Linguistique et stylistique des figures
Series:
Edited By Cécile Barbet
La figure et la recatégorisation de l’expérience
Extract
Groupe µ(Jean-Marie KLINKERBERG, Francis ÉDELINE)
Université de Liège
Si pour le philosophe, la catégorie est surtout un moyen qui permet d’élaborer la pensée discursive, le sémioticien, le psychologue cognitiviste et le biologiste seront attentifs à autre chose, qui est contenu dans les définitions des philosophes mais qui n’est pour ces derniers qu’une prémisse : au fait que la catégorisation repose sur la faculté que nous avons de discrétiser le continuum qu’est l’expérience, de segmenter son flux en états permanents et objectifs. C’est cette propriété fondamentale qui rend possible la comparaison entre les états, ce qui autorisera par la suite leur classement.
Mais pourquoi la catégorisation ? Le biologiste Ernst Mayr (1996 : 599-600) a l’intelligence de replacer le problème dans le cadre général des activités humaines : « Où que nous portions nos regards dans la nature, partout nous trouvons […] le divers […]. Comment l’esprit humain pourra-t-il jamais saisir et maitriser cette immense et vertigineuse diversité ? Il recourt pour ce faire au processus de classification, qui consiste à ordonner la diversité des objets et des phénomènes à l’intérieur de groupes ou de classes, les membres de chaque groupe possédant un attribut-clé ou un certain nombre d’attributs en commun ». L’expérience empirique première est donc celle de la diversité, une diversité qui doit être maitrisée. Il s’agit de gérer la masse d’informations qui, sans stabilisation, seraient radicalement neuves à chaque occurrence (chaque...
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