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De l'approximation

De « à peu près » à « cam așa ceva »

de Sonia Berbinski (Auteur)
©2019 Monographies 300 Pages

Résumé

De l’approximation... se préoccupe de certains aspects de l’une des expressions les plus dynamiques du vague, l’approximation. Elle emprunte plusieurs identités discursives à partir de l’indétermination, passant par l’hésitation, l’atténuation, certaines formes de l’ellipse, tout ce qui se caractérise par une valeur imprécise de leur contenu sémantique et discursif. Trois axes principaux représentent le liant de cette démarche : identification, analyse, contrastivité. L’identification des sources et des moyens d’expression de l’approximation attire l’analyse des mécanismes de productions de ce phénomène, mis en action par divers opérateurs logico-sémantiques et pragmatico-discursifs divers effacer. On commence ainsi dans l’à peu près français pour finir dans cam a‚sa ceva roumain. Contrastivement, l’approximation catégorielle de même que l’approximation prédicative analysées sur un corpus roumain se miroitent premièrement dans le français, et ensuite dans l’espagnol et l’italien.

Table des matières

  • Cover
  • Titel
  • Copyright
  • Autorenangaben
  • Über das Buch
  • Zitierfähigkeit des eBooks
  • Table des Matières
  • Introduction: Un trop petit traité de l’imperfection
  • Chapitre 1. Opérateurs et sources de l’approximation
  • 1. Les avatars de l’approximation dans le langage naturel
  • 2. Les opérateurs d’approximation
  • 2.1 Dans la logique du flou
  • 2.2 Dans la linguistique
  • 2.3 Classification sémantique des opérateurs linguistiques
  • 3. Sources de l’approximation
  • 4. Pour faire le point…
  • Chapitre 2. De à peu près aux à-peu-près
  • 1. Une locution qui construit l’approximation
  • 2. La mémoire de à peu près
  • 3. À peu près – une locution à case en attente
  • 4. Comportement distributionnel d’à peu près
  • 4.1 Schémas distributionnels
  • 4.2 Contraintes distributionnelles
  • 5. Les sélections sémantiques d’à peu près
  • 6. Un marqueur par excellence de l’approximation
  • 6.1 À peu près – le sens en contraste
  • 6.2 À peu près – entre l’approximation quantitative et l’atténuation
  • 7. Le domaine des à-peu-près
  • 7.1 Distribution morphosyntaxique d’à-peu-près in praesentia
  • 7.2 Sémantique du nom à-peu-près
  • 7.3 Les à-peu-près implicites
  • En guise de conclusion
  • De l’approximation en roumain
  • Chapitre 3. De l’approximation catégorielle
  • 1. L’approximation en partage : le roumain et ses rapports avec trois langues romanes : français, espagnol, italien
  • 2. Approximation catégorielle – lieu, typologie, déclencheurs
  • 2.1 Approximation d’indétermination référentielle
  • 2.2 Approximation d’identification partielle
  • 2.3 Approximation suspensive
  • Chapitre 4. De l’approximation prédicative
  • 1. Des quantifieurs nominaux aux approximateurs inférentiels
  • 2. Les quantifieurs dans la classe des hétérogénéisants
  • 2.1 Quant. Adj. + N ou l’approximation non-numérique à quantifieurs flous
  • 2.2 Mai mult/Mai mulți – un quantitatif qui donne dans le bornage
  • 2.3 Mai mulți, mai multe/vs/câteva, câțiva + N
  • 2.4 Vreun, vreo
  • 2.5 Niște
  • 3. Marqueurs indéfinis d’approximation et négation
  • 4. Approximateurs quantitatifs homogénéisants
  • 4.1 Les approximateurs à tête adverbiale ou adjectivale
  • 4.2 Quant.adj. + N – ou la quantification homogénéisante en roumain
  • 4.3 Les quantifieurs nominaux non-numériques – approximateurs de la grande/petite quantité
  • 4.4 « A fi Dunăre de mânie » ou les approximateurs nominaux Dét. + N1 + de + N2
  • En guise de conclusion…
  • Chapitre 5. De quelques adverbiaux approximateurs – de l’arrondissement numérique à l’atténuation sémantico-pragmatique
  • 1. Les approximateurs prédicatifs – entre arrondisseurs et atténuateurs
  • 2. Cât – un approximateur riche en valeurs
  • 2.1 Une sorte de cât….mais cât de cât
  • 2.2 Cât – approximateur spatio-temporel
  • 2.3 Cât de cât
  • 3. Du cam à cam așa ceva
  • 3.1 Incidence et portée du semi-adverbe cam
  • 3.2 Sélections sémantiques de Cam
  • 3.3 Cam – opérateur d’approximation
  • 3.4 Cam așa…ceva
  • En guise de conclusions partielles
  • Conclusion
  • Bibliographie

←8 | 9→

Introduction
Un trop petit traité de l’imperfection

Abstract: The interest and the dynamism of a language are the result of a series of imperfections which translate into concepts such as vague, imprecise, inaccurate, uncertain, hesitant, in short… approximate. We owe the explanation for these phenomena to the logic of vagueness and to the logic of language.

Keywords: precision accuracydistortion of meaningapproximation

Le chemin de la perfection est parsemé d’une longue série d’approximations, car tout ce qui dépend de la pensée, de la réflexion est soumis aux appréciations objectives ou subjectives qui, à divers degrés s’avèrent être approximatives.

Que ce soit en logique, en sciences exactes ou en sciences de l’homme et de la nature, approximation, précision et exactitude tissent des réseaux d’« à peu près » pour se rapprocher le plus fidèlement possible de la perfection. Nous faisons cette différences conceptuelle pour délimiter les domaines de la connaissance où se manifestent ces notions, en nous appuyant sur les études, entre autres, du philosophe français d’origine russe Alexandre Koyré (1966) pour lequel l’idée d’exactitude est vérifiée par « l’instrument de mesure »1, tandis que « le monde de la précision en arrive à se substituer au monde de l’à-peu-près»2. Entre les deux concepts la différence est donnée par les moyens de vérification des résultats3. Si les sciences exactes se guident d’après des critères de la validation expérimentale (numérique, dirions-nous), de la formalisation logico-mathématique du discours scientifique afin de former un ←9 | 10→« savoir prédictif»4, les sciences humaines et les sciences de la nature visent l’atteinte de la précision, en cherchant à définir leurs connaissances « aussi rigoureusement que possible », car « [la] précision nest pas lexactitude. Une connaissance exacte est une connaissance absolument rigoureuse, telle la connaissance mathématique ; une connaissance précise est une connaissance aussi rigoureuse que possible. Une observation astronomique, une mesure dans une expérience de physique peuvent être précises, mais non exactes. La précision est un très haut degré dapproximation »5. Nous pourrions dire que l’image identitaire de la perfection consisterait en une réunion entre la précision et l’exactitude. Or, peut-on parler vraiment de perfection à l’état pur, à l’exception de la perfection et de la vérité de Dieu ? Ce qui ne nous empêche pas de rencontrer à cet égard des opinions divergentes entre les dogmaticiens, les philosophes, les scientifiques et le commun des mortels.

En logique, la perfection s’identifie à la vérification de la vérité propositionnelle. Or, entre le VRAI et le FAUX des systèmes logiques binaires s’interposent les ±V et les ±F, relativisant les relations entre les éléments, tout en les transformant en vérités polyvalentes, floues, soumises à la scalarité. C’est justement cette dynamique des relations imparfaites qui stimule le progrès dans tous les domaines de la connaissance.

Les imperfections dans nos connaissances sur le monde réel (Zadeh 1978, Bouchon-Meunier 1994), soumis au jugement subjectif, sont de nature multiple, mais elles sont réductibles, grosso modo, à deux grandes catégories d’estimations (dont parle la logique floue) : une première, portant sur la validité des connaissances par rapport à leur conformité au monde, et une seconde, portant sur la clarté avec laquelle on les exprime.

La première catégorie prend en considération les incertitudes provenant de la mise en doute de la validité des réalités, des situations ou des connaissances. Ce doute peut avoir les sources dans l’état naturel d’existence ou de manifestation des choses ou bien dans la méconnaissance de certains facteurs ou certaines conditions de réalisation et de fonctionnement des notions considérées. Un syntagme comme :

[1] Les frontières de l’univers

actualise une notion dont la représentation demeure sur une contradiction entre un terme désignant un ensemble limité et un terme vague, le sens étant inhérent ←10 | 11→à la structure sémantique du lexème. Dans ces conditions, il s’avère être très difficile, sinon impossible, de valider la construction en termes stricts du Vrai ou du Faux, caractérisant la logique classique, binaire. Il est déjà difficile de définir la notion d’« univers », car la connaissance humaine n’a pas abouti à découvrir tous les secrets de l’espace. Or, parler des « frontières de l’univers » nous plonge directement dans un oxymore, signifiant qu’on peut réduire l’illimité, cet « ensemble de tout ce qui existe, considéré […] comme la totalité des choses créées, la totalité des êtres, l’ensemble des choses perçues comprenant ou non la conscience humaine » (Robert 2010 : 2658, univers) à des mesurables, à des jalonnables, ce qui n’est pas (encore ?) le cas. La vérité de cette proposition reste incertaine, se situant, faute d’arguments vérifiables, dans le possiblement vrai, possiblement faux. Dans le même sens, un énoncé comme [2] :

[2] Probablement Marie peut passer son permis de conduire.

illustre le phénomène d’incertitude résultant de la méconnaissance ou de la connaissance incomplète de la situation dans laquelle X peut réaliser Y. L’évaluateur peut être dans l’ignorance de l’âge de X, tout en sachant que, dans la majorité des pays, l’âge légal est de 18 ans, ou bien il peut douter des capacités (physiques ou psychologiques) de X. La présence de l’opérateur de modalisation probablement indique le fait que tant que toutes les conditions de réalisation de la situation Y [passer son permis] ne sont pas satisfaites et connues, la validité de l’énoncé reste dans le domaine de l’incertain.

La seconde catégorie d’imperfections dans les connaissances concerne toutes les formes d’imprécis dont on se sert pour décrire le monde, que ce soit dans la manière dans laquelle on exprime les idées (choix linguistique et extralinguistique) ou bien dans la modalité de représentation de tout ce qui nous entoure.

Apparaissant à la fois « imprécis et incertain » (Bouchon-Meunier 1993 : 3), le monde réel est descriptible en termes « d’appartenance partielle à une classe6 de catégorie aux limites mal définies, de gradualité dans le passage d’une situation à une autre […] admettant des situations intermédiaires entre tout et rien » (ibid., p. 5).

L’imprécis prend la gradation pour mécanisme fondamental de manifestation et impose la notion de limite à atteindre, de norme à observer, de référent à identifier et à s’identifier. Par conséquent, les effets de l’imprécis se retrouvent à plusieurs niveaux de description du monde :

←11 | 12→

Dans les notions naturellement vagues, à frontières indéterminables : [3] chose, truc, problème, affaire, etc.

Dans la classification des éléments lorsque leur caractérisation n’est pas clairement définie : [4] La roussette est une sorte de chauve-souris aux dimensions extravagantes.

Dans les quantifieurs flous marquant l’indétermination qualitative et quantitative : [5] en général, dans la plupart des cas, le plus souvent, etc.

Dans les notions « mal définies » (ibid., p.7) : [6] grande surprise, adulte, vieux…On peut se poser des questions, par exemple, sur les limites à partir ou en dehors desquelles une surprise peut être grande ou petite ; à partir de quel âge on est vieux…

Dans l’appréciation des mesures, des valeurs : [7] entre 10 et 15 mètres, une trentaine d’années, 90 kilos environ… marquant des approximations quantitatives et qualitatives. Soumises à la gradation, ces estimations admettent un passage progressif d’une valeur à une autre.

Dans les notions polarisables, faisant intervenir des situations intermédiaires entre les deux pôles : [8] presque certain, à peu près libre.

Dans les erreurs d’estimation quantitative ou qualitative : [9] 20 infractions et 50% des cas résolus. L’erreur consiste dans la mise ensemble de deux mesures de niveau inégal (un nombre fixe et un pourcentage).

Dans les situations dont « la validité n’est pas absolue : [10] 90% des cas » (ibid., p. 4).

Dans des situations « soumises à des incertitudes » (idem), justifiables au niveau logique par la théorie des possibilités (Zadeh 1978) : [11] très/peu/plus ou moins probable, très/peu vrai, etc.

Toutes ces catégories d’imperfections explicables par l’intermédiaire des théories des sous-ensembles flous et des théories probabilistes peuvent se trouver à la base des projections logico-sémantiques des éléments du langage, ce qui permettrait une certaine réduction de l’écart entre la logique classique et la logique du langage.

La logique floue peut expliciter les imperfections apparaissant dans le langage naturel en termes d’écart par rapport à une valeur/grandeur tenue pour norme de référence, ou en termes d’appartenance d’un élément à une classe plus ou moins floue. Les valeurs de l’imprécis se situeront dans un intervalle variable à l’intérieur duquel s’organisent graduellement les termes flous pour marquer divers degrés d’écart par rapport à un point/ensemble de référence [12] Il a parcouru ←12 | 13→presque 10 km, ou bien un degré variable d’appartenance à une classe [13] Cette étude est presqu’un livre.

Lorsqu’il s’agit de mesures ou de grandeurs variables, graduables, il faut se décider sur ce qu’on peut considérer comme écart acceptable à l’intérieur d’un intervalle. Dans l’exemple (12), il faut juger du degré de rapprochement ou d’éloignement exprimé par presque par rapport à la limite donnée comme référence – 10 km. Raisonnablement, on ne peut considérer cette assertion comme vraie (ou conforme à la réalité) si l’écart se situe sous trois quarts de la distance estimée. Par conséquent, presque 10 km ne peut se situer que dans l’intervalle 8,50 et 9,99 km.

Presque de l’exemple (13) implique un niveau d’appartenance variable d’un élément (étude) à une classe de référence (livre), tout en sachant qu’un ouvrage scientifique doit avoir au moins 200 pages, une unité thématique, un traitement détaillé et approfondi du sujet traité. Une étude peut se référer seulement à un aspect du phénomène analysé. Le problème qui peut apparaître est de juger de la marge permise d’erreur ou d’approximation. Est-ce qu’un manuscrit de 198 pages est un livre ou il reste dans la classe des articles ou des chapitres d’un ouvrage ?

Souvent, l’imprécis peut être source d’indécis ou « d’incertitude sur la décision finale à laquelle il conduit » (Bouchon-Meunier 1993 : 38). La manière de juger de ces réalités peut se faire en logique non classique, par l’intermédiaire de la théorie des probabilités et des possibilités (puisant leurs sources dans la théorie de l’évidence). Dire par exemple :

[14] Je viendrai lundi ou mardi, mais pas plus tard que mercredi.

on voit que l’imprécis consiste dans les variables possibles mesurées dans l’intervalle constitué autour du moment de l’arrivée de X. Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’une gradation de certaines valeurs mesurables, mais d’un intervalle de la décision de X qui offre plusieurs possibilités de satisfaction du contenu de l’énoncé asserté, toutes potentiellement valables : a. Je viendrai lundi. b. Je viendrai mardi. c. Je viendrai [au plus tard] mercredi. De cette façon, mercredi est la limite de référence la plus proche et la variante la plus plausible : pas plus tard que mercredi. La non-venue est également possible.

Le rapport sur lequel s’appuie ce raisonnement est celui des alternances possibles et se maintient dans le domaine de l’indécis et de l’incertitude. Chacune des propositions peut être validée dans un monde possible, mais elles ne peuvent pas coexister dans le monde réel. Ce qu’on peut faire également est de les soumettre au raisonnement de croyance, en mesurant le degré d’imprécis en fonction du niveau d’adhésion du locuteur au contenu asserté. On procède ainsi à une modalisation du contenu pour exprimer aussi fidèlement que possible le point ←13 | 14→de vue de celui-là, tout en estimant le degré de « crédibilité attribué à des faits » (idem, p. 52). Dans un énoncé comme :

[15] Il est peu probable qu’il vienne aujourd’hui.

on arrive à une modélisation de l’énoncé, en identifiant « un élément focalisé » (idem) qui représente l’univers de référence X[venir (aujourd’hui)], vers lequel converge, graduellement, la croyance du locuteur. Les éléments flous vont situer les faits dans un intervalle de croyance plus ou moins rapproché de l’axe de référence, zone zéro de la validité. L’opérateur il est peu probable dans notre exemple déclenche une inférence négative, situant le degré de croyance à une distance appréciable par rapport à l’élément focal. La validité de notre énoncé sera vérifiée sur l’axe de la plausibilité de la venue, situant sa valeur au plus près du « possible » et assez éloigné de la valeur « certain ».

Les principes des logiques multivalentes nous permettent de justifier les diverses variables qui apparaissent dans l’analyse de la validité des connaissances sur le monde, engendrant tout l’ensemble d’approximations au moment de leur transposition dans le langage.

Les langues, en tant qu’organismes vivants, se nourrissent de cette dynamique des relations imparfaites, en emmagasinant des unités « en puissance », jonglant entre la précision rarement monosémique (surtout dans les langages techniques et scientifiques) et l’expansion polysémique des mots actualisables différemment en fonction du cotexte, du contexte et des facteurs pragmatico-discursifs, réalisés linguistiquement ou extra-linguistiquement.

La langue a sa logique que le langage ne connait pas, ou bien, ne veut pas connaître. En disant cela, nous pensons à la possibilité d’organiser les unités immanentes dans la langue selon des règles du discours assez flexibles, remontant à la logique floue ou polyvalente, à la pragma-sémantique et à la morphosyntaxe, On aboutit, à ces niveaux, à diverses formalisations soutenues par des calculs de sens, s’il s’agit de la sémantique (à voir la sémantique vériconditionnelle due à Robert Martin 1992), ou à des transformations et des schématisations de la phrase (comme dans les grammaires générativo-transformationnelles). Actualisées dans le discours, ces unités de la langue suivront les lois du langage, qui construit sa propre logique, tout en récupérant les acquis apparemment mesurables de la langue, mais les relativisant dans l’activité dynamique discursive. C’est à ce niveau que se manifeste l’approximation en tant que phénomène qui se sert de la langue en sélectionnant les instruments-opérateurs flous ou d’indétermination (à peu près, un peu/peu, tant soit peu, une espèce de…, peut-être, croire, on ditpour n’exemplifier que très sommairement la multitude de déclencheurs d’approximation) capables d’engendrer et d’expliquer des constructions ←14 | 15→langagières qui mettent en évidence la complexité de la pensée et de la communication humaine.

L’ouvrage que nous proposons sera un petit voyage à travers l’approximation dans le but de surprendre et d’étudier quelques objectivations linguistiques de ce « monde de l’à-peu-près » (supra). De cette façon, l’analyse du fonctionnement sémantico-lexical et pragmatico-discursif de la locution adverbiale à peu près est un passage presque obligatoire, d’autant plus qu’il couvre des zones d’imprécis marquées par d’autres déclencheurs d’approximation (presque, plus ou moins, environ, etc. voir infra).

Pourtant, l’essence de cette étude reste la recherche entreprise sur certaines manifestations langagières de l’approximation en roumain, tout en faisant des références à d’autres langues romanes, principalement au français, et, sporadiquement, à l’espagnol et à l’italien.

Le périple de l’approximation dans cet ouvrage commence donc dans l’à peu près français pour finir, comme dans un miroir, dans le cam așa ceva (fr. à peu près, quelque chose comme ça, es. algo así, it. qualcosa di simile) roumain, en passant par un soi de (fr. une sorte de, es. algun tipo de, it. una sorta di), o Niagară de (fr./es./it. un niagara de), cât de cât (fr. tant soit peu, es. mínimamente, it. almeno un po’) et…’d’autres trucs comme ça’.

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1 C’est dans le même sens que l’astrophysicien Artur Eddington dans son ouvrage Espace, temps et gravitation (1921) affirme que les lois de la nature ne connaissent qu’un moyen de découverte – la mesure. Il faisait la différence entre le monde des choses, qui est inexact, approximatif, aspirant à la précision et le monde des mesures, qui tend à l’exactitude. Cette différence peut être soutenue sémantiquement, en attribuant à la notion de « chose » un sens général, pour assigner à la notion de mesure une dimension, une temporalité, un poids, tout ce qui peut être délimité numériquement.

Résumé des informations

Pages
300
Année
2019
ISBN (PDF)
9783631778203
ISBN (ePUB)
9783631778210
ISBN (MOBI)
9783631778227
ISBN (Relié)
9783631772591
DOI
10.3726/b15091
Langue
français
Date de parution
2019 (Mai)
Mots clés
linguistique pragma-sémantique contrastivité quantification analyse du discours implicite
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2019. 299 p., 5 ill. n/b, 18 tabl.

Notes biographiques

Sonia Berbinski (Auteur)

Sonia Berbinski est docteur en Linguistique de l’Université Bordeaux-Montaigne, actuellement Maître de Conférences à l’Université de Bucarest et la coordinatrice des colloques « Langage(s) et traduction ». Ses domaines de recherche sont la phonétique, la sémantique, l’argumentation, la traductologie, la jurilinguistique, le discours spécialisé et la didactique.

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