Chargement...

Langage et dynamiques du sens

Études de linguistique ibéro-romane

de Sophie Azzopardi (Éditeur de volume) Sophie Sarrazin (Éditeur de volume)
©2015 Comptes-rendus de conférences XIV, 228 Pages

Résumé

Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans la production de sens ? Quelles dynamiques entrent en jeu dans les phénomènes d’évolution sémantique ? De quelle façon interviennent les divergences de sens entre éléments génétiquement apparentés de deux langues du domaine ibéro-roman ? Faisant suite au Colloque International de Linguistique Ibéro-romane de Montpellier (mai 2013), cet ouvrage entend apporter des réponses à ces questions au cœur de la recherche linguistique de ces dernières décennies en rassemblant des contributions qui interrogent des phénomènes linguistiques des deux principales langues du domaine ibéro-roman, l’espagnol et le portugais, à partir de cadres théoriques diversifiés tels que la sémantique formelle, la pragmatique, l’approche variationniste ou encore la linguistique de corpus. Les auteurs abordent les relations entre structurations mentales et structurations sémantiques, analysent les mécanismes de construction du sens au sein d’interactions langagières ou en lien avec l’environnement discursif mais aussi des phénomènes de variations discursives, phonétiques et graphiques. Tous mettent en évidence un des aspects des dynamiques du sens au cœur du langage afin de les saisir dans leur perpétuel mouvement.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos du directeur de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Présentation
  • Première partie: Structures conceptuelles, discours et langage
  • Análisis composicional del adverbio siempre
  • De la direccionalidad a la negación: evolución semántica de los verbos desviar y evitar
  • Construcción dinámica del sentido, especificación y semántica preposicional: Estudio diferencial de las secuencias en la mesa / sobre la mesa
  • Retour sur la préposition espagnole por et ses homologues de plusieurs langues romanes
  • ¿No hay la menor duda?
  • Deuxième partie: Le sens en co(n)texte
  • Mecanismos de ligação retórica no discurso e nas frases complexas com subordinação adverbial: semelhanças e diferenças
  • Referenciaçãe ensino: leitura de textos midiáticos
  • Las funciones del uso parentético del verbo cognitivo creer
  • Los marcadores assim mesmo (mesmo assim) / asimismo en portugués y en español
  • Algumas propriedades temporais das sequências de retoma em textos de polémica
  • Troisième partie: Variation des formes, variation du sens
  • Souvent proverbe varie…ou les notions de variation et de variante en parémiologie
  • La variation linguistique parmi des expressions idiomatiques synonymes en portugais brésilien
  • La representación de las sibilantes dentoalveolares en el castellano norteño: cambio fonético y variación gráfica
  • Le Cancionero numérique de Brian Dutton, Dorothy Severin et Fiona Maguire ; vers une analyse linguistique des sonnets du Marquis de Santillane
  • Notices biographiques
  • Abstracts

← iv | v → PRÉSENTATION

SOPHIE AZZOPARDI
Université Paris-Diderot, CLILLAC-ARP
SOPHIE SARRAZIN
« Praxiling », Université Paul-Valéry de Montpellier-CNRS

L’approche dynamique du sens a pris ces dernières décennies une ampleur considérable en proposant des réponses à une question cruciale de la recherche linguistique : celle de la variabilité sémantique. Cette variabilité s’observe à plusieurs niveaux : en synchronie avec la polysémie ; en diachronie avec les phénomènes d’évolution sémantique ; en linguistique contrastive avec les divergences de sens entre éléments génétiquement apparentés.

Les linguistiques cognitives, la linguistique variationniste ou la linguistique interactionnelle, avec des ouvrages fondateurs comme ceux de Langacker (1987), Fauconnier (1997), Benveniste (1966), Ducrot (1998) ou Culioli (1999), ainsi que les modèles morphodynamiques inspirés par R. Thom, ont envisagé la question du sens à partir de mécanismes relationnels, qui imposent de regarder le sens non comme un donné mais comme un construit ou tout du moins un produit complexe. Ces approches mettent en avant l’importance de la prise en compte des liens entre la partie et le tout dans le calcul du sens (l’unité linguistique et l’énoncé, l’énoncé et le type discursif, l’énoncé et le contexte de production, le linguistique et le cognitif), conçoivent l’énonciataire comme co-constructeur du sens et font de la variation une dimension inhérente au langage. Quoique distinctes par leurs objets d’études, leurs méthodologies et leurs modélisations, elles n’en restent pas moins profondément liées par une même conception dynamique et processuelle du langage et du sens.

Le présent ouvrage rassemble des contributions interrogeant des phénomènes linguistiques des deux principales langues du domaine ibéro-roman : l’espagnol et le portugais. Il entend aborder la question du dynamisme du langage et de la construction du sens de façon plurielle de sorte à mettre en lumière non seulement les différents types de mécanismes à l’oeuvre dans la production de sens, mais aussi la diversité ← v | vi → des cadres théoriques qui les étudient (sémantique formelle, pragmatique, approche variationniste, linguistique de corpus).

Cet ouvrage est divisé en trois parties. La première, intitulée Structures conceptuelles, discours et langage, regroupe des contributions qui s’attachent à l’étude des relations entre structurations mentales et structurations sémantiques. Elles visent à analyser les propriétés sémantiques et discursives du langage pour rendre compte de l’intégration conceptuelle et de la possibilité de capter de manière non-dérivationnelle des relations entre les constructions.

L’article inaugural d’IGNACIO BOSQUE (« Análisis composicional del adverbio siempre ») s’intéresse à la variabilité sémantique de l’adverbe espagnol siempre. S’interrogeant sur les analogies possibles entre, d’une part, la mise en évidence, en synchronie, d’un trait commun à différents fonctionnements d’une même unité linguistique et, d’autre part, les notions de rétention sémantique ou de persistance. telles qu’elles ont été mises en évidence par certains théoriciens de la grammaticalisation, il montre que chacune des huit valeurs relevées se construit à partir d’un trait commun à siempre, la quantification universelle, et que la diversité des interprétations procède de la variable quantifiée. La polysémie est donc lue comme le résultat d’une dynamique dans laquelle interagissent un invariant, la structure compositionnelle de base, et les variables associées.

La contribution d’ELISABETH GIBERT SOTELO (« De la direccionalidad a la negación: evolución semántica de los verbos desviar y evitar ») aborde également la question de la variabilité sémantique dans son rapport à la structuration sémique de base, en analysant la dynamique des structures compositionnelles en diachronie. L’auteur s’intéresse en effet à l’évolution sémantique des verbes desviar et evitar qui partagent deux caractéristiques : ce sont des verbes de mouvement directionnel (VMD) et ils ont développé, à un moment de leur histoire, une acception comportant une négation implicite (« faire qu’un événement ne se produise pas »). Elisabeth Gibert Sotelo montre la façon dont l’élément sémique de distanciation d’une trajectoire antérieure, commun aux structures des deux verbes, a subi un processus d’abstraction qui l’a conduit à exprimer la négation d’un événement. L’auteur met ainsi en évidence une dynamique conceptuelle à l’origine d’une extension sémantique en diachronie.

PATRICIA C. HERNÁNDEZ (« Construcción dinámica del sentido, especificación y semántica preposicional: estudio diferencial de las secuencias ← vi | vii → en la mesa / sobre la mesa ») étudie le contraste sémantique entre les séquences en la mesa et sobre la mesa, c’est-à-dire aux cas dans lesquels les prépositions en et sobre sont liées à des contextes de superposition qui autorisent leur alternance. L’analyse détaillée d’un sous-corpus de CREA lui permet de mettre en évidence les différences pragmatico-sémantiques entre les deux séquences : sobre la mesa construit une représentation dans laquelle la focalisation porte sur la surface du porteur (la table) alors que la séquence en la mesa sous-spécifie la mise en scène et construit une relation dans laquelle les deux entités en contact sont appréhendées globalement, par inférence situationnelle. Elle montre que cette différence quant au degré de spécification du référent de mesa (matérialité vs abstraction) résulte d’une dynamique interactionnelle entre, d’une part la fonction sémantique propre à chacune des deux prépositions (support avec sobre, localisation a-descriptive avec en) et, d’autre part, les différents degrés de conceptualisation de mesa (focalisation partielle vs focalisation globale).

L’article de MICHEL CAMPRUBI (« Retour sur la préposition espagnole por et ses homologues de plusieurs langues romanes ») traite également une question de sémantique prépositionnelle : l’apparente capacité de la préposition por en espagnol à exprimer les deux notions antagoniques que sont la cause et la finalité. L’auteur indique que la contradiction peut être résolue en reconnaissant à por, ainsi qu’à la préposition per de nombreuses langues romanes, un signifié subsumant les notions de cause et de finalité. Analysant le signifié fondamental de por comme la représentation d’un mouvement de type « traversée-parcours » qui par un processus d’abstraction est conduit à construire la conceptualisation d’une « médiatisation », Michel Camprubi montre que les différentes valeurs discursives de la préposition sont le produit d’une dynamique entre le signifié (unique) de la préposition et le co(n)texte.

FRANCISCA SOL PUIG (« ¿No hay la menor duda? ») analyse le fonctionnement d’une structure de l’espagnol souvent condamnée ou passée sous silence par les grammaires, celle qui unit haber impersonnel à un syntagme nominal complément introduit par un article défini. Elle montre que cette association correspond à une conceptualisation par laquelle est déclarée l’existence d’une entité unique, exclusive. Là encore l’analyse met en évidence la dynamique à l’œuvre dans l’édification du sens.

La seconde partie, Le sens en co(n)texte, est consacrée à l’analyse de la construction du sens de deux façons : alors que les deux premières contributions s’intéressent aux mécanismes de co-construction du sens et ← vii | viii → aux interactions langagières, les trois suivantes envisagent les dynamiques d’élaboration du sens dans son environnement discursif.

PURIFICAÇÃO SILVANO (« Mecanismos de ligação retórica no discurso e nas frases complexas com subordinação adverbial: semelhanças e diferenças ») examine les « relations rhétoriques » entre propositions en comparant les processus interprétatifs qui se mettent en place d’une part dans le décodage des phrases simples, et d’autre part dans celui des phrases complexes avec subordination adverbiale (subordonnées circonstancielles). Elle montre que si deux phrases simples et une phrase complexe avec subordonnée peuvent établir des relations rhétoriques et temporelles similaires, les processus cognitifs à l’origine de la mise en relation entre deux propositions se réalisent selon des schèmes différents : dans le cas des subordonnées causales, concessives, conditionnelles et finales, la mise en relation s’effectue à partir de la subordonnée vers la principale. Dans le cas de la subordination temporelle, parce que la localisation se fait à partir de la principale, la mise en relation entre les deux propositions suit un cheminement inverse, de la principale vers la subordonnée.

LEONOR WERNECK DOS SANTOS (« Referenciação e ensino: leitura de textos midiaticos ») considère également la dimension collaborative de l’énonciataire dans la construction du sens. Elle analyse, à partir d’un article de presse, de quelle manière se mettent en place les relations de coréférentialité, mettant en évidence le fait que ces dernières ne sont pas données mais construites par une série d’inférences que le récepteur élabore à partir des connaissances partagées par l’énonciateur et l’énonciataire. L’article montre que les processus de référenciation sont des processus dynamiques en perpétuelle construction et qu’il convient donc de regarder les éléments situationnels comme des parties intégrantes du texte.

Résumé des informations

Pages
XIV, 228
Année
2015
ISBN (ePUB)
9783035192995
ISBN (PDF)
9783035203202
ISBN (MOBI)
9783035192988
ISBN (Broché)
9783034316958
DOI
10.3726/978-3-0352-0320-2
Langue
français
Date de parution
2015 (Juin)
Mots clés
production de sens Linguistique Ibéro-romane espagnol portugais approche variationniste linguistique de corpus pragmatique sémantique formelle
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2015. XIV, 228 p., 9 ill. n/b, 25 tabl.

Notes biographiques

Sophie Azzopardi (Éditeur de volume) Sophie Sarrazin (Éditeur de volume)

Sophie Azzopardi est Maître de conférences en linguistique hispanique et traduction spécialisée à l’Université Paris Diderot et membre du CLILLAC-ARP EA3967. Ses recherches portent principalement sur l’articulation entre la valeur en langue du futur et du conditionnel et les effets de sens temporels et modaux produits par l’emploi de ces temps en discours en espagnol et en français. Sophie Sarrazin est maître de conférences en linguistique hispanique à l’Université Paul-Valéry de Montpellier et membre de l’équipe « Praxiling ». Elle s’intéresse aux temps verbaux dans une perspective contrastive espagnol-français et aux discours méta- et épilinguistiques.

Précédent

Titre: Langage et dynamiques du sens
book preview page numper 1
book preview page numper 2
book preview page numper 3
book preview page numper 4
book preview page numper 5
book preview page numper 6
book preview page numper 7
book preview page numper 8
book preview page numper 9
book preview page numper 10
book preview page numper 11
book preview page numper 12
book preview page numper 13
book preview page numper 14
book preview page numper 15
book preview page numper 16
book preview page numper 17
book preview page numper 18
book preview page numper 19
book preview page numper 20
book preview page numper 21
book preview page numper 22
book preview page numper 23
book preview page numper 24
book preview page numper 25
book preview page numper 26
book preview page numper 27
book preview page numper 28
book preview page numper 29
book preview page numper 30
book preview page numper 31
book preview page numper 32
book preview page numper 33
book preview page numper 34
book preview page numper 35
book preview page numper 36
book preview page numper 37
book preview page numper 38
book preview page numper 39
book preview page numper 40
244 pages