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Enseigner et apprendre les langues au XXIe siècle

Méthodes alternatives et nouveaux dispositifs d'accompagnement

de Sabina Gola (Éditeur de volume) Michel Pierrard (Éditeur de volume) Evie Tops (Éditeur de volume) Dan Van Raemdonck (Éditeur de volume)
©2020 Collections 162 Pages
Série: GRAMM-R, Volume 47

Résumé

Les méthodologies d’apprentissage des langues étrangères ont fortement varié durant les siècles, et notamment au vingtième. De la grammaire traduction à la méthode actionnelle, en passant par les méthodes structuro-globales, behavioristes, naturelles, communicatives, voire éclectiques, les raisons des modifications sont à chercher tant du côté de l’évolution et des avancées scientifiques, notamment dans le domaine des sciences humaines, que des modifications des besoins et de la prise en compte de la valeur des échanges linguistiques, sans oublier les changements idéologiques qui les sous-tendent. Les évolutions technologiques ont également apporté leur lot de potentialités nouvelles. Tous ces changements ont également eu un impact sur la relation entre apprenants et enseignants, à côté de laquelle se sont par ailleurs développés d’autres modes d’apprentissage qui sont venus compléter la panoplie des méthodes, notamment en contexte multilingue. L’apprenant, devenu acteur de son apprentissage, trouve des ressources ailleurs qu’auprès de l’enseignant de langue, que ce soit par le biais d’enseignements de matières spécifiques donnés en langue étrangère (enseignement ÉMILE-CLIL), de nouvelles technologies (blended learning ou Moocs, plateformes en ligne ou applications) ou en ayant recours à des pairs, le cas échéant, hors de la classe (tables de conversation ou tandems linguistiques). Le présent volume se propose d’étudier scientifiquement quelques-uns de ces dispositifs d’accompagnement : leur conception, leurs conditions d’apparition et les résultats observés.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos du directeur de la publication
  • Über das Buch
  • Zitierfähigkeit des eBooks
  • Table des matières
  • Introduction
  • Laurent Gajo: Didactique des langues et didactique du plurilinguisme : continuités, complémentarités, ruptures
  • Nicolas Roland: Enseigner et apprendre l’anglais à travers un cours en ligne ouvert et massif : analyse des pratiques de conception et d’appropriation des vidéos pédagogiques
  • Julie Luyckx, Hélène Stengers: L’efficacité d’une plateforme d’auto-apprentissage en ligne de l’orthographe dans le cadre d’une approche ‘blended learning’
  • Lenka Zouhar Ludvíková: The linguistic and non-linguistic impact of autonomy support as reported by students of the “English Autonomously” course organized at Masaryk University (Brno)
  • Tim Lewis: From tandem learning to e-tandem learning: how languages are learnt in tandem exchanges
  • Caroline Staquet: Les agendas politique et économique dans l’enseignement d’une matière par l’intégration d’une langue étrangère (EMILE). Une analyse interdiscursive de quelques termes non-didactiques entourant le concept.

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Introduction

Vecteur essentiel de la citoyenneté démocratique, le plurilinguisme est en Europe la forme la plus souhaitable et la plus efficace de communication dans l’espace du débat public : il porte des valeurs de tolérance et d’acceptation des différences et des minorités. Indissociable de toute citoyenneté européenne active, la diversité linguistique et culturelle est ainsi une composante fondamentale de l’identité européenne.

(Charte européenne du plurilinguisme)

De nos jours, l’apprentissage des langues est au centre des préoccupations de la plupart des institutions scolaires des pays européens, de l’école primaire à l’université. Dans les différents États membres, depuis désormais une vingtaine d’années, le Conseil de l’Europe1 encourage, soutient et coordonne les initiatives visant le développement de nouvelles méthodes pour l’apprentissage des langues et la création d’outils innovants. Les concepts de plurilinguisme, compétence plurilingue2 et pluriculturelle3 et d’intercompréhension ont frayé leur chemin à côté ←11 | 12→de celui de multilinguisme4. La croissance de la mobilité estudiantine et professionnelle au sein de l’Union européenne, le renforcement des rapports entre États limitrophes ou les besoins d’apprentissage à l’intérieur de pays ayant plus d’une langue officielle (par exemple, la Suisse et la Belgique)5 ont amené institutions, enseignant.e.s et linguistes à réfléchir autrement à l’apprentissage des langues et, par conséquent, à repenser l’enseignement. Les apprenant.es de leur côté ont développé une approche différente vis-à-vis des langues, étroitement liée à leurs objectifs personnels d’apprentissage. Faisant suite à ces transformations, à côté des méthodes traditionnelles d’enseignement et d’apprentissage, des méthodes alternatives ont été créées – CLIL (Content and Language Integrated Learning), EMILE (Enseignement d’une Matière par l’Intégration d’une Langue Étrangère), immersion linguistique, tandems linguistiques, e-tandems, tables de conversations –, utilisables non seulement dans l’enseignement obligatoire ou dans les universités, mais aussi dans un cadre professionnel à l’initiative d’organisations privées (les tandems, par exemple, ou les tables de conversations organisées dans les cafés de la ville) ou dans une perspective de formation continue.

L’objectif de ce volume est de faire le point sur quelques-unes de ces méthodes, en tenant compte des théories linguistiques les plus récentes et de leur application en didactique des langues, et sur les changements qui sont intervenus dans les relations entre enseignant.e.s et apprenant.e.s à l’aide, entre autres, de nouveaux outils technologiques mis à leur disposition.

Laurent Gajo (Université de Genève) se penche sur l’évolution des théories linguistiques, à partir de la seconde moitié du XXe siècle, du monolinguisme au bilinguisme, jusqu’au concept de plurilinguisme. Se basant sur les recherches conduites dans le cadre de la didactique du plurilinguisme, il analyse les différentes approches didactiques selon deux lignes directrices qui s’entrecroisent: sur l’axe horizontal, les ←12 | 13→notions de « monolingue » et « plurilingue », sur l’axe vertical celles de « en usage » et « en mention ». Selon ce schéma, par exemple, l’éveil aux langues se situerait dans le quadrant « plurilingue » – « en mention », l’objectif principal des enseignant.e.s étant de stimuler les apprenant.e.s à la découverte des différentes langues qui les entourent ; l’enseignement bilingue et l’intercompréhension intégrée se trouveraient, quant à eux, dans le quadrant « plurilingue » – « en usage », qui apparemment serait le plus fécond pour un enseignement dans une perspective plurilingue.

Le cours « English Autonomously » est organisé par le Centre de langues de l’Université de Masaryk. C’est sur la base de ce cours, qui s’adresse aux étudiants ayant un niveau de connaissance B1 en anglais, toutes facultés et années d’étude confondues, que Lenka Zouhar Ludviková développe ses réflexions à propos de l’autonomie des étudiants dans leur apprentissage. Ce qui en ressort, c’est le franc succès d’un apprentissage autonome, réfléchi et personnalisé, non seulement du côté des acquis linguistiques, mais aussi de l’apprentissage en général. Elle nous décrit les stratégies mises en place pour aider l’étudiant·e à planifier son apprentissage, fixer ses objectifs, établir son contenu et ses méthodes pour qu’à la fin du cours il ou elle puisse s’autoévaluer. De surcroît, elle analyse également le rôle de l’enseignant.e qui, dans le cadre de ce cours, agit plutôt en tant que conseiller·e avec des tâches différentes par rapport à un type d’enseignement traditionnel.

L’autonomie des apprenant.e.s ainsi que les changements qui interviennent dans les relations enseignant.e – étudiant.e sont également au centre des préoccupations de Julie Luycks et Hélène Stengers (Vrije Universiteit Brussel, VUB), qui étudient l’efficacité d’une plateforme d’auto-apprentissage en ligne de l’orthographe de la langue française comme L2 (langue seconde) pour un public néerlandophone, dans le cadre d’un cours hybride (blended learning) de français juridique. Ce cours a pour objectif l’apprentissage soit de l’expression écrite soit des structures grammaticales. Cette communication soulève un point crucial concernant l’enseignement et l’apprentissage des langues au XXIe siècle : l’utilisation désormais incontournable des technologies de l’information et de la communication (TIC) et d’Internet et leur influence sur la didactique des langues, c’est-à-dire, de façon plus globale, sur le choix des objectifs, des contenus, des méthodes et des stratégies d’enseignement et d’apprentissage, mais également, de façon plus spécifique, sur le rythme, le temps et le lieu d’apprentissage, et, par conséquent, sur l’évaluation du travail accompli par les étudiant.e.s.

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Ces mêmes réflexions valent pour l’e-tandem, une méthode d’apprentissage qui met en évidence la flexibilité extrême des nouvelles technologies (l’apprentissage de façon asynchrone ou synchrone) et la variété des canaux qui peuvent être utilisés – l’e-mail, la vidéoconférence ou le chat. Tim Lewis (The Open University, UK) met en lumière les points saillants de l’apprentissage « en tandem » : l’autonomie qui, comme nous l’avons déjà remarqué, est une des caractéristiques communes aux nouvelles méthodes d’apprentissage ; d’autres qui lui sont spécifiques, la réciprocité, l’authenticité, l’interculturalité et le fait très important que, dans un tandem (en présence ou à distance), les langues étudiées sont sur le même plan d’égalité. L’e-tandem, comme le tandem en présence, est un échange linguistique entre pairs, où l’enseignant.e peut intervenir ou pas. Pour cela, la question de la correction des fautes représente un point de réflexion important. C’est justement sur les différentes méthodes de correction utilisées par les partenaires e-tandem et leur efficacité que la dernière partie de l’article se focalise.

L’apprentissage à distance et en autonomie a pris de l’ampleur tout au long de ces dernières années – nous venons de le voir avec les tandems –, et cela surtout au sein des institutions universitaires. Cela se remarque également avec la création des MOOCs (Massive Open Online Course), des cours universitaires accessibles à tous et qui donnent la possibilité aux utilisateurs et utilisatrices d’interagir avec les enseignant.e.s et même avec les autres participant·e·s. Une caractéristique importante de ces cours en ligne est qu’ils s’appuient sur d’autres ressources multimédias, comme la vidéo. Cela va de soi, au moment de la création de ces vidéos, les concepteurs doivent mener des réflexions sur leur contenu par rapport aux objectifs à atteindre et sur les modalités d’exploitation par le public de cette ressource. Nicolas Roland (Université libre de Bruxelles, ULB) a mené une étude sur le MOOC Spice-Up Your English, un cours d’anglais langue étrangère qui a été conçu par une enseignante, Marjorie Castermans (ULB), pour les étudiant.es et le personnel de l’Université libre de Bruxelles et pour un public externe, en se penchant sur les différentes façons de s’approprier les vidéos par les participant·e·s. En comparant les objectifs des concepteurs et la perception des vidéos par les utilisateurs et utilisatrices, il met en évidence que les fonctions médiatisées des concepteurs et du public ne coïncident pas parfaitement et que, par rapport aux différents individus, à leur profil et à leur environnement, ces fonctions changent.

Résumé des informations

Pages
162
Année
2020
ISBN (PDF)
9782807613676
ISBN (ePUB)
9782807613683
ISBN (MOBI)
9782807613690
ISBN (Broché)
9782807613669
DOI
10.3726/b16391
Langue
français
Date de parution
2020 (Février)
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 162 p., 17 ill. n/b, 6 tabl.

Notes biographiques

Sabina Gola (Éditeur de volume) Michel Pierrard (Éditeur de volume) Evie Tops (Éditeur de volume) Dan Van Raemdonck (Éditeur de volume)

Sabina Gola, docteur en Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, enseigne langue et linguistique italiennes à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Elle a conçu et contribué à la réalisation de la plate-forme multilingue MultiGram (http://multigram.ulb.ac.be), qui a reçu le prix de pédagogie Socrate de l’ULB en 2018. Michel Pierrard, docteur en Philosophie et Lettres de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), est professeur émérite de linguistique française à la VUB. Sa recherche porte sur la prédication seconde, la connexion de prédications et l’acquisition du français langue seconde. Evie Tops, docteur en linguistique de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), enseigne depuis 2005 le néerlandais comme langue étrangère à l’Université libre de Bruxelles. Depuis 2019, elle est Coordinatrice académique de ULB Langues. Dan Van Raemdonck, docteur en Philosophie et Lettres de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), est professeur de Linguistique française (langue maternelle et langue étrangère) à l’ULB et à la VUB (Vrije Universiteit Brussel). Sa recherche porte sur la syntaxe de la phrase française et vise à développer une linguistique applicable.

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