Vox & Silentium
Études de linguistique et littérature romanes – Studi di linguistica e letteratura romanza – Estudios de lingüística y literatura románicas
Edited By Gina Maria Schneider, Maria Chiara Janner and Bénédicte Élie
Pascal Quignard. Entre le refus du langage et l’impossibilité de se taire, le silence musical
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MARION COSTE
(Université Paris III Sorbonne-Nouvelle)
A de nombreuses reprises, Pascal Quignard revient sur les motivations qui l’ont poussé à écrire, que ce soit dans ses essais théoriques (Petit Traité sur Méduse, La Haine de la musique, La Leçon de musique), dans ses essais critiques (Le Vœu de Silence, qui porte sur l’œuvre de Louis-René des Forêts) ou à travers ses personnages de roman, souvent travaillés par une forme de mutisme (Villa Amalia, Tous les matins du monde, Les Solidarités mystérieuses). A l’énoncé de ces titres, on est frappé par un fait : l’origine de l’écriture semble pour lui être liée à la musique et au silence. Il y a là quelque chose de surprenant, de paradoxal : l’écriture de Pascal Quignard existe dans et par ce paradoxe, en tension entre le silence et la musique, dans l’insatisfaction du langage.
Nous allons d’abord essayer de comprendre pourquoi le langage, d’après Pascal Quignard, est toujours insatisfaisant, au point que, dès l’enfance, il a vécu de longues phases de mutisme, refusant le langage et se vouant au silence.
Dans Le Nom sur le bout de la langue, Pascal Quignard parle d’une certaine défaillance du langage :
Les musiciens, comme les enfants, comme les écrivains, sont les habitants de ce défaut. Les enfants séjournent durant au moins sept années dans cette défaillance que le mot même d’enfance...
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