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Nos et leurs Afriques – Áfricas de uns e de outros

Constructions littéraires des identités africaines cinquante ans après les décolonisations

de Ana Paula Coutinho (Éditeur de volume) Maria De Fatima (Éditeur de volume) José Domingues Almeida (Éditeur de volume)
©2012 Collections 254 Pages

Résumé

Tour d’horizon pluriel des questionnements identitaires à l’œuvre ou sous-jacents dans les littératures africaines francophones ou lusophones – et, à un moindre égard, anglophones –, les contributions de ce volume explorent des problématiques transversales à ces champs littéraires. Elles analysent notamment la complexité des images que les littératures européennes (tout particulièrement celles des anciennes puissances coloniales) se font ou entretiennent de l’Autre africain ; et vice versa, celles que les littératures africaines projettent ou véhiculent de l’Europe et des Européens – spécialement des anciennes puissances coloniales.
Quelque cinquante ans après la vague de décolonisation de l’Union française, des territoires africains de la Couronne britannique, des colonie et protectorats belges, et du début des insurrections dans les colonies portugaises, cet ouvrage laisse voir comment des littératures africaines et européennes inscrivent des identités africaines dans une plongée complexe et nuancée.
Un processus postcolonial loin d’être arrivé à son terme. Un livre charnière.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préambule
  • Como Lobos
  • Littérature, culture et développement au Festival mondial des arts nègres de Dakar (1966 et 2010)
  • Historicités singulières et émergences du Soi dans les Francophonies d’Afrique
  • O olhar devolvido: cinema anti-colonial, leituras pós-coloniais? Algumas notas e convite à reflexão
  • Ahmadou Kourouma : Soleils et zones d’ombres. Une scénographie postcoloniale
  • Image de l’Afrique en contexte de migration dans Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye
  • Leurs Afriques revisitées par la voix exilique des enfants du postcolonial. Alain Mabanckou et Ondjaki
  • Histórias de regressos, memórias de partidas. Imagens do eu e do outro em narrativas pós-coloniais
  • Declinação da língua de uns e de outros. O caso de Agualusa
  • Tempos coloniais e pós-coloniais. Praia Lisboa de Henrique Levy
  • À la rencontre de la différence. Fiction africaine en portugais
  • Figures mythiques dans la littérature africaine. Vers une reconquête de l’identité
  • Images de l’Afrique dans quelques textes de voyage contemporains
  • As Visitas do Dr. Valdez: modos ficcionais de escrever o real
  • O ensino e o estudo da África e dos africanos: os curricula
  • Notices biographiques
  • Titres de la collection

Préambule1

Quelque cinquante ans après la vague de décolonisation de l’ Union française, des territoires africains de la Couronne britannique, des colonies et protectorats belges, et du début des insurrections dans les colonies portugaises, cet ouvrage collectif regroupe les apports critiques de chercheurs de nationalités différentes. Issus de champs de recherches complémentaires, ils n’ ont pas manqué d’ être interpellés notamment par les images que les littératures africaines et européennes se font ou se construisent du continent africain en général, comme des identités africaines en particulier.

Même si le processus de la décolonisation débute en Afrique au 19e siècle avec l’ indépendance du Libéria, puis, en 1922, de l’ Égypte, c’ est au cours de la deuxième moitié du 20e siècle qu’ ont été proclamées la plupart des indépendances, avec une véritable déferlante au début des années 1960. Pour ce qui est des colonies portugaises, il faudra en revanche attendre la Révolution des Œillets en 1974, voire l’ année suivante. Les guerres coloniales qui les annonçaient avaient toutefois éclaté en 1961.

Eu égard à nos rapports académiques à l’ univers linguistique et culturel francophone, nous avions commencé par envisager une réflexion ancrée sur des approches culturelles et littéraires exclusivement liées aux anciens territoires belges et français en Afrique. Nous avons toutefois élargi rapidement cette proposition car, en tant que chercheurs d’un Institut de Littérature Comparée, nous estimons que les phénomènes de colonialisme et de postcolonialisme ne doivent pas être analysés d’une façon homogène à partir de grilles de lecture telles que celles qu’ ont produites, tout du moins à leurs débuts, les « postcolonial studies », formatées par le monde anglo-saxon. Nous estimons également qu’ ils ne doivent pas être envisagés d’une façon isolée et qu’ il convient d’ établir des rapports entre les différents contextes géopolitiques et culturels, voire entre les différentes temporalités. En fait, les histoires postcoloniales demandent à être écrites/lues sous forme de réseau d’ histoires interdépendantes, entrelacées et superposées.

Cette approche, d’ ordre fondamentalement culturel et littéraire, nous la menons plus d’un demi-siècle après les processus complexes qui ← 9 | 10 → débouchèrent sur les indépendances. Ces moments toujours contrastés et souvent violents demandent à être envisagés et/ou ré-analysés d’une façon moins passionnée qu’ ils ne le furent généralement. Sans sous-estimer l’ apport des autres sciences sociales et humaines sur cette problématique, nous avons pour souci majeur d’ analyser des images du continent africain, en général, et des constructions des identités africaines, en particulier : celles qui ont nourri les littératures (post)coloniales, aussi bien en Afrique qu’ en Europe.

Nous proposons donc un véritable tour d’ horizon pluriel des questionnements identitaires à l’ œuvre ou sous-jacents dans les littératures africaines francophones, anglophones et lusophones. Ce faisant, les différentes contributions explorent des problématiques transversales à ces littératures postcoloniales. Elles s’ engagent dans l’ analyse de la complexité des images littéraires que les littératures européennes (et tout particulièrement celles des anciennes puissances coloniales) se font ou entretiennent de l’ Autre africain, tout autant que dans celles que les littératures africaines projettent ou véhiculent de l’ Europe et des Européens – notamment des anciennes puissances coloniales.

Les auteurs ont mis à profit les outils critiques et les approches transversales qui se sont imposées à eux ou ont connu un regain d’ intérêt critique ces dernières années. Ceux-ci concernent aussi bien les études francophones et anglophones que lusophones, centrées sur les problématiques du continent africain – qu’ il s’ agisse d’ « études postcoloniales » ou encore d’ « études inter- et multiculturelles ».

À travers plusieurs corpus littéraires en prose, ils entreprennent la comparaison des différentes perspectives et sensibilités thématiques, stylistiques et culturelles. Ils pointent aussi une vision européenne et occidentale, de la réalité africaine et, a contrario, un regard africain sur la réalité européenne et occidentale.

Tel est le cas de David Murphy, qui évoque un événement central dans la légitimation du courant de la négritude : le Premier Festival mondial des arts nègres de Dakar de 1966. L’ auteur met en relief les évolutions, voire les mutations conceptuelles, en comparant ce festival historique à son édition de 2010. Les débats sur le rôle de la littérature dans la construction de la « culture africaine » expriment en effet aujourd’ hui d’ autres préoccupations et passent par des formes artistiques et littéraires différentes.

Paulo de Medeiros propose, pour sa part, une très pertinente et touchante galerie d’ images de l’ Angola actuel ou, pour le citer, de l’ Angola « au présent », à partir de l’ analyse du film Angola, Saudades de quem te ama (2006). Il s’ agit, en rappelant Derrida, mais aussi Achille Mbembe, de ← 10 | 11 → pointer les contradictions inconciliables, elles aussi quelque part « postcoloniales », de l’ Angola contemporain aux prises avec la violence, les ruines, la misère et l’ espoir.

À l’ instar de celui de Paulo de Medeiros, l’ essai de Manuela Ribeiro Sanches vise à élargir la réflexion esthétique et identitaire au-delà des représentations littéraires, tant par l’ analyse de quelques exemples du cinéma du continent africain, que par les références faites au cinéma européen contemporain réalisé par des descendants d’Africains ou par des Africains de la diaspora. Il devient alors évident que ces formes de culture visuelle présentent un avantage sur l’ écriture, dans la mesure où elles échappent plus facilement aux contraintes linguistiques (néo)coloniales. Elles peuvent ainsi les mettre en question ou les rendre plus complexes.

L’ essai de Marc Quaghebeur tend aussi vers la restitution de cette complexité. Il souligne la difficulté et la singularité, toujours actuelles, des Francophonies d’Afrique, en tenant compte non seulement des spécificités de la colonisation de la Belgique (Congo, Burundi et Rwanda), mais aussi de l’ analyse des principales caractéristiques d’un corpus littéraire qui croise la littérature belge liée à l’ Afrique centrale et les littératures issues de ces trois pays. Il le fait en partant de leurs tout débuts pour aller jusqu’à des auteurs plus récents. Ainsi Stefano Kaoze, Paul Lomami Tshibanda, Paul Salkin ou Valentin-Yves Mudimbe. Son étude comprend notamment d’importantes informations sur la production francophone au Burundi, pour l’ heure la plus méconnue des littératures francophones.

José Domingues de Almeida dresse, quant à lui, un bilan critique, « scénographique » et « postcolonial », de l’ œuvre d’Ahmadou Kourouma, en la plaçant dans une approche davantage « francophone ». Il analyse la complexité des interprétations historiques « imbriquées » et la diglossie linguistique comme moyen et effet esthétiques.

Les apports et le rôle de la littérature par le biais d’une revisitation de l’ Histoire et d’un imaginaire collectif, font également l’ objet d’autres réflexions dans ce volume. Leonor Simas-Almeida se penche par exemple sur le binôme Histoire/Fiction et sur l’ éclairage que le discours littéraire apporte au discours historique, en partant de l’ analyse d’un ouvrage de l’ auteur mozambicain João Paulo Borges Coelho. Maria de Fátima Outeirinho, elle, travaille un imaginaire important sur l’ Afrique, celui du voyage. Ce parcours transversal se fonde sur plusieurs textes portugais contemporains : la littérature de voyage s’avère être ici un précieux réservoir de mémoire, aux valences sociales et politiques aussi bien qu’éthiques.

L’ article d’Isabel Moutinho, consacré à une fiction africaine écrite en portugais (A Última Tragédia d’Abdulai Sila et Zebra de Reis Luís « Mbwango »), ← 11 | 12 → vise pour sa part à identifier des stratégies mises en œuvre pour penser l’ autre et cerner la quête d’une différence culturelle marquée entre le monde blanc et le monde noir. Quant à Maria do Carmo Mendes, elle puise dans des récits capverdiens de Germano Almeida, Orlanda Amarílis, Dina Salústio et Henrique Levy afin d’y repérer des représentations des temps coloniaux et postcoloniaux. Les rapports aux configurations identitaires entre la métropole et l’ archipel africain s’en dégagent d’autant mieux.

C’est en revanche au rôle et à la place de la langue que s’attache Isabel Pires de Lima dans sa lecture de Milagrário Pessoal de José Eduardo Agualusa. Le rôle de la langue portugaise en tant que noyau identitaire commun s’y révèle aussi dans la construction, la légitimation et la reconfiguration de nouvelles cartes de diverses identités.

Les jeux de miroirs entre Africains et Européens, ex-colons et ex-colonisés, à partir desquels se construisent les représentations littéraires d’identités tant individuelles que collectives et culturelles, postérieures aux décolonisations officielles, ne peuvent pas ne pas tenir compte des processus d’instabilité identitaire associés notamment aux processus plus mitoyens (ni tout à fait africains, ni tout à fait européens, voire conjoints). À partir d’auteurs portugais « consacrés » tels António Lobo Antunes et Lídia Jorge, et des récents romans d’Aida Flores (Angola) et d’Isabel Figueiredo (née au Mozambique), Ana Margarida Fonseca développe de son côté une réflexion sur les images identitaires du je et de l’ autre, associées aux histoires de retours comme aux mémoires de départs qui ont balisé l’ Histoire des (dé)colonisations portugaises.

Vesna Cakeljić opte plutôt pour une lecture imagologique du continent africain, notamment du Sénégal, en partant du roman très prisé de Marie NDiaye Trois femmes puissantes (2009), dont elle dégage les aspects « asymétriques » au-delà des stéréotypes d’usage.

À partir des romans d’Alain Mabanckou et d’Ondjaki, Ana Paula Coutinho analyse, elle, les conséquences de l’ utilisation narrative de voix d’enfant en tant que cadre discursif d’une « voix exilique » qui revisite une Afrique forcément plurielle, et ce, par la fondation de « l’ après », entre (post-)mémoire et oubli. Chez Rodah Sechele-Nthapelelang ce sont d’autres types d’auteurs de la littérature africaine francophone, dont les principes d’écriture sont mis en lumière à travers l’ analyse du roman de Tanella Boni, Les Baigneurs du Lac Rose.

Enfin, les nouveautés et les vicissitudes programmatiques de l’ enseignement portugais pour ce qui est du corpus emprunté aux littératures africaines des pays lusophones font l’ objet du travail de Lola Geraldes Xavier. ← 12 | 13 →

Cette publication a bénéficié non seulement de la collaboration critique de David Murphy, Paulo de Medeiros, Maria Manuela Ribeiro Sanches et Marc Quaghebeur mais est également le fruit de leur arbitrage scientifique ainsi que de celui de Caroline Rooney. Qu’ils en soient ici vivement remerciés. Elle est en outre tout particulièrement redevable à Marc Quaghebeur, directeur de collection, qui a bien voulu nous ouvrir opportunément le prestigieux espace éditorial que nous occupons ici.

Ana Paula Coutinho
Maria de Fátima Outeirinho
José Domingues de Almeida
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  1  Sur décision des maîtres d’ œuvre du volume, les textes rédigés en portugais suivent l’ ancienne orthographe.

Como Lobos

Paulo de Medeiros

Résumé des informations

Pages
254
Année
2012
ISBN (PDF)
9783035264968
ISBN (ePUB)
9783035299380
ISBN (MOBI)
9783035299373
ISBN (Broché)
9782875742186
DOI
10.3726/978-3-0352-6496-8
Langue
français
Date de parution
2015 (Janvier)
Mots clés
Francophonie Littérature africaine Autre africain Décolonisation Puissance coloniale
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2015. 254 p.

Notes biographiques

Ana Paula Coutinho (Éditeur de volume) Maria De Fatima (Éditeur de volume) José Domingues Almeida (Éditeur de volume)

Docteure en littérature comparée, Ana Paula Coutinho est professeure associée agrégée à l’Université de Porto. Elle y enseigne la littérature comparée et les études françaises. Au sein de l’Instituto de Literatura Comparada Margarida Losa, elle poursuit des recherches sur les représentations littéraires et artistiques des déplacements (migrations, exils) dans le monde contemporain. Docteure en littérature comparée, Maria de Fátima Outeirinho est maître de conférences à la Faculté des Lettres de l’Université de Porto et chercheuse à l’Instituto de Literatura Comparada Margarida Losa. Elle y travaille dans le domaine « Inter culturalités ». Ses travaux critiques concernant les études françaises, la littérature de voyages et l’écriture féminine. Docteur en littérature française contemporaine, José Domingues de Almeida est maître de conférences à la Faculté des Lettres de l’Université de Porto et chercheur à l’Instituto de Literatura Comparada Margarida Losa. Il dirige la revue électronique d’études françaises Intercâmbio et est secrétaire de l’Association portugaise d’études françaises (APEF). Il a publié dans cette collection De la belgitude à la belgité.

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