Loading...

Outras Margens / Autres Marges

A vitalidade dos espaços de língua portuguesa / La vitalité des espaces de langue portugaise

by Marie-Arlette Darbord (Volume editor)
©2017 Edited Collection 222 Pages

Summary

Cet ouvrage traite de « marges » à partir du point de vue de Laurent Mattiusi qui considère que « se situer en marge d’un lieu ne consiste pas à rompre avec lui sans retour, mais à prendre du recul pour voir sous l’angle de l’autre ». Les auteurs abordent ici la relation entre les pays de langue portugaise, relation définie par Édouard Glissant comme une éthique de l’altérité, comme la projection d’un renouveau. Sont examinées l’évolution de la langue, l’imaginaire littéraire ou artistique, l’histoire croisée de ces pays ou le métissage des cultures. Toutes ces façons d’aborder la question dévoilent une vitalité et une richesse incontestables. L’ouvrage permet de réfléchir à la multiplicité des échanges entre plusieurs continents, dessinant peut-être les traces d’une nouvelle mondialité enrichie par une éthique de la relation.
Esta obra fala de « margens » a partir do ponto de vista de Laurent Mattiusi que considera que « situar-se na margem dum lugar não consiste em afastar-se dele sem regresso, mas recuar para ver na perspectiva do outro ». Os autores abordam aqui a relação entre os países de língua portuguesa, relação definida por Édouard Glissant como uma ética da alteridade, como a projecção dum renascimento. São examinadas a evolução da língua, o imaginário literário ou artístico, a história cruzada desses países ou a mestiçagem das culturas. Todas estas formas de abordar a questão revelam uma vitalidade e uma riqueza incontestáveis. A obra permite de refletir na multiplicidade das permutas entre vários continentes, desenhando talvez as marcas duma nova mundialidade enriquecida por uma ética da relação.

Table Of Contents

  • Cobertura
  • Título
  • Copyright
  • Sobre o autor
  • Sobre o livro
  • Este eBook pode ser citado
  • Índice
  • Introduction (Catherine Dumas)
  • I. La langue portugaise et ses variantes / I. A língua portuguesa e as suas variantes
  • O português do Brasil na tradição gramatical portuguesa. A consciência metalinguística das diferenças entre as variedades de Portugal e do Brasil (Clarinda de Azevedo Maia)
  • La construction du portugais comme langue nationale du Brésil (Diana Luz Pessoa De Barros)
  • A Unidade na diversidade nos espaços de língua portuguesa. O caso de Moçambique (Sarita Monjane Henriksen)
  • II. Littératures de langue portugaise / II. Literaturas de língua portuguesa
  • Uma Terra de ninguém (com gente dentro). Que língua fala a poesia? (Ana Luísa Amaral)
  • Correspondência de Machado de Assis: um novo olhar (Sérgio Paulo Rouanet)
  • Dois memorialistas que se tocam: Joaquim Nabuco & Gilberto Freyre (Antonio Dimas)
  • Agualusa et Ondjaki : deux regards sur Luanda (Agripina Carriço Vieira)
  • III. Histoire et sociologie / III. História e sociologia
  • Raizes, diáspora, projeto e circulação (Miguel Vale De Almeida)
  • Uns e Outros: imaginário, identidade e alteridade na literatura moçambicana (Francisco Noa)
  • Sur les Marges de l’Empire : traces de la présence portugaise en Asie du Sud-est. Histoire, langue et métissage (Paulo Jorge De Sousa Pinto)
  • Le problème de la frontière dans trois ouvrages de Sérgio Buarque de Holanda : Monções, Caminhos e fronteiras et Capítulos de expansão paulista (Laura De Mello E Souza)
  • IV. Les arts / IV. A s artes
  • Itinerâncias urbanas e nomadismo dos artistas (Bárbara Freitag)
  • Les Fantômes de l’histoire dans le cinéma portugais contemporain (António Preto)
  • Cabo Verde: o sentido da arte hoje como projecto educativo, o desafio de uma escola de arte (Leão Lopes)
  • Conclusion: línguas, linguagens, deambulações, passagens (João Caraça)
  • Notas Biográficas/Notices biographiques
  • Résumés en portugais et en français
  • Obras publicadas na série

← 8 | 9 →

Introduction

En optant pour le titre Autres marges. La vitalité des espaces de langue portugaise, les organisateurs de ce livre ont pensé le concept de « marges » – remarquons le pluriel du terme – comme un dehors qui dérange le centre, le trouble. Sans cesse susceptible d’y être intégré, sans cesse il élargit ses réalités aux dimensions du monde et de l’humanité. À la base de cette unicité intégrante, émergent des diversités singulières qui obligent le centre à une éthique de l’altérité. Nous voilà donc dans le processus historique et politique que Laurent Mattiusi résume en ces termes : « Se situer en marge d’un lieu ne consiste pas à rompre avec lui sans retour, mais à prendre du recul pour le voir sous l’angle de l’autre »1.

C’est bien ce « recul » qu’ont pris les auteurs de ce volume en se positionnant en marge du récit officiel sur les espaces de langue portugaise, sur la conquête, la colonisation, la décolonisation qui promeut les états-nations, récit à l’origine de mythologies positives. Mais du recul également par rapport aux récits négatifs prônant la fin de l’Histoire. La « vitalité » repose sur trois notions principales : les échanges, la relation et l’énergie de l’avenir. Pluridisciplinaire, cet ouvrage livre des approches méthodologiques contrastées, s’intéressant au discours historique et sociologique, à la production langagière, ainsi qu’à la littérature et à la créativité artistique.

Accompagnant les circulations des voyageurs, les échanges sont présents dès l’origine de ces espaces, à partir de leur découverte et de leur colonisation par les Portugais. D’abord transatlantiques, les échanges concernent rapidement l’Océan Pacifique. Ce sont des flux où l’un et le divers entrent en tension, circulent dans des échanges productifs ou déséquilibrés. Un bon exemple des échanges productifs nous est donné par Sérgio Paulo Rouanet qui renouvelle le regard porté par les exégètes sur la correspondance de Machado de Assis. L’Académie Brésilienne de Lettres a réuni récemment en cinq volumes cette correspondance active ← 9 | 10 → et passive où l’écrivain brésilien, selon S. P. Rouanet, se refuse à traiter de questions politiques pour privilégier sa vie et son œuvre. Je retiendrai l’échange transatlantique, en 1878, de deux lettres avec Eça de Queirós. Traitant du modèle du réalisme impulsé par Émile Zola, cet échange ne se fait pas sans tensions. En effet, il repose sur des malentendus et/ou des sous-entendus qui nourrissent jusqu’à aujourd’hui la chronique des relations entre le Portugais et le Brésilien. L’édition de cette correspondance est, de par le sérieux de sa méthodologie, exemplaire pour la valorisation des échanges épistolaires.

Clarinda de Azevedo, en étudiant l’histoire de l’acceptation ou du refus, de la part des grammairiens portugais, de la norme linguistique brésilienne, met en tension le portugais dit européen et le portugais américain. Elle affirme que le portugais est une langue « pluricentrique » formée à partir de normes-cultes divergentes. Elle constate que le contact du portugais populaire parlé par les découvreurs et les explorateurs, avec les langues indigènes dès le XVe siècle, puis avec les langues africaines à partir de la traite des esclaves, est à l’origine de ce qui peut s’appeler aujourd’hui une norme. Elle cite Paul Teyssier à propos de ce qu’il nomme la « relusitanisation » du langage des Brésiliens avec l’arrivée, au XIXe siècle, de la Cour portugaise à Rio. C’est justement à cette époque-là que les textes grammaticaux prennent en compte au Portugal les variations de la langue à l’intérieur de l’Empire, d’abord d’un point de vue lexical, puis orthographique, car il a bien fallu créer un lexique pour nommer la nouvelle réalité géophysique et humaine. À partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les aspects phoniques de la variation brésilienne commencent à intéresser les grammairiens qui parlent en général d’infraction à la norme portugaise. Au XIXe siècle, les morphologistes accordent au portugais du Brésil le statut de dialecte. Mais les différences apportées à la langue portugaise par le Brésil sont mentionnées dès le début du XVIIIe siècle comme des « vices de prononciation » tenus pour un phénomène marginal. Les régionalismes à l’intérieur même du Brésil ne sont jamais pris en compte. C. de Azevedo en conclut que le portugais européen s’est toujours voulu « monocentrique ».

Francisco Noa examine la formation de la littérature mozambicaine à partir de la construction d’un imaginaire sur un axe Nord-Sud qui fait se croiser les références brésiliennes, européennes avec le substrat africain. Cette circulation des imaginaires ne se fait pas sans heurts ; mais elle produit une « zone de contact » – F. Noa adopte cette notion de Mary-Louise Pratt – dans la littérature. ← 10 | 11 →

Mais c’est avant tout dans le cadre de la poétique et de la philosophie de la Relation que F. Noa développe sa réflexion. Je dirai que c’est la Relation telle que la conçoit Édouard Glissant, avec la majuscule, qui est le fil rouge de ce livre sur les « autres marges ». La « pensée archipélique » (Poétique de la Relation, 1990) et la « poétique du divers » (Introduction à une poétique du Divers, 1996) qui la fondent permettent de concevoir l’espace qui nous occupe ici non plus comme Lusophonie, étiquette que les auteurs des Autres marges ont pour objectif commun de dépasser, mais comme marqué au sceau d’une éthique de l’altérité. La Lusophonie est trop connotée par l’usage qu’a fait la dictature de l’Estado Novo de ce terme auto-centrique. La « géographie torturée » (E. Glissant, Le sang rivé, 1983) des espaces de langue portugaise (la colonisation et ses exactions, les guerres pour l’indépendance et leur cruauté, les guerres civiles qui s’ensuivent), pensée par la Relation, projette un nouvel élan vers le monde, avec ses errances et ses dérives (E. Glissant, Philosophie de la Relation. Poésie en étendue, 2009). E. Glissant l’explique ainsi : « Or que ferons-nous, les uns et les autres – qui portons d’aussi contraires motivations ? Comment façonner nos contraires tremblements – sinon par la relation qui n’est pas tout court l’impact ni le contact, mais plus loin l’implication d’opacités sauves et intégrées » (L’intention poétique, 1997). Cette pensée inspire profondément les textes réunis dans Autres marges.

F. Noa, tout en plaçant la question identitaire au centre de sa réflexion, met en exergue l’éthique de l’altérité dont je parlais plus haut. Il affirme : « On est un en même temps qu’on est autre. On est le même en même temps qu’on est différent ». Il situe la littérature mozambicaine au sein de la complexité profonde des littératures africaines. Sa vision est diachronique et synchronique. Il remonte aux prémices d’une littérature nationale dans la dernière décennie de la colonisation, guidé en cela par Michel Laban et ses entretiens avec les principaux écrivains de l’époque (Moçambique Encontro com escritores). C’est une génération « kaléidoscopique », écrit F. Noa, pour qui priment la relation avec les autres arts et la diversité des influences. La génération Charrua des années 1980-1990 est, elle, plutôt influencée par les littératures d’Amérique Latine. Déjà dans les années 1960, c’est-à-dire pendant la colonisation, alors qu’ils publient en langue portugaise, des écrivains comme Craveirinha et Luís Bernardo Honwana ont recours aux langues locales telles que le ronga et le bantou, souvent par esprit de non-conformisme, de révolte, de dénonciation et de revendication, de « légitimation d’un territoire culturel et identitaire déterminé ». Pour F. Noa, alors que le bantou représente un contre-pouvoir, l’utilisation du ← 11 | 12 → ronga est un « geste de célébration de tout un univers symbolique ». On voit bien là une « poétique du divers » en action. Plus près de nous, des écrivains comme Paulina Chiziane dénoncent les hybridismes culturels postcoloniaux et, tout en écrivant en portugais, se tournent résolument vers un tellurisme africain. F. Noa parle également de la « géographie transnationale de l’imaginaire », concept développé par Devleen Ghosh et Stephem Mueska, et que je considère pour ma part comme un mode de dépassement possible de la « géographie torturée » de E. Glissant. Dans cette géographie, en effet, des écrivains mozambicains comme Mia Couto ou João Paulo Borges Coelho travaillent aujourd’hui la mer, espace repoussé par les générations précédentes car marqué par les stigmates de la colonisation. Ils voient la mer comme « un espace d’évasion ou un lieu d’affirmation/fragmentation identitaire sous le signe du cosmopolitisme et de la globalisation », écrit F. Noa.

L’éthique de l’altérité qui compose la Relation nous mène aux multiples métissages qui ont marqué les espaces de langue portugaise. Sarita Monjane, quant à elle, rejoint F. Noa dans sa vision d’un Mozambique marqué par la diversité au sein de son unité de nation. En linguiste, elle traite du métissage de la langue portugaise. Elle étudie une modalité du portugais, cette « langue qui est aussi la nôtre, enrichie et grandie par le contact entre les peuples, les cultures et les langues vernaculaires mozambicaines ». Il s’agit pour elle d’une langue « mixte », « qui se rénove », « en perpétuelle reconstruction ». Elle cite Mia Couto qui souhaite que les Mozambicains ne soient plus de simples usagers du portugais, mais des « coproducteurs de ce moyen d’expression ». Et en même temps, elle milite, dans la foulée de Philipson et Skutnable-Kongas, pour une « écologie du langage » qui respecte la diversité et soit tolérante avec le multilinguisme.

Details

Pages
222
Year
2017
ISBN (PDF)
9782807603608
ISBN (ePUB)
9782807603615
ISBN (MOBI)
9782807603622
ISBN (Softcover)
9782807602007
DOI
10.3726/b11135
Language
Portuguese
Publication date
2017 (June)
Keywords
países de língua portuguesa Portugal margens Brazil aspectos linguísticos, literários, artísticos ou sociológicos Sérgio Buarque de Holanda Moçambique
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2017. 217 p., 1 tabla, 2 il. blanco/negro

Biographical notes

Marie-Arlette Darbord (Volume editor)

Maria-Arlette Darbord est traductrice de contes pour la jeunesse du portugais en français. Sa recherche universitaire a porté sur Raul Brandão et sur Alexandre Herculano, auteurs portugais du 19ème siècle. Elle est directrice honoraire de la Bibliothèque Calouste Gulbenkian – délégation en France. Maria-Arlette Darbord é tradutora de contos infantis do português para o francês. A sua pesquisa universitária incidiu sobre Raul Brandão e Alexandre Herculano, autores portugueses do século 19. É directora aposentada da Biblioteca Calouste Gulbenkian – delegação em França.

Previous

Title: Outras Margens / Autres Marges