Anna Akhmatova et la poésie européenne
Series:
Edited By Tatiana Victoroff
Les contributions de chercheurs comparatistes ou slavisants, français et russes, s’organisent selon plusieurs axes – Akhmatova en dialogue avec les poètes européens ; Akhmatova comme poète européen ; les questions de traduction et de transmission – mais l’ouvrage inclut également les témoignages de poètes et d’intellectuels au sujet de leur rencontre avec Akhmatova ou à travers la lecture de ses vers. Il propose également de nouvelles traductions d’Akhmatova en français. Enfin, des poèmes inédits d’auteurs européens contemporains qui ont composé sous l’inspiration akhmatovienne témoignent de l’écho européen d’une voix contre laquelle la censure s’est acharnée sans l’étouffer et qui reste un surgeon toujours fécond dans la lignée de la poésie la plus existentielle.
Les figures d’Akhmatova et de Tsvetaeva dans le contexte poétique européen
Extract
Véronique LOSSKY
Université de Paris IV Sorbonne
Anna Ahkmatova
(dans les années 1960)
Marina Tsvetaeva (1911)
(Chronique photographique de la vie de la poète, réd. L. Mnoukhine et A. Saakantz, Moscou, Ellis Lak, 2000. Photo M. Volochine)
Un phénomène inattendu et marquant de la brillante période que l’on appelle communément « Âge d’argent de la culture russe » au début du XXe siècle est l’apparition de poètes majeurs dont deux sont des femmes. Non pas que des poètes-femmes n’aient jamais existé avant ces deux-là1. Certes, il y en eut beaucoup et depuis longtemps, mais elles étaient pour la plupart mineures, se plaçant en marge du grand flot poétique moderne. Tandis que celle de Petersburg et celle de Moscou ont marqué ← 155 | 156 → leur temps par l’ampleur de leur œuvre et aussi leurs modes d’expression, leur système de valeurs et leurs thèmes poétiques respectifs. Après elles, rien ne pouvait plus être comme avant, dans le paysage littéraire russe. Notons que c’est une autre femme poète, Sophie Parnok2, qui la première a parlé des « quatre grands » de son siècle : Boris Pasternak, Ossip Mandelstam, Anna Akhmatova et Marina Tsvetaeva.
Et tout en étant presque rigoureusement contemporaines3, par le jeu de circonstances biographiques différentes, les deux femmes n’ont jamais vraiment été rivales. Tsvetaeva a quitté Moscou...
You are not authenticated to view the full text of this chapter or article.
This site requires a subscription or purchase to access the full text of books or journals.
Do you have any questions? Contact us.
Or login to access all content.