Chargement...

Le romanesque dans les «Lettres» de Madame de Sévigné

de Monika Kulesza (Auteur)
©2015 Monographies 178 Pages

Résumé

Cette étude de la Correspondance de Madame de Sévigné est fondée sur plusieurs significations du terme « romanesque ». Les lettres de la marquise ne sont pas un roman mais elles présentent de multiples traits « romanesques » qui permettent une lecture particulière du chef-d’œuvre épistolaire. L’art du récit, les thèmes, le style, les références variées au monde des romans et la présence de cet univers dans la vie de la marquise et de son milieu constituent les axes de l’analyse. Le but de cette étude est de montrer l’omniprésence du « romanesque » dans le champ culturel de l’époque et son influence sur les esprits et les œuvres littéraires.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des Matieres
  • Introduction
  • Premiere Partie: Le Roman De La Vie
  • I. 1. Le romanesque en tant que code du milieu mondain
  • I. 2. La vie et le roman
  • I. 3. Les portraits romanesques de Madame de Sévigné
  • Deuxieme Partie: Le Roman Dans Les Lettres
  • II. 1. Théories du roman connues de Madame de Sévigné
  • II. 2. Madame de Sévigné lectrice de romans
  • II. 3. Les grands thèmes romanesques dans les lettres
  • II. 3. 1. L’amour
  • II. 3. 2. La guerre
  • II. 3. 3. La mort
  • Troisieme Partie: Telles Un Roman…
  • III. 1. Narration
  • III. 2. Description
  • III. 3. Personnages
  • III. 4. Temps
  • Conclusion
  • Bibliographie

Sur l’auteur

Monika Kulesza est maître de conférences HDR à l‘Institut d’Etudes Romanes à l’Université de Varsovie. Elle enseigne la littérature française du XVIIe siècle.

À propos du livre

Cette étude de la Correspondance de Madame de Sévigné est fondée sur plusieurs significations du terme « romanesque ». Les lettres de la marquise ne sont pas un roman mais elles présentent de multiples traits « romanesques » qui permettent une lecture particulière du chef-d’oeuvre épistolaire. L’art du récit, les thèmes, le style, les références variées au monde des romans et la présence de cet univers dans la vie de la marquise et de son milieu constituent les axes de l’analyse. Le but de cette étude est de montrer l’omniprésence du « romanesque » dans le champ culturel de l’époque et son influence sur les esprits et les oeuvres littéraires.

Pour référencer cet eBook

Afin de permettre le référencement du contenu de cet eBook, le début et la fin des pages correspondant à la version imprimée sont clairement marqués dans le fichier. Ces indications de changement de page sont placées à l’endroit exact où il y a un saut de page dans le livre ; un mot peut donc éventuellement être coupé.

← 4 | 5 → TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE

LE ROMAN DE LA VIE

I. 1. Le romanesque en tant que code du milieu mondain

I. 2. La vie et le roman

I. 3. Les portraits romanesques de Madame de Sévigné

DEUXIEME PARTIE

LE ROMAN DANS LES LETTRES

II. 1. Théories du roman connues de Madame de Sévigné

II. 2. Madame de Sévigné lectrice de romans

II. 3. Les grands thèmes romanesques dans les lettres

II. 3. 1. L’amour

II. 3. 2. La guerre

II. 3. 3. La mort

TROISIEME PARTIE

TELLES UN ROMAN…

III. 1. Narration

III. 2. Description

← 5 | 6 → III. 3. Personnages

III. 4. Temps

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

← 6 | 7 → INTRODUCTION

Une destinée qui ne cesse d’étonner est réservée à l’œuvre de Madame de Sévigné. Simple correspondance privée, dévoilée au grand public après la mort de l’auteur, modifiée par les éditeurs successifs, examinée, décortiquée dans les moindres détails, la Correspondance reste toujours l’objet de critiques et de louanges. Et l’on ne se lasse pas d’y rechercher encore plus de richesse et d’aspects nouveaux, soumis ensuite à diverses interprétations. Dans ce travail, nous nous proposons d’analyser le caractère romanesque des lettres de la marquise.

Mme de Sévigné vivait à l’époque qui, sans aucun doute, fut marquée par le romanesque. Aujourd’hui ce terme repose sur une certaine idée du roman. Il ne se réfère pas à tout l’ensemble des romans, mais à une de ses variétés, jugée typique; d’abord, le roman de chevalerie, puis le genre plus large qui en découle et en garde l’éthos: le roman de sentiments et d’aventures »1.

Rappelons seulement que le « romanesque » n’est pas attesté dans le Dictionnaire français de Pierre Richelet (1680), tandis que dix ans plus tard, Furetière dans le Dictionnaire universel (1690), en donne la définition suivante: « Qui tient du Roman, qui est extraordinaire, peu vraisemblable » et il cite en exemple: « Cette adventure2 est romanesque et incroyable. Il écrit en stile romanesque. » Le Dictionnaire de l’Académie Française (1694) reprend la définition: « qui tient du Roman, qui est à la manière des romans » et l’illustre ainsi: « Adventures romanesques, manières romanesques ». Le Grand Larousse de la Langue Française (1977) définit le substantif romanesque (attesté chez Fontenelle en 1683) comme « ce qui est propre au roman en tant que genre littéraire ». Les auteurs citent Mme de Sévigné (1689) chez qui le romanesque signifie: « ce qui paraît romanesque; caractère extravagant ou exalté, chimérique de quelque chose ». Le romanesque renvoie, d’un côté, à ce qui est fantastique, invraisemblable, sentimental et relatif aux aventures extraordinaires et, de l’autre, aux traits littéraires du roman.

← 7 | 8 → Chez Mme de Sévigné, ce qui est fantastique, extraordinaire et chimérique est typique du roman, est « comme dans un roman ». Quand elle raconte une histoire horrible où « la question fut de faire passer pour une mauvaise couche la meilleure qui fut jamais, et un enfant qui se portait à merveille, pour un petit enfant mort », elle ajoute: « Ce fut une habileté qui coûta de grands soins à ceux qui s’en mêlèrent, et qui ferait fort une histoire de roman » (28. VI. 1671, I, 282-283)3. Une « histoire de roman », car ressemblant à des histoires que la marquise a lues et qui traitaient d’enfants échangés? Ou peut-être tout simplement impensable? La marquise attribue le caractère « romanesque » à de multiples aspects de la vie: les « fêtes » (20. V. 1672, I, 514), la « valeur » (8. I. 1674, I, 662), les « actions » (2. X. 1675, II, 115), le « style » (16. X. 1675, II, 131), les « choses » (22. XII. 1675, II, 195), le « désespoir » (8. III. 1680, II, 867), le « visage » (24. VII. 1689, III, 649). Elle emploie aussi le terme sous sa forme adverbiale: « j’écris romanesquement » (9. V. 1680, II, 923) et nominale: « On lui a ôté le romanesque et le merveilleux de son aventure » (14. I. 1689, III, 473). La signification du substantif est moderne, c’est « le caractère romanesque d’une chose, d’une personne » (Le Grand Robert4).

Le romanesque ne fonctionne que par contraste avec le réel, certes, mais beaucoup d’aspects de la vie des gens du Grand Siècle qui nous semblent aujourd’hui tirés d’un roman, l’étaient-ils à cette époque-là ? Les déguisements, les enlèvements de femmes (avec leur consentement ou contre leur gré), les duels, nous paraissent être des péripéties propres au roman, tandis qu’au XVIIe siècle c’étaient des événements de tous les jours. La fiction romanesque s’alimente de la réalité et la réalité sait parfois dépasser la fiction. Mme de Sévigné aimait rapprocher le réel et l’imaginaire: le premier servait de point de départ et de canevas aux histoires qu’elle narrait tandis que le second donnait du goût à la vie et permettait ainsi de vivre une histoire extraordinaire sans pour autant quitter la réalité.

Toute la vie adulte de Mme de Sévigné s’est passée sous le règne du Roi-Soleil, son cadet de douze ans. La marquise n’appartenait pas à la Cour, mais néanmoins chaque passage qu’elle y effectuait, lui a laissé des souvenirs inoubliables qui montrent qu’elle était très sensible à la grandeur du roi et à la magnificence de la Cour:

Tout est grand, tout est magnifique. […] Mais ce qui plaît souverainement, c’est de vivre quatre heures entières avec le souverain, être dans ses plaisirs et lui dans les nôtres; c’est assez pour contenter tout un royaume qui aime passionnément à voir son maître

(12. II. 1683, III, 102).

← 8 | 9 → Elle relate fidèlement à sa fille tout ce qui s’y passe, elle transmet les informations qu’elle obtient par l’intermédiaire des tiers, essentiellement Mme de La Fayette et Mme de Coulanges, et elle se réfère aux souvenirs du temps de la jeunesse de Mme de Grignan qui a dansé plusieurs fois dans des ballets de cour, notamment en 1663 dans le ballet des Arts de Benserade aux côtés du roi, de Mlle de La Vallière et de la future Mme de Montespan.

C’est l’art qui traduisait la grandeur de Louis XIV, chaque œuvre écrite, chantée ou bâtie contribuait à sa gloire. Le roi n’était pas seulement mécène, mais surtout créateur et héros des œuvres d’art. Les fêtes royales ressemblaient à celles des romans et elles témoignent sans doute le mieux du goût romanesque du monarque et de son entourage. Citons uniquement les Plaisirs de l’Ile enchantée. Pendant sept jours (du 7 au 13 mai 1661), la cour s’amusait sans presque prendre du repos et le choix de divertissements fut prodigieux: un carrousel, des ballets de cour, des bals, des mascarades, des comédies, un feu d’artifice, des jeux. « La fête est un rêve dans le roman baroque et précieux, mais elle peut être aussi le moment où la vie elle-même se met à ressembler à un roman, où l’homme peut commencer à se prendre pour un héros de roman »5.

A l’origine du goût romanesque du roi, il y a les mêmes lectures que celles qui formaient les nobles et les mondains de son temps. La facilité de se mettre en scène, de jouer un rôle, le désir de l’héroïsme et le goût de la magie et du fantastique, tous ces traits composaient l’esprit romanesque de l’époque, avec Louis XIV en vedette. Avec le temps, cet esprit change. On se passionne pour l’opéra et les romans baroques de La Calprenède ou de Mlle de Scudéry ne sont plus à la mode. Le roi ne se rêve plus en Alexandre, mais se soucie d’abord de religion. Mme de Sévigné suit le mouvement général de sa génération. Elle finit par préférer la lecture de Nicole à celle des romans, mais, néanmoins, le romanesque subsiste « comme une survivance de sa jeunesse. […] Tant que le roi qui gouvernait la France voulut être considéré comme un héros, on ne pouvait laisser dépérir tout à fait le goût romanesque »6.

← 9 | 10 → Nous nous proposons d’analyser les contextes dans lesquels Mme de Sévigné emploie les termes « romanesque » et « roman », ainsi que de rechercher les manifestations du romanesque dans sa riche correspondance. Nous allons étudier les lectures de la marquise et les grands thèmes romanesques présents dans ses lettres. Nous essaierons enfin de retrouver dans ces textes des caractères qui les apparentent au roman.

Résumé des informations

Pages
178
Année
2015
ISBN (PDF)
9783653046427
ISBN (ePUB)
9783653977189
ISBN (MOBI)
9783653977172
ISBN (Broché)
9783631654514
DOI
10.3726/978-3-653-04642-7
Langue
français
Date de parution
2014 (Novembre)
Mots clés
Schreibstil Omnipräsenz sevigne
Published
Frankfurt am Main, Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Wien, 2014. 177 p.

Notes biographiques

Monika Kulesza (Auteur)

Monika Kulesza est maître de conférences HDR à l‘Institut d’Etudes Romanes à l’Université de Varsovie. Elle enseigne la littérature française du XVIIe siècle.

Précédent

Titre: Le romanesque dans les «Lettres» de Madame de Sévigné
book preview page numper 1
book preview page numper 2
book preview page numper 3
book preview page numper 4
book preview page numper 5
book preview page numper 6
book preview page numper 7
book preview page numper 8
book preview page numper 9
book preview page numper 10
book preview page numper 11
book preview page numper 12
book preview page numper 13
book preview page numper 14
book preview page numper 15
book preview page numper 16
book preview page numper 17
book preview page numper 18
book preview page numper 19
book preview page numper 20
book preview page numper 21
book preview page numper 22
book preview page numper 23
book preview page numper 24
book preview page numper 25
book preview page numper 26
book preview page numper 27
book preview page numper 28
book preview page numper 29
book preview page numper 30
book preview page numper 31
book preview page numper 32
book preview page numper 33
book preview page numper 34
book preview page numper 35
book preview page numper 36
180 pages