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Mai 68 - une approche transatlantique

de Timo Obergöker (Éditeur de volume) Jean-Frédéric Hennuy (Éditeur de volume)
©2021 Collections 126 Pages

Résumé

Dans le monde francophone, Mai 68 continue à être envisagé comme un événement s’inscrivant dans une temporalité et une spatialité bien délimitées : Paris, France, notamment les 5è et 6è arrondissements du 22 mars au 30 juin 1968, du début des manifestations à Nanterre avec l’émergence de Daniel Cohn-Bendit, leader du mouvement, jusqu’au second tour des élections législatives qui entérine la victoire de la droite. Peu de recherches ont été effectuées jusqu’à ce jour sur les répercussions de cet événement dans la sphère francophone. Ce livre explore cet événement et ses vies ultérieures entre Paris, Montréal et l’Acadie.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table Des Matières
  • Remarque préliminaire
  • Le gel et le dégel.: Alain Farah
  • De la chaleur de Mai aux froids d'Octobre. L'Internationale situationniste dans l’occupation de l'École des beaux-arts de Montréal (1968): Guillaume Bellehumeur
  • Mai 1968 – Octobre 1970. Les réécritures littéraires de moments de rupture: Alex Demeulenaere
  • La longue décennie 1970 en Acadie (1968–1985) : contestations, héritages, partages: Emir Delic
  • “Vive la Révolution… tout de suite !” : la dimension internationale du militantisme armé au Québec dans les années 1960: Anna Clayfield
  • Le Printemps québécois, un nouveau Mai 68 ?: Timo Obergöker
  • Revenances de Mai 68. Le roman noir et l’archéologie des luttes: Julien Jeusette
  • Qui sommes-nous ? Biographies des contributeurs

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Remarque préliminaire

Dans le monde francophone Mai 68 continue à être envisagé comme un événement s’inscrivant dans une temporalité et une spatialité bien délimitées : Paris, France, notamment les 5e et 6e arrondissements entre le 22 mars et le 30 juin 1968 (début des manifestations à Nanterre avec l’émergence de Daniel Cohn-Bendit comme leader du mouvement jusqu’au second tour des élections législatives entérinant la victoire de la droite). Peu de recherches ont été effectuées jusqu’à ce jour sur les répercussions de cet événement dans la périphérie francophone. En Belgique, l’année 1968 semble être placée sous le signe de la querelle linguistique et la scission en deux de l’Université de Leuven. A Bruxelles, les étudiants néerlandophones, inspirés par les évènements louvanais, accueillirent dans la liesse le leader flamand Pol Goossens, ce qui conduisit à des manifestations violentes entre défenseurs des Francophones et étudiants flamands. La Vrije Universiteit Brussel de langue néerlandaise acquit son indépendance définitive en 1969.

Comme en France, en empruntant des voies quelque peu différentes, Mai 68 libéra les mœurs et servit de catalyseur à un mouvement plus vaste de remise en question des piliers traditionnels de la société pendant les années 1970. Si l’événement Mai 68 était vraisemblablement moins violent en France, ses retentissements pendant les années 1970 n’en sont pas moins comparables à ceux qu’a connus la France.

Un constat similaire s’impose au Québec où le mécontentement des étudiants éclata au grand jour en février 1968 à l’Université de Montréal. Sous l’influence des événements de Berkeley, les années 1968–70 étaient turbulentes à l’Université Mc Gill, également avec le mouvement Mc Gill français en faveur de la francisation de l’université. Notamment Stanley Gray, enseignant de Sciences Politiques, est associé à ce mouvement dont les modes d’expression s’inspirent d’ailleurs bien davantage de la Californie que de la Sorbonne. Le constat est sans appel, 1968 est un événement dont les profondes répercussions ne sont pas circonscrites à Paris mais concernent l’entièreté du monde francophone occidental. Ces liens se sont manifestés notamment au printemps 2012, année du “printemps érable”, qui développa une esthétique proche de celle de 1968. Quoique…

C’est dans ce champ de force à la fois géographique, sociologique, littéraire et historique que s’inscrivent les contributions à ce livre.

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Alain Farah, à la fois acteur et observateur des événements qui secouèrent le Québec en 2011/12 et que l’on nomma sans doute un peu hâtivement ‘Printemps érable’, s’interroge dans son texte ‘Le gel et le dégel’ sur la portée tant symbolique que politique des événements et les inscrit dans ce qu’Hubert Aquin, en abordant la Rébellion des Patriotes de 1837/38 appelle L’Art de la Défaite.

Guillaume Bellehumeur aborde les événements de ce “long Mai 68 québécois” (en vérité une suite d’événements plus ou moins liés qui s’étendent entre le printemps 1968 et l’hiver 70/71) en s’interrogeant sur le rôle qu’ont joué l’Internationale Situationniste et ses textes fondateurs (notamment ceux de Guy Debord) au sein de la révolte estudiantine de la fin des années 1960 à l’École des beaux-arts.

Alex Demeulenaere nous propose une lecture croisée de deux textes abordant le contexte insurrectionnel de la fin des années 1960 et du début des années 1970. En s’appuyant sur Camarades de classe de Didier Daeninckx et sur La constellation du lynx de Louis Hamelin, il s’interroge sur les limites et les possibilités de la représentation d’un événement historique par le biais de la littérature, fictionnelle ou documentaire.

Emir Delic nous présente une étude de cas particulièrement intéressante, celle du combat de la Francophone acadienne (appelée parfois de façon un peu malencontreuse ultrapériphérique) pour avoir accès à un enseignement supérieur de qualité en langue française. Il explore la genèse de l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse et la situe dans l’ensemble des mouvements littéraires, culturels et linguistiques en Acadie durant cette ”longue décennie 1970”.

Lorsqu’au printemps 2012 d’énormes manifestations étudiantes eurent lieu au Québec, les commentateurs se dépêchèrent de comparer ces événements au mai parisien, tant les slogans, l’esthétique et la farouche volonté de changer le monde se ressemblaient, de prime abord. Le texte de Timo Obergöker lance un défi à cette vision en mettant en avant que le ”printemps québécois” est le produit d’une constellation historico-culturelle propre au Québec.

L’article d’Anna Clayfield élucide l’internationalisation d’un combat nationaliste et s’interroge sur les modalités et les biais par lesquels la Révolution cubaine a influencé l’idéologie du Front de Libération du Québec, acteur principal de la crise d’Octobre en 1970. Face à l’inertie de la gauche française, la gauche indépendantiste québécoise a cherché des alliés en Amérique Latine. Terre d’exil pour quelques militants indépendantistes, Cuba offrit un accueil plutôt réservé aux indépendantistes québécois.

Julien Jeusette, lui, parcourt l’héritage de Mai 68 dans le roman noir français, genre en pleine éclosion dans les années 1980. Partant d’une interrogation ←8 | 9→théorique sur la notion de mémoire dans une perspective marxiste, il s’interroge sur la postérité de 68 dans un monde dominé de plus en plus par la doxa néo-libérale. Partageant un passé dans l’extrême-gauche, les écrivains usent du genre du polar pour nous rappeler que l’échec n’est jamais définitif et porte en lui, paradoxalement, autant de révoltes futures.

Que soit remerciée, chaleureusement, Sandra Han-Poujat pour sa correction consciencieuse de ce manuscrit.

Résumé des informations

Pages
126
Année
2021
ISBN (PDF)
9783631841372
ISBN (ePUB)
9783631841389
ISBN (MOBI)
9783631841396
ISBN (Relié)
9783631806555
DOI
10.3726/b17826
Langue
français
Date de parution
2021 (Mars)
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2021. 126 p., 2 ill. n/b.

Notes biographiques

Timo Obergöker (Éditeur de volume) Jean-Frédéric Hennuy (Éditeur de volume)

Timo Obergöker appartient à une nouvelle génération de chercheurs en Études Françaises. Résolument transculturel, il fait fi des cloisons disciplinaires et interroge tous les aspects de la France contemporaine. Docteur ès Lettres et HDR, il occupe la Chaire d’Etudes Culturelles Françaises et Francophones à l’Université de Chester au Royaume-Uni. Jean-Frédéric Hennuy est titulaire d’un doctorat de l’Université Brown dans le Rhode Island et s’intéresse aux rapports entre littérature et révolte, aux littératures belges d’expression française et en particulier à l’oeuvre de Jean-Claude Pirotte. Il enseigne à l’Université de Buckingham.

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