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Forme(s) et modes d’être / Form(s) and Modes of Being

L’ontologie de Roman Ingarden / The Ontology of Roman Ingarden

de Olivier Malherbe (Éditeur de volume) Sébastien Richard (Éditeur de volume)
©2016 Collections 246 Pages

Résumé

Le présent ouvrage est un recueil d’articles de chercheurs internationaux sur l’apport à l’ontologie du phénoménologue polonais Roman Ingarden. Il contient des contributions sur des thèmes aussi divers que la dépendance existentielle, les catégories ontologiques, les modes d’être, la substance, la causalité, la forme, l’idéalisme ou encore l’ontologie des objets fictifs. Ce volume démontre que la pensée d’Ingarden ne se limite pas à la phénoménologie et à l’histoire de celle-ci, mais est susceptible d’apporter une contribution singulière à la recherche métaphysique contemporaine.
This books is a collection of papers written by international researchers on the contribution to ontology of the Polish phenomenologist Roman Ingarden. It contains texts of such various themes as ontological dependency, ontological categories, modes of being, substance, causality, form, idealism and the ontology fictional objects. This book shows that Ingarden’s thought goes beyond phenomenology and its history, and could be of a valuable interest for contemporary metaphysical research.

Table des matières

  • Couverture / Cover
  • Titre / Title
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur / About the author(s)/editor(s)
  • À propos du livre / About the book
  • Pour référencer cet eBook / This eBook can be cited
  • Table des matières / Table of contents
  • Introduction
  • Liste des abréviations
  • List of abbreviations
  • Y a-t-il une ontologie existentielle ? Sur l’architectonique ontologique d’Ingarden
  • Indépendance ontologique et dépendance transcendantale. À propos de la critique ingardénienne de l’idéalisme husserlien
  • Ingarden’s Combinatorial Analysis of the Realism-Idealism Controversy
  • Sujet-homme-personne et les valeurs. La portée et les fondements ontiques de la conscience chez Ingarden
  • Roman Ingarden et la métaphysique
  • Quelques remarques autour de l’identité des objets intentionnels
  • Quelques avatars de la Gestalt dans la philosophie d’Ingarden
  • La violation du tiers exclu comme critère d’intentionnalité
  • Ingarden on Substance
  • Ingarden on Causation
  • Extrait d’une lettre de Roman Ingarden à Guido Küng du 12 juillet 1969
  • Extract of a Letter from Roman Ingarden to Guido Küng from 12 July 1969
  • Titres de la collection / Series index

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Introduction

Olivier MALHERBE & Sébastien RICHARD

Philosophe éminemment européen – il écrivait avec la même facilité en allemand, anglais, français et évidemment polonais –, Roman Ingarden est né en 1893 à Cracovie1 et s’éteignit brutalement en 1970, quelques mois à peine après la parution de son dernier ouvrage, consacré à l’éthique et à la question de la responsabilité2. Un certain Karol Wojtyła, alors cardinal, célébra le service religieux lors de son enterrement.

Tout au long de sa vie, Ingarden aura côtoyé les plus grands intellectuels polonais et européens. S’il fut l’ami de Witkacy et d’Édith Stein, l’étudiant de Kazimierz Twardowski, c’est sa rencontre avec Edmund Husserl qui fut la plus déterminante dans son cheminement intellectuel. Ingarden rencontre ce dernier en 1912 lorsque, après six mois d’études à l’Université Jan Kazimierz de Lvov, il part étudier la philosophie en Allemagne. Le fondateur du mouvement phénoménologique enseigne à ce moment-là à Göttingen, et Ingarden deviendra rapidement membre de ce qui sera appelé le « Cercle de Göttingen », un groupe de phénoménologues de tendance réaliste, disciples de la première heure de Husserl. Ingarden suit avec passion les séminaires de ce dernier, en large partie consacrés aux Recherches logiques. S’il portait le travail de son maître en très haute estime, Ingarden ne fut pas pour autant un disciple complaisant. Il n’a en effet jamais accepté le tournant transcendantal explicitement opéré par Husserl à partir de 1913. Il remettait ainsi en cause le passage d’une théorie de l’intuition des essences transcendantes à une théorie de la constitution des objets. La réduction du monde à la conscience, qui semblait découler de ce tournant transcendantal, lui était en particulier intolérable. La majeure partie de son œuvre fut dès lors consacrée à tenter de réfuter cette réduction. Cet intérêt pour la question de l’être du monde devait culminer dans l’un de ses deux chefs-d’œuvre : La Controverse sur ← 9 | 10 → l’existence du monde (Spór o istnienie świata en polonais3 et Der Streit um die Existenz der Welt en allemand4), ouvrage dont les deux premiers volumes furent publiés en polonais en 1947 et 1948, puis augmentés d’un troisième en allemand en 1974. Ce livre monumental n’est toujours pas traduit en français à ce jour, mais il en existe, sous le titre Times and Modes of Being, une traduction anglaise partielle par Helen Michejda, publiée en 19605, et plus récemment, sous le titre The Controversy over the Existence of the World, une nouvelle traduction en anglais du premier volume par Arthur Szylewicz6.

De ces recherches ontologiques devait également émerger l’autre chef-d’œuvre d’Ingarden : L’Œuvre d’art littéraire, publié en 19317 et traduit en français en 1983 par Philibert Secretan8. Cet ouvrage esthétique est directement issu du problème de l’existence du monde. En effet, dans l’interprétation d’Ingarden, Husserl réduit le monde à un objet intentionnel, un objet produit par la conscience. Le philosophe polonais se proposait dès lors d’étudier un objet typiquement intentionnel – l’œuvre d’art littéraire –, afin de montrer dans un second temps les différences structurelles profondes qui séparaient celui-ci du monde.

Par la suite, l’intérêt d’Ingarden pour les questions esthétiques devait s’affranchir de ces préoccupations purement ontologiques et dominer largement sa pensée. Il ne faudrait pas croire pour autant que son travail philosophique se soit limité aux domaines de l’ontologie et de l’esthétique. Il a en effet consacré des travaux tout à fait intéressants, mais malheureusement moins connus en dehors de la Pologne, à la théorie des valeurs, à la question de l’homme et à la théorie de la connaissance9.

En dehors de la Pologne et du domaine de la théorie littéraire, la pensée d’Ingarden tomba largement dans l’oubli après la Seconde Guerre mondiale. Les raisons en sont à notre avis multiples. Tout d’abord Ingarden ne publia plus en allemand pendant une quinzaine d’années après la guerre. Ensuite, son style de pensée, très orienté ontologiquement, devait ← 10 | 11 → certainement être considéré comme dépassé – ou à tout le moins daté – durant cette période où dominait l’idée d’une fin de la métaphysique et où la phénoménologie avait pris une toute autre direction que celle promue par Ingarden. Finalement, la situation géopolitique de la République populaire de Pologne, de l’autre côté du Rideau de fer jusqu’en 1989, n’a pas aidé à la diffusion de sa pensée10. Celle-ci connaît enfin depuis une vingtaine d’années un regain d’intérêt en France et dans les pays anglophones. En France, le renouveau des travaux consacrés à la pensée d’Ingarden est surtout le fait des efforts continus de Mme Limido-Heulot et sont avant tout tournés vers l’esthétique, tandis que dans les pays anglophones les recherches sur Ingarden portent en majorité sur l’ontologie, envisagée en lien avec la métaphysique analytique ou dans une perspective historique par rapport à la tradition brentano-phénoménologique.

Le présent volume est consacré au versant ontologique de la pensée d’Ingarden. Si, comme nous avons déjà pu le dire, les réflexions ontologiques occupent une place essentielle dans l’œuvre du phénoménologue polonais, c’est avant tout dans le Streit qu’elles sont le plus développées. Pourtant, cet ouvrage est demeuré inachevé. Il devait en effet contenir trois parties : une première sur l’ontologie existentielle, une deuxième sur l’ontologie formelle et une troisième sur l’ontologie matérielle. Ingarden n’acheva que les deux premières et écrivit pour tout tome trois un volume consacré au problème de la causalité. La question même qui guidait le Streit, à savoir « Quel est le mode d’être du monde et celui-ci est-il identique au mode d’être des objets de la conscience ? », ne sera jamais résolue. Indépendamment de cette déception philosophique, les analyses ontologiques d’Ingarden gardent en elles-mêmes un intérêt à notre avis considérable d’un point de vue contemporain. Elles sont d’ailleurs très utilisées dans les recherches analytiques récentes en ontologie11. À nos yeux, le travail ontologique d’Ingarden présente tout d’abord l’intérêt de proposer une investigation directe des structures du monde. Il refuse ainsi l’inféodation au langage qui a trop longtemps dominé la tradition analytique. Par ailleurs, contrairement à cette tradition (du moins jusqu’à une époque récente), mais aussi au dernier Brentano, Ingarden ne réduit pas l’être au seul être effectif, c’est-à-dire au domaine des objets réels. Il ← 11 | 12 → s’agit dès lors pour lui, dans des analyses dont la minutie reste un modèle du genre, de décrire les différents modes et structures ontologiques telles qu’elles se donnent elles-mêmes, et non telles que nous croyons qu’elles se donnent.

La pensée ontologique d’Ingarden est une pensée foisonnante, pleine de détails philosophiques subtils, de thèses métaphysiques provocantes et largement ouvertes à la recherche contemporaine. Nous espérons que ce volume pourra faire apprécier au lecteur quelques aspects de ce foisonnement ontologique ingardénien.

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Le présent ouvrage est en partie issu d’un colloque organisé en novembre 2014 à l’Université libre de Bruxelles. Les textes présentés lors de ce colloque ont été remaniés et nous y avons ajouté de nouveaux articles afin de constituer un volume spécialement consacré à l’ontologie d’Ingarden.

L’article de Sébastien Richard, qui ouvre cette collection, offre une présentation de la structure de l’ontologie ingardénienne. À cet effet, son auteur montre tant la proximité que la distance qui existe entre la conception ontologique du philosophe polonais et celle de son maître Husserl, cristallisant son propos autour de la question de l’ontologie existentielle. Alors que Husserl propose une ontologie bipartite – une ontologie formelle et des ontologies matérielles –, Ingarden en ajoute une troisième, existentielle, provoquant, parmi ses commentateurs et ceux de son maître, une polémique dont Sébastien Richard expose les tenants et aboutissants et sur laquelle il prend position en faveur d’Ingarden.

Il est presque impossible d’écrire sur Ingarden sans discuter, au moins l’espace d’un instant, de la controverse qui l’opposa à Husserl concernant le prétendu « idéalisme » de ce dernier. L’article d’Antonino Mazzù explorera, avec une portée diachronique évidente, la position de Husserl sur cet idéalisme que lui reprocha si longuement Ingarden, mettant tant en évidence les approfondissements et les analyses toujours plus précises du père de la phénoménologie, que ses maladresses ponctuelles dans la formulation où la présentation de ses thèses ; maladresses qui peuvent sans doute, en grande partie, expliquer la lecture radicale qu’en fit Ingarden.

L’article de Raphaël Millière nous plongera de plain-pied dans les méandres de cette controverse et nous montrera comment Ingarden, avec un soin extrêmement minutieux, s’échinera à lister, comprendre, puis progressivement éliminer toutes les solutions possibles à la controverse Idéalisme-Réalisme. Nous serons ainsi menés dans un cheminement ← 12 | 13 → d’une grande rigueur intellectuelle jusqu’à la fin, aporétique, du second tome du Streit.

L’article d’Edward Świderski, à travers une lecture transversale et synthétique de nombreux textes ingardéniens, avance une hypothèse audacieuse qui consiste à montrer que l’aporie du Streit n’était peut-être pas tant le dernier mot d’Ingarden que le constat de l’insuffisance d’une méthode qui oppose frontalement la conscience et le monde. Celle-là, en fait indissociable d’un corps, d’une âme et, partant, d’un monde, se révèle comme conscience incarnée, comme une personne avant tout vouée à la réalisation de valeurs, qu’elles soient éthiques, morales ou, plus généralement, culturelles. Ce texte culmine dans un commentaire sur le tout dernier ouvrage d’Ingarden : Über die Verantwortung (Sur la responsabilité), où Ingarden ancre la possibilité même de la responsabilité dans l’action libre et réelle.

Dans son article (traduit par les soins d’Edward Swiderski), Andrzej Półtawski nous propose de naviguer sur les rives les plus hautes de la philosophie d’Ingarden. À travers une analyse de textes consacrés aux valeurs et à la métaphysique, il tente de mettre en avant une place, asymptotique et si peu développée par Ingarden lui-même, pour Dieu.

Patricia Limido-Heulot s’attarde, quant à elle, sur ce qui était sans aucun doute un des sujets de prédilection d’Ingarden : les œuvres d’art littéraires. Par la question de l’identité (ou de la non-identité) de ces objets à travers le temps, les concrétisations multiples des lecteurs, mais aussi les éventuelles modifications de l’œuvre elle-même et la transformation, parfois radicale, des atmosphères culturelles, elle livre une analyse d’une grande finesse, mobilisant et tissant ensemble avec élégance des pans très divers de la philosophie d’Ingarden, de la théorie littéraire à la question de l’essence, en passant par les rapports qui unissent les œuvres d’art à leurs supports matériels.

L’article d’Olivier Malherbe procède à une lecture serrée de textes appartenant à divers pans de la philosophie ingardénienne, afin de pister le concept de Gestalt dans ses multiples manifestations. De l’ontologie fondamentale où il possède une importance éminente pour rendre intelligibles la nature constitutive et l’essence des objets individuels, à l’axiologie où il se révèle moteur pour l’action humaine et la réalisation de valeurs morales et esthétiques, en passant par l’esthétique où il occupe une place centrale dans l’expérience esthétique et la constitution de l’objet esthétique, ce concept montre toute sa fécondité dans le cadre ingardénien.

Pour sa part, le texte de Denis Seron illustre très bien l’intérêt et l’utilisation contemporaine de l’ontologie ingardénienne dans la philosophie de tendance analytique. Partant avec Chisholm et Brentano ← 13 | 14 → à la recherche d’un critère d’intentionnalité à même de déterminer univoquement le caractère intentionnel ou non d’un objet, il propose une reformulation féconde du critère brentanien en y injectant certaines thèses ingardéniennes concernant l’hétéronomie existentielle et les limites possibles du principe du tiers exclu eu égard à certains types d’objectualités.

Arkadiusz Chrudzimski poursuit cette veine analytique en contrastant la théorie ingardénienne de la substance avec d’autres théories développées par des auteurs tels qu’Armstrong ou Lowe. Une fois la place de la théorie d’Ingarden précisée au sein de ces constellations théoriques et placée sous une obédience (néo-)aristotélicienne, Chrudzimski s’attache avec rigueur à en expliciter les différentes composantes : relations entre forme et matière, entre essence et nature constitutive, entre singuliers et universels, etc.

Dans son article, Peter Simons examine la question peu étudiée de la causalité, qui occupe tout le troisième volume du Streit. Il montre d’abord comment cette question s’insère dans le projet ontologico-métaphysique d’Ingarden. Il développe ensuite de manière critique plusieurs aspects de la théorie ingardénienne de la causalité, en particulier la thèse selon laquelle l’effet et la cause doivent être simultanés et l’analyse des différents types de causalité.

Enfin, à qui laisser le dernier mot de ce volume sinon à… Ingarden lui-même ? Nous publions ainsi, en français et en anglais, la traduction, par Sébastien Richard, d’un extrait d’une lettre d’Ingarden à Guido Küng dans laquelle le phénoménologue polonais s’attache à distinguer l’objet purement intentionnel du noème husserlien.


1 Sur la vie d’Ingarden, le lecteur pourra consulter en anglais le premier chapitre du livre de Jeff Mitscherling : 1996, Roman Ingarden’s Ontology and Aesthetics, Ottawa, University of Ottawa Press ; et en polonais le livre de Zofia Majewska : 1995, Książeczka o Ingardenie. Skic biograficzny, Lublin, Wydawnictwo UMC.

2 R. Ingarden, 1970, Über die Verantwortung. Ihre ontischen Fundamente, Stuttgart, Reclam ; trad. fr. Ph. Secretan : 1997, De la responsabilité. Ses fondements ontiques, Paris, L’Harmattan.

3 R. Ingarden, 1960-1981, Spór o istnienie świata, 2e éd., 3 vols., Varsovie, PWN.

4 R. Ingarden, 1964-1974, Der Streit um die Existenz der Welt, 3 vols., Tübingen, Niemeyer.

5 R. Ingarden, 1964, Times and Modes of Being, trad. angl. H.R. Michejda, Springfield (Ill.), Charles C. Thomas.

Résumé des informations

Pages
246
Année
2016
ISBN (PDF)
9783035266320
ISBN (ePUB)
9783035296990
ISBN (MOBI)
9783035296983
ISBN (Broché)
9782875743572
DOI
10.3726/978-3-0352-6632-0
Langue
français
Date de parution
2016 (Juin)
Mots clés
Roman Ingarden Dépendance existentielle Catégories ontologiques Ontologie
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 246 p., 3 fig., 4 tabl.

Notes biographiques

Olivier Malherbe (Éditeur de volume) Sébastien Richard (Éditeur de volume)

Olivier Malherbe est doctorant en philosophie du FNRS auprès de l’Université libre de Bruxelles. Sa thèse de doctorat est consacrée aux questions esthétiques et ontologiques entourant la problématique de la création et de la créativité dans l’œuvre d’Ingarden. Enseignant à l’Université de Liège, Sébastien Richard est un spécialiste de métaphysique et de logique. Il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels De la forme à l’être et Objects and Pseudo-Objects. Olivier Malherbe is a PhD student in philosophy for the FNRS at the Université libre de Bruxelles. His PhD dissertation is about the esthetical and ontological questions related to the topic of creation and creativity in Ingarden’s work. Sébastien Richard teaches at the Université de Liège and is a specialist of metaphysics and logic. He published several books on metaphysics, among which De la forme à l’être and Objects and Pseudo-Objects.

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