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Sartre. Une anthropologie politique 1920–1980

de Grégory Cormann (Auteur)
©2021 Monographies 384 Pages

Résumé

Ce livre propose une traversée de l’oeuvre de Sartre depuis la
constitution de son programme philosophique dans les années
1920-1930 jusqu’aux dernières conséquences intellectuelles qu’il
en tire, pour la philosophie, pour la littérature et pour la politique, dans
les années 1970. En se donnant pour tâche de reconstituer chez Sartre
ce qui se donne comme une anthropologie politique des émotions, il
suit au gré de l’histoire du vingtième siècle, de ses séquences politiques,
de ses « violences » et de ses luttes, notamment décoloniales, les
différentes manières dont la phénoménologie existentialiste sartrienne
prend en charge la crise de la fonction intellectuelle consécutive, selon
la formulation d’Enzo Traverso, à la guerre civile européenne.
Proposant, à partir de plusieurs archives, de nouvelles lectures des
rapports de la philosophie de Sartre avec différents massifs de la pensée
contemporaine, qu’il s’agisse de Bergson ou d’Alain, de Heidegger ou de
Nietzsche, de Freud et de Ferenczi ou encore de Camus et de Fanon, ce
livre est une invitation à une autre histoire politique du XXème siècle et,
davantage encore, à une autre poétique de l’histoire intellectuelle qui
en fut l’inséparable doublure. Il ne peut dès lors manquer de déborder
vers la situation qui est la nôtre. Plutôt qu’une période de résignation,
notre époque est plus probablement une époque qui est activement
privée de cette réserve d’affectivité et de puissance politiques qui
mérite le nom de savoirs critiques.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Introduction : Prendre les idées au mot
  • Origine des textes
  • Première partie Sartre face à Heidegger. Une anthropologie phénoménologique des émotions
  • I Sartre, Heidegger et les Recherches philosophiques. Éléments pour une archéologie de la philosophie française contemporaine
  • 1 L’introduction de la phénoménologie en France. 1931–1937 : les Recherches philosophiques
  • 2 Sartre et Alexandre Koyré. 1931 : l’« Introduction » à Qu’est-ce que la métaphysique ?
  • 3 Sartre et Jean Wahl. 1932 : « Vers le concret »
  • 4 L’introduction de la phénoménologie en France (bis). 1929–1936 : Levinas
  • 5 Sartre et Emmanuel Levinas. 1932 : « Martin Heidegger et l’ontologie »
  • II Émotion et réalité chez Sartre. Une anthropologie philosophique d’inspiration maussienne
  • 1 La critique de Günther Stern
  • 2 Une réponse sartrienne
  • III Alain au prisme de l’ontologie phénoménologique. Relectures croisées d’Alain et de Sartre
  • 1 La « Légende de la vérité » : la naissance des idées dans les choses
  • 2 L’Esquisse d’une théorie des émotions : le corps et le rapport à soi
  • 3 Relire Alain en 1949, entre phénoménologie de l’erreur et psychanalyse
  • 4 Retour à Sartre : la question de l’aliénation entre morale, autobiographie et politique
  • 5 Relecture de Sartre : retour à Alain et éclaircissement de l’ontologie phénoménologique sartrienne
  • Deuxième partie Sartre et la figure de l’intellectuel européen. Esquisses d’une histoire des sensibilités
  • IV Empédocle, ou comment entrer en philosophie. Sartre et la pensée allemande dans les années 1920
  • 1 Le Groupe d’Information Internationale de l’ENS : Sartre, l’Alsace et la germanistique française
  • 2 Sartre et le Groupe d’Information Internationale de l’ENS : les Carnets de la drôle de guerre et la psychanalyse existentielle comme discipline historique
  • 3 Sartre/Minder et l’histoire des intellectuels : l’intertexte alsacien des Mots
  • 4 De la littérature à la philosophie : Sartre et l’Empédocle de Bernard Groethuysen
  • 5 Sartre avec Groethuysen : introduction à la pensée française contemporaine à partir de Nietzsche
  • 6 De Victor Hugo à Simone de Beauvoir : conclusions à propos de l’épithalame d’Empédocle
  • V La conscience et la mort. Le premier Sartre, Bergson, Freud et Ferenczi
  • 1 Approche de l’Esquisse d’une théorie des émotions : Bergson, Caillois, Freud et l’instinct de mort
  • 2 L’Esquisse au miroir de Lacan : de la critique de l’instinct à la négativité de la conscience
  • 3 Les Carnets de la drôle de guerre à rebours de L’être et le néant : Ferenczi et la psychanalyse des choses derrière Bachelard et Marie Bonaparte
  • 4 Une conscience en danger dans le monde : les Carnets de la drôle de guerre
  • VI Sartre à Venise, l’homme qui allait vers le froid. Sur La Reine Albemarle ou le dernier touriste (1951–1952)
  • 1 Rêver sur un nom : Albemarle, Aumale, mal de l’eau, haut mal, …
  • 2 Psychanalyse des choses et ontologie : avec Bachelard, au-delà de Bachelard
  • 3 Éléments pour une autobiographie politique : mettre des mots en tableau
  • 4 La géographie affective de Sartre en 1952 : la politique en perspective
  • Troisième partie Sartre et la violence. Essais d’études politiques
  • VII « Je ne connais pas Ben Sadok. » Sartre, la guerre d’Algérie et les courants sociaux
  • 1 Sartre au procès Ben Sadok
  • 2 Une rhétorique de l’incipit : la négativité à l’épreuve
  • 3 Le masque de Camus
  • 4 Sartre dans l’histoire : l’année 1939
  • 5 Sartre dans les médias : l’année 1957
  • VIII Se récapituler au futur : Sartre et Fanon d’une préface
  • 1 La rencontre de Sartre et de Fanon à Rome en juillet 1961
  • 2 Vian et Wright, préface et postface de deux nègres blancs
  • 3 Sartre et Fanon : qu’est-ce que la littérature ?
  • a) Qu’est-ce que la littérature (sartrienne) selon Fanon ?
  • b) Fanon comme figure littéraire (sartrienne)
  • IX « Ce qu’il est con… ». Des idées aux corps : Sartre, Baader et la grève de la faim
  • 1 La réduction au silence des « prisonniers politiques ouest-allemands »
  • 2 Un Sartre aveugle, et un Sartre aveuglé ? L’exemple de la grève de la faim en 1970–1971
  • 3 Grève de la faim et torture par privation sensorielle – Allemagne 1973–1974
  • 4 La mort silencieuse de l’intellectuel Sartre
  • 5 Sartre est-il parlé ? ou Sartre fait-il l’idiot ? La tactique de la bêtise
  • Épilogue. Archéologie d’Orphée noir
  • 1 Sartre en 1920 : la question coloniale comme première réaction politique
  • 2 Les lectures anticolonialistes du jeune Sartre : quelques hypothèses préliminaires
  • 3 De l’Affaire Dreyfus à la question coloniale : Félicien Challaye, 1900–1935
  • 4 Souvenirs sur la colonisation : l’Exposition coloniale de 1931 et la critique surréaliste
  • 5 Sartre avec Lucien Lévy-Bruhl, de 1935 à 1920 : la fin du mythe de la colonisation civilisatrice
  • 6 De La Revue de Paris à La mentalité primitive : s’orienter dans un monde imprévisible
  • 7 Archéologie de Sartre : la question coloniale comme expérience préréflexive
  • Index des noms et des œuvres de Sartre
  • Titres de la collection

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Introduction : Prendre les idées au mot

Ce livre repose sur un parti pris : lire Sartre au plus près de ses mots. En 1966, dans un numéro de L’Arc qui a fait date, le jeune Le Clézio n’hésite pas à parler d’un « déterminisme total » de la pensée de Sartre : « La lucidité, la vérité ne sont pas pour lui des vengeances dirigées contre les hommes, ni des armes pour livrer quelque guerre ; elles sont pleinement la reconnaissance du monde, la volonté de ne jamais se séparer de sa race, de ne jamais quitter ce lieu ni ce temps1. » Il ajoutait :

L’homme ne peut-il se suffire à lui-même ? N’est-il pas assez intéressant, assez émouvant, pour qu’on n’ait plus à chercher ailleurs ? C’est ici que la lucidité individuelle au terrible pouvoir doit sans doute rencontrer un jour l’action dans la vie : quand, tout orgueil brisé, toute défaite acceptée sans honte, l’homme, à l’exemple de Sartre, décide que les mots sont inférieurs aux hommes, et que seules comptent les aventures de l’espèce humaine, dans ce lieu, dans ce temps2.

Deux ans après la publication des Mots et le refus du prix Nobel, Le Clézio, prenant acte de l’adieu de Sartre à la littérature, insiste sur la décision de ce dernier de renoncer à toute position d’exception que pouvait continuer de lui accorder jusque-là son statut de philosophe, d’écrivain et d’intellectuel de premier plan depuis deux décennies. Ramassé en une formule, Les Mots engagent ainsi, résume-t-il, une décision concernant le langage : Sartre décide que « les mots sont inférieurs aux hommes ». Cette formule concentre deux exigences : d’une part, le refus du langage comme un refuge, celui des illusions qu’on adresse aux autres, plus encore le refus du langage comme puissance d’auto-illusionnement ; d’autre part, le refus d’accorder à la littérature aucun privilège qui lui viendrait d’une qualité propre, coupée des « aventures de l’espèce humaine, dans ←11 | 12→ce lieu, dans ce temps », qui porte l’exigence de ne mesurer sa valeur qu’à sa capacité à « rencontrer un jour l’action dans la vie »3.

Doit-on pour autant ne porter qu’une attention distraite aux mots de Sartre ? N’y aurait-il de place, chez lui, que pour une politique de la prose ? Je soutiens, à l’inverse, qu’il y a une poétique sartrienne des situations. Pour le lecteur de Sartre, saisir l’idée à son niveau le plus élémentaire, saisir l’idée au niveau du mot, c’est rapporter la pensée au temps de sa production, à la conjoncture qu’elle essaie de comprendre et à l’effort même de compréhension qui est la part vivante-dévoilante d’une pensée qui vaut, selon les mots profonds d’Erri De Luca, d’avoir éclairé l’aventure humaine « un jour, une fois »4.

Les études reprises dans ce livre sont autant de lectures. Dans les termes de Sartre, la lecture est ce qui fait de chaque phrase écrite une « expérience nouvelle »5. Chaque lecture institue le cadre formel d’une transformation de soi ; l’acte de lecture est pour la personne qui l’accomplit l’expérience d’« une durée qui est la sienne et qui n’est pas la sienne en même temps »6. Il engage par conséquent une théorie des émotions dont le déploiement dans l’œuvre de Sartre constitue à la fois le point de départ de ce livre et son fil conducteur. L’émotion chez Sartre désigne la façon dont nous avons à faire avec ce qui, dans notre expérience, empêche toujours plus ou moins notre action, y fait obstacle, signale sa précarité, son épuisement possible. Elle manifeste notre puissance d’agir à même notre corps, au point même de notre insertion dans le monde. La lecture fait ainsi « apparaître des sentiments […] qui se corrigent, qui se ←12 | 13→discutent les uns les autres », alors que le livre comme « œuvre finie »7 risque de se détacher de la situation vécue.

Ce livre n’est pas qu’un livre sur Sartre. L’anthropologie sartrienne des émotions a déterminé en profondeur la première réception française de la phénoménologie. Elle témoigne également – en retour – des orientations théoriques et pratiques de la pensée française dans les années 1920 et 1930 portées par des communautés intellectuelles, groupes de recherche, revues et sociabilités qui sont restées le plus souvent dans l’ombre jusqu’à aujourd’hui. J’y consacre la première partie du livre. L’attention manifestée ici envers la phénoménologie sartrienne se revendique par conséquent d’une histoire génétique des concepts qui mobilise une génération négligée de la philosophie française contemporaine, celle dont le magistère s’est limité aux courtes années de l’entre-deux-guerres. Si mon entreprise parvient à quelque résultat, c’est qu’elle aura réussi à insérer le temps de la pensée sartrienne dans sa situation et sa dimension collective.

Une étude patiente de toute l’œuvre de Sartre constitue la ressource pour une archéologie politique de la pensée française contemporaine. S’il s’agit donc de tout lire, ce n’est pas parce qu’il serait possible de faire le tour de l’œuvre de Sartre, que la publication d’inédits importants ces dernières années n’a cessé de renouveler8. Il n’est pas question de soutenir une ou plusieurs thèses sur la philosophie sartrienne, sur La transcendance de l’Ego, L’être et le néant ou la Critique de la Raison dialectique. Il s’agira plutôt de prendre Sartre aux mots, de s’enfoncer dans la texture des mots de Sartre. On se rapportera ainsi aux textes canoniques comme aux textes apparemment marginaux, aux inédits et au vaste ensemble des écrits autobiographiques. L’impulsion de ce livre s’est fortement alimentée au travail génétique de l’équipe Sartre de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (CNRS)9. Elle doit aussi à l’édition remarquable, dans la ←13 | 14→Bibliothèque de la Pléiade, de Les Mots et autres écrits autobiographiques10. À cette bibliothèque sartrienne augmentée, dont Jean Bourgault a pu noter qu’à chaque trouvaille elle « réorganise l’ensemble de l’œuvre »11, j’ai souhaité ajouter la bibliothèque vivante qu’a constituée pour Sartre la collection des textes parus dans Les Temps Modernes à partir de 1945. L’archéologie de la pensée française contemporaine qui est proposée dans ce livre se double ainsi d’une histoire au présent de la revue de Sartre, dans ses expressions multiples et hétérogènes.

Se mettre dans les pas de Sartre consiste par conséquent à suivre la réalisation en situation de ce que Sartre appelait une « anthropologie synthétique » dans sa « Présentation des Temps Modernes »12. Pour Sartre et pour la première équipe de la revue, on peut soutenir, par provision, selon une formule plus tardive de Merleau-Ponty, que Les Temps Modernes étaient le moyen de se faire « les ethnologues de notre propre société »13. Invité, la même année 1959, à se rappeler la création de la revue, Merleau-Ponty résumait l’ambition de Sartre au projet de « procéde[r]‌ à une espèce de déchiffrement, de lecture, de l’histoire contemporaine […] pas seulement dans le secteur politique, mais surtout, je dirais même essentiellement, dans le secteur de la vie humaine »14. L’enjeu n’en était pas moins intégralement politique : il concernait la forme nouvelle et l’expérience nouvelle de la démocratie dans l’après-guerre : après 1945, après les deux guerres mondiales, les violences et les destructions qui ont marqué la première moitié du XXe siècle, il n’était plus possible de considérer que « les hommes sont des sujets raisonnables qui sont, en principe, dans des relations d’harmonie »15. Il s’agissait dès lors, précise Merleau-Ponty, d’étendre par une entreprise collective les conséquences de L’être et le néant, qui discerne les effets de l’existence d’autrui jusqu’au cœur de la conscience, en visant à l’élaboration d’une « autre philosophie ←14 | 15→sociale que Sartre esquissait à grands traits dans le premier numéro des Temps modernes et qu’il aurait voulu que la revue l’aidât à constituer »16.

Je soutiens dans ce livre que Sartre a réalisé l’objectif qu’il s’était donné au cœur de la Seconde Guerre mondiale. Il ne l’a fait, cependant, qu’à pratiquer quelque chose comme un engagement total dans les séquences politiques qui furent les siennes au moins depuis l’année 1939, qui est réfléchie par les Carnets de la drôle de guerre, jusqu’aux soutiens aux groupes d’extrême gauche français et européens dans les années 1970, dont rendent compte La Cause du peuple et Libération, en passant par la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, la Guerre d’Algérie et les luttes de décolonisation. Se positionnant lui aussi à l’égard de l’anthropologie lévi-straussienne, dans son entretien avec Madeleine Chapsal en 1960, Sartre démarque l’écrivain de l’ethnologue : si l’ethnologue fait un travail de description (des sociétés autres), l’écrivain ne peut pas ne pas prendre parti au sein de la société qui est la sienne, au nom de l’avenir autre que cette société contient en elle17. Cela ne signifie toutefois pas que l’ancrage de la pensée de Sartre dans des situations se limite à des prises de position. Lorsque, dans le même entretien, Sartre décrit l’écrivain comme un personnage « suspect »18, l’écrivain ressemble au sorcier décrit par Lévi-Strauss dans les pages des Temps Modernes, ←15 | 16→qui a pour fonction de se situer aux limites du système social ou de se tenir « entre deux ou plusieurs systèmes irréductibles »19. L’écrivain y trouve une raison d’être socialement paradoxale, mais indispensable, qui lui permet, à partir de cette position-limite, de reconstituer l’espace des positionnements théoriques, esthétiques ou intellectuels qui expriment ou ont exprimé cette situation.

Si une société n’avait plus de suspects que resterait-il ? L’anthropologie politique sartrienne des émotions trouve dans cette question son originalité. Les mots chez Sartre sont des noyaux émotionnels qui repolitisent des conjonctures politiques dont l’interprétation a été bloquée. Dans cette perspective ouvertement assumée, ce livre vise à produire une histoire intellectuelle du XXe siècle au prisme de Sartre. Sa troisième partie présente donc très logiquement trois essais d’études politiques qui affrontent directement la question de la violence qui, considérée comme un point de non-retour, représente très souvent le point de rebroussement de l’analyse politique. Ce livre ne peut cependant manquer de déborder vers la situation qui est la nôtre. L’époque que nous vivons n’est pas une période de résignation ; mais c’est plus probablement une époque où les mots ne renvoient plus immédiatement à des sensibilités politiques. Une société ou une époque ne peut pas exister sans « un rebondissement dans l’avenir »20. Pour le dire avec un autre penseur critique, la pensée est « une figure de la praxis »21. Contre l’indifférence ou la résignation, elle requiert une disposition affective qui manifeste la confiance dans le fait que « ce qui fut pensé une fois » peut être pensé « ailleurs, par d’autres »22 et que réside donc là, par soi, une puissance de transformation sociale.

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Ce livre est ainsi rigoureusement une archéologie de Sartre qui répond, par des allers et retours dans le XXe siècle, à la question proprement poétique qu’il pose dans sa préface au Traître de Gorz : « N’avais-je pas raison tout à l’heure quand je disais qu’on devrait parler de soi au pluriel23 ? » Dans cette hésitation entre les temps, dans cette porosité entre l’écriture et l’oralité, s’éprouve la contingence que nous sommes, qui fait de nous des « semblables » et qui, en même temps, fait de « chacun de nous […] un unique n’importe qui »24. C’est pourquoi Sartre aura été tenté, dans toute son œuvre, de faire de la générosité la valeur suprême, une passion libre, accessible à tous les hommes, et source de l’estime de soi et des autres.

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Origine des textes

La plupart des textes qui composent cet ouvrage sont issus, sous une forme plus ou moins remaniée, d’articles qui ont été précédemment publiés. Nous tenons à remercier les différents éditeurs de nous avoir donné l’autorisation de les reprendre. Nous remercions également les co-auteurs de deux de ces textes qui ont aussi accepté leur reprise dans ce volume.

« Sartre, Heidegger et les Recherches Philosophiques – Koyré, Levinas, Wahl. Éléments pour une archéologie de la philosophie française contemporaine », dans G. Cormann et O. Feron (dir.), Questions anthropologiques et phénoménologie. Autour du travail de Daniel Giovannangeli, Bruxelles, Ousia, 2014, p. 135–166.

« Émotion et réalité chez Sartre. Remarques à propos d’une anthropologie philosophique originale », Bulletin d’analyse phénoménologique, vol. 8, n° 1, 2012, p. 286–302.

« Alain au prisme de l’ontologie phénoménologique. Relectures croisées d’Alain et de Sartre », dans N. Depraz (dir.), Alain philosophe rouennais engagé, Rouen, Presses de l’Université de Rouen, 2017, p. 97–125.

« Empédocle, ou comment entrer en philosophie. Sartre et la pensée allemande dans les années 1920 », Études sartriennes, n° 20, « Inédits de jeunesse. L’Empédocle et le Chant de la contingence », 2016, p. 101–146.

« La conscience et la mort. Le premier Sartre, Bergson, Freud et Ferenczi », Études sartriennes, n° 17–18, « Repenser l’Esquisse d’une théorie des émotions », 2014, p. 199–245. La première partie du texte a aussi été publiée, sous le titre « Sartre et l’instinct de mort », dans M. Gyemant et D. Popa (dir.), Approches phénoménologiques de l’inconscient, Hildesheim, Olms, 2015, p. 141–159, avec un développement original sur Sartre et le premier Piaget qui n’a pas pu être repris ici.

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« Sartre à Venise, l’homme qui allait vers le froid. Sur La Reine Albemarle ou le dernier touriste (1951–1952) », Les Temps Modernes, n° 679, 2014, p. 73–107.

(avec J. Bourgault) « “Je ne connais pas Ben Sadok”. Quelques remarques sur le témoignage de Sartre au procès Ben Sadok », Genesis, n° 39, 2014, p. 57–69. La fin du chapitre 7 a été présentée, avec J. Hamers, dans une communication intitulée « Sartre en radio » devant le Groupe d’Études Sartriennes, à l’ENS, le 23 juin 2017.

« Se récapituler au futur : Sartre et Fanon d’une préface », Les Temps Modernes, n° 686, 2015, p. 105–134.

(avec J. Hamers) « “Ce qu’il est con…” Des idées aux corps. Sartre, Baader et la grève de la faim », Les Temps Modernes, n° 667, 2012, p. 31–59.

L’Épilogue de ce livre est inédit.

Résumé des informations

Pages
384
Année
2021
ISBN (PDF)
9782807615908
ISBN (ePUB)
9782807615915
ISBN (MOBI)
9782807615922
ISBN (Broché)
9782807615892
DOI
10.3726/b18135
Langue
français
Date de parution
2021 (Octobre)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2021. 384 p.

Notes biographiques

Grégory Cormann (Auteur)

Grégory Cormann enseigne la philosophie française contemporaine et la philosophie sociale à l’Université de Liège, où il co-dirige le centre de recherches en philosophie politique MAP-Matérialités de la politique. Éditeur de plusieurs inédits de Sartre, ses contributions à l’étude des phénoménologies existentialistes concernent la violence, le corps et les émotions et visent à l’élaboration d’une histoire philosophique et politique de la pensée française du XXe siècle.

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Titre: Sartre. Une anthropologie politique 1920–1980
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