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Combats pour la linguistique au Québec (1960-2000)

Courants, théories, domaines

de Gaétane Dostie (Éditeur de volume)
©2020 Collections 294 Pages
Série: GRAMM-R, Volume 51

Résumé

Le présent volume propose une cartographie de la recherche linguistique menée au Québec, avec beaucoup de dynamisme, entre 1960 et 2000. Les années 60 correspondent à une phase d’institutionnalisation de la discipline ; l’an 2000 représente une rupture symbolique avec le XXe siècle et laisse un laps de temps raisonnable pour prendre un certain recul. Le livre présente ainsi une étude de cas sur l’histoire institutionnelle de la linguistique, qui fait écho à l’ouvrage éponyme Combats pour la linguistique, de Martinet à Kristeva. Essai de dramaturgie épistémologique (2006) de J.-C. Chevalier et P. Encrevé.
Les huit chapitres, qui forment l’ouvrage, font état des recherches réalisées pendant quatre décennies en sémantique, en lexicologie, en lexicographie, en phonologie, en grammaire et en sociolinguistique. Ils s’attardent aux filiations de la discipline avec le passé, à ses questionnements, ses acquis et ses legs ainsi qu’à ses limites, ses obstacles et ses déceptions. Ils se veulent un aide-mémoire pour les générations futures. Ce livre constitue de plus un apport aux études épistémologiques consacrées à l’évolution des méthodologies, des courants et des écoles linguistiques au XXe siècle.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Présentation
  • Combats pour la linguistique au Québec (1960–2000). Courants, théories, domaines: (Gaétane Dostie)
  • Section I : Sémantique, lexicologie, lexicographie
  • La psychomécanique du langage: (Patrick Duffley)
  • Lexicographie historique et différentielle: (André Thibault)
  • La théorie Sens-Texte: (Sébastien Marengo)
  • Section II : Phonologie
  • La phonologie au Québec (1970–2000): (Marie-Hélène Côté)
  • Section III : Grammaire
  • La syntaxe générative au Québec (1970–2000): (Marie-Thérèse Vinet)
  • Émergence de la recherche sur le français québécois de tous les jours. Volet grammatical (1970–2000): (Gaétane Dostie)
  • La description de la langue des signes québécoise entre 1988 et 2000: (Anne-Marie Parisot)
  • Section IV : Sociolinguistique
  • La sociolinguistique au Québec des années 1960 à 2000: (Hélène Blondeau)
  • Résumés
  • Index des notions
  • Titres parus dans la collection

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Combats pour la linguistique au Québec
(1960–2000). Courants, théories, domaines
1

Gaétane Dostie
Université de Sherbrooke

1. Institutionnalisation d’une discipline

Le milieu universitaire québécois des années 1960 et 1970 connaît une effervescence remarquable, à l’image de la société dans son ensemble. L’époque est au renouveau et le monde de l’éducation est en pleine expansion. Au début des années 1960, les regards sont tournés vers les travaux de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec qui conduisent en 1963–1964 au dépôt du rapport Parent. De ce rapport découle en 1967–1968 la création des collèges d’enseignement général et professionnel (les cégeps, de niveau préuniversitaire) et la mise en place du réseau de l’Université du Québec (réseau UQ2). L’un des objectifs sous-tendant l’implantation de ces nouveaux lieux d’enseignement est de démocratiser l’éducation postsecondaire en la rendant accessible à l’extérieur des grands centres urbains. Jusque-là, l’enseignement universitaire, plus directement en cause dans le présent volume, est regroupé dans trois villes : Québec (avec l’Université Laval), Montréal (avec les Universités de Montréal, McGill et Concordia) et Sherbrooke (avec les Universités de Sherbrooke ←11 | 12→et Bishop’s).3 Le réseau UQ change le paysage : il comporte à lui seul 10 établissements répartis dans plusieurs régions du Québec.

Dans ce contexte animé, la linguistique émerge en tant que discipline autonome, au rythme des développements qui s’observent ailleurs, un peu partout au Canada, aux États-Unis et en Europe.4 L’engouement pour le domaine se traduit par la création de plusieurs programmes qui lui sont en tout ou en partie consacrés dès le baccalauréat5 et par une offre conséquente de formations spécialisées à la maîtrise et au doctorat (en lexicologie, en lexicographie, en sémantique, en phonétique, en phonologie, en syntaxe et en morphologie) et, plus largement, dans les sciences du langage (en sociolinguistique, en analyse du discours, etc.).

Le développement des cursus d’enseignement et de la recherche est le fruit du travail accompli par une première génération de professeurs embauchés en grand nombre au cours des années 1960 et 1970, dans la foulée de l’expansion notable que connaît le corps professoral universitaire québécois. De manière naturelle, une partie importante de ce jeune corps professoral est massivement formée à l’étranger, en particulier en France et aux États-Unis. Les cas classiques sont ceux des nouveaux arrivants qui, diplômes en poche, s’installent au Québec pour y vivre et y travailler ainsi que ceux de Québécois rentrés au bercail après des études (souvent de niveau doctoral) effectuées à l’étranger. Cette jeune génération est bien formée. Elle connaît les théories, les méthodologies et les grands questionnements qui animent les débats linguistiques du temps.

De manière schématique, le paysage linguistique qui prend forme pendant ces années rappelle la géographie québécoise et ses deux pôles culturels que sont la capitale nationale, Québec, et la métropole canadienne, Montréal. Dans l’imaginaire collectif, Québec évoque la tradition européenne, en particulier française ; Montréal est associé à l’Amérique du Nord et au modernisme. Au risque de tomber dans la ←12 | 13→caricature, l’histoire de la linguistique québécoise, comme celle sans doute d’autres champs disciplinaires, fait penser à cette dualité.

De fait, dès ses débuts, la linguistique lavalloise est fortement inspirée par les courants français avec une inclination claire pour le guillaumisme, la dialectologie et la philologie romane. Ainsi, dans les lignes reproduites plus bas, le professeur Roch Valin relate avec verve comment sa vie a pris un tournant imprévu en raison de sa rencontre avec Gustave Guillaume un avant-midi de novembre à la fin des années 1940, lors d’un cours auquel il avait décidé d’assister à la Sorbonne.

Cette rencontre décisive entre le jeune Valin et G. Guillaume se traduira plus tard par la publication d’une série de volumes intitulés Leçons de linguistique de Gustave Guillaume6 dont le premier paraît en 1971 aux Presses de l’Université Laval. Le Fonds Gustave Guillaume dont il est question dans l’extrait ci-dessus existe quant à lui depuis les années 1960 ; il est reconnu officiellement comme « centre international de documentation en psychomécanique du langage » en 1974.7

Parallèlement à ces travaux et à ceux menés au sein du Centre international de recherches sur le bilinguisme autour de William Francis ←13 | 14→Mackey (Vinay 1973 : 333), un autre axe saillant de la linguistique lavalloise se développe sur le terrain de la philologie romane, de la dialectologie, de la lexicologie et de la lexicographie historique et différentielle. Sont ici liés Georges Straka, de l’Université de Strasbourg, et toute une génération de linguistes québécois, dont Marcel Juneau, embauché comme professeur à l’Université Laval en 1971.8 Dans la préface du premier volume de la collection Travaux de linguistique québécoise, qui voit le jour aux Presses de l’Université Laval en 1975, G. Straka décrit dans les termes suivants l’émergence de la recherche sur le français québécois autour de M. Juneau :

Pendant longtemps, à la suite de l’abandon des belles activités de la Société du Parler français au Canada, la recherche sur le français du pays avait été mise en veilleuse. Privée de coordination et de toute nouvelle initiative, elle a cessé de se manifester autrement que par de rapides articles, sporadiques, souvent de vulgarisation, qui, rarement fondés sur une documentation originale et satisfaisante et un raisonnement scientifique approfondi, n’étaient pas de nature à pouvoir renouveler les données et les vues, nécessairement fragmentaires et sommaires, rassemblées précédemment par l’équipe d’Adjutor Rivard et par des chercheurs anglo-américains. On manquait de spécialistes scientifiquement formés et susceptibles d’en former d’autres parmi les jeunes.

Or, il en est autrement depuis quelques années. Les études de linguistique québécoise sont de nouveau en honneur au Québec et, plus particulièrement, à l’Université Laval où elles ont connu un renouveau encourageant, d’abord en phonétique, puis dans d’autres secteurs sous l’impulsion d’un jeune romaniste, mon disciple et collègue Marcel Juneau. Celui-ci vient de nous donner, coup sur coup, deux ouvrages et toute une série d’articles et de mémoires dont la riche documentation de première main fait considérablement avancer l’état de nos connaissances du français québécois et de son histoire et dont les fondements théoriques et méthodologiques élèvent la linguistique québécoise au niveau des recherches contemporaines en linguistique romane, la rattachant de façon décisive à des écoles représentatives dans ce domaine : à celle de dialectologie de Pierre Gardette, à celle de scriptologie de Charles-Théodore Gossen, à celle surtout, de lexicologie de Walter von Wartburg et de Kurt Baldinger. (Straka 1975 : 7–8)

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Dans la décennie 1970, M. Juneau travaille à la mise sur pied d’un grand laboratoire de recherche sur le français québécois, le Trésor de la langue française au Québec (TLFQ), en collaboration avec des étudiants dont certains deviendront par la suite des collègues, tels Micheline Massicotte et Claude Poirier.9

Du côté montréalais, les activités de recherche et d’enseignement sont là aussi florissantes. Un événement majeur, qui vient changer significativement le paysage, est l’inauguration en 1969 de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) dans la foulée de la création du réseau UQ évoquée plus haut. L’UQÀM devient ainsi la deuxième université francophone de la métropole, qui compte également deux universités anglophones. Sur les plans symbolique, culturel, politique et social, il s’agit d’un événement majeur. Dans la pratique, l’ouverture de ce grand établissement d’enseignement vient directement renforcer le pôle universitaire montréalais.

Pour notre propos, le contraste est frappant entre la linguistique qui s’enracine à l’Université Laval et ce qui s’observe à Montréal. Dans ce dernier cas, un fort vent de sympathie souffle pour certaines approches théoriques et méthodologiques américaines, notamment pour la grammaire générative et la sociolinguistique labovienne.10 Signe des temps, deux revues de linguistique voient rapidement le jour dans la région montréalaise.11 Tout d’abord le premier numéro du Cahier de linguistique de l’UQÀM paraît en 1971, un an seulement après l’ouverture du département auquel la revue est rattachée ;12 ensuite, les Recherches linguistiques à Montréal/Montreal Working Papers in Linguistics sont lancées en 1974, conjointement par des chercheurs de l’UQÀM, ←15 | 16→de l’Université McGill et de l’Université de Montréal. Dans une note liminaire coiffant le premier volume de la revue, Henrietta Cedergren (UQÀM), David Lightfoot (Université McGill) et Yves Charles Morin (Université de Montréal) exposent les objectifs poursuivis. Ils voient dans la revue un levier pour accroître le dialogue entre les chercheurs montréalais interpellés par la linguistique théorique et la grammaire générative ainsi qu’un outil pour faire connaître à un lectorat hors Québec la recherche réalisée dans la métropole. On y lit :

De manière générale, la vie des revues permet à rebours d’entrevoir la trajectoire empruntée par les disciplines (Chevalier et Encrevé 1984). Ainsi, à travers le millier d’articles parus entre 1970 et 2000 dans les revues québécoises de linguistique du temps, on voit éclore des foyers de recherche non seulement à Montréal et à Québec mais aussi en région : c’est le cas à l’Université de Sherbrooke et dans deux autres constituantes du jeune réseau UQ, nommément l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et l’Université du Québec à Chicoutimi (UQÀC). Les recherches s’y développent de manière cohérente à celles menées à Québec et à Montréal et concernent, à titre d’illustration :

la linguistique de corpus autour de Normand Beauchemin à l’Université de Sherbrooke, qui s’attelle au tournant des années 1970 à la préparation d’un grand corpus de langue parlée (Corpus de l’Estrie, 1971–1972), tout comme David Sankoff, Gillian Sankoff et Henrietta Cedergren à l’Université de Montréal (Corpus Sankoff-Cedergren, 1971), Claire Lefebvre à l’UQÀM (Corpus Centre-Sud, 1976 et 1978) et Denise Deshaies à l’Université Laval (corpus Le français parlé dans la ville de Québec, 1977) ;

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la géolinguistique avec Thomas Lavoie à l’UQÀC (Lavoie, Bergeron et Côté 1985), bien implantée à l’Université Laval autour de Gaston Dulong (Dulong et Bergeron 1980) ;

la sociophonétique à l’UQTR, avec Luc Ostiguy et Claude Tousignant dans la décennie 1980, tous deux formés à l’Université de Montréal auprès de Laurent Santerre. C. Tousignant collabore en outre étroitement avec David Sankoff et il publie en 1987 La variation sociolinguistique. Modèle québécois et méthode d’analyse. Par la suite, il fait paraître en 1993, avec L. Ostiguy, Le français québécois. Normes et usages (20082e). La sociophonétique se déploie aussi à l’UQÀC grâce à Jean Dolbec, qui collabore, dans ce cadre, au cours des années 1990 avec plusieurs chercheurs de l’Université Laval, dont Claude Paradis (p. ex Paradis, Brousseau, Dolbec 1993) ;13

la syntaxe générative au début des années 1980 à l’Université de Sherbrooke autour de Marie-Thérèse Vinet, qui créée un lien fort avec plusieurs chercheurs montréalais par sa participation active à de nombreux projets interuniversitaires.

Voici la liste des principales revues qui jalonnent le paysage linguistique pendant la période considérée :14

Cahier de linguistique, 1971–1980, UQÀM, 1 numéro par an (= 10 numéros) ;

Recherches linguistiques à Montréal/Montreal Working Papers in Linguistics, 1974–1981, Université McGill, Université de Montréal et UQÀM, 17 numéros ;

Langues et linguistique, depuis 1975, Université Laval, en général 1 numéro par année ;

Revue québécoise de linguistique (suite du Cahier de linguistique), 1981–2003, UQÀM, 32 numéros ;

Revue de l’Association québécoise de linguistique, 1981–1986, Université de Sherbrooke, une dizaine de numéros. Il s’agit de la revue de ←17 | 18→l’association du même nom fondée en mai 1981 à Sherbrooke15 lors du 49e congrès annuel de l’Association canadienne française pour l’avancement des sciences (ACFAS).16 Pendant deux ans (de 1984 à 1986) la revue paraît sous le titre Revue québécoise de linguistique. La différenciation avec la revue de l’UQÀM (qui porte le même nom) s’effectue par un sous-titre : Revue de l’Association québécoise de linguistique ;

Revue québécoise de linguistique théorique et appliquée (suite de la Revue de l’Association québécoise de linguistique), 1986 (vol. 5 n° 4)-1996, UQTR, 4 numéros par an, dont 1 réservé aux Actes du congrès de l’ACFAS (section linguistique) ;

Dialangue, 1990–2000, UQÀC, 1 numéro par an (= 10 numéros).

Comme en fait foi ce relevé, après Montréal et Québec, le travail éditorial s’étend progressivement au cours des années 1980 et 1990 aux universités en région. Cependant, au tournant des années 2000, l’intérêt pour l’édition de revues paraît s’essouffler. Dialangue de l’UQÀC et la Revue québécoise de linguistique de l’UQÀM cessent de paraître, respectivement en 2000 et en 2003. Seule la revue lavalloise Langues et linguistique résiste au temps. Les causes d’un tel repli sont multiples et variables selon les revues. Parmi celles-ci, les crises financières à répétition dans le monde de l’éducation post-2000 et la difficulté afférente de trouver un financement pour assurer certaines tâches en lien avec la recherche (tel le travail éditorial) viennent spontanément à l’esprit.

2. Écho à un ouvrage éponyme et objectifs du volume

Le présent recueil fait écho à l’ouvrage éponyme Combats pour la linguistique, de Martinet à Kristeva. Essai de dramaturgie épistémologique (2006). Jean-Claude Chevalier et Pierre Encrevé y retracent les grandes étapes du développement de la linguistique moderne dans les universités françaises entre 1930 et 1968. L’investigation se fait par le biais d’entretiens ←18 | 19→réalisés auprès d’importants acteurs ayant façonné la discipline, tels les André Martinet, Georges Straka, Jean Stéfanini, Algirdas Julien Greimas et Antoine Culioli. En toile de fond, l’ouvrage cherche à éclairer la décennie 1960, caractérisée par une activité linguistique intense en France, où une douzaine de revues sont créées en quelques années.

Le but du présent ouvrage n’est pas très éloigné de celui poursuivi par J.-C. Chevalier et P. Encrevé. Il propose une cartographie de la recherche linguistique au Québec pour une période circonscrite de son histoire allant de 1960 à 2000. Comme on l’a observé, les années 1960 correspondent à une phase d’institutionnalisation de la discipline ; l’an 2000 représente une rupture symbolique avec le XXe siècle et laisse un laps de temps raisonnable pour prendre un certain recul face à la période couverte. Enfin, l’après 2000 correspond à un changement de garde – les principaux acteurs de l’ère soixante-huitarde n’étant désormais plus à l’avant-plan pour défendre la forteresse linguistique. Celle-ci d’ailleurs connaît une certaine érosion de ses bases, en raison notamment d’une succession de départs à la retraite qui n’est pas systématiquement contrebalancée par de nouvelles embauches professorales. Dans la foulée, quelques programmes de linguistique sont fermés au baccalauréat ou reconfigurés au profit d’une formation un peu moins spécialisée dans la discipline. Cette phase, dans l’évolution des cursus universitaires en linguistique, correspond à un effort accru de maillage avec des disciplines connexes (p. ex. l’enseignement des langues, l’informatique, l’orthophonie, etc.), vu comme une réponse adaptée à des besoins sociétaux.17

Dans ce contexte, le présent recueil donne un aperçu général du domaine (sans prétendre à l’exhaustivité) et dépeint une ambiance intellectuelle. Il s’attarde aux filiations de la discipline avec le passé, à ses questionnements, ses acquis et ses legs ainsi qu’à ses limites, ses obstacles et ses déceptions. Il se veut un aide-mémoire pour les générations futures. De plus, il constitue un apport aux études épistémologiques consacrées ←19 | 20→à l’évolution des méthodologies, des courants et des écoles linguistiques au XXe siècle.

Enfin, l’ouvrage apporte un complément d’information au panorama de la discipline esquissé pour la période 1971–2001 dans le volume 30 de la Revue québécoise de linguistique paru en 2001. En effet, la plupart des articles figurant dans ce numéro s’attachent à un sous-domaine particulier de la discipline (p. ex. la psycholinguistique) sans ancrage spatial spécifique ou documentent une question ponctuelle (p. ex. le traitement des clitiques en grammaire générative).18 En outre, comme le mentionne Denis Dumas dans l’introduction au numéro thématique en cause, plusieurs sous-domaines marquants au Québec, tels la phonétique et la lexicologie, n’y sont pas traités en raison d’« accidents purement circonstanciels » (p. 8). Si le mauvais sort s’est une fois de plus malencontreusement acharné sur la phonétique, la lexicologie a en revanche été réhabilitée.

3. Structure du volume

Le volume contient huit chapitres regroupés sous quatre sections. En voici un bref aperçu.

Section I : Sémantique, lexicologie, lexicographie

Cette section propose un survol des grands travaux menés en sémantique, en lexicologie et en lexicographie dans trois cadres conceptuels qui ont marqué ces domaines.

Patrick Duffley (Université Laval) retrace l’évolution de la psychomécanique guillaumienne à travers une série de travaux abordant trois sujets incontournables dans ce cadre : « l’unité de puissance » stockée en mémoire, le traitement de l’article à l’aide du « tenseur binaire radical » et le système verbal.

André Thibault (Sorbonne Université) s’intéresse à l’évolution de la lexicographie historique et différentielle au cours des trois dernières décennies du XXe siècle. Il s’attache en particulier aux travaux menés au sein du Trésor de la langue française au Québec, qui a longtemps été ←20 | 21→le plus important centre de recherche consacré à l’histoire des français d’Amérique.

Sébastien Marengo (Université de Montréal) effectue une incursion dans l’univers de la théorie Sens-Texte. L’auteur retrace le parcours de son principal représentant, Igor Mel’čuk, depuis Moscou jusqu’à l’Université de Montréal, où il a été embauché en 1978. S. Marengo s’attarde surtout au Dictionnaire explicatif et combinatoire du français contemporain, qui constitue l’œuvre la plus marquante préparée sous la direction d’I. Mel’čuk au cours des décennies 1980 et 1990.

Section II : Phonologie

Marie-Hélène Côté (Université de Lausanne) dresse un bilan des recherches effectuées en phonologie et, plus largement, dans le domaine du système sonore. La présentation est articulée autour de deux thèmes phares : d’une part, la phonologie du français, notamment dans sa variété québécoise et, d’autre part, le rôle des contraintes en opposition aux règles. L’auteure présente trois cadres théoriques qui ont émergé au Québec à partir de réflexions entourant ce second thème : i) la Phonotactique générative, ii) la Théorie des contraintes et stratégies de réparation et iii) la Phonologie du gouvernement.

Section III : Grammaire

La troisième partie porte sur la grammaire.

Résumé des informations

Pages
294
Année
2020
ISBN (PDF)
9782807612235
ISBN (ePUB)
9782807612242
ISBN (MOBI)
9782807612259
ISBN (Broché)
9782807612228
DOI
10.3726/b17329
Langue
français
Date de parution
2020 (Novembre)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 294 p., 5 ill. n/b, 1 tabl.

Notes biographiques

Gaétane Dostie (Éditeur de volume)

Gaétane Dostie, professeure à l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada), est spécialiste de la langue parlée. Elle a publié des études dans les domaines de la sémantique, de la pragmatique et de la lexicographie.

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