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Les ordonnances de l’hôtel des ducs de Bourgogne

Volume 3 : Marie de Bourgogne, Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau 1477-1506

von Valérie Bessey (Band-Herausgeber:in) Jean-Marie Cauchies (Band-Herausgeber:in) Paravicini Werner (Band-Herausgeber:in)
©2019 Andere 494 Seiten
Open Access
Reihe: Kieler Werkstücke, Band 18

Zusammenfassung

Avec la mort du duc Charles, l’État bourguignon, désormais limité aux anciens Pays-Bas et à la Franche-Comté, entre en crise face à l’agression du roi de France Louis XI et la révolte des sujets. Les ordonnances de l’hôtel de Marie, seule fille et héritière, et de son époux Maximilien d’Autriche en sont le miroir, témoin de fidélité et aussi de défection. Le chemin vers la consolidation fut long, atteint seulement sous leur fils Philippe le Beau. L’apogée de l’hôtel sous le duc Charles (sujet du volume 3 à paraître) fut remplacé par une modestie relative. Mais Philippe, mort roi de Castille prématurément en 1506, fait passer la tradition bourguignonne en Espagne et de là dans toute l’Europe. 14 textes, tant conservés que perdus, sont soigneusement identifiés et édités, commentés, complétés et indexés pour le plus grand bien de toute recherche sur les cours princières, les élites aristocratiques, les milieux dirigeants, l’organisation et les rituels du pouvoir, donc à l’histoire de l’État à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Sont concernés non seulement les actuels Pas-Bas, la Belgique et le Luxembourg, mais aussi l’Allemagne, la France et l’Espagne.

Inhaltsverzeichnis

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Introduction
  • Une typologie
  • Un parcours historique : textes et contextes
  • Les services et les fonctions
  • Les dispositions normatives
  • La tradition des textes
  • La face cachée
  • Reconnaissances et remerciements
  • Principes d’édition
  • Tableau généalogique (extrait)
  • N° 1 – L’ordonnance pour Marie de Bourgogne de 1477
  • N° 2 – L’ordonnance pour Maximilien d’Autriche de 1477
  • N° 3 – L’ordonnance de restriction pour Marie de Bourgogne de [1478] ou [1479] (mention)
  • N° 3 bis – L’ordonnance pour Maximilien d’Autriche de [1478] ou [1479] (mention)
  • N° 3 ter – L’ordonnance pour Maximilien d’Autriche de 1481 (mention)
  • N° 4 – L’ordonnance de Maximilien d’Autriche pour l’hôtel de Philippe le Beau de 1495
  • N° 5 – L’ordonnance de Philippe le Beau pour sa cour et son gouvernement du [10 août 1495]
  • N° 6 – L’ordonnance de l’hôtel de Philippe le Beau de 1497
  • N° 7 – L’ordonnance de l’hôtel de Philippe le Beau de 1500
  • N° 8 – L’ordonnance de Philippe le Beau pour l’hôtel de Charles, duc de Luxembourg, et de ses autres enfants de 1501 293
  • N° 9 – L’ordonnance de l’hôtel de Jeanne de Castille de 1501
  • N° 10 – L’ordonnance de l’hôtel de Philippe le Beau pour son (premier) voyage d’Espagne de 1501
  • N° 11 – L’ordonnance de Philippe le Beau pour l’hôtel de Jeanne de Castille de [décembre 1502]
  • N° 12 – L’ordonnance de la chambre de Philippe le Beau de 1503
  • N° 13 – L’ordonnance de l’hôtel de Philippe le Beau de 1504 (mention)
  • N° 14 – L’ordonnance de l’hôtel de Philippe le Beau pour l’état de ses enfants durant son (second) voyage d’Espagne de 1506
  • Annexe 1 – Déclaration en bref 1478/1480
  • Annexe 2 – Tableau comparatif 1477-1478/1480
  • Répertoire des archives citées
  • Bibliographie
  • Index des personnes
  • Index des lieux
  • Titres de la collection

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Introduction

Les textes que nous éditons peuvent se lire sur l’arrière-plan d’une histoire mouvementée faite d’agressions, de trahisons et de rébellions, mais aussi de consolidations et d’ouvertures d’horizons nouveaux. Une série de décès marque la génération dont ces ordonnances contiennent l’écho : le duc Charles de Bourgogne1 était mort au combat le 5 janvier 1477 ; le 27 mars 1482, sa fille et héritière meurt des suites d’une chute de cheval ; le 26 novembre 1504, Isabelle reine de Castille et d’Aragon finit ses jours et fait Philippe le Beau roi de Castille ; celui-ci succombe soudainement le 25 septembre 1506 à une maladie. Il a été le dernier duc de Bourgogne. Son fils Charles, d’abord duc de Luxembourg et non plus comte de Charolais (8 § 1) comme son père l’avait encore été (voir annexe 1 in fine), sera empereur. Le sort de sa cour dépasse le cadre bourguignon, bien qu’il en fasse partie. Ses ordonnances appartiennent à un autre monde.

Mais d’abord, en 1477 que va devenir l’État bourguignon2? Pendant que l’on décrète au sujet des vins de Bourgogne qui ne viendront plus et que l’on donne des ordres à la chambre des comptes de Dijon, qui change d’allégeance (1 § 501)3, Guillaume Hugonet et Guy de Brimeu, seigneur d’Humbercourt et comte de Megen, n’apparaissent plus : une semaine plus tard, le 3 avril, les Gantois feront exécuter ces deux conseillers les plus importants de l’ancien régime4. Manquent aussi les noms de l’Audiencier Jean Gros et du versatile commissaire des finances, le protonotaire Guillaume de Clugny, déjà arrêté : ils échapperont à la mort, mais Clugny change de côté et se rallie aussitôt au roi de France. Il y a même six membres de l’ordre de la Toison d’or qui ont fait de même ou qui risquent de le faire : Antoine, le Grand bâtard de Bourgogne, Philippe Pot seigneur de La Roche, Philippe de Crèvecœur seigneur d’Esquerdes (ces deux filleuls du duc ← 7 | 8 → Philippe le Bon et compagnons de jeunesse du duc Charles), Jean de Damas seigneur de Clessy, Jacques de Luxembourg seigneur de Richebourg et Jean de Neufchâtel seigneur de Montaigu. Esquerdes et La Roche apparaissent dans l’ordonnance de mars 1477 pour la dernière fois : tous les deux sont rayés, le premier pour ce qu’il tient à present parti contraire (1 § 32 et 32a), l’autre sans autre explication (§ 49 et 49a). Richebourg, captif5, est absent des ordonnances, mais Montaigu est encore noté pour une dernière fois dans celle de septembre 1477 (2 § 8)6 ; le Grand bâtard, prisonnier, fait défaut, mais apparaît plus tard (4 § 5 ; 5 § 6, 284 ; 6 § 32), pour un temps seulement, car il finira ses jours en France ; le seigneur de Damas, vite rallié au roi7, est déjà passé sous silence, mais Étienne de Damas est toujours là en 1477 (2 § 139) et François réapparaît en 1497 (6 § 105).

Nous disposons désormais des procès-verbaux des chapitres de la Toison d’or pour suivre les étapes de leur exclusion de la noble compagnie8.

Sous l’influence de Maximilien, régent depuis la mort de Marie pour son fils mineur, la cour prend-elle une couleur allemande9 ? En 1495, Maximilien prévoit pour accompagner Philippe le Beau 25 chevaliers et 50 gentilshommes ← 8 | 9 → dont seront cinq chevaliers et dix gentilz hommes allemans (4 § 37)10. En fait dans l’ordonnnance de Philippe promulguée la même année il y en a très peu, parmi les nobles les Nassau, Englebert II et Adolphe, déjà à moitié néerlandais ; les deux marquis de Bade, Christophe et Bernard, Joncker Robert de la Marck (5 § 43), à cheval sur la frontière linguistique, et d’autres membres de cette lignée ; quelques Alsaciens (Melchior von Maßmünster/Masevaux, 5 § 48 ; Oswald von Thierstein, § 108, aussi 6 § 160 ; un Mörsberg/Morimont, § 25711), auxquels il faut éventuellement ajouter Jaspar d’Espremeckes (§ 134). Mais la notion “maison de Bourgogne” est remplacée par la “maison d’Autriche”12. En 1497, Philippe déploie ses titres archiducaux : duc de Styrie, de Carinthie, Landgrave d’Alsace, marquis de Burgau et de Pfirt/Ferrette, comte de Kyburg, seigneur sur la marche d’Esclavonie et de Portenau, et inclut dans sa maison le duc Albert de Saxe (†1500, 6 § 26), puis Wolfgang de Polheim (§ 50), Veit de Wolkenstein (§ 57), un comte d’Oettingen (§ 88), plus tard son fils (10 § 265 et 265a), qui partage la fonc­tion de page avec Hans Griff (10 § 124) ; George Firmaen (6 § 140) est membre de la famille de Firmian, provenant du Tyrol-Trentino. Ragendore, Lichtenstain et Waustain parmi les pages (6 § 371, 372 et 374) sont à ajouter au nombre. En 1500, les mêmes sont à nouveau enregistrés, Liechtenstein(-Karneid) est devenu écuyer échanson (7 § 149, 150, 175, 206 ; 10 § 93)13, tout comme Gérard ← 9 | 10 → de Wels (10 § 97) ; Waustain est toujours page (7 § 364). Guillaume de Rog(g)endorf est écuyer tranchant (7 § 148, 150, 175 ; rayé comme échanson § 196 ; écuyer tranchant en 1501 : 10 § 102)14. Parmi les écuyers d’écurie il y a Petit Jehan de Strasbourg et un énigmatique Dierick Holstain (§ 156, 166). Et Adolf Stichelmann, écuyer de cuisine des enfants (14 § 89), a également une consonance toute allemande. Entre les serviteurs subalternes sont à noter, comme c’est souvent le cas, quelques musiciens : Augustin Soitvingher (“Doigtsdoux”, 6 § 65 ; 10 § 545), deux tamburins d’Alemaigne15, Joachim de Trombslagher et Jehan de Piiffer (10 § 541–543), en plus maître Hans de Troistenberch à la fonction non indiquée (10 § 542). Des armuriers Hans (6 § 66) et Hans Trosmeir (6 § 352), un maître d’artillerie Henry Zouawe (7 § 170) et le médecin Nicolas de Herkenstein (2 § 320 ; 6 § 464 ; 7 § 449 ; 8 § 62 ; 14 § 107) pourraient également être d’origine allemande. Seul le prénom est indiqué dans le cas de Sigismond dit Lansknecht, aide de chambre (1503 : 12 § 6). Il n’est d’ailleurs pas étonnant que du projet d’ordonnance de Maximilien pour son fils en 1495 existe une version néerlandaise – Maximilien, en 1478, était ignorant du français (mais savait le latin16), la pression linguistique flamande se faisait plus fortement sentir à partir de 1477 – et le chercheur dispose ainsi de quelques équivalents germaniques pour certaines notions françaises (par ex. chambellan/kamerling, premier écuyer d’écurie/stalmeester). Mais ce texte fait exception. En général, la composition de la cour reste celle qu’elle a été sous le feu duc Charles, sauf que les Bourguignons se font plus rares (mais reste le fidèle Olivier de la Marche, à côté de certains Barradot, Bouton, Busseul, Dinteville, Machefoin, Toulongeon) et que le nombre des postes fut considéra­blement diminué17.

Le 20 octobre 1496, mariage de Philippe le Beau avec Jeanne d’Aragon et de Castille : la cour se fit-elle espagnole ? L’important capitaine Jean de Salazar seigneur de Saint-Martin, qui sert Marie en tant que chambellan, puis Philippe le ← 10 | 11 → Beau (2 § 40 ; 5 § 62 et 64 ; 10 § 54), est une exception18. Déjà en 1497, on remarque cependant un petit nombre d’Espagnols (6 § 199, 204 ; 1500 : 7 § 200 ; 10 § 87 et 87a). En 1501, fait son entrée Nunne de Gommiel/Nuño de Gumiel en tant de receveur general des deniers de la principaulté de Castille,19 ainsi qu’un secrétaire espagnol : Maistre Jehan Lopés /Juan López de Gamboa (10 § 535, 535a). En 1506, les enfants ont non seulement un maître d’école “bourguignon” (Jérôme de Busleyden) mais aussi espagnol, l’évêque de Catane (Diego Ramirez de Guzmán) et un sous-maître du nom de Louis (Núñez Cabeza de) Vacca (14 § 77–78). Leur médecin s’appelle Fernande Edouardi/Duarte (14 § 105 : plutôt un Portugais ?). Les Guevara ont cependant des racines plus anciennes dans la cour bourguignonne : Iñigo de Guevara, comte d’Ariano, important seigneur castillan et aragonais aux hautes fonctions dans le royaume de Naples, chevalier de la Toison d’or en 145120, fut certainement leur parent. Don Pedro de Guevara, escuier du pays de Castille21, fut au service déjà de Philippe le Bon en tant que chambellan et continua sous le duc Charles22, d’abord aux gages de 24 s., puis de 30 s. par jour ; en décembre 1470, il eut 200 £ en don pour s’en retourner en Espaigne dont il est natif23. D’autres Guevara prirent le relais : Jaques de Ghevara est attesté page du duc Charles de juillet 1474 à octobre 147524. Jean apparaît dans l’ordonnance de 1474 en tant que chambellan et pensionnaire25, son frère Don Ladrón de Guevara sert également comme chambellan et pensionnaire de mars 1471 à décembre 147626 et se retrouve en tant que chambellan dans les ordonnances de 1477 (2 § 25), comme maître d’hôtel dans celles de 1495 ← 11 | 12 → (4 § 26 ; 5 § 98). Don Diego de Guevara et un autre Don Pedro de Guevara furent d’abord écuyers tranchants (1495 : 5 § 184 ; 6 § 155, 169) ; Pedro réapparaît en 1500 (Dompietre) et en 1501 comme panetier (7 § 185 ; 10 § 86). Diego fait une carrière plus importante : en 1500, de premier écuyer tranchant il est promu maître d’hôtel (7 § 44a, 91, 134, 134a, 173) et en 1501, il est qualifié seigneur de Jonvelle (10 § 72), au comté de Bourgogne27.

Jeanne de Castille garda autour d’elle un nombre important d’Espagnols et d’Espagnoles, surtout dans son entourage immédiat et religieux ; sans doute son escripvain en la chambre (9 § 60) était espagnol, lui aussi. Héritage d’Isabelle de Portugal (†1471), épouse de Philippe le Bon, un certain nombre de Portugais continua à servir à la cour : le secrétaire Fernando de Lisbonne/Lisboa (en 1477 seulement, voir l’index), le médecin Loup de la Garde/Lopo da Guarda (6 § 463 ; 7 § 453)28, Fernando de Lucena, maître des requêtes et conseiller, frère de l’écrivain Vasco de Lucena (6 § 529 et 531 ; 7 § 633 ; 8 § 163 ; 10 § 565) ; parmi les gentilshommes, puis écuyers tranchants il y eut Don Jehan de Portugal (7 § 208 ; 10 § 107).

Mais, en général, les Croÿ, Lannoy, Lalaing, Glymes-Berghes et bien d’autres provenant des anciens Pays-Bas actifs à la cour depuis des générations restent prévalents, avec nombre de Francs-Comtois, à nouveau bourguignons depuis 1493 (et jusqu’en 1678)29, les Berthoz, Carondelet, Plaine, Pontailler, Poupet, Quingey, Salins, Vaudrey30, Veyré, Vienne, Visen, Vurry et bien d’autres.

Posé ce cadre général, il est temps de regarder de plus près ces textes, leur nature, leur emploi, leur contenu et leur élaboration.

Une typologie

S’il demeure relativement commode de définir ce qu’est l’hôtel d’un prince, il l’est peut-être moins de cerner ce qu’il faut entendre par ses « ordonnances de l’hôtel ». Cadres auliques domestiques, administratifs et politiques ne se laissent pas volontiers dissocier. La terminologie allemande est explicite en la matière : ← 12 | 13 → Hofordnung, Ratsordnung, Verwaltungsordnung. Les éléments de cette typologie peuvent se recouvrir partiellement sans se confondre tout à fait. Le premier terme, « ordonnance de cour », put faire préférer ailleurs cette formulation à celle, courante en langue française et bien présente dans les textes, d’« ordonnance de l’hôtel »31. Elle laisse davantage la porte ouverte aux différentes normes, fonctions, institutions, avec leurs offices, que son texte peut concerner. C’est que tout cela, hommes et structures, est certes au service du prince, mais pas toujours spécifiquement de sa « maison », de son « privé » (familia, Haushalt), même si c’est le cas de la majorité d’entre eux et s’ils sont tous établis à la cour (Hof), au sens le plus large. Si certains en effet sont dévolus à la « bouche » (alimentation) et au « corps » du maître, à la satisfaction de besoins de nature privée, domestique, d’autres l’assistent dans la gestion de son domaine, dans le champ politique et militaire, dans le gouvernement des affaires publiques, au sein d’un Rat, voire de plusieurs conseil(s) et de rouages administratifs (Verwaltung)32. Si une dissociation entre hôtel et administration est une tendance perceptible avec l’essor de l’ « État moderne », elle n’en est donc pas pour autant achevée.

Constituant la part du lion de ce volume, les ordonnances de cour de Philippe le Beau – sans négliger, on le verra, des textes relatifs à l’entourage de son épouse et de ses enfants – se situent assez naturellement dans la droite ligne de celles de ses prédécesseurs, ducs de Bourgogne. Elles en intègrent des usages, des formulations. Celles du bisaïeul du jeune archiduc d’Autriche, Philippe le Bon, offrent un visage plutôt austère, énumérant individus, au sein de services et autres structures, et rétributions à eux dévolues33. Celles de son aïeul, le duc Charles, sont plus volubiles et livrent, à travers des prescriptions minutieuses révélatrices du souci de leur « auteur » d’assurer en tout « ordre et règle »34, maintes informations sur le fonctionnement de la cour au quotidien, l’Alltag bei Hofe35. Celles de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche, les parents de Philippe le Beau, suivent également dans leur forme, bien que moins étoffées, celles de Philippe le Bon et Charles de Bourgogne, en reprenant plusieurs prescriptions, presque mot pour mot. Dispositions normatives et informations pratiques alternent donc ← 13 | 14 → et font toute la « richesse » de textes de prime abord, peut-être, rébarbatifs, du moins pour qui ne prend pas le temps de les interroger avec soin.

On n’oubliera pas que l’ordonnance de cour ou de l’hôtel ne vise nullement à fournir une image complète d’un entourage. C’est un document dont la portée financière reste primordiale : « Hofordnungen sind Finanzdokumente mit dem erklärten Zweck, Ausgaben einzuschränken, unberechtigte Kostgänger vom Hof zu entfernen, Dienstzeiten, Gagen und Lieferungen zu regeln »36. Vont y figurer, avec les gages ou les pensions qui leur sont attribués, les gens du prince rétribués par les soins du maître de la chambre aux deniers, gestionnaire de la caisse des dépenses auliques. Un nombre sans doute non négligeable d’autres personnes en activité à la cour fera toujours défaut parce que rétribuées sur le produit d’autres caisses et revenus. Des divergences, d’un texte à l’autre, des silences, d’apparentes incohérences trouvent là une justification plausible.

Mais les mêmes textes, répondant bien à leur qualification contemporaine d’« ordonnances », sont aussi susceptibles, quoique ce ne soit pas le cas de tous, de livrer des dispositions normatives, d’encadrer par des prescriptions minutieuses l’organisation générale du service de la cour ou de l’hôtel (cf. en particulier 6 § 681–710 ; 7 § 683–721).

Quoi qu’il en soit, dans la mesure où l’on peut en juger, à la lecture des documents déjà édités, en l’espèce pour le principat de Philippe le Bon, ou en cours d’édition, pour celui de son fils Charles, nos textes témoignent d’une continuité d’ailleurs déjà communément admise dans les structures et les usages. Tout cela sera ultérieurement transmis en héritage à la cour castillane des premiers Habsbourg. Des mots clés sont porteurs d’une tradition affirmée, bien mise en exergue depuis longtemps : l’objectif des ordonnances bourguignonnes est de garantir en ces lieux de pouvoir et de vie l’« ordre et rigle » dont ils ont besoin37.

Un parcours historique : textes et contextes

Concevoir et promulguer une ordonnance de l’hôtel ne requiert pas nécessairement des circonstances exceptionnelles. Mais la démarche peut toutefois répondre à des besoins ou une opportunité inspirant et justifiant l’élaboration d’un texte.

Pour l’hôtel de Marie de Bourgogne et Maximilien d’Autriche, les ordonnances sont au nombre de cinq, dont trois ne sont connues que par des mentions dans ← 14 | 15 → les comptes de la recette générale des finances. Deux d’entre elles concernent l’hôtel de Marie de Bourgogne, les trois autres se rapportent à celui de son mari Maximilien d’Autriche. Les deux ordonnances, dont le texte est édité, ont été publiées en 1477, au début du principat de la duchesse de Bourgogne.

L’ordonnance du 26 mars 1477 (n° 1) réglant le fonctionnement de l’hôtel de Marie est élaborée dans un contexte exceptionnel de crise de l’État bourgui­gnon. Certes, un changement de prince paraît une raison suffisante pour l’édiction d’une nouvelle ordonnance, le père de Marie, le duc Charles, étant mort devant Nancy le 5 janvier. On peut toutefois noter le temps très court intervenu entre le moment où la nouvelle du décès est parvenue jusqu’à la cour de Bourgogne et celui de la publication du texte aulique38. Aussi l’ordonnance du 26 mars 1477 témoigne-t-elle de l’adaptation de l’hôtel de Marie aux circonstances politiques nouvelles (et difficiles) qui suivent la mort inopinée du duc de Bourgogne : entre janvier et mars, la nouvelle duchesse de Bourgogne est confrontée à l’invasion française – le roi de France Louis XI, sous le faux prétexte de protéger sa filleule, occupe le duché de Bourgogne, menace la Comté, attaque la Picardie, l’Artois et le Hainaut – ; elle doit aussi faire face à une révolte dans les villes de Flandre opposées à la centralisation bourguignonne, en particulier à Gand où elle résidait alors, et concéder des privilèges aux États généraux des Pays-Bas bourguignons pour éviter l’effondrement de son pouvoir.

L’ordonnance reflète d’abord la nouvelle position de Marie : son hôtel est structuré comme un hôtel féminin, mais il comporte aussi des organes de conseil et de gouvernement adaptés à son statut de nouveau « duc » de Bourgogne39. Plus qu’une ordonnance de l’hôtel, on peut parler d’une ordonnance de cour et de gouvernement40. L’ordonnance montre aussi l’adaptation du nombre de serviteurs à l’état des ressources financières, la diminution des finances ducales ne permettant pas de rémunérer un personnel aussi important que par le passé, comme ce fut le cas pendant le principat du duc Charles. Enfin, l’ordonnance témoigne de la volonté ducale d’enrayer l’exode à la cour, de s’assurer la loyauté des nobles bourguignons qui restaient auprès de Marie, mais aussi de ceux qui, ← 15 | 16 → encore prisonniers depuis Nancy, risquaient de faire défection auprès du roi de France, Louis XI41.

Le mois suivant son arrivée dans les Pays-Bas bourguignons et la célébration de ses noces le 19 août 147742 à Gand avec Marie de Bourgogne, Maximilien d’Autriche promulgue une ordonnance installant sa cour personnelle (n° 2). Olivier de la Marche, ancien maître d’hôtel et capitaine des gardes du duc Charles, dont il n’est pas exclu qu’il ait participé à la rédaction des ordonnances de l’hôtel de 1469 et 147443, est partie prenante dans celle réglant l’hôtel de Maximilien d’Autriche. Fait prisonnier à Nancy le 5 janvier, il s’était mis au service de Marie de Bourgogne après sa libération au printemps suivant, avant d’être nommé premier maître d’hôtel de Maximilien. Comme dans les ordonnances de Marie, la volonté de fidéliser les nobles bourguignons qui pourraient être tentés de rejoindre le roi de France est évidente. Le préambule du mandat d’exécution de l’ordonnance de Maximilien44, ainsi que le nombre important de chambellans (116), en témoignent45.

Les ordonnances de Marie et de Maximilien de 1478 ou de 1479 (nos 3 et 3 bis), connues par de simples mentions46, affectent l’organisation qui a cours depuis mars 1477 dans l’hôtel de la duchesse et le réorganisent en profondeur. L’organisation spécifique de l’hôtel de Marie, celle d’un hôtel féminin avec des organes de conseil et de gouvernement, ne s’est pas maintenue après son mariage avec Maximilien. La « Déclaration en bref » (Annexe 1), qui s’appuie sur les dernières ordonnances faites par le duc et la duchesse, témoigne de changements notables dans la structure de l’hôtel de Marie : une comparaison avec celle de 1477 (Annexe 2) montre une nette diminution de ses effectifs confirmée par les comptes ← 16 | 17 → journaliers47. À la diminution des effectifs s’ajoute la disparition du personnel de conseil et de gouvernement ainsi que celle des offices d’armes, des chevaliers de compagnie, du garde des joyaux, du contrôleur de sa dépense, etc. Ces changements sont révélateurs de la prise en charge du gouvernement par Maximilien d’Autriche et l’exercice par Marie d’un pouvoir au féminin. Ils traduisent aussi, par une nouvelle baisse des effectifs, le souci de diminuer les dépenses dans une période de crise de l’État bourguignon48.

L’ordonnance du 13 mars 1481 (n° 3 ter), également connue par des mentions, a été promulguée à Gand dans un contexte difficile. Comme pour celle de 1477, il est probable – selon Jelle Haemers – qu’Olivier de la Marche, qui occupe toujours les fonctions de premier maître d’hôtel, a rédigé les ordonnances ou, au moins, en a influencé la rédaction49.

Passé un long espace de temps, celui de la régence exercée par Maximilien suite au décès de Marie (27 mars 1482) et de la minorité de leur fils, Philippe le Beau (échue en août 1493), que ne balise à notre connaissance aucune ordonnance50, ce ne sont pas moins de onze textes, dont un seul n’est connu que par des mentions, qui émaillent le gouvernement personnel de Philippe51.

Les deux ordonnances de 1495 (nos 4 et 5) éclairent les conditions de la passation de pouvoir entre Maximilien et Philippe opérée en principe l’année précédente. Par celle de juin (n° 4), privée de toute mise en application, le père, ← 17 | 18 → jusqu’il y a peu roi des Romains (depuis le 9 avril 1486), à présent souverain de l’Empire (suite au décès de son père, Frédéric III, le 19 août 1493), ci-devant gouvernant de l’héritage maternel du fils, les Pays-Bas bourguignons, s’efforce encore de maintenir à son égard une tutelle, en régissant la « conduite » de son hôtel et le fonctionnement de ses conseils. Il entend imposer une forme d’organigramme au sein duquel il garderait plus d’une possibilité d’intervenir à travers des désignations, la présence auprès de Philippe de conseillers qui seront au roy (§ 56), des rapports à lui adressés par des membres du conseil se rendant auprès de lui (§ 60). Le texte d’août suivant, beaucoup plus élaboré, comparé au précédent, livre un certain nombre de noms et d’éléments structurels communs, mais il s’en dégage une volonté implicite d’autonomie, que les événements des mois à venir vont confirmer dans le chef de Philippe, peu enclin à marcher encore sans réserve dans les pas de son géniteur. Désormais, son entourage est effectivement organisé et on ne se réfère plus à Maximilien quant à la désignation de membres du personnel de la cour.

Au cours du mois de mars 1497, Philippe le Beau va se partager entre des séjours à Bruxelles, à Gand, à Bruges, et il ne quittera pas ses principautés des Pays-Bas durant tout le printemps et tout l’été, effectuant notamment un long périple en Hollande en juin-juillet52. Contrairement à la précédente, qui l’avait vu partir pour l’Allemagne et le Tyrol puis célébrer ses noces à Lierre (Brabant), l’année 1497 paraît bien calme, sans péripéties politiques ou dynastiques particulières. Sans doute le moment est-il jugé propice pour (ré)organiser des offices de la cour, en complétant ce qui a été fait en 1495 : l’ordonnance du 10 août de cette année (no 5) spécifiait que chapelle, chambre, cuisine, cave et autres offices de nostre hostel se verraient pourvus plus tard ainsi que trouverons que faire se devra (§ 338). Des changements dans le personnel politique, en particulier l’entrée en charge d’un nouveau chancelier, Thomas de Plaine, avec la retraite du (quasi-)septuagénaire Jean Carondelet en décembre 1496, ont dû fournir aussi de bonnes raisons d’agir. À n’en pas douter, l’ordonnance de 1497 allait constituer pour l’hôtel le pivot du temps (court) du gouvernement personnel de l’archiduc Philippe53. ← 18 | 19 →

Celle du 1er février 1500 (no 7) paraît suggérer une volonté de (ré)organisa­tion complète sous l’égide d’un prince qui atteint alors sa pleine maturité de gouvernant, avec l’aide d’un personnel politique bien ancré, et ce – mais il ne peut encore le deviner ! – peu de temps avant que le destin n’en face le cohéritier des couronnes espagnoles54. Les annotations dont est pourvu le document conservé portent témoignage de l’application prolongée d’une réglementation qui allait servir à la cour de cadre de référence durable. Le préambule établit une distinction qui trahit bien la distance entre réalité du service et teneur des ordonnances : tous les membres de l’hôtel, de tous rangs, alors affectés à des charges « domestiques » gardent leurs prérogatives et leur capacité de servir le prince mais, pour une année est-il stipulé, des gages ne seront alloués sur les caisses de l’hôtel qu’à ceux d’entre eux désignés dans l’ordonnance55. Des membres de la cour devront donc se satisfaire d’autres émoluments56. La rubrique des « pensionnaires » bénéficiaires de l’hôtel, soit une liste fort étoffée en 149757, fait désormais totalement défaut. La partie normative finale du texte de 1500 reproduit assez largement celle de 1497 mais, dans une même perspective de restriction, elle renforce notamment le contrôle des absences et arrête plusieurs mesures d’épargne (§ 705–720). L’ultime article précise toutefois que toute personne répertoriée dans un texte antérieur58 demeure susceptible d’être rappelée et, dans ce cas, gagée comme les autres (§ 721).

Les ressorts des textes de la Toussaint 1501 (nos 8 à 10) ne laissent planer nul doute. Philippe et Jeanne s’apprêtent à partir pour l’Espagne : ils se mettront en route, depuis Bruxelles, par voie terrestre, dès le 4 novembre59. L’ordonnance structurant l’hôtel des enfants restant aux Pays-Bas (no 8), qui se présente en quelque sorte comme un microcosme des services paternels, demeure peu explicite sur le sujet et ne mentionne qu’incidemment les choses, sans rien en dire dans le court préambule (§ 1) : on fait simplement état ici de l’absence de mesdis seigneur et dame (§ 4), de l’absence de monseigneur (§ 51), ou là encore du prochain voyaige d’Espaigne (§ 142, 203). Le texte pour la cour archiducale (no 10), qui va se déplacer avec le prince, précise-t-on d’emblée, sera d’application durant ← 19 | 20 → son prouchain voyaige d’Espaigne ; un des derniers articles stipule que le tout tiendra et aura lieu durant sondit voyaige d’Espaigneet non plus longhement’ (§ 550) et présente l’ordonnance comme dérogeant à la précédente – celle de février 1500, sans nul doute –, laquelle demeurera la référence dans toutes ses autres composantes, offices et services, non abordées en l’espèce. Tout se passe comme si l’on opposait en quelque sorte, à l’image des événements, réglementations ordinaire et extraordinaire de l’entourage. Ici encore, il est bien précisé que les personnes qui n’accompagneront pas Philippe en Espagne et ne sont donc pas concernées par la présente ordonnance demeureront potentiellement à son service, gardant leurs droits acquis, et seront susceptibles de reprendre leurs activités curiales après le retour du maître.

Si, par ailleurs, nous avons tout lieu de penser60 que l’ordonnance de l’ostel de Jeanne (n° 9), que sa première éditrice, Lieve Reynebeau, situe entre le 12 juillet 1500 et le 1er novembre 1501, a bien été établie le 31 octobre 1501, on notera toutefois que l’on n’y trouve nulle allusion au voyage.

Les premiers jours de février 1503 voient l’archiduc, au terme de son long périple espagnol, regagner ses pays patrimoniaux, via la France, comme en témoigne le locus de l’ordonnance pour la chambre (n° 12) : Figueras, en Catalogne, au nord de Barcelone. La perspective du retour semble amener Philippe à fixer ici quelques dispositions concernant des personnes dont, pour plusieurs d’entre elles, il définit le service durant le temps du present voyage, jusques a son arrivee en ses pays de par dela (§ 7) – l’expression toujours relative visant en l’occurrence ici les Pays-Bas, vus du versant méridional des Pyrénées.

La nouvelle ordonnance de l’hôtel de Jeanne (no 11) doit être antérieure de quelques jours, voire de quelques semaines, à la précédente puisque son préambule en situe clairement l’établissement par Philippe a son partement de Castille, tandis que pour aucun temps il delaisse son épouse oudit Castille, en évoquant toutefois le retour futur de l’archiduchesse es pays de Brabant et Flandres et autres de par dela (§ 1) : les formules demeurent évidemment fort vagues, mais on sait que c’est le 20 décembre 1502 que Philippe, rentré à Madrid d’un premier séjour en Aragon pour y prêter le serment requis devant les Cortès (27 octobre), a définitivement quitté la cour de ses beaux-parents, en y laissant son épouse, pour retourner au pays, via, derechef, les terres de la Couronne aragonaise61. Il ne s’agit dans ce texte-ci que de quelques adaptations, l’ordonnance pour l’hôtel de Jeanne ← 20 | 21 → du 31 octobre 1501 – probablement donc le texte détaillé que nous connaissons (no 9) – s’appliquant encore pour le reste sans retouches. Aucun chiffre ne figure d’ailleurs dans le présent texte, constitué seulement de mesures de bon ordre et rigle, ne laissant significativement à l’épouse aucune marge de manœuvre dans la direction de son entourage.

Le peu d’informations dont nous disposons pour l’ordonnance (perdue) du 15 décembre 1504 (no 13) n’en suggère pas moins un rapprochement chronologique assez frappant : la reine Isabelle est morte le 26 novembre et ses fille et gendre viennent donc alors d’en être avertis ; ils seront reine et roi, perspective stimulant d’emblée la prise de mesures d’ordre pratique62.

Le dernier texte du corpus est le seul témoin de la phase finale, brève, de l’existence de Philippe le Beau. C’est alors que, voguant vers l’Espagne pour son second voyage, aux prises avec la tempête et contraint d’accoster en Angleterre dans des conditions difficiles, il sera l’hôte forcé du roi Henri VII, de la mi-janvier à la mi-avril 150663. Avait-il négligé la chose par manque de temps ou de zèle avant de quitter les Pays-Bas ? Si on n’a pas recueilli de témoignages d’une adaptation de son hôtel, on a engrangé par contre une ordonnance pour les enfants, applicable pour le temps du voyage paternel à dater du 1er mai 1506 (n° 14).

Les services et les fonctions

L’ordonnance, texte réglementaire et financier, donne une liste complète et nominative des personnes qui forment l’hôtel du prince, fixe leurs temps de service et leurs rétributions, énumère les différentes fonctions et en précise la hiérarchie. Elle n’est pas un miroir de la cour ducale : seules sont mentionnées les personnes rémunérées par le maître de la chambre aux deniers, comptable de la cour. En suivant l’ordre des offices, l’ordonnance fait ainsi apparaître la structure de l’hôtel du prince64.

Le gros de la troupe de l’ordonnance est constitué par les six offices ou métiers, qui forment l’hôtel stricto sensu, réunion des services domestiques du prince sui­vant le modèle en usage à la cour de France depuis le XIIIe siècle65. D’abord sont ← 21 | 22 → énumérés, toujours dans le même ordre, les quatre services de bouche66 : la paneterie (chargée de l’approvisionnement en pain, du linge et de la table), l’échansonnerie (des boissons, principalement du vin), la cuisine avec le sous-service de la saucerie (des repas du prince et des titulaires nourris aux frais de l’hôtel) et la fruiterie (de l’achat des fruits et de la cire pour l’éclairage). Puis suivent la fourrière et l’écurie qui organisent les déplacements et les logements d’une cour plus ou moins itinérante. Ces deux services sont particulièrement étoffés en 1501, dans l’ordonnance préludant au grand voyage d’Espagne par voie terres­tre67. À cette organisation se rattache le service de la chambre, une extension de la fourrière (valets de chambre, garde-robe, médecins) touchant aux corps du maître et de ses proches.

Les charges les plus qualifiées sont placées en tête de l’ordonnance. En haut de la hiérarchie figurent le (grand et) premier chambellan, les chambellans ; puis suivent selon l’ordre classique adopté dans les ordonnances bourguignonnes, le ou les maîtres d’hôtel sous l’autorité desquels est placé l’hôtel du prince ; viennent alors les chefs et les gentilshommes des quatre offices (écuyer panetier, échanson, tranchant et d’écurie). Puis arrivent les valets servants relevant de l’office de la paneterie, affectés selon l’ordonnance de 1500 au service du pain aux tables.

On trouve encore du personnel administratif, politique et judiciaire (chancelier, fonctionnaires des finances, conseillers et maîtres de requêtes, secrétaires, etc.). D’autres composantes spécifiques sont là pour satisfaire les besoins spiri­tuels ou protocolaires et assurer la sécurité physique du prince et des siens : la chapelle ou plutôt, dans les ordonnances de Philippe le Beau, les chapelles, grande pour les messes chantées, petite pour les messes basses et le service de l’oratoire archiducal68 ; les officiers d’armes (sergents, huissiers, rois, hérauts et poursuivants) ; les archers et autres hommes d’armes (arbalétriers, hallebardiers). De manière beaucoup plus épisodique apparaissent des hommes responsables de l’artillerie, de la chasse (vénerie et fauconnerie).

Les principaux membres de la famille ducale, duchesse et enfants princiers, bénéficient aussi de leur propre hôtel. Les deux textes de 1501 et 1506 pour l’entourage des enfants fournissent des modèles en réduction des ordonnances régissant ← 22 | 23 → celui de leur père Philippe le Beau : chambellans, maîtres d’hôtel, offices et leurs gentilshommes, maîtres de requêtes et secrétaires, chapelle, huissiers d’armes ; une particularité consiste en la présence d’une dame d’honneur et de femmes, citées en bonne place, à la suite des chambellans et maîtres d’hôtel. Le texte de 1501 pour l’hôtel de l’archiduchesse Jeanne de Castille ne s’écarte pas des canons les plus courants : chevalier d’honneur, personnel féminin, maîtres d’hôtel, offices de bouche et autres, chapelle, pour l’essentiel. Un cas particulier est, on l’a vu, celui du texte de 1477 pour l’hôtel de la duchesse Marie de Bourgogne, qui est structuré comme un hôtel féminin, mais qui comporte en sus, au moins jusqu’à son mariage avec Maximilien d’Autriche, des organes de conseil et de gouvernement69.

Les membres de l’hôtel, qu’il faut loger, nourrir, habiller, divertir, gager, sont rétribués par les soins du maître de la chambre aux deniers, comptable de la caisse réglant et contrôlant les dépenses de l’hôtel. Ils perçoivent des gages journaliers dont le montant est porté dans l’ordonnance et sur les comptes journaliers de présence, les écrous des gages, rendant compte de la réalité de leur service quotidien à l’hôtel. Ces gages correspondent à des indemnités de nourriture ou « bouches », base d’entretien des gens de la cour, de leur suite et de leurs chevaux, une bouche correspondant à une rétribution de 3 sous (de 40 gros monnaie de Flandre) par jour70. Néanmoins, dans le service de l’écurie, certaines bouches de chevaux ne sont pas à gages, l’officier ne reçoit pas pour eux une rémunération. Les chevaux sont à « livrée »71, c’est-à-dire qu’ils sont nourris aux frais du prince72.

Certains officiers de l’hôtel de haut rang reçoivent des « plats », consistant en plateaux bien garnis de viandes, poissons et légumes, à consommer à la cour pour leur entretien. D’autres personnes de haut rang sont qualifiées de pensionnaires, un nouveau « rang » introduit à la cour de Bourgogne par le duc Charles qui les distingue du personnel salarié de l’hôtel et manifeste une volonté d’encadrement de la grande noblesse73. Ces bénéficiaires apparaissent dans les ordonnances de Maximilien de 1477 et de Philippe le Beau de 1495 et 1497. Il s’agit en ordre principal des seigneurs de haut rang qualifiés de « cousins », gens pourvus de gages journaliers, valant pensions, ou de pensions forfaitaires, d’où leur nom74, voire ← 23 | 24 → de « plats » ; il en va de même, en 1495, des chevaliers de l’ordre de la Toison d’or (4 § 25), et en 1495 et 1497 des quatre officiers du même ordre75. L’absence de ces personnes, non salariées à la différence de toutes les autres, dans les ordonnances ultérieures paraît donc attester l’assignation de leurs revenus sur d’autres caisses, telle celle de la recette générale des finances76.

Si les ordonnances prescrivaient que des officiers soient présents en permanence à l’hôtel, d’autres servaient à tour de rôle, tous les trois, quatre ou six mois77. Les textes en fournissent un certain nombre d’illustrations. Tout le personnel ne servait pas à l’hôtel en même temps en raison de la systématisation du service à tour adopté en Bourgogne peu après son introduction à la cour de France à la fin du XIVe siècle78. L’adoption du service par terme, ou à temps partiel, présentait le double avantage d’intégrer davantage d’officiers dans l’hôtel sans en augmenter les coûts. Il permettait également aux officiers issus des élites de continuer à exercer des charges administratives et d’établir un lien entre la cour et leurs villes et régions d’origine79.

Les dispositions normatives

Tandis qu’elle fournissent toutes une abondante matière de fonctions, de noms, de sommes d’argent (Stellenpläne), plusieurs ordonnances80 conservées intègrent aussi des prescriptions portant sur les compétences et les prestations des offices et services, données précieuses pour qui veut voir « à l’œuvre » l’hôtel et la cour (Ausführungsbestimmungen)81. Elles évitent ainsi de n’être que des listes, utiles assurément mais d’une grande sécheresse, d’individus et de sommes d’argent, ← 24 | 25 → leurs gages. Il s’agit pour une part d’alinéas dispersés dans les textes, traitant aussi bien des réunions du conseil dit « privé » que du fonctionnement de la chapelle, des tâches dévolues et des obligations incombant tout autant aux chambellans, aux maîtres d’hôtel ou aux gentilshommes des quatre états qu’aux valets ou aux archers. Mais surtout, les textes de 1497 et 1501 comportent chacun un volet entier muni d’ailleurs du titre spécifique d’« ordonnance ». On y traite de la hiérarchie des charges, des prestations et de leur contrôle, de marchés et fournitures, de la tenue des comptabilités, des conditions d’accès à la personne du duc et aux chambres du lieu de séjour82. Les dispositions sont très similaires, sinon identiques, dans une partie commune aux deux textes, mais des compléments s’y ajoutent en 1501, à propos du vivre et du couvert à la cour, ainsi que de la réglementation des absences. Les dispositions réglementaires du texte de 1477 pour Marie reprennent pour l’essentiel des dispositions antérieures, mais d’une manière allégée83.

La lecture des documents indique bien que leur objectif ne peut être de tout fixer avec rigidité et qu’il faut procéder avec ordre et méthode pour tenir à jour une mécanique aussi complexe que l’hôtel et, plus largement, la cour, où sont parties prenantes des organes de conseil et de gestion ressortissant certes aussi à la personne de l’archiduc mais que leur action nous permet de qualifier de « publics ». Les textes de 1495 ne mentionnaient ainsi nommément que pour mémoire les offices de la cuisine, de la cave et de la chambre, ainsi que la chapelle, en stipulant que le duc « y aviserait », qu’il y « serait pourvu » en se référant aux avis du conseil privé. Très explicite à cet égard, le texte suivant, de 1497, allait confier aux chancelier et conseillers le soin d’élaborer telles ordonnances qu’ilz aviseront à propos des salaires de différents fonctionnaires.

La tradition des textes

Les ordonnances de l’hôtel publiées dans ce volume nous ont été transmises sous des formes des plus variées, depuis des originaux ou de précieux exemplaires ← 25 | 26 → tenus à jour par les maîtres d’hôtel de la cour jusqu’à des copies tardives (XVIe – XVIIIe siècle) de qualité plus que fluctuante.

Un original, malheureusement conservé en partie seulement, correspond au modèle des ordonnances princières établies sous la forme de lettres patentes scellées, en l’occurrence de cire verte sur lacs de soie, indice d’une certaine solennité (texte 6, A). L’autre original consiste, pour un texte de portée très limitée, en un simple document revêtu de la signature autographe du prince (texte 12, A).

Les exemplaires de travail du bureau des maîtres d’hôtel sont particulièrement précieux en ce qu’ils donnent une image « vivante » de la cour pendant un certain laps de temps postérieur à l’établissement des ordonnances. Ils foisonnent dès lors de noms rayés et d’ajouts révélateurs des modifications intervenues dans le personnel en fonction (texte 7, B ; texte 10, B). Des copistes ultérieurs, quand ils en ont fait usage, ont pu prendre en considération la dimension dynamique de ce type de document (texte 1, C) ou plutôt négliger ce qui était rayé, ne tenant compte alors que du dernier état de l’ordonnance (texte 1, D ; 7 § 343a, 558a, 595a, 684b). La plus grande partie de la moisson consiste en copies contemporaines, certaines ayant été collationnées aux originaux par des secrétaires par ailleurs mentionnés dans les textes (texte 6, D et E ; texte 8, B).

Un cas particulier reste à épingler, celui d’une ordonnance demeurée à l’état de projet, dont on a conservé deux minutes, dont une – fait exceptionnel – est rédigée en thiois (texte 4).

La face cachée

Il a été question du caractère « rébarbatif » de ces textes. Il reste donc à démontrer, qu’il n’y a pas seulement des structures à y découvrir, mais aussi des choses de la vie, des cas individuels, jusqu’au fait divers. En voici quelques exemples.

Les gentilshommes et archers84 sont appelés à accompagner le prince, à la messe, au dîner (au moins au début) et surtout quand il entre dans et sort d’une bonne ville (1 § 506 ; 6 § 71, 209, 553 ; 7 § 80, 81, 167, 219, 223, 608, 682, 700–702). Pour garder l’honneur de la maison (c’est primordial partout), le premier maître d’hôtel doit recevoir les étrangers à sa table (1 § 45, cf. 11 § 5–7). Nous apprenons en passant que, le prince étant à Bruxelles, le service divin est assuré par les religieulx de Cauberghe (6 § 626 ; 7 § 491) – l’église de Saint-Jacques-sur- Coudenberg, rénovée, est toujours là pour rappeler cette relation, mais le palais a disparu. La bonne tenue est de rigueur, ce qui signifie pour les chapelains d’avoir ← 26 | 27 → la barbe rase (7 § 30) ; et durant l’office ilz feront scilence et se abstiendront de riz, devises et autres manieres desordonnees (7 § 33).

Ne peut approcher la personne du prince qui veut, et encore moins quand il est seul (1 § 509). Il y a des antichambres, même deux (6 § 705–706 ; 7 § 81), comme il y a une première et une seconde table (12 § 9–12), auxquelles ont accès des groupes de rang différent. Et gare à la personne qui ose, le prince à table, venir derriere nous pour parler a nous, sans être appelée (6 § 707). Peut-on s’en aller de la cour quand on veut ? Non plus : il faut prendre congé (6 § 70). La maladie frappe à la cour aussi : un aide de bouche de l’échansonnerie est passionné de mal caduque (de l’épilepsie), le prince pourvoit à sa provision (10 § 158, 164a). Que faire d’un vieil homme incapable de servir désormais convenablement ? Henry de Vars, sommelier de corps, est dans ce cas, et le prince, de grâce (non de droit), lui accorde de continuer à toucher ses gages, absent et présent, pour consideracion des bons et loyaulx services […] faiz a feuz messeigneurs ses predeccesseurs […] et autrement et aiant regard a son anchien eage (1497, 6 § 418). Henry de Vars, dont le nom est accompagné d’une croix, signe de son décès (il n’apparaît plus dans l’ordonnance de 1500), dans les écrous déjà en 1452, fut en 1456 barbier et valet de chambre auprès de Charles, comte de Charolais85 : plus de quarante-cinq ans de service ! Des valets ont d’autres tâches : Colin dispose d’un cheval pour ce qu’il fault qu’il soit tousjours prest pour nous suyr [= suivre] a la chasse a tout nostre arbalestre – la chasse, ici à l’arbalète, est le passe-temps préféré des princes (6 § 426) ; par conséquent il y a dans l’hôtel un faiseur d’arbalètes particulier, Jehan Holfas (6 § 611, 7 § 479). Naturellement les structures familiales interfèrent avec les structures objectives de la cour. Pour donner un exemple, deux frères se succèdent dans le même office (6 § 676b ; 7 § 114, 121), ou le fils au père (10 § 581), ou le neveu à l’oncle (1 § 352a). En principe, ce monde de la parenté, de la relation patron/client et de la vénalité croissante des offices reste invisible dans nos textes.

Que la cour était le grand marché des alliances matrimoniales sous contrôle du prince ressort soudainement quand il est question des damoiselles de la princesse : on les appelle simplement les filles a marier (1 § 482). Et la beauté est de rigueur : Marguerite d’Autriche, née le 10 janvier 1480, doit être entourée en 1495 ← 27 | 28 → de six jones belles filles de treize ou quatorze ans. Pourquoi ? Parce que le prince veult qu’elle tienne estat real ou elle sera et qu’elle soit bien acompaignié (4 § 58) – en 1493 elle avait dû rentrer de France, épouse répudiée de Charles VIII, qui préféra gagner par la main de la duchesse Anne toute la Bretagne86. Il est d’ailleurs prévu que les femmes des officiers ne facent leurs gesines dedans la court, dont en général les femmes et enfants sont exclus (1 § 491 ; 7 § 713). Il était en plus interdit que l’on ne baille ne distribue aux femmes gisans pain ne vin ne semblablement aux malades, synon par grace (7 § 714). Quand travaillent les seigneurs du conseil ? Chaque jour, le matin de 9 à 11 heures et l’après-midi de 3 à 5 heures (5 § 302). Et les gentilshommes du service de bouche doivent être à l’heure sans que il soit besoing les aler querre [= chercher] ne actenre aprés eulx quand il est temps de servir le dîner ou le souper (6 § 687) – on devine une certaine nonchalance. Il va de soi que l’on doit servir ponctuellement sans s’absenter : l’huissier de la salle sera équipé d’une liste de tous ceux dont c’est le tour et dénoncera les absents au bureau des maîtres d’hôtel pour les faire rayer de leurs gages du jour (6 § 688 ; 7 § 685). Mélanger le privé et l’officiel est interdit, comme par exemple de mettre en la cave du prince des vins privés (6 § 691 ; 7 § 687) : l’organisation est un éternel combat contre des abus de tout genre. Un autre huissier de salle au prénom de Galyot (un Italien ?)87 quitte la cour et entre en religion (10 § 148, 150a). Et un certain Englebert vanden Berghe est nommé archer du prince en 1506 pour aucuns services par luy faiz au roy [Philippe le Beau] sur son bateau le jour de la … : malheureusement la date manque (14 § 213, 213a), mais nous devinons que l’intervention méritoire a dû se passer en janvier 1506 au cours du passage en bateau de Flessingue vers l’Espagne, marqué par des terribles tempêtes qui firent que le roi, en permanent danger de mort, se retrouva devant l’île de Portland en Angleterre. Une lettre de Vincenzo Quirini, ambassadeur de Venise, adressée au doge (Leonardo Loredan), datée de Falmouth, du 30 janvier 1506, donne une description précise : la voile était tombée à la mer et aurait tiré le bateau dans les flots, se mancava lo adiuto de uno solo marinaro, che tre volte se gettò al agua, et talgiò aulcune corde de la vella, et fece susperar la nave : un matelot se jeta par trois ← 28 | 29 → fois dans la mer, réussit à couper les cordes et ainsi sauva le navire88. Son nom est désormais connu.

Enfin un deuxième fait divers : Rodighe, Rodrighe ou Rodich, bâtard de Lalaing (au prénom espagnol), capitaine des archers du prince (6 § 678 ; 7 § 542, 551a), eut une violente rixe à l’arme blanche avec Jean de Martigny, écuyer tranchant (5 § 214 ; 7 § 144), ce que Rodrigue avait initialement été, lui aussi (5 § 188). Ce scandale eut des conséquences :

Pour ce que Rodighe, bastart de Lalaing, le VIIme de septembre XVc et deux, en l’ostel de monseigneur, euist ung debat a Occaigne contre Jehan de Martegny, eschançon89, et s’entredonnerent aucuns coupz de leur daghes ou espees, mondit seigneur entre autres choses les a ordonné estre royez de leur estaz et des presentes ordonnances. Fait a Alcala le XXIIIe dudit septembre Vc et deux (10 § 475a).

Le même jour, son opposant perdit son office, lui aussi :

pour ce que le VIIe de septembre, en l’ostel de monseigneur a Ocaigne, luy et Rodighe de Lalaing de leur daghes ou espees se sont entrebatus (10 § 103a).

Details

Seiten
494
Jahr
2019
ISBN (PDF)
9783631776469
ISBN (ePUB)
9783631776476
ISBN (MOBI)
9783631776483
ISBN (Hardcover)
9783631770368
DOI
10.3726/b15019
Open Access
CC-BY-NC-ND
Sprache
Deutsch
Erscheinungsdatum
2019 (März)
Schlagworte
Cours et ordonnances de l’hôtel Prosopographie Benelux France Allemagne Espagne
Erschienen
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien. 2019. 494 S.

Biographische Angaben

Valérie Bessey (Band-Herausgeber:in) Jean-Marie Cauchies (Band-Herausgeber:in) Paravicini Werner (Band-Herausgeber:in)

Valérie Bessey est Docteur en histoire de l’université de Paris-IV Sorbonne. Elle a travaillé dans diverses institutions françaises et allemandes sur des projets d’édition de textes du bas Moyen Âge. Elle est actuellement la collaboratrice scientifique de la Société d’histoire et du patrimoine de l’Ordre de Malte. Ses domaines de recherches sont les ordres militaires et la Bourgogne des Valois-Habsbourg. Jean-Marie Cauchies est Docteur en histoire et a enseigné durant près de quarante ans à l’Université Saint-Louis à Bruxelles et à l’Université catholique de Louvain. Ses domaines de recherche sont l’histoire du droit et des institutions (plus spécialement de la législation) et de la période bourguignonne (XVe-début XVIe siècle) dans les anciens Pays-Bas. Docteur h. c. des Universités de Lyon III et de Haute Alsace (Mulhouse) et ancien secrétaire général du Centre européen d’études bourguignonnes (XIVe-XVIe siècles), il est membre titulaire de l’Académie royale de Belgique et de la Commission royale d’histoire de Belgique. Werner Paravicini a enseigné à l’Université de Kiel (Schleswig-Holstein) et a dirigé l’Institut historique allemand de Paris. Membre de l’Académie des sciences de Göttingen, de l’Académie royale de Belgique et de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, il publie sur la cour des ducs de Bourgogne et la vie internationale de la noblesse aux XIVe et XVe siècles.

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Titel: Les ordonnances de l’hôtel des ducs de Bourgogne
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