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De l’anamnèse eucharistique à l’anamnèse ecclésiologique

Étude de l’anamnèse comme principe structurant de l’Église

de Jacques Sungu Maigende (Auteur)
©2015 Thèses postdoctorales 463 Pages

Résumé

Ce livre présente le fruit d’une recherche scientifique approfondie autour d’un thème si important et fondamentale de la foi chrétienne à savoir l’eucharistie. Ce thème est étudié ici dans une de ses dimensions capitales qui est l’anamnèse qui n’est pas seulement comprise comme commémoration d’un passé mais comme une actualisation de la présence réelle du Christ dans les deux grandes parties de la célébration eucharistique : la table eucharistique et la table de la Parole. Agencement intéressant dans l’articulation de ce travail que l’auteur adopte expressément pour marquer l’originalité de ses recherches. La célébration eucharistique, mémoire du Christ, devient en même temps mémoire de l’Église et moteur régulateur de l’Église, de sa structure et de sa vie.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur/l’éditeur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Remerciements
  • Chapitre I: Données bibliques
  • Chapitre II: Auditus fidei: les apports de la théologie à partir des Pères de l ’Église jusqu’au concile de Trente
  • Chapitre III: L’enseignement du magistère sur l’anamnèse eucharistique à partir du concile Vatican II
  • Chapitre IV: La dimension anamnésico-ecclésiologique de la table eucharistique et sa circularité avec l’épiclèse
  • Chapitre V: La dimension anamnésico-ecclésiologique de la table de la parole de Dieu et sa circularité avec l’épiclèse
  • Chapitre VI: Les retombées positives de l’anamnèse eucharistique dans la structuration de L’Église
  • Conclusion générale
  • Sigles et abréviations
  • Bibliographie

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Remerciements

Au terme de ce temps d’exercice intellectuel hardi et sans répit, la mémoire de notre âme se sent dans l’obligation d’être reconnaissante envers toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à ce travail qui sanctionne la fin de notre troisième cycle en théologie dogmatique.

Notre expression de gratitude va aux trois personnes de la Très Sainte Trinité, par qui nous tenons le souffle de la vie et à travers qui nous recevons l’étincelle de la connaissance et de la vraie science, l’amour et le grand bien. Créé à son image et appelé à vivre selon notre image originelle, nos yeux se sont ouverts aux merveilles de Dieu et nous avons pris connaissance de ce que nous sommes à travers vous nos parents qui, après s’être rendus disponibles à la volonté de Dieu comme de bons chrétiens, nous avez donné la vie et guidé nos pas à la découverte et au vécu des valeurs évangéliques. Dans le ciel où vous nous avez précédés, marqués du signe de la foi, recevez toutes nos gratitudes. À vous mes frères et sœurs, cousins et cousines, tantes et oncles qui constituent la cellule familiale dans laquelle nous avons été et continuons à être accueilli pour notre réalisation tant humaine que religieuse, nous exprimons ici notre reconnaissance.

Le fondement de notre être reçu en famille serait sans flamme et nos pensées seraient sans ailes sans cet espace vital de notre famille religieuse dans la quelle nous nous sommes intégré et senti accueilli comme frère. À notre Ordre des frères mineurs capucins, nous adressons tous nos remerciements, en commençant par le ministre général Mauro Jöhri et à notre vice provincial Jean Bertin Nadonye qui nous ont donné la possibilité de faire ce troisième cycle. Grand merci à mes confrères du Congo, avec qui, plus que jamais nous partageons les joies et les peines de notre vie franciscaine. Nous pensons dans la même optique au collège international Saint Laurent de Brindes qui nous a hébergés pendant notre séjour à Rome et qui, avec sa structure et son personnel, nous a offert le maximum des convenances possibles pour notre épanouissement tant religieux et intellectuel qu’humain. Notre gratitude va spécialement à l’ancien recteur et vice-recteur qui nous a reçu au collège : P. Agapit Moroso et John Petrikovic. À leurs successeurs : Isidore Peterhans et Rodrigues Bona Marcel, ← 7 | 8 → grand merci. Nous adressons notre gratitude aux P. Luca Piatanida et Sisto Zarpellon, l’un s’occupant du matériel et l’autre du spirituel, qui nous ont été d’un grand soutien sans lequel ce travail n’arriverait pas à bon port. À vous tous et à toute la famille stable, notre grande reconnaissance. Que tous les personnels, avec une mention spéciale à ceux de la bibliothèque de notre collège, étudiants du collège Saint Laurent de Brindes, trouvent dans ces lignes l’expression de notre gratitude.

Nous avons le devoir moral de remercier aussi l’Université Pontificale Grégorienne qui nous a accueilli en son sein pour cette dernière étape de notre étude. Nous voulons ici nommer le chef du Département de la théologie dogmatique, le professeur Sergio Bonani et toute l’équipe administrative de l’université. Profonde gratitude au professeur Dario Vitali, notre maître et directeur de ce travail. Plus qu’un professeur vous êtes devenu pour nous un modèle d’un théologien qui, dans un esprit fraternel, nous a toujours porté à chercher les profondeurs des choses divines. En baliseur, votre sens scientifique et votre rigueur théologique sont pour nous un héritage que notre mémoire gardera toujours. Notre gratitude va aussi au professeur Nunzio Capizzi, son accompagnement, ses conseils judicieux et combien importants ont donné une tonalité spéciale à notre travail. Il serait injuste de ne pas remercier le professeur William Henn, comme confrère et professeur, il a toujours disposé volontiers de son temps pour nous malgré ses multiples occupations. Cher confrère nous vous disons merci.

Le meilleur pour la fin, nous voulons exprimer en dernier lieu notre gratitude à la Paroisse de Bagnacavallo dans le diocèse de Faenza qui nous a permis pendant tous les temps de notre étude de rester connecté à la réalité pastorale. La liste est tellement longue qu’on ne saurait citer tout le monde. Nous distinguerons Monsignore Luigi Guerini, Monsignore Pietro Magnanini, Don Marco, Don Antonio, la famille Giangrandi… Vous, avec qui nous avons actualisé notre amitié tant humaine que divine autour des repas et du pain eucharistique, que tous lisent dans ces lignes l’expression de notre reconnaissance. À vous les sœurs capucines du monastère Saint Jean Baptiste de Bagnacavallo ; les mots seront très pauvres pour vous dire merci ; que le lien fraternel établi entre nous reste gravé dans nos mémoires comme manifestation de l’amour de Dieu dans ce monde. Profonde gratitude à vous Madre Stéphanie Monti, présidente de la confédération capucine italienne, à toutes vos consœurs pour tout ce que vous étiez pour nous. ← 8 | 9 →

Que la profondeur infinie de la bonté divine qui, de la création jusqu’à la fin des temps, couvre des bienfaisances tous ceux qui se disposent à son amour, récompense vous tous qui, d’une manière ou d’une autre, avez contribué à la réalisation de ce travail.

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Chapitre I
Données bibliques

1. Introduction

Pour ce chapitre nous nous inspirons, sans négliger les autres approches, de belles études faites par M. Macina59, B. de Margérie60 et de X. Léon-Dufour61 sur la genèse, la forme et les racines juives de la notion d’anamnèse.

Partant d’une analyse sémiologique, Menahem nous fait voir « que le verbe grec anamimnèskein et son substantif correspondant anamnèsis servent parfois, dans la Septante, à rendre la racine hébraïque ZKR, qui signifie ‹ se souvenir ›, ‹ faire mémoire ›, et ses dérivés : zekher = ‹ souvenir ›, zikkaron = ‹ mémorial ›, azkarah = ‹ rappel ›, ‹ évocation › »62.

Mais prenant en compte des travaux de la majorité d’autres chercheurs, nous remarquons

qu’ils considèrent son usage comme plus technique que le mot usuel, pour rendre ces notions : mnèmoneuein, et ses dérivés. On pense, en effet, généralement, qu’il y a une différence notable entre les rendus grecs anmnèsis, mnèmosunè, mnèmosunon des mots hébreux : zakhar, zekher, zikkaron, azkarah, utilisés, dans l’A.T., pour rendre la notion de souvenir et de commémoration. Quant à l’utilisation d’ anamnèsis, dans le N.T., il paraît évident qu’elle a uniquement une connotation cultuelle. Or, un coup d’œil sur les textes va nous montrer que, pour l’un comme pour l’autre Testament, la réalité est plus nuancée, et que, dans la pratique, ces mots s’avèrent souvent interchangeables 63. ← 35 | 36 →

2. Regard sur l’Ancien Testament

2.1 Le sens polysémique de la mémoire dans la Bible

Dans les Écritures Saintes, l’idée de la mémoire, de souvenir a une place de choix. Sans cesse l’homme est appelé à se souvenir (Dt 8, 2. 18; 9, 7).

En effet, la foi et la piété des juifs et des chrétiens sont fondées sur des événements sauveurs, qui demandent à être remémorés dans la prière et commémorés dans le culte. La révélation judéo-chrétienne ne se rapporte pas à une méta-histoire d’ordre mythique ; elle s’inscrit dans une histoire, mieux : elle fait cette histoire64.

C’est ainsi que dans le peuple d’Israël, les termes qui expriment la mémoire ont un sens polysémique : en hébreu, il tire sa racine de zkr qui a comme verbe zakar et comme substantifs zikkaron, azkarah

 Le verbe hébreu Zakhar (au hiphil), est rendu deux fois, dans la Septante (titres des Psaumes 38 et 70), par eis anamnèsin (Vulg. Ps. 38 [37], selon le grec : in rememorationem ; selon l’hébreu : in commemoratione ; Ps 70 [69], selon le grec : in rememoratione ; selon l’hébreu : ad recordandum).

 Zekher, dans les deux seuls cas où il a sûrement le sens de « mémorial » (Ex 3, 15 et Ps 135, 13) est rendu, dans la Septante, par mnèmosunon (Vulg : memoriale).

 Zikkaron est rendu presque uniquement, dans la Septante, par mnèmosunon. Pourtant, en Nb 10, 10 il est rendu par anamnèsis (Vulg. : recordatio).

 Azkarah est rendu, 4 fois sur 5, dans la Septante, par mnèmosunè (Vulg. : mémoriale, monumentum). Mais, en Lv 24, 7 il l’est par anamnèsis65.

Etudiant en détail l’usage polysémique du terme « anamnèse » dans l’Ancien et le Nouveau Testaments, pour ne pas répéter le même travail quand nous aborderons le Nouveau Testament, nous nous rendons compte d’ores et déjà que : ← 36 | 37 →

 Le terme « mémoire » est utilisé dans le sens de mémoire de Dieu, Dieu qui se souvient : Gn 8, 1 ; 19, 29 ; Ex 2, 24 ; 1 S 1, 19 ; Ne 13, 14 ; Ps 98, 3 ; Jr 2, 2, Lc 1, 54 ; Ac 10, 4.31. Ici Dieu se souvient de l’homme pour le combler de sa miséricorde, de ses bienfaits. On notera chez le prophète Osée un souvenir punitif de Dieu envers son peuple, mais tout ceci, toujours en vue de la conversion d’Israël (Os 8, 13).

 On parlera aussi du mémoire dans le sens de souvenir que l’homme doit avoir de Dieu, des hauts faits que Dieu a accomplis : Sg 12, 22 ; Lc 24, 6–9, Ac 11, 16.

 La mémoire sera aussi utilisée dans la Bible dans le sens de se souvenir des personnes : 1 M 12, 11 ; Sg 10, 7. Jésus lui donnera un accent particulier, invitant ses disciples à faire ceci en mémoire de lui : Lc 22, 19 ; 1 Co 11, 23–24.

 Les bonnes œuvres et les hauts faits des bonnes personnes deviennent aussi objet de mémoire. Mémoire comme immortalisation des personnes justes et héroïques : 1 M 3, 7 ; 13, 29 ; Pr 10, 7 ; Si 49, 9. A l’opposé des œuvres et des bonnes personnes dont on doit faire mémoire, la Bible invite à effacer de la mémoire les pécheurs, les personnes malfaisantes et les mauvaises œuvres passées : Dt 25, 19 ; Jb 24, 20 ; Si 44, 9.

 Un autre sens très intéressant que la mémoire aura dans la Bible est celui : « de conserver dans le cœur » : Dt 11, 18 ; Jdt 11, 10 ; Pr 3, 1–3 ; 4, 4 ; 4, 21 ; 7, 1–3 ; Lc 2, 19 ; 1 Co 4, 17. La parole ou les haut faits de Dieu devraient être conservés dans le cœur pour ne pas être oubliés. Marie, le réceptacle de la Parole de Dieu, conservait tout dans son cœur et revivait tous les événements de sa vie à la lumière et dans la commémoraison de ce qu’elle avait dans son cœur.

 Certains écrits, certains livres seront considérés dans la Bible comme mémoire : 2 Ch 13, 22 ; 24, 27 ; Esd 4, 15 ; Est 6, 1. Ces matériels conservaient et aidaient le peuple de Dieu à se rappeler les hauts faits de Dieu dans leur histoire.

Pour mieux comprendre l’anamnèse dans l’Ancien Testament, nous visiterons la tradition hébraïque pour étudier l’Haggadah qui, en fait est le récit pascal juif, le cœur du mémorial juif. Quant aux sacrifices synagogaux dans la tradition juive, ils ne nous donnent pas assez de garantie pour dire qu’il y avait dans la liturgie synagogale des sacrifices mémoriaux66. ← 37 | 38 →

Ici une fois de plus les chercheurs ne s’accordent pas pour trancher cette discussion ; nous tirons du débat le soubassement d’une anamnèse célébrative et offrande qui a bel et bien constitué et porté les sacrifices et les cultes vétérotestamentaires.

On ne pouvait pas repasser la Mer Rouge. Pourtant, chaque génération devait entrer dans la grâce de l’événement historiquement accompli pour la génération du passé. Pour y parvenir, on avait le « souvenir », le « mémorial », compris au sens où Israël l’entend. En effet, « se souvenir » n’équivaut pas simplement à « penser » quelque chose du passé, un dynamisme vers l’action. Dieu se souvient, mais, dans ce « souvenir », la puissance de son dessein primordial se trouve engagée, excitée, incitée à se déployer. L’homme se souvient, mais ce « souvenir » implique l’exigence de la Loi. Bref, le zikkarôn, qui est l’acte rituel (sacramentel) de ce souvenir, « stimule la mémoire de Dieu, et ses actes de mémoire sont synonymes de ses actes d’intervention. Le zikkarôn stimule aussi la mémoire d’Israël qui amène (pour la tradition sacerdotale et cultuelle) une participation à l’ordre du sacré ». Par là, sous le tissu du symbolisme liturgique, se nouent la mémoire de Dieu (et, pour lui, « se souvenir » c’est agir comme il l’a fait) et la mémoire du Peuple de Dieu (et, pour lui, « se souvenir » c’est entrer dans l’exigence de l’Alliance et la vivre). Ainsi s’actualise, devient vraie, pour aujourd’hui, la rencontre de Dieu et l’homme, historiquement accomplie autre fois, dans un événement déterminant67.

2.2 La Haggadah

A Pesach, la Pâque hébraïque, qui tombait en pleine lune de printemps, à la moitié de mois de Nisan, les israélites se rappelaient comment ils avaient quitté en toute précipitation la terre d’Egypte pour se mettre en route vers la terre promise. Cette sortie de la terre d’Egypte pour les hébreux marquait pour toute leur histoire par un fait inoubliable pour toutes les générations présentes et avenir. ← 38 | 39 →

En toute et toute génération, c’est une dette pour l’homme de se voir comme si lui-même était sorti de Mitsraïm. Car il est dit : Et tu raconteras à ton fils, en ce jour-là, disant : en vue de tout ceci, Adonaï agit pour moi, quand je sortis de Mitsraïm. Non point nos Pères seulement, il les sauva, le Saint, béni soit-il ; car il est dit : Et il nous fit sortir de là-bas, afin de nous mener dans le pays qu’à nos pères, il avait juré. C’est pourquoi la dette est sur nous de remercier, de louer, de louer, de célébrer, de hausser, d’exalter, de magnifier, de glorifier, et de bénir celui qui fit pour nos Pères et pour nous tous ces signes : qui nous tira de la servitude vers la liberté, de la détresse vers la joie, du deuil vers la fête, et des ténèbres vers la lumière grande, et de l’oppression vers l’affranchissement. Et chantons devant sa face un chant nouveau : Allélouïa68.

Cette sortie mettait fin à une histoire et constituait un début d’une autre ; d’un peuple sans nation, sans terre pour pratiquer librement leur religion, Israël entrait dans une nouvelle ère de son histoire, se constituer une identité nationale et aller à la conquête de la terre promise pour vivre librement et pleinement sa religion. La sortie d’Egypte devenait en fait sa genèse. La Pâque hébraïque est pour Israël une fête de libération universelle que tout bon juif devrait commémorer. Commémorer parce que Pâque veut dire « Passage », ce qui implique quelque chose de subjectif à transmettre pour faire vivre et faire entrés les autres dans l’événement qui est devenu avènement pour tous. E. Loewenthal dira :

La ricorrenza ci impone infatti non solo la memoria, ma un vero e proprio transfert identitario : dobbiamo immedesimarci nel passato, immaginare di essere noi stessi liberati, questa notte. In prima persona. È difficile ritrovarsi laggiù, in quell’evento cruciale, in quei momenti così grandi e tremendi : vedere e ascoltare il passagio di Dio, che uccide i primogeniti dell’Egitto, uomini e animali, ma « passa » tra i figli d’Israele, risparmiandoli perché li ha riconosciuti dal marchio di sangue ch’essi hanno apposto sullo stipite, ma anche delle loro porte […] In questo giorno Dio passa sull’Egitto. Dio passa oltre le case degli ebrei. Gli ebrei passano dalla schiavitù alla libertà. Dall’ignoranza alla consapevolezza di sé 69.

Ce qui est intéressant dans cette fête anniversaire est le terme « passage ». Dieu passe, et son passage pour ceux qui lui obéissent (les Israélites) est source de la conservation de la vie ; par contre pour ceux qui n’écoutent pas ses ordres (les Egyptiens), est source des calamités, de la mort. ← 39 | 40 →

Cette fête de la Pâque juive coïncide avec la fête des azymes qui tombait aussi au printemps ; fête pendant laquelle on célébrait le passage de l’inertie de la nature à la fertilité.

L’innesto della dimensione storica in quella ecologica è fondamentale : originariamente si trattava di due celebrazione separate, seppure congiunte da una coincidenza temporale. Vi era la Pasqua come festa della libertà e dell’uscita dall’Egitto. In questo contesto, il sacrificio dall’agnello è il simbolo di quell’identità distinta che Dio riconobbe e risparmio la notte in cui travolse l’Egitto con l’ultima piaga dei primogeniti. Poi vi è la Pasqua in quanto festa degli azzimi : celebrazione del primo raccolto, attraverso un’offerta al Signore70.

Ces deux fêtes, bien que distinctes, se rencontrent et donnent sens à l’histoire d’un peuple de génération en génération. La Pâque juive, rappelant le passage de Dieu, rappelle aussi le sang de l’agneau immolé qui sauva les premiers-nés de la tribu d’Israël. Ces événements ne faisaient pas objet d’un discours magistral durant la commémoration, mais chaque famille les transmettait à sa progéniture en forme de récit durant la célébration de la Pâque. Quant à l’histoire de cette célébration, il suffit de lire quelques passages suggestifs de l’Ancien Testament : Ex 6,1–13 ; 7,1–14.31 ; Dt 6,21–23. En ce qui concerne son institution, Ex 23,15 ; Lv 23,4–9 ; Nb 28,16–25, sont pour nous des références parlantes.

« L’intero rituale esposto nella Haggadah non è altro che una serie di interrogazioni e risposte, in un incontro fra padri e figli, madri e figlie »71. Ce rituel de Haggadah qu’on trouve dans la Mishnah, qui est le premier code normatif de l’hébraïsme, nous fait voir que le récit de la Pâque juive commémorait l’exode de l’Egypte et la fête des azymes.

Durant cette commémoration pascale, le « Dialogue » était la méthode utilisée pour faire entrer les autres dans ce qui s’était passé : « Perché questa sera è diversa da tutte le altre sere ? »72, question que les enfants posent aux parents ; ainsi le narrateur répond à la question en racontant le récit de l’Exode. « Il rito si compie attraverso la condivisione dell’esperienza e della memoria. La Haggadah, cioè il ‹ racconto › dell ‹uscita dall› Egitto cosi come si configura in questo antico testo, è lo strumento per condividere tale esperienza »73. Le repas était le cadre dans lequel se narrait tout ← 40 | 41 → ces événements en suivant un seder, qui n’est autre que l’ordre indiquant le déroulement et l’ensemble de la cérémonie74.

On notera que cette cérémonie de commémoration de la fête pascale juive n’était pas seulement composée de récits qu’on racontait à la jeune génération. Le narrateur accompagnait son récit des gestes pour mieux faire comprendre et vivre ceux qui l’écoutaient. Comme l’agneau occupait une place de choix dans le récit de la sortie d’Egypte, le narrateur devait exhiber l’os de l’agneau pour faire voir à ses auditeurs que c’est par le sang de l’agneau mis sur les montants des portes que les premiers-nés d’Israël furent épargnés de la mort lors du passage de Dieu durant la nuit pascale. Mais après la destruction du temple, comme il n’y avait plus de lieux où offrir le sacrifice au Seigneur, l’exhibition de l’os de l’agneau était remplacée seulement par la parole.

L’herbe amère rappelle la vie dure de l’esclavage en Egypte ; mais ouvrait en même temps une issue joyeuse, et donnait espoir d’une nouvelle vie qui était en train de naître au printemps. Pour ne pas reprendre ici tous les autres éléments de la célébration, on notera aussi que le pain azyme constituait un élément très important de la Haggadah : « Il pane azzimo, pane di schiavitù e libertà. Pane dell’afflizione e del riscatto, dell’umile povertà ma anche della padronanza di sé »75. Le pain azyme comme l’herbe amère, rappelant aussi l’esclavage en Egypte et le renouvellement de la saison, laisse pointer à l’horizon une ère de bonheur environnemental et social.

Résumé des informations

Pages
463
Année
2015
ISBN (PDF)
9783035107715
ISBN (ePUB)
9783035195439
ISBN (MOBI)
9783035195422
ISBN (Broché)
9783034315463
DOI
10.3726/978-3-0351-0771-5
Langue
français
Date de parution
2015 (Mai)
Mots clés
Les données bibliques concile de Trente Auditus fidei Vatican II
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2015. 463 p.

Notes biographiques

Jacques Sungu Maigende (Auteur)

P. Jacques Sungu-Maigende, avant d'aller terminer à Rome ses études en théologie dogmatique au sein de l'Université Grégorienne, a travaillé comme formateur dans la maison de formation des Capucins de la RD Congo et comme professeur de théologie à l’Institut Supérieur des Sciences Religieuses de Mbandaka. Il est actuellement professeur à l’Université Saint Augustin de Kinshasa.

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Titre: De l’anamnèse eucharistique à l’anamnèse ecclésiologique
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