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Les littératures du Maghreb et d’Afrique subsaharienne

Lectures croisées I

de Anne Begenat-Neuschäfer (Éditeur de volume) Daniel Delas (Éditeur de volume) Tania Celestino de Macedo (Éditeur de volume) Khalid Zekri (Éditeur de volume)
©2016 Comptes-rendus de conférences 251 Pages

Résumé

On pense rarement l’Afrique du Nord et celle du Sud ensemble, clivage ancien ou une des multiples conséquences du regard colonial ? Défis et tensions des littératures transnationales convergent vers un embodiment transnational à partir de l’Afrique. L’approche comparatiste s’avère riche pour appréhender le nouvel ancrage identitaire.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos des directeurs de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Préface
  • Quand les auteurs réinventent l’histoire et la nation
  • Penser la langue : Maghreb/Afrique subsaharienne
  • Le problème spécifique de l’écrivain maghrébin
  • L’image de l’Autre dans l’écriture de Fouad Laroui et Alain Mabanckou
  • Le rire littéraire : Fouad Laroui (Méfiez-vous des Parachutistes, 1999), (Une année chez les Français, 2010) et Alain Mabanckou, (Verre Cassé, 2005)
  • Des considérations actuelles de la littérature postcoloniale à propos du passé : Assia Djebar et Ahmadou Kourouma
  • Du témoin littéraire : Mohammed Dib/Ahmadou Kourouma
  • Fanon écrivain. De Peau noire, masques blancs à Les Damnés de la terre
  • Jean El-Mouhoub Amrouche : Pour une théorie de la décolonisation : « Réflexions sur l’image de soi »
  • Devoirs de violence transsahariens : guérillas linguistiques et manipulations langagières dans le roman d’expression anglaise, française et arabe.
  • Histoires de corps, histoires de femmes dans la littérature africaine (quelques cas)
  • Dire l’indicible : Lecture croisée de Paulina Chiziane Ventos do Apocalipse (1993) et Léonora Miano La saison de l’ombre (2013)
  • La narration parallèle chez Boualem Sansal et José Eduardo Agualusa
  • Luanda : Littérature et histoire de l’Angola
  • La perspective de l’enfant : Stratégies subversives de critique sociale dans le roman angolais contemporain (Ondjaki, Manuel Rui)
  • Les récits sur la reine Nzinga : entre Histoire et Littérature
  • Vivre ensemble à une certaine distance – le freeter de Germano Almeida
  • Bibliographie
  • Index nominorum
  • Notices biographiques
  • Titres de la collection

Préface

Les littératures francophones du Sud et celles de langue portugaise ont été, pendant longtemps, étudiées séparément dans les pays francophones et lusophones. Cette tradition critique se distingue de celles, anglo-saxonne et allemande, qui ont toujours opéré selon une perspective transversale et comparée.

Sans entrer dans l’exposé des facteurs, historiques, idéologiques et culturels qui expliquent cette méthodologie de « compartimentation » des littératures francophones et lusophones, force est de constater que les littératures, aussi bien maghrébines que subsahariennes, développent souvent des thèmes et des postures scripturales sinon similaires, du moins comparables.

Après une période de contraintes esthétiques liées à la formation des écrivains dans un contexte scolaire colonial, repérables à travers les scolarismes (Mouloud Feraoun, Fadhma et Taos Amrouche, Ahmed Séfrioui, Amadou Hampâté Bâ, Camara Laye et d’autres encore) qui marquent leurs œuvres littéraires, les littératures maghrébines et subsahariennes de langue française et portugaise sont entrées dans une période de contestation post-coloniale, en lien direct avec la désillusion qui a marqué la génération déçue, que l’écrivain angolais Pepetela a nommé « la génération de l’utopie » – Rachid Boudjedra, Abdellatif Laâbi, Abdelhak Serhane, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti, Sony Labou Tansi, Ousmane Sembène, Mia Couto, Pepetela, Luandino Vieira, ou encore Eduardo Agualusa – pour atteindre aujourd’hui une phase qu’on pourrait qualifier de mémorielle où certains écrivains comme Fouad Laroui, Yasmine Chami Kéttani, Tierno Monénembo, Henri Lopes, Sami Tchak, Patrice Nganang, Abdourrahman Waberi, Lionel Manga, Assia Djebar, Leila Marouane, Léonora Miano, Ondjaki, Paulina Chiziane, Vera Duarte, Ana Paula Tavares, Nelson Sáude mettent en scène le réel vu à travers le prisme de leur subjectivité, prenant ainsi progressivement du recul par rapport à la notion d’écrivain porte-parole.

Il est évident que ces distinctions ne sont pas absolues et que certains écrivains y échappent. Un axe du colloque a été consacré à ces exceptions « inclassables » qui échappent au principe de périodisation. Il n’en demeure pas moins que trois phases constituent autant de tournants communs aux littératures maghrébines et subsahariennes.

Les questions identitaires, linguistiques et socio-politiques, se posent aussi bien aux uns qu’aux autres, toutes phases confondues. Mais, si les écrivains des années 1950–80 renvoyaient à des discours collectifs et/ou à des idéologies, ceux des années post-communistes demandent d’abord à être reconnus pour leur in ← 9 | 10 → dividualité propre, en tant que subjectivités exprimant des choix personnels. Ce qu’on pourrait certes interpréter comme un rejet de l’engagement qui était encore au début des années 80 la mission implicite de toute littérature.

Si les nouvelles générations d’écrivains maghrébins et subsahariens rejettent étiquettes et classifications, c’est d’abord la forme narrative autoréflexive qu’ils remettent en question, comme le montrent la présence prépondérante du narratif dans la fiction et l’inflation des récits de témoignage. Le regard est très vite passé d’une littérature marquée par un certain hermétisme stylistique, attendu par la critique de l’époque, à une surdétermination de l’écriture par la parole quotidienne considérée sous l’angle de sa diversité et de sa richesse dans une Afrique en mutation qui a connu tardivement l’émergence d’une société civile efficiente à partir de la fin de la guerre froide. Les auteurs mettent ainsi un(e) protagoniste ou un ensemble de personnages ‘ordinaires’ en évidence face à la coercition de la contrainte collectiviste. Ce qui caractérise le processus de subjectivation à l’œuvre dans les littératures maghrébine et subsaharienne de ces vingt dernières années.

Pour ce colloque d’ouverture nous avons défini quelques axes qui nous ont permis de structurer l’approche comparée, notamment

Les dix-sept contributions s’articulent selon ces interrogations, délimitant des champs littéraires à la fois proches et complémentaires.

Nous remercions Jan Siemon pour nous avoir aidé dans la conception de la couverture. Hervé Sanson a relu les textes en français, tâche importante en vue d’une traduction fidèle en langue commune de ce que les auteurs ont voulu dire ; nous lui en sommes reconnaissants.

Benjamin Gaca a revu et formaté les textes, unifié les indications bibliographiques et traduit les résumés en anglais. Qu’il soit ici vivement remercié de son dévouement sans failles.

Nous sommes redevables à la DFG d’avoir permis une nouvelle fois par son soutien financier la publication de nos actes.

Aix-la-Chapelle, Meknès, São Paulo et Paris en février 2016

Anne Begenat-Neuschäfer, Khalid Zekri, Tania Macedo, Daniel Delas ← 10 | 11 →

Ana Mafalda Leite

Quand les auteurs réinventent l’histoire et la nation

Abstract

The colonial era, due to the frequent absence of local sources, needs to be rewritten from an endogenous perspective, as it happens in the Mozambican narratives Choriro (2009) by Ungulani Ba Ka Khosa and O Chão das Coisas (2006) by Marcelo Panguana. These texts put into question, in various ways, the representation of the idea of the Nation, challenging these imaginaries through the choice of subjects occurring at the threshold of pre-colonial history.

Pour cet essai je me suis inspirée des réflexions théoriques du penseur camerounais Achille Mbembe. Selon lui, de nouveaux imaginaires de l’État et de la Nation dans les pays africains émergèrent dans la période post-coloniale.

Dans ce contexte, deux tendances méritent une attention particulière : la première qui reconnaît des identités, des cultures et des traditions différentes, mais ne se reporte qu’aux concepts de communauté et de groupe et non à celui d’individu et la seconde qui se base sur le principe de la différence et de la reconnaissance d’identités particulières, un critère qui sert cependant à exclure et à marginaliser certaines composantes de la nation, parce qu’il permet la différenciation entre autochtones et ceux qui sont nés en dehors du territoire national :

Le premier tente de résoudre l’apparente contradiction entre citoyenneté et identité en préconisant une philosophie de refondation de l’État et de la nation dont le principe de base est la reconnaissance constitutionnelle des identités, des cultures et des traditions distinctes. Cette tradition de pensée nie l’existence d’individus en Afrique. À ses yeux, seules existent les communautés. Il n’y aurait d’individualité que de groupe. Le groupe serait la manifestation par excellence de l’individualité de chacun de ses membres.1

Par contre, dans les configurations plus perverses, les tentatives de reconstruction de l’état et de la nation sur la base du principe de la différence et de la reconnaissance des identités particulières servent à exclure, à marginaliser, voire à éliminer certaines composantes de la nation. C’est notamment le cas dans des pays où les distinctions entre autochtones et allogènes sont reprises dans la lutte politique.2 ← 11 | 12 →

C’est à partir de ces réflexions que notre essai va analyser deux textes mozambicains de fiction, Choriro (Pleurs) (2009) d’Ungulani Ba Ka Khosa et O Chão das Coisas (Le Fond des choses) (2010) de Marcelo Panguana. Il s’agit de deux romans qui s’intéressent de manière différente à la représentation du concept de Nation, en interrogeant ces nouveaux imaginaires à travers des thématiques à cheval entre l’histoire coloniale et celle pré-coloniale.

Le roman de Khosa prétend reconstruire une mémoire du passé moins lointaine dans son articulation avec le présent, comme nous le verrons plus loin. Par contre, le roman de Marcelo Panguana se situe dans un laps de temps entre le début de la colonisation et la situation antérieure, mais son propos est plus allégorique à partir du moment où les dates et les références concrètes à l’époque se défont et deviennent moins identifiables. Dans les deux cas, les romans se passent au 19e siècle, avant les décisions prises lors de la Conférence de Berlin.

Les deux textes narratifs confirment les propos de Stuart Hall3, quand il nous dit que l’idée de nation et de culture nationale est aussi le résultat d’un discours, tout comme les sentiments provoqués par les récits qui se greffent dessus. En effet, Ungulani Ba Ka Khosa comme Marcelo Panguana et d’autres romanciers mozambicains se servent de stratégies poétiques et fictionnelles capables de redéfinir métaphoriquement la relation entre littérature et histoire, quand il s’agit du défi d’écrire sur les événements de son propre territoire, plus spécifiquement quand il s’agit de la période située entre le précolonial et le colonial, une époque sur laquelle il y a peu d’informations et quand elles existent, elles proviennent principalement des archives coloniales.

Il ne s’agit pas de traiter la réalité comme fiction, mais de la nécessité de développer des stratégies qui relèvent du champ littéraire pour réinventer le passé. Si l’historiographie ne permet pas, dans la plupart des cas, d’aborder de récits marginaux, de vécus oubliés et d’émotions qui furent expérimentées à travers ces moments vécus, la littérature peut offrir la possibilité d’inventer des formes différentes de narration par lesquelles la recherche historique et anthropologique resitue des événements et des épisodes singuliers, inconnus ou oubliés.

L’époque coloniale a besoin d’être racontée à partir d’un point de vue endogène, car elle manque dans la plupart des cas de sources locales, et c’est dans ← 12 | 13 → cette perspective que les deux récits prennent leur importance. La revisitation de ces passés d’ombre4 est refigurée à partir du présent, d’un présent qui se repense également comme un héritage perdu de narrations insolites, semblables à celles qui nous intéressent ici.

De la même manière, le travail fictionnel sur la relation coloniale se sert de stratégies poétiques et rhétoriques qui surprennent le lecteur par leur charge oxymorique, parfois ironique, parfois tragique, mais toujours révélatrice.

L’interrogation de l’origine dans Choriro

Le récit de Khosa remet en cause la deuxième hypothèse à propos de l’imaginaire de la nation telle que Mbembe l’a présentée, en se référant à la notion d’origine, au nativisme et aux distinctions entre autochtones et ceux qui sont nés en dehors du territoire national.

Nous nous trouvons, à Tete et Sena, au temps des événements, à peu près « dans les années quarante, cinquante du dix-neuvième siècle »5. À partir du 17e siècle et à la suite de la chute des anciens empires et états, surgirent de nouveaux règnes dans la vallée du Zambeze, où des marchands, des anciens militaires, des aventuriers, des Portugais ou des métisses afro-indiens s’étaient établis comme propriétaires de terres offertes, achetées ou simplement conquises, et où ils avaient formé des propriétés de l’État, soumises à un impôt annuel en or et protégées par une véritable structure militaire. Ces larges territoires étaient situés le long du fleuve Zambeze et se maintinrent pour une période de trois générations ; ce furent des biens féodaux, où l’on se consacrait fondamentalement au commerce d’or, d’ivoire et d’esclaves.

Ungulani centre son histoire sur le personnage d’un blanc qui se transforma culturellement en nègre, avant les chefs assassins et guerriers qui apparurent plus tard, comme Kanyemba ou Mataquenha :

Le tact dont Gregódio fit preuve au contact des chefs s’avérait rapidement utile, car les indigènes, n’ayant jamais cohabité avec un blanc, qui s’adapta à la langue et aux coutumes, l’accueillirent comme s’il était l’un d’eux. De aniamatanga, ce qui signifie blanc, ils passèrent à l’appeler Nhabezi, le guérisseur, puisqu’il avait grande connaissance des plantes et des traitements.6 ← 13 | 14 →

Le récit s’articule à partir de fragments successifs racontant l’enterrement, le « choriro » de Nhabezi, qui fut admiré et respecté comme roi local :

Ce Blanc est un personnage acculturé, différent des autres Portugais qui, à la même époque, se confinent dans l’esprit colonial et maintiennent des rapports distants avec les gens du cru et s’intéressent surtout à l’établissement de cartes et de plans, de descriptions botaniques et géographiques comme dans le cas de Hermenegildo Carlos de Brito Capelo et de Roberto Ivens :

[…] explorateurs téméraires de la cause impériale, comme il fut transmis dans l’Histoire des explorations coloniales, ils n’étaient guère intéressés par les hommes et leurs habitudes mais plutôt par les traces sinueuses des fleuves, les montagnes et les vallées, la géographie d’exploration. Le sextant et le magnétomètre étaient des instruments de plus grande valeur que les porteurs fatigués d’échantillons de forêts et de savanes africaines.8

À Nhabezi, au transfuge de l’armée impériale, les habitudes et les coutumes des autochtones se gravaient dans le sang. Il employait les mêmes mots que les locaux. Ce n’était pas un étranger. Il se servait de ce destin d’acculturation comme d’un tremplin vers l’intégration que le temps confus et obnubilé par l’échange mercantile considérait comme une aventure utopique au temps de l’intense labeur d’esclave.9

Les différents personnages qui vont faire des commentaires à propos du Nhabezi à partir de sa mort, les amis, les femmes, les fils et les guerriers, procèdent, à travers l’échange de dialogues et de récits enchassés, à la construction de sa personnalité, de ses qualités humaines en tant que chef, ami, mari et père. Ils permettent par la même occasion de révéler sa descendance, les différentes histoires de chacun de ses fils et de ses différentes femmes. En ce qui concerne les fils, il est intéressant de voir comment le récit du parcours exhausse les différentes options de tout un chacun, de certains qui optèrent pour leurs origines portugaises, en s’assimilant et en choisissant de s’installer dans des villes par rapport à d’autres qui restèrent directement liés au territoire.

Le roman de Khosa relativise le fétichisme des origines, il montre que toute origine est bâtarde et qu’elle s’inscrit dans une nouvelle sensibilité critique du roman africain contemporain, inaugurée par les écrivains Ahmadou Kourouma ← 14 | 15 → avec Les Soleils des Indépendances (1970) et Yambo Ouologuem, notamment avec Le Devoir de violence (1968), deux romans qui interrogent tous deux le passé glorieux et mythique ainsi qu’un certain discours généalogique vaniteux propre à la Négritude10.

Résumé des informations

Pages
251
Année
2016
ISBN (PDF)
9783653043822
ISBN (ePUB)
9783653989052
ISBN (MOBI)
9783653989045
ISBN (Broché)
9783631647387
DOI
10.3726/978-3-653-04382-2
Langue
français
Date de parution
2016 (Juin)
Mots clés
Littératures portugaises Littératures francaises Embodiment transnational
Published
Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2016. 251 p., 1 ill. n/b

Notes biographiques

Anne Begenat-Neuschäfer (Éditeur de volume) Daniel Delas (Éditeur de volume) Tania Celestino de Macedo (Éditeur de volume) Khalid Zekri (Éditeur de volume)

Anne Begenat-Neuschäfer est titulaire de chaire à l’Institut de Philologie Romane de l’Université d’Aix-la-Chapelle (RWTH Aachen, Allemagne). Daniel Delas est professeur émérite des universités, chercheur au CNRS (ITEM) et a consacré ses travaux les plus récents à des écrivains africains ou afrodescendants francographes. Tania Macêdo est professeur titulaire à l’Université de São Paulo et directrice du Centro de Estudos Africanos (USP, Brésil). Khalid Zekri est professeur et directeur de l’Équipe d’Études Culturelles et Postcoloniales à l’Université de Meknès (Maroc).

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Titre: Les littératures du Maghreb et d’Afrique subsaharienne
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