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Temps, temporalités et intervention en EPS et en sport

de Benoît Lenzen (Éditeur de volume) Daniel Deriaz (Éditeur de volume) Bernard Poussin (Éditeur de volume) Hervé Dénervaud (Éditeur de volume) Adrián Cordoba (Éditeur de volume)
©2016 Comptes-rendus de conférences 304 Pages

Résumé

La thématique du temps constitue le fil rouge de cet ouvrage collectif international. Les contributions qui le composent renouvellent les questionnements qui ont forgé l’identité du champ de la recherche sur l’intervention en éducation physique et sportive ou à la santé (EPS) et en sport. Représentatif des différents courants et champs d’application de ce domaine de recherche en pleine expansion, cet ouvrage met en relation le temps et l’intervention selon trois axes thématiques. Le premier concerne l’évolution des pratiques et des demandes sociales et ses implications sur les modalités d’intervention des praticiens en milieux scolaire et sportif et sur le travail des chercheurs. Le deuxième axe porte sur les temporalités inhérentes à l’avancée des savoirs en situation d’intervention et la construction des savoirs en formation. Enfin, le troisième axe thématique interroge la conception classique selon laquelle l’intervention, en tant qu’acte professionnel, est précédée d’une phase de planification visant à en contrôler l’incertitude au maximum, et se prolonge par une phase de réflexion destinée à l’améliorer à l’avenir.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos des directeurs de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table de matières
  • Introduction
  • 1. L’évolution des pratiques et des demandes sociales
  • Approche techno-didactique de l’influence des pratiques sociales sur l’intervention éducative en EPS et en sport
  • L’intégration écologique comme orientation de valeur dans la décision sur les programmes scolaires
  • Règle sportive et transmission des techniques corporelles. Evolutions des pratiques et questions de temporalités
  • Pour une gestion éducative du groupe-classe en éducation physique et à la santé
  • Inventaire des comportements sociaux des enfants ayant un TDAH en contexte scolaire : une comparaison entre l’EPS, la classe et la récréation
  • 2. L’avancée des savoirs en situation d’intervention et la construction des savoirs en formation
  • Temporalités et évolution du milieu pour enseigner et apprendre : questions actuelles pour la didactique
  • Les effets formatifs d’un dispositif multimodal sur la construction du Savoir enseigner : étude de cas avec des étudiants de Licence
  • Formes d’appropriation des savoirs et remaniements identitaires dans le processus de professionnalisation : le cas des étudiants préparant le diplôme d’état en danse
  • Supports de représentation et usages de tablettes numériques en rugby scolaire
  • Le discours d’avant-match des entraîneurs de rugby : des temps d’intervention enchâssés
  • 3. Pré-action, action, post-action : les trois temps de l’intervention et leurs interrelations
  • L’historicité des transformations de l’activité des pratiquants en éducation physique et en sport
  • Approche sociologique, didactique et sémiotique des savoirs enseignés en EPS en milieu difficile : une tentative de dépassement des frontières disciplinaires
  • Des analyses plurielles du rapport au temps chez des étudiants stagiaires en EPS
  • Protocole destiné à mesurer la charge d’entraînement : perceptions quant à son utilité pour assurer un encadrement de qualité

BENOÎT LENZEN, DANIEL DERIAZ, BERNARD POUSSIN, HERVÉ DÉNERVAUD & ADRIÁN CORDOBA

DEEP.Ge, Université de Genève, Suisse

Introduction

La thématique du temps constitue le fil rouge de cet ouvrage collectif, composé d’une sélection de contributions à la 8ème biennale de l’Association pour la recherche sur l’intervention en sport (ARIS) qui s’est tenue à Genève du 2 au 4 juillet 2014. Elle fait écho au rôle pionnier des orfèvres et joailliers genevois dans l’essor de l’industrie horlogère suisse. Au milieu du XVIe siècle, ceux-ci furent en effet contraints de se tourner vers l’art de l’horlogerie, le port d’objets ornementaux ayant été banni par le réformateur Jean Calvin. Ainsi, c’est à Genève, en 1601, que la première corporation d’horlogers du monde vit le jour sous la dénomination de « Maîtrise des horlogers de Genève »1. Mais au-delà du regard en arrière, ce choix thématique vise à renouveler les questionnements qui, depuis une vingtaine d’années, ont forgé l’identité du champ de la recherche sur l’intervention en éducation physique et sportive ou à la santé (EPS) et en sport. La mise en relation du temps et de l’intervention est envisagée selon trois axes thématiques, qui constituent les trois parties de cet ouvrage. Chacune fait place à plusieurs approches théoriques et champs d’application.

1.    L’évolution des pratiques et des demandes sociales

Les pratiques sociales évoluent au fil du temps, au gré de changements réglementaires, d’innovations techniques, d’évolutions matérielles, etc. De nouvelles pratiques émergent dans divers secteurs de la société, tandis que ← 7 | 8 → d’autres disparaissent ou se transforment. En quoi cette évolution a-t-elle des implications sur les modalités d’intervention des praticiens dans les différents champs couverts par la recherche sur l’intervention en sport (l’école, le club sportif, les loisirs actifs, la rééducation, la psychomotricité, etc.) ? Comment le curriculum s’adapte-il à cette évolution ? Quel rôle les formateurs peuvent-ils jouer à cet égard ?

Dans le contexte d’une société de l’information ou de la connaissance en évolution permanente, de nouvelles demandes sociales sont adressées aux praticiens, aux chercheurs, aux décideurs. Lesquelles sont plus spécifiquement adressées aux acteurs des différents champs de l’intervention en sport ? Comment s’y prennent ces acteurs pour y répondre ? Quels nouveaux besoins ces demandes sociales font-elles émerger en termes de formation et de recherche ? Quels nouveaux outils ou concepts créent les chercheurs en réponse à ces nouvelles demandes ?

Cinq contributions abordent prioritairement ces questions vives, en appui sur des cadrages théoriques différents voire combinés (approches technologique, didactique, anthropologique, etc.) et dans des contextes contrastés (enseignement de l’EPS, enseignement en classe, sport de haut niveau). Les deux premières exposent un point de vue à partir d’une analyse fouillée de la littérature, tandis que les trois suivantes rendent compte des travaux de recherche récents de leurs auteurs.

Daniel Bouthier, de l’Université de Bordeaux (France), développe une approche autour de deux composantes : une modélisation technologique et une transposition didactique des pratiques physiques sportives et artistiques. Dans sa contribution, il aborde la progression plus ou moins continue que subissent les aspects cognitifs, matériels et corporels des actions sportives dans une temporalité longue. Il invite également à reconsidérer, selon une temporalité intermédiaire, les objets et les modalités de formation à travers la notion de « progression en spirale » proposée par Deleplace. Enfin, il montre que les différentes facettes de l’action sportive donnent lieu, dans une temporalité plus courte, à l’appropriation de techniques, selon les processus d’instrumentation et d’instrumentalisation proposés par Rabardel.

Denis Pasco, de l’Université Européenne de Bretagne (France), clarifie l’orientation de valeur de l’intégration écologique – la plus difficile à appréhender par les enseignants d’EPS – dans la décision sur les programmes scolaires. Il identifie son ancrage théorique et ses caractéristiques spécifiques, la distingue des autres orientations de valeur décrites dans la littérature (maîtrise de la discipline, auto-actualisation, responsabilisation ← 8 | 9 → sociale et intégration écologique), avant de dégager les caractéristiques d’un environnement d’enseignement et d’apprentissage selon cette approche.

Antoine Thépaut, Yvon Léziart et Maël Le Paven, respectivement de l’Université de Lille, Rennes 2 et Franche-Comté (France), présentent dans leur contribution une étude des modalités de transmission-appropriation de la règle sportive fondée sur une approche anthropologique du didactique. Ils cherchent à modéliser le travail de l’instance enseignante dans un jeu de tensions permanentes entre les nécessités de l’avancée du temps didactique et celles du temps d’apprentissage. Deux contextes différents sont investigués, celui de l’enseignement scolaire à l’école élémentaire d’une part, celui de l’entraînement athlétique de haut niveau d’autre part.

La contribution de Sacha Stoloff, de l’Université du Québec à Trois-Rivières (Canada), s’inscrit dans le contexte du changement des pratiques enseignantes suite à la réforme de 2001 au Québec. L’auteure dresse un portrait des pratiques actuelles en gestion de classe afin de cerner l’adhésion des enseignants aux nouvelles orientations et l’adéquation des pratiques.

Enfin, Claudia Verret, Line Massé et Raphaël Hart, respectivement de l’Université du Québec à Montréal et à Trois-Rivières (Canada) s’intéressent à une population relativement inédite dans le champ de la recherche sur l’intervention en EPS et en sport, en l’occurrence les enfants souffrant d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Leur étude vise à dresser l’inventaire des comportements prosociaux et inappropriés d’élèves ayant un TDAH lors d’une journée scolaire et à comparer ces comportements entre les cours d’EPS, la classe et la récréation.

2.    L’avancée des savoirs en situation d’intervention et la construction des savoirs en formation

L’apprentissage est un processus évolutif, au cours duquel l’apprenant ou le formé s’approprie progressivement le savoir, déconstruit, reconstruit et enrichit ses connaissances, développe et raffine ses compétences. Le paradigme transmissif, selon lequel l’intervenant ou le formateur remplit avec les savoirs qu’il possède la « tête vide » de l’apprenant ou du formé qui lui, ne les possède pas, est insuffisant pour rendre compte de ce phénomène complexe. Selon quelles temporalités se déroule le processus d’appren ← 9 | 10 → tissage en éducation physique et en sport ? A quels obstacles se heurte l’apprenant ou le formé dans son lent cheminement vers des connaissances plus étendues, des compétences mieux maîtrisées ? Quelles conditions sont nécessaires au dépassement de ces obstacles ? Quels gestes, quelles techniques, quels dispositifs utilise l’intervenant ou le formateur pour ralentir, accélérer, stabiliser l’avancée des savoirs ? De quels outils et concepts se dote le chercheur pour saisir cette dimension temporelle inhérente à toute situation d’intervention ou de formation ?

Ces questions, particulièrement cruciales pour les intervenants en EPS et en sport et leurs formateurs, sont traitées dans quatre contributions. Le monde de l’enseignement (de l’EPS et d’autres disciplines) y est majoritairement représenté. A l’exception de la première contribution, les textes constituant cette deuxième partie de l’ouvrage relatent les recherches empiriques menées récemment par leurs auteurs.

La question de l’articulation entre temporalité et milieu est au cœur de la contribution de Francia Leutenegger, de l’université de Genève (Suisse). Depuis un point de vue comparatiste en didactique, l’auteure montre comment cette question est abordée dans différentes disciplines et en rapport avec ce qui relève des postures de chercheur, de formateur, d’enseignant ou d’apprenant (élève/formé).

L’étude de Lionel Roche et Nathalie Gal-Petitfaux, de l’Université Clermont Auvergne (France), s’attache à rendre compte de l’appropriation d’un dispositif collectif de vidéo-formation par des étudiants dont l’objectif est d’apprendre à enseigner l’EPS. Cette étude, basée sur une approche qualitative, est menée dans le cadre du Cours d’action (Theureau) en anthropologie cognitive, en référence à l’hypothèse de l’action située (Suchman) et de la cognition située (Hutchins).

Thérèse Perez-Roux, de l’université Paul Valéry de Montpellier (France), s’intéresse à une population singulière, en l’occurrence des étudiantes de spécialité danse jazz durant leurs deux années de formation à visée de professionnalisation. La formation préparant au diplôme d’état en danse interroge en effet fortement l’acte d’enseignement. Elle provoque un certain nombre de transformations pour les étudiants en termes de rapport à la danse, au corps, à soi et aux autres, renvoyant à de puissants enjeux identitaires.

Enfin, la recherche présentée par Didier Barthès, de l’ESPE d’Aquitaine (France), vise à analyser l’effet des supports de représentation dans la prise de décision en rugby, dans un contexte d’apprentissage scolaire de ← 10 | 11 → niveau débutant. Le suivi de cycles de rugby scolaire utilisant des situations d’apprentissage instrumenté avec tablettes numériques permet d’analyser les usages en situation d’enseignement-apprentissage croisant l’exploitation du feedback imagé et les situations de co-apprentissage. Les questions de recherche se centrent sur l’évolution des processus cognitifs et perceptifs mobilisés par les enseignants et les joueurs dans les activités de représentation des situations.

3.    Pré-action, action, post-action : les trois temps de l’intervention et leurs interrelations

Il est devenu classique de considérer que l’intervention, en tant qu’acte professionnel, est précédée d’une phase de planification visant à en contrôler l’incertitude au maximum, et se prolonge par une phase de réflexion destinée à l’améliorer à l’avenir. Mais ce qui se joue dans l’interaction en classe, au club sportif ou dans tout autre champ de l’intervention en sport va bien au-delà du mûrement réfléchi, du soigneusement préparé, du méticuleusement planifié. Selon quels mécanismes la planification, l’intervention et la pratique réflexive se co-déterminent-elles ? A quelles conditions le chercheur peut-il accéder à ces trois moments et à leurs interrelations ? D’autres modélisations sont-elles plus pertinentes pour rendre compte de ce qui se joue dans la pratique professionnelle ou en devenir des intervenants en éducation physique et en sport ? Comment l’intervention se déroule-t-elle réellement, entre routines et improvisations ?

Cinq contributions alimentent la troisième et dernière partie de cet ouvrage. La volonté de transcender les frontières disciplinaires afin de mieux comprendre les dimensions temporelles de l’intervention en EPS et en sport, déjà bien visible dans les deux premières parties de l’ouvrage, est ici manifeste. Certains auteurs, réunis au sein de symposiums lors de la biennale genevoise de l’ARIS, ont en effet réussi la gageure de croiser leurs regards sur un même corpus et de rendre compte de cette analyse croisée dans une contribution unique. Le lecteur se voit par conséquent offrir deux opportunités d’élargir son horizon théorique autour de la question des trois temps de l’intervention et leurs interrelations, dans la lecture de ← 11 | 12 → ces contributions (la troisième et la quatrième) d’une part, dans la mise en perspective de l’ensemble des textes d’autre part.

Le présupposé sur lequel se fonde la contribution de Jacques Saury, de l’Université de Nantes (France), est que toute activité humaine (i) « contient » du temps, et (ii) « est contenue » dans le temps. Partant de ce présupposé, cette contribution vise deux objectifs. Le premier est d’apporter des éléments de réponse à un ensemble de questions théoriques et méthodologiques ouvertes par l’étude empirique de l’activité en tant que processus dynamique. L’auteur s’appuie pour ce faire sur les objets théoriques, catégories descriptives et méthodes associées au programme du cours d’action (Theureau). Le second objectif est de synthétiser quelques acquis de recherches empiriques conduites dans ce programme.

Résumé des informations

Pages
304
Année
2016
ISBN (ePUB)
9783034322935
ISBN (PDF)
9783035203486
ISBN (MOBI)
9783034322942
ISBN (Broché)
9783034316576
DOI
10.3726/978-3-0352-0348-6
Langue
français
Date de parution
2016 (Août)
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 303 p.

Notes biographiques

Benoît Lenzen (Éditeur de volume) Daniel Deriaz (Éditeur de volume) Bernard Poussin (Éditeur de volume) Hervé Dénervaud (Éditeur de volume) Adrián Cordoba (Éditeur de volume)

Les éditeurs sont enseignants à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et/ou à l’Institut universitaire de formation des enseignants de l’Université de Genève. Ils mènent leurs travaux de recherche au sein de l’équipe de Didactique et épistémologie de l’éducation physique à Genève (DEEP.Ge) et/ou du Groupe de recherche en didactique comparée (GREDIC).

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Titre: Temps, temporalités et intervention en EPS et en sport
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