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L’espace public européen en question / Questioning the European Public Sphere

Histoire et méthodologie / An historical and methodological approach

de Corinne Doria (Éditeur de volume) Gérard Raulet (Éditeur de volume)
©2016 Collections 225 Pages

Résumé

Au cours des soixante dernières années, l’Europe s’est construite comme espace politique, juridique et économique. Mais ce processus n’a pas été accompagné par la construction d’un espace public européen, en dépit de la volonté de ses pères fondateurs, qui voulaient créer en Europe un espace culturel commun, reconnu comme tel par ses citoyens. À l’heure actuelle où, à travers internet et les réseaux sociaux, l’espace public européen est en train de se reconfigurer, le moment est venu d’une réflexion globale – à la fois historique et méthodologique – sur cet espace. Quand un espace public européen est-il apparu pour la première fois dans l’histoire ? Quels ont été les institutions, les événements, les évolutions qui, à partir du Moyen Âge, ont permis de concevoir et de percevoir l’Europe comme un espace commun – un espace public ? Comment, et par qui, a été occupé l’espace public en Europe aux différents moments de l’histoire ? Dans quelle mesure les découvertes géographiques et la rencontre avec d’autres cultures ont-elles renforcé la perception de l’Europe en tant qu’espace commun et public ? Comment l’espace public européen va-t-il se configurer dans l’avenir ? Le présent ouvrage rassemble les contributions de spécialistes (historiens, philosophes, historiens du droit, sociologues) au Labex EHNE, Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe.
Over the last sixty years, Europe has been built as a political, legal and economic space. Nevertheless, this process has not been accompanied by the construction of a European public sphere, despite the will of its founders, who wanted to create a European cultural area, recognized as such by its citizens. Now that, through the internet and social networks, the European public space is in the process of reconfiguring, it is time for a comprehensive reflection – both historical and methodological – on this space. When did a European public space appear for the first time in history? What were the institutions, events, developments from the Middle Ages, helped design and perceive Europe as a common sphere – a public space? How, and by whom, was occupied public space in Europe at different times in history? How geographical discoveries and encounters with other cultures have they strengthened the perception of Europe as a common and public? How will the European public space be set in the future? This book gathers essays from specialists (historians, philosophers, legal historians, sociologists) at Labex EHNE, Écrire une Histoire Nouvelle de l’Europe.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur / About the author
  • À propos du livre / About the book
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire / Table of Contents
  • Comment appréhender l’espace public européen ?
  • Partie I. Approches philosophiques de l’espace public européen Part I. Philosophical Approaches to the Public Sphere
  • Habermas and the Mutations of the Public Sphere. An Overview within the Neo-liberal Context
  • De la négation à la problématisation. Apports et limites du concept d’espace public
  • Partie II. Espace public et droit Part II. The Public Sphere and the Law
  • Troubles with the European Public Sphere: What Has European Citizenship Got to Do with it?
  • The Function of Public Discourse and Public Law in the Evolution of Post-European Global Law
  • Partie III. Les prémices de la conscience européenne au xixe siècle Part III. The First Signs of a European Mind in the 19TH Century
  • Une nouvelle « République des lettres » ? La sociabilité des intellectuels européens au début du xixe siècle
  • Un espace public européen pour une opinion publique internationale au début du xixe siècle ?
  • Joseph de Maistre ou de la force de l’espace public européen et de la fin de l’Europe
  • Partie IV. De l’échelle locale à l’échelle extra-européenne Part IV. From Local Scale to Extra-European Scale
  • Créer un espace public européen. L’exemple de la guerre d’Algérie
  • Competitors and Parameters of a European Public Sphere, 1950-2015
  • Partie V. Espace public et questions environnementales Part V. The Public Sphere and Environmental Issues
  • La dynamique civique autour du règlement n° 517/2014 sur l’utilisation des gaz fluorés à effet de serre
  • La protestation antinucléaire autour de Superphénix. Une analyse des dynamiques d’un espace public oppositionnel transnational
  • Résumés / Summaries
  • Les auteurs / About the authors

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Comment appréhender l’espace public européen ?

Corinne DORIA

Université Paris I – Panthéon-Sorbonne

Gérard RAULET

Université Paris-Sorbonne

L’existence d’un espace public européen est considérée comme centrale dans le processus de la construction européenne. La volonté de constituer une Europe qui ne se limite pas à sa dimension politique, juridique et économique, faisait partie intégrante du projet des pères fondateurs, qui voulaient créer en Europe un espace culturel commun, reconnu comme tel par ses citoyens. Certes, le Traité de Maastricht a rappelé à la fois la vocation de l’Union à permettre « l’épanouissement des cultures des États » et insisté sur leur « héritage culturel commun ». En 2001, lors de la préparation du Livre blanc sur la gouvernance, la Commission européenne a même mis en place un groupe de travail sur l’« Espace public européen ». Néanmoins, au cours des soixante dernières années, l’Europe s’est pour l’essentiel construite comme espace politique, juridique et économique.

Espace potentiel, car incomplet à l’heure actuelle – ce serait l’une des raisons du déficit démocratique de l’Europe1 –, l’espace public serait pourtant est en train de se constituer. On en donne pour preuves des indicateurs de natures très diverses, tels que les symboles de l’Europe (le drapeau européen, l’Hymne à la Joie adopté comme hymne européen), la monnaie unique, la libre circulation des personnes et des biens sur le territoire européen, les programmes de coopération culturelle, la place croissante occupée par les nouvelles européennes dans les médias nationaux, les manifestations sportives comme les championnats d’Europe de football ou d’athlétisme. L’intégration européenne sera accomplie – estime-t-on – lorsque le processus censé être le dénominateur commun ← 9 | 10 → de toutes ces manifestations sera achevé et qu’on sera enfin en présence d’une véritable identité européenne et d’un demos européen. L’évolution conduisant à la formation d’un espace public européen est présentée dans une perspective téléologique, liée au succès même du projet européen dont l’échec est – en dépit des Cassandre de plus en plus nombreuses – hors de question2.

L’espace public, notion polysémique

La notion d’espace public est désormais largement adoptée par de nombreuses disciplines (sciences politiques, philosophie, sociologie, sciences de la communication, architecture) pour appréhender le monde politique et social. Cette catégorie n’a cessé d’alimenter les débats depuis la parution de l’ouvrage de Jürgen Habermas Strukturwandel der Öffentlichkeit3. L’Öffentlichkeit (espace public) habermassienne se réfère à une pratique qui fait son apparition au XVIIIe siècle en France et en Angleterre. À cette époque, la bourgeoisie manifeste un besoin d’interaction et de communication (d’abord pour des raisons essentiellement économiques), qui l’amène à s’intéresser au fonctionnement de l’État, au droit, à la fiscalité. Apparaissent alors une série des lieux et de formes de la sociabilité (salons, cafés, journaux) dont l’ensemble va constituer ce que Habermas appelle Öffentlichkeit. Dans l’Öffentlichkeit ce sont des personnes privées, égales entre elles, qui se rencontrent, discutent, entrent en relation. Dans cet espace et à travers ces pratiques, les opinions sortent de l’espace privé et sont mises en circulation, alimentant un débat collectif. À travers la discussion, elles se transforment en affirmations rationnelles et consensuelles (l’opinion publique) et les personnes qui prennent part au débat (et qui font un usage public et libre de la raison) acquièrent des idées de plus en plus éclairées.

Parmi les thèmes débattus dans l’Öffentlichkeit, une place importante revient aux actes du pouvoir politique, qui sont passés au crible de la raison publique, de la critique exercée par des personnes cultivées et qui n’envisagent rien d’autre que le bien public. Cela oblige le pouvoir à sortir du secret et à se confronter à des interlocuteurs. La politique ne peut alors demeurer plus longtemps le domaine du secret et de l’arbitraire ← 10 | 11 → et retrouve sa signification étymologique de res publica (chose publique). L’Öffentlichkeit se configure ainsi à la fois comme un espace de rapprochement et de différentiation entre l’État et la société civile.

À la fin du XIXe siècle, cette configuration se modifie. L’État commence à intervenir dans des domaines qu’auparavant il se contentait d’arbitrer, notamment le domaine économique. La distinction entre société politique et société civile – qui était une des conditions de l’existence de l’Öffentlichkeit habermassienne – commence alors à devenir moins nette. Les modalités et les lieux de l’Öffentlichkeit connaissent d’ailleurs un changement dans leur sociologie, car on voit surgir d’un côté une minorité de spécialistes et de l’autre une masse moins informée, ce qui entraîne une modification du rôle et de la fonction que l’Öffentlichkeit remplissait auparavant. Le public cesse d’être un interlocuteur du pouvoir pour devenir objet de conquête de la part du politique, qui n’aspire qu’à gagner sa confiance par des moyens répondant parfois à une logique purement utilitaire.

Le succès du livre de Habermas est lié à l’exceptionnel potentiel heuristique de la notion d’Öffentlichkeit, que les traductions ont d’ailleurs permis de développer ultérieurement. Le passage d’Öffentlichkeit à « espace public » dans la traduction française de 19784 à « opinione pubblica » dans la version italienne sortie sept ans auparavant5, à « public sphere » dans l’édition anglaise de 19896 a produit une série de décalages par rapport à la pensée originelle de Habermas. Cet éloignement a ce faisant permis d’engager dans la communauté scientifique un débat autour d’une catégorie dont plusieurs disciplines ont reconnu la fonctionnalité dans leur domaine d’expertise. Quels que soient les doutes qui, de Pierre Bourdieu à Marx, ont été soulevés au fil du temps à propos de l’intérêt heuristique de cette notion, la philosophie, les sciences politiques, la sociologie, les sciences de la communication, l’architecture et les études urbaines se sont finalement appropriées cette notion et lui ont donné une définition adaptée à leurs exigences7.

La science et la philosophie politiques ont été parmi les premières disciplines à adopter le concept d’espace public. Cela n’est nullement surprenant, puisqu’aussi bien la dimension politique est prioritaire dans l’analyse de Habermas. Cet espace comprendrait donc tous les lieux ← 11 | 12 → de rencontre et de communication entre la société civile et le monde politique, que ce soit lors de la rencontre d’un chef d’État ou d’un ministre avec les citoyens, d’un député avec les électeurs, que l’espace définit par les journaux, les émissions radio et télé, internet, etc. Il s’agirait principalement d’un espace médiatique ou de l’ensemble des espaces médiatiques du débat politique. La philosophie politique a théorisé l’espace public comme un élément de légitimation de la démocratie. L’espace public serait donc à la fois le lieu où la politique se fait connaître par les citoyens, annonce ses intentions et ses programmes, soumet ses actes au crible de la publicité. L’espace public devient alors non seulement un lieu mais le lieu de la légitimation du politique. La science politique a aussi donné une définition plus restreinte de l’espace public, qu’elle identifie avec les lieux du pouvoir au sens propre, où se déroule l’activité politique et où ont lieu les rencontres officielles – au niveau national et international – entre ministres, chefs d’État, députés, c’est-à-dire entre les « professionnels » de la politique. Cet espace politique s’identifierait donc plutôt avec des lieux physiques, tels que les ministères, les parlements, la salle de conférence de l’ONU, etc.8 Dans cette définition, il est possible de voir un glissement de sens par rapport à la définition plus générale évoquée plus haut. Plus que les lieux de rencontre et de communication entre la sphère civile et la sphère publique, elle évoque une dimension propre à une communauté (celle des « professionnels de la politique ») dont les citoyens connaissent l’existence mais à laquelle ils n’ont pas accès et qui devient publique par métonymie, car en démocratie tout ce qui relève de la politique est et doit être public.

La sociologie a adopté une définition beaucoup plus souple de l’espace public. Dans cette discipline, il indique un champ d’expérience d’une société qui comprend « tout ce qui est important pour ses membres, que cette importance soit réelle ou supposée »9. L’espace public serait donc ce qui permet aux différents composants de la société (individus et groupes) d’entrer en relation sur la base d’intérêts communs et qui rend possible que les communautés (qui par définition sont cloisonnées et dont les membres partagent un espace commun) forment une société.

Les sciences de la communication, qui ne se sont emparées de cette catégorie qu’à une époque assez récente, en ont fait un des principaux outils de leurs travaux. Des études importantes dans ce domaine sont dues ← 12 | 13 → à Bernard Miège qui, dans La société conquise par la communication10 et L’espace public contemporain. Approche Info-Communicationnelle11 identifie quatre grands modèles de communication qui organisent un espace public entre le XVIIIe et le XXe siècle : la presse d’opinion (milieu du XVIIIe siècle), la presse commerciale (à partir du milieu du XIXe siècle), les médias audiovisuels de masse (depuis le milieu du XXe siècle) et les relations publiques généralisées (depuis les années 1970).

L’architecture et les études urbaines identifient l’espace public (ou les espaces publics, le vocabulaire propre de ces disciplines utilisant l’expression plutôt au pluriel) avec les lieux physiques ouverts et accessibles à tous de façon libre et gratuite. Il s’agit donc des places, des rues, des jardins, des parcs, des réseaux de la voirie, des lieux, en général, qui permettent la mise en relation et la communication entre les êtres humains.

Le tableau que nous venons de brosser rend bien compte de la polysémie de la notion d’espace public12. L’espace public se révèle une locution à la sémantique complexe, dont les sens s’enchevêtrent et se superposent. C’est probablement la raison qui a conduit certains chercheurs à s’orienter vers une définition « minimale » ou « essentielle » de l’espace public. Éric Dacheux, dans son ouvrage L’Europe qui se construit : réflexions sur l’espace public européen, le définit comme espace de médiation entre la société civile, le système politico-institutionnel et le système économique, trois sphères qui ne sont pas étanches mais poreuses entre elles13. L’espace public serait donc le lieu où, à travers le débat et la confrontation (parfois conflictuelle) se dégage une vision commune et partagée. L’historien Robert Frank dans la conclusion du collectif Un espace public européen en construction définit l’espace public comme « espace concret ou informel de circulation des idées et des informations, de délibération et de débats, de circulation d’émotions collectives, dont l’homogénéité repose sur la simultanéité des sujets et des questions qui nourrissent les conversations, les discussions et les humeurs14 ».

Les débats et les recherches passées et en cours montrent à quel point l’espace public européen est une catégorie incontournable pour comprendre le processus d’européanisation. Ce qui surgit aussi de toute ← 13 | 14 → évidence est la difficulté d’un usage fonctionnel de cette catégorie, faute d’une définition partagée. La plupart des recherches centrées sur l’espace public européen commencent par affirmer la nécessité d’une définition, sans prendre forcément en compte les travaux précédents, et proposent à l’issue de leur parcours une nouvelle définition, ce qui rend leurs résultats difficilement comparables. L’espace public européen paraît donc en proie à un processus de redéfinition permanente.

Le débat autour de l’espace public européen

Le débat sur l’espace public européen commence à partir des années 1950, avec le début du processus d’intégration européenne, et il a connu des phases d’intensité inégales15. Très vif dans les années 1950, il a subi une inflexion dans les années 1960-1970, au moment où la guerre froide et la décolonisation ont recentré le débat sur le déclin de l’Europe en tant que puissance mondiale et sur la place qu’elle allait occuper dans le contexte international. La question a repris de l’importance dans les années 1980-1990, à partir notamment des travaux menés par les spécialistes en sciences de la communication sur la présence (ou l’absence) des nouvelles européennes dans les médias nationaux. L’espace public européen a ainsi fait l’objet, dans les dernières années, de nombreux projets de recherche, entrepris par des équipes transnationales. L’un des plus importants a été mené par le Groupe de recherche Espace Public Européen (EPE), une équipe pluridisciplinaire comprenant des spécialistes en sciences politiques, en sciences de la communication et des sociologues, dont l’objectif a été de décrire les stratégies de communication politique et médiatique des acteurs socio-politiques à l’intérieur de l’Union européenne et de redéfinir dans un cadre européen des concepts souvent forgés dans des cadres nationaux. Les résultats de travaux de l’EPE ont été publiés dans les ouvrages Vers un espace public européen ? Recherches sur l’Europe en construction et L’Europe qui se construit : réflexions sur l’espace public européen16.

À l’heure actuelle, les débats sur l’espace public européen s’articulent selon les orientations suivantes. Selon un premier point de vue, adopté surtout par les historiens, un espace européen de communication a existé au moins depuis le Moyen Âge. Il serait représenté par les réseaux de communication des savants, des hommes d’Église, des artistes, des ← 14 | 15 → lettrés, des diplomates. Il désignerait donc un espace de communication transnationale, à l’échelle européenne, portant sur des sujets relevant des intérêts communs et soumis à la discussion de tous. La « République des Lettres » serait ainsi la première forme de l’espace public européen17.

Une deuxième position affirme qu’un espace public à dimension européenne n’a jamais existé. Les seuls espaces publics existants seraient des espaces partiels, dont la consistance historique et politique serait limitée au cadre de l’État-nation, ou encore des espaces propres à certaines catégories déterminées (les hommes politiques, les savants, les femmes, les groupes ethniques, les experts, etc.)18. Il existerait donc en Europe plusieurs sous-espaces publics mais non pas un espace public européen unique. Il convient de remarquer que cette position décrit plus un espace commun – dans le sens d’un espace qui appartient à une communauté particulière – qu’un espace public au sens propre19.

Résumé des informations

Pages
225
Année
2016
ISBN (PDF)
9783035265903
ISBN (ePUB)
9783035298093
ISBN (MOBI)
9783035298086
ISBN (Broché)
9782875742889
DOI
10.3726/978-3-0352-6590-3
Langue
français
Date de parution
2016 (Avril)
Mots clés
Labex European Idendity European Union
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 225 p.

Notes biographiques

Corinne Doria (Éditeur de volume) Gérard Raulet (Éditeur de volume)

Corinne Doria est docteure en histoire contemporaine à l’université Paris 1 – Panthéon Sorbonne et à l’Università degli Studi de Milan / Corinne Doria holds a PhD in Contemporary History from University Paris 1 – Panthéon Sorbonne and the Università degli Studi in Milan. Gérard Raulet est professeur d’histoire des idées allemandes à l’université Paris-Sorbonne / Gérard Raulet is Professor of the History of German ideas at Paris-Sorbonne University.

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Titre: L’espace public européen en question / Questioning the European Public Sphere
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