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Services et environnement

Les enjeux énergétiques de l’innovation dans les services

de Charlotte Fourcroy (Auteur)
©2014 Collections 209 Pages
Série: Business and Innovation, Volume 10

Résumé

Dans le contexte actuel d’une économie dominée par les activités de services et de la montée des préoccupations énergétiques, cet ouvrage est consacré à la question de la consommation d’énergie des services. Les services ne sont pas immatériels, en particulier sous l’angle énergétique.
L’interactivité, qui est considérée comme l’une des caractéristiques fondamentales des activités de services, est une source majeure de matérialité. Celle-ci repose sur des systèmes physiques de transport et de communication qui sont énergivores. Par ailleurs, les services nécessitent l’utilisation de nombreux équipements et infrastructures.
Les dynamiques d’innovation et de changement dans les services ont des répercussions majeures sur la demande d’énergie. Il ne s’agit pas seulement des innovations visant les économies d’énergie, mais aussi des innovations de services répondant aux grands enjeux économiques.
Cette analyse se base sur une investigation empirique approfondie dans le secteur hospitalier et dans celui de la grande distribution alimentaire, particulièrement touchés par la question de la transition énergétique.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Remerciements
  • Introduction
  • Première partie. Les services ne sont pas « verts »
  • CHAPITRE 1: La matérialité énergétique des services
  • 1. Les services et le secteur tertiaire : définitions et périmètres
  • 1.1. Approche historique de la définition
  • 1.2. Une définition positive des services
  • 2. Les spécificités des services et leurs traductions en termes de matérialité
  • 2.1. Le mythe de la non-matérialité des services
  • 2.2. L’importance des interactions de services
  • 3. Les sources de matérialité énergétique des services
  • 3.1. Les sources directes de matérialité énergétique
  • 3.2. Les sources indirectes de matérialité énergétique
  • 4. Conclusion
  • CHAPITRE 2: La mesure des consommations d’énergie des services
  • 1. Les consommations d’énergie du secteur des services : un cadrage statistique général
  • 1.1. Un secteur peu consommateur d’énergie selon les données statistiques
  • 1.2. Une forte hétérogénéité des consommations selon les services
  • 1.3. Les consommations d’énergie oubliées des statistiques énergétiques
  • 2. L’estimation des consommations d’énergie pour les déplacements associés aux services
  • 2.1. La définition des déplacements de services
  • 2.2. L’estimation des performances énergétiques des moyens de transport
  • 2.3. Les résultats de l’estimation
  • 3. L’estimation de l’énergie grise dans les services
  • 3.1. La méthodologie d’estimation de l’énergie grise
  • 3.2. Les hypothèses pour le calcul du vecteur Cd
  • 3.3. Les résultats de l’estimation de l’énergie grise des services
  • 4. Conclusion
  • Deuxième partie. L’innovation dans les services : répercussions énergétiques
  • CHAPITRE 3: Innovation et consommation d’énergie dans les services : un cadre d’analyse
  • 1. La relation innovation-énergie dans la littérature
  • 1.1. L’innovation dans les services : un bilan de la littérature
  • 1.2. Les répercussions énergétiques des dynamiques d’innovation dans la littérature
  • 2. Une représentation des services adaptée à l’analyse des dynamiques d’innovation et de leurs répercussions énergétiques
  • 2.1. La représentation générale du produit en termes de caractéristiques
  • 2.2. Des adaptations pour prendre en compte les consommations d’énergie
  • 2.3. Une nouvelle représentation par les caractéristiques
  • 3. Un modèle pour l’analyse des dynamiques d’innovation dans les services et de leurs répercussions énergétiques
  • 3.1. La logique d’efficacité énergétique
  • 3.2. La logique d’enrichissement du service
  • 3.3. La logique de resserrement du service
  • 3.4. La logique de délégation
  • 3.5. La logique de mutualisation
  • 4. Conclusion
  • CHAPITRE 4: Les enjeux énergétiques de l’innovation dans le secteur hospitalier
  • 1. La demande d’énergie dans les établissements de santé
  • 1.1. Les sources de consommation d’énergie
  • 1.2. Un usage de l’énergie dans les bâtiments, associé pour plus de moitié au besoin de chaleur
  • 1.3. L’énergie, une question d’ordre secondaire relativement aux soins
  • 2. Les dynamiques d’innovation à l’hôpital et leurs répercussions énergétiques
  • 2.1. Les innovations relatives à la maîtrise de la demande d’énergie
  • 2.2. Le recentrage sur les missions premières
  • 2.3. La montée en gamme des hôpitaux
  • 2.4. Le développement de certaines formes de coopération
  • 3. Les impacts énergétiques de scénarios prospectifs, à l’horizon 2035
  • 3.1. Le modèle de prospective énergétique
  • 3.2. Trois scénarios contrastés d’évolution du secteur hospitalier
  • 3.3. Les résultats et leur analyse
  • 4. Conclusion
  • CHAPITRE 5: Les enjeux énergétiques de l’innovation dans le commerce de détail alimentaire
  • 1. La demande d’énergie dans le commerce de détail alimentaire
  • 1.1. Les sources de consommation d’énergie
  • 1.2. Un usage de l’énergie dans les bâtiments majoritairement associé au besoin de froid et d’éclairage
  • 1.3. Une bonne connaissance des consommations d’énergie et une volonté de les réduire
  • 2. Les dynamiques d’innovation dans le commerce de détail alimentaire et leurs répercussions énergétiques
  • 2.1. Les innovations relatives à la maîtrise de la demande d’énergie
  • 2.2. Le développement d’offres de commerce simplifiées
  • 2.3. La diversification des canaux de distribution
  • 2.4. La mise en œuvre d’une logistique mutualisée
  • 3. Les impacts énergétiques de scénarios prospectifs, à l’horizon 2035
  • 3.1. Le modèle de prospective énergétique
  • 3.2. Trois scénarios contrastés pour le commerce de détail alimentaire
  • 3.3. Les résultats et leur analyse
  • 4. Conclusion
  • Conclusion
  • Annexes
  • Bibliographie

Remerciements

Cet ouvrage s’appuie sur mon travail de thèse de doctorat, réalisé à l’Université Lille 1 et au sein du département EnerBaT de la Direction R&D d’EDF, de 2010 à 2013. Je remercie vivement mon directeur de thèse, Faïz Gallouj (Professeur à l’Université Lille 1) pour son soutien, ses nombreux conseils avisés et sa grande disponibilité. Je remercie également Fabrice Decellas, du département EnerBaT, pour m’avoir fait bénéficier de son expertise sur la demande d’énergie du secteur tertiaire.

Ce travail n’engage que l’auteur et ne constitue pas un exposé des positions d’EDF. ← 11 | 12 →

 

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Introduction

L’histoire de la pensée économique nous enseigne que les premiers économistes qui se sont intéressés aux activités de services leur ont attribué un caractère immatériel ou intangible (Smith, 1776 ; Say, 1803 ; Sismondi, 1819). Dans les économies contemporaines, avec la montée en puissance des préoccupations énergétiques (la raréfaction des ressources énergétiques fossiles, le changement climatique, la pollution locale, etc.), la notion d’immatérialité des services a souvent été interprétée comme signifiant que les services exercent une faible pression sur l’environnement et en particulier qu’ils consomment peu d’énergie (Illeris, 2007 ; Rifkin, 2000 ; OCDE, 2000). Cette idée est confortée par un certain nombre d’observations empiriques : alors que les services comptent pour près de 80 % de la valeur ajoutée produite et trois quarts des emplois dans les pays de l’OCDE, ils ne représentent qu’environ 15 % des consommations d’énergie finale1.

L’idée selon laquelle les services, immatériels, seraient moins consommateurs d’énergie et exerceraient une pression moindre sur l’environnement est particulièrement séduisante, puisqu’elle signifie que la tertiarisation de l’économie, qui caractérise tous les pays développés, contribue mécaniquement à la résolution des problèmes énergétiques et environnementaux.

Dans les années 1990 et 2000, un certain nombre d’auteurs ont ainsi envisagé la dématérialisation de l’économie en termes de réduction de la pression exercée sur l’environnement. Pour certains d’entre eux, c’est le passage d’une économie reposant sur la propriété individuelle à une économie de l’accès ou de la fonctionnalité (privilégiant l’achat de l’accès à une fonction plutôt que du bien lui-même) qui explique la dématérialisation de l’économie (Rifkin, 2000 ; Lauriol, 2007 ; Du Tertre, 2007 ; Heurgon et Landrieu, 2007). Pour d’autres, c’est le passage à une économie de la connaissance et de l’information (Romm et al., 1999). Au total, selon tous ces auteurs, la dématérialisation de l’économie, qui a pour origine la tertiarisation progressive, devrait permettre la poursuite du processus de croissance sans exacerber les tensions sur l’environnement et, en particulier, sur l’énergie. ← 13 | 14 →

Pourtant, en France, c’est le secteur des services qui a connu la plus forte croissance de ses consommations d’énergie ces dernières années. Par ailleurs, à l’échelle mondiale, ce sont les pays les plus tertiarisés qui sont aussi les plus consommateurs d’énergie par habitant (figure 1).

Figure 1. Comparaison entre le niveau de tertiarisation d’une économie et les consommations d’énergie par habitant, pour les principaux agrégats de pays.

fig1.jpg

Source : d’après des données de la Banque Mondiale pour 2010.

Sans constituer la preuve d’une causalité directe entre tertiarisation de l’économie et augmentation des consommations d’énergie par tête, ce résultat nous amène à reconsidérer la question de l’immatérialité des services et de la société de services, du point de vue de leurs consommations d’énergie.

La demande d’énergie des activités de services est mal connue et elle a fait l’objet d’un nombre limité de travaux, comparativement aux secteurs résidentiel, industriel et du transport. Ce faible intérêt pour l’étude des consommations d’énergie du secteur des services trouve plusieurs explications. Tout d’abord, comme nous l’avons déjà mentionné, ce secteur ne représente qu’une faible part du bilan énergétique global. Ensuite, la théorie économique, qui a traditionnellement qualifié les services d’immatériels ou d’intangibles, conforte l’idée qu’ils consomment peu d’énergie. La nature singulière des services complique également la collecte de données énergétiques et leur analyse : le secteur des services est, en effet, hétérogène (regroupant des activités aussi différentes que la grande distribution, la banque ou les coiffeurs) et ses consommations d’énergie sont diffuses (contrairement à l’industrie où elles sont relativement concentrées ← 14 | 15 → dans un certain nombre d’activités, telles que l’industrie sidérurgique). Finalement, à ces difficultés méthodologiques spécifiques à l’étude des consommations d’énergie du secteur des services, s’ajoutent celles, plus générales, liées aux difficultés de définition des services.

L’objectif de cet ouvrage est d’améliorer la compréhension des déterminants socioéconomiques de la demande d’énergie des activités de services et ainsi de combler le déficit cognitif souligné précédemment. Pour atteindre cet objectif, deux questions sont abordées. La première se rapporte à la matérialité des services et de la société de services. Il s’agit d’évaluer si les activités de services, telles qu’elles sont réalisées aujourd’hui, sont réellement moins consommatrices d’énergie que les autres activités économiques et si la tertiarisation de l’économie permet de répondre mécaniquement aux problèmes énergétiques. La seconde question se rapporte à l’évolution des services et de leurs consommations d’énergie. Il s’agit d’une analyse positive, cherchant à évaluer les répercussions énergétiques des dynamiques d’innovation et de changement à l’œuvre dans le secteur des services. Pour répondre à notre problématique, nous articulerons notre réflexion autour de ces deux questions.

La première partie est consacrée à l’examen de la demande d’énergie des services en statique (c’est-à-dire sans tenir compte des changements et de l’innovation). Dans le premier chapitre, nous abordons cette question d’un point de vue strictement théorique. Nous identifions les principales sources de consommation d’énergie à l’œuvre dans les services. Dans le second chapitre, nous confrontons notre analyse théorique aux données empiriques. Nous cherchons notamment à réévaluer une partie des consommations d’énergie qui sont associées, selon nous, aux activités de services mais qui échappent aux statistiques énergétiques. Au total, nous montrons que les services induisent des consommations d’énergie non négligeables, sous-estimées par les statistiques énergétiques du secteur tertiaire et que la tertiarisation de l’économie ne permet pas de répondre mécaniquement aux problèmes énergétiques.

Dans la seconde partie, nous poursuivons cette analyse en dynamique, afin de caractériser les répercussions énergétiques des dynamiques de changement et d’innovation à l’œuvre dans les activités de services, et en particulier de déterminer si elles sont favorables ou non à une réduction des consommations d’énergie. Dans le chapitre 3, nous proposons un outil d’analyse qui rend compte de la diversité et de la complexité de ces liens. Nous identifions différentes logiques d’innovation. Les chapitres 4 et 5 constituent une tentative de validation et d’illustration empirique de notre analyse théorique.

Le secteur tertiaire étant fortement hétérogène, l’analyse empirique passe, nécessairement, par l’examen individualisé des différentes ← 15 | 16 → catégories de services. Nous avons choisi de retenir le secteur de la santé et celui du commerce. Ce sont deux des secteurs des services les plus consommateurs d’énergie, représentant ensemble plus d’un tiers des consommations d’énergie du secteur tertiaire. Ce sont également deux secteurs pour lesquels un certain nombre de données énergétiques sont disponibles. Il s’agit également d’étudier, d’une part, un secteur public soumis au contrôle de l’État par la tutelle des Agences Régionales de Santé et, d’autre part, un secteur privé, concurrentiel, exclusivement marchand. Les secteurs de la santé et du commerce sont, eux-mêmes, constitués de divers sous-secteurs, dont les enjeux, en termes d’innovation ou d’énergie peuvent varier. Au sein du secteur de la santé, nous avons choisi d’étudier le secteur hospitalier (constitué des hôpitaux publics et des cliniques privées) qui représente environ 60 % des consommations d’énergie de la branche santé. Au sein du secteur du commerce, nous avons retenu le commerce de détail alimentaire. Il représente environ un quart des consommations d’énergie du secteur commerce et l’impact énergétique des innovations qui s’y développent a fait l’objet d’assez peu de travaux. C’est finalement un secteur que l’on peut appréhender relativement facilement, car dominé par quelques grands groupes de la distribution. ← 16 | 17 →

                                                                                     

  1.  L’énergie finale est l’énergie livrée au consommateur pour sa consommation finale (électricité au foyer, essence à la pompe). Elle provient de sources d’énergie primaire, qui sont, pour leur part, les formes d’énergie disponibles dans la nature sans transformation (charbon, pétrole, bois, énergie éolienne, etc.).

Résumé des informations

Pages
209
Année
2014
ISBN (PDF)
9783035264531
ISBN (ePUB)
9783035299915
ISBN (MOBI)
9783035299908
ISBN (Broché)
9782875741912
DOI
10.3726/978-3-0352-6453-1
Langue
français
Date de parution
2014 (Septembre)
Mots clés
Interactivité Secteur hospitalier Distribution alimentaire Service
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2014. 209 p., 35 ill., 21 tabl.

Notes biographiques

Charlotte Fourcroy (Auteur)

Charlotte Fourcroy est docteur en économie de l’Université de Lille 1. Elle est actuellement ATER à l’Université de Tours et chercheur au laboratoire Clersé (Université Lille 1). Ses travaux portent sur l’économie des services, de l’innovation et de l’énergie.

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