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Léo Hamon (1908-1993)

de Gilles Le Béguec (Éditeur de volume)
©2019 Collections 242 Pages
Série: Georges Pompidou – Études, Volume 10

Résumé

Avocat, résistant, professeur agrégé des Facultés de droit, dirigeant politique, sénateur (1946-1954) puis député (1968-1969)… Le parcours de Léo Hamon est l’un des plus riches du XXe siècle, et peut-être l’un des plus révélateurs de son époque.
Cet ouvrage, issu d’un colloque tenu en décembre 2013, organisé par l’Institut Georges Pompidou, le Centre d’histoire de Sciences Po et la Fondation Charles de Gaulle, revient sur les différentes facettes de son parcours : des premiers engagements à gauche à la rencontre avec le gaullisme en passant par le MRP, du Conseil municipal de Paris à la Libération aux fonctions de porte-parole du Gouvernement sous Jacques Chaban-Delmas (1969-1972), du juriste praticien et commentateur de la pratique institutionnelle au défenseur d’une certaine approche des relations internationales.
Se dessine ainsi le portrait multiple d’une figure singulière. Le caractère de Léo Hamon est marqué par la diversité de ses centres d’intérêt, la fidélité à ses engagements et à ses idées, son extrême rigueur intellectuelle, sa curiosité et son ouverture d’esprit. Les communications ici rassemblées sont autant de points d’entrée sur une personnalité méconnue et fascinante.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface (Jacques Godfrain)
  • Remerciements (Gilles Le Béguec)
  • Le temps des apprentissages (Gilles Le Béguec)
  • La Résistance (Diane De Bellescize)
  • Léo Hamon et le Conseil municipal de Paris (1944-1947) (Philippe Nivet)
  • Léo Hamon et le MRP (Michele Marchi)
  • Léo Hamon et les institutions de la IVe République (1944-1958) (Diane Le Béguec)
  • Léo Hamon et Pierre Mendès France : trop proches pour s’entendre ? (Frédéric Fogacci)
  • Léo Hamon et la famille gaulliste : un « acteur réfléchi » ? (Jérôme Pozzi)
  • Léo Hamon et les tentatives d’union des gaullistes de gauche dans les années 1970 (Bernard Lachaise)
  • Léo Hamon et François Mitterrand (Cédric Francille)
  • Léo Hamon et les relations Est-Ouest (Emilia Robin)
  • Léo Hamon dans les archives soviétiques (Galina Kaninskaya)
  • Léo Hamon et la décolonisation (Frédéric Turpin)
  • Léo Hamon et l’Europe (Christian Birebent)
  • Conclusions (Nicolas Roussellier)
  • Les archives de Léo Hamon (Dominique Parcollet)
  • Liste des auteurs
  • Titres de la collection

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Préface

Jacques GODFRAIN

Léo Hamon est arrivé à Toulouse un beau matin de 1962. Très jeune militant UNR, je participais au comité pour l’aider dans sa tâche de « parachuté » en vue des élections législatives, à la suite du référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel.

Rapidement, cet envoyé du Général rappela sa résistance dans la région, notamment le Gers. Puis nous passâmes en revue les visites à faire, les villages où aller. J’ai trouvé immédiatement un homme méthodique, peu souriant, mais à l’écoute de tous les avis qui lui tombaient dessus. Un détail important surgit : il s’agissait d’organiser le rendez-vous avec le rabbin de la ville. Ma première mission de jeune militant fut d’aller lui acheter un chapeau noir pour être dans les normes d’une telle visite.

La suite de la campagne fut hors du commun. Nous voilà dans les villages de la campagne toulousaine, vers Verfeil, par exemple, où nous sommes accueillis par quelques sympathiques sympathisants, ou simplement des curieux à la rencontre de ce Parisien dont on disait tant de bien des qualités de juriste. Les questions portaient surtout sur les adductions d’eau ou le goudronnage des chemins, mais Léo Hamon en revenait toujours aux articles de la Constitution.

Le résultat fut bon, mais insuffisant pour l’emporter. La gauche et un certain anti-gaullisme vichyste s’associèrent pour empêcher notre champion d’être élu. Toulouse était une cible difficile. Pourtant, le Général, en 1959, était venu saluer la Caravelle, et le déménagement de l’École supérieure d’aéronautique s’était fait au forceps au profit de cette ville.

Léo Hamon repartit à Paris, laissant le souvenir d’une occasion manquée pour la ville…

Il nous confia son adresse à Paris, rue de la Glacière, où, avec deux ou trois jeunes étudiants, nous nous rendîmes pour le saluer. Son accueil fut chaleureux, et nous appréciâmes son geste de reconnaissance. Il faut ← 9 | 10 → reconnaître qu’il nous apparut à cent coudées au-dessus du lot de politiciens qui peuplaient à Toulouse la SFIO ou le Parti radical, et même les rangs de la droite…

Il fallut entendre sur lui des paroles déplacées à la Faculté de Droit, en 1961, de la part d’un professeur de droit constitutionnel, pour que Léo Hamon et le gaullisme ne fassent plus qu’un dans mon esprit.

Jacques GODFRAIN
Ancien ministre
Président de la Fondation Charles de Gaulle

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Remerciements

Gilles LE BÉGUEC

Université Paris X-Nanterre

Ce volume reproduit la très grande majorité des textes correspondant aux communications présentées lors d’un colloque tenu, les 12 et 13 décembre 2013, au Centre d’histoire de Sciences Po alors dirigé par Jean-François Sirinelli : cette manifestation scientifique avait été organisée sous les auspices du Centre d’histoire et de son service des archives, de la Fondation Charles de Gaulle et de l’Association Georges Pompidou, aujourd’hui Institut Georges Pompidou.

Nos remerciements vont à Bernard Ésambert, président de l’Institut Georges Pompidou, à Jacques Godfrain, président de la Fondation Charles de Gaulle, et à Jean-François Sirinelli qui a bien voulu mettre la salle des conférences de la rue Jacob à la disposition des organisateurs du colloque. Nous remercions également les présidents de séances, Diane de Bellescize, Didier Maus et Maurice Vaïsse, et les différentes personnalités qui ont bien voulu apporter leur témoignage, en particulier madame Marie-Claude Hamon et les enfants de Léo Hamon qui avaient honoré le colloque de leur présence. Nous sommes particulièrement gré à Jacques Godfrain d’avoir fait en sorte que la Fondation Charles de Gaulle puisse apporter le soutien financier nécessaire à la publication des actes. Émilia Robin, directrice des études et de la recherche de l’Institut Georges Pompidou, a animé la petite équipe qui a assuré la préparation du colloque et procédé, avec beaucoup de compétence et de méthode, à la correction des manuscrits et à la mise en ordre de l’ensemble du texte. Qu’elle en soit chaleureusement remerciée.

Comme on pourra le constater à la lecture de l’ouvrage, ces deux journées d’étude ont été consacrées, de propos délibéré, au parcours plus proprement politique de Léo Hamon. Ce choix tient simplement au fait qu’un excellent colloque, récemment publié, avait traité peu de temps ← 11 | 12 → auparavant du juriste et du professeur des facultés de droit1. L’auteur de ces lignes est par ailleurs tout à fait conscient du caractère regrettable d’un certain nombre de lacunes dans l’examen d’une carrière marquée par une grande diversité des centres d’intérêt et des champs d’action. Il aurait été bienvenu, en particulier, de traiter de façon plus systématique du rôle joué au sein des assemblées parlementaires et d’évoquer le passage aux gouvernements présidés par Jacques Chaban-Delmas dans les années 1969-1972. Mais il n’est pas possible de parler de tout dans le cadre d’un colloque et ce type de manifestations a aussi pour objectif de donner une impulsion à la recherche et d’ouvrir des pistes de réflexion.

On ajoutera que le bon aboutissement des deux journées d’étude n’aurait pas été possible sans l’existence du très riche fonds d’archives Léo Hamon déposé au Centre d’histoire de Sciences Po. Ces papiers ont été aimablement mis à la disposition des organisateurs et des intervenants par Dominique Parcollet, responsable du service, avant même le classement de l’ensemble du fond. Tous ceux qui ont participé à la tenue du colloque et à l’édition du présent ouvrage lui sont reconnaissants de la qualité du concours apporté et des conseils judicieux dont elle leur a fait bénéficier.


1 Patrick Charlot (dir.), L’œuvre de Léo Hamon. Thèmes et figures, Paris, Dalloz, 2012, 316 p.

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Le temps des apprentissages

Gilles LE BÉGUEC

Université Paris X-Nanterre

La présente communication est consacrée aux années de formation intellectuelle et politique de celui qui n’est pas encore Léo Hamon. Elle couvre la période allant des expériences initiales, dans le milieu des étudiants inscrits à la Faculté de droit de l’Université de Paris principalement, jusqu’à l’entrée de la France en guerre et aux ruptures qu’elle a entraînées. Il convient toutefois de préciser qu’en ce qui concerne la formation intellectuelle stricto sensu l’essentiel est acquis dès le milieu des années 19301.

En d’autres termes, l’objectif consiste ici à procéder à une sorte d’inventaire des lieux d’apprentissage qui ont été en même temps des lieux de sociabilité propices à la constitution de réseaux d’affinités et d’amitiés dont beaucoup ont perduré bien après le conflit de 1939-1945 et la descente dans l’arène électorale. On fera état à ce propos d’un regret : il aurait sans doute fallu en effet insister davantage sur les influences exercées au sein du milieu familial et sur le rôle d’un certain nombre de personnalités appartenant ou ayant appartenu au cercle des relations d’un père devenu physiquement lointain. Bornons-nous à constater que trois grands aînés venant du dit cercle ont veillé, à des titres divers, sur les premiers pas du jeune Léo Goldenberg. Il s’agit de l’omniprésent Charles Rappoport, dirigeant du parti communiste durant la période 1920-1922 et resté membre de l’organisation jusqu’en 19382 ; de l’avocat, journaliste ← 13 | 14 → et militant politique Jacques Sadoul, introduit dans toute sorte de milieux3 ; d’un personnage beaucoup moins connu du nom d’Alexandre Grouber, avocat au barreau de Paris, qui a fait appel à l’étudiant en droit pour travailler un temps au sein de son cabinet. Un certain nombre d’indices invitent d’ailleurs à penser que l’aîné et le cadet sont demeurés en contact après la Seconde Guerre mondiale4.

Comme dans le cas de beaucoup de gens attirés par la politique, le processus de formation, que l’on peut qualifier de classique, s’est déroulé autour de deux pôles privilégiés : la Faculté de droit et le « Palais », c’est-à-dire le barreau de Paris. Étant entendu qu’il existait, déjà de longue date, un véritable phénomène d’osmose entre les deux institutions et les deux mondes.

Du côté de la rue Soufflot

Léo Hamon a été un véritable étudiant modèle, empruntant, alors une pratique assez répandue dans ces années-là, deux cursus universitaires parallèles, celui du droit et celui des lettres, et procédant par ailleurs à de vastes lectures personnelles. Étudiant assidu et précoce, il a ainsi obtenu sa licence en droit en 1927 et il a soutenu une thèse de doctorat, toujours ← 14 | 15 → en droit, en 1932, avec en prime le titre de lauréat de la Faculté. Si l’on se place d’un point de vue plus proprement politique, trois points doivent être mis en valeur, même si leur importance respective reste difficile à préciser.

Léo Hamon s’est impliqué très tôt dans la vie du Quartier latin, donnant son adhésion, au plus tard en 1926, à la section de droit de l’Association générale des étudiants de Paris, membre de l’UNEF, qui n’était pas encore passée sous le contrôle des étudiants proches de l’Action française.

Dans le même temps, il a noué des liens de camaraderie avec d’autres jeunes juristes pleins d’avenir, Edgar Faure – avec lequel il a alors existé une authentique familiarité, sans doute Pierre-Henri Teitgen, et surtout Charles Eisenmann, de cinq ans son aîné5. C’est par l’intermédiaire de Charles Eisenmann qu’il est entré en contact, en 1928, avec René Capitant et Philippe Serre, l’un et l’autre très engagés dans les réseaux de la jeunesse politique, le premier au Cercle Charles Péguy, proche du Parti républicain syndicaliste de Georges Valois, le second à la Ligue de la Jeune république animée par Marc Sangnier.

Un léger doute subsiste en revanche sur un dernier point. Les lettres adressées par le jeune homme à sa famille montrent qu’il a bénéficié de conseils amicaux, dès 1926, semble-t-il, du professeur Achille Mestre, l’une des personnalités parmi les plus chaleureuses du corps enseignant de la Faculté de droit. Or on sait que l’éminent juriste avait pour habitude de réunir autour de lui des étudiants, et d’anciens étudiants, séduits par ses idées sur la nécessaire transformation de l’État et le réaménagement des relations entretenues par cet État et les forces sociales, les noms les plus souvent mentionnés étant ceux de René Capitant, de Georges Izard, de Léo Lagrange, de Philippe Lamour, de Pierre-Olivier Lapie, d’André Philip et de Philippe Serre. Mais les quelques témoignages dont on dispose portent davantage sur la première moitié et le milieu des années 1920 ← 15 | 16 → que sur la période suivante6. Le « groupe Mestre » comme certains l’ont appelé était-il toujours actif au cours des années dans lesquelles Léo Hamon, moins âgé que la plupart des jeunes gens cités un peu plus haut, aurait été en mesure de le fréquenter ? La rareté des sources qui ont pu être consultées interdit de trancher. Mais on peut quand même rappeler que Léo Hamon éprouvait de vifs sentiments d’admiration pour Achille Mestre et qu’il était lié à plusieurs membres du groupe. En d’autres termes, il aurait figuré parmi les cadets du petit cénacle.

Résumé des informations

Pages
242
Année
2019
ISBN (PDF)
9782807609495
ISBN (ePUB)
9782807609501
ISBN (MOBI)
9782807609518
ISBN (Broché)
9782807609488
DOI
10.3726/b14691
Langue
français
Date de parution
2018 (Novembre)
Mots clés
Hamon France Pompidou
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, New York, Oxford, Warsawa, Wien, 242 p.

Notes biographiques

Gilles Le Béguec (Éditeur de volume)

Gilles Le Béguec a enseigné l’histoire contemporaine à l’Université Paris X-Nanterre. Il a dirigé les Conseils scientifiques de l’Institut Georges Pompidou et de la Fondation Charles de Gaulle. Emilia Robin est agrégée et docteur en histoire contemporaine. Elle a été directrice des Études et de la recherche à l’Institut Georges Pompidou. Nicolas Roussellier est historien, maître de conférences à Sciences Po. Il est l’auteur de La force de gouverner : le pouvoir exécutif en France (XIXe – XXIe siècles), (2015).

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