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Libéralisme et protectionnisme

Economie politique des relations internationales

de André Tiran (Éditeur de volume) Dimitri Uzunidis (Éditeur de volume)
©2019 Collections 296 Pages
Série: Business and Innovation, Volume 22

Résumé

Le débat « libéralisme / protectionnisme » retrouve aujourd’hui tout son intérêt dans plusieurs domaines, tels la politique commerciale, le droit de la concurrence, les aides étatiques, la protection des travailleurs ou encore la politique de l’immigration. Le libéralisme associé au libre-échange, qui paraissait être une politique incontestable, soutenue par la plupart des économistes, s’est retrouvé la cible de nombreuses critiques. Le protectionnisme, de son côté, couplé à une politique mercantiliste, est apparu dans un certain nombre de pays comme une stratégie efficace pour assurer le développement économique. La compétitivité des grandes économies a semblé dépendre de l’ouverture sélective au commerce et aux investissements internationaux : c’est le cas des États-Unis, de la Chine, mais également d’autres pays d’Asie, et parfois même de l’Europe. Les auteurs de cet ouvrage remettent en cause la vision univoque et simpliste du protectionnisme et des politiques mercantilistes. La discussion est particulièrement focalisée sur la validité universelle du libre-échange et des origines historiques du protectionnisme ainsi que sur les théories économiques et des politiques étatiques menées du XVIe au XXIe siècle. Ils s’intéressent aussi bien à l’économie qu’à la logique de puissance et de renforcement de l’État.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos des directeurs de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Présentation générale. Protectionnisme / Libre-échange : quand l’histoire bégaie (André Tiran / Dimitri Uzunidis)
  • Chapitre 1. Le débat libre-échange versus protectionnisme (Pierre Dockès)
  • Chapitre 2. Mercantilisme et néomercantilisme : retour à l’histoire de la modernité (André Tiran)
  • Chapitre 3. Protectionnisme et laisser-faire : l’économie politique en question (Vitantonio Gioia)
  • Chapitre 4. Religion et protectionnisme (Jamila Alaktiff / Stéphane Callens)
  • Chapitre 5. Barthélemy de Laffemas (1545-1612 ?) : protectionnisme, innovation et émergence de l’économie politique en France sous Henri IV (Jean-Baptiste Vérot)
  • Chapitre 6. Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) et les manufactures : l’État, les entrepreneurs et les entreprises (Sophie Boutillier)
  • Chapitre 7. Jean-Baptiste Say (1767-1832) et l’intervention de l’État : le commerce international, les crises et le développement économique (José M. Menudo)
  • Chapitre 8. Le duel des libre-échangistes et des protectionnistes à l’époque de Frédéric Bastiat (1801-1850) : le « Cobden français » (Gérard Minart)
  • Chapitre 9. Francesco Trinchera (1810-1874) : laisser-faire, protectionnisme et croissance économique (Simona Pisanelli)
  • Chapitre 10. Karl Marx (1818-1883) : libre-échange, protectionnisme et dépassement du capitalisme (Pierre Le Masne)
  • Additum. Libre-échange, protectionnisme et loi de la valeur à l’échelle internationale (Robin Goodfellow)
  • Chapitre 11. Protectionnisme, libéralisme et nouveau mercantilisme : contribution de Joan Robinson (1903-1983) à l’économie politique internationale (Dimitri Uzunidis)
  • Chapitre 12. Comment l’Espagne est devenue (et restée) protectionniste à la fin du XIXe siècle (Alexandre Fernandez)
  • Chapitre 13. La régulation du marché pétrolier en France : un acte prudent ? (François Pelletier)
  • Les auteurs
  • Titres de la collection

Présentation générale

Protectionnisme / Libre-échange : quand l’histoire bégaie

André Tiran et Dimitri Uzunidis

La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine n’est que le dernier épisode en date d’un certain nombre de tendances protectionnistes qui se sont développées aux États-Unis, tendances protectionnistes qui ont toujours été présentes même si elles n’ont pas pris la forme classique et historiquement datée de l’accroissement des droits de douane. L’image d’un monde totalement ouvert au libre-échange est une fiction sur laquelle nous avons vécu depuis plus de 50 ans. En effet, la forte réduction puis la quasi-disparition des droits de douane a occulté le fait majeur de toute l’histoire économique et financière de plusieurs siècles, à savoir que le commerce extérieur est toujours lié à la question de l’État et de la politique de puissance. En ce sens, la politique développée par le président des États-Unis, Donald Trump, présente l’avantage de la clarté, sans aucune dissimulation de la réalité de la politique commerciale américaine. Ce qui semble inédit depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, c’est l’enchaînement des sanctions et des représailles auquel on assiste aujourd’hui. Et le terme de guerre commerciale semble parfaitement justifié non seulement si on considère les déclarations des protagonistes mais aussi parce que les mesures prises visent à infliger à l’adversaire des pertes conséquentes. Il faut garder en mémoire que la crise de 2008 a mis à nu un certain nombre de réalités, de rapports de forces existants entre les principales nations, en particulier le rapport de force entre les États-Unis et la Chine. Dans un conflit entre adversaires et entre États, le commerce extérieur est évidemment un des éléments centraux dans lesquels les dispositions politiques et réglementaires du conflit sont imposées par l’État.

Depuis le milieu de la décennie 2010, la mondialisation est contestée par certains gouvernements et particulièrement par le gouvernement des États-Unis. Le néoprotectionnisme se traduit par une politique en faveur des producteurs opérant sur le territoire national qui comporte un ensemble de mesures qui freinent les importations par des quotas ou des droits de douane, qui promeuvent la production locale par des subventions, qui cherchent à contrôler le commerce international par l’impo←9 | 10→sition des normes sanitaires, environnementales, sociales ou sécuritaires au profit des entreprises nationales, par le renforcement des droits de la propriété intellectuelle et par la mainmise sur le droit international de la concurrence. Cette tendance se renforce par la préférence accordée au bilatéralisme et au régionalisme (accords politiques et économiques bipartites ou interrégionaux) en lieu et place du multilatéralisme (via les institutions internationales) sur lequel les grandes puissances économiques et financières comptaient jusqu’aux années 2010 pour organiser la « gouvernance mondiale ».

Mais parler du protectionnisme et du libre-échange aujourd’hui, ce n’est pas faire une assimilation avec des situations connues dans l’histoire. Lors de ce qu’il est convenu d’appeler la précédente mondialisation au début du XXe siècle, la question centrale a été celle du passage de témoin entre la Grande-Bretagne, État dominant à cette époque, et le nouveau leader les États-Unis. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’étalon-or a assuré quatre décennies de stabilité des changes favorables au commerce international. Le retour à la convertibilité des monnaies et l’affaiblissement de l’économie dominante de la Grande-Bretagne, à partir du milieu des années 1920, s’étaient accompagnés d’une montée du protectionnisme avec la rigidité de l’étalon-or qui a aggravé par la suite sinon en partie provoqué la crise de 1929. Les manipulations de l’instrument monétaire, les crises monétaires à répétition, la montée des droits de douane, la montée de la spirale protectionniste des années 1930 ont fortement marqué les mémoires et en grande partie conditionné la construction de l’architecture monétaire internationale de Bretton Woods et le développement de l’organisation mondiale du commerce (OMC).

La crise financière de 2008 et l’effondrement qu’elle a entraîné du commerce mondial n’ont pas dégénéré en conflit commercial ni sur une véritable confrontation entre les grands acteurs. Dix ans plus tard, la vision géopolitique des relations commerciales internationales et le développement des sanctions par la présidence de Donald Trump concernent bien sûr la Chine, mais pas seulement, l’Europe étant également visée (surtout l’Allemagne). Les États-Unis, par le protectionnisme, tentent de retarder le plus possible l’avènement d’une nouvelle puissance dominante. La Chine est la première concernée par la hausse des droits de douane et les contingentements que le gouvernement des États-Unis applique.Vouloir appréhender ce qui est en train de se produire nous conduit à revenir aux fondamentaux de l’économie politique du mercantilisme sans pour autant céder à des analogies et à des comparaisons faciles. Le premier constat est qu’un certain nombre de tabous sont tombés. Non, le libre-échange qui a été constitutif de la mondialisation n’est pas bénéfique pour tous, il y a eu des gagnants et des perdants. La théorie du doux commerce selon laquelle « l’effet naturel du commerce est de porter à la paix », comme l’écrivait←10 | 11→ Montesquieu dans De l’esprit des lois, est un jugement vivement remis en cause. L’idée selon laquelle les États qui commercent renforcent leurs liens d’interdépendance et sont conduits à minorer les motifs de conflit compte tenu du coût que la rupture de la relation pourrait entraîner ne fait plus consensus.

En effet, plus d’interdépendance peut signifier plus d’insécurité et donc plus de conflits potentiels. Il suffit de se référer à une matière première stratégique comme le pétrole pour se rendre compte de la validité de cette affirmation. Le développement du commerce international n’a pas eu les mêmes effets pour tous les pays et pour tous les secteurs dans les différents pays. Ainsi, aux États-Unis, ce que l’on appelle la Rust Belt est un cimetière industriel avec des millions d’emplois perdus ; il en est de même pour une grande partie de la sidérurgie et de l’industrie métallurgique en Europe. Mais cette situation n’est pas le résultat des mouvements spontanés du marché, n’en déplaise aux partisans de la théorie du marché autorégulateur, elle résulte plutôt d’un certain nombre de choix politiques, par exemple l’abandon du système de Bretton Woods en août 1971 par les États-Unis et plus récemment la quasi-paralysie de l’organisation mondiale du commerce (OMC). Les théoriciens du mercantilisme nous renvoient à cette leçon qui a toujours été vraie : le commerce est aussi une affaire de puissance, et parfois seulement de puissance, la guerre par d’autres moyens, permettant de financer une prépondérance sur les nations concurrentes. À cet égard, il est utile de rappeler que la position des États-Unis à l’égard de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale ne peut pas être interprétée sous le seul angle d’un libre-échange généreux mais d’abord et avant tout de la menace soviétique à laquelle les États-Unis devaient faire face et pour cette raison favoriser la renaissance économique de l’Europe, de l’Allemagne et de la France en particulier ; ce qui ne correspondait pas aux intérêts économiques immédiats des États-Unis à cette époque. Contrairement à la « démonstration » de David Ricardo, au plaidoyer de David Hume, d’Adam Smith, de Jean-Baptiste Say, le libre-échange n’est pas nécessairement mutuellement avantageux.

L’histoire de l’économie est en grande partie une lutte entre deux écoles de pensée opposées, le « libéralisme » et le « mercantilisme ». Le libéralisme économique, qui met l’accent sur l’entrepreneuriat privé et le libre marché, est la doctrine dominante aujourd’hui. Mais sa victoire idéologique et institutionnelle dans les universités nous a rendus aveugles à propos des succès des pratiques mercantilistes. En réalité, le mercantilisme reste en vie et en bonne santé, et il est probable que son conflit continu avec le libéralisme soit l’une des forces les plus importantes qui influenceront l’avenir de l’économie mondiale. Aujourd’hui, le mercantilisme est généralement rejeté comme un ensemble archaïque et manifestement erroné d’idées concernant la politique économique. Et certainement, dans leur période←11 | 12→ de splendeur, les mercantilistes ont soutenu certaines théories discutables, au premier rang desquelles l’idée que la politique nationale doit être guidée par l’État et les marchands. Si on remplace métal par devises, la théorie mercantiliste peut aussi s’appliquer à l’économie comptemporaine. Mais, cette vision n’est pas moins pertinente aujourd’hui qu’elle ne l’était au XVIIIe siècle. Les théoriciens mercantilistes étaient en fait de fervents partisans du capitalisme ; ils ne proposaient qu’un modèle différent de celui du libéralisme économique. Le modèle libéral considère l’État comme un prédateur et le secteur privé comme une recherche intrinsèque de rentes. Ainsi, ce modèle favorise une séparation claire entre l’État et les entreprises privées. Le mercantilisme au contraire offre une vision dans laquelle l’État et les entreprises privées sont des alliés et collaborent dans le cadre de l’initiative et de la poursuite d’objectifs communs, tels que la croissance économique interne ou la puissance nationale. À bien y regarder, c’est le cas de la Chine et de l’Allemagne.

Le mercantilisme a été l’expression d’une triple nécessité économique, politique et sociologique. À travers la diversité des auteurs, des situations nationales et des conjonctures, on retrouve chez les financiers et les économistes des XVIe et XVIIIe siècles un certain nombre de thèmes communs : apologie du travail et des échanges, excédent de la balance commerciale, volonté de puissance étatique nationale, exaltation du travail manufacturier. Par contre, ils ne se préoccupent pas de la question agricole. Pour favoriser la production nationale, tous les auteurs recommandent la même politique douanière : allégement des taxes frappant les exportations de produits manufacturés, taxation très élevée des importations concurrentes. Chaque État cherchant à réduire sa dépendance en diversifiant sa production, en valorisant ses exportations et en réduisant aux matières premières indispensables ses achats à l’étranger. Les économistes libéraux ont ironisé sur la méconnaissance par les mercantilistes de certains mécanismes régulateurs des échanges internationaux, mais ils ont souvent oublié que les difficultés de communication, l’inélasticité de l’offre et de la demande, les différents systèmes fiscaux, la fréquence des mutations monétaires rendaient aléatoires des automatismes prônés dans la théorie de l’équilibre général. Il y a aujourd’hui bien d’autres éléments qui remettent en cause de façon radicale le principe régulateur de ces automatismes prônés par les libéraux.

En fait, c’est l’histoire des soixante dernières années : les pays asiatiques ont réussi à se développer à pas de géant, en appliquant différentes variantes du mercantilisme. La plupart des gouvernements des pays riches n’y ont pas pris garde, tandis que le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et la Chine ont tenté de protéger leurs producteurs, et ont géré leurs monnaies, leurs marchés nationaux, pris le contrôle de la « propriété intellectuelle », subventionné l’industrie de l’automobile et beaucoup d’autres.←12 | 13→

Pour résumer, le débat « protectionnisme/libre-échange » retrouve aujourd’hui tout son intérêt dans plusieurs domaines, tels que la politique commerciale, le droit de la concurrence, les aides étatiques, la protection des travailleurs ou encore la politique de l’immigration. Dans le contexte de la globalisation, en effet, les questions du protectionnisme et du libre-échange sont revenues au premier plan. Le libre-échange, qui paraissait être une politique incontestable soutenue par la plupart des économistes, s’est retrouvé la cible de nombreuses critiques. Le protectionnisme, associé à une politique mercantiliste, est apparu dans un certain nombre de pays comme une stratégie efficace pour assurer le développement économique. La compétitivité des grandes économies a semblé dépendre de l’ouverture sélective au commerce et aux investissements internationaux : c’est le cas de la Chine, mais également d’autres pays d’Asie, et parfois même de l’Europe.

Les auteurs de cet ouvrage remettent en cause la vision univoque et simpliste du protectionnisme et des politiques mercantilistes. La discussion est particulièrement focalisée sur la validité universelle du libre-échange et des origines historiques du protectionnisme ainsi que sur les théories économiques et des politiques étatiques menées du XVIe au XXIe siècle. Ils s’intéressent aussi bien à l’économie qu’à la logique de puissance et de renforcement de l’État. Les analyses, selon eux, doivent être resituées dans le contexte historique qui a conduit à leur élaboration. Il est souhaitable que la réalité des faits et des politiques économiques menées soit prise en compte, aussi bien pour le protectionnisme que le libre-échange, afin d’aboutir à une vision nuancée permettant de répondre avec pertinence à cette question. D’un autre côté, la question de savoir si les problèmes de la crise de ce siècle (économique, financière, écologique et sociale) modifient la problématique appliquée à la dialectique du libre-échange et du protectionnisme est aussi posée en tant que question primordiale et transversale dans les rapports économiques internationaux.

Présentation des chapitres

Le présent ouvrage reprend un nombre limité de communications du colloque « Protectionnisme, libre-échange, compétitivité et développement économique : quelle réalité ? », qui s’est tenu à Paris en septembre 2018. L’objectif était de confronter à la fois les contributions sur le terrain de l’histoire, de l’actualité et les approches non conventionnelles et critiques du protectionnisme et du libéralisme. Les treize contributions qui forment cet ouvrage commencent par une analyse de longue durée (chapitre 1, Pierre Dockès) sur les expériences passées du protectionnisme, qui tente de répondre à la question de savoir si ces expériences du protectionnisme←13 | 14→ peuvent nous aider à répondre à la question des avantages et des inconvénients du libre-échange et du protectionnisme. Il s’agit particulièrement de celles menées à la fin du XIXe siècle et au cours des années 1930.

La question de l’opposition entre mercantilisme, protectionnisme et libéralisme (chapitre 2, André Tiran), compte tenu de la politique du nouveau président des États-Unis Donald Trump, a refait la une de l’actualité. Ce n’était évidemment pas très difficile à prévoir, toutefois il faut reconnaître que les choses, depuis l’élection de D. Trump, ont pris une ampleur considérable. Le concept et le terme de mercantilisme sont revenus dans tous les articles de journaux avec la même confusion sur la signification de ce terme, dans l’histoire et dans la théorie. On peut se demander à quoi a servi la croissance du libre-échange des dernières décennies dans les pays riches si elle a détruit tant d’emplois et qu’elle a de plus concentré tous les revenus supplémentaires sur les 1 % les plus riches. On peut aussi rappeler que certaines politiques protectionnistes – pas toutes – ont été fort efficaces, comme en Allemagne et aux États-Unis au XIXe siècle, au Japon, en Corée et en Chine au XXe.

En économie et plus généralement, en sciences sociales (chapitre 3, Vitantonio Gioia), des débats animés se développent souvent sur des questions qui ne sont qu’en apparence définies ex ante : les protagonistes semblent parler des langues différentes et ne pas représenter des univers logiques convergents. La confrontation entre le mainstream economics et l’école historique allemande d’économie est utile pour mettre en évidence les conséquences de cette approche en ce qui concerne la relation entre le protectionnisme et le laisser-faire pendant le mercantilisme.

Le protectionnisme contemporain renvoie à un contexte marqué par l’affirmation des fondamentalismes religieux (chapitre 4, Jamila Alaktiff et Stéphane Callens). La lecture littérale des textes religieux s’affranchit des déterminations jugées trop savantes des politiques publiques. Le débat au XIXe siècle entre les politiques commerciales recoupe des prises de position plus générales sur un conflit entre tradition et modernité, comme l’indique Flaubert en déclarant qu’il n’y a pas de différence entre romantisme et libre-échange. Les fondamentalismes religieux s’expriment dans un assemblage contradictoire d’aspirations libertariennes et théocratiques. Ils peuvent renouer avec un mercantilisme des origines, où les mêmes personnes sont tout à la fois des clercs, des commerçants et des politiques. La globalisation fait ainsi bouger les alliances entre les politiques religieuses et commerciales : les fondamentalismes religieux ont pour opposants tous ceux qui protègent le patrimoine et la nature, tout en renouant avec un mercantilisme sauvage.

La question de l’influence des idées et du développement des articles et traités prônant une politique économique n’est pas une idée neuve←14 | 15→ qui remonterait seulement au XIXe siècle. Dès le XVIe siècle, elle est présente et constitue un élément essentiel du débat politique. Au début du XVIIe siècle avec Henri IV (chapitre 5, Jean-Baptiste Vérot), en un temps où la philosophie politique aristotélicienne tient théoriquement la pratique du pouvoir éloignée des questions économiques relatives au commerce et à l’industrie, Laffemas entend faire de ces dernières une préoccupation centrale de l’État. Cet objectif au long cours repose sur une stratégie dont l’arme principale est la publication. Entre 1596 et 1610, le tailleur fait paraître une trentaine de traités, qui constituent un corpus hétérogène et complexe, au contenu fortement déterminé par le contexte politique immédiat de leur écriture.

Résumé des informations

Pages
296
Année
2019
ISBN (PDF)
9782807611733
ISBN (ePUB)
9782807611740
ISBN (MOBI)
9782807611757
ISBN (Broché)
9782807611726
DOI
10.3726/b15738
Langue
français
Date de parution
2019 (Mai)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2019. 296 p., 3 ill. n/b, 8 tabl., 2 graph.

Notes biographiques

André Tiran (Éditeur de volume) Dimitri Uzunidis (Éditeur de volume)

Avec les contributions de Jamila Alaktiff, Sophie Boutillier, Stéphane Callens, Pierre Dockès, Alexandre Fernandez, Vitantonio Gioia, Robin Goodfellow, Pierre Le Masne, José M. Menudo, Gérard Minart, François Pelletier, Simona Pisanelli, André Tiran, Dimitri Uzunidis, Jean-Baptiste Vérot.

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