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L’homme démocratique

Perspectives de recherche

de Maria Gołębiewska (Éditeur de volume) Andrzej Leder (Éditeur de volume) Paul Zawadzki (Éditeur de volume)
©2014 Collections 214 Pages

Résumé

La formulation laconique du titre de cet ouvrage véhicule deux prémisses importantes fournissant le cadre ou un point de départ de lecture. La première procède de la conviction que la nature de l’homme, ou plutôt la façon d’être, se forge à travers l’interaction constante avec tout un ensemble de conditions, la condition politique n’en étant pas des moindres. La deuxième prend comme point de départ les questions suivantes : Quels sont les traits et les attributs indispensables pour qu’un être humain soit un être humain démocratique ? Peut-on penser certains des invariants d’une telle anthropologie ? On pourra examiner l’apport aussi bien que les limites des sources théoriques et des différents langages des sciences humaines et sociales afin de questionner à nouveau le problème de l’anthropologie de la démocratie dans la perspective de ces deux prémisses.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Introduction
  • Les prémisses
  • Le moment historique
  • Les idées, les textes
  • 1. Approches historiques
  • Temps et indignation : contribution aux paradoxes démocratiques de l’altérité
  • - I -
  • - II -
  • - III -
  • Locked-in syndrom. Fragments sur le Béhémoth (Vers une philosophie clinique)
  • - I -
  • - II -
  • - III -
  • - IV -
  • - V -
  • La notion d’homme démocratique chez Platon et Tocqueville
  • Les diverses figures de l’homme démocratique dans la République
  • Les diverses figures de l’homme démocratique dans la Démocratie en Amérique
  • Distance et proximité de l’homme démocratique chez Tocqueville et Platon
  • Vers un libéralisme post-séculier. Réflexions sur les liens entre religion et démocratie
  • - I -
  • - II -
  • - III -
  • - IV -
  • Les chairs de l’homme démocratique. Métaphores du corps et désenchantement du monde
  • Physiologie des Lumières et anthropologie de la démocratie
  • Le rêve matérialiste : la « grappe d’abeilles » et le monisme vitaliste dans le Rêve de d’Alembert de Diderot
  • Donner corps à ses frayeurs : le normal et le pathologique en régime démocratique
  • Égalité ! Laquelle ? Comment ? Pourquoi ?
  • 2. Approches juridiques, politiques, éthiques
  • Portrait de l’homme démocratique en individu de droit
  • Introduction
  • Portrait conceptuel
  • Portrait sociologique
  • Portrait politique
  • Conclusion : L’homme démocratique, un oxymore ?
  • Le rôle du sujet rétroactif dans la société démocratique
  • La performativité et l’efficience
  • La rétroaction du sujet et la démocratie
  • La post-démocratie
  • Antigone, encore. Démocratie, genre et vie précaire au temps du néolibéralisme
  • Les hommes et femmes de la démocratie. La multitude en tant que sujet des révolutions démocratiques.
  • L’homme de la démocratie. Entre violence et rationalité
  • Du côté d’Adorno
  • Du côté de Lévinas
  • Du côté de Voegelin : digression sur le sentiment d’injustice et sur le sentiment de temps
  • De retour du côté de Lévinas
  • Du côté de Hannah Arendt
  • Les bios
  • Titres de la collection

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Introduction

Les prémisses

La formulation laconique du titre de cet ouvrage véhicule deux prémisses importantes fournissant le cadre ou, peut-être seulement, un point de départ de lecture.

La première prémisse procède de la conviction que la nature de l’homme, ou plutôt la façon d’être, se forge à travers l’interaction constante avec tout un ensemble de conditions, la condition politique n’en étant pas des moindres. L’inspiration puise ici à différentes sources, parmi lesquelles : l’École de Francfort, Hannah Arendt, la critique des catégories anthropologiques élaborée au cours des dernières décennies du XXe siècle ou encore les discours féministes et postcoloniaux contemporains. On pourra examiner l’apport aussi bien que les limites de ces sources théoriques et des différents langages des sciences humaines et sociales afin de questionner à nouveau la question de l’anthropologie de la démocratie. Dans quelle mesure l’hypothèse de la plasticité de l’homme, celle de sa capacité à s’auto-fonder selon des modalités multiples et variées, mène-t-elle inexorablement vers l’idée de la démocratie comme illusion nécessaire, à la manière de l’autonomie chez Kant, pensée toujours « als ob » [comme si] réelle ?

La deuxième prémisse trace la voie d’une analyse qui diffère, de façon subtile mais importante, de la première. Ici, la démocratie est posée comme un point de départ présupposant un ensemble de conditions politiques. Celles-ci constituent à leur tour le sujet humain, entendu comme un sujet politique supposé capable d’assumer ces conditions. Quels sont les traits et les attributs indispensables pour qu’un être humain soit un être humain démocratique ? Peut-on penser certains des invariants d’une telle anthropologie ? Par ailleurs, quels sont les coûts et les périls de cette « condition humaine » inédite ? En nous limitant à un seul exemple, on peut se demander si le constat inquiet dressé par Tocqueville de la médiocrité d’une humanité démocratique, désormais incapable de grandeur aristocratique,reste pertinent aujourd’hui ?

Dans cette perspective, la lecture des critiques de la démocratie peut être fort instructive. On pourrait en distinguer trois modalités. Tout d’abord les critiques radicales, avancées par plusieurs des héritiers de Platon, qui rejettent pratiquement la démocratie : Joseph de Maistre ou Carl Schmitt et même Eric Voegelin, Leo Strauss ou Jacob Taubes. Leurs philippiques passionnées sont intéressantes en ce qu’elles pointent souvent « les faiblesses » du projet ← 7 | 8 → démocratique – notamment dans son aspect anthropologique. Ensuite, les critiques modérées de ceux qui comme Alexis de Tocqueville, Raymond Aron, Marcel Gauchet ou Zygmunt Bauman, sont sensibles aux failles et aux fragilités d’un monde démocratique dont ils défendent néanmoins fondamentalement la légitimité. D’autres enfin, poursuivent la tradition de Marx, explorent le caractère illusoire du projet démocratique. Faisant peser le soupçon sur la rationalité de l’homme démocratique, ils s’efforcent, au-delà des apparences, de mettre à jour le déploiement d’une autre logique, qu’il suffise de penser ici à Slavoj Žižek, Alain Badiou, Judith Butler ou Giorgio Agamben.

Le moment historique

L’ensemble de ces sources d’inspiration se réactualisent et se confrontent aujourd’hui dans un moment inédit de l’histoire des la pensée démocratique. Longtemps la réflexion politique avait été requise par les principaux ennemis des sociétés ouvertes et les différentes formes de fanatismes modernes. Avec l’éclatement de l’imposture totalitaire et l’affaissement des contestations radicales du principe démocratique, notre regard et parfois notre inquiétude, se sont déplacés vers la démocratie. Il s’agit moins d’en affirmer la valeur – devenue plus ou moins consensuelle – que d’en élaborer la théorie tout en explorant son énigme, sa singularité, ses splendeurs comme ses misères. Dans cette perspective, la démocratie comme monde ou comme régime (politeia) au sens des Anciens peut se penser comme une manière inédite de se penser soi-même, de penser les autres et de penser le monde, générant de nouvelles institutions de sens. Par delà les démarches fondationnelles, désormais classiques (Rawls, Habermas, etc.), sa mise en intelligibilité appelle un regard de nature anthropologique visant d’un côté à identifier les traits les plus durables de la condition humaine dans les sociétés fonctionnant, conformément à l’idée de Gauchet, à l’autonomie1 mais aussi, de l’autre, à produire une compréhension renouvelée de cette nouvelle configuration de l’être-ensemble2. Tout reste à faire, par exemple dans l’exploration des difficultés psychiques d’un nouveau type qui se dressent devant des individus ← 8 | 9 → ayant à s’orienter dans un monde social pensé comme auto-fondé et égalitaire en droits.

Le fait qu’aujourd’hui les récusations traditionalistes ou totalitaires n’apparaissent plus comme des alternatives sérieuses, que pour la première fois de leur histoire les démocraties ne soient plus massivement remises en question au nom de principes extérieurs à elles mêmes,ne signifie pas que nous vivions dans un monde parfait au point de vue de l’exigence de l’autonomie. La visée d’émancipation n’a pas disparu, mais en plaçant la barre plus haut, on considère qu’on ne saurait la réduire à la fin de la domination économique. Personne semble-t-il ne se conforte dans l’idée potentiellement totalitaire d’une utopie démocratique réalisée dans les faits : quelle société pourrait nourrir la prétention d’avoir comblé l’écart entre ce qui est et ce qui devrait être ?

Cette situation inédite conduit en revanche à déplacer le regard critique de l’extérieur vers l’intérieur. Ainsi par exemple, Leszek Kołakowski estimait dans les années soixante dix qu’on n’avait pas suffisamment pensé le problème de « l’auto-empoisonnement des sociétés ouvertes »3. De même, Cornelius Castoriadis attirait notre attention sur les dynamiques surgissant de l’intérieur des démocraties risquant d’éroder les présupposés anthropologiques de cette même dynamique4.

Cela ne signifie pas – le tournant du siècle en atteste amplement – que toute radicalité ait disparu de l’horizon de la critique. Sur ce point, les plus inflexibles des critiques contemporains de Tocqueville, lui donnent raison à leur corps défendant. Il est en effet un tragique de la démocratie qui tient au fait que « le désir d’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande »5. En d’autres termes,que l’on partage ou non le constat avancé par certains d’un effacement contemporain de l’esprit d’utopie6, les démocraties placent la barre de l’idéal particulièrement haut. Sans même évoquer la centralité acquise par la référence aux droits de l’homme7, l’égalité imaginaire entre ← 9 | 10 → inévitablement en dissonance avec l’inégalité réelle si bien que le combustible du ressentiment égalitaire semble inépuisable. Mais en dépit de son apparente radicalité, il se déploie dans l’espace de la critique interne de la démocratie. Le propre de la conflictualité contemporaine n‘est il pas ce rapatriement de la contestation vers l’intérieur, au nom de la démocratie elle-même ? Là aussi, par une curieuse ironie de l’histoire, la levée de boucliers que les réflexions terminales de François Furet8 ont suscitée du côté des sensibilités radicales, chez les partisans notamment de la démocratie insurgeante et anarchique9, elles lui donnent paradoxalement raison. En effet, sa sentence (« nous sommes condamnés à vivre dans le monde où nous vivons ») était immédiatement suivie du contrepoint sceptique que voici : « c’est une condition trop austère et trop contraire à l’esprit des sociétés modernes pour qu’elle puisse durer. La démocratie fabrique par sa seule existence le besoin d’un monde postérieur à la bourgeoisie et au Capital, où pourrait s’épanouir une véritable communauté humaine ».

Interroger l’inédit anthropologique des sociétés démocratiques modernes ouvre un beau chantier de recherches qu’il serait vain de réduire aux contours d’une seule discipline universitaire. Penser l’inédit d’une mise en forme et en sens du monde appelle sans doute cultiver l’art du détour10 (spatial, temporel, etc.). La philosophie politique aussi bien que les sciences sociales, et bien évidemment l’histoire philosophique ou conceptuelle du politique y concourent largement. L’essentiel est peut-être tout simplement de maintenir une respiration fluide entre une tradition de questionnement qui nous vient généralement de la philosophie et la volonté d’interroger les choses mêmes, autrement dit permettre de confronter l’ambition de conceptualisation à l’expérience.

Les idées, les textes

Il est intéressant de remarquer que les textes rassemblés dans ce volume, rencontrent souvent la question de la médiation : dans sa signification politique dans le débat opposant partisans de la démocratie représentative et ceux de la ← 10 | 11 → démocratie directe, mais aussi, dans une acception philosophique plus fondamentale. La médiation reste-t-elle l’invariant de toute organisation politique ? Ne retrouve-t-on pas ici l’une des dimensions de l’illusion productrice et nécessaire de la démocratie ? Si nous posons, avec Gauchet, que l’historicité constitue l’un des vecteurs de l’autonomie démocratique [Paul Zawadzki, p. 5], quelles sont les implications pour les sociétés contemporaines de son apparente secondarisation contemporaine au profit du droit ? La compression présentiste, en affinité avec l’affaissement des grandes catégories idéologiques du temps, semble ouvrir un espace inédit aux exigences d’immédiateté qui s’expriment par exemple dans les postures équivoques de « l’indignation ».

La réflexion sur les conséquences pour l'anthropologie philosophique de l’expérience du XXe siècle mène Gérard Rabinovitch à formuler une proposition sur la destructivité et les liaisons mortifères. Ce qu’il s’agit de penser ici, c’est notamment le déchainement – autre nom de la déliaison thanatophile – des désirs humains dans l’immédiateté.

La comparaison minutieuse entre l’analyse de l’homme démocratique, proposée par Platon et celle de Tocqueville [Yves Couture]montre la sensibilité des ces deux auteurs à la question décisive de la hiérarchie, qui conçue bien différemment, travaille le projet démocratique. Par quelle médiation peut-on penser« la dimension verticale » des sociétés ? Au-delà de l’esprit conservateur, leurs textes signalent l’apparition d’un problème immanent.

Un autre postulat de médiatisation habite le texte de Michał Warchala sur le lien entre le libéralisme et la pensée post-séculaire. Il part d’un double constat – l’individualisme des sociétés contemporaines est un fait indiscutable, en même temps qu’il fragilise à l’extrême le projet démocratique. L’auteur analyse les perspectives d’une « rencontre entre l’individuel et le collectif » [p. 44], dont les linéaments pourraient être fournis par une relecture post-séculière du romantisme des XVIIIe et XIXe siècles.

Dans une perspective conjuguant théorie de la démocratie et anthropologie des sens, le texte de Mathilde Villechevrolle explore l’unité des métaphores du corps qui se déploient à partir du XVIIIe siècle, en particulier la physique des Lumières en lien avec l’anthropologie de la démocratie. La reconstruction minutieuse des métaphores vitalistes fait apparaître leur intime affinité avec les projets sociaux et politiques contemporains de l’avènement de la Révolution française. L’analyse du vocabulaire de Condorcet dans le texte suivant contribue par un commentaire intéressant à cette problématique. « À force d’aller de soi, l’homme démocratique est cet être qui ne va plus de soi » [p. 71]. Cette phrase pourrait éclairer la réflexion de Philippe Hoyer sur la complexité de la notion, aussi courante que peu examinée,d’individu de droit, examinée ici au travers de ← 11 | 12 → trois portraits – conceptuel, sociologique et politique – qui s’efforcent d’en reconnaître la figure hégémonique, aujourd’hui. Une autre recherche, sur le rôle du « sujet rétroactif » et surtout sur la fonction de médiation du silence pour le discours démocratique est proposée par Maria Gołębiewska.

Les deux textes qui suivent proposent deux perspectives différentes du problème de la limitation nécessaire de l’immédiateté. En analysant différentes interprétations du drame d’Antigone, depuis Hegel jusqu’à Butler, Ewa Alicja Majewska projette sur l’homme démocratique – celui du moins que l’on a connu jusqu’aujourd’hui – une critique éclairante ; elle le dépeint comme un être trop rigide, fixé dans les attributs de genre, socialisé par des liens de parenté déterminés discursivement. « L’illusion d’illusion » qu’elle postule constituerait un élargissement de la définition de l’homme démocratique vers la multitude. En écrivant : « il faut peut-être commencer par travailler non pas sur une langue préétablie en vue de cette multitude possible, mais plutôt sur la capacité de traduire la multiplicité de ses énoncées » [p. 112], elle inscrit son projet dans l’horizon de la « traduction culturelle ». Jan Sowa propose quant à lui une autre perspective. Pour dépasser les vicissitudes de la représentation,il s’efforce de penser la multitude comme sujet de la démocratie. Enfin, le lien entre la violence et l’humanité contemporaine constitue le noyau de la dernière méditation dans cet ouvrage.

Andrzej Leder, Paul Zawadzki

1 Dans la préface à Hannah Arendt (La Condition de l’homme moderne [The Human Condition], trad. G. Fradier, Paris, Calmann-Lévy, 1961 et 1983) Paul Ricœur entend par anthropologie philosophique « une investigation qui vise à identifier les traits les plus durables de la condition humaine, ceux qui sont les moins vulnérables aux vicissitudes de l’âge moderne », p. 15.

2 C’est sous cet angle qu’une coopération internationale réunissant des chercheurs canadiens, français, polonais – dont certains ont contribué à ce volume – multiplie rencontres, colloques et journées d’étude depuis une dizaine d’années.

3 « Samozatrucie otwartego społeczeństwa » [« L’auto-empoisonnement de la société ouverte »] (1979), repris dans Leszek Kołakowski, Czy diabeł może być zbawiony i 27 innych kazań [Le diable peut-il être sauvé et 27 autres sermons], London, « Aneks », 1982, p. 206-216.

Résumé des informations

Pages
214
Année
2014
ISBN (PDF)
9783653033854
ISBN (ePUB)
9783653985092
ISBN (MOBI)
9783653985085
ISBN (Broché)
9783631649992
DOI
10.3726/978-3-653-03385-4
Langue
français
Date de parution
2014 (Août)
Mots clés
Menschenrechte demokratische Institutionen ökonomischer Kontext kultureller Kontext
Published
Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2014. 214 p.

Notes biographiques

Maria Gołębiewska (Éditeur de volume) Andrzej Leder (Éditeur de volume) Paul Zawadzki (Éditeur de volume)

Maria Gołębiewska est professeur à l’Institut de Philosophie et Sociologie de l’Académie de Sciences Polonaise, Varsovie. Andrzej Leder est chef de laboratoire de philosophie de culture ainsi que professeur à l’Institut de Philosophie et Sociologie de l’Académie de Sciences Polonaise. Paul Zawadzki, membre du groupe Sociétés, Religions, Laïcités du Centre national de la recherche scientifique, enseigne à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

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Titre: L’homme démocratique
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