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Regards croisés sur les transhumanismes

de Amandine Cayol (Éditeur de volume) Emilie Gaillard (Éditeur de volume)
©2022 Collections 266 Pages

Résumé

Omniprésent dans les médias, le terme transhumanisme nécessite un éclaircissement académique. En effet, il n’existe pas un, mais des transhumanismes.
La parole est ici donnée à des penseurs de diverses disciplines, plus ou moins ouverts à ce courant d’idées parfois taxé d’idéologie, voire de menace pour l’Humanité.
Ces craintes sont-elles fondées ? Quelles sont les origines de ce mouvement de pensée ? Quels en sont les différentes ramifications ? Quelles en sont les réalisations, notamment dans le domaine médical ? Un encadrement éthique et/ou juridique de ces pratiques est- elle nécessaire ? De nouveaux droits fondamentaux méritaient-ils d’être reconnus ?
La parole est ici donnée tant aux militants transhumanistes qu’aux penseurs critiques afin de croiser leurs regards.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos des directeurs de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Biographies des directrices de publication
  • Sommaire
  • Propos introductifs (Amandine CAYOL et Emilie GAILLARD)
  • Libres propos (Marie-Angèle HERMITTE)
  • Abréviations et acronymes
  • Partie i. Premières Approches Des Transhumanismes
  • 1. Introduction aux transhumanismes. Le futur a-t-il toujours été une idée neuve ? (Didier COEURNELLE)
  • 2. Pierre Teilhard de Chardin et le phénomène transhumaniste (Jacques ARNOULD)
  • 3. Un darwinisme culturel comme forme de pré-transhumanisme chez divers auteurs du XXe siècle (Teilhard, Rostand, J. Huxley) (Alexandre MOATTI)
  • Partie ii. Approches Sociologiques Des Transhumanismes
  • 4. Transhumanisme : pour une déconstruction terminologique ? (Marouane JAOUAT)
  • 5. Le transhumanisme, entre nature et artifice : pour en finir avec l’human(ocentr)isme (Frédérick LEMARCHAND)
  • Partie iii. Approches Philosophiques Des Transhumanismes
  • 6. Misère du transhumanisme. Esquisses philosophiques (Jean-Michel BESNIER)
  • 7. Numérique et menace sur notre souveraineté anthropologique (Dominique BOURG)
  • 8. Quand un train en cache un autre. Un dilemme de l’égalité dans le monde posthumain (Bernard BAERTSCHI)
  • Partie iv. La Médecine Saisie Par Le(s) Transhumanisme(s)
  • 9. La médecine « améliorative » (Daniela CERQUI)
  • 10. Libres propos sur le transhumanisme et ses implications en santé (Hervé CHNEIWEISS)
  • 11. Médecine et Transhumanisme : entre réparation et augmentation (Aurore CATHERINE & Sharmini VARATHARAJAH)
  • 12. L’éthique à l’épreuve du transhumanisme en santé. Enjeux académiques et citoyens (David GRUSON)
  • Partie v. Quelles Nouvelles Régulations Pour Quels Nouveaux Enjeux ?
  • 13. L’éthique néodarwinienne de la conscience artificielle. L’Origine des consciences artificielles (Jérôme BERANGER)
  • 14. Réguler l’insondable, le droit face à l’homme augmenté (Hugo RUGGIERI)
  • Postface (Amandine CAYOL & Emilie GAILLARD)
  • Liste des auteurs
  • Index
  • Titres de la collection

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Amandine CAYOL & Emilie GAILLARD

Propos introductifs1

Origines du mot transhumanisme. Le terme transhumanisme puise étymologiquement ses racines dans le latin : humanitas (désignant l’humanité) et le préfixe trans- (traduisant l’idée d’un processus). Il est souvent attribué à Julian Huxley, bien qu’il ait été en réalité, utilisé par Jean Coutrot dès 19372. Dans l’ouvrage de Julian Huxley, New Bottles for New Wine publié en 1957, le ton est très vite donné : « L’espèce humaine peut, si elle le souhaite, se transcender elle-même – pas simplement de façon sporadique, un individu ici, d’une certaine façon, un autre là, d’une autre façon – mais dans son intégralité, en tant qu’humanité. Il nous faut un nom pour cette nouvelle croyance. Peut-être transhumanisme fera-t-il l’affaire : l’homme restant l’homme, mais se transcendant lui-même, en réalisant de nouvelles possibilités de et pour la nature humaine qui est la sienne »3.

Premières approches d’une définition du transhumanisme. Le mot « transhumanisme » a déjà intégré le langage courant et figure dans les différents dictionnaires de la langue française. Selon le dictionnaire Larousse, le transhumanisme se définit comme un « courant de pensée qui vise l’amélioration des capacités intellectuelles, physiques et psychiques de l’être humain grâce à l’usage de procédés scientifiques et techniques (manipulation génétique, nanotechnologies, intelligence artificielle, etc.) ».

Multiplication des annonces de réalisations visant à dépasser les limites de la condition humaine. Il n’est plus temps de considérer que le projet transhumaniste relève de la science-fiction. Pas une semaine ne passe sans qu’une nouvelle actualité ne manifeste l’entrée dans une période d’accélération ←9 | 10→des annonces, des projets, voire des réalisations. On peut citer, tel un inventaire à la Prévert : Elon MUSK et le projet Neuralink d’amélioration des performances cognitives de l’homme4, la correction des gènes défectueux par le ciseau CRISPR-Cas95 et notamment la très médiatique naissance des jumelles Lulu et Nana en Chine (dont le génome a été modifié afin d’être résistant au VIH)6, le développement d’intelligences artificielles, l’obtention de la nationalité saoudienne par un robot humanoïde7, le fait qu’un homme s’auto-proclame cyborg8, la quête de la mort de la mort9, l’élaboration d’un test permettant de connaître le sexe d’un enfant à naître huit semaines seulement après la conception avec les risques d’avortement que cela comporte10. Le 4 décembre 2020, une nouvelle étape a été franchie avec l’autorisation par le comité éthique du ministère de la défense nationale sur l’augmentation des soldats en recourant aux nouvelles technologies11. La création « artificielle » d’êtres humains, dénués de tout lien généalogique, devient envisageable ; la modification et la sélection des embryons avant même la naissance une réalité. Une « émancipation » de la ←10 | 11→condition humaine serait en cours grâce, notamment, aux recherches sur les cellules totipotentes, aux modifications génétiques, ou encore à l’impression 3D d’organes12. La maladie, voire même la mort, ne sont plus perçues comme des fatalités. L’homme pourrait s’arracher à la nature en programmant et maîtrisant totalement la vie. La question du recours aux technosciences pour améliorer, sélectionner, transformer l’être humain est d’une actualité brûlante. Sans même nous en rendre compte, nous franchissons, même en France, des petits pas nous conduisant peu à peu vers l’avènement d’un homme « amélioré » (chirurgie esthétique non reconstructive, recours au viagra, au dopage, au diagnostic préimplantatoire…).

Les doutes quant à la faisabilité de certaines promesses. Si beaucoup de promesses des transhumanistes paraissent à l’heure actuelle irréalisables, elles engagent déjà des conséquences juridiques, actuelles ou revendiquées. Il en va notamment ainsi de « la mort de la mort », laquelle semble effectivement irréalisable mais engage pourtant déjà des actions de cryogénisation. Une récente décision d’un juge anglais a ainsi permis à une mineure en phase terminale d’un cancer d’obtenir la cryogénisation dès son décès, dans un procès opposant la mère et le père à ce sujet. Ce n’est pas parce que cela n’est pas réalisable que cela ne produit pas des effets juridiques. De la même manière, la revendication de la création d’îles échappant à toute souveraineté étatique est à l’heure actuelle impossible car la haute mer qui permettrait juridiquement cette implantation est trop inhospitalière en l’état de la technique. Mais le “Recueil d’intentions réciproques” conclu entre la Polynésie française et le Seasteading institute prévoyait bien l’implantation d’une telle île et l’élaboration d’un régime juridique spécial.

Les différents visages du transhumanisme. En réalité, il n’existe pas un mais des transhumanismes : un transhumanisme « identitaire », clairement revendiqué par des militants engagés ; un transhumanisme « académique » via des écrits d’universitaires diffusant les idées transhumanistes (spécialement au Royaume-Uni) ; un transhumanisme « silencieux » via des réalisations personnelles (« personnes augmentées », simples particuliers décidant de s’implanter des puces RFID par ex.) ou plus organisées dans le domaine médical. La diversité des positionnements est grande au sein même du mouvement transhumaniste ←11 | 12→militant13. Certains invariants peuvent toutefois être relevés. Rejetant l’idée d’une nature humaine immuable et sacrée, les transhumanistes ont tous pour ambition de dépasser les capacités physiques et psychiques de l’Homme. « Ils partagent l’espoir d’une transformation radicale de notre condition biologique grâce aux technologies14 ». Le vieillissement et la mort, ne sont plus perçus comme des fatalités, mais comme des maux contre lesquels il convient de lutter15. Selon Aubrey de Grey, l’homme qui vivra mille ans serait déjà né16 !

Sur la structure de l’ouvrage. Une recherche compartimentée, analysant tantôt l’humain augmenté, tantôt le statut juridique du robot, est en pleine progression. Il apparaît, néanmoins, particulièrement nécessaire de croiser les compétences afin de mettre en perspective ces interrogations juridiques dans un contexte plus vaste et de poser le transhumanisme en question. La multiplicité des analyses et des positionnements justifie donc des regards croisés sur les transhumanismes, émanant de penseurs critiques mais aussi de personnes se revendiquant transhumanistes, à travers des champs disciplinaires divers tels que l’histoire, l’histoire des techniques, la sociologie, la philosophie, l’anthropologie, la médecine, les sciences informatiques ou encore le droit.

Nous formulons le vœu que cette étude nourrisse la curiosité, la réflexion, la critique, l’anticipation éclairée des risques parfois silencieux qui s’inscrivent dans un mouvement de transformation généralisée de nos sociétés. En ce contexte de pandémie mondiale où nos repères démocratiques sont en perdition, plus que jamais nous devons garder à l’esprit la question suivante : quel monde voulons-nous pour les générations futures ?

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Marie-Angèle HERMITTE

Libres-Propos

Ce livre, dirigé par Amandine Cayol et Emilie Gaillard, a ceci de particulier qu’il donne, sur un mode académique, une parole égale à des transhumanistes revendiqués, des opposants et des observateurs qui entendent garder une certaine distance. Le défi est relevé, chacun ayant joué le jeu, et cette réussite intéressera autant ceux qui veulent simplement être éclairés sur un phénomène en réalité mal connu que ceux qui pourraient croire, à tort, qu’ils n’ont rien à apprendre de mouvements qu’ils connaissent déjà. Les discours ont été organisés en cinq parties. La première, introductive, commence par un exposé du vice-président de l’Association Française Transhumaniste Technoprog, membre du Board de Humanity+ et membre du Board de l’International Longevity Alliance, la longévité constituant effectivement son objectif principal, avec une ouverture sur la mort de la mort. Ce premier article est éclairé par deux contributions sur les origines théoriques du transhumanisme, à partir du moment où le mot est apparu dans l’entre-deux guerres. S’ensuivent alors des approches disciplinaires du phénomène – sociologie, philosophie, médecine –, pour finir par une tentative pour penser le type de droit qui pourrait être appliqué à ces courants de pensée. Le lecteur attentif de cet ouvrage aura tout intérêt à aborder la question partie par partie. Emilie Gaillard et Amandine Cayol m’ayant incitée à laisser cours à de « libres propos », j’ai choisi une voie plus personnelle que ne l’aurait été une préface.

Résumé des informations

Pages
266
Année
2022
ISBN (PDF)
9782875744135
ISBN (ePUB)
9782875744142
ISBN (MOBI)
9782875744159
ISBN (Broché)
9782875744128
DOI
10.3726/b18694
Langue
français
Date de parution
2022 (Janvier)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 226 p., 5 ill. en couleurs, 1 ill. n/b, 3 tabl.

Notes biographiques

Amandine Cayol (Éditeur de volume) Emilie Gaillard (Éditeur de volume)

Amandine CAYOL est maîtresse de conférences en droit privé à la faculté de droit de l’Université de Caen-Normandie où elle codirige le Master Assurances. Elle enseigne le droit des contrats, de la responsabilité civile, des assurances et le droit des biens. Elle est auteure de cinq ouvrages dont Le contrat d’ouvrage (2013) et Le droit des biens en tableaux (2019). Elle dirige actuellement un projet de recherche RIN sur les enjeux du développement de la télémédecine en Normandie financé à 100% par des fonds FEDER. Emilie GAILLARD est maîtresse de conférences H.D.R. en droit privé à SciencesPo Rennes. Elle enseigne, notamment, le droit international des droits de l’homme, de la bioéthique, de l’envi- ronnement. Elle dirige un parcours de grade master intitulé Générations futures et transitions juridiques au campus de Caen. Auteure de deux ouvrages : Générations futures et droit privé. Vers un droit des générations futures (2011) et Legal Actions for Future Generations (Peter Lang 2020), elle est la coordinatrice générale de la Chaire d’excellence Normandie pour la Paix.

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