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Transmettre une fidélité

La Contre-Révolution et les usages du passé (France, Espagne, Italie ‒ XIXe-XXe siècles)

de Bruno Dumons (Éditeur de volume) Paul Chopelin (Éditeur de volume)
©2019 Collections 186 Pages

Résumé

Ce volume collectif interroge les modalités d’élaboration, de diffusion et de perception des souvenirs historiques dans les milieux contre-révolutionnaires français, italiens et espagnols à l’époque contemporaine. Si la tradition historiographique contre-révolutionnaire, en tant que système de pensée, est aujourd’hui assez bien connue, elle ne doit pas dissimuler la multiplicité des usages militants du passé, à l’échelle individuelle ou collective. Pour ne pas rompre le « fil de l’histoire » et transmettre le flambeau aux nouvelles générations, les contre-révolutionnaires ont tout à la fois exalté la légitimité historique des princes et valorisé le comportement exemplaire de ceux qui ont su leur rester fidèles dans l’adversité. La construction de généalogies, d’armoriaux ou d’histoires familiales permet de conjurer la rupture révolutionnaire ou « l’usurpation » dynastique, tandis que les pèlerinages, auprès des princes en exil, sur des tombeaux ou sur des sites de bataille, se doublent souvent d’une collecte de souvenirs et de reliques. Les contributions réunies dans ce volume témoignent de l’émergence, à l’échelle européenne, d’une véritable contre-culture historique, fondée sur la célébration de la fidélité, érigée en vertu politique fondamentale face à « l’opportunisme libéral » et à la « subversion révolutionnaire ». Tout autant qu’aux supports – livres, monuments ou musées –, une grande attention a été portée aux acteurs de cette « histoire en blanc », leurs circulations et leur insertion dans les réseaux contre-révolutionnaires de leur temps.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • Sur l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Introduction
  • Paul Chopelin et Bruno Dumons
  • Première partie. Illustrer une fidélité contre-révolutionnaire
  • Après la Révolution, un conservatisme refondé en Piémont : l’itinéraire de Juliette Colbert, marquise de Barolo (Nicolas Bourguinat)
  • Les usages politiques de la généalogie nobiliaire dans le royaume d’Italie (Simon Sarlin)
  • Redécouvrir la généalogie et l’héraldique en France (1860-1930). Un usage politique au service de la cause « blanche » (Bruno Dumons)
  • Deuxième partie. Faire et défaire un passé contre-révolutionnaire
  • D’une guerre carliste à l’autre. Transmettre le souvenir d’une mobilisation transnationale (Alexandre Dupont)
  • Éloge de la fidélité dynastique en temps de révolutions. Edmond Biré (1829-1907) et la contre-histoire royaliste au début de la Troisième République (Paul Chopelin)
  • Transmettre une fidélité à l’Action Française au XXe siècle ? (Olivier Dard)
  • Troisième partie. Collectionner la Contre-Révolution
  • Les souvenirs pieux d’une culture contre-révolutionnaire (Claude-Isabelle Brelot)
  • Les guerres de Vendée collectionnées (Jean-Jacques Lucas)
  • Raymond Jeanvrot : une passion royaliste (Jacqueline du Pasquier)
  • Conclusion. La fidélité, un marqueur politique contre-révolutionnaire ? (Paul Chopelin / Bruno Dumons)
  • Liste des Auteurs
  • Titres de la collection

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Introduction

Paul CHOPELIN et Bruno DUMONS

Opposants aux régimes politiques nés de la révolution, les contre-révolutionnaires entendent promouvoir la restauration de l’ordre ancien dont la légitimité est fondée sur la fidélité à une tradition politique – dynastique et/ou hiérarchique –, nécessaire à la cohésion de la société1. Le discours contre-révolutionnaire est par essence fondé sur l’histoire et la maîtrise du passé. Maîtriser le passé permet en effet de prendre la mesure de l’erreur historique que constituerait la révolution. Les révolutions françaises de 1789 et de 1792 ont ainsi immédiatement fait l’objet de discours interprétatifs fondés sur l’histoire, dans une perspective providentialiste qui lie étroitement la Contre-Révolution politique à la Contre-Révolution religieuse, en tant que refus de la sécularisation des sociétés occidentales2. Ce lien est, par la suite, devenu opérant dans toutes les traditions contre-révolutionnaires occidentales, nourries d’un substrat chrétien fournissant un cadre interprétatif global à toutes les théories antimodernes. La notion de fidélité, à Dieu et au monarque déchu, qui renvoie à un engagement loyal et indéfectible, apparaît ainsi au cœur de la pensée contre-révolutionnaire.

Les contre-révolutionnaires se sont donc tout autant intéressés à démonter les mécanismes historiques de la « subversion révolutionnaire » ← 9 | 10 → qu’à faire l’apologie des combattants de la « juste cause », afin de proposer des modèles d’engagement issus du passé et ancrer l’activisme politique dans une généalogie militante. Si la tradition historiographique contre-révolutionnaire, en tant que système de pensée et d’écriture, a fait l’objet de plusieurs travaux académiques ces vingt dernières années, l’illustration historique de ces combats est pour sa part bien moins connue. Les épopées historiques contre-révolutionnaires ont surtout été abordées dans leur cadre polémique, à travers les conflits mémoriels qui opposaient héritiers et détracteurs de la révolution. C’est ainsi que, pour le cas français, on connaît relativement bien, maintenant, les affrontements idéologiques entre historiens « bleus » et « blancs », autour de figures telles que Jeanne d’Arc ou les combattants des guerres de Vendée3. Néanmoins, l’itinéraire personnel des acteurs de ces querelles mémorielles – responsables politiques, historiens et commémorateurs en tout genre – a été rarement reconstitué et, mis à part quelques grandes figures, l’on sait finalement assez peu de choses de leur environnement social individuel. Hormis pour le cas espagnol, plutôt bien documenté, le déficit de travaux sur les cultures politiques contre-révolutionnaires en Europe explique que l’approche biographique ou prosopographique soit négligée4. Significativement, les contre-commémorations royalistes du centenaire de la Révolution en France et leurs acteurs n’ont jamais été étudiés en tant que tels, alors que ces manifestations constituent une clé de compréhension indispensable de l’histoire politique de la période5. ← 10 | 11 → Les ralliements à la République ont finalement davantage intéressé que le maintien des fidélités dynastiques, orléanistes ou légitimistes6.

À la fin des années 2000, avec le développement de l’histoire transnationale et de l’histoire globale, l’histoire des mouvements contre-révolutionnaires européens commence à sortir de son purgatoire académique7. L’engagement politique royaliste, grand impensé de l’historiographie classique de la Contre-Révolution qui examinait surtout les causalités sociales, économiques et, parfois, religieuses des résistances à la Révolution, commence à émerger comme un objet d’étude à part entière8. Plusieurs travaux récents sur la Contre-Révolution placent ainsi la notion de fidélité dynastique au cœur de leur réflexion9. En 2008-2009, un colloque consacré aux cultures politiques « blanches », organisé ← 11 | 12 → à Lyon et à Rome, insistait sur l’importance des lieux de mémoire dans la mobilisation, nationale et internationale, des contre-révolutionnaires européens au XIXe siècle. Si les pèlerinages dans les nécropoles et les chapelles commémoratives s’accompagnaient d’un éloge historique du dévouement des « martyrs de la fidélité », il fallait aussi compter avec les biographies édifiantes comme celles répandues par les légitimistes français soucieux de mettre en valeur les vertus des princes de la branche aînée des Bourbons10. Le récit des sacrifices passés permet de ressouder les rangs et d’affronter l’adversaire avec détermination. Mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous. L’exemple des martyrologes princiers, élaborés et diffusés depuis le Moyen Âge par les partisans des souverains déchus puis suppliciés, démontre qu’une entreprise de réhabilitation historique peut s’avérer démobilisatrice sur le long terme. L’écriture d’une histoire providentialiste, fondée sur la vocation sacrificielle du monarque et la nécessaire expiation de ses sujets, se heurte en effet à l’émergence de modèles « martyrologiques » concurrents, fondés sur l’idée de progrès, dans une perspective largement sécularisée. Le XIXe siècle opère un changement radical en la matière, en marginalisant les commémorations des princes martyrs, y compris au sein même du camp contre-révolutionnaire11. D’autres modèles de dévouement sont promus tandis que la science historique, alors en pleine définition disciplinaire, est mise au service d’un discours de « vérité » politique contre « l’erreur » révolutionnaire. C’est l’ambition de ce volume que de proposer de nouvelles pistes de recherche sur les usages contre-révolutionnaires du passé, sous l’angle de la transmission généalogique d’une fidélité politique.

La fidélité à une dynastie ou à un combat politique trouve toujours son illustration dans l’exaltation d’un passé glorieux et la construction d’un panthéon héroïque, lui-même parfois doublé d’un martyrologe. Écrire ou revivre le passé – dans ce dernier cas en tant que lecteur ou spectateur – permet de reconstituer les linéaments d’une résistance conservatrice au changement politique révolutionnaire, afin de mieux y inscrire son propre itinéraire. Si ce phénomène est courant en politique, il s’agit ici ← 12 | 13 → d’en déterminer les spécificités éventuelles dans les milieux « blancs », principalement dans ses dimensions sociales, en soulignant l’importance de la noblesse bien sûr, mais sans oublier d’autres acteurs, comme les hommes de lois ou les ecclésiastiques, impliqués dans la vie savante locale et nationale. Tout autant qu’aux doctrines véhiculées par ces hommes et ces femmes, une grande attention a été portée aux pratiques d’écritures et aux supports de diffusion de ces représentations.

Cet ouvrage se propose donc de réunir les contributions de deux rencontres qui se sont tenues à Lyon. La première, en novembre 2015, a été consacrée à la fabrique contre-révolutionnaire du passé comme outil de transmission d’une « fidélité en politique ». La fidélité contre-révolutionnaire se manifeste en premier lieu comme une fidélité dynastique, consistant à respecter la primauté politique de règles successorales traditionnelles, désignant le seul et authentique détenteur du pouvoir souverain. C’est la position des légitimistes français et napolitains, ainsi que celle des carlistes espagnols12. À cette fidélité dynastique peut s’adjoindre une fidélité religieuse, beaucoup plus mouvante, dans la mesure où les intérêts de l’Église ne coïncident pas toujours avec ceux de la légitimité princière. Néanmoins, au XIXe siècle, le providentialisme est l’un des moteurs principaux, si ce n’est le principal, de cette fidélité dynastique, érigée en véritable devoir religieux de résistance à « l’esprit révolutionnaire ».

En second lieu, et de façon complémentaire, la fidélité politique contre-révolutionnaire peut apparaître comme l’expression de l’honneur d’une famille ou d’un clan. Défendre la cause d’un souverain est une façon d’honorer une dette, réelle ou symbolique, contractée par la famille auprès de ce souverain, à l’instar des Barraute, personnellement attachés à Don Carlos, le « Charles VII » des carlistes, étudiés ici par Alexandre Dupont13. Dans certains cas, la fidélité à l’engagement ← 13 | 14 → contre-révolutionnaire peut être l’expression, déguisée ou non, d’un lien interpersonnel de type clientélaire : on peut être fidèle à une cause dynastique, par reconnaissance à l’égard d’une famille protectrice, elle-même fidèle à celui ou celle qu’elle considère comme son suzerain légitime. Les familles nobles constituent bien sûr le réceptacle privilégié de cette culture de la fidélité, associée à une fonction traditionnelle de service du prince. Mais, comme le montre l’exemple de l’avocat nantais Edmond Biré, évoqué dans le présent volume, cette fidélité peut aussi se manifester dans d’autres environnements sociaux, car l’engagement politique d’un ancêtre peut être perpétué au fil des générations, au nom de l’honneur familial et du respect filial14.

La transmission d’une fidélité s’effectue de façon privilégiée par le biais de récits historiques, qui circulent dans les familles et dans les divers cadres institutionnels de la sociabilité contre-révolutionnaire régionale, nationale et internationale sur un long XIXe siècle. Nicolas Bourguinat, Simon Sarlin, Alexandre Dupont et nous-mêmes, proposons ici des exemples pour illustrer les outils qui ont contribué à entretenir la mémoire et la fidélité contre-révolutionnaires. Les voyages et les récits historiographiques ont largement servi cette cause, tout comme les « monuments de papier » qu’ont été les généalogies, les armoriaux et les histoires familiales. Olivier Dard, quant à lui, rappelle combien l’Action Française s’est justement écartée de cette « fidélité contre-révolutionnaire » pour penser autrement le « nationalisme intégral » et concevoir un nouveau royalisme adapté à la nation. Trop romantique, trop attachée aux querelles dynastiques au sein de la Maison de France, la notion de fidélité n’a plus sa place dans l’outillage conceptuel maurassien, autrement que sous la forme de la fidélité aux idées du « maître »15.

La seconde rencontre, en novembre 2016, s’est attachée à la collecte de souvenirs et de reliques qui circulent dans les familles et qui se transmettent entre générations. Un semblable processus s’est déployé avec les objets et les écrits de la Révolution française. Gilles Bertrand et Pierre Serna considèrent même la possibilité de relire de façon originale la Révolution avec l’outil de la collection16. Depuis deux siècles, il y a eu ← 14 | 15 → des moments plus ou moins fastes durant lesquels s’est déployé l’art de la collection révolutionnaire. Celle-ci s’apparente, selon eux, à une sorte de bric-à-brac qui résulte souvent des multiples modes d’acquisition, qu’il s’agisse d’achats, de dons, d’héritages, de vols parfois. On y trouve des miniatures et des estampes. On y manipule des objets, des faïences, des vêtements, des armes. Le monde de la collection est divers, varié, presque impossible à classer. Il fait sens pour celui qui le réalise, pour son entourage et son réseau de connaissances. Il s’apparente souvent à un combat de longue haleine, à la préservation d’une mémoire et d’une culture politique. Il mérite donc toute l’attention des historiens et des conservateurs. Si ceux-ci ont habituellement recours aux fonds publics conservés dans les archives, les musées et les bibliothèques, ils s’intéressent de plus en plus à la geste des collectionneurs privés. Celle-ci rassemble une foule d’acteurs, du simple amateur éclairé au bibliophile érudit, et s’avère d’un accès complexe pour l’historien. Elle intéresse souvent les milieux de la bonne société mais pas seulement. Elle est sujette à acquisition, transmission et dispersion. Ce qui est vrai pour les objets de la Révolution l’est aussi pour ceux de la Contre-Révolution.

En effet, pour les contre-révolutionnaires et ceux que l’on qualifie politiquement de « blancs », l’acte de collectionner implique le désir de transmettre un souvenir et un héritage en politique. Il résulte le plus souvent d’un engagement militant, allant du musée privé à la simple conservation d’objets intimes ou utilitaires, qu’il s’agisse de broches à la fleur de lys, de vaisselles à l’effigie royale ou d’images de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Aussi futiles soient-elles, ces pièces de collection ont été faites et refaites à la fin du XIXe siècle, souvent pour un public d’ascendance noble ou bourgeoise, en quête d’une transmission politique et culturelle d’un passé rêvé et d’un monde perdu. Cependant, il ne faudrait pas oublier les milieux populaires et paysans qui sont restés attachés sentimentalement à une figure royale au point d’avoir conservé de manière précieuse et discrète un couvert aux armes royales, une simple assiette à la fleur de lys, une image pieuse du prétendant Henri V. Ce dernier a d’ailleurs été l’objet d’un véritable culte avant et après 1883. D’innombrables photographies ont circulé, des pièces en tout genre ont été fabriquées. Ce sont plus de 300 médailles différentes qui ont été gravées à son effigie. À la veille de la Grande Guerre, un collectionneur ← 15 | 16 → nîmois, Henri Bauquier, a d’ailleurs entrepris leur recensement17. Ce dernier n’est pas un monarchiste militant mais un journaliste, érudit local, fondateur du musée du Vieux Nîmes et adjoint au maire dans la municipalité Josias Paut après 1919. Il achève en 1941 son enquête numismatique et publie l’année suivante une histoire iconographique du comte de Chambord18. Sa collection est l’une des plus abouties sur le dernier prince héritier légitime.

De manière plus institutionnelle encore, des musées officiels ont récemment présenté des collections d’objets lui ayant appartenu. En 2013, Luc Forlivesi, conservateur du domaine national de Chambord, était le commissaire d’une riche exposition de 250 œuvres iconographiques et d’objets représentant le prétendant à la couronne de France, de sa naissance « miraculeuse » à sa mort en exil, sur des supports aussi divers qu’insolites : lithographies, bijoux, boîtes, pendules, vaisselle, objets de dévotion ou encore sculptures en tout genre et de tout format19. D’autres institutions comme le musée des Arts décoratifs de Bordeaux ont également conservé des collections importantes sur celui qui a été le duc de Bordeaux, évoquées par Jacqueline du Pasquier. Plus discrètes sont les collections réunies dans des musées spécialisés sur des pages d’histoire militaire ou religieuse.

Résumé des informations

Pages
186
Année
2019
ISBN (PDF)
9782807610637
ISBN (ePUB)
9782807610644
ISBN (MOBI)
9782807610651
ISBN (Broché)
9782807610620
DOI
10.3726/b15291
Langue
français
Date de parution
2019 (Mai)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2019, 186 p., 7 ill. n/b

Notes biographiques

Bruno Dumons (Éditeur de volume) Paul Chopelin (Éditeur de volume)

Maître de conférences en histoire moderne à l’université Lyon 3, Paul Chopelin travaille sur les engagements contre-révolutionnaires et les cultures royalistes. Il a notamment dirigé en 2014 Le sang des princes (avec Sylvène Édouard) et, en 2018, Heurs et malheurs de Louis XVII. Arrêts sur images. Directeur de recherche CNRS (UMR 5190 LARHRA), Bruno Dumons est spécialiste d’histoire du catholicisme contemporain et des cultures contre-révolutionnaires en Europe. Il a notamment dirigé en 2011 « Blancs » et contre-révolutionnaires (avec Hilaire Multon) et, en 2015, Rois et princes en exil. Une histoire transnationale du politique dans l’Europe du XIXe siècle.

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Titre: Transmettre une fidélité
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