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Histoire de l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols (XVIe – XXe siècles)

de Antonio Gaspar Galán (Éditeur de volume) Javier Vicente Pèrez (Éditeur de volume)
©2016 Collections 261 Pages

Résumé

Cet ouvrage présente les résultats d’un projet de recherche dans le domaine de l’histoire du français en Espagne qui analyse l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols. Les chercheur.e.s, spécialistes appartenant à cinq universités espagnoles, étudient les œuvres pionnières de Liaño et de Sotomayor, les grammaires publiées par les premiers maîtres « professionnels » de français, l’influence de Berlaimont et de Meurier, les relations entre les manuels de Rueda y León, Chantreau et Galmace, les dictionnaires bilingues ou trilingues édités entre 1599 (Recueil de Hornkens) et 1800 (Dictionnaire de Cormon), ainsi que l’adaptation de certaines méthodes de langues, dont celle de Robertson, aux manuels de français espagnols. Les contributions consacrées au XXe siècle se centrent sur l’influence de l’Alphabet Phonétique International, ainsi que sur les manuels parus à la suite des différentes modifications législatives qui ont réglé l’enseignement du français en Espagne jusqu’en 1985.
Le résultat final constitue un panorama exhaustif des tendances suivies dans le domaine de l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols à travers l’histoire.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Présentation
  • J. Fidel Corcuera Manso & Antonio Gaspar Galán - La tradition européenne et les débuts de l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols (XVIe siècle)
  • Alicia Yllera Fernández - Deux grammairiens français du XVIIe siècle en Espagne et leur enseignement de la prononciation française : Pedro Pablo Billet et Juan Pedro Jaron
  • Marc Viémon - Adaptations au public espagnol de la prononciation du français chez Berlaimont et Meurier (XVIe–XVIIIe)
  • Manuel Bruña Cuevas - La prononciation dans les dictionnaires français-espagnol antérieurs au XIXe siècle
  • Juan García Bascuñana - La Gramática Francesa para uso de la Nación Española (1801) de Mathias de Rueda y León ou comment enseigner la prononciation du français aux Espagnols après Chantreau
  • María Eugenia Fernández Fraile - L’enseignement de la prononciation en français à travers la correspondance entre les sons et les chiffres en Espagne : l’adaptation de la méthode Robertson dans les ouvrages de Joaquín Mendizábal et de Carlos Mountifield & Leandro Delaborde (XIXe siècle)
  • Javier Suso López - L’enseignement de la prononciation du français en Espagne au début du XXe siècle
  • Denise Fischer Hubert - Recours utilisés pour enseigner la prononciation française aux Espagnols. Un exemple original au XXe siècle : les sons par les couleurs
  • Mónica Djian Charbit & Javier Vicente Pérez - L’enseignement de la prononciation du français dans l’Éducation générale de base (EGB) en Espagne. Une étape de changement : années 70 et 80
  • Résumé des coordinateurs et des auteurs

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Présentation

Ce volume collectif réunit les travaux de neuf chercheurs universitaires appartenant à différents groupes de recherche dans le domaine de l’histoire de l’enseignement du français en Espagne. Les contributions sont consacrées à des moments ou à des ouvrages importants, le point de départ étant le XVIe siècle avec la publication des premiers manuels de français (Alcalá de Henares, 1565) suivant les modèles imprimés à Louvain et à Anvers. Le parcours historiographique se termine par les grammaires parues à partir de la modification des lois éducatives de la période 1970–1985.

Ainsi, J. FIDEL CORCUERA MANSO et ANTONIO GASPAR GALÁN analysent le début de l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols, avec la parution de la première grammaire et du premier vocabulaire publiés en Espagne en 1565. Le mariage d’Isabelle de Valois et du roi Philippe II est à l’origine d’une période de paix où la langue française va trouver pour la première fois, un accueil favorable en Espagne. Un religieux qui fait partie du cortège de la reine française et un habitant de Tolède sont les auteurs de ces deux manuels, dont il faut chercher les sources, copiées parfois littéralement, dans les travaux de Gabriel Meurier et de Noël de Berlaimont, deux pionniers qui font partie d’une tradition qui a servi de modèle pour l’enseignement des langues vernaculaires. Cette contribution analyse les premiers manuels (le Vocabulario de Jacques Ledel ou Liaño, la Grammatica de Baltasar de Sotomayor, et le manuscrit de Baltasar Pérez del Castillo), les méthodes suivies et les modèles utilisés par les auteurs, pour conclure que les écoles de langues des Pays-Bas ont joué un rôle majeur dans les débuts de l’enseignement de la prononciation du français en Espagne.

ALICIA YLLERA étudie la prononciation du français au XVIIe siècle, dans deux grammaires publiées à partir de 1670 qui constituent, pour la première fois en Espagne, les méthodes de deux professionnels de l’enseignement. En effet, les auteurs sont des maîtres de langues, tous les deux sont d’origine française et enseignent le français à des membres de la noblesse espagnole. Il s’agit de Gramática francesa, de Pedro Pablo Billet, maître parisien (Zaragoza, 1673 : 2ª éd., Madrid, 1688 : 3ª éd., Madrid, 1708) et Arte nuevamente compuesto de la lengua francesa por ← 7 | 8 → la española (1688) du maître bourguignon Juan Pedro Jaron. Tandis que les grammaires publiées avant 1670 constituent des adaptations ou des rééditions de manuels du XVIe siècle, les manuels de Billet et de Jaron sont des méthodes originales qui trouvent leurs sources dans les autorités françaises de l’époque (dont Richelet).

MARC VIÉMON offre un panorama de l’histoire des différents chapitres consacrés à la prononciation du français dans les œuvres de Noël de Berlaimont et de Gabriel Meurier, en se centrant sur leurs différentes adaptations à un public espagnol. Il parle de trois sections de prononciation : Dan ontallike letteren diemen niet heel oft gheensins pronuncieren ofte not spreken en mach in fransoys int lesen oft spreken (Berlaimont 1527, Anvers : Jacob van Liesuelt), La manière d’orthographier en la langue Françoyse (Berlaimont 1556, Louvain : Bartholomy de Grave), De la prononciation Françoise (Meurier 1558, Jan Waesberghe : Anvers). Viémon retrace l’histoire des ajouts, réductions, traductions et adaptations diverses qu’ont subis ces sections de prononciation du XVIe au XVIIIe siècle, contribuant de la sorte à l’historiographie linguistique concernant l’enseignement/apprentissage de la prononciation du français par les Espagnols.

MANUEL BRUÑA centre son étude sur l’intérêt porté à la prononciation du français ou de l’espagnol dans les dictionnaires bilingues ou trilingues qui, incluant ces deux langues, ont été édités entre 1599 (Recueil de H. Hornkens) et 1800 (Dictionnaire de B. Cormon). La date de départ est celle de la parution du premier dictionnaire franco-espagnol à mériter vraiment ce nom. Le terminus ad quem (1800) marque le changement de siècle, mais aussi une innovation lexicographique : dans l’histoire des dictionnaires franco-espagnols, celui de Cormon est le premier où l’on accorde à la prononciation française une attention toute particulière et qui annonce ce qui deviendra la norme par la suite. Avant Cormon, on assiste à une situation tout à fait différente : même si certains de nos dictionnaires, tel que celui de Gattel (1790), font montre d’un grand intérêt pour la prononciation et, surtout, l’orthographe de l’espagnol, ces mêmes aspects du français y sont toujours restés ignorés ou traités de façon marginale. L’auteur expose les raisons qui rendent compte de cet état de choses.

JUAN FRANCISCO GARCÍA BASCUÑANA affirme l’importance de la grammaire française du jésuite espagnol en exil Mathias de Rueda y León, parue en 1801. Les connaissances grammaticales de Rueda le poussent à élaborer une œuvre fondée sur de vraies bases théorico-pratiques qui montrent que nous avons affaire à un grammairien expérimenté, rompu à la grammaire ← 8 | 9 → latine mais aussi aux grammaires espagnole et française. Rueda semble surtout s’efforcer de souligner sa formation grammaticale pour s’éloigner de ceux qu’il considère de simples « faiseurs de manuels » prétendument pratiques et dont l’ignorance de la vraie tradition grammaticale devient, d’après lui, évidente. Mais malgré ses critiques il les suivra souvent, adoptant pour sa grammaire la prononciation figurée de Galmace et certaines solutions phonétiques de Chantreau. Il ne manque pas pour autant de la part de Rueda des apports intéressants, moyennant des exercices pratiques spécialement originaux comme la différenciation de « prononciation familière » et « prononciation oratoire ».

MARÍA EUGENIA FERNÁNDEZ FRAILE analyse l’enseignement de la prononciation du français en Espagne au XIXe siècle suivant la méthode des correspondances entre les sons et les chiffres. En ce sens elle aborde le contexte pédagogique de l’époque et le travail d’adaptation réalisé par deux auteurs majeurs du siècle : Joaquín Mendizábal et R. E. Leandro Delaborde. Leurs grammaires ont été imprimées vers la moitié du XIXe siècle et suivent la méthode de Théodore Robertson, Cours pratique, analytique, théorique et synthétique de langue anglaise (1839). Fernández Fraile conclut que le processus méthodologique adopté suppose une transformation profonde de l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols.

DENISE FISCHER HUBERT passe en revue les différents systèmes d’enseignement de la prononciation inventés depuis la fin du XVIIIe siècle pour arriver à la méthode des sons par les couleurs de Gausselan au XXe. La méthode générale étant la transcription interlinéaire, certains auteurs, afin d’éviter de déformer l’orthographe, ont opté pour des marques typographiques (changements de type d’imprimerie) et des signes spéciaux placés sur une lettre (triangles, points, trémas, croix, etc.). Quelques-uns ont même inventé des lettres spéciales (Illustration, ə). Au XIXe siècle sont apparues les explications des sons par les nombres, ceux-ci étant surmontés d’un chiffre et souvent d’un autre signe (point, croix, etc.). D’autres solutions ont été les références à la prononciation maternelle, la description par dessins, l’explication du point d’articulation et l’emploi de figures géométriques de couleurs différentes. Tous ces artifices témoignent de la difficulté à trouver une solution satisfaisante avant l’emploi généralisé de l’alphabet phonétique international.

JAVIER SUSO LÓPEZ présente une brève contextualisation concernant l’enseignement du français entre la fin du XIXe siècle et le premier tiers du XXe siècle, qui montre l’énorme hétérogénéité des sujets qui apprennent ← 9 | 10 → le français, les contextes d’enseignement/apprentissage, les outils utilisés, la structuration des contenus, les démarches méthodologiques prônées, les références législatives qui règlent ces enseignements, etc. Ensuite, il examine l’enseignement de la prononciation dans les ouvrages de l’époque pour conclure que, même si l’influence de ces quatre types de manifestations a été moins effective que dans d’autres pays européens à l’époque, les idées de rénovation de l’enseignement des langues vivantes, qui mettent en relief l’importance de l’oral et une nouvelle description des sons (les « phonèmes ») ont traversé les Pyrénées et ont constitué une première contestation de la méthode traditionnelle théorico-pratique (encore appelée « grammaire-traduction »).

Finalement MÓNICA DJIAN CHARBIT et JAVIER VICENTE PÉREZ abordent le traitement accordé à la phonétique dans les livres de texte publiés au XXe siècle par des maisons d’éditions espagnoles au cours des années 70 et 80 et destinés à des élèves hispanophones de 11 à 14 ans. Leur objectif est d’analyser l’importance de la prononciation dans les matériaux employés par les maîtres, la perspective adoptée par les différents manuels et la méthodologie utilisée pour l’enseignement de l’articulation des sons de la langue française. Ce qui leur a permis de constater la subordination généralisée de la prononciation par rapport à l’écriture dans le système pédagogique espagnol de l’enseignement primaire, les divergences que présentaient ces manuels et l’évolution voire l’amélioration de ces matériaux quant à la phonétique.

Ce livre a été rédigé dans le cadre des projets FFI 2012-38309 et FEC-149016 financés par le Ministère de l’Économie et de la Competitivité espagnol.

Antonio Gaspar Galán & Javier Vicente Pérez
Universidad de Zaragoza

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J. FIDEL CORCUERA MANSO & ANTONIO GASPAR GALÁN
Universidad de Zaragoza

La tradition européenne et les débuts de l’enseignement de la prononciation du français aux Espagnols (XVIe siècle)1

L’enseignement d’une langue étrangère au XVIe siècle pose tout d’abord deux problèmes qu’il faut délimiter : d’un côte, la considération des langues vernaculaires, le modèle pédagogique à suivre et les outils linguistiques de description dont on disposait ; d’un autre, le contexte politique et social dans lequel se réalise l’enseignement, qui joue un rôle de premier ordre dans le cas de l’Espagne.

1. L’enseignement des langues vernaculaires

Enseigner les langues vernaculaires constitue un défi extraordinaire, le latin et le grec ayant été les langues étrangères par excellence enseignées à l’école. Le latin était la langue de la culture et des relations diplomatiques internationales à l’époque, mais pour la plupart des habitants de la France ou de l’Espagne, il s’agissait d’une langue étrangère. La langue maternelle était la langue du territoire, le « langage maternel françois » des Français ou « le romance » des Espagnols. C’est pourquoi le latin était étudié à l’école et possédait une longue tradition pédagogique fondée sur l’apprentissage de la grammaire, tandis que les langues vernaculaires n’avaient pas de référence dans la tradition d’enseignement et elles manquaient même de manuels de référence. Le débat sur les méthodes d’enseignement d’une langue étrangère (à partir de l’apprentissage de la grammaire ou à partir ← 11 | 12 → de l’usage direct2) était possible dans le cas du latin ou du grec, mais ne se posait pas pour les langues vernaculaires. L’absence de règles – et de grammaire – limitait les possibilités de l’apprentissage par l’usage direct. Analyser les opinions des auteurs à propos de la possibilité/impossibilité/nécessité de rédiger une grammaire du françois, de « réduire la langue en art », ne constitue pas un objectif de ce travail, mais il est évident que les premiers maîtres du français comme langue étrangère ont dû développer leur travail en absence de tout référent grammatical3. Ce que confirme J. Stéfanini (1994 : 18) pour lequel « écrire une grammaire française, au XVIe siècle, c’est faire œuvre de pionnier ».

Résumé des informations

Pages
261
Année
2016
ISBN (PDF)
9783035109306
ISBN (ePUB)
9783035197860
ISBN (MOBI)
9783035197853
ISBN (Broché)
9783034320290
DOI
10.3726/978-3-0351-0930-6
Langue
français
Date de parution
2016 (Mars)
Mots clés
Enseignement de la prononciation Grammaire française Enseignement du français aux Espagnols
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, Oxford, New York, Wien, 2016. 261 p., 14 ill. n/b, 2 ill. en couleurs

Notes biographiques

Antonio Gaspar Galán (Éditeur de volume) Javier Vicente Pèrez (Éditeur de volume)

Antonio Gaspar Galán et Javier Vicente Pérez sont docteurs en Philologie Romane et professeurs de langue et de linguistique française à l’Université de Zaragoza. Leurs travaux portent sur les domaines de la linguistique et de l’histoire de l’enseignement du français en Espagne. Gaspar Galán est l’auteur (en collaboration avec Fidel Corcuera-Manso) des éditions critiques de la première grammaire et du premier vocabulaire français publiés en Espagne en 1565.

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