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L’Essor de la proposition participiale en moyen français

de Anders Bengtsson (Auteur)
©2014 Monographies 155 Pages

Résumé

Attesté dans les traductions et les textes narratifs en moyen français, la proposition participiale frappe par son essor pendant cette époque. La fréquence de la construction n’est pourtant pas uniforme : il y a d’une part une différenciation selon les époques, d’autre part une différenciation selon les oeuvres. Qu’est-ce qui pourrait donc expliquer sa fréquence dans les texts ? D’après nos résultats, la relatinisation, par l’intermédiaire de la traduction, affecte la syntaxe, jouant ainsi un rôle dans cette évolution linguistique. Le but de cette étude est également de comprendre la fonction et la structure de la proposition principale. Si la proposition participiale est attestée dans tous les textes, on peut cependant noter une différence importante : la construction ne revêt pas toujours le même caractère autonome dans les textes narratifs que dans les traductions.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Avant-propos
  • 1 Introduction
  • 1.1 De l’ablatif absolu à la proposition participiale
  • 1.2 Définition et but
  • 1.3 Un point de départ
  • 1.4 Corpus
  • 2 De la chose de la chevalerie
  • 2.1 Bilan et discussion
  • 3 Le Miroir historial de Jean de Vignay
  • 4 Les Merveilles de la Terre d’Outremer
  • 5 Le Miroir historial de Jean de Noyal
  • 6 Le traducteur Jean Miélot
  • 6.1 Le Miroir de l’humaine salvation
  • 6.2 La Vie et Miracles de Saint Josse
  • 6.3 Bilan et discussion
  • 7 Textes narratifs
  • 7.1 Christine de Pizan La Cité des dames
  • 7.2 La Belle Maguelonne
  • 7.3 Philippe de Commynes Les Mémoires
  • 7.4 François Rabelais Gargantua
  • 7.5 Bilan et discussion
  • 8 Le cas de « voiant tous » et de « oiant tous »
  • 9 Remarques finales
  • Bibliographie

← 6 | 7 → Avant-propos

La présente étude sur l’essor de la proposition participiale en moyen français est loin d’être exhaustive. Depuis 2007, j’ai présenté des recherches sur des traductions et des textes écrits directement en français dans ce domaine lors de conférences et dans quelques articles. Deux conférences n’ont pas abouti à des communications écrites: celles que j’ai présentées au Festival de Linguistique Romane, FLR, organisé par Gunnel Engwall, Lars Fant, Inge Bartning, Luminitza Beiu-Paladi, Johan Falk, Mats Forsgren et Thomas Johnen à l’Université de Stockholm en 2012 et au colloque Aux marges de bien dire, organisé par Anna Carlstedt et Christophe Clavel à l’Université Paris-Sorbonne, Paris IV, en 2011. Ici je propose une synthèse enrichie et approfondie de tous mes résultats. J’espère par conséquent avoir apporté une certaine contribution à l’étude de cet élément syntaxique. Au terme de ce travail, je souhaiterais exprimer ma profonde reconnaissance à mes collègues pour leurs remarques pertinentes sur ma recherche.

Ce travail n’aurait pas vu le jour sans l’appui financier de la Fondation de Sven et Dagmar Salén et de Lars Hiertas Minne. De même, il n’aurait pas pu être imprimé sans les subventions des fondations d’Åke Wiberg et de Magnus Bergvall. Je terminerai en adressant mes remerciements à la maison d’édition Peter Lang qui en a rendu possible la publication. ← 7 | 8 →

← 8 | 9 → 1 Introduction

Parmi les constructions faisant partie du patrimoine linguistique de la langue française, on peut remarquer la proposition participiale détachée, composée d’un participe (présent ou passé) accompagné de son propre sujet. Existant depuis longtemps, cette construction a fait objet de très peu d’études en somme, ce qui est curieux. Or, nous montrerons au cours de ce travail que la construction mérite d’être étudiée, car les constructions détachées participiales jouissent d’une grande mobilité et sont dépourvues de contraintes syntaxiques qui structurent le prédicat verbal (Landy-Houillon 2003 : 71). Ainsi, à l’instar de Skupiens (2008 : 134), nous sommes d’avis que les constructions détachées constituent un terrain idéal pour caractériser le style personnel d’un auteur ou d’un traducteur. Attestée dès l’époque du moyen français, ou même avant, vers la fin de l’ancien français, la proposition participiale connaîtra une apogée au milieu du XVIe siècle (Lorian 1973 : 207) pour ensuite baisser en fréquence à la fin de ce siècle. Elle se retrouve dans différents textes, qu’il s’agisse de traductions ou de textes écrits directement en langue vernaculaire, mais pas dans la même mesure. Cette construction emblématique de la langue française, sinon de la langue orale (cela dit en est un exemple fréquent), du moins de la langue écrite, existe toujours comme nous allons voir bientôt. Cependant, sa fréquence n’est pas aussi élevée qu’autrefois : selon l’étude de Lorian, la fréquence est basse dans la prose du XXe siècle par rapport au XVIe siècle (1973 : 207). Étant donné que son étude n’est pas récente, la question est de savoir si la situation pour la proposition participiale est la même de nos jours. Elle se retrouve aujourd’hui non seulement dans la littérature et dans la prose journalistique, mais aussi dans des textes destinés à l’usage quotidien comme les modes d’emploi, pour ne citer que quelques exemples. Sans doute une proposition subordonnée est-elle jugée trop longue dans ces modes d’emploi alors qu’une proposition participiale a l’avantage d’être très brève. L’exemple suivant, tiré de la légende d’un produit pour le jardin, montre au moins une particularité propre à cette construction, à savoir qu’elle occupe le plus souvent la position initiale dans une phrase :

(1) La nuit venue, il brille de mille couleurs grâce à l’énergie solaire et danse au gré du vent

Le segment initial La nuit venue appartient à ce que l’on appelle des chevilles initiales (pour d’autres exemples, voir Lorian 1973 : 208), dont le contenu est ← 9 | 10 → stéréotypé, équivalant à des connecteurs. Le rapprochement entre les chevilles initiales et les connecteurs est sans aucun doute important pour la description de la proposition participiale. Son rôle d’embrayeur syntaxique n’est donc pas à negliger à l’oral, comme le signale Banniard (2013 : 170), ou à l’écrit. Il est évident que les propositions participiales fonctionnent comme des éléments de liaison et des pivots dans l’expression de la pensée (cf. Atkinson 1974 : 403). En ce qui concerne la position de la proposition participiale, notre exemple rejoint d’ailleurs ceux relevés par Riegel et al. (1994 : 510), où elles se trouvent toutes en début de phrase. On peut s’interroger sur les mécanismes qui favorisent cet emplacement. Parmi les différentes sortes de termes propres à devenir un sujet, Séchehaye compte non seulement les compléments de temps et de lieu, mais aussi les constructions absolues (1926 : 164). Comme il le précise également, le rapport psychologique qui s’établit entre les deux termes n’est pas celui d’un principal à son complément, mais de deux énoncés successifs dont l’un introduit et complète l’autre (1926 : 165). Construction très commode et économique, la construction absolue, que nous préférons appeler proposition participiale, peut souvent être interprétée comme une proposition temporelle :

Comme nous venons de le mentionner, la proposition participiale s’observe également dans la prose journalistique ainsi qu’il ressort de ce titre de presse tiré du Parisien:

Cependant, cette solution était rare cette journée-là, car on peut noter que, si cette information d’arrière-plan est présente (ce qui n’est pas le cas dans (2d)), les quotidiens1 ont opté pour une principale, avec ou sans verbe fini.

(2a) Affaire Bettencourt : les poursuites contre Nicolas Sarkozy validées (Le Monde, 24/09/13)

(2b) Bettencourt : la cour d’appel valide l’ensemble de la procédure (Le Nouvel Observateur, 24/09/13)

(2c) Bettencourt : l’enquête des juges confortée (Libération, 24/09/13)

Résumé des informations

Pages
155
Année
2014
ISBN (PDF)
9783653047059
ISBN (ePUB)
9783653980684
ISBN (MOBI)
9783653980677
ISBN (Broché)
9783631654767
DOI
10.3726/978-3-653-04705-9
Langue
français
Date de parution
2014 (Juillet)
Mots clés
ablativus absolutus Chroniken Francois Rabelais Christine de Pizan
Published
Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2014. 155 p.

Notes biographiques

Anders Bengtsson (Auteur)

Anders Bengtsson est professeur de français à l’Université de Stockholm. Il a publié deux vies de saintes. Parmi ses travaux, on compte des études sur la mise en prose, sur la polynomie et sur le connecteur car. Il travaille actuellement sur le journal du suédois Eric von Roland, contemporain de Charles XII.

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