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Faune sauvage et colonisation

Une histoire de destruction et de protection de la nature congolaise (1885-1960)

de Patricia Van Schuylenbergh (Auteur)
©2020 Monographies 376 Pages
Série: Outre-Mers, Volume 8

Résumé

Le bassin du Congo constitue aujourd’hui l’une des zones mondiales les plus touchées par la perte de biodiversité. Très convoitées pour leur potentiel économique, de nombreuses espèces animales, dont l’habitat naturel a été détruit, ont disparu ou sont en voie d’extinction. Ce phénomène alarmant n’est pourtant pas récent. L’analyse des documents historiques démontre qu’il s’inscrit dans des systèmes prédateurs mis en place en Afrique centrale dès la 2e moitié du 19e siècle et amplifiés sous l’État indépendant du Congo et la colonisation belge. La chasse à l’éléphant, surtout motivée par l’ivoire, rapporte d’importants revenus au gouvernement, tandis que d’autres espèces offrent autant de bénéfices économiques que de motivations sportives, scientifiques ou de prestige. En réaction à cette fureur cynégétique, des institutions et des personnalités poussent à protéger les espèces les plus menacées. Des efforts importants, influencés par des tendances internationales, sont dès lors entrepris par les autorités belges pour limiter ces dégâts environnementaux : textes législatifs, instruments de contrôle, espaces naturels protégés et parcs nationaux, autant de mesures aux résultats toutefois mitigés.
Cet ouvrage éclaire, de façon inédite, l’histoire de la présence belge au Congo, en analysant la manière dont la colonisation gère les animaux sauvages sur son territoire. Dans un contexte général où émergent des sensibilités accrues en faveur de la protection écologique, il retrace l’histoire politique du fait environnemental. Les mesures et pratiques coloniales de conservation de la nature constituent des clés de lecture indispensables pour comprendre les interactions entre les colonisateurs, les populations congolaises et leur environnement.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Liste des sigles et abréviations
  • Introduction
  • Problématique
  • Pistes historiographiques et ressources documentaires
  • Plan
  • Partie I Chasses et Protection (1885–1908)
  • 1. Préambule : Faune sauvage et imaginaires européens
  • 2. Chasses, viande et ivoire
  • 2.1. Occupation territoriale et enjeux de pouvoir
  • 2.2. Ressources et profits
  • 2.3. Rituels sportifs et exhibitions
  • 3. Sauver les éléphants
  • 3.1. Déclin de la faune
  • 3.2. Controverses sur la disparition des éléphants
  • 3.3. Les réponses de l’État indépendant du Congo à la destruction de la faune
  • Partie II Sciences et Préservation (1880–1930)
  • 1. Laboratoires naturalistes
  • 1.1. Explorations, collectes et nationalisme
  • 1.2. Premières collections de faune congolaise
  • 1.3. Spécimens zoologiques et le Musée du Congo
  • 1.4. Chasses scientifiques et réponses gouvernementales
  • 2. Un patrimoine faunique préservé
  • 2.1. Vestiges préhistoriques
  • 2.2. Exposition et éducation
  • Partie III Marches vers la Conservation : Hommes et Réseaux (1880–1930)
  • 1. Contexte global : quelques clés de lecture
  • 1.1. En Europe occidentale
  • 1.2. Dans l’espace nord-américain
  • 1.3. Internationalisation du mouvement
  • 2. De la Belgique au Congo
  • 2.1 Des activistes précurseurs
  • 2.2. Promotion scientifique et réserves naturelles
  • 2.3. Quelques chefs de file
  • Partie IV Gestion et Conservation (1910–1960)
  • 1. Politiques cynégétiques au Congo belge
  • 1.1. Agriculture et capital « faune » (1910–1930)
  • 1.2. Législation et inquiétudes persistantes (1930–1940)
  • 1.3. Technicisation et déconvenues (1940–1960)
  • 1.4. Réserves de faune
  • 2. Parcs nationaux : la création du Parc national Albert
  • 2.1. Un « Gorilla Sanctuary »
  • 2.2. Une vocation scientifique
  • 2.3. De l’écologie au tourisme
  • 3. Hommes ou animaux : un dilemme continu
  • 3.1. Des intérêts divergents
  • 3.2. Des Africains « hors-la-loi »
  • 3.3. Parc national de la Garamba, or et éléphants
  • 3.4. Parc national de l’Upemba, Comité Spécial du Katanga et droits fonciers
  • 4. Coloniser n’est pas piller
  • 4.1. Victor Van Straelen et le spectre de la famine
  • 4.2. Jean-Paul Harroy ou l’Afrique, terre qui meurt
  • 4.3. Vers une expertise de la conservation : la Conférence de Bukavu (1953)
  • 4.4. Épilogue. Entre espoirs et désillusions
  • Principaux fonds d’archives consultés
  • Bibliographie sélective

←12 | 13→

Introduction

Problématique

Les sensibilités liées à la problématique de la protection et de la conservation de l’environnement découlent des héritages et des combats de longue haleine menés depuis un plus d’un siècle et demi. Des personnalités de plus en plus nombreuses ont revendiqué la nécessité de défendre coûte que coûte les animaux sauvages d’Afrique, lion, éléphant, okapi, antilope, hippopotame, symboles en puissance de nombreux États-nations. Ces espèces, devenues emblèmes, illustrent autant leur présence ancienne et caractéristique sur certains territoires que la reconnaissance de leurs qualités humanisées (liberté, force, courage, sagesse, etc.). Le prestige qui leur est conféré ne garantit cependant pas la sauvegarde de la plupart de ces espèces. Chassées jusqu’à leur extinction définitive ou annoncée, certaines d’entre elles survivent dans des îlots de protection qui tendent, eux aussi à se réduire devant l’âpreté des pressions politiques, économiques nationales et internationales et les dégâts provoqués par des populations riveraines pauvres et violentées.

Durant plusieurs siècles, le rapport avec les animaux sauvages a été pourtant capital dans la vie sociopolitique, les rapports économiques et les manifestations culturelles de ces populations. Les pouvoirs précoloniaux ont notamment utilisés les représentations animales dans de nombreux rituels, par l’intermédiaire du masque ou de la tradition orale, afin d’exprimer leur relation avec le surnaturel et comme support à la fondation de clan, soudant ainsi la cohésion du groupe sous un esprit tutélaire qui les protégeait, lui et son environnement naturel. Totémisées, certaines espèces ont été déclarées interdites à manger ou à chasser. Les activités corporatives de chasse, confiées à des groupes de chasseurs munis d’armes dites traditionnelles et qui possédaient une fonction sociale importante, constituaient des prélèvements réglementés dans l’espace et le temps. Cet état de fait, qui prouverait une longue période d’harmonie avec la nature, ne doit cependant pas occulter des prédations plus ou moins importantes sur certaines espèces, phénomènes liés à l’histoire de ←13 | 14→certains groupes et associations, des royaumes ou des empires africains. L’organisation de corporations de chasseurs professionnels, l’irruption de commerçants, de trafiquants et d’aventuriers animés par des projets économiques, de conquêtes territoriales et de pouvoirs politiques ont constamment modifié une apparente prospérité et conduit à une violence accrue, exercée aussi bien sur les hommes que sur la faune. Les armes à feu ont facilité l’abattage des grands mammifères comme l’éléphant, chassé pour sa viande mais surtout pour son ivoire. L’économie esclavagiste induite par les mondes musulman et européen a activé un commerce hybride composé d’hommes, de fusils et de ressources naturelles d’origine animale. Les poussées impérialistes africaines, arabo-swahili et européennes en Afrique centrale ont tracé le sillage des mouvements de colonisation de la région qui introduisirent les diktats du capitalisme moderne naissant dans le cadre d’un nouvel ordre mondial basé sur l’exploitation croissante des ressources naturelles des régions occupées.

La destruction de la faune sauvage a imprimé ses marques sur l’État indépendant du Congo et du Congo belge. Tandis que plusieurs espèces étaient chassées pour nourrir les agents de l’État et leurs caravanes de porteurs africains, les plus importantes furent abattues pour leur ivoire, leurs cornes, leurs peaux ou leurs plumes, de même que pour l’exploit sportif ou pour enrichir les collections occidentales et l’arbre taxinomique des espèces biologiques. Ces prélèvements frénétiques, pratiqués localement ou sur une plus grande échelle, participaient au saccage progressif de l’environnement et induisaient des déséquilibres biologiques préjudiciables, en fin de compte, aux hommes, à la fois acteurs et victimes de ces altérations.

Face à la fureur cynégétique et aux nombreux épisodes de « rencontre » entre les Occidentaux et les espèces les plus charismatiques de la grande faune africaine, des consciences affirmèrent progressivement la nécessité de protéger les espèces les plus menacées. Poussées par des ambitions diverses, philosophiques, politiques, scientifiques, elles entretinrent des réseaux aux origines et affiliations diverses (nationale, transnationale, internationale), organisèrent des rencontres, élaborèrent des programmes et réalisèrent des actions sur le terrain. Elles voulaient répondre avec pressentiment, lucidité, sens de l’éthique ou simple pragmatisme à l’un des plus importants enjeux, souvent incompris ou méprisés, de l’Afrique sub-saharienne du 20e siècle : l’extinction définitive de ses animaux les plus caractéristiques et, par conséquent, la réduction de sa biodiversité et la menace grandissante que celle-ci entraînait sur les populations humaines. ←14 | 15→À l’heure actuelle où les espèces (notamment vertébrés et invertébrés) reculent de manière massive, en termes de nombre et d’étendue1, cet anéantissement biologique constitue la sixième extinction de masse sur la terre où les disparitions d’espèces ont été multipliées par 100 depuis 1900, soit un rythme sans équivalent depuis l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. Cette « défaunation » provoquera, à court et à moyen terme, des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes et des impacts écologiques, économiques et sociaux majeurs de ce 21e siècle avançant.

Le bassin du Congo constitue l’une des zones mondiales les plus touchées par l’érosion spectaculaire de sa biodiversité et de certaines espèces en particulier, éléphants, lions, rhinocéros, hippopotames, grands singes, okapis. Si les causes de ces reculs sont d’abord imputables à la perte et à la dégradation de leurs habitats sous l’effet de l’agriculture, de l’exploitation forestière, de l’urbanisation et de l’extraction minière, la surexploitation des espèces par la chasse, la pêche et le braconnage sont également des facteurs importants. Si ces pratiques ne sont pas toutes inhérentes à la colonisation belge en Afrique centrale, elles en ont néanmoins constitué les ferments importants d’une ambition économique favorisant le grand capital. En parallèle, cette période historique a aussi été marquée par un effort considérable pour limiter les dégâts environnementaux et engager les pouvoirs à prendre des responsabilités en légiférant et en créant des espaces protégés destinés à assurer aux générations futures des ressources naturelles en suffisance. Tel est l’un des importants paradoxes coloniaux.

Cette étude a donc pour objectif de proposer une vision nuancée des politiques engagées par le pouvoir colonial afin de protéger la faune du Congo, vivant et évoluant elle-même dans un environnement naturel global. Cette histoire politique du fait environnemental consiste donc, plus précisément, à cerner la manière dont les pratiques légales et illégales de chasse sévissaient sur l’ensemble du territoire colonisé et, en parallèle, les outils législatifs, administratifs et techniques mis en place pour protéger certaines espèces.

Durant la période étudiée, en effet, l’émergence et l’évolution de sensibilités en faveur de la protection de la nature issues d’une multiplicité ←15 | 16→de courants (esthétiques, philosophiques, scientifiques, pragmatiques) entraînent des changements d’attitudes et d’actions sur le terrain. Des politiques de conservation de la nature se mettent en place, qui constituent des clés de lecture indispensables pour observer les transferts, les interactions, les connexions, les pressions ou les contournements qui se jouent entre divers niveaux d’espaces, locaux, métropolitains, coloniaux, transnationaux et globaux. Ces politiques mettent dès lors en évidence les forces et les faiblesses d’adaptation du système colonial par rapport à des forces exogènes ou difficilement maîtrisables. Dans cette perspective, les sources de conflits deviennent plus visibles et montrent plus clairement les démarcations économiques, sociales et raciales. Ces fractures sont particulièrement explicites dans la législation cynégétique et les zones de protection qui indiquent qui peut chasser, avec quels moyens et à quel prix.

L’ouvrage mobilise dès lors de nombreuses sources qui illustrent également la manière dont la colonie représente et agence un territoire considéré comme « sauvage », comment elle exerce des actions et des comportements sur sa faune et, inversement, comment celle-ci influence et détermine les ambitions et les pratiques coloniales. Par ce biais, il s’agit de questionner les moteurs et les conséquences de l’instrumentalisation de la faune sauvage et les tensions que celle-ci exerce sur des colonisateurs qui s’assignent un statut de gardiens et d’experts, tandis qu’ils sont corollairement des destructeurs et des exploiteurs de ressources naturelles.

En proposant pour la première fois de se pencher sur l’histoire de la gestion et de la conservation de la faune sauvage en Afrique centrale, cet ouvrage analyse en fin de compte l’environnement naturel comme lieu de pouvoir et vise ainsi à restaurer une dimension environnementale dans l’historiographie coloniale belge.

Pistes historiographiques et ressources documentaires

Les études dans le domaine de l’histoire environnementale se développent de manière exponentielle ces dernières années, surtout depuis l’intérêt grandissant des chercheurs pour le concept de l’Anthropocène et sa fin annoncée2. La genèse et le développement grandissant de ce ←16 | 17→champ, ses principaux acteurs et ses axes privilégiés de recherche sont l’objet de plusieurs panoramas globaux régulièrement dressés depuis la fin des années 1980, notamment en ce qui concerne les recherches environnementales en situations impériales et coloniales3. L’Afrique moderne et contemporaine est largement revisitée sous l’angle des effets écologiques, souvent désastreux, produits depuis les conquêtes et occupations européennes et l’arrivée de la modernité et du capitalisme4. La biodiversité du continent et ses nombreuses niches écologiques encouragent aussi à analyser les circulations internes d’espèces botaniques et zoologiques ainsi que leurs mouvements d’importation et d’exportation vers d’autres espaces du globe, notamment par le biais de l’agronomie tropicale5. Dans ce cadre, les espaces coloniaux sont également perçus ←17 | 18→comme laboratoires où émergent des préoccupations, des théories et des pratiques de l’environnementalisme et de protection environnementale, mais aussi des zones de créativité où s’impriment des dynamiques entre centres et périphéries6. Les historiens des sciences contribuent également de manière convaincante à replacer les questions d’écologie scientifique, d’expertises environnementales et de protection de la nature aux échelles nationale, transnationale et internationale. Dans ce cadre, la colonie belge est perçue comme un laboratoire où peuvent être analysées les relations entre les modèles biologiques et les empirismes locaux7. Les colonies constituent également des espaces environnementaux où se jouent des confrontations, réelles ou imaginaires, entre les théories scientifiques occidentales et leurs applications sur le terrain et les savoirs et les pratiques locales de l’Autre. À cet égard, les « mythes environnementaux » qui ←18 | 19→ont circulé entre les colonies et les métropoles font l’objet de nouvelles recherches8.

Dans ce prolongement, les pratiques de préservation ou de conservation de la nature ne sont plus seulement analysées en termes d’outils impérialistes mais sont aussi reliées à l’émergence de pensées et d’éthiques proto-écologiques, parfois inspirées par les cultures des colonisés. Néanmoins, inspiré par les Subaltern Studies, le terrain environnemental reste encore majoritairement analysé en termes de confrontation entre populations colonisées et politiques coloniales, notamment au niveau des formes d’actions et de résistances9.

Alors qu’historiquement, ces espaces naturels ont représenté l’un des premiers axes de développement de l’histoire environnementale écrite par les historiens nord-américains qui y ont perçu leur importance dans la construction de leur identité nationale, les Parcs nationaux, en particulier, constituent des terrains idéaux d’analyse de ces tensions10. Les résistances des populations aux Parcs nationaux d’Afrique centrale ont d’abord été analysées dans des perspectives politiques, sociologiques et anthropologiques11 par des chercheurs belges et congolais. Ces ←19 | 20→études tendent à souligner la présence anxiogène de ces enclaves jusqu’à aujourd’hui et leur impact sur les questions contemporaines de pression foncière et de pillage des ressources naturelles. Par ailleurs, quelques articles mettent en évidence le bilan largement positif de la politique belge dans la création, le développement et la reconnaissance internationale des parcs et réserves durant la période coloniale12. Depuis, d’autres études ont abordé ces perspectives, notamment par le biais d’analyses pluridisciplinaires qui mettent en évidence l’effort collectif réalisé en vue d’assurer la survie du Parc national des Virunga13. Les archives et les collections relatives à l’histoire de ce parc ont aussi été recensées et replacées dans le contexte colonial belge14. L’histoire politico-administrative, les pratiques de gestion écologique et la dimension touristique s’ajoutent désormais à l’histoire sociale des Parcs nationaux.

Si l’environnement colonial de la Belgique en Afrique centrale a fait l’objet de nombreuses études depuis les années 1960, celles-ci ont souvent fait fi de la perspective historique et ont surtout concerné les sociétés rurales en transition, l’agriculture, la pêche et l’aménagement de l’espace et du milieu15, ou des problématiques relevant de la biogéographie (cartographie de l’environnement et des aménagements urbains, évolution des paysages ruraux, dégradations anthropiques). Plus ←20 | 21→récemment, les questions de la gouvernance environnementale ont fait l’actualité, en lien avec la gouvernance sociopolitique de la région16.

Les liens entre la chasse, la gestion et la conservation de la faune sauvage augurent également une tendance en hausse de l’histoire environnementale, progressivement inspirée des nouvelles approches relatives aux relations hommes-animaux qui se développent depuis les années 198017 et au sujet desquelles une littérature considérable existe aujourd’hui. Aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne, les Animal studies sont devenues un champ prometteur de la recherche transdisciplinaire18. Des auteurs importants comme John MacKenzie avaient déjà démontré la nécessité d’éclairer les modes d’exploitation des animaux par une fully integrated cultural school qui insistait sur la nécessité de replacer l’histoire environnementale dans son contexte économique, politique et culturel, y compris dans ses aspects symboliques19. L’histoire ←21 | 22→de la conservation et de la gestion de la faune sauvage constitue une thématique bien étudiée en histoire de l’environnement africain20.

En Belgique, l’histoire de la faune est particulièrement mobilisée pour ouvrir les perspectives de compréhension de l’histoire coloniale. L’histoire de la « découverte », des captures et des parcours d’espèces emblématiques comme le gorille de l’Est illustre les interactions homme-animal à travers les politiques, les pratiques et les gestes opérés en situation coloniale et à travers les (re)présentations de celles-ci dans les zoos, ménageries et autres lieux d’exposition européens et nord-américains du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui21.

La reconstruction historique de cette périodisation nécessitait l’établissement d’un choix arbitraire dans la vaste documentation qui existe à propos des problématiques envisagées dans l’ouvrage. Les prélèvements de la faune du Congo, étudiés par le biais du phénomène de la chasse, ne sont renseignés, dans la majorité des cas, que par les sources officielles, la littérature cynégétique, les statistiques et les documents économiques. Les sources officielles, documents législatifs et administratifs, recueils de législation, fournissent ainsi, pour cette première partie, la base des informations permettant d’appréhender le phénomène de la chasse et celui de la protection de certaines espèces animales. Ces sources constituent le reflet d’une volonté politique et malgré leur caractère rigide et informel, elles permettent de décrire les étapes du processus menant à l’idée de protection et de conservation de la faune sauvage au Congo. Considérés comme une panacée pour une série de maux du monde colonial, les actes législatifs forment les réponses concrètes des nations européennes et permettent de prendre des mesures immédiates ←22 | 23→sur toute une série de questions relatives à la gestion et à la régulation de la faune sauvage : réglementation du port d’armes à feu, instauration d’une panoplie de permis et d’autorisations de chasse pour Européens et populations africaines, cloisonnement temporel des périodes d’ouverture et de fermeture de la chasse, cloisonnement spatial de certains lieux réservés à la protection d’espèces spécifiques, établissement d’interdits divers.

Résumé des informations

Pages
376
Année
2020
ISBN (PDF)
9782807611160
ISBN (ePUB)
9782807611177
ISBN (MOBI)
9782807611184
ISBN (Broché)
9782807611153
DOI
10.3726/b16159
Langue
français
Date de parution
2019 (Novembre)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 376 p., 7 ill. n/b.

Notes biographiques

Patricia Van Schuylenbergh (Auteur)

Patricia Van Schuylenbergh est docteure en Histoire et dirige le service Histoire et Politique au Musée royal de l’Afrique centrale (Tervuren). Ses travaux portent sur l’histoire coloniale belge, l’histoire de l’environnement et de la protection de la nature en Afrique centrale, l’histoire des sciences coloniales, des collections muséales et des représentations visuelles.

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