Documents diplomatiques français
1948 – Tome II (1er juillet – 31 décembre)
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Edited By Ministère des Affaires étrangères
En ce qui concerne la crise de Berlin, Paris maintient l’unité d’action avec les Américains et les Britanniques, et participe au pont aérien dans la mesure de ses moyens. Ceci dit le gouvernement français trouve Washington trop raide dans la crise, et souhaiterait, surtout au début de celle-ci, une plus grande souplesse occidentale face à Moscou. Cependant la France reste ferme sur l’essentiel.
En même temps, ce semestre vit le lancement de deux grandes entreprises qui devaient aboutir en 1949 : le Conseil de l’Europe, fruit d’une initiative française, et le Pacte atlantique. Encore durant le deuxième semestre 1948, le premier partenaire diplomatique de la France est le Royaume-Uni, même si certains signes montrent que Washington occupe une place croissante dans les préoccupations et les contacts de la diplomatie française.
Intéressant également le dossier chinois, pour lequel les diplomates observent la marche irrésistible des communistes vers la victoire, et ne se font guère d’illusions sur ce que sera le régime qui succédera au Kuo Min Tang.
228 M. Marchal, Ambassadeur de France à Karachi, à M. Schuman, Ministre des Affaires étrangères
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M. MARCHAL, AMBASSADEUR DE FRANCE À KARACHI,
À M. SCHUMAN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES1.
D. no 505.
Karachi, 30 septembre 1948.
Dix-neuf jours se sont écoulés depuis la mort du Quaid-i-Azam. La mémoire du chef défunt continue à dominer toute l’activité publique. Sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage national, sans apparat ni faste, dans le recueillement et la simplicité. Ce n’est encore qu’un tumulus, recouvert de fleurs fraîches et protégé du soleil par un dais, au milieu d’un immense terrain vague, emplacement de la future grande mosquée de Karachi. Les délégations s’y succèdent tout le jour et fort tard dans la nuit, récitant à voix haute des versets du Coran. Les journaux continuent à publier, par colonnes entières, des messages de condoléances. Tous les noms qui comptent en terre d’Islam s’y sont donnés rendez-vous. Le recueil de ces textes pourrait servir à composer un annuaire du monde musulman.
Le sentiment qui prévaut dans l’opinion est fait à la fois de détresse et d’anxiété. La disparition de M. Jinnah s’est produite dans les circonstances les plus propres à alarmer les esprits de ses coreligionnaires, toujours prompts à se croire persécutés et menacés. Il n’est pour eux, semble-t-il, dans l’actualité internationale que trois affaires qui comptent : Palestine, Cachemire et Hyderabad. Les musulmans de ce pays ont la conviction que, dans ces trois conflits, le bon droit est de...
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