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Subversion ou conformisme ?

La différence des sexes dans l’œuvre d’Agota Kristof

by Simona Cutcan (Author)
©2014 Monographs VIII, 268 Pages
Series: Modern French Identities, Volume 112

Summary

Cet ouvrage propose une étude de la question du genre dans l’œuvre d’Agota Kristof, écrivaine suisse francophone d’origine hongroise. La prépondérance des narrateurs masculins dans sa prose suggère la supériorité du masculin; ceci se reflète aussi sur le plan du contenu de son œuvre, car les personnages féminins sont plutôt marginalisés et relégués à la sphère domestique. Néanmoins, les thèmes de la violence contre les femmes, de leur folie et de la prostitution démontrent un souci de présenter leur condition dans la société. Pour élucider cette contradiction, l’analyse détaillée des textes rend compte des différentes stratégies que l’auteure emploie pour représenter les personnages et leurs relations sexuées. Notamment, mettre l’accent sur la voix narrative permet d’étudier l’accès des personnages à la parole et leurs attitudes à l’égard de l’idéologie du genre. L’étude se concentre non seulement sur la fameuse trilogie mais également sur le roman Hier, les nouvelles, les pièces de théâtre et l’autobiographie. Première analyse de ce type, ce livre propose d’élargir l’approche interprétative des oeuvres de Kristof et d’apporter une nouvelle perspective à l’étude des œuvres littéraires de l’espace francophone européen.

Table Of Contents

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Remerciements
  • Introduction
  • CHAPITRE I Narration et écriture dans les romans
  • CHAPITRE II Le Système des personnages dans les romans
  • CHAPITRE III Les Nouvelles
  • CHAPITRE IV Le Théâtre
  • CHAPITRE V L’Autobiographie
  • Conclusion
  • Bibliographie
  • Index
  • Titres de la collection

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Remerciements

La publication de ce livre a été possible grâce à une subvention offerte par la National University of Ireland. Je souhaite remercier le Irish Research Council, la National University of Ireland, Maynooth et la Fondation O’Reilly pour les bourses doctorales qui m’ont permis de préparer cet ouvrage dans de bonnes conditions.

Je tiens à exprimer mes remerciements les plus chaleureux à Dr Francesca Counihan qui a dirigé cette thèse et m’a guidé avec patience tout au long de ce travail. Ses conseils et ses encouragements m’ont aidé à mener cette thèse à son terme. Je suis également très reconnaissante envers Prof Ruth Whelan pour m’avoir permis de faire cette recherche et pour m’avoir fait confiance. Je tiens à la remercier pour les suggestions qu’elle m’a données alors qu’elle remplaçait Dr Counihan. Un grand merci à mon amie Dr Cathriona Russell pour son soutien moral. Elle a su me remotiver dans les moments de doute de ces dernières années. Je n’oublie pas Fanny Gendrau et Morgane Croissant qui ont eu la gentillesse de lire la thèse très attentivement. En dernier lieu, ce projet n’aurait pas abouti sans l’aide de mon mari, Tony Ronan.

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Introduction

Dans la littérature de langue française écrite par les femmes dans les dernières décennies du siècle passé, on peut observer quelques thèmes privilégiés qui parlent de l’expérience de la femme comme la maternité, la sexualité, la relation mère-fille.1 L’œuvre d’Agota Kristof, écrivaine suisse d’origine hongroise ne témoigne pas de ces préoccupations, s’apparentant d’une certaine manière à celle de Marguerite Yourcenar, chez qui les personnages féminins sont plutôt marginalisés.2 Néanmoins, en dépit de leur rôle secondaire, on peut remarquer que les textes traitent des thèmes de la violence contre les femmes, de la folie des femmes, de la prostitution, de l’inceste, de l’homosexualité, et de l’importance des figures parentales. Le but de cette recherche est d’interroger ces motifs dans le cadre de la représentation de la femme et des rapports de genre dans l’œuvre de Kristof.

Cet essai aura comme objets d’analyse la prose, le théâtre et l’autobiographie de l’auteure.3 L’approche ne prétend pas être exhaustive mais a pour objectif de s’attarder sur les textes qui sont, selon nous, significatifs du point de vue de la perspective choisie. Le choix du corpus provient d’une première étape de recherche qui avait au premier plan les romans de Kristof. Notre horizon s’est élargi pour considérer les pièces de théâtre publiées jusque là et ensuite, avec la publication des nouvelles et de l’autobiographie, nous avons décidé de les incorporer également pour rendre compte des différentes modalités de représentation de la femme dans son œuvre.

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Agota Kristof et son personnage féminin sont difficiles à définir car elles sont toutes deux faites d’ambivalences et de mystères. L’écrivaine, femme exilée de son pays et de sa langue, se trouve à la marge de la francophonie et son origine est toujours mentionnée, comme pour souligner sa « véritable » appartenance. En mars 2011, le jour où la Hongrie célèbre l’anniversaire de la révolution de 1848, Agota Kristof a reçu le prix Kossuth pour son œuvre littéraire, un prix qui signifie pour elle la reconnaissance des siens qu’elle a toujours désirée.4 Après plus de cinquante ans de vie en exil en Suisse, loin de sa patrie, et plus de trente ans après la parution de son premier roman en français qui sera traduit en plus de trente langues, son œuvre reçoit enfin la reconnaissance de son peuple d’origine. Lors d’une interview donnée pendant son séjour en Hongrie après la remise du prix, elle avoue qu’elle est heureuse, car c’est un prix hongrois et qu’elle n’espérait ne jamais recevoir tant d’attention de la part de son pays d’origine. Elle avait déjà reçu beaucoup de prix,5 mais elle aurait aimé que le public hongrois connaisse son œuvre. La traduction de son œuvre en hongrois s’est passée avec un certain retard. La maison d’édition Cartaphilus, qui publie un recueil de nouvelles et de pièces de théâtre en 2007 espère, avec la traduction des textes jusqu’alors inédits en Hongrie, payer la dette que les éditeurs de son pays natal ressentent à son égard.6 La reconnaissance tardive mais importante des maisons d’édition et ← 2 | 3 → des critiques hongrois soulève des questions quant à son statut dans le monde littéraire qui sont liées directement au caractère problématique de son identité. Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l’Office fédéral de la culture suisse dit qu’elle « fait partie des grands écrivains de la Suisse ».7 Les Hongrois sont eux divisés, quelques-uns la considérant comme suisse mais écrivant sur la Hongrie.8 Comment la définir ? Est-ce une écrivaine suisse francophone ou une écrivaine hongroise de la diaspora s’exprimant en français ? Comment cette écrivaine entre deux cultures traduit-elle les troubles de son identité et comment est-ce que ceci affecte la représentation des personnages ?

Dans le monde francophone déjà, les écrivains suisses sont en marge, occupant une position périphérique9 et Kristof n’y appartient que par son domicile et la langue de son écriture. De plus, en Suisse, les écrivains ont du mal à se faire reconnaître sur le plan national et très peu vivent de leur plume. Ils ont plus de succès si une maison d’édition parisienne publie leur œuvre, comme dans le cas de Kristof qui a publié ses romans au Seuil.10 D’autant plus que la Suisse est un espace de questionnement identitaire, dont parle Roger Francillon en évoquant le « mal suisse », la solitude de l’écrivain suisse « abandonné à lui-même » qui caractérise surtout les œuvres des trois dernières décennies.11 Il semble que sa situation d’écrivain exilé a été doublement difficile en Suisse, et l’effort de se faire publier a dû demander de sa part beaucoup de détermination et de confiance en soi.

Au fond, on pourrait simplement dire qu’elle fait plutôt partie des exilés de la littérature d’expression française, qui sont des écrivains déracinés ← 3 | 4 → provenant des pays qui faisaient partie de l’espace colonial francophone ou de ceux francophiles de l’Europe de l’Est, comme la Roumanie et la Russie ; en somme, des individus qui ont fini par écrire en français dans un pays francophone ou en France. Nous pouvons penser à d’autres comme Emile Cioran, Julia Kristeva, Milan Kundera, Andreï Makine, Nancy Huston, ainsi qu’à Samuel Beckett et Eugène Ionesco, avant eux. Retraçons dans un premier temps son parcours et son œuvre.

Biographie

Agota Kristof naît en 1935 à Csíkvánd, en Hongrie, dans une famille d’enseignants. Pendant la guerre, ils vivent à Köszeg, une ville près de la frontière autrichienne. Elle commence à écrire des poèmes dès son adolescence et rejoint la troupe de théâtre de son école. Elle se marie à 18 ans, et en 1956, la répression de la révolte anti-communiste met en danger la vie de son mari qui était engagé politiquement contre le régime. Il décide de quitter le pays pour assurer sa sûreté et sa femme le suit avec leur enfant. Plus tard, elle exprimera plusieurs fois son regret d’avoir quitté la Hongrie.

Ce moment de rupture est déterminant dans sa vie et influencera d’une manière critique son œuvre. Rupture d’avec sa famille, abandon de son pays, de sa langue, de ses projets d’écriture, cette période tumultueuse de l’histoire a laissé de profondes blessures dans son identité. Comme le dit Marie-Thérèse Lathion, qui a travaillé sur les manuscrits de Kristof aux Archives Nationales Suisses, « la fugitive est un écrivain, débutant, certes, mais qui déjà, doit faire le double deuil d’une œuvre lyrique dont les manuscrits sont abandonnés en Hongrie, perdus à tout jamais, et d’une langue maternelle, le hongrois, sienne pour un temps encore, avant d’être « vampirisée » par le français, langue de son œuvre future ».12

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En Suisse romande, travaillant dans une usine où il était interdit de parler, il lui faut des années pour apprendre le français, dès lors elle ne peut pas continuer ses études. Après cinq ans, une bourse de l’Université de Neuchâtel lui permet de prendre des cours de français et d’arrêter de travailler. Pendant qu’elle s’occupe de sa famille, elle commence à écrire en français. Dans les années 70, elle écrit ses premières œuvres en français, des pièces de théâtre, qui seront jouées dans les cafés neuchâtelois, puis à la radio. Plus tard, ses œuvres théâtrales sont mises en scène en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en France et même au Japon où elle a beaucoup de succès. En 1980, après son deuxième divorce, elle reprend le travail.13

En 1986, elle publie son premier roman Le Grand Cahier aux Editions du Seuil, roman qui lui apporte beaucoup de succès et le prix du Livre Européen. Ce roman est suivi par La Preuve en 1988 et par Le Troisième Mensonge en 1991 et les trois forment une trilogie décrivant la vie de deux frères jumeaux séparés par la frontière d’entre deux pays. En 1995, Kristof continue d’une certaine manière ce thème de l’exil avec son quatrième roman Hier qui se passe dans le pays d’adoption du personnage exilé et est, selon elle, le plus autobiographique de ses romans. Quatre de ses pièces de théâtre ont été publiées en 1998, sous le titre L’Heure grise et autres pièces, et quatre autres encore en 2007 dans le recueil Le Monstre et autres pièces. En 2004, quelques textes écrits pour la revue suisse allemande Du dans les années 1989/1990 sont publiés dans le récit autobiographique L’Analphabète. Les nouvelles du volume C’est égal, apparues en 2005, sont des textes composés des années auparavant qui forment le lien entre les poèmes qui n’étaient pas encore publiés, la première forme d’écriture de l’auteure, et les pièces de théâtre, sur lesquelles elle a travaillé dans les années 1970. Ce sont surtout les romans, traduits dans une trentaine de langues, qui ont apporté à Kristof une renommée internationale et de nombreux prix littéraires. Ses romans ont inspiré également des adaptations de théâtre et des films.

En somme, ce que nous pouvons remarquer, c’est la difficulté de commencer sa carrière d’écrivain, une œuvre écrite dans la deuxième moitié ← 5 | 6 → de sa vie. Elle n’a commencé à rendre ses écrits publics qu’après plus de quinze ans en Suisse. De plus, pour revenir au questionnement identitaire, en tant qu’écrivaine hongroise émigrée en Suisse, elle pourrait être considérée comme faisant partie du groupe des écrivains francographes déplacés, hybrides, migrants, apatrides, de l’entre-deux culturel, et qui ainsi situés puisent dans un imaginaire de l’étranger, de l’autre, et proposent une écriture de l’identité problématique et de la perte.

Bilan de la critique

Dix-huit ans après la publication de son dernier roman, on peut dire que certaines parties de l’œuvre d’Agota Kristof ont suscité plus d’intérêt chez les critiques que d’autres. Jusqu’ici la critique de l’œuvre consiste en deux livres et plusieurs articles, publiés dans des collections d’essais, des revues de critique littéraire et des quotidiens. La majorité des études critiques traitent de la trilogie, les autres œuvres ne font l’objet que de quelques articles. Pour schématiser, on peut grouper les textes critiques en deux grands groupes. Premièrement, nous avons affaire à une analyse du contenu de la trilogie du point de vue sociopolitique ou historique qui se concentre ainsi sur l’intrigue et les personnages. La guerre et ses atrocités vécues par les jumeaux et l’exil avec ses conséquences néfastes pour l’individu comme la perte d’identité, les difficultés linguistiques, l’état d’hybride sont des thèmes privilégiés.

Sonia Dayan Herzbrun14 voit la trilogie comme une tentative de représentation de l’Europe contemporaine après la chute du communisme. Selon elle, ce monde d’aujourd’hui est fragmenté plutôt qu’uni en dépit du processus de mondialisation et il n’y a plus d’unité de sens. Ces caractéristiques se reflètent dans le mode d’écriture de Kristof. En analysant les différents types d’exil dans son œuvre, Herzbrun mentionne la question de l’exil de « son genre » de par l’utilisation de narrateurs masculins. Mais elle ne ← 6 | 7 → développe pas cette idée et considère que les difficultés de survivre sous un régime totalitaire font que les questions de sexe ne se posent pas, les deux sexes étant affectés de la même manière.

Ce lien à l’histoire de l’Europe est évident aussi pour Martha Kuhlman15 qui analyse les romans du point de vue du rapport entre l’histoire écrite par des historiens et celle vécue par les individus. Elle présente l’hypothèse que les romans suggèrent que les traumas de l’histoire sont perpétuellement écrits et réécrits, faisant allusion au fait que les pays de l’ancien bloc soviétique ont besoin d’une révision de leur histoire, qui, jusqu’à la chute du mur de Berlin, a été dictée par les partis communistes au pouvoir.

À cette analyse du côté historique des romans on peut ajouter l’analyse du rapport du texte romanesque à l’autobiographie en tant qu’histoire personnelle comme dans l’article de Michelle Bacholle16 où elle compare Agota Kristof à Farida Belghoul et Milcho Manchevsky et dans de nombreux articles où la question de l’autobiographie est analysée par rapport à l’exil des personnages. On pourrait inclure dans ce groupe l’œuvre comparative de Tijana Miletic,17 qui considère que le motif des jumeaux de la trilogie est un procédé qui représente l’expérience traumatique de l’exil de l’écrivaine.

D’autres critiques s’intéressent davantage à la question de l’écriture. L’écriture des personnages et l’écriture en tant que style de l’auteur constituent un deuxième grand thème. Dans la trilogie, le jeu entre le mensonge et la vérité vu comme projection de celui entre la fiction et la réalité renvoie implicitement, selon les critiques, à l’acte d’écrire. La tentative de déchiffrer le labyrinthe des mensonges s’ajoute aux analyses du récit et du mode de la narration. Dans ce courant on peut inclure le travail de Valérie Petitpierre sur la trilogie de Kristof.18 Elle propose une analyse approfondie de la trilogie en traitant de plusieurs aspects de l’écriture comme la question des narrateurs, ← 7 | 8 → l’existence des manuscrits et leur nature, ainsi que les styles différents de narration employés dans les trois romans. Sa démarche vise à montrer que l’auteur s’efface derrière les deux narrateurs, n’assume pas la rédaction des textes et qu’ainsi son écriture ambiguë « longe une frontière abstraite » entre fiction et autobiographie.

L’autre analyse détaillée de la trilogie a été faite par Marie-Noëlle Riboni-Edme.19 Elle a comme sujet la thématique de la dislocation et montre la division qui existe dans les romans, en deux mondes, deux histoires et deux narrateurs, ainsi que les fractures internes du texte qui provoquent à leur tour d’autres divisions. La lecture de Riboni-Edme met en relief l’architecture singulière du texte. Selon elle, l’œuvre de Kristof s’inscrit dans le questionnement actuel sur la littérature à travers le caractère contradictoire du langage qui renvoie à sa propre remise en question.

Marie Bornand lie les thèmes de l’exil et de l’écriture que nous avons dégagés parce qu’elle considère que l’écriture d’Agota Kristof est une écriture de l’exil, de l’altérité, s’inscrivant dans une problématique plus large du XXe siècle qui dépasse les frontières nationales. Elle voit les romans comme un cycle sur le thème de l’exil et du passage de la frontière mais c’est un cycle qui manque de continuité et il y règne plutôt l’éclatement de la forme et du sens qui sont très étroitement liés.20

Details

Pages
VIII, 268
Year
2014
ISBN (PDF)
9783035305722
ISBN (ePUB)
9783035394757
ISBN (MOBI)
9783035394740
ISBN (Softcover)
9783034317139
DOI
10.3726/978-3-0353-0572-2
Language
English
Publication date
2014 (March)
Keywords
genre violence folie relations sexuées prostitution
Published
Oxford, Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Wien, 2014. VIII, 268 p.

Biographical notes

Simona Cutcan (Author)

Simona Cutcan est membre du groupe de recherche ‘Gender, Performativity, Play’ de la National University of Ireland, Maynooth. Elle est l’auteure de plusieurs articles sur l’œuvre d’Agota Kristof.

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