, Stock, 2004.

Touraine, Alain, Penser autrement, Paris, Fayard, 2007.

Résumé des informations

Pages
194
Année
2020
ISBN (PDF)
9782807603301
ISBN (ePUB)
9782807603318
ISBN (MOBI)
9782807603325
ISBN (Broché)
9782807603295
DOI
10.3726/b15944
Langue
français
Date de parution
2019 (Décembre)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 194 p.

Notes biographiques

Margarita Alfaro Amieiro (Éditeur de volume) Stéphane Sawas (Éditeur de volume) Ana Belén Soto Cano (Éditeur de volume)

Margarita Alfaro Amieiro est professeur de littérature française à l’Université Autonome de Madrid. Elle a publié de nombreux travaux sur la littérature interculturelle en Europe. Stéphane Sawas est professeur des universités à l’INALCO. Ana Belén Soto enseigne à l’Université Autonome de Madrid. Son domaine de recherche se focalise dans l’analyse de la littérature francophone contemporaine à travers l’univers de l’interculturel, l’expérience du déracinement et la production littéraire au féminin.

Précédent

Titre: Xénographies féminines dans l’Europe d’aujourd’hui
book preview page numper 1
book preview page numper 2
book preview page numper 3
book preview page numper 4
book preview page numper 5
book preview page numper 6
book preview page numper 7
book preview page numper 8
book preview page numper 9
book preview page numper 10
book preview page numper 11
book preview page numper 12
book preview page numper 13
book preview page numper 14
book preview page numper 15
book preview page numper 16
book preview page numper 17
book preview page numper 18
book preview page numper 19
book preview page numper 20
book preview page numper 21
book preview page numper 22
book preview page numper 23
book preview page numper 24
book preview page numper 25
book preview page numper 26
book preview page numper 27
book preview page numper 28
book preview page numper 29
book preview page numper 30
book preview page numper 31
book preview page numper 32
book preview page numper 33
book preview page numper 34
book preview page numper 35
book preview page numper 36
book preview page numper 37
book preview page numper 38
book preview page numper 39
196 pages