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La sécession du Katanga : témoignage

(juillet 1960 – janvier 1963)

de Jacques Brassinne de La Buissière (Auteur)
©2016 Monographies 664 Pages
Série: Outre-Mers, Volume 5

Résumé

Le 30 juin 1960, le Congo n’est plus une colonie belge mais un État indépendant. Rapidement, la riche province du Katanga fait sécession sous la conduite de Moïse Tshombe, ennemi politique du Premier ministre Patrice Lumumba, profitant de l’inertie d’une Belgique plus préoccupée par ses problèmes propres que soucieuse de ses intérêts en Afrique. Nombreux furent les Belges qui, de bonne foi, ont cru au succès de « la sécession du Katanga ». Un ensemble d’éléments permit d’y croire pendant quelques semaines : les attitudes du roi Baudouin et du gouvernement Eyskens allaient dans ce sens. C’était sans compter avec la prise de position négative des Nations Unies et des États-Unis qui souhaitaient bouter les Belges hors du Congo et surtout de ne pas exporter la Guerre froide en Afrique. Mais s’appuyant initialement sur le gouvernement de Patrice Lumumba, les Nations Unies allaient rapidement déchanter. Au départ, le Secrétaire général Dag Hammarskjöld fut persuadé que tous les ennuis qu’il rencontrait étaient dus à l’omniprésence des Belges. Une fois ceux-ci partis, pensait-il, tout rentrerait dans l’ordre. Il n’en fut rien : l’ONUC dut reconquérir le Katanga par la force des armes pour le compte du gouvernement congolais. Il fallut deux ans et demi, pour réduire les gendarmes katangais, chasser les mercenaires, au prix de nombreuses vies, et mettre fin à la sécession du Katanga. Les Européens restés sur place, souvent avec courage, seront quant à eux baptisés « Katangaleux ». L’auteur de cet ouvrage fut l’un d’eux. Ce livre leur est dédié et vise à les sauver de l’oubli.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface
  • Remerciements
  • Introduction
  • Galerie des portraits
  • Sigles et abréviations
  • Chapitre I. Les préludes à la sécession : le Katanga « colonial » avant le 30 juin 1960
  • 1.1. Le Katanga « colonial » d’avant le 30 juin 1960
  • 1.1.1. Quelques éléments de géographie et d’économie
  • 1.1.2. Les Forces métropolitaines au Congo et au Katanga
  • 1.1.3. La Force Publique au Katanga
  • 1.2. Le Katanga à travers les événements politiques
  • 1.2.1. L’état d’esprit katangais et la création des partis politiques dans la province minière
  • 1.2.2. Les Tables rondes et la mise en place des institutions katangaises
  • 1.2.3. L’évolution de la situation politique au Katanga
  • 1.2.4. La constitution du gouvernement provincial katangais
  • 1.2.5. Les élections et la constitution d’un gouvernement congolais
  • Chapitre II. Le Katanga, le Congo, la Belgique et les Nations Unies (juillet et août 1960)
  • 2.1. La fin du Congo, colonie belge
  • 2.2. Les mutineries de la Force Publique à travers le Congo
  • 2.2.1. Les mutineries de Léopoldville et de Thysville
  • 2.2.2. L’intervention des troupes métropolitaines
  • 2.2.3. L’extension des mutineries à travers le Congo
  • 2.3. La rupture des relations diplomatiques entre le Congo et la Belgique
  • 2.4. L’entrée en scène des Nations Unies
  • 2.4.1. Le Conseil de Sécurité : les premières décisions
  • 2.4.2. Dag Hammarskjöld à Bruxelles et au Congo
  • 2.4.3. Léopoldville : le départ des forces métropolitaines
  • 2.4.4. L’ONU au Katanga
  • 2.5. La fin de la Mission diplomatique belge à Léopoldville
  • Chapitre III. Le Katanga : un État en gestation (juillet-décembre 1960)
  • 3.1. Les mutineries de la Force Publique au Katanga et les interventions des troupes métropolitaines
  • 3.2. La proclamation de l’indépendance du Katanga
  • 3.3. La politique belge à l’égard du Katanga en juillet et août 1960
  • 3.3.1. La première mission de d’Aspremont Lynden à Élisabethville : les 17 et 18 juillet 1960
  • 3.3.2. La Mission technique belge au Katanga (Mistebel) : du 23 juillet au 12 octobre 1960
  • 3.3.2.1. La mise en place de la Mission technique
  • 3.3.2.2. Les initiatives et les activités de Mistebel sous d’Aspremont Lynden
  • 3.3.2.3. Bruxelles et l’arrivée de l’ONUC à Élisabethville
  • 3.3.2.4. Mistebel en régime de croisière
  • 3.4. Les événements de septembre 1960 à Léopoldville et à Bruxelles
  • 3.4.1. Léopoldville : la révocation de Lumumba, le « gouvernement » Ileo et l’installation du Collège des Commissaires généraux par le colonel Mobutu
  • 3.4.2. Le remaniement ministériel à Bruxelles et la permanence de la dualité de la politique belge
  • 3.5. Élisabethville : la poursuite de l’aide civile et militaire belge : (septembre et octobre 1960)
  • 3.5.1. Mistebel sous la direction de l’ambassadeur Rothschild
  • 3.6. La fin de la présence officielle belge et la création du Bureau-Conseil de l’État du Katanga
  • 3.6.1. Le départ de la Mission technique belge
  • 3.6.2. L’évolution des relations entre la Belgique et le Katanga
  • 3.6.3. La création du Bureau-Conseil de l’État du Katanga : octobre à décembre 1960
  • 3.6.3.1. L’organisation du Bureau-Conseil
  • 3.6.3.2. Les premières activités du Bureau-Conseil
  • 3.6.3.3. Le Bureau-Conseil en rythme de croisière
  • 3.7. L’extension de la rébellion. Les opérations de la gendarmerie katangaise : d’août à septembre 1960
  • 3.7.1. Les opérations de la gendarmerie d’août et de septembre
  • 3.7.2. Les opérations de la Gendarmerie : d’octobre à décembre 1960
  • 3.8. Les relations entre Léopoldville et Élisabethville : de septembre à décembre 1960
  • 3.9. L’ONUC au Katanga : de septembre à décembre 1960
  • Chapitre IV. L’état Katangais : 1961 année charnière
  • 4.1. Les événements de janvier à juillet 1961
  • 4.1.1. La mort de Patrice Lumumba
  • 4.1.2. La gendarmerie katangaise : renforcement et opérations dans le Nord-Katanga : de janvier à juillet 1961
  • 4.1.3. Le Conseil de Sécurité : la résolution du 21 février 1961
  • 4.1.4. Le Katanga, la Belgique et les tentatives de rapprochement entre Élisabethville et Léopoldville : de janvier à avril 1961
  • 4.1.4.1. Le Katanga et la Belgique
  • 4.1.4.2. Les diverses activités du Bureau-Conseil
  • 4.1.4.3. Les tentatives de rapprochement avec Léopoldville
  • 4.1.5. L’échec des rapprochements avec Léopoldville et l’emprisonnement de Tshombe
  • 4.1.6. L’avènement du gouvernement Lefèvre-Spaak et le retrait des conseillers belges
  • 4.2. Les opérations militaires de l’ONUC contre le Katanga : d’août à décembre 1961
  • 4.2.1. Première étape : le retrait des conseillers militaires et politiques belges
  • 4.2.2. La deuxième étape : les deux opérations militaires de l’ONUC contre le Katanga : en août et septembre 1961
  • 4.2.2.1. La première opération de l’ONUC : « Rum Punch » : le 28 août 1961
  • 4.2.2.2. La deuxième opération de l’ONUC : « Morthor » : du 13 au 18 septembre 1961
  • 4.2.2.3. La situation après les combats : de la fin septembre à novembre 1961
  • 4.2.3. La troisième étape : les opérations militaires de l’ONUC : du 28 novembre au 19 décembre 1961
  • 4.2.3.1. La chronologie des événements de décembre 1961
  • 4.2.3.2. Les réactions de U Thant et les nouvelles interventions de Spaak
  • 4.2.3.3. La Commission d’enquête internationale sur l’assassinat des représentants de la Croix-Rouge
  • 4.3. Les tractations diplomatiques en vue d’un cessez-le-feu
  • Chapitre V. La fin de la sécession du Katanga : janvier 1962-janvier 1963
  • 5.1. Le combat retardateur du Katanga : du 21 décembre 1961 au 26 juin 1962
  • 5.1.1. L’accord de Kitona et l’évolution de la situation à Élisabethville
  • 5.1.2. Les relations entre Élisabethville et l’ONUC au cours du 1er trimestre de 1962
  • 5.1.3. Les négociations Adoula-Tshombe et leur échec : du 18 mars au 25 juin 1962
  • 5.1.4. La situation intérieure au Congo à la fin du premier semestre de 1962
  • 5.2. La fin de la sécession du Katanga : d’août 1962 à janvier 1963
  • 5.2.1. L’isolement du Katanga : d’août 1962 à novembre 1962
  • 5.2.2. Le coup de force militaire définitif de l’ONUC contre le Katanga : décembre 1962
  • 5.2.3. Les derniers jours de la sécession : janvier 1963
  • Conclusions : garder la trace
  • Annexes
  • Index
  • Bibliographie

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Préface

Michel DUMOULIN

Université catholique de Louvain et Académie royale de Belgique

Plus d’un demi-siècle après ce qu’il est souvent convenu d’appeler « les événements » qui marquent l’accession du Congo belge à l’indépendance le 30 juin 1960, l’histoire de l’ancienne colonie ne cesse pas de susciter la publication de travaux historiques dont la qualité est certes inégale. Cet intérêt, que traduit aussi la littérature romanesque, se concentre pour l’essentiel sur la période pendant laquelle Léopold II, « ce géant » pour les uns, ce « génocidaire » pour d’autres, est le souverain de l’État indépendant du Congo.

Une autre période « sensible » de l’histoire somme toute très courte du Congo colonial – 75 ans à peine séparent la proclamation de l’EIC le 30 juillet 1885 de l’indépendance du 30 juin 1960 – est celle qui voit ce dernier s’affranchir de la tutelle de la Belgique selon un scénario que d’aucuns ont qualifié de précipité.

Parmi les faits marquants de l’été 1960 figure la proclamation de l’État indépendant du Katanga le 11 juillet1. Dans la déclaration radiophonique qu’il prononce ce jour-là, Moïse Tshombe déplore que « après les élections faussées en certaines provinces qui ont donné la majorité à un seul parti, nombre d’électeurs n’ayant pas pu exprimer leur vote, un gouvernement central à majorité extrémiste a été constitué [et] s’est immiscé dans des matières qui ressortissent uniquement à la compétence des gouvernements provinciaux ». Dénonçant les troubles qui ont éclaté à travers tout le Congo, il accuse le gouvernement de Léopoldville de mettre en œuvre « une tactique de désorganisation et de terreur (…) que nous avons vu appliquer à de nombreuses reprises et dans combien de pays maintenant soumis à la dictature communiste ». Le but poursuivi, ajoute le leader katangais, est de « remplacer le plus rapidement possible les cadres [belges] détruits par des cadres qu’il semble avoir déjà recrutés parmi les ressortissants des pays ← 13 | 14 → d’obédience communiste ». Dans ces circonstances et devant les menaces « que ferait peser sur nous une plus longue soumission à l’arbitraire et à la volonté communiste du gouvernement central, le mouvement katangais a décidé de proclamer l’indépendance du Katanga » annonce Tshombe qui ajoute que celui-ci demande à la Belgique de s’unir avec lui « en étroite communauté économique » et de « continuer son appui technique, financier et militaire ». Mais s’il devait s’avérer que l’ancienne puissance coloniale refuse de « remplir cet impérieux devoir » et de « reconnaître le Katanga comme un pays libre et indépendant et son gouvernement comme le seul gouvernement légal, le Katanga fera appel au monde libre tout entier »2.

Le bref discours radiodiffusé du président katangais peut être lu comme le catalogue d’une partie considérable des facteurs marquant la sécession katangaise qui, décidée en juillet 1960, s’achève en janvier 1963.

Cet épisode de l’histoire du Congo a fait couler un flot d’encre. Aujourd’hui, à l’ère de l’encre électronique, ce flot ne tarit pas, y compris parce que la mémoire de l’indépendance nourrit les aspirations à une plus grande autonomie de la part de certains Katangais vis-à-vis de Kinshasa.

La crise congolaise, faite « de bruits et de fureurs », est marquée, dans la durée, par d’indicibles souffrances de la population civile ainsi que par des drames emblématiques. Parmi ceux-ci figure l’assassinat de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961. Devenu une icône de la lutte contre l’impérialisme, le Premier ministre de l’éphémère premier gouvernement de la République du Congo a été, en Belgique, au cœur des travaux de la « commission d’enquête parlementaire chargée de déterminer l’implication des responsables politiques belges dans les circonstances exactes du décès de Patrice Lumumba » instituée par la Chambre des représentants le 24 février 2000 et dont les conclusions du rapport, daté du 16 novembre 2001, sont adoptées par ceux-ci le 21 février 2002. Depuis lors, de nouveaux travaux sont venus s’ajouter à la liste déjà très longue des publications consacrées à la question3.

Parmi les conclusions de la commission d’enquête figure cette suggestion à tout le moins surprenante : « Le monde politique4, écrivent ← 14 | 15 → les rapporteurs, pourrait, sur la base d’un ensemble d’éléments de faits objectifs et scientifiquement établis, faire un travail de synthèse qui contribue à exorciser le passé », colonial et postcolonial5.

Sans nous arrêter ici sur cette confusion des genres, relevons que parmi les témoins auditionnés en séance publique par la commission d’enquête figure Jacques Brassinne6. En outre, fait remarquable, il est entendu une deuxième fois, en qualité d’auteur et non plus de témoin, lors d’une autre séance7. Cette double qualité d’auteur et de témoin, Jacques Brassinne la revendique haut et fort, y ajoutant aussi celle d’acteur.

Ce qui vaut à Jacques Brassinne d’être auditionné une deuxième fois par la commission d’enquête est sa qualité d’auteur d’une thèse de doctorat en sciences politiques intitulée « Enquête sur la mort de Patrice Lumumba » défendue à l’Université libre de Bruxelles en 1991. Resté inédit, ce travail, basé essentiellement sur des sources orales, ne connaît qu’une diffusion très confidentielle jusqu’au moment où, suite à ce qu’il considère comme une faute déontologique de la part des historiens chargés du travail d’expertise par la commission d’enquête, Jacques Brassinne, sur la base d’un accord intervenu le 20 mars 2002 avec le président de la Chambre, publie sa thèse sur Internet8.

Avant d’être auteur9, Jacques Brassinne a d’abord été un témoin et un acteur de la sécession du Katanga où il séjourne à cinq reprises entre le 18 août 1960 et le 19 septembre 1962 non sans continuer d’être mobilisé par la question lorsqu’il est en Belgique. ← 15 | 16 →

Cela dit, si la sécession, comme nous y avons fait allusion, a fait couler beaucoup d’encre, elle a surtout encouragé une vision très manichéenne d’une crise que caractérise la multiplicité des forces en présence et celle des lieux de décision. Les premières ne se résument pas aux Katangais, aux Congolais et aux Belges. Dans le climat exacerbé de la guerre froide dont témoigne la déclaration de Tshombe du 11 juillet 1960, les États-Unis, l’URSS, l’ONU, les Afriques indépendantes, partagées entre les « progressistes », pourfendeurs du colonialisme et de l’impérialisme, et les « modérés », ainsi que certaines puissances européennes occidentales, jouent un rôle dans la crise. Un rôle, petit ou grand, qui est interprété à Léopoldville, Élisabethville, Bruxelles, Washington, Accra et ailleurs encore.

C’est dire si la nature et la perception des enjeux de la sécession, comme l’a montré Claude Roosens dans sa thèse de doctorat défendue à l’Université catholique de Louvain en 1981, varie en fonction des gouvernements mais aussi des groupes, notamment politiques et économiques, et des hommes qui en sont les forces vives10.

À l’occasion de l’élaboration de sa thèse de doctorat citée plus haut, Jacques Brassinne s’était forgé une opinion au sujet de l’abondante littérature consacrée à la mort de Lumumba. « Très souvent, écrit-il, les auteurs ont fait preuve d’imagination ou encore ont voulu étayer ou défendre des positions politiques ou des thèmes idéologiques. Tous étaient favorables ou défavorables aux positions prises par le gouvernement congolais, les autorités katangaises ou encore par l’Organisation des Nations-Unies »11. Onze ans après avoir soutenu sa thèse, Jacques Brassinne accentuait sa critique. Il écrivait en effet que « les dramatiques événements de l’ex-Congo belge (…) suscitent encore pas mal d’intérêt dans l’opinion publique. Malheureusement, c’est également un prétexte pour défendre des positions politiques ». Et d’ajouter, parlant de la Commission Lumumba, que ses conclusions sont tirées sur le plan politique quarante ans après les faits et visent à établir « des responsabilités morales »12.

Auteur, témoin et acteur, Jacques Brassinne nous offre aujourd’hui un livre à la fois remarquable et déroutant.

Nourri par le souci de prendre distance avec l’événement et d’exercer sa liberté de penser, Jacques Brassinne appartient au groupe des « Katangaleux », pour reprendre l’expression forgée pour désigner ces Européens qui conseillèrent l’État du Katanga. En dépit ou à cause de ← 16 | 17 → cette qualité, il comble un énorme vide. En effet, depuis la publication en 1963 de l’ouvrage de Gérard-Libois consacré à la sécession13, les écrits « ciblés », nous l’avons dit, ne manquent pas. À commencer par celui que cet auteur signe en 1966 avec Jacques Brassinne14. Toutefois, aucun auteur n’a envisagé l’ensemble de la période sécessionniste vue de l’intérieur. Certes, sans insister outre mesure sur le témoignage de Guy Weber15, celui que Frédéric Vandewalle consacré à son expérience africaine est important. Administrateur général de la Sureté du Congo belge et du Ruanda-Urundi de 1957 à 1960, puis chargé de mission au Katanga, Vandewalle est gérant du consulat général de Belgique à Élisabethville d’octobre 1961 à mars 1963 avant d’être le conseiller militaire personnel de Moise Tshombe lorsque celui-ci exerce, du 10 juillet 1964 au 18 octobre 1965, la fonction de Premier ministre du Congo. Associé à Jacques Brassinne au début des années 1970 dans le cadre de la publication des rapports de la Sûreté congolaise couvrant les 18 mois précédant l’indépendance16, Vandewalle publie dans la foulée, à compte d’auteur, une douzaine de volumineux fascicules de mémoires dont la diffusion est restée restreinte17.

Mais, nonobstant les mauvaises conditions de son édition, le volumineux ensemble écrit par Vandewalle constitue des mémoires dont l’ampleur, en même temps que l’absence de prise en compte de l’environnement national et international des faits rapportés, en réserve la lecture à un public limité.

Animé non pas tant par le souci de convaincre que par celui, très pédagogique, d’exposer et d’expliquer, Jacques Brassinne a en quelque sorte pris le contrepied de l’ouvrage de Vandewalle. Le résultat, redisons-le, est remarquable, car il est le fruit d’une expérience vécue en même temps que, comme tout ouvrage historique, d’une reconstruction rendue certes possible par la mémoire personnelle des événements mais aussi par le recours à une impressionnante documentation ainsi qu’à la littérature consacrée au sujet. ← 17 | 18 →

Cela étant, c’est précisément son statut de témoignage en même temps que de livre d’histoire qui confère à l’ouvrage de Jacques Brassinne un caractère quelque peu déroutant qui ne manquera pas de susciter le débat. Mais n’est-ce pas là une des principales qualités de tout bon livre ? Dans le cas d’espèce, il illustre bien le fait qu’il est possible de relever une gageure : apporter, sans effet de manche et sans volonté de régler des comptes, un témoignage de première main bien replacé dans son temps et son contexte. Ne cédant pas à la tentation de la mise en scène spectaculaire ou à celle de la polémique, Jacques Brassinne nous offre un livre qui comporte non pas plusieurs angles mais bien plusieurs strates de lecture. Brassinne auteur, tantôt s’en tient à ce rôle, tantôt rapporte ses souvenirs de témoin, d’une part, d’acteur, d’autre part.

Constituant en quelque sorte un cas à étudier au point de vue de la méthode que son auteur a adoptée, ce livre recèle sans doute quelques défauts que les auteurs de recensions ne manqueront pas de relever. En revanche, et ce n’est pas la moindre de ses qualités parmi celles que nous avons notées, il n’oublie jamais que l’histoire est faite par des hommes et des femmes de chair et de sang. Cette réalité est illustrée non seulement par les nombreux portraits qui jalonnent ce récit-témoignage mais aussi par le ton adopté. Est-ce pour autant que celui-ci est lénifiant ? Il n’en est rien. À cet égard, les nombreuses pages consacrées aux opérations des troupes de l’ONUC au Katanga constituent un réquisitoire très dur contre les responsables de ce que l’auteur considère comme ayant constitué une violation des conventions de Genève. Le respect de celles-ci, tandis que certains en réclament la révision, est aujourd’hui, faut-il même le rappeler, d’une dramatique actualité. Dans ce sens, Jacques Brassinne ne remue pas simplement des souvenirs qu’il met en ordre et encadre de ses connaissances. Il interpelle. Ce qui ne saurait laisser indifférent le lecteur d’aujourd’hui n’ayant le plus souvent à lire et à entendre que les propos radicaux des procureurs de notre temps, prompts au simplisme.


1 Elle sera suivie, le 8 août, par celle du Kasaï.

2 Le texte intégral de la déclaration radiophonique est publié dans « Positions belges devant le problème de la sécession Katangaise », Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 73, 1960, p. 16. L’enregistrement du message peut aussi être écouté à l’adresse <https://www.youtube.com/watch?v=7Ac9kvuHpPM>.

3 Emmanuel Gerard-Bruce Kuklick, Death in the Congo. Murdering Patrice Lumumba, Harvard, Harvard University Press, 2015, est la dernière publication en date.

4 Nous soulignons.

5 Chambre des représentants de Belgique, doc 50 0312/007, 16 novembre 2001, Enquête parlementaire visant à déterminer les circonstances exactes de l’assassinat de Patrice Lumumba et l’implication éventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci. Rapport fait au nom de la Commission d’enquête par MM. Daniel Bacquelaine et Ferdy Willems et Mme Marie-Thérèse Coenen, vol. 2, p. 844.

6 Ibid., séance du 13 juillet 2001, pp. 752-758.

7 Ibid., séance du 17 septembre 2001, pp. 820-824.

8 Le texte original de la thèse, une série de documents permettant de comprendre les motifs pour lesquels l’auteur décide de la publier ainsi qu’une longue note (71 pages) intitulée « Réflexions sur le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Lumumba (25 janvier 2002) », remise au président de la Chambre, M. Herman De Croo, le 29 janvier 2002, sont disponibles sur le site <www.brassinnedelabuissière-lumumba.be>.

9 En plus de nombreux travaux consacrés aux aspects institutionnels de l’histoire politique récente de la Belgique, Jacques Brassinne s’est, d’une part, penché sur la préparation – ou l’impréparation – de l’indépendance du Congo (Jacques Brassinne-Georges-Henri Dumont, « Les autorités belges et la décolonisation du Congo », Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 2063-2064, 2010, et id., « Les conseillers à la Table ronde belgo-congolaise », ibid., n° 1263-1264, 1989), et, d’autre part, sur la coopération entre la Belgique et le Congo, puis Zaïre (voir « La coopération technique entre la Belgique et le Congo, 1968 à 1970 » (I) et (II), Courrier hebdomadaire du CRISP, n° 531 et 532, 1971, et « La coopération belgo-zaïroise 1960-1985, ibid., n° 1099-1100, 1985).

10 Claude Roosens, La sécession katangaise (1960-1963). Aspects fondamentaux, internes et internationaux, Université catholique de Louvain, Institut des sciences politiques, 1981, 3 vol.

11 Jacques Brassinne, Enquête, op. cit., p. 1.

12 Id., Réflexions, op. cit., p. 1.

13 Jules Gérard-Libois, Sécession au Katanga, Bruxelles-Léopoldville, Centre de Recherche et d’Information Socio-Politiques – Institut National d’Études Politiques, 1963. Ce livre a été traduit en anglais sous le titre Katanga Secession, Madison-Milwaukee-London, The University of Wisconsin Press, 1966.

14 G. Heinz-H. Donnay, Lumumba Patrice. Les cinquante derniers jours de sa vie, Bruxelles, Crisp (coll. « Textes, Images, Son ») et Paris, Le Seuil, 1966. Les auteurs ont eu recours aux patronymes de leur mère qu’ils utilisèrent comme pseudonymes.

15 Guy Weber, Le Katanga de Moïse Tshombe ou Le drame de la loyauté, Bruxelles, Louis Musin, 1983.

16 Frédéric Vandewalle, Jacques Brassinne, Les rapports secrets de la Sûreté congolaise, 1959-1960, Bruxelles, Arts & Voyages Lucien De Meyer éditeurs, 1973, 2 vol.

17 Frédéric Vandewalle, Mille et quatre jours. Contes du Zaïre et du Shaba, Bruxelles, chez l’auteur, 1974-1975, 12 vol.

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Remerciements

Nombreux sont ceux qui m’ont fait l’amitié de m’accompagner tout au long de la rédaction de ce témoignage. Deux d’entre eux firent preuve d’abnégation et de courage dans des rôles fort différents : le recteur Arthur Bodson, dont la dizaine de relectures améliorèrent la lisibilité du texte et m’obligèrent à préciser le récit des événements dont il ne fut pas témoin, et Sylvie Geilenkirchen, qui consacra beaucoup de temps à établir les brouillons et les nombreuses mises à jour du manuscrit.

Quelques témoins de l’époque me furent particulièrement précieux : Paule Bouvier, professeur honoraire de l’Université Libre de Bruxelles, qui me donna de précieuses indications sur les années 1960 et qui effectua une relecture intelligente et critique, le général e.r. Claude Paelinck qui fit partie de la Gendarmerie katangaise (il était présent à la reprise du Camp de Nzilo I) et me fournit nombre de renseignements sur le plan militaire, le colonel Claude Grandelet (illustration) qui participa à la reprise du Camp Massart et à diverses opérations, le colonel B.E.M. e.r. René Pire qui organisa et accompagna les opérations de reconquête des territoires passés à la rébellion jusqu’au retrait, sous la pression de l’ONUC, des officiers belges à la fin août 1961.

Vincent Genin, doctorant à l’Université de Liège, m’a suggéré de mettre en valeur le côté « témoignage » du récit et d’y incorporer des portraits des principales personnalités que j’avais côtoyées.

Plus ponctuellement, ma gratitude va également à diverses person-nalités présentes à Léopoldville en juillet 1960, comme Christian Fellens (illustration), jeune attaché d’ambassade à l’époque et ambassadeur honoraire récemment décédé, et Paul Rigô, envoyé par le Sénat pour la mise en place des nouvelles institutions congolaises. Trop tôt disparus, René Grosjean (illustration) et Jacques Bartelous (illustration) ont cependant pu me donner des précisions sur notre histoire commune. Il en va de même à propos du Sud-Kasaï de Pierre Wusteveld, substitut du Procureur du Roi à Élisabethville. Jean-Pierre Sonck et Daniel Despas, experts en matière de Gendarmerie katangaise, m’ont également apporté leur collaboration.

L’ambassadeur Alain Rens, Thérèse Marlier, historienne de l’art diplômée de l’Université de Liège, chargée de communication aux Musées Royaux des Beaux-Arts, et Jacques Pieron, conseiller au ministère de l’Intérieur, ont relu avec un œil aigu et attentif ce qui allait devenir la version définitive. ← 19 | 20 →

Les derniers moments de la sécession furent retracés grâce à un ami russe, le docteur Serge Sintzoff, jeune médecin sorti de l’ULB, qui termina sa carrière katangaise comme colonel de la Gendarmerie katangaise et médecin personnel de Moïse Tshombe. Il fut ensuite professeur de radiologie à l’Université Libre de Bruxelles.

Ayant pris connaissance de mon témoignage à la demande de mon ami Paul Smets, qui lui aussi a relu très attentivement le texte, le professeur Michel Dumoulin de l’UCL, après m’avoir fait diverses suggestions et remarques fondamentales, a bien voulu en rédiger la préface.

Que tous soient remerciés.

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Introduction

Ce témoignage est consacré à la sécession du Katanga qui marqua le début des années 1960 au Congo. Je l’ai rédigé en tant que témoin sur la base de documents, de notes, ainsi que d’archives personnelles couvrant la période allant de juillet 1960 à janvier 1963. Il ne porte que sur quelques événements relatifs à l’accès du Congo à l’indépendance1 et tente de donner un éclairage sur ce qui s’est passé au lendemain du 30 juin 1960.

L’idée de cette contribution m’est venue en août 2000, après mon audition par la Commission parlementaire de la Chambre concernant la mort de Lumumba2, où je fus entendu en qualité de témoin et d’auteur d’une thèse de doctorat sur le sujet3. L’ouverture des archives des Affaires étrangères, de celles du Palais royal, de celles du comte Harold d’Aspremont Lynden, ancien ministre des Affaires africaines, et les travaux de la Commission Lumumba ont permis de prendre connaissance de documents qui n’appartenaient pas au domaine public au moment où j’ai rédigé cette thèse. Ils apportent quelques explications sur certains événements et sur les motivations des acteurs ; ils ne sont malheureusement pas tous convaincants.

Au cours des travaux de cette Commission, j’ai constaté le hiatus existant entre les événements tels que je les avais vécus et la vision qu’en avaient quarante ans plus tard les commissaires parlementaires et leurs experts universitaires. Leurs assertions n’avaient parfois qu’un lointain rapport avec la réalité que j’avais connue. Il m’a paru intéressant de donner mon interprétation des événements, avec le souci de les expliquer en tenant compte de l’objectivité relative d’un figurant ou d’un acteur de second rôle.

Il est particulièrement frustrant d’entendre à la radio, de voir à la télévision, de lire dans la presse et les livres d’histoire la relation ← 21 | 22 → d’événements que l’on a connus quand les explications données a posteriori n’ont parfois que peu de rapport avec le souvenir que l’on en a gardé. On oublie que les acteurs de l’époque poursuivaient une politique et des buts précis qui varièrent en fonction des hommes, des politiques des gouvernements belge et congolais et des événements sur le plan international. Par ailleurs, on constate que les motivations et les objectifs de certains de ces acteurs se modifièrent fondamentalement entre juillet et octobre 1960, notamment sous la pression des Nations Unies.

L’avènement du gouvernement Lefèvre-Spaak, en avril 1961, marqua un tournant décisif dans la politique belge. Spaak voulut redorer le blason de la Belgique et lui faire reprendre sa place dans le concert international. À cet effet, il opta délibérément pour une politique en faveur de l’unité du Congo dans ses frontières héritées de la colonie.

Les « experts », expliquant l’histoire un demi-siècle plus tard, ne partageront certes pas mon interprétation des faits qui ne correspond évidemment pas aux théories qu’ils aiment développer, notamment en ce qui concerne la responsabilité morale des acteurs belges dans la disparition de Lumumba. Certes, la plupart la souhaitaient, mais certainement pas de la manière dont elle advint et dans laquelle ils n’intervinrent pas.

Cinquante ans plus tard, je me suis décidé à tenter d’expliquer l’ambiguïté et la complexité des relations belgo-katangaises au début des années 1960. Elles furent compliquées, notamment parce qu’elles furent influencées par des initiatives et des décisions prises sur trois continents : à New York par les Nations Unies et les États-Unis, à Léopoldville par Patrice Lumumba, Joseph Kasa-Vubu, Joseph-Désiré Mobutu et Cyrille Adoula, à Élisabethville par Moïse Tshombe et à Bruxelles par Gaston Eyskens, Pierre Wigny, Harold d’Aspremont Lynden et Paul-Henri Spaak.

Comme bien d’autres, je fus un témoin privilégié de cette époque. Tous les Belges que j’ai rencontrés dans le cadre de mes activités au Katanga partageaient un même idéal : œuvrer pour leur pays et pour le Congo, qu’ils soient à Élisabethville ou à Léopoldville.

**

Issu d’une famille implantée depuis 1690 dans le triangle formé par Rhode-Saint-Genèse, Ohain et Wavre, je n’avais aucune attache avec le Congo, mais bien avec la Chine où mes parents s’établirent en 1923. Mon père avait été engagé par le « Crédit Foncier d’Extrême-Orient », filiale de la Société générale de Belgique. Conçu à Tiensin, je naquis à Ixelles où je passai toute ma jeunesse : école primaire, athénée d’Ixelles, Université Libre de Bruxelles.

Licencié en Sciences politiques et diplomatiques, en Sciences administratives et en Sciences coloniales, je rejoignis l’Institut de ← 22 | 23 → Sociologie Solvay après deux années de service militaire en Allemagne en qualité d’officier de réserve. Bien que titulaire d’une licence en Sciences coloniales de l’ULB, ma connaissance du Congo, et du Katanga en particulier, était extrêmement limitée malgré les cours fort intéressants du professeur Marzorati. Ce n’est que très progressivement que mon intérêt pour l’Afrique allait se développer. Recruté comme chargé de recherche par le professeur Arthur Doucy pour m’occuper de Sociologie du Travail, j’œuvrai pendant deux ans dans les caves du Parc Léopold où se trouvait l’Institut. J’eus l’occasion d’y croiser Justin Bomboko et Paul Hatry, collaborateur du professeur Émile Dassel et futur ministre des Finances. Ce dernier vint me débaucher et me fit rejoindre à partir du 1er février 1957, toujours en qualité de chargé de recherche, le Centre Émile Bernheim pour l’Etude des Affaires de l’ULB.

Ils m’envoyèrent à la Harvard Business School afin de suivre une année de formation pour « European Professors in Management » financée par l’Office belge pour l’Accroissement de la Productivité (OBAP). Cinq mois après mon retour des États-Unis, je rejoignis, le 10 février 1959, le cabinet du Vice-président du Conseil des Ministres4, le libéral Albert Lilar, en qualité d’attaché de cabinet. Le contrat me liant à la Fondation Industrie-Université, qui avait été récemment créée en remplacement de l’OBAP, fut suspendu de commun accord, le 28 février 1959. Gaston Deurinck, qui la présidait, avait estimé que je pouvais être utile dans cette fonction pour la nouvelle institution. Au départ, mes attributions au sein du cabinet furent liées à la réforme administrative ainsi qu’à la création et à l’animation d’un groupe de travail chargé de la formation et du perfectionnement des fonctionnaires dirigeants.

Placé sous la direction de Deurinck, ce groupe était composé des professeurs-directeurs des centres universitaires de perfectionnement. Bruxelles était dirigé par Émile Dassel, le Centre de Gand avait été créé par André Vlerick, celui de Louvain était dirigé par Michel Woitrin et l’Institut de Sociologie de Liège était placé sous la direction de René Clémens. S’y ajoutaient de hauts fonctionnaires issus de différents départements. J’en devins la modeste cheville ouvrière avant d’être associé aux affaires congolaises.

Compte tenu des événements intervenus à Léopoldville en janvier 1959, je m’intéressai à la situation de ce qui était encore à l’époque le Congo belge. Cet intérêt se concrétisa lors de la « Table ronde politique sur l’avenir du Congo » qui se tint en janvier-février 1960 à Bruxelles. Décidée à la fin de 1959, cette conférence devait être présidée par le ← 23 | 24 → Premier ministre Gaston Eyskens. Celui-ci, ne souhaitant pas en assumer la direction5, fit appel à son vice-président libéral. Le ministre Albert Lilar, avocat, expert en droit maritime international, n’était pas préparé à assumer cette tâche mais il en accepta la responsabilité malgré les difficultés de la situation au Congo. Au cours d’une réunion de cabinet, il expliqua à ses collaborateurs la nouvelle mission qui lui avait été confiée par le premier ministre, charge qu’il avait acceptée. Il scruta ensuite les visages de ses collaborateurs rassemblés autour de lui afin de trouver parmi ceux-ci celui qui l’accompagnerait dans l’exercice de cette nouvelle responsabilité. Nul ne broncha. Alexis Goldschmidt, chef de cabinet, demanda alors si, parmi les participants, il n’y avait pas un diplômé en sciences coloniales. Le problème fut rapidement réglé : j’étais le seul membre à posséder ce genre de parchemin. Le sort tomba ainsi sur le plus jeune des collaborateurs du cabinet qui, dès lors, devint « l’expert » en matière congolaise.

Ce fut le départ d’une carrière qui m’amena à participer à un certain nombre d’événements à Léopoldville et à Élisabethville jusqu’au moment du coup d’État du colonel Mobutu le 25 novembre 1965, où je fus expulsé pour incompatibilité d’humeur avec le nouveau dirigeant.

Le présent livre a donc pour objet d’apporter un témoignage sur les événements liés à la sécession du Katanga dans ce qu’ils ont eu de plus dramatique, avec le souhait de faire apparaître l’imbroglio résultant des décisions prises concomitamment aux quatre coins du globe6.

Sauf mention contraire, les documents cités dans les notes infrapaginales proviennent de papiers personnels. Le récit est étayé par des souvenirs ainsi que par différents documents inédits. Ces derniers sont complétés par des publications, comptes-rendus et procès-verbaux qui ont été déposés aux archives de l’Université de Liège, Département des Sciences historiques. ← 24 | 25 →

Séjours au Congo et au Katanga

Pages   Séjours et affectations
p. 83 1. Accès du Congo à l’Indépendance
Premier séjour à Léopoldville : du 27 juin au 2 juillet 1960
p. 92 2. Mission diplomatique belge à Léopoldville
Deuxième séjour à Léopoldville : du 10 juillet au 18 août 1960
  3. Mission Technique belge à Élisabethville et Bureau Conseil de l’État du Katanga.
p. 245   Premier séjour au Katanga : du 18 août au 6 septembre 1960.
p. 281   Deuxième séjour au Katanga : du 27 septembre 1960 au 29 janvier 1961
  4. État du Katanga.
p. 413   Troisième séjour au Katanga : du 26 juin 1961 au 29 juillet 1961
p. 425   Quatrième séjour au Katanga : du 6 septembre 1961 au 14 janvier 1962
p. 543   Cinquième séjour au Katanga : du 24 juin 1962 au 19 septembre 1962

Pendant toutes ces périodes, j’ai partagé mes activités entre Élisabethville et l’Institut de Sociologie de l’Université de Liège situé à l’époque au boulevard d’Avroy.


1 Voir à ce sujet : Jacques Brassinne de La Buissière, Georges-Henri Dumont, « Les autorités belges et la décolonisation du Congo belge », CRISP, Courrier hebdomadaire n° 2063-2064, 2012.

2 « Enquête parlementaire visant à déterminer les circonstances exactes de l’assassinat de Patrice Lumumba et l’implication éventuelle des responsables politiques belges dans celui-ci », Chambre des représentants, 16 novembre 2001, vol. I et II, Doc 50 0312/006.

3 Jacques Brassinne de La Buissière, « Enquête sur la mort de Lumumba », thèse de doctorat défendue à l’ULB, 1991, <www.brassinnedelabuissiere-lumumba.be>.

4 Titre devenu « vice-Premier ministre » dans les gouvernements ultérieurs. Albert Lilar était chargé de la suppléance du Premier ministre, de l’Administration générale et de la Réforme administrative.

5 Les deux ministres en charge des problèmes africains, Auguste De Schrijver et Raymond Scheyven, étaient tous deux PSC comme le premier ministre.

6 Voir également : J. Gérard-Libois, « Sécession au Katanga », Centre de Recherche et d’Information Socio-Politiques (CRISP) Bruxelles, Institut National d’Études Politiques (INEP) Léopoldville. Décembre 1963.

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Galerie des portraits

Résumé des informations

Pages
664
Année
2016
ISBN (ePUB)
9782807601147
ISBN (PDF)
9783035266139
ISBN (MOBI)
9782807601154
ISBN (Broché)
9782875743381
DOI
10.3726/978-3-0352-6613-9
Langue
français
Date de parution
2016 (Septembre)
Mots clés
Katanga Congo révolution Colonialisme belge Lubumba
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 664 p., 6 ill., 8 tabl., 16 cartes, 5 graph.

Notes biographiques

Jacques Brassinne de La Buissière (Auteur)

Jacques Brassinne de La Buissière, licencié en sciences politiques et diplomatiques, en sciences administratives et en sciences coloniales (1952) et docteur en sciences politiques (1991) de l’Université Libre de Bruxelles, fit partie de la Mission Technique Belge au Katanga en 1960, dirigée par Harold d’Aspremont Lynden, futur ministre des Affaires africaines. Il fit également partie du Bureau Conseil de l’État du Katanga (1960–1963), géré par le professeur René Clémens. Il fut, ultérieurement, chef de Cabinet des ministres Jean Gol et François-Xavier de Donnéa. Annobli en 1988, il termina sa carrière comme secrétaire général du Conseil régional wallon.

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Titre: La sécession du Katanga : témoignage
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