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Réinventer la diplomatie / Reshaping Diplomacy

Sociabilités, réseaux et pratiques diplomatiques en Europe depuis 1919 / Networks, Practices and Dynamics of Socialization in European Diplomacy since 1919

de Vincent Genin (Éditeur de volume) Matthieu Osmont (Éditeur de volume) Thomas Raineau (Éditeur de volume)
©2016 Collections 232 Pages
Série: Euroclio, Volume 96

Résumé

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la diplomatie est à réinventer. Un nouvel ordre international émerge au sein duquel juristes internationaux, journalistes, banquiers d’affaires et autres experts concurrencent désormais les diplomates de métier. De nouvelles arènes diplomatiques apparaissent, à l’instar de la Société des Nations, ancêtre des organisations multilatérales actuelles. À travers les dix études de cas présentées ici, le continent européen apparaît comme un terrain propice à l’invention de pratiques diplomatiques nouvelles tout au long du XXe siècle. Cet ouvrage collectif constitue les actes du colloque international de l’association RICHIE sur les « sociabililités, réseaux et pratiques diplomatiques en Europe de 1919 à nos jours » tenues à Bruxelles, les 20 et 21 mars 2015.
After the First World War, reshaping the art of diplomacy is a necessity. International lawyers, merchant bankers, academics, journalists and senior officials became key-figures of a new International order in which the diplomats have lost their monopoly over foreign affairs. New diplomatic arenas emerged such as the League of Nations, the precursor of today’s multilateral organizations. In that series of ten case studies, the European continent appears as a fertile ground where new diplomatic practices have emerged along the whole 20th century. This book brings together the edited proceedings of the RICHIE International Conference organized in Brussels on 20 and 21 March 2015, under the title «Networks, Dynamics of Socialization and Practices in European Diplomacy since 1919».

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières / Table of Contents
  • Avant-propos
  • Foreword
  • From One Globalization to the Next Diplomatic Practices and “New International Relations”
  • Première partie. Les mutations de la diplomatie classique / Part I. Changes in traditional diplomacy
  • L’ambassade de France à Berlin au lendemain de la Première Guerre mondiale. Bastion de la tradition à l’heure de la « nouvelle diplomatie »
  • Les diplomates français et l’opinion publique dans l’entre-deux-guerres. Le cas de la non-intervention dans la guerre civile espagnole
  • Représenter les droits de l’homme : la diplomatie française et la promotion des droits de l’homme au sortir de la Seconde Guerre mondiale
  • Boundary spanning diplomats for a European cause. Norway, the EC and information efforts, 1962-1967
  • Deuxième partie. De nouveaux acteurs de la diplomatie / Part II. New diplomatic actors
  • Une autre diplomatie entre Est et Ouest. Les associations d’amitié avec l’URSS en Europe occidentale pendant la Guerre froide
  • Le Mouvement européen contre la dictature franquiste (1962). Une diplomatie européenne parallèle ?
  • D’une diplomatie de parti à une diplomatie d’État ? Les socialistes français et l’Europe entre 1971 et le début des années 1980
  • Troisième partie. Les nouvelles enceintes de la diplomatie / Part III. New diplomatic arenas
  • The European Commission as a Cold War player. The Case of EEC-Yugoslav relations during the 1960s and 1970s
  • Le Conseil d’aide économique mutuelle (CAEM) et la construction d’une diplomatie économique parallèle dans l’Europe socialiste (1962-1989)
  • Le Groupe des Sept et les deux Europes. « Grandes » et « petites » diplomaties européennes face aux impératifs de la gouvernance globale (années 1970-1980)
  • Liste des sigles et abréviations – List of acronyms and abbreviations
  • Index des noms propres – Index of names
  • Résumés / Abstracts
  • Liste des auteurs / Contributors
  • Titres de la collection

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Avant-propos

L’ouvrage collectif présenté ici constitue les actes du colloque organisé par le Réseau international des jeunes chercheurs en histoire de l’intégration européenne (RICHIE1), qui s’est tenu à Bruxelles, les 20 et 21 mars 2015. La perspective d’organiser ce colloque sur les « sociabilités, réseaux et pratiques diplomatiques en Europe de 1919 à nos jours » remonte à juillet 2010, au cours de l’école d’été organisée par le réseau RICHIE au Moulin d’Andé, en Normandie2. L’un des ateliers thématiques organisés lors de cette semaine consacrée à la notion d’« européanisation » examinée sous un angle historique concernait la diplomatie et les acteurs diplomatiques.

Les pistes de recherche ouvertes en 2010 étaient nombreuses et bien des questions posées étaient restées sans réponse. En effet, les travaux historiques ne manquent pas sur les acteurs et pratiques diplomatiques, mais ils s’inscrivent le plus souvent dans un cadre et une perspective nationales. L’organisation d’un colloque international paraissait donc le meilleur moyen de favoriser un dialogue entre chercheurs de nationalités différentes et de susciter des comparaisons entre diplomaties nationales. Par ailleurs, l’appel à communications lancé en juin 2014 tendait à élargir la focale, en favorisant les approches transnationales, la longue durée et l’étude des « acteurs diplomatiques » au sens large du terme, au-delà du cercle des diplomates de métier.

Une série de questionnements devait guider notre réflexion, suivant quatre axes principaux : l’évolution du métier de diplomate dans un cadre européen (sociologie, formation, fonctions, pratiques), les représentations de l’Europe unie chez les acteurs de la politique étrangère, les réseaux formels et informels liant les acteurs diplomatiques à l’échelle européenne et la question de la chronologie des phénomènes étudiés – avec une attention particulière portée sur les années 1970 comme période charnière, marquée par l’émergence de nouvelles pratiques diplomatiques. ← 9 | 10 →

Suite à notre appel à contributions, nous avons reçu une trentaine de propositions venues de toute l’Europe. Près d’un tiers des candidatures ont été retenues suite à leur évaluation par le Comité scientifique3. Le programme du colloque constitué autour de ces communications a permis, tout d’abord, d’embrasser l’ensemble de la période et un grand nombre des thèmes envisagés initialement. L’organisation matérielle du colloque a été, ensuite, rendue possible grâce au soutien financier de partenaires institutionnels que nous remercions chaleureusement : l’Association Diplomatie et Stratégie (Paris), le FRS-FNRS (Belgique), l’Institut d’Études européennes de l’Université catholique de Louvain, le Projet Labex EHNE (France), l’UMR SIRICE de l’Université Paris-Sorbonne, l’Université de Liège, et Wallonie-Bruxelles International.

Tenu dans le cadre très agréable de l’Académie royale de Belgique, et inscrit dans le cycle du « Collège Belgique », le colloque a tenu toutes ses promesses grâce à des communications originales, qui ont éclairé différentes facettes de l’évolution des acteurs et des fonctions diplomatiques en Europe au XXe siècle. Bien que les comptes rendus des débats ne soient pas publiés dans les actes figurant ci-après, nous tenons à préciser qu’ils furent nombreux, riches, stimulants, critiques, si bien que les textes que nous publions ont également intégré ces réflexions. Nous remercions les auteurs d’avoir modifié de manière parfois substantielle leurs communications initiales, assurant la qualité et la cohérence de ce travail collectif. Introduit par un article à la fois méthodologique et historiographique du Professeur Laurence Badel, portant sur le thème « Pratiques diplomatiques et nouvelles relations internationales », l’ouvrage s’articule en trois parties portant successivement sur les transformations des diplomaties étatiques, les nouveaux acteurs de la diplomatie et l’émergence de nouvelles enceintes de la négociation.

Les communications présentées ici composent un panorama riche et complexe des acteurs de la diplomatie en Europe, de 1919 à nos jours. Elles donnent à voir, à travers des cas d’étude, comment ces individus, groupes et organisations entrent en contact, coopèrent et travaillent au quotidien, dans un contexte d’élargissement du champ de la diplomatie et de densification des liens entre les États à l’échelle européenne. Le continent européen y apparait comme un terrain privilégié d’expérience, un laboratoire de nouvelles formes de coopération internationale – en ← 10 | 11 → particulier durant les après-guerres, périodes propices à l’invention de pratiques diplomatiques.

L’ouvrage, dans son économie générale, dresse le portrait d’une diplomatie multiple, dont les acteurs, de plus en plus disséminés, interagissent selon des logiques de réseaux sans cesse renouvelées. Les diplomates de carrière ont ainsi perdu dès 1919 le monopole des fonctions de représentation, d’information et de négociation de leurs États respectifs à l’étranger. Pour autant, ils restent des intermédiaires incontournables en contextes de crise – à l’image des relations franco-allemandes au début des années 1920, étudiées par Marion Aballéa, ou lorsque les responsables politiques ne souhaitent pas se mettre en avant dans une négociation – à l’exemple des diplomates norvégiens et de la CEE dans les années 1960, étudiés par Haakon Ikonomou. D’autre part, les diplomates classiques ont compris très tôt l’intérêt de travailler avec les nouveaux acteurs des relations internationales pour préserver leur influence. Des alliances de circonstance se nouent ainsi entre diplomates et journalistes pour justifier la non-intervention dans la guerre civile espagnole, à la fin des années 1930 (Renaud Meltz). Autre exemple : les diplomates peuvent s’appuyer sur l’expertise et le soutien de juristes de droit international pour assurer la promotion des droits de l’homme au sortir de la Seconde Guerre mondiale (Alexandre Boza).

Le contexte de Guerre froide ainsi que les débuts de l’intégration européenne, dans les années 1950 et 1960, semblent particulièrement propices à l’émergence de nouveaux acteurs issus de la société civile et agissant en marge de la diplomatie interétatique. C’est le cas des associations d’amitié avec l’URSS en Europe occidentale, analysées par Sonja Großmann, dont les initiatives, fortement médiatisées, vont souvent à l’encontre des politiques gouvernementales. C’est le cas également des associations européistes regroupées au sein du Mouvement européen, traité par Victor Fernandez Soriano, très actives dans la dénonciation de la dictature franquiste au début des années 1960, tandis que les diplomaties nationales sont beaucoup plus prudentes en Europe de l’Ouest. Dans la lignée de ces engagements militants, les socialistes français, étudiés par Judith Bonnin, développent des liens étroits avec leurs camarades issus des « partis-frères » européens au cours des années 1970. Cette diplomatie de parti cède toutefois progressivement le pas à une diplomatie d’État à l’approche de l’élection présidentielle de 1981 et aux lendemains de la victoire de François Mitterrand.

Les années 1970 et 1980 voient enfin l’émergence de nouveaux acteurs collectifs de la diplomatie, à l’instar de la Commission européenne, qui développe sur certains dossiers une véritable politique extérieure sui generis. C’est le cas notamment des relations entre la Communauté ← 11 | 12 → européenne et la Yougoslavie dans les années 1970, étudiées par Benedetto Zaccaria. En miroir de la Commission, le CAEM, examiné par Simon Godard, n’apparaît pas comme une organisation aussi influente. Toutefois, dans cette entité, où l’effet de club joue à plein, des hauts fonctionnaires issus de l’ensemble du bloc de l’Est apprennent à travailler ensemble et développent des réflexes de solidarité. Le cas du G7, étudié par Noël Bonhomme, montre la persistance de pratiques diplomatiques anciennes. Par certains aspects, les premières réunions rappellent en effet la diplomatie de cabinets du XIXe siècle. Toutefois, à l’heure de la globalisation, cette enceinte de la négociation perd rapidement son caractère informel et devient une organisation de plus en plus complexe.

Tout au long de ces différentes communications réunies autour d’un questionnement commun, nous souhaitons apporter une contribution originale à deux champs historiographiques en renouvellement : d’une part, la « nouvelle histoire diplomatique », privilégiant les approches comparatives, transnationales et nourrie des acquis des autres sciences sociales ; d’autre part, une histoire de l’intégration européenne qui, au-delà de l’histoire politique et institutionnelle, s’ouvre à l’histoire culturelle, économique et sociale.

Vincent Genin, Thomas Raineau, Matthieu Osmont


1 Pour en savoir plus sur les activités du réseau RICHIE, voir le site internet www.europe-richie.org.

2 Les actes de cette école d’été ont été publiés dans la collection Euroclio, voir Matthieu Osmont, Emilia Robin, Katja Seidel, Mark Spoerer, Christian Wenkel (dir.), Européanisation au XX e siècle. Un regard historique / Europeanisation in the 20th century. The Historical Lens, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2012.

3 Nous tenons à remercier les membres du Comité scientifique pour leur aide dans la sélection des candidats et dans l’organisation du colloque : Laurence Badel (Paris I), Éric Bussière (Paris IV), Björn-Olav Dozo (F.R.S.-FNRS/ULg), Michel Dumoulin (UCL), Johannes Grossmann (Tübingen), John Keiger (Cambridge), Christian Lequesne (Sciences Po), Philippe Raxhon (ULg), Pierre Tilly (UCL) et Maurice Vaïsse (Sciences Po).

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Foreword

This book brings together the edited proceedings of the International Conference organised by the Réseau International des Jeunes Chercheurs en Histoire de l’Intégration Européenne (RICHIE)1 in Brussels on 20 and 21 March 2015. The idea to organize a conference devoted to the “Networks, Dynamics of Socialization and Practices in European diplomacy since 1919” can be traced back to the Summer School organized by RICHIE at the Moulin d’Andé, in Normandy in July 20102. The aim of the Summer School was to discuss the notion of Europeanization in a historical perspective and one of the thematic workshops focused especially on diplomacy and diplomatic actors.

This workshop identified several directions for further research, and many questions remained unanswered. Although a significant number of historical works have addressed the topic of diplomatic actors and their practices, most of them have focused on national diplomacies considered from a domestic point of view. Setting up an international conference seemed to us an obvious answer to promote dialog between researchers from various national backgrounds, and to encourage comparative studies of national diplomacies. Thus we adopted a broad perspective in the call for papers of June 2014: it was meant to stimulate transnational approaches, long-term studies and to further a more complex definition of “diplomatic actors”, going beyond the classic figure of the career diplomat.

Four directions were identified to guide potential proposals: evolutions in the profession of the diplomat (sociology, training, missions and practices); representations of a united Europe by foreign policy actors; formal and informal networks of diplomats in Europe; and, finally, a wider interrogation of the specific chronology of these various phenomena – with special attention to the 1970s as a shifting period when new diplomatic practices emerged.

The call for papers received more than 30 applications coming from all over Europe. After a close assessment, a scientific committee selected ← 13 | 14 → 12 proposals3. The programme of the Conference was set up on the basis on this selection, and embraced the entire time period covered by the call, as along with a significant number of its intended topics. The material organization of the Conference were made possible thanks to the financial support of our institutional partners to whom we wish to express our deep gratitude: the Association Diplomatie et Stratégie (Paris), the FRS-FNRS (Belgique), the Institut d’Études européennes in the Université catholique de Louvain, the Labex EHNE project (France), l’UMR SIRICE de l’Université Paris-Sorbonne, the Université of Liège, and Wallonie-Bruxelles International.

The Conference took place in the pleasant setting of the Académie Royale de Belgique, as part of the “Collège Belgique” programme. We had the pleasure of hearing a series of original presentations addressing various aspects of the changing actors and practices in European diplomacy over the past century. A transcript of the discussions following the presentations is not included in this publication; however, contributors were asked to address the rich, stimulating and sometimes challenging questions and suggestions in the final versions of their papers. We are grateful to the authors who consented to amend their initial contributions, sometimes to a significant extent, allowing for a stronger and consistent final result.

Résumé des informations

Pages
232
Année
2016
ISBN (PDF)
9783035266283
ISBN (ePUB)
9783035297010
ISBN (MOBI)
9783035297003
ISBN (Broché)
9782875743541
DOI
10.3726/978-3-0352-6628-3
Langue
français
Date de parution
2016 (Juin)
Mots clés
Diplomatie Le lendemain de la Première Guerre mondial Société des nations After the first World War
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 232 p.

Notes biographiques

Vincent Genin (Éditeur de volume) Matthieu Osmont (Éditeur de volume) Thomas Raineau (Éditeur de volume)

Vincent Genin mène une thèse de doctorat à l’Université de Liège. Ses recherches portent sur la contribution de la Belgique au développement du droit international (1870-1940). Matthieu Osmont est l’auteur d’une thèse de doctorat sur « les ambassadeurs de France à Bonn (1955-1999) ». Il est actuellement directeur de l’Institut culturel franco-allemand de Tübingen. Thomas Raineau est professeur agrégé d’histoire. Ses recherches portent sur les relations entre la Grande-Bretagne et l’Europe. Vincent Genin leads a PhD at the University of Liège. His research focuses on the contribution of Belgium to the development of international law (1870-1940). Matthieu Osmont promoted with a thesis about «the French Ambassadors in Bonn (1955-1999)». He is actually Director of the French-German Cultural Institute in Tübingen. Thomas Raineau is professeur agrégé. He conducts research on the historical relationship between Great Britain and Europe.

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