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Monnaie et citoyenneté

Les citoyens à l’épreuve de la globalisation financière

de Virgile Perret (Auteur)
©2015 Thèses XIV, 380 Pages

Résumé

La monnaie n’est-elle qu’un instrument au service de l’économie ou joue-t-elle un rôle dans la définition des relations entre les membres d’une communauté politique ? Située au carrefour des Etats et des marchés, des sphères publiques et privées, la monnaie est un phénomène complexe qui semble bien éloigné de la vie des citoyens. Or, cet ouvrage montre que la monnaie contribue non seulement à la construction de la souveraineté politique, mais aussi à la reconnaissance de droits aux citoyens et au renforcement de la cohésion sociale. A partir d’une approche qui combine les apports de l’économie politique internationale et de l’école de la régulation, il analyse le rôle de la monnaie dans le contexte du système monétaire de Bretton Woods (1944) et de sa transformation avec le développement de la globalisation financière depuis les années 1970. Si la monnaie a été mise au service d’un principe de protection des droits sociaux contre les pressions financières après la Seconde guerre mondiale, elle contribue aujourd’hui à transformer en profondeur la solidarité sociale et le rôle des citoyens face à la gestion de leur avenir économique.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Résumé
  • Abstract
  • Remerciements
  • Table des matières
  • Introduction
  • Les conceptions de la monnaie
  • Orthodoxie et hétérodoxie monétaires
  • La monnaie en tant que médiation sociale
  • Monnaie, finance et capitalisme
  • Les origines de la monnaie et le développement de la finance
  • Monnaie et finance dans le capitalisme contemporain
  • Monnaie, souveraineté politique et citoyenneté
  • Les approches par la dette et la fiscalité
  • Une approche interdisciplinaire des fondements monétaires de la citoyenneté
  • Monnaie et cohésion sociale
  • L’articulation au système monétaire et financier international
  • L’étude du SMI en économie politique internationale
  • La transformation de l’Etat et de la citoyenneté
  • Structure de l’ouvrage
  • 1. Globalisation financière et citoyenneté : un clivage à dépasser en économie politique internationale (EPI)
  • 1.1 Introduction
  • 1.2 La globalisation financière sans la citoyenneté
  • 1.2.1 La notion de globalisation financière
  • 1.2.2 Le « discours » réaliste sur la souveraineté (extérieure) de l’Etat
  • 1.2.3 Le discours libéral sur les contraintes de l’interdépendance économique internationale
  • 1.2.4 Les approches post-marxistes : les enjeux (internes) de l’hégémonie néo-libérale
  • 1.3 La citoyenneté sans la globalisation financière
  • 1.3.1 Les approches stato-centrées de la citoyenneté
  • 1.3.2 Les analyses de la citoyenneté au-delà du cadre national
  • 1.4 Un clivage à dépasser en économie politique internationale
  • 1.4.1 Le clivage entre théoriciens des relations internationales et théoriciens de la démocratie
  • 1.4.2 Les dimensions formelle et substantive de la démocratie
  • 1.4.3 Autorité privée, « gouvernance financière » et légitimité démocratique
  • 1.4.4 Quête de compétitivité et droits sociaux
  • 1.5 Conclusion
  • 2. Monnaie, Etats et citoyens
  • 2.1 Introduction
  • 2.2 Le « voile » de la monnaie ou l’occultation de ses dimensions collectives
  • 2.2.1 La monnaie chez les classiques : « voiture de la valeur des produits »
  • 2.2.2 Régulation quantitative et neutralité de la monnaie
  • 2.2.3 L’occultation des dimensions collectives de la monnaie
  • 2.3 Monnaie, protection souveraine et cohésion sociale
  • 2.3.1 Monnaie et communauté politique
  • 2.3.2 Politique monétaire, régulation macroéconomique et protection sociale
  • 2.3.3 Monnaie et cohésion sociale
  • 2.4 Système monétaire international, marchés financiers et protection sociale
  • 2.4.1 Mobilité du capital et autonomie macroéconomique : une perspective keynésienne
  • 2.4.2 « Pouvoir structurel » de la finance et capacités politiques de protection sociale
  • 2.5 Conclusion
  • 3. Bretton Woods (1944) et les fondements monétaires de la citoyenneté sociale
  • 3.1 Introduction
  • 3.2 Bretton Woods (1944) : vertus et illusions de la « protection monétaire » de l’Etat
  • 3.2.1 Le compromis de Bretton Woods (1944) : genèse et enjeux
  • 3.2.2 L’institutionnalisation de la coopération économique internationale
  • 3.2.3 La « protection » de l’Etat contre la pression des marchés financiers
  • 3.3 L’Etat social : la dimension monétaire d’une extension de la protection souveraine
  • 3.3.1 L’Etat social comme « compromis institutionnalisé » entre l’Etat et l’économie
  • 3.3.2 Le keynésianisme et la construction d’une relation solidaire entre l’économique et le social
  • 3.3.3 Les citoyens entre solidarité et socialisation des risques
  • 3.4 Conclusion
  • 4. La globalisation financière : origines, essor et conséquences sur l’Etat social
  • 4.1 Introduction
  • 4.2 La première brèche : l’émergence des euromarchés (1957–1968)
  • 4.2.1 Origine et essor des euromarchés
  • 4.2.2 Montée de la spéculation et pression sur les taux de change
  • 4.3 Les contradictions de Bretton Woods à l’épreuve de l’hégémonie américaine
  • 4.3.1 La fermeture du guichet de l’or (1971)
  • 4.3.2 La libéralisation des taux de change et la privatisation du risque (1973)
  • 4.4 Crises pétrolières et internationalisation bancaire
  • 4.4.1 Le premier choc pétrolier et l’essor des activités bancaires internationales (1973–1978)
  • 4.4.2 Le tournant Volcker (1979) et la privatisation des modes de financement internationaux
  • 4.5 Libéralisation financière et « crise » de l’Etat social
  • 4.5.1 Libéralisation financière et transformation de l’intermédiation dans les années 1980
  • 4.5.2 Les débats sur la « crise » de l’Etat social
  • 4.6 Conclusion
  • 5. L’essor des agences de notation et des investisseurs institutionnels : les droits sociaux sous pression
  • 5.1 Introduction
  • 5.2 La dette publique des Etats sous la surveillance des agences de notation
  • 5.2.1 Le rôle des agences de notation
  • 5.2.2 De l’expertise à l’autorité : les mécanismes d’une surveillance globale des Etats
  • 5.2.3 Les pressions structurelles sur les droits sociaux
  • 5.3 Prise de pouvoir des investisseurs institutionnels et transferts de risques aux salariés
  • 5.3.1 Les investisseurs institutionnels : définition, acteurs et essor
  • 5.3.2 La gestion des entreprises soumise aux contraintes de la rentabilité boursière
  • 5.3.3 Financiarisation du capitalisme et transferts de risques aux salariés
  • 5.4 Conclusion
  • 6. Capitalisation des retraites et « démocratisation de la finance » : promesses, limites et contradictions
  • 6.1 Introduction
  • 6.2 Discours et politiques en faveur de la capitalisation des retraites
  • 6.2.1 Un débat international dominé par l’approche néolibérale
  • 6.2.2 Le rapport de la Banque mondiale (1994)
  • 6.2.3 L’engagement des institutions internationales en faveur de la capitalisation
  • 6.3 Responsabiliser et « éduquer » les citoyens pour mieux comprendre la finance
  • 6.3.1 Une logique de responsabilisation individuelle des citoyens
  • 6.3.2 Investir et prendre des risques : les nouveaux devoirs du citoyen-investisseur ?
  • 6.3.3 Les relations de pouvoir au sein des fonds de pension
  • 6.3.4 La capitalisation boursière comme technique de gestion du risque : limites et contradictions
  • 6.4 Conclusion
  • Conclusion
  • La citoyenneté, un enjeu d’économie politique internationale
  • Les contradictions de Bretton Woods du point de vue du citoyen
  • Les droits politiques à l’épreuve de l’« Etat concurrentiel »
  • La financiarisation des droits sociaux : limites et contradictions
  • Une clé d’interprétation de la crise financière mondiale
  • Bibliographie
  • Sources diverses
  • Ouvrages
  • Articles
  • Ouvrages collectifs
  • Chapitres d’ouvrages collectifs
  • Working Papers
  • Conférences
  • Articles de presse/ blogs

Introduction

La monnaie1 touche à des enjeux techniques et complexes, aux conséquences diffuses et difficiles à comprendre, ce qui tend à maintenir cette sphère à l’écart du débat public et lui donne parfois l’apparence de s’abstraire de la vie démocratique et sociale. Les notions de monnaie et de citoyenneté sont généralement perçues comme renvoyant à des pratiques sociales radicalement séparées – l’espace privé des échanges économiques et l’espace public des relations entre les citoyens et l’Etat – devant être étudiées dans des champs disciplinaires distincts. La littérature abonde sur l’un ou l’autre de ces deux phénomènes mais les travaux scientifiques abordant leurs interactions sont rares.

Ces clivages disciplinaires n’épargnent pas le champ plus spécifique de l’économie politique internationale dans lequel s’inscrit cet ouvrage. Le processus de globalisation financière a pourtant stimulé l’essor d’approches théoriques qui ont rompu avec la séparation (réaliste) traditionnelle entre la sphère des relations internationales et la sphère étatique intérieure, mais le citoyen en tant que catégorie analytique y demeure relativement absent. Réciproquement les modèles théoriques qui servent à l’analyse de la citoyenneté n’intègrent pas ou peu la dynamique de la globalisation financière. Autrement dit, ces deux problématiques sont étudiées dans le cadre de courants séparés, comme si les phénomènes qu’elles recouvrent n’étaient pas ou peu en interaction.

La difficulté à analyser les relations entre la monnaie et la citoyenneté ne tient pas seulement à l’absence de repères intellectuels offrant au moins une première appréhension de cette problématique. Elle réside également dans le degré de généralité élevé de ces notions qui recouvrent des phénomènes variés, complexes et multidimensionnels pouvant s’articuler à divers niveaux. Il y a en effet pléthore de définitions de la monnaie et de la citoyenneté qui sont souvent très hétérogènes et ← 1 | 2 → parfois contradictoires. La monnaie est considérée par les uns comme un instrument économique permettant de surmonter les difficultés du troc, par les autres comme une « création de l’Etat » lui permettant de prélèver les ressources (fiscales) nécessaires à son fonctionnement, tandis que certains y voient l’expression anthropologique d’une « dette archaïque ». De même, la citoyenneté peut être interprétée comme un éventail de droits et de devoirs dont bénéficient les citoyens au sein d’une communauté politique, comme un sentiment d’appartenance partagé à une collectivité, ou encore comme un engagement collectif pour des causes politiques. Autant de conceptions différentes qui témoignent de la nécessité de définir ces notions et d’identifier les niveaux d’analyse pertinents afin de décrire leurs relations.

Or, l’ambition de cet ouvrage est de montrer que dans le capitalisme moderne, la monnaie joue un rôle important de médiation de la citoyenneté qui mobilise des mécanismes sociopolitiques nationaux, mais aussi des mécanismes internationaux qui rétroagissent sur la sphère domestique des Etats et affectent leur capacité à définir leur régime de citoyenneté. A partir d’une définition de la monnaie qui se focalise sur la politique monétaire et le système monétaire international, nous soulignons la complexité des mécanismes qui sous-tendent cette médiation, tout en proposant des outils conceptuels afin d’en clarifier la compréhension. Nous montrons plus précisément que la monnaie contribue à définir la citoyenneté à travers quatre types de fonctions : 1) une fonction politique de construction d’un lien de protection souveraine des citoyens comprenant la reconnaissance de certains droits ; 2) une fonction symbolique de renforcement d’une identité collective entre les citoyens d’une même communauté politique ; 3) une fonction socioéconomique de fourniture d’un langage économique facilitant les transactions entre les classes sociales sur le territoire national ; 4) et une fonction psychoaffective de consolidation d’un rapport de confiance entre les citoyens et les autorités souveraines. Cette relation entre la monnaie et la citoyenneté évolue historiquement et peut prendre des formes variables selon les espaces politiques (par ex. national ou régional avec l’euro).

A partir de ce cadre conceptuel, nous nous concentrons sur l’analyse d’une transformation importante de la fonction politique de la monnaie du point de vue de la citoyenneté dans deux contextes historiques différents : celui de l’après Seconde guerre mondiale avec ← 2 | 3 → l’institutionnalisation du système monétaire international de Bretton Woods (1944) ; et le contexte plus récent du développement de la globalisation financière depuis les années 1970 jusqu’à nos jours. Notre analyse ne vise toutefois pas à transformer une contiguïté temporelle en un rapport de causalité. Nous ne prétendons pas établir des liens de causalité entre différentes configurations de la monnaie et différents régimes de citoyenneté, mais nous souhaitons plus modestement proposer des pistes de réflexion sur la nature de cette relation, en particulier sur les mécanismes qui permettent à la monnaie de participer à la construction, au maintien ou à la transformation de la citoyenneté.

Nous défendons néanmoins l’idée qu’il est possible d’observer, dans une certaine mesure, une co-évolution entre les ordres de la monnaie et de la citoyenneté dans ces différents contextes historiques. L’émergence de la citoyenneté sociale dans le sillage des accords de Bretton Woods (1944) était en partie le produit de contraintes réglementant le secteur financier et la globalisation financière, en éliminant ces contraintes, a créé un contexte propice à sa transformation. Il est clair qu’il existe différentes formes de citoyenneté sociales prévalant selon les époques et les Etats, mais notre argument est qu’il est possible, à un niveau d’analyse plus structurel, de faire apparaître une transition vers une forme de citoyenneté plus individualisée et compétitive.

Les conceptions de la monnaie

Orthodoxie et hétérodoxie monétaires

La monnaie a fait pendant longtemps l’objet d’une analyse technique développée par la science économique. Elle est conçue généralement sous l’angle des fonctions qu’elle remplit dans l’économie en tant qu’unité de compte (ou étalon de valeur), intermédiaire des échanges (ou instrument de paiement) et réserve de valeur (ou moyen de thésaurisation). En tant qu’unité de compte, elle permet de mesurer la valeur de biens hétérogènes. Ainsi, elle ramène les diverses évaluations possibles d’un bien en termes d’autres biens (prix relatifs) à une seule ← 3 | 4 → évaluation en monnaie (prix absolus). Par rapport à une situation de troc, l’existence d’un étalon de mesure simplifie le calcul économique et rend possible l’émergence d’une loi générale de l’offre et de la demande fixant les prix sur les marchés. En tant qu’intermédiaire des échanges, la monnaie permet de surmonter les contraintes inhérentes au troc et d’acquérir n’importe quel bien ou service, en toutes circonstances. Finalement, la monnaie remplit aussi la fonction de réserve de valeur, dans la mesure où elle a la faculté de conserver plus ou moins bien le pouvoir d’achat dans le temps. Il est généralement supposé que la monnaie sert d’unité de compte et de réserve de valeur afin de mieux remplir son rôle « primordial » d’intermédiaire des échanges. Cette conception est conforme à la théorie économique classique et néo-classique selon laquelle la monnaie n’est qu’un « voile » qui recouvre les échanges mais n’a aucun impact sur l’économie réelle au vu de sa neutralité. Son rôle se limite à celui de « lubrifiant » des échanges économiques.

Cette définition de la monnaie est profondément ancrée dans la pensée économique et semble s’imposer avec la force de l’évidence. Or, contrairement à ce que pourrait supposer le non spécialiste, il n’existe pas de consensus à ce sujet, car la monnaie a suscité pratiquement dès sa naissance les plus vives controverses en théorie économique. Le député anglais Gladstone (qui sera Premier ministre deux fois entre 1868–1874 et 1880–1885) ne faisait-il pas déjà remarquer au 19e siècle, que « l’amour lui-même n’avait pas fait perdre la tête à plus de gens que les ruminations sur l’essence de la monnaie. »2 ?

Ce désarroi est partagé par l’un des plus éminents historiens de la pensée économique, Joseph Schumpeter, selon lequel « […] les opinions relatives à la monnaie sont aussi difficiles à décrire que des nuages aux formes changeantes »3. Mais cet auteur propose en même temps une distinction utile, lorsqu’il situe l’enjeu central des controverses sur l’analyse économique dans l’opposition entre « analyse en termes réels » et « analyse monétaire »4. Cette opposition, qui remonte ← 4 | 5 → aux origines de la pensée économique moderne (notamment la controverse entre Bodin et Malestroict au 15e siècle), permet d’identifier deux démarches pour analyser la monnaie : la théorie de la valeur (analyse réelle) et l’hétérodoxie monétaire (analyse monétaire). La première étant dominante depuis plus de deux siècles, elle est qualifiée d’orthodoxe, par opposition à la seconde dite hétérodoxe. L’analyse réelle opère une distinction dans l’économie entre un ensemble d’objets naturels (la nomenclature des biens) et la monnaie et ne reconnaît de signification économique qu’aux échanges de biens, la monnaie n’étant conçue que comme le « revêtement » (le « voile ») des échanges économiques. L’analyse monétaire s’appuie également sur la distinction entre deux ordres de phénomènes, réels et monétaires, mais elle prend comme point de départ la monnaie et cherche à identifier les formes sociales prises par les règles du jeu monétaire5.

Chacune de ces démarches apporte des réponses différentes aux questions essentielles sur la monnaie, c’est-à-dire ses fonctions, ses origines historiques, les canaux à travers lesquels elle influe sur l’économie et pénètre dans la société et la façon dont elle acquiert, conserve ou perd sa valeur. L’analyse réelle prolonge l’ancienne formulation métalliste en affirmant que la monnaie tire sa valeur de sa garantie « physique » (valeur intrinsèque du métal ou valeur de la production marchande), alors que l’analyse monétaire perpétue la tradition chartaliste en affirmant que la monnaie tire sa valeur de la garantie offerte par une autorité collective qui tend à être l’Etat. La première se préoccupe peu de l’histoire et attribue généralement l’origine de la monnaie à la nécessité de surmonter les inconvénients du troc, alors que la seconde reconnaît généralement un rôle important à l’Etat dans l’émergence et l’évolution de la monnaie. Selon certaines variantes, ces deux approches s’opposent aussi sur la question de savoir si la monnaie a des effets réels sur la production et l’emploi (la monnaie est dite active) ou si elle n’a que des effets nominaux (la monnaie est dite neutre). Corrélativement, l’adoption de l’une ou l’autre de ces approches permet de justifier, soit des ← 5 | 6 → mécanismes de régulation basés plutôt sur le marché, soit la maîtrise politique (discrétionnaire) de la monnaie6.

Cette distinction a pour vertu de clarifier les termes de nombreux débats sur la monnaie tout en faisant ressortir une opposition méthodologique pour décrire les phénomènes monétaires : si les courants orthodoxes (l’approche néo-classique) se fondent traditionnellement sur l’individualisme méthodologique et étudient en priorité la microéconomie, les courants hétérodoxes (post-keynésiens, régulationnistes) adoptent le holisme méthodologique et s’intéressent plus volontiers à la macroéconomie. Ainsi, elle offre un fil conducteur pour analyser les relations entre la monnaie et la citoyenneté : à partir de la théorie économique orthodoxe, elle invite à élucider les rapports de la monnaie à l’ordre collectif en puisant chez les représentants de l’hétérodoxie monétaire et les analystes des sciences sociales (sociologues, politologues, historiens). Cette démarche s’impose logiquement car « Il faut prendre au sérieux le fait que la théorie économique standard ne peut pas penser la monnaie et qu’une approche alternative est toujours obligée de partir d’elle […] »7.

La monnaie en tant que médiation sociale

Analyser la monnaie dans ses relations à la citoyenneté implique de réfléchir sur la nature de la monnaie et ses fonctions dans le contexte de la construction de l’Etat nation et la reconnaissance de droits aux citoyens. Dans cette perspective, le programme de recherche régulationniste8 propose une réflexion pluridisciplinaire qui montre la nécessité ← 6 | 7 → de sortir du cadre étroit de la science économique pour en appréhender la nature collective. La monnaie n’est pas entièrement réductible aux rapports interindividuels, car son émergence et sa stabilité sont intrinsèquement liées à un processus de socialisation qui la dote d’une reconnaissance collective transcendant les acteurs privés. Selon Michel Aglietta et André Orléan, « […] on ne peut comprendre le rôle que joue la monnaie dans la cohésion de la société qu’en menant une réflexion approfondie sur la souveraineté. »9.

Cette approche a grandement contribué à légitimer une analyse des rapports de la monnaie à l’ordre collectif à travers les notions de violence sociale, de confiance, de légitimité et de souveraineté. Elle n’aborde pas la problématique des rapports entre la monnaie et la citoyenneté et plus largement elle n’intègre pas de façon explicite la dimension internationale de la monnaie, comme le souligne Ronen Palan qui déplore une « sous-théorisation persistante et systématique de l’international parmi les membres de l’école de la régulation. »10. Mais elle a pour mérite de poser comme « hypothèse centrale » de recherche l’idée selon laquelle « […] la monnaie ne peut être comprise que si elle est considérée comme l’une des expressions fondamentales du rapport d’appartenance qui relie chaque individu à l’ensemble du social »11.

Les théoriciens hétérodoxes dans le sillage de J.-M. Keynes, ainsi que les sociologues et les historiens ont également contribué à révéler ← 7 | 8 → la complexité de la monnaie au-delà de ses fonctions économiques. Georg Simmel pose une question fondamentale afin de « dévoiler » la dimension sociale et politique de la monnaie. A partir du moment où l’on reconnaît que la valeur de la monnaie ne dépend pas d’une qualité intrinsèque au sens de la tradition métalliste, comment un individu peut-il être sûr qu’en contrepartie de ses billets et de ses pièces, il pourra obtenir un bien ou une marchandise ? Autrement dit, quel est le fondement de l’acceptation généralisée de la monnaie ? Cette question permet de redonner à la monnaie une partie de son épaisseur sociale et politique. Car cette acceptation généralisée résulte de représentations collectives qui sont au cœur du pacte social et qui renvoient à la confiance en la capacité de l’Etat à garantir l’acceptation de la monnaie sur l’ensemble de son territoire. La monnaie est donc un phénomène collectif. Sa stabilité, voire sa survie dépend de l’état de la confiance collective. Elle est l’expression d’une communauté de valeurs et d’une totalité sociale.

En ce sens, la monnaie joue un rôle important de médiation sociale. Au niveau le plus élémentaire, la notion de médiation renvoie à la mise en relation d’individus ou de groupes par un tiers12. En sociologie, elle est ancrée dans la « pensée de la totalité » défendue par l’école de Francfort, qui vise à dépasser le phénomène de fragmentation des processus sociaux et économiques afin de reconstituer une vue d’ensemble des activités sociales et de leurs interrelations13. Elle permet essentiellement de comprendre que la monnaie ne se réduit pas à un instrument permettant de surmonter les difficultés du troc, mais elle s’impose aux sujets comme une réalité extérieure, c’est-à-dire comme une institution sociale qui médiatise leurs interactions14.

Cette perspective peut être approfondie à partir de la distinction qu’établit Karl Polanyi entre la « monnaie à tous usages » (« all-purpose money ») et la « monnaie à usage spécifique » (« special-purpose money ») car elle permet de développer l’idée selon laquelle la monnaie ← 8 | 9 → n’est pas l’expression d’une rationalité strictement économique des individus, mais elle sous-tend d’autres formes d’intégration sociale structurée par les principes de réciprocité et de redistribution. En effet, la monnaie s’insère dans des mécanismes de nature politique et sociale qui contribuent à la définition des relations entre les membres d’une communauté politique. Son institutionnalisation n’est pas dictée uniquement par un « besoin d’échange », mais elle est consubstantielle à un processus de régulation des rapports sociaux qui est au cœur de la souveraineté politique.

Un exemple historique de la monnaie jouant un rôle médiateur dans les relations entre citoyens et autorités politiques est donné par la Rome antique. L’institutionnalisation d’une unité de mesure des valeurs sous le règne de Servius Tullius (6e siècle av. J.-C.) était étroitement liée à la pratique du cens qui visait « […] à recenser tous les citoyens romains, les personnes de leurs familles et l’ensemble de leurs biens, et à assigner à chaque citoyen une place dans l’organisation civique. »15. Autrement dit, la monnaie contribuait à la définition de la citoyenneté, en servant d’instrument d’évaluation de la dignité des citoyens et d’attribution d’un rang social et politique. Dans ce contexte, elle ne fait pas qu’établir des équivalences, mais « elle s’insère dans des processus de différenciation sociale et s’affirme comme un instrument visant à affermir les structures de domination »16.

Ainsi, cette conception de la monnaie se démarque de celle qui prévaut dans l’analyse économique orthodoxe qui présente l’existence de la monnaie comme le fruit d’une initiative privée visant à remédier aux inconvénients du troc. Pour les partisans de cette interprétation, la monnaie est perçue soit comme une marchandise échangeable, soit comme un « voile » qu’il s’agit de lever afin d’accéder à l’essentiel, c’est-à-dire la valeur « réelle » des marchandises. L’échange monétaire s’analyse ← 9 | 10 → selon le même schéma qu’une économie de troc. Par contraste, notre réflexion s’inscrit dans le cadre d’une approche hétérodoxe qui considère la monnaie non pas comme un « objet » offrant une réponse technique à la complexité des échanges, mais comme une institution sociale très ancienne, antérieure à la création du marché, qui constitue une précondition au développement de l’économie capitaliste. Elle peut être rattachée à un quelconque étalon de valeur physique, mais celui-ci est toujours défini dans un premier temps par la médiation d’un principe de souveraineté politique et non par le marché. Ainsi, la monnaie est toujours une relation sociale car elle implique un rapport collectif d’appartenance à un même espace17.

Cette conception a trois implications importantes qu’il convient d’expliciter. Premièrement, le rôle de la monnaie est envisagé non pas sous l’angle de sa fonction « primoriale » d’instrument d’échange, mais essentiellement à travers sa fonction d’unité de compte qui permet de poser les bases d’une activité économique complexe. Si la théorie orthodoxe voit dans la monnaie un instrument d’échange permettant à un marché préexistant de fonctionner efficacement, nous considérons à l’inverse que c’est l’institutionnalisation d’une unité de compte qui crée les conditions du développement de l’économie capitaliste, y compris de la finance privée, car « […] seule l’existence d’un système de compte et de paiement permet aux engagements financiers de se développer »18. Autrement dit, la fonction d’unité de compte doit être considérée comme une « propriété générique » de la monnaie qui est logiquement et historiquement antérieure à sa fonction d’intermédiaire des échanges19.

Deuxièmement, la monnaie n’est pas un « voile neutre » dont le seul effet sur la société serait de « lubrifier » les échanges. Non seulememt la monnaie influe sur l’économie et l’emploi à travers la politique monétaire, mais en outre, elle médiatise des pratiques sociales potentiellement conflictuelles qui sont inscrites dans ses fonctions économique même. Dans sa fonction d’intermédiaire, la monnaie a pour vocation d’être dépensée contre des biens, c’est-à-dire de circuler pour faciliter l’échange. Mais en tant que réserve de valeur, la monnaie peut être ← 10 | 11 → soit conservée en raison de sa capacité à transporter le pouvoir d’achat dans le temps, soit appropriée ou accumulée à travers la pratique du crédit (ou la finance) qui a connu un essor rapide dans le contexte du capitalisme et qui transforme la monnaie en « capital ». Cette évolution marque le passage d’une monnaie servant d’intermédiaire des échanges (selon la formule de Marx, M-A-M) à une monnaie servant à la valorisation du capital (A-M-A’). Dans le premier cas, la monnaie se réalise à travers sa « capacité libératoire, » alors que dans le second, elle se réalise dans l’accumulation, c’est-à-dire dans « l’accroissement de la valeur monétaire pour elle-même ». Cet usage spécifique de la monnaie est concomitant de l’essor du capitalisme qui permet la création « endogène » de monnaie, c’est-à-dire une émission monétaire qui intervient en contrepartie de dettes privées, par le biais et au profit d’intermédiaires financiers cherchant à accumuler du capital20.

Troisièmement et en conséquence, notre conception de la monnaie implique d’intégrer la finance, car, comme le souligne Eric Pineault, « les formes proprement modernes de la monnaie […] sont toujours le produit d’une articulation du système de crédit privé au système monétaire public […] »21. Nous présentons plus précisément les liens entre les notions de monnaie, de finance et de capitalisme dans la section suivante.

Monnaie, finance et capitalisme

Les origines de la monnaie et le développement de la finance

L’une des particularités de la monnaie qui contribue à en faire un objet d’étude complexe mais aussi particulièrement intéressant, est ← 11 | 12 → d’échapper aux catégories traditionnelles qui sous-tendent l’analyse du pouvoir et de l’autorité en science politique. La monnaie n’est strictement ni publique, ni privée et n’appartient exclusivement ni aux Etats, ni aux marchés. Elle échappe à ces oppositions binaires car elle est caractérisée par une ambivalence fondamentale qui remonte à ses origines et l’inscrit d’emblée à la frontière des champs politique et économique et des domaines public et privé. A la fois institution sociale garante de la cohérence des paiements sur un territoire et support de l’accumulation privée, la monnaie mobilise des pratiques sociales hétérogènes et potentiellement conflictuelles. Historiquement, le développement de la monnaie ne peut être réduit à la volonté des dirigeants politiques d’en monopoliser la production afin d’accroître leur pouvoir ou à l’essor du capitalisme, mais il est le fruit d’une interaction dialectique entre les autorités publiques et les acteurs financiers privés qui n’ont cessé de s’en partager le contrôle. Chaque période historique est en effet caractérisée par une emprise plus ou moins forte de l’une ou l’autre de ces catégories d’acteurs, mais aucun n’a pu prétendre en avoir le contrôle exclusif. La monnaie est donc un phénomène « hybride » qui implique étroitement les acteurs politiques et économiques dans son émergence, son essor et sa transformation au cours de l’histoire.

Cette ambivalence transparaît symboliquement sur les deux côtés des pièces de monnaie. Le côté « face » comprend un symbole d’autorité politique, souvent l’effigie d’un personnage politique; la monnaie porte le sceau de l’autorité de l’Etat, c’est un signe social et politique. Le côté « pile » indique la valeur quantitative de la pièce de monnaie ; la monnaie apparaît comme un instrument économique facilitant le commerce22. Cette dualité figurait déjà sur les premières pièces de monnaie qui semblent être apparues au royaume de Lydie23 entre 630 et 600 av. J.-C. Selon Jean-Marie Thiveaud et Sylvain Piron, la monnaie lydienne ← 12 | 13 → était probablement à l’origine une sorte de talisman sacré dont l’usage religieux était réservé au pouvoir royal. Le talisman avait le pouvoir de faire circuler les dettes et les créances, mais celles-ci ne concernaient pas tant les rapports entre les hommes que les rapports entre le monde terrestre (représenté par le roi) et le monde divin. La sécularisation du pouvoir a progressivement transformé les talismans en monnaie émise par les rois lydiens. Les pièces de monnaie se distinguaient des lingots de métal utilisés à l’époque en Mésopotamie par leur composition métallique (alliage plutôt que métal pur) et surtout par la présence du sceau royal frappé sur l’une des faces et des marques de poinçon sur l’autre face indiquant la valeur de la pièce. Le côté « face » renvoyait ainsi à l’autorité politique du roi et aux attributs surnaturels et divins qui lui étaient associés ; le côté « pile » renvoyait à une relation d’équivalence établie entre les pièces permettant d’établir un espace quantitatif de calcul et d’échange24. Ainsi, la monnaie se présente, dès ses origines, sous la forme d’un symbole collectif portant la marque de la souveraineté politique et donc transposant la présence et la sanction du politique au cœur des rapports économiques privés.

Cette ambivalence de la monnaie complexifie l’analyse de ses rapports à l’ordre collectif car elle sous-tend des pratiques sociales hétérogènes aux effets potentiellement contradictoires. Si la monnaie nécessite toujours et d’abord la présence d’une puissance souveraine qui définit le nom de l’unité de compte et détermine les supports qui lui correspondent (pièces, billets, comptes courants), elle n’est pas un instrument servile aux mains de l’Etat et ne peut être simplement imposée par les autorités politiques à leurs citoyens. Son acceptation et sa stabilité reposent en effet sur une relation de confiance qui doit s’instaurer entre les autorités et leur population, sous peine d’un rejet collectif potentiellement violent et déstabilisateur.

Par ailleurs, si la monnaie correspond à une expérience collective, fondée sur la croyance des agents dans la légitimité des règles monétaires, elle ne saurait se confondre totalement avec la souveraineté politique, car elle procède aussi d’une dynamique économique qui ne se limite pas aux espaces politiques territoriaux. Il n’y a en effet aucune ← 13 | 14 → concordance « naturelle » entre l’espace de circulation de la monnaie et les territoires nationaux, même si la construction et la consolidation de l’Etat nation ont engendré une forte correspondance entre le domaine fonctionnel de chaque monnaie et la juridiction officielle de l’autorité souveraine. Cette correspondance est propre à une configuration historique particulière que Benjamin Cohen associe à un « modèle westphalien de géographie monétaire » fondé sur le principe « une nation, une monnaie »25. Mais, dans le capitalisme contemporain, la monnaie traduit l’existence d’un système monétaire (international) dont l’institutionnalisation ne se limite en principe pas à un territoire défini. Le système monétaire se développe en effet dans l’espace international car il implique non seulement de gérer les relations avec l’extérieur à travers une politique de change et des pratiques de conversion, mais il crée aussi les conditions d’émergence de la finance privée (ou du crédit) qui s’est développée au-delà du cadre de l’Etat nation bien avant la globalisation financière.

La finance ou le crédit est une invention sociale à travers laquelle des actifs fongibles peuvent être échangés contre des promesses futures de remboursement. Le crédit est une ressource à laquelle les individus, les entreprises et les gouvernements ont accès à des conditions et à des coûts fixés par d’autres acteurs. C’est à la fois une ressource matérielle et un ensemble de pratiques sociales et institutionnelles qui sont nécessaires à sa réalisation. En outre, le crédit est un enjeu de pouvoir car il implique le contrôle par certains acteurs de l’accès au crédit d’autres acteurs, des privilèges dans l’accès au crédit et des avantages économiques liés à un accès adéquat au crédit26. En effet, comme le souligne Susan Strange :

le pouvoir de créer du crédit implique le pouvoir d’accorder ou de refuser à d’autres personnes la possibilité de dépenser aujourd’hui et de rembourser demain, le pouvoir de les laisser exercer leur pouvoir d’achat et d’influencer ainsi les marchés et la production, et aussi le pouvoir de gérer (bien ou mal) la devise dans laquelle le crédit est libellé27. ← 14 | 15 →

La finance a des origines lointaines et complexes28, mais elle a connu un développement historique important avec l’essor du capitalisme et en particulier l’invention de la lettre de change par les marchands-banquiers italiens au 13e siècle. Cet instrument monétaire a en effet connu un essor rapide au 14e siècle avec le développement du commerce à longue distance et s’est répandu comme moyen de paiement international privé dans toute l’Europe au 15e siècle. Le réseau des lettres de change entre les villes italiennes autonomes (Gênes, Florence, Venise) et l’Europe du nord (Anvers, Amsterdam et les ports hanséatiques) canalisait la plus grande partie des flux financiers, mais il y avait également des réseaux importants au sein des empires français et allemands. Son développement a permis de surmonter la fragmentation des espaces monétaires publics en créant un réseau bancaire privé à l’échelle européenne qui offrait aux marchands la possibilité de disposer de fonds en des lieux différents.

La lettre de change permet le règlement de dettes entre des lieux, des unités de compte et des temps différents. Elle fournit de la monnaie en un lieu A contre un document (la lettre) qui permet le versement de monnaie sur présentation en un lieu B. Dans le cadre de cette transaction, elle réalise également la conversion d’une monnaie de compte en une autre monnaie de compte. Finalement, la lettre de change est aussi un acte de crédit car elle sépare le moment de l’émission de la lettre du moment (ultérieur) de sa présentation. En tant qu’instrument de transfert de dettes entre agents privés, elle a engendré un dynamisme monétaire privé qui a grandement contribué à l’essor du capitalisme. Il est en effet devenu possible de vendre contre un paiement futur ou d’acheter sans pouvoir payer immédiatement. Cela a permis l’émergence d’une circulation du capital qui n’était plus directement dépendante des autorités monétaires, lesquelles tendaient ainsi à perdre le contrôle sur l’ensemble des processus monétaires. Cette circulation du capital n’a jamais pu se développer dans l’Antiquité car les dettes privées étaient des engagements personnels dans le droit romain et ne pouvaient donc pas être « détachées » des débiteurs qui les avaient contractées29. En ← 15 | 16 → revanche, elle n’a cessé de se développer avec l’essor du capitalisme et la dynamique plus récente de la globalisation financière.

Résumé des informations

Pages
XIV, 380
Année
2015
ISBN (ePUB)
9783035194036
ISBN (PDF)
9783035203103
ISBN (MOBI)
9783035194029
ISBN (Broché)
9783034316323
DOI
10.3726/978-3-0352-0310-3
Langue
français
Date de parution
2015 (Avril)
Mots clés
Monnaie citoyenneté protection sociale Etat concurrentiel crise financière agences de notation éducation financière économie politique internationale Etat social droits sociaux globalisation financière investisseurs institutionnels
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2015. 394 p.

Notes biographiques

Virgile Perret (Auteur)

Virgile Perret a obtenu un doctorat en science politique à l’Université de Lausanne pour lequel il a reçu le Prix de la faculté des sciences sociale et politiques en 2013. Auteur de plusieurs publications sur le thème de la monnaie et de la citoyenneté, il a enseigné les relations internationales à l’Université de Lausanne. Il a également co-écrit un ouvrage sur les politiques pour l’emploi en Suisse.

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Titre: Monnaie et citoyenneté
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