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Genre d’accord, mérite d’abord ?

Une analyse des opinions envers les mesures de discrimination positive

de Klea Faniko (Auteur)
©2015 Thèses X, 187 Pages

Résumé

Cet ouvrage s’intéresse aux opinions envers les mesures de discrimination positive en faveur de la promotion professionnelle des femmes. Les études présentées ici, menées auprès de cadres, d’employés et d’étudiants, mettent en évidence un lien négatif entre le nombre d’années d’études et l’acceptation des mesures de discrimination positive, notamment l’acceptation des quotas qui favorisent l’appartenance groupale des candidates par rapport à leurs compétences personnelles. Elles mettent en évidence les mécanismes qui génèrent ces opinions: l’orientation à la dominance sociale, l’adhésion aux principes méritocratiques, la reconnaissance de la discrimination subie par les femmes et le sentiment de menace généré par la mise en place des mesures de discrimination positive. Ces études examinent également la vulnérabilité des bénéficiaires des mesures positives et leurs conduites d’auto-handicap. L’auteure met finalement en évidence la contribution de ces études et les implications possibles des résultats pour les décideurs.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Dédicace
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface
  • Organisation du texte
  • Première partie
  • Situation des femmes en Europe
  • 1. Situation des femmes en Suisse
  • 2. Situation des femmes en Albanie
  • Quelques mots sur la discrimination positive
  • 1. Définition de la discrimination positive
  • 2. Aperçu de la discrimination positive
  • 3. Discrimination positive dans la recherche en psychologie sociale
  • 3.1 Différentes formes de mesures positives
  • 3.2 Appartenance au groupe bénéficiaire des mesures positives
  • Influence du niveau d’éducation
  • 1. Conceptualisation du niveau d’éducation
  • 2. Education et effet libérateur
  • 3. Education et reproduction de l’inégalité sociale
  • 4. Education et prises de position face à la discrimination positive
  • 5. Méritocratie, dominance sociale, discrimination et opinions envers les mesures positives
  • 5.1 Adhésion à la méritocratie
  • 5.2 Orientation à la dominance sociale
  • 5.3 Reconnaissance de la discrimination des femmes
  • 6. Conséquences de la mise en place de la discrimination positive
  • 6.1 Menace et opinions envers mesures positives
  • Menace structurelle
  • Menace identitaire
  • Menace objective
  • Menace symbolique
  • 6.2 Impact des mesures positives sur les institutions
  • 6.3 Usage des stratégies d’auto-handicap
  • Deuxième partie
  • Aperçu des hypothèses
  • Méthodologie
  • Participants et mesures
  • Etude 1
  • Population
  • Mesures
  • Etude 2
  • Population
  • Mesures
  • Etude 3
  • Population
  • Mesures
  • Etude 4
  • Population
  • Mesures
  • Etude 5
  • Population
  • Mesures
  • Etude 6
  • Population
  • Mesures
  • Résultats
  • 1. Soutien accordé à la discrimination positive
  • Etude 1
  • Etude 2
  • Etude 3
  • Etude 4
  • Etude 5
  • Etude 6
  • Discussion
  • 2. Adhésion à la méritocratie et orientation à la dominance sociale
  • Etude 4
  • Etude 5
  • Etude 6
  • Relations entre éducation, orientation à la dominance sociale, adhésion à la méritocratie et soutien envers les mesures positives
  • Discussion
  • 3. Perception de la discrimination de la femme sur le lieu de travail
  • Etude 1
  • Etude 5
  • Discussion
  • Conclusion
  • 4. Menace structurelle et menace identitaire
  • Menace structurelle
  • Etude 1
  • Etude 2
  • Menace identitaire
  • Etude 1
  • Etude 2
  • 5. Menace objective et symbolique
  • Menace objective
  • Etude 3
  • Etude 4
  • Menace symbolique
  • Etude 3
  • Etude 4
  • 6. Impact négatif des mesures positives sur l’institution
  • Etude 3
  • Etude 4
  • Discussion
  • 7. Attribution des tendances d’auto-handicap aux bénéficiaires des mesures positives
  • Etude 5
  • Discussion
  • Discussion générale
  • Contribution et implications
  • Bibliographie

← x | 1 →Préface

Les écrits sur la discrimination positive sont légion depuis au moins une décennie dans le monde francophone. Sociologues, politologues et philosophes rivalisent de prises de position visant à la défendre ou à la discréditer. Des prises de position qui s’entreposent dans un capharnaüm mettant parfois le public dans le désarroi.

Différente est la voie empruntée par Klea Faniko dans sa recherche en psychologie sociale qui est aujourd’hui rendue disponible. Ici, cet objet controversé est décrit dans ses principales formes, et les facteurs responsables de l’hostilité ou de la faveur que suscite la discrimination positive sont analysés sur le plan empirique de manière systématique dans ce qui se présente comme un solide programme de recherche. Il en va par exemple ainsi, en amont, des croyances méritocratiques, principes organisateurs des opinions envers les actions concrètes de la discrimination positive. Il en va également ainsi, plus en aval, du rôle des menaces que ces actions éveillent. Des menaces que Klea Faniko détaille dans une typologie sophistiquée, par exemple les menaces dénoncées par les détenteurs des positions dominantes, qui voient leurs privilèges se fragiliser, et les menaces de nature plus symbolique à l’encontre de ses bénéficiaires, qui laissent planer un doute sur leurs réelles compétences.

Particulièrement novatrice dans la recherche réalisée par Klea Faniko est la manière dont elle traite la question des conséquences progressistes et conservatrices de l’éducation des individus. La littérature sociologique se divise en effet en deux camps antagoniques. Les uns invoquent un effet ‘libérateur’ de l’éducation. Un bon niveau d’éducation faciliterait la prise de conscience de l’arbitraire des mécanismes de la domination sociale, de la manière dont l’éducation transforme les privilèges sociaux en dons et mérites individuels. Il conduirait ainsi les personnes à prôner des valeurs de tolérance et de justice sociale. Bref, le système scolaire serait un égalisateur de société. Les autres clament au contraire le rôle ‘reproducteur’ de l’éducation qui, en inculquant une foi sans réserve dans les valeurs méritocratiques gouvernant les destinées individuelles, rend les plus éduqués aveugles ou au mieux insensibles à la dénonciation des barrières dont font ← 1 | 2 →l’expérience les plus démunis du système. Des barrières érigées pour en freiner, ou en empêcher, la mobilité sociale.

Les données présentées dans cet ouvrage corroborent bien davantage cette seconde optique des effets de l’éducation. Mais Klea Faniko pose un regard plus nuancé que ne le suggère cette vision manichéenne de la question des effets de l’éducation. Ainsi par exemple, l’optimisme insufflé par les propos courants sur l’effet libérateur de l’éducation serait terni par le fait que l’éducation charrie avec elle des compétences langagières permettant aux personnes de surmonter, en les dissimulant, des hostilités et des préjugés pourtant ressentis – et probablement véhiculés de manière subtile par le biais de postures, d’expressions faciales, etc.. Ces personnes sont en effet en mesure de fournir des justifications élaborées et circonstanciées de leurs attitudes (pourtant sexistes et racistes), et opposées notamment à toute forme de discrimination positive en faveur des membres de groupes défavorisés.

Les interventions empiriques réalisées par Klea Faniko ont concerné des échantillons d’étudiants et de travailleurs, des cadres et des employés, dans deux pays, la Suisse et l’Albanie. La prise en compte de rôles professionnels contrastés, et de deux pays à l’histoire à bien des égards fort différente, sont des faits suffisamment inhabituels qui méritent d’être soulignés. Néanmoins, les conclusions de ce travail plaident en faveur de la mise en évidence de processus psychosociaux plus généraux concernant les manières dont se forment les opinions à propos d’un objet, la mise en place d’actions visant à tempérer l’inégalité sociale, qui n’a pas fini d’engendrer la controverse.

Fabio Lorenzi-Cioldi

Université de Genève

← 2 | 3 →Organisation du texte

Dans la première section (Situation des femmes en Europe), nous nous intéressons à la situation des femmes en Europe et plus précisément à la situation des femmes en Suisse et en Albanie. Les études présentées dans cet ouvrage ont été réalisées auprès de cadres, d’employés et d’étudiants en Albanie et auprès d’étudiants en Suisse. Il est donc pertinent d’accorder une attention particulière à la situation des femmes dans ces pays et à la mise en place de mesures positives visant à promouvoir leur carrière professionnelle.

Dans la deuxième section (Quelques mots sur la discrimination positive), nous discutons diverses définitions de la discrimination positive, présentons un historique de la mise en place des mesures positives et situons les études sur la discrimination positive dans le domaine de la psychologie sociale. Dans cette section, nous avons également porté notre attention sur l’influence 1) des différents types de mesure positive et 2) du genre des participants, deux facteurs largement traités dans le domaine de la psychologie sociale.

Dans la troisième section (Influence du niveau d’éducation), une place importante est accordée au rôle du niveau d’éducation par rapport à nos opinions en général et aux opinions adoptées envers les mesures de discrimination positive en particulier. Nous faisons appel à des travaux qui mettent en évidence l’effet libérateur de l’éducation aussi bien qu’à des travaux qui considèrent l’éducation comme un moyen de reproduction de l’inégalité sociale. Dans les sous-sections, nous avons convoqué des concepts tels que l’adhésion à la méritocratie, la reconnaissance de la discrimination subie par les femmes et l’orientation à la dominance sociale, qui nous aident mieux à comprendre la relation entre le niveau d’éducation et le soutien exprimé envers les mesures positives.

Dans les sous-sections et les sections suivantes, nous avons également analysé le rôle des différents types de menace provoqués par la mise en place de mesures positives et les conséquences de la mise en œuvre des mesures positives sur différents aspects du bien-être psychologique de leurs bénéficiaires (Usage des stratégies d’auto-handicap).

← 3 | 4 →La seconde partie expose la méthodologie, les résultats de nos études, les discussions thématiques, la discussion générale ainsi que les contributions et les implications de notre recherche.

Nous avons décidé de présenter les résultats de chaque étude par thématique. Dans un premier temps, nous avons présenté nos résultats concernant l’influence du type de mesure positive, du niveau d’éducation et du genre des participant-e-s sur la favorabilité réservée aux mesures positives. Dans un second temps, nous avons analysé l’influence du niveau d’éducation et du genre des participants sur l’adhésion à la méritocratie, sur la reconnaissance de la discrimination des femmes et sur l’orientation à la dominance sociale. Nous avons également analysé l’impact du niveau d’éducation, du genre des participants et du type de mesure positive sur diverses dimensions de la menace occasionnée par la mise en place des mesures positives, et l’usage des stratégies d’auto-handicap. Etant donné que l’éducation est un élément clé des travaux de cet ouvrage, l’impact de cette variable sur les attitudes adoptées envers les mesures positives sera ensuite examiné en tenant compte du rôle des facteurs déjà mentionnés : l’orientation à la dominance sociale, l’adhésion à la méritocratie, etc.

Lors de la discussion générale, nous résumons les principaux résultats de notre recherche. Pour terminer, nous mettons en évidence la contribution de ces études et les implications possibles de nos résultats pour les décideurs.

Résumé des informations

Pages
X, 187
Année de publication
2015
ISBN (MOBI)
9783035193725
ISBN (ePUB)
9783035193732
ISBN (PDF)
9783035203073
ISBN (Broché)
9783034316514
DOI
10.3726/978-3-0352-0307-3
Langue
français
Date de parution
2015 (Février)
Mots clés
Promotion professionnelle Femme Vulnérabilité Compétence personnelle
Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2015. 187 p., 3 ill. n/b

Notes biographiques

Klea Faniko (Auteur)

Klea Faniko a soutenu son doctorat en psychologie sociale à l’Université de Lausanne en 2011. Elle est chercheuse post-doctorante à l’Université de Genève. Actuellement, sa recherche porte sur les opinions envers les mesures soutenant la carrière féminine, la trajectoire professionnelle des femmes et les obstacles qu'elles rencontrent dans les entreprises ainsi que dans le monde académique.

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