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Georges Pompidou, Willy Brandt, l'axe franco-allemand et la construction européenne

1969–1974 : Le temps d'une genèse entravée

de Joële Pierre (Auteur)
©2020 Monographies 320 Pages
Série: Euroclio, Volume 108

Résumé

Les années 1969-1974 furent assurément un temps majeur de transition à la fois pour la coopération entre Paris et Bonn et pour la construction européenne. Un regard renouvelé s’impose. Cet ouvrage étudie les relations franco-allemandes sous un angle franco-allemand ; dresser la typologie des divergences-convergences permet de cerner consensus et compromis. Si De Gaulle et Adenauer ont solennellement proclamé la réconciliation entre les deux anciennes nations ennemies, c’est avec Georges Pompidou et Willy Brandt que le traité de l’Elysée va enfin être mis en œuvre et que le moteur franco-allemand démarre vraiment. Dans leur  politique extérieure face à l’URSS, Pompidou et Brandt parvinrent même à la fusion de leurs intérêts. Etudier au travers d’un champ de forces multiscalaires en constante action, surtout à partir de 1973, infirme le tableau convenu de l’« eurosclérose » des années 1970. Ce livre éclaire ainsi d’un regard nouveau la deuxième phase de la construction européenne, alors que l’objectif pompidolien d’un « gaullisme européen » prenait forme. Ainsi peut-on mieux cibler les responsabilités, et mettre en évidence combien les relations internationales ont broyé ce take-off européen.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • French À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Remerciements
  • Liste des abréviations
  • Table des matières
  • Introduction
  • Première Partie : Le besoin commun franco-allemand d’Europe
  • Chapitre 1er 1968 – 1969, une France fortement affaiblie face à la République fédérale d’Allemagne.
  • I. Le naufrage de l’idéologie gaullienne.
  • 1. Mai 68 et la fin du franc fort.
  • 2. La démission du Président de Gaulle inaugure-t-elle un changement de régime ?
  • 3. Prague, août 1968 : le Grand Soir de la géopolitique gaullienne de la détente.
  • II. Les décisions du général de Gaulle paralysent la construction européenne.
  • 1. Supplanter la Commission Européenne.
  • 2. Construire l’Europe française.
  • 3. L’implication tenace de l’Élysée sur l’avenir de la PAC.
  • III. 1969, l’axe franco-allemand : un mythe.
  • 1. 1963–1969 : L’échec du Traité de l’Élysée.
  • 2. Le grand paradoxe.
  • 3. L’enjeu prioritaire de la problématique franco-allemande.
  • Conclusion du 1er chapitre :
  • Chapitre 2 Octobre 1969, l’Allemagne s’émancipe.
  • I. L’Ost – und – Deutschlandpolitik de Willy Brandt.13
  • II. Les stratégies de la nouvelle Ostpolitik.
  • III. Le soutien ambigu du Président Pompidou à la première phase de l’Ostpolitik.
  • Conclusion du 2è chapitre :
  • Chapitre 3 Divergence des conceptions européennes franco-allemandes.
  • I. Sur quelle Europe fonder un ordre de paix franco-allemand ?
  • 1. Quelles frontières ?
  • 2. Quelle nature ?
  • 3. Rôle de Jean Monnet ?
  • II. Georges Pompidou : initiateur de la méthode de construction de l’Europe de la 2è phase.
  • III. Approfondissement ou élargissement ?
  • 1. Au départ, des positions franco-allemandes grandement divergentes.
  • 2. En France, des avis partagés en haut-lieu.
  • 3. La méfiance de Georges Pompidou à l’égard d’Albion au début de son septennat.
  • Conclusion de la 1ère partie :
  • Deuxième Partie : POMPIDOU et BRANDT ont embrayé le moteur franco-allemand.
  • Chapitre 1er Le temps des initiatives pompidoliennes.
  • I. Le lancement d’un « gaullisme européen ».
  • II. La création d’une zone monétaire européenne.
  • III. Une politique commune franco-allemande face à l’URSS.
  • Conclusion du 1er chapitre :
  • Chapitre 2 La mise en route laborieuse du partenariat franco-allemand.
  • I. L’Europe de la 2è phase naît lors de la Conférence de Paris (19–20 octobre 1972).
  • II. L’accord franco-allemand pour sauvegarder le Serpent monétaire européen.
  • III. Mais, la coopération franco-allemande bute sur la question des MBFR.11
  • Conclusion du 2è chapitre :
  • Chapitre 3 L’imprévisibilité gouvernementale allemande.
  • I. Un gouvernement fédéral en crise.
  • II. Quelle politique allemande après le triomphe électoral de l’Ostpolitik ?
  • III. Le gouvernement fédéral à la recherche d’un rôle médiateur entre Paris et Washington.
  • 1. Bonn : porte-parole diplomatique de Washington à la Conférence de Paris.
  • 2. Plaidoyer allemand pour le partnership.
  • 3. Pour Walter Scheel, le dialogue méditerranéen faciliterait les négociations entre Paris et Washington.
  • Conclusion de la 2è partie :
  • Troisième Partie : Quel leadership pour l’Europe : Washington ou Paris ?
  • Chapitre 1er 1973, forte pression de Kissinger pour assujettir les Européens.
  • I. La crise du dollar de février 1973 contre l’UEM.
  • II. « L’Année américaine de l’Europe ».
  • III. Le condominium soviéto-américain : une menace pour la sécurité de l’Europe ?
  • Conclusion du 1er chapitre :
  • Chapitre 2 La guerre d’octobre : un atout pour Kissinger dans sa controverse avec Paris.
  • I. La guerre au Proche-Orient bloque l’expansion de la CPE.
  • II. L’Élysée a-t-il eu une politique anti-israélienne ?
  • III. L’Allemagne, la puissance montante au Proche-Orient.
  • Conclusion du chapitre 2 :
  • Chapitre 3 Février 1974, la réussite de Kissinger.
  • I. La victoire des Atlantistes.
  • II. La crise de l’axe franco-allemand.
  • III. L’affligeante rencontre de Pitsounda.
  • Conclusion de la 3è partie :
  • CONCLUSION GENERALE
  • ANNEXES
  • SOURCES
  • ARCHIVES
  • SOURCES ORALES
  • SOURCES IMPRIMEES.
  • Mémoires.
  • BIBLIOGRAPHIE
  • Index des noms

Introduction

Jamais Français et Allemands
n’arriveront à raisonner de la même façon.

Goethe

Le 15 juin 1969, Georges Pompidou accède en France à la magistrature suprême, au poste du Fondateur de la Ve République. Edouard Balladur le présente. « S’il n’y en eut peut-être pas dans notre histoire de plus mal connu, il en est en grande partie responsable : sa réserve, son horreur de l’emphase … Les qualités qui lui sont le plus fréquemment reconnues ne sont pas celles qui font rêver : réalisme, opiniâtreté, prudence, solidité … homme secret, qui ne se livrait guère ».1Grand contraste avec la personnalité charismatique, visionnaire de Willy Brandt, un homme d’État qui a été témoin du tumultueux XXe s de l’Allemagne, de la Résistance contre le IIIé Reich en Norvège et en Suède, au poste de Regierender Bürgermeister de Berlin-Ouest lors de la construction du Mur, avant d’être élu le 21 octobre 1969, comme premier Chancelier social-démocrate de la République fédérale d’Allemagne. La véritable expérience politique de Georges Pompidou est bien plus récente; elle date de sa nomination de Premier ministre, en1962, par le général de Gaulle. En revanche, de l’autre côté du Rhin, Willy Brandt avait rejoint jeune, dès 1929, les rangs des travailleurs socialistes. Deux existences politiques divergentes.

Georges Pompidou entre à l’Élysée à un moment de crise. Crise de la France: le Président est pleinement conscient que la France n’est plus qu’une puissance moyenne, qui plus est en déclin relatif après les évènements de Mai 68. Déjà dès 1962, alors, Premier ministre, Pompidou avait bien compris que pour que la France reste une puissance, l’Europe est une nécessité. « Les pays qui y appartiennent se développent plus vite ←15 | 16→que ceux qui restent en dehors ».2 Charles de Gaulle lui-même énonçait ce constat amer dans une formule ramassée: « L’organisation européenne devrait nous permettre de faire avec les autres ce que nous ne sommes plus en mesure de faire tout seuls ».3 Seulement, à la fin des années 1960, l’Europe est en crise. La politique européenne de la France telle que la conçoit de Gaulle est dans l’impasse. On était, à la mort du Général fort loin de l’avènement d’une Europe européenne, finalité ultime de sa politique.

Visionnaire, de Gaulle avait conçu une remédiation de l’Europe de Yalta qui, en apportant la paix, solutionnait la question allemande et assurait à la France une position de pivot entre l’Allemagne et la Russie. Considérer le rôle de l’Union Soviétique est essentiel pour avoir une image complète des relations franco-allemandes dans la période cruciale de sa présidence : « La solution, déclarait-il à Khrouchtchev, au printemps 1960, nous devons la chercher non point en dressant face à face deux blocs monolithiques, mais au contraire en mettant en œuvre successivement la détente, l’entente et la coopération dans le cadre de notre continent. Nous créerons ainsi entre Européens depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural4 des rapports, des liens, une atmosphère qui d’abord ôteront une virulence au problème allemand, y compris celui de Berlin, ensuite conduiront la République fédérale et votre République de l’Est à se rapprocher et à se conjuguer, enfin tiendront l’ensemble germanique encadré dans une Europe de paix et de progrès, où il pourra faire une carrière nouvelle ».5 Toujours méfiant vis-à-vis du pouvoir militaire, soviétique comme allemand, les objectifs stratégiques de de Gaulle dépendaient d’un double endiguement de Moscou et de Bonn. Le Général le précise très clairement à Peyrefitte : « Il est essentiel de pousser l’Allemagne vers un rapprochement avec la Russie. Nous devons désarmer leur agression réciproque. C’est notre jeu, c’est le seul ».6 Rien de plus net que ce qu’il devait dire à Adenauer le 10 mars 1966 à l’Élysée : ←16 | 17→« Les Russes … je ne ferai pas d’accord politique fondamental avec eux … il faut un jour arriver à l’entente européenne qui sera la clef de la réunification allemande. Je l’ai toujours dit aux Soviets et je le leur répéterai. Ce ne sera pas pour demain, mais il est important que la question soit posée et qu’elle le soit par la France dans ce sens ».7 De Gaulle n’a jamais considéré la réconciliation franco-allemande comme une fin en soi, mais plutôt comme la base du remodelage de l’Europe et permettant au continent de surmonter les divisions héritées de la guerre froide. À cet égard, l’Union soviétique devait jouer un rôle essentiel dans ce grand dessein. Selon son Conseiller diplomatique, Pierre Maillard, son idée était que le départ éventuel des Américains d’Europe ou au moins leur relatif éloignement fût en quelque sorte ‘acheté’ par un abandon par les Russes de la RDA, permettant la réunification de l’Allemagne, dans les limites des frontières existantes, c’est-à-dire de la ligne Oder-Neisse. Cette novation s’accompagnerait de l’établissement d’un pacte de sécurité spécifiquement intereuropéen. L’Europe nouvelle se trouverait ainsi reconstituée sur la base de deux piliers, l’URSS à l’Est et à l’Ouest le groupement franco-allemand. Ce qui devait ouvrir une nouvelle piste fut la suggestion du Général concernant l’engagement d’une concertation spécifiquement européenne sur le problème allemand : « La question allemande, dit-il, est devenue aujourd’hui un accessoire de la rivalité des deux grandes puissances Union soviétique et États-Unis. Si la Russie était soucieuse de sa sécurité dans cette partie du monde, il fallait donc faire sortir ce problème de son contexte actuel pour essayer d’élaborer entre Européens et naturellement avec le plein accord des Allemands, un début de solution ».8

Cependant, les grands espoirs de de Gaulle pour un rapprochement germano-soviétique cèdent rapidement le pas à la désillusion. Les éventualités ainsi proposées s’écartaient profondément des vues des dirigeants soviétiques. Une amélioration plus permanente des relations franco-allemandes n’aurait pu se produire que si l’Union Soviétique avait décidé de traiter moins durement l’Allemagne de l’Ouest.9 En 1968, Moscou n’était cependant pas prête à faire affaire avec Bonn. Sous la pression des éléments les plus conservateurs du Pacte de Varsovie, les dirigeants ←17 | 18→du Kremlin ont ressenti une anxiété profonde quant à la contrôlabilité d’une vaste détente européenne, et cela n’a fait que s’aggraver lorsque les troubles se sont développés à Prague en 1968. L’invasion de la Tchécoslovaquie, en août devait sonner le glas de toute l’entreprise. Mais pour que la politique du général de Gaulle à l’Est puisse aboutir, il aurait encore fallu que l’Allemagne de l’Ouest puisse y participer activement. Lorsque le Chancelier fédéral Kiesinger et le ministre des Affaires étrangères Brandt vinrent à Paris le 13 janvier 1967, on évoqua les projets discutés à Moscou. L’idée d’une négociation commune avec les Russes sur le problème allemand sembla faire son chemin. Un article publié dans la revue Foreign Affairs, sous la signature de Brandt, témoigna même de cette nouvelle orientation.10 Notons pourtant que du côté allemand de notables réserves subsistaient concernant la reconnaissance de la frontière Oder-Neisse, les conditions de la réunification et enfin l’éventualité d’un ‘choix’ à faire entre les États-Unis et la France. De plus, la voie où s’engagea dans les mois qui suivirent la politique allemande, à savoir le développement de ses relations avec les pays satellites de l’URSS avec l’arrière-pensée d’isoler la RDA et de court-circuiter l’URSS, ne coïncidait que très imparfaitement avec les idées du Général et de son ministre des Affaires étrangères, pour lesquels il fallait au contraire parler directement avec Moscou. Il ressortait de tout cela que la politique à l’Est du Général rencontrait une dose de compréhension, certes, mais non encore un véritable écho.11 De plus, la nouvelle Ostpolitik implique, pour Brandt, que Bonn prenne maintenant un plus grand contrôle sur son propre destin plutôt que de compter sur les autres pour parler en son nom. Même si elle suit la politique de détente de la France avec un grand intérêt, l’Allemagne de l’Ouest n’attend que des gains limités de sa coopération avec Paris, et les possibilités d’actions communes envers l’Europe de l’Est ne pouvaient être surestimées. L’Allemagne pourrait prendre des mesures décisives vers le bloc de l’Est au niveau bilatéral.12

Ainsi, le 28 avril 1969, quand de Gaulle démissionne, le postulat global de toutes les entreprises gaulliennes, la grandeur de la France, n’a pas été atteint. De Gaulle avait tenté de faire admettre au monde une vision proprement française de l’action internationale, en initiant un ←18 | 19→nouvel ordre européen.13 G-H Soutou a exposé la volonté de de Gaulle d’établir un lien stratégique entre le plan Fouchet d’union politique européenne et l’application d’une réforme profonde de l’Alliance atlantique.14 L’objectif véritable du Plan Fouchet ne fut-il pas l’élévation de la France au niveau de grande puissance, dominante dans une Europe occidentale rendue indépendante à l’égard des États-Unis et de leur allié privilégié, la Grande-Bretagne ? Le témoignage d’Alain Peyrefitte ne s’en porte-t-il pas garant ? « Ce plan Fouchet, le Général en reparlera (….) Chaque fois que devant un grand problème de politique internationale, […] les Six se débanderont, le Général exhalera ses regrets. Si l’Union des six États n’avait pas été rejetée par les Belges et les Hollandais, quelle force aurait eue l’Europe ! Quel dommage… Quelle sottise… ».15 L’axe franco-allemand répondait à une vision audacieuse de de Gaulle. L’adjonction juridiquement officialisée en Allemagne lors de la ratification du traité d’amitié et de coopération franco-allemand, d’un Préambule de sauvegarde de l’Alliance atlantique, pour lequel Willy Brandt joua un rôle de premier plan, avait été synonyme pour lui d’un revers. À l’espoir qu’il avait eu d’une Allemagne profondément transformée et étroitement alliée, succédait un sentiment de doute. Alain Peyrefitte relate une conversation avec lui, le 7 juillet 1964 : « Il faut que l’Allemagne se lie effectivement à l’Europe occidentale, c’est-à-dire à nous. Or elle ne le fait pas ».16 Et il ajoute : « L’Allemagne est sous protectorat américain, en matière politique, militaire, économique. Donc il n’y a pas moyen de faire une politique franco-allemande, ni a fortiori une politique européenne puisqu’il n’y a pas moyen de faire une politique européenne indépendante. Toute la question est là ». Il confirme le 18 novembre 1964, ce sentiment de déception en disant à Peyrefitte: « Les Allemands ont été mon grand espoir. Ils sont mon grand désappointement ».17 Incontestablement, le rêve de l’Allemagne comme partenaire exclusif s’éloignait. Il en avait reçu une nouvelle confirmation à l’automne 1968, de façon pénible, lorsque sollicité de soutenir le franc menacé de dévaluation, en réévaluant sa propre monnaie, le ministre ←19 | 20→fédéral des Finances Franz Josef Strauss, qualifié pourtant dans son pays de ‘gaulliste’, s’y refusa sans beaucoup de ménagements.

Observons bien que cet affaiblissement économique, politique, et de prestige de la France intervient alors que la République fédérale d’Allemagne entame en ces années 1966–1969, un essor prioritairement économique et allait commencer à acquérir avec son Ostpolitik, une stature de puissance internationale. Ce différentiel qui se creusait, allait préoccuper sérieusement le nouveau Président de la République française, Georges Pompidou.

Paradoxalement, c’est sous le gouvernement du Chancelier fédéral Ludwig Erhard, praticien du ‘miracle économique’ de 1948, lequel fut fondé sur le couplage de la réforme monétaire (20/21 juin 1948) et de la mise en place de ‘l’économie sociale de marché’ (24 juin 1948), qu’en 1966, l’Allemagne de l’Ouest subit sa première récession. Des voix, même celle du Professeur Müller-Armack, théoricien de la Soziale Marktwirtschaft, l’économie sociale de marché, s’étaient élevées pour réclamer une 2é phase de ce système socio-économique. C’est ce qui se passa durant la période de trois ans, 1966 – 1969, de la Grande Coalition CDU/CSU et SPD, qui vit, selon les économistes allemands, le passage de la phase initiale à la phase éclairée de ‘l’économie sociale de marché’. Karl Schiller, partisan d’une Soziale Marktwirtschaft modifiée, y mêla un keynésianisme bien tempéré. La loi de 1967 sur la promotion de la stabilité et de la croissance de l’économie fut la grande réussite de K. Schiller (Economie) et de F-J. Strauss (Finances) et passa pour la ‘Grande Charte’ économique de la coalition dirigée par le nouveau chancelier Kiesinger et son ministre des Affaires étrangères, Brandt. En raison de la crise de 1966–67, Karl Schiller introduit un renforcement partiel de l’interventionnisme étatique, afin d’assurer le plein emploi. Les résultats ne se firent pas attendre. Dès fin 1967, l’économie de la République fédérale reprenait son essor. L’augmentation du PNB passe de – 0,1% à 6,1% en 1968 et à 7,5% en 1969 ;18 l’abaissement du chômage revient à ses niveaux du début des années 1960, 0,9% en 1969, 0,7% en 1970 ;19 et le taux d’inflation repasse de 3,5% en 1966 à 1,7% en 1967 et 1968.20 En acceptant d’abaisser le taux d’escompte de 5 à 3%, la Bundesbank donna un beau coup de ←20 | 21→pouce à la politique économique de la Grande Coalition. Cette réussite est attribuable à deux séries de phénomènes : d’abord, une politique budgétaire anticyclique (financement de deux programmes spéciaux d’investissements, et régime privilégié d’amortissement) ; ensuite, la flexibilité de l’économie elle-même, stabilisation des prix et salaires, rationalisation des entreprises, hausse de la production/heure de travail (+9% en 1967), progression des exportations et baisse des importations. En 1967, la RFA réalise déjà 28,7% des exportations totales des Six contre 15% seulement pour la France. La balance commerciale est constamment positive avec parfois, des excédents très importants : ils dépassent les quinze milliards de marks entre 1967 et 1972. Le déficit commercial français ne cesse de croître : 1970, 2,9 milliards de F ; 6,6 en 1975. Comme puissance commerciale, la République fédérale s’est hissée au deuxième rang mondial derrière les États-Unis. Une puissance économique allemande, devenue décidément bien grande par rapport à celle de la France.

La République fédérale d’Allemagne devient également une grande puissance financière. Dans les années 1960, la sous-évaluation du mark, le ‘boom’ de l’économie allemande, ont attiré les investissements étrangers en RFA. Les entrées l’emportent sur les sorties jusqu’en 1973, sauf en 1961 et en 1969–70, qui ont connu des réévaluations du mark. Mais déjà entre 1968 et 1973 un équilibre s’établit. De 1967 à 1976, le stock de capital étranger investi en RFA a triplé ; celui investi par les Allemands à l’étranger a quintuplé. Les firmes allemandes n’hésitent pas à s’implanter au dehors, encouragées par le Bureau allemand pour le développement industriel en France (BIEF) installé à Francfort en 1971. La chimie allemande a investi en France 994 millions de marks, la construction mécanique, 720 millions, l’électro-mécanique, 503 millions. Jusqu’aux années 1960, les banques se contentent de reconstituer un réseau mondial. Dans les années 1970, les banques ont étendu leur réseau de filiales sur toutes les grandes places mondiales. (Dresdner Bank ouvre une agence à New York en 1972). Les banques participent à la réaction européenne contre l’offensive des banques américaines qui se dessine surtout à l’aube des années 1970. La Bayerische Vereinsbank conclut en 1972 avec la Banque de Paris et des Pays-Bas, et prend une participation de 5% dans le Crédit du Nord et de l’Union parisienne en 1973. En 1970–1971, des accords associent étroitement la Commerzbank et le Crédit Lyonnais, action de concert avec le Banco di Roma ; ce groupe est rejoint par le Banco Hispano Americano, il prend le sigle ‘Europartenaires’, devient une puissante association qui fait école. Insérées dans le monde ←21 | 22→financier international, elles élargissent leur zone d’action. À Singapour, elles participent au marché de l’Asia-dollar. C’est par le groupe ORION que la Westdeutsche Bank arrive en Extrême-Orient, notamment à Hong Kong en 1972. La crise de l’énergie accroît les revenus des pays producteurs de pétrole, qui depuis 1973, sont riches en pétrodollars. Sans s’aventurer dans la création de filiales, les banques allemandes sont néanmoins présentes au Proche Orient. Représentées à Beyrouth, à Téhéran, au Caire, elles se lancent dans des prises de participations. Dans le cadre de l’EBIC, la Deutsche Bank a une participation de 8,1% dans l’European Arab Holding fondé à Luxembourg en 1972. C’est au groupe Europartenaires que la Commerzbank doit la création en 1972–73 de l’Union de banques arabes et européennes dans laquelle elle a une participation de 13,7%. Cette banque, considérée comme germano-arabe, a son siège à Luxembourg et une agence à Francfort.

Or, en ces années 1966–1969, allait être embrayé le véritable départ de l’Ostpolitik : tournant historique majeur dans la politique allemande. Le catalyseur essentiel a été le changement de gouvernement à Bonn en 1966 ; la Grande Coalition (CDU/CSU/SPD) avec Willy Brandt, a bien eu pour objectif de réviser la politique en direction de l’Est. Mais sur ce terrain, le chancelier Kiesinger freine plutôt les initiatives de la SPD qui reçoit, en revanche, l’appui de la FDP. La Freie Demokratische Partei incarnait traditionnellement un esprit d’ouverture dans la question allemande. Le chef du service de presse du parti, Wolfgang Schollwer avait formulé des propositions réellement novatrices dès 1962 ; il récidive en décembre 1966. À l’instar de Willy Brandt, il propose de reconnaître la RDA ainsi que la ligne Oder-Neisse. Les deux États allemands devaient ensuite nouer des liens étroits. Le débat venait de s’ouvrir au sein de la FDP lorsque le rédacteur en chef du Stern publia le projet Schollwer dont il était l’un des partisans lui aussi (12 mars 1967). Lors du Congrès de Hanovre du 3 au 5 avril 1967, Érich Mende est battu par les tenants de la nouvelle politique ; parmi eux Walter Scheel. En janvier 1968, au Congrès de Fribourg, Scheel accéde à la présidence du parti.21 Au Congrès de Dortmund (juin 1966), la SPD formule les principes de base de la future Ostpolitik. La SPD et la FDP ont désormais des positions communes sur cette question capitale. L’ouverture vers l’Est est le ciment de la coalition du gouvernement social-libéral qui accède au pouvoir en ←22 | 23→octobre 1969.22 L’Ostpolitik pourrait-elle avoir la priorité pour le gouvernement fédéral allemand sur la politique communautaire européenne? Le syndrome de Rapallo23 va-t-il se reproduire ? L’URSS accueille la constitution du gouvernement Brandt/Scheel comme un élément positif. Willy Brandt, se rend compte que toute normalisation passe par Moscou. Des contacts ont déjà eu lieu en coulisse en 1967. En 1968, Brandt, alors ministre fédéral des Affaires étrangères de la Grande coalition, rencontre Gromyko à New York à l’occasion d’une session de l’ONU. Mais les véritables négociations s’engagent en décembre 1969, après que le gouvernement fédéral allemand ait signé le traité de non-prolifération des armes nucléaires, le 28 novembre 1969, répondant ainsi à une demande soviétique cruciale jusqu’alors insatisfaite par Kurt-Georg Kiesinger.

L’élection d’octobre 1969, qui porte la Sociale-Démocratie au pouvoir a été un moment décisif dans l’histoire de l’Allemagne de l’Ouest. La CDU, du temps où elle était au pouvoir, avait soutenu que toute reconnaissance de la République démocratique allemande comme État, perpétuerait la division de l’Allemagne. Dans un document interne détaillé, Egon Bahr, conseiller de Willy Brandt, a fait valoir que la RDA réussirait très probablement son objectif de reconnaissance internationale, et que Bonn devrait s’empresser d’exploiter l’élément de reconnaissance comme un levier avant la fin du temps imparti, et Bahr a recommandé de viser un traité de base avec la RDA qui offrirait un statut égal au niveau international à la partie orientale, lequel enchaînerait institutionnellement les deux moitiés de l’Allemagne. Le concept de Bahr visait à poursuivre l’objectif de la réunification allemande dans une situation internationale changée, et en particulier à prévenir toute nouvelle « dérive du peuple allemand ». Alors que le document politique de Bahr en 1969 ne précisait pas comment il prévoyait la réunification allemande à long terme, ses projets d’aménagement de 1966 et 1968 étaient entrés dans les détails : le régime de l’Allemagne de l’Est devait finalement disparaître. Avec quelques variations sur les étapes proposées, Bahr avait spéculé dans ces deux premiers projets que la détente Est-Ouest et l’intensification des ←23 | 24→contacts germano-allemands conduiraient à une situation dans laquelle les troupes étrangères se retireraient des territoires allemands. Privé de toute présence militaire soviétique et sous la pression du peuple de l’Allemagne de l’Est, Bahr s’attendait à ce que le gouvernement de la RDA, semblable à une marionnette, s’effondre finalement. Brandt considérait que le scénario de Bahr pour avancer vers la réunification était utile et important, mais ce n’était pas le seul concept de planification dont il tint compte lors de la mise en œuvre de son Ostpolitik. En effet, comme Brandt l’a souligné à plusieurs reprises, il a attribué plus d’importance à la garantie de la paix qu’à l’établissement de l’unité nationale de l’Allemagne. Les moyens de Brandt de créer des relations plus pacifiques avec l’Europe de l’Est ont été définis comme une « politique de réconciliation » : ‘Aussohnung im Innern’.24

Rappelons que pour Pompidou, rétablir les équilibres en Europe est une exigence prioritaire. Georges Pompidou et Willy Brandt vont inscrire leur action dans la continuité de celle ouverte par Aristide Briand et Gustav Stresemann : deux hommes qui reçurent, comme Willy Brandt le prix Nobel de la paix. Français et Allemands sont condamnés à s’entendre dans le cadre européen. Mais relancer la construction européenne allait relever d’une maïeutique complexe. Brandt exerce une forte pression sur la France pour obtenir l’adhésion des nouveaux candidats ; soutenant la Grande-Bretagne dans son utilisation de l’UEO comme juridiction d’appel contre la CEE ; proposant lors du Conseil des ministres de l’UEO du 5 juin 1969, une conférence au sommet des Six plus la Grande-Bretagne, « hors du cadre des institutions européennes existantes » pour octobre 1969. Dans le même temps, le fin négociateur qu’est Georges Pompidou, comprend qu’à la politique gaullienne du veto, il faut substituer le deal, la Politique Agricole Commune contre l’adhésion.

À partir de mai-juin 1971, Georges Pompidou va lancer son grand projet de résurrection d’une Europe-puissance. Comme hier de Gaulle, il reste très marqué par l’invasion de la Tchécoslovaquie. Lors de l’entretien télévisé, il dit clairement à Jean Ferniot que l’Europe doit avoir des frontières sûres à l’Est face à un monde soviétisé et maintenu sous la menace de la doctrine Brejnev. Et comme son prédécesseur, il s’interroge sur la volonté de Washington de défendre les frontières de l’Europe. Le Chef ←24 | 25→de l’État craint que les États-Unis ne diminuent leur présence militaire sur le continent. Comme le Général, il pense que la menace soviétique à l’égard de l’Allemagne est à prendre très au sérieux.25 Dans quelle mesure, le soutien de Georges Pompidou à l’Ostpolitik de Willy Brandt n’a pas eu pour raison majeure de garantir la République fédérale d’Allemagne de la finlandisation ? Pour construire cette Europe maîtresse de son destin, Georges Pompidou a compris tout l’intérêt d’avoir avec Edward Heath, un Premier ministre anglais sincèrement Européen. Mais contrairement à de Gaulle, Pompidou ne veut pas d’un leadership français sur l’Europe, ni sur l’Allemagne. Certes, les gaullistes orthodoxes entraveront sa démarche lors du référendum du 23 avril sur l’adhésion britannique aux Communautés européennes. Mais, en République fédérale, Brandt est, ce même jour, en grande difficulté électorale. L’impact du référendum sur les équilibres internes franco-allemands est donc à relativiser. Le Président poursuit la politique gaullienne de l’Europe européenne, mais là où Charles de Gaulle pensait encore selon les normes du XIXé s, à la ‘Grande ←25 | 26→Nation’, Georges Pompidou va faire évoluer les concepts. Il va promouvoir une Coopération politique européenne où on travaille en commun, « même avec l’Allemagne », dira-t-il à Edward Heath.

Seulement, la construction de la confédération européenne pompidolienne se trouve insérée dans un champ de forces multiscalaire. La coopération avec l’Allemagne fédérale est un axe essentiel de la politique de Georges Pompidou et il en est de même de la collaboration avec la France pour le gouvernement Brandt-Scheel. À cette fin, le Président et le Chancelier vont s’évertuer avec pugnacité à mettre à profit les entretiens réguliers du traité franco-allemand d’amitié et de coopération, car ils ont un besoin commun d’Europe, et sont au-delà de tout ce qui les sépare, des hommes d’État responsables. Avec eux, le moteur franco-allemand se met en place. Dans les faits, l’idée d’une alliance bilatérale exclusive franco-allemande avait avorté. « Mais le vrai miracle réside en ce que, de cet <enfant mort-né> devait rejaillir une nouvelle forme de vie, une forme vivante très singulière dans la diplomatie contemporaine, … ensemble, pendant leur mandat, Pompidou et Brandt démythifièrent les relations franco-allemandes. Tous deux créèrent ainsi une base de travail sur laquelle leurs successeurs purent continuer à construire. Le vrai paradoxe réside donc dans le fait qu’un traité moribond, gâché par un départ raté, distendu par les conflits entre les deux parties, fut réanimé et sut ensuite déployer une force durable ».26 Les deux hommes savent combien leurs bonnes relations sont indispensables au fonctionnement de la Communauté. Aussi se tiennent-ils régulièrement informés de leurs rencontres, de leurs intentions, de leurs conceptions. Les corrélations entre les processus d’intégration dans la Communauté européenne d’une part, et les relations franco-allemandes d’autre part, représentent une question de fond qui a caractérisé l’intégration européenne depuis ses débuts. N’est-ce pas un paradoxe qu’à l’intérieur de la Communauté européenne de plus en plus soudée, une constellation spécifique et institutionnalisée existe entre deux États, qui, liés par un traité spécifique, élaborent entre eux de plus en plus de liens institutionnels et bilatéraux. Ne se forme-t-il pas seulement une alliance dans l’alliance en matière de politique étrangère et de défense. Il ←26 | 27→est important de saisir la valeur réelle du rôle qu’ont joué et peuvent jouer les convergences et les divergences franco-allemandes dans le processus d’intégration de la Communauté européenne. Dans la construction européenne, ce n’est pas l’accord qui est important, mais la recherche du consensus, le compromis. Il est également intéressant d’appréhender comment les autres États européens ont réagi. L’axe franco-allemand a rencontré les réticences des petits États, en particulier, lesquelles furent pour beaucoup dans l’échec du plan Fouchet, comme devait le reconnaître le ministre néerlandais des Affaires étrangères Joseph Luns : « J’ai mis le veto néerlandais… Cet accord aurait donné à la France et à l’Allemagne une sorte d’hégémonie en Europe. J’ai donc dit non ».27 Mais il convient également d’observer que l’Élysée, bien souvent soutenu par le gouvernement fédéral, est parvenu à entraîner les autres États européens. À la Conférence de La Haye, la construction européenne est débloquée. Mais comment allier politique nationale et politique bilatérale aux mieux des intérêts intérieurs et extérieurs de chacun ? Questionnement majeur que pose Ulrich Lappenküpper : « Dans quelle mesure le traité de l’Élysée est parvenu à atteindre l’objectif d’une « attitude similaire » dans les relations extérieures ». Déjà en 1967, les diplomates de l’Auswärtiges Amt s’interrogeaient: « Les problèmes apparaissent avec la question de savoir jusqu’à quel point la relation franco-allemande peut être étroite et cordiale, sans mettre en danger les intérêts américains en Europe ». Le discours prononcé le 10 juin 1963 par le Président des États-Unis d’Amérique, John F. Kennedy devant les étudiants de l’université Georgetown à Washington, cinq jours avant le débat au Bundestag sur la ratification du traité franco-allemand d’amitié et de coopération du 22 janvier 1963 montra à quel point la question du traité de l’Élysée, les rapports à l’intérieur d’un bloc dans leur interdépendance par rapport au conflit global et les relations entre les superpuissances étaient liés entre elles.

Homme de tradition, Georges Pompidou est fort soucieux du progrès de la France. Pour ce faire, il s’emploie à restaurer la puissance de la France face à un contexte en cours de bouleversement à la fois sur le plan national, dans la construction de la 2è Europe, et dans des relations internationales en sérieuse mutation. Mais pour réussir à maintenir le rang mondial de la France, pour juguler les incertitudes allemandes, pour s’imposer face aux blocs, il faut faire renaître l’Europe occidentale. ←27 | 28→Pompidou ne trouve pas tout de suite comment faire. De 1969 au milieu de 1971, il prend son temps pour observer, réfléchir, analyser. À partir de la mi-1971 jusqu’à l’automne 1973, il tient son projet : un gouvernement de l’Europe qui permettra de peser sur les choix de la République fédérale d’Allemagne. Mais dès juin 1973 jusqu’à sa mort, les obstacles, les revers sont là. L’année 1973 s’achève sur la ‘guerre d’octobre’ et la crise pétrolière. Ces événements ont constitué un tournant négatif dans l’émergence d’une politique étrangère européenne au Moyen-Orient. La guerre du Kippour et ses conséquences n’ont-elles pas fait échouer le grand projet pompidolien ? Dès lors, l’Europe européenne put être écartée par les partisans d’une Europe atlantiste. Pour le Secrétaire d’État Henry Kissinger et pour le Président Richard Nixon, la construction européenne était depuis ses débuts, une construction à idées étatsuniennes et elle devait le rester. Il faut se demander si la vision globale de Pompidou et sa mise en œuvre n’intervient pas un peu tard et n’est pas rattrapée par la crise, moins celle de 1971 que celle de l’automne 1973, et par l’évolution des relations Est/Ouest.

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1 Georges Pompidou, « Entretiens et discours, 1968–1974 », Préface d’Edouard Balladur, Plon, 1975.

2 Alain Peyrefitte, « C’était de Gaulle », tome 1er, p. 108. Éditions de Fallois, Fayard, 1994, 598 p.

Résumé des informations

Pages
320
Année
2020
ISBN (PDF)
9782807612556
ISBN (ePUB)
9782807612563
ISBN (MOBI)
9782807612570
ISBN (Broché)
9782807612549
DOI
10.3726/b16150
Langue
français
Date de parution
2020 (Février)
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 320 p.

Notes biographiques

Joële Pierre (Auteur)

Joële Pierre est docteur en histoire contemporaine de l’Université de la Sorbonne. Comme Professeur de Lycée, elle a initié en 1994, un projet Coménius avec la Grèce, la République Fédérale d’Allemagne et l’Espagne, où les élèves se sont interrogés sur « comment faire émerger une conscience européenne ».

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Titre: Georges Pompidou,  Willy Brandt,  l'axe franco-allemand et la construction européenne
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