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Arts et journalisme

Une rencontre à l'épreuve du réel

de Cathy Fourez (Éditeur de volume) Michèle Guillemont (Éditeur de volume)
©2020 Comptes-rendus de conférences 290 Pages

Résumé

Le journalisme narratif – genre qui naît et s’impose en Argentine (Operación masacre, Rodolfo Walsh, 1957) et aux États-Unis (De Sang froid, Truman Capote, 1966) – connaît actuellement une extension remarquable, notamment en Amérique Latine et dans le monde anglo-saxon. En puisant dans les instruments des arts textuels et visuels pour informer, ce journalisme semble échapper au formatage des entreprises médiatiques, à l’homogénéisation d’une parole dominante et centralisée, et cherche à rénover et diversifier les lectures du monde. Dans un siècle où l’information doit, avant d’informer, être rapide, brève, percutante jusqu’à la déformation, le présent ouvrage propose, à partir de divers champs disciplinaires, une réflexion sur la porosité entre « journalisme narratif » et « arts » et examine comment leurs rencontres – parfois conflictuelles – se transforment à leur tour en contre-médias pour récupérer la place d’instruction et de dénonciation que les principaux organes médiatiques ont désertée. Les travaux de ce volume analysent le processus complexe du passage de l’enquête de terrain à sa retranscription et interprétation, depuis un journalisme, des créations visuelles et des récits fictionnels qui défendent l’expérience intime de l’investigation et qui s’emparent des outils des arts (cinéma, photographie…) et de la narration littéraire pour donner une lecture fouillée et plus lisible du réel.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Avant-propos. Journalisme, littérature et arts : rencontres à l’épreuve du réel
  • I. Formes de narrations d’enquête : fiction et non-fiction
  • Cyril Besson (Université Grenoble-Alpes): Le conflit du réel et de la fiction dans la réception de Stevenson « romancer-journalist »
  • Corinne Oster (Université de Lille SHS): Traduire le journalisme gonzo ? Fear and Loathing in Las Vegas au prisme de ses interprétations françaises
  • Luca Salza (Université de Lille SHS): Pasolini et Sciascia, des avatars italiens du « journalisme narratif » ?
  • Michèle Guillemont-Estela (Université de Lille SHS): Une lecture de « El embajador de la nada » (Argentine, 1991). Le journaliste Miguel Briante et l’écriture anéantie
  • II. Journalisme et créations visuelles
  • Salhia Ben-Messahel (Université de Toulon): Quand l’histoire personnelle informe l’Histoire imaginée
  • Alicia Vargas Amésquita (Universidad de Guadalajara / México): De la nota roja al cine: transposiciones discursivas en la filmografía de Arturo Ripstein: El castillo de la pureza (1973) y Profundo carmesí (1996)
  • Mauricio Díaz Calderón (Universidad de Guadalajara / México): Domesticar la sangre y la mirada: acercamiento a los filmes Los motivos de Luz (1985) y Digna… hasta la muerte (2004) de Felipe Cazals
  • Marianne Bloch-Robin (Université de Lille SHS): Libre te quiero (2011) de Basilio Martín Patino : une ode au peuple de Madrid
  • Laurence Favier (Université de Lille SHS): La narration visuelle de l’actualité. Photojournalisme et journalisme narratif face à la numérisation des archives
  • III. Rendre compte de la violence au Mexique : De l’information à la réception
  • Lucía Melgar (Instituto Tecnológico Autónomo de México / ITAM): La nota roja y la «máquina feminicida»
  • Emanuela Borzacchiello (CEIICH-Universidad Nacional Autónoma de México / Universidad Complutense de Madrid): Re-existir: prácticas para cuidar las vidas. Entre academia y periodismo
  • Ana María González Luna C (Universita’ degli Studi di Milano-Bicocca): La crónica periodística como escritura de resistencia en Daniela Rea
  • Cathy Fourez (Université de Lille SHS): L’obscurité dans « la nuit calme » : Iguala, un écho du Mexique d’Enrique Peña Nieto
  • Les auteurs

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Avant-propos. Journalisme, littérature et arts :
rencontres à l’épreuve du réel

Journalisme, littérature et arts : rencontres avec le réel est l’un des deux ouvrages1 issus des rencontres organisées sur plusieurs semestres entre 2015 et 2017 à l’Université de Lille2. Celles-ci ont réuni écrivains, journalistes, critiques culturels, réalisateurs, poètes et universitaires, spécialistes de diverses disciplines des sciences humaines et sociales (littératures étrangères, sciences de l’information et la communication, traduction et traductologie, études visuelles…) pour observer les expressions contemporaines et ultra-contemporaines au croisement des problématiques des médias (les modes de journalisme et ses supports), des arts du récit (recoupant les problématiques du littéraire) et des enjeux éthiques3.

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Si le point de départ était le « journalisme narratif », en plein essor aujourd’hui en Amérique latine (principalement le Mexique et l’Argentine)4, le champ de réflexion s’est élargi non seulement à d’autres aires géographiques (Etats-Unis, Europe, Australie) mais surtout aux hybridités des expressions postulant le montage et la relation détaillée d’une intrigue littéraire chère à la fiction et l’impératif d’une information objective attendu dans tous les genres du journalisme. Trois axes herméneutiques ont été privilégiés : « Formes de narrations d’enquête : fiction et non-fiction », « Journalisme et créations visuelles », « Rendre compte de la violence : de l’information à la réception »

Nous intéressant aux « Formes de narrations d’enquête : fiction et non-fiction », nous avons étudié des textes où la perméabilité des frontières narratives est grande entre récit romanesque et journalisme d’enquête. Le journalisme, en particulier dit « narratif », partage communément avec la littérature la confrontation des points de vue et un vif intérêt exploratoire pour des faits nébuleux, compromettants, ou tombés dans l’amnésie et l’indifférence. Tous deux donnent matière à réfléchir, s’immergent dans la différence et le différend, démusèlent les savoirs cachés et transmettent une polyphonie de voix, aussi conflictuelles soient-elles. Le journalisme se sait redevable à la littérature des techniques d’écriture, seules à pouvoir faciliter l’entrée du lecteur dans des situations reculées, inhabituelles, insoupçonnées. Dialogue, description, dramatisation, mise en scène de l’attente, commotion de la chute finale participent à l’éveil du récepteur et, donc, à son expérimentation sensorielle et émotionnelle face aux ←14 | 15→événements narrés. Certes, le journalisme, de par son éthique et sa mission de transmission d’histoires réelles, n’invente pas contrairement à la littérature qui, elle, peut le faire tout en enquêtant. Cependant la littérature peut inventer sans mentir à partir du moment où, comme le journalisme d’investigation, elle décide de sortir des oubliettes les silences, les mensonges de l’Histoire.

Dans son travail sur Robert Louis Stevenson, Cyril Besson examine de quelle façon le romancier se détache de la chronique de voyage pour publier au sein même du quotidien qui lui a passé une commande – de promotion quasi « touristique » –, un inattendu et embarrassant contre-récit colonial, anticipant les grandes problématiques du futur journalisme narratif.

Corinne Oster s’intéresse à une autre forme narrative, le « gonzo », un journalisme d’enquête ultra-subjectif, à partir d’une traduction en français de Fear and Loathing in Las Vegas de Hunter S. Thompson qui a popularisé le genre et qui y décrit la décadence du rêve américain. S’attachant au transfert culturel et linguistique, Oster se demande si la forme romanesque retenue pour la version en français n’a pas asséché l’aspect documentaire présent dans l’insolence verbale et oralisante de l’anglais de Thompson.

Cette écriture détournée de toute neutralité que revendique le journalisme narratif, Lucas Salza l’observe dans les narrations de Paolo Pasolini et Leonardo Sciascia. Salza y montre à quel point ces deux écrivains, au cœur d’une Italie en crise qui fabrique de l’information au lieu d’informer, repensent la quête de vérité dans un récit autre qui croiserait l’enquête journalistique et l’expérimentation romanesque.

Enfin, Michèle Guillemont-Estela, faisant l’archéologie de la chronique « El embajador de la nada » (1991), interroge celle-ci non seulement comme le récit d’une disparition forcée de personne par le terrorisme d’Etat de la dernière dictature argentine mais aussi comme celui de l’anéantissement de l’écriture littéraire de Miguel Briante dont la production journalistique porte le deuil. Guillemont-Estela décrit comment les abysses du passé récent, dans une société où, au début des années 1990, l’impunité des génocidaires est loi et la mémoire empêchée, anéantit la fiction.

Les supports visuels et audio-visuels constituent d’autres formes pour atteindre les angles invisibles de certaines réalités, agrandir des facettes du visible inaudible dans le champ de la divulgation de l’information ou ←15 | 16→bien pour amplifier des discours schématiques et normatifs. Le second axe choisi, « Journalisme et créations visuelles », met en évidence comment des films de fiction sont à même de se réapproprier la fictionnalisation d’une protocolaire Histoire de marbre dont le but consiste à taire des crimes politiques.

Ainsi, Salhia Ben Messahel analyse la représentation des Indigènes, premiers habitants de l’Australie, à partir du film Rabbit-Proof Fence (2002), une adaptation du roman de Doris Pilkington Garimara, Follow the Rabbit-Proof Fence (1996). Ben Messahel se penche sur la puissance de la fiction cinématographique alliée à la fiction littéraire, de taille à exhumer, à reconstituer et à porter à notre connaissance des pages oubliées de l’histoire australienne, soit de ces « générations volées » dépouillées par la colonisation, violentées par les colons et exclues de leurs récits d’origine.

Alicia Vargas Amésquita et Mauricio Díaz Calderón proposent, quant à eux, un regard plus sceptique sur le cinéma comme acte de dénonciation et de réflexion, en analysant, chacun, deux films inspirés de faits divers sordides qui firent la une des journaux mexicains au cours du XXe siècle, imbriqués dans la violence de genre, notamment domestique et intraconjugale ; dans son étude sur El castillo de la pureza (1973 / fanatisme patriarcal) et Profundo carmesí (1996 / féminicides) de Arturo Ripstein, Amésquita ainsi que Díaz Calderón, dans son approche de El castillo de la pureza (1973) y Profundo carmesí (1996), questionnent tous deux la focalisation des réalisateurs, lesquels, s’ils démantèlent les interprétations simplistes et dichotomiques du binôme sexualisé victime (femme) / victimaire (homme), n’échappent ni aux lieux communs androcentriques ni aux préjugés sur ce que doit être un homme, une femme dans une société mexicaine diffusément patriarcale.

Le cinéma documentaire est également interrogé sur sa capacité à restituer la complexité de la réalité politique d’un pays à un moment donné, lorsqu’il pointe son objectif sur les rapports contradictoires qu’ont les êtres au monde vécu, minimisés ou écartés par les caméras ou les micros des médias officiels. C’est ce qu’explore Marianne Bloch-Robin dans le documentaire de Basilio Martín Patino, Libre te Quiero (2011) qui suit la rébellion des Indignados dans leur reconquête d’espaces symboliques du Pouvoir à Madrid. Bloch-Robin y observe aussi de quelle manière retracer la généalogie d’un mouvement social, c’est signer le portrait engagé d’un cinéaste qui se sait condamné par la maladie.

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La photo de presse, en tant que fenêtre capable de donner une idée de tout ce qui n’apparaît pas dans son encadrement, de donner à voir un hors-champ qui fait réfléchir et va suggérer un sens, est l’objet de l’article de Laurence Favier. Celle-ci s’interroge sur la force d’expansion et le positionnement narratif du photojournalisme qui naît à la même période que le « New Journalism », sur le « punctum5 » qu’il produit ainsi que sur son indépendance et sa complémentarité vis-à-vis du « poids des mots ».

Ces études montrent que la reconstitution de récits de vie individuelle ou collectifs, depuis la pellicule cinématographique ou photographique, questionne la prétendue neutralité de l’information et permet souvent de revenir à des histoires qui font sens et de réinventer, par l’image cadrée, la rencontre avec la vie dramatique et citoyenne des gens ordinaires.

Une troisième partie, « Rendre compte de la violence : de l’information à la réception », propose de se concentrer sur la difficulté à écrire et informer sur la brutale violation des Droits Humains au Mexique. Entrer dans l’actualité mexicaine, c’est parler du féminicide. C’est parler, selon la définition qu’en donne l’anthropologue Marcela Lagarde, d’un crime de genre et de haine envers les femmes, toléré socialement et impuni juridiquement, ce qui engage la responsabilité de l’État6. D’après les données publiées dernièrement par l’ONU7, chaque jour, sept femmes au Mexique perdent la vie, tuées parce qu’elles sont « femme ». Si la violence criminelle de ces quinze dernières années a augmenté les risques de violence pour la population, elle exacerbe aussi de vieilles et nouvelles formes d’agression à l’encontre des Mexicaines. Le taux élevé de féminicides au Mexique n’est pas seulement une conséquence de la guerre inefficiente qui a été menée par les deux derniers gouvernements panista et priista contre le crime organisé, il a aussi ses racines dans la vie sociale, dans les pratiques culturelles et dans les discours d’un État qui ne se montre plus garant de la vie de ses citoyennes. Ce sont les thèmes des travaux de Lucía Melgar et d’Emanuela Borzacchiello.

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Lucía Melgar s’interroge sur le rôle de certains médias, lesquels, loin d’assumer leur mission d’information, contribuent à disqualifier les féminicides au travers d’une représentation sordide de l’événement criminel sans en interroger les causes ni les enjeux sociétaux. Afin de contrarier cette « désinformation » qui revictimise les femmes assassinées et se fait complice d’un système judiciaire méprisant et d’un État indifférent, Melgar revisite un cas concret exposé et examiné depuis la narration – encore timorée – d’un journalisme d’investigation, capable de déjouer l’horreur, de préserver la dignité des victimes et de remettre en question les mécanismes patriarcaux qui permettent que de tels crimes puissent se perpétrer.

Emanuela Borzacchiello, à partir des outils élaborés par les universitaires sur le féminicide, met en avant une nouvelle pratique de journalisme qui s’emploie à réélaborer le lexique actuel de la violence contre les femmes qui ne fait, en réalité, que les victimiser. Il s’agit, pour Borzacchiello, de (re)politiser ce lexique en s’accaparant l’espace public où les femmes sont mises à mal, en redistribuant cet espace aux femmes afin qu’elles dénoncent dans la langue qu’elles se sont construites le problème structurel de l’inégalité de genre, et ainsi engager des stratégies qui leur garantissent un accès à la justice et protègent leur droit à la vie.

Par ailleurs, parler de la violence au Mexique, c’est aussi parler des disparitions forcées. Alejandro Encinas, en charge des Droits Humains dans le nouveau gouvernement dirigé par le président Andrés Manuel López Obrador, élu en juillet 2018, a estimé en février 2019 que le pays comptait 40.000 personnes disparues, plus de 1.100 fosses clandestines et environ 26.000 corps retrouvés et non identifiés par les services légistes, qualifiant cette tragédie de « crise humanitaire8 » sans précédent.

C’est ce que rappelle Ana María González Luna dans son étude sur les chroniques de la reporter Daniela Rea réunies dans l’ouvrage Nadie les pidió perdón. Historias de impunidad y resistencias (2015). Les chroniques de Rea, nous explique González Luna, au-delà de s’ériger comme des documents de témoignage sur la tragédie des disparitions dans des zones de silence institutionnel, ouvrent un lieu du dire de la douleur et de la lutte pour l’espoir ; l’enquête journalistique se déploie, alors, dans une ←18 | 19→écriture empathique qui convie le lecteur à partager le vécu et le combat des victimes.

Le texte de Cathy Fourez revient, quant à lui, sur le retentissement populaire et l’insonorité politique de la disparition des 43 étudiants de la Escuela Normal Rural Raúl Isidro Burgos survenue dans l’État de Guerrero en septembre 2014 ; il adopte le patron d’une chronique qui relate une journée, en avril 2016, sur les lieux du drame et dresse, au travers d’une expérience académique et de paroles recueillies sur le terrain, un tableau de certaines formes de violence ainsi que de l’impunité généralisée au Mexique.

Dans sa diversité, cet ouvrage explore des expressions journalistiques, litttéraires et artistiques qui, toutes, rapportent des événements pour apporter de l’information afin d’entrevoir, entendre, éclairer, retrouver des vérités. Ce que cet ouvrage a voulu mettre en avant, ce sont celles qui se donnent le temps de l’expérimentation du récit – à contrecourant d’un journalisme soumis à des formats et des exigences de rentabilité –, celui de la nécessité et du désir « d’explorer le monde » (pour citer le poète du tout-monde Edouard Glissant) ou d’en forger, tout simplement, la mémoire.

Cathy Fourez et Michèle Guillemont-Estela

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1 L’autre volume, intitulé Hacer periodismo hoy en América : Argentina y México réunit les contributions des écrivains, poètes, journalistes ou chroniqueurs qui ont pris part à cette réflexion. Il est publié chez Peter Lang, 2020.

Résumé des informations

Pages
290
Année
2020
ISBN (PDF)
9782807613867
ISBN (ePUB)
9782807613874
ISBN (MOBI)
9782807613881
ISBN (Broché)
9782807611368
DOI
10.3726/b16529
Langue
français
Date de parution
2020 (Février)
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2020. 290 p., 22 ill. n/b.

Notes biographiques

Cathy Fourez (Éditeur de volume) Michèle Guillemont (Éditeur de volume)

Michèle Guillemont est professeure des universités en études hispaniques à l’Université de Lille. Elle travaille ponctuellement sur l’Argentine contemporaine et actuelle. Elle a traduit plusieurs essais en espagnol pour Buenos Aires et des romans de Guillermo Saccomanno en français. Cathy Fourez est agrégée d’espagnol et maître de conférences à l’Université de Lille. Elle travaille sur les littératures policières au Mexique, et notamment sur les représentations des phénomènes de violence dans la fiction.

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