La négation et ses emplois spéciaux en chinois mandarin
négation explétive, métalinguistique, métaconceptuelle et double négation
Résumé
Les mécanismes de production et de compréhension de ces emplois de la négation sont les buts d’étude principaux de ce travail. En utilisant les théories et stratégies pragmatiques et cognitives, nous proposons différents mécanismes de production et de compréhension pour chaque emploi spécial. Basés sur cette analyse, nous proposons que les emplois spéciaux de la négation aient trois liens profonds : (i) la subjectivité est la motivation commune de la production des emplois spéciaux de la négation ; (ii) la conventionnalisation influence tous les emplois ; (iii) la compréhension des emplois spéciaux dépend du contexte et est dirigée par la recherche de pertinence optimale.
Les résultats de ce travail pourraient inspirer l’analyse typologique de phénomènes négatifs analogues dans des langues différentes ainsi que les recherches futures sur la négation en chinois. Les chercheurs dans le domain pragmatique pourraient également y trouver des argumentations intéressantes reliant les théories pragmatiques et les emplois de la négation.
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des Matières
- Figures
- Tables
- Préface
- Remerciements
- Abréviations
- Introduction
- Brève Présentation des Marques Négatives en Chinois
- Objets D’étude
- Buts et Méthodes
- Chapitre 1: Négation Explétive
- Les Recherches Antérieures
- Les Emplois de La Négation Explétive en Chinois et en Français
- Le Mécanisme de Production
- Le Mécanisme de Compréhension
- Conclusions
- Chapitre 2: Négation Métaconceptuelle
- Deux Sous-catégories de Négation Métareprésentationnelle
- Les Recherches Antérieures
- La Production de la Négation Métaconceptuelle
- La Compréhension de la Négation Métaconceptuelle
- Conclusions
- Chapitre 3: Négation Métalinguistique
- Les Recherches Antérieures
- La Nature de La Négation Métalinguistique — une approche cognitive
- Shì dans la négation métalinguitique
- Les Constructions de la Négation Métalinguistique en Chinois
- Conclusions
- Chapitre 4: Double Négation
- Les Recherches Antérieures
- Mécanismes de Production de la Double Négation en Chinois
- La Compréhension de la Double Négation en Chinois
- L’Hyper-Négation en Chinois
- Conclusions
- Conclusions
- Deux Erreurs dans les Recherches Antérieures en Chinois
- Les Liens Profonds entre les Emplois Spéciaux
Figure 1.1: Prononciation de méi négatif
Figure 1.2: Prononciation de méi explétif
Figure 2.1: Représentation et Métareprésentation
Figure 4.1: Classification de la DN de Zhang (2012)
Cette recherche a pour objet quatre emplois spéciaux de la négation en chinois-mandarin, à savoir la négation explétive, la négation métaconceptuelle, la négation métalinguistique et la double négation.
Les mécanismes de production et de compréhension de ces emplois de la négation sont les buts d’étude principaux de cette thèse. En utilisant les théories et stratégies pragmatiques et cognitives, telles que la théorie de la pertinence, la théorie de trois domaines, le principe de politesse, la métareprésentation, l’intégration conceptuelle, etc., nous suggérons que la négation explétive découle d’une interférence cognitive-mentale subconsciente, que les négations métaconceptuelle et métalinguistique refusent une représentation antérieure et que la double négation en chinois a quatre mécanismes de production, à savoir le déplacement de la marque négative, la conversion entre le terme faible et le terme fort, la métareprésentation et la litote. En ce qui concerne les mécanismes de compréhension, les rôles importants joués par le contexte et la recherche de la pertinence optimale ont été soulignés.
A travers les analyses des mécanismes de production et de compréhension des emplois spéciaux de la négation, les corrections de deux erreurs dans les recherches antérieures sont apportées : (i) les mécanismes de production de la marque négative explétive ne sont pas les mêmes dans différentes expressions ou structures en chinois ; (ii) la distinction d’emplois de la négation n’existe pas entre la négation descriptive et la négation métalinguistique, mais entre la négation descriptive et la ←xi | xii→négation métareprésentationnelle, dont les deux sous-catégories sont la négation métalinguistique et la négation métaconceptuelle.
De plus, trois liens profonds entre les empois spéciaux de la négation ont été trouvés : (i) la subjectivité est la motivation commune de la production des emplois spéciaux de la négation; (ii) la conventionnalisation influence tous les emplois ; (iii) la compréhension des emplois spéciaux dépend du contexte et est dirigée par la recherche de pertinence optimale.
Les résultats de ce travail pourraient inspirer l’analyse typologique de phénomènes négatifs analogues dans des langues différentes ainsi que les recherches futures sur la négation en chinois.
Je tiens à remercier sincèrement l’expert externe (bien que je ne sache pas qui il/elle est) et la Maison d’édition Peter Lang pour leurs précieux conseils et leur soutien d’un grand professionnalisme!
Ce travail est une version modifiée de ma thèse doctorale. Je tiens ainsi à exprimer ma vive gratitude à Jacques Moeschler, directeur de ma thèse, pour sa patience, ses encouragements et ses judicieuses recommandations tout au long de l’élaboration de ce travail. Son efficacité et sa responsabilité m’ont aussi beaucoup aidé. Je le remercie également pour avoir provoqué mes intérêts pour la linguistique et la pragmatique quand j’étais étudiante d’échange en Master. Cela m’a incité à retourner à l’Université de Genève pour continuer mes études. Mes remerciements lui vont aussi pour m’avoir accueilli dans son équipe de doctorants et m’avoir aidé dans ma demande pour changer mon titre de séjour. Sans son soutien, mes études à Genève n’auraient jamais été réalisées.
Les remerciements s’adressent également à tous les membres du Jury de ma thèse : Nicolas Zufferey, Denis Delfitto, Johan van der Auwera, Grâce Poizat-Xie, d’avoir accepté d’assister à la présentation de ce travail et founi des conseils excellents pour l’améliorer.
L’élaboration de ce travail aurait été difficile sans le soutien financier de China Scholarship Council. C’est une aide très importante pour les jeunes chercheurs chinois. Je remercie ainsi Yuan Xiaoyi, He Gang, Wang jing et Lu Peng, qui m’ont encouragé à obtenir cette bourse.
←xiii | xiv→Enfin, j’exprime mes remerciements profonds à mon mari Wang Fan, ma mère Liu Zhongyi et mon père Zuo Qingguo, qui me soutiennent toujours dans les moments difficiles. Ma gratitude va aussi à mon adorable fille Wang Ruitian, qui a grandi joyeusement sans l’accompagnement de sa maman pendant une année. Je voudrais dédier ce travail à toute ma famille.
La négation est l’un des objets principaux des recherches pragmatiques. Beaucoup de phénomènes chinois qui n’ont pas reçu de réponses satisfaisantes jusqu’à aujourd’hui sont aussi relatifs à la négation. Bien qu’introduite depuis peu en Chine, la pragmatique s’y développe très rapidement. Les linguistes chinois ont commencé, en profitant des théories et méthodes pragmatiques et cognitives, à expliquer les phénomènes censés être inexplicables auparavant, y compris certainement les recherches sur la négation.
Dans le monde entier, les recherches sur la négation sous l’angle pragmatique se divisent principalement en deux parties: la première est la discussion de la nature de la négation, comme l’ambiguïté et l’univocité de la négation (Burton-Roberts 1989a, 1999, Carston 1996, Horn 1985, Moeschler 1991, 1992, 2010, Strawson 1971) et les différentes classifications de la négation (Ducrot 1984, Horn 1985, Moeschler 1991, 1997, 2010, 2013, Nølke 1992). La deuxième consiste à décrire et expliquer les phénomènes négatifs, tels que la lacune lexicale des particuliers négatifs (Horn 2004, Moeschler 2006b), la portée de négation (Carston 1996, Horn 2002, Lee 2005, Moeschler 1997, 2006a), la polarité négative (Ovalle & Guerzoni 2004, Heim 1984, Moeschler 2006a, Progovac 1994, Larrivée 2012), le phénomène du déplacement de la marque négative (Cornulier 1973, Gajewski 2005, 2007, Homer 2015, Horn 1978a, Horn & Bayer 1984), la double négation et la négation multiple (Baker 1970, Forest 1990, Horn 1989, 1991, 2010, Jespersen 1924), la négation explétive (Abels 2005, 2007, Damourette & Pichon 1928, Espinal 2000, Krifka 2010, Larrivée 1994, Muller 1978, 1991, Qiu 1998), etc.
←1 | 2→En Chine, pour la première partie mentionnée ci-dessus, les recherches consistent principalement à introduire les résultats des recherches occidentales et à prendre les expériences des recherches étrangères comme référence, comme les analyses des négations pragmatiques de Shen (1993) et les recherches pratiquées par Xu (1994) sur la négation de l’implicature scalaire. Pour la deuxième partie, soit l’explication des phénomènes négatifs chinois sous l’angle pragmatique, plusieurs études ont vu le jour. Par exemple, l’étude sur les termes chinois de polarité négative (Shi 2001), la recherche pragmatique sur la portée de la marque négative (Qian 1990, Xu 1983), l’explication des deux interprétations de l’expression chàdiǎn méi (Dong 2001, Shen 1998, Shi 1993, Zhu 1959), l’analyse sur la production de la négation explétive (Jiang 2008, Shen 1998, Yuan 2011, 2012, Dai 2014), l’analyse des phénomènes de la négation métalinguistiques (Biq 1989, He 2002, Shen 1993, Zhao 2007, 2010, 2011), etc. Ces recherches ont donné lieu à des résultats remarqués, qui permettent aux phénomènes négatifs inexpliqués par la grammaire du chinois de recevoir des explications systématiques. Mais, il faut indiquer que ces explications ne révèlent pas, en quelque sorte, les causes essentielles de ces phénomènes. D’une part, elles n’ont pas conclu aux raisons essentielles pour lesquelles les phénomènes se produisent ; d’autre part, selon les règles découvertes par les recherches déjà pratiquées, il y a encore des contre-exemples qui ne peuvent pas être expliqués. De ce fait, depuis ces dernières années, sur la base des recherches pragmatiques, des chercheurs ont commencé à faire recours à la linguistique cognitive. Par exemple, Jiang (2008) a expliqué la production de la négation explétive par l’intégration conceptuelle; Gao (2003) a reconsidéré la relation entre la négation métalinguistique et les conditions de vérité en prenant en compte la définition des conditions de vérité donnée par la linguistique cognitive ; Zhang (2007) a analysé la négation métalinguistique en chinois par la perception figure-fond (au sens cognitif), etc. Ces recherches ont frayé un nouveau chemin mais laissent encore des questions en suspens.
Après un rappel des résultats obtenus par les recherches antérieures, cette étude s’est focalisée sur des emplois « spéciaux » de la négation en chinois, à savoir la négation explétive, la négation métaconceptuelle, la négation métalinguistique et la double négation. Notre travail fait se chevaucher les deux aspects des recherches pragmatiques sur la négation mentionnés ci-dessus : pour le premier, nous avons prouvé que la négation est pragmatiquement ambiguë du point de vue cognitif. Pour le deuxième aspect, auquel est consacré la plupart du travail, nous avons analysé les mécanismes permettant de produire et de comprendre les emplois spéciaux de la négation.
Avant d’introduire les objets d’études de ce travail, nous pensons qu’il est nécessaire de faire une brève présentation des marques négatives en chinois-mandarin standard1, portant des fonctions différentes, afin de faciliter nos analyses sur les emplois spéciaux de la négation en chinois.
←2 | 3→brève présentation des marques négatives en chinois
Les marques négatives en chinois standard peuvent se diviser en deux parties : le verbe négatif et l’adverbe négatif. Les verbes négatifs comportent méi (ne pas avoir), méiyǒu (ne pas avoir) et wú2 (ne pas avoir)3, comme en (1) et (2).
(1) Wǒ méi(yǒu) hēisè máoyī.
1PS NEG noir pull-over
‘Je n’ai pas de pull-over noir.’
(2) Tā bìng4 wú dà ài.
3PS ADV NEG grave maladie.
‘Il n’a pas de grave maladie.’
Les verbes négatifs vont être mentionnés dans l’analyse de la double négation dans cette thèse.
Les adverbes négatifs sont beaucoup plus nombreux que les verbes négatifs, comprenant méi(yǒu), bù5, bié, búyào, wù, mò, fēi, wèi. Ces adverbes négatifs peuvent s’utiliser dans la négation du terme comme le préfixe négatif, tel que wèihūn (non marié), fēimàipǐn (articles qui ne sont pas à vendre) ou porter sur un adjectival/adverbe, comme en (3) :
(3) a. Nǐ de xiǎngfǎ shì bú zhèngquède.
2PS REL opinion être NEG juste
‘Ton opinion n’est pas juste.’
b. Tā pǎo dé6 bú kuài.
3PS courir DE NEG vite.
‘Il ne court pas vite.’
Ces adverbes négatifs précèdent également les prédicats verbaux et adjectivaux. Voici quelques exemples :
(4) a. Wǒ míngtiān bú qù xuéxiào.
1PS demain NEG aller école
‘Je ne vais pas à l’école demain.’
b. Xiǎomíng hái wèi chénggōng jiù7 fàngqì le.
Résumé des informations
- Pages
- XVI, 196
- Année de publication
- 2020
- ISBN (PDF)
- 9781433168505
- ISBN (ePUB)
- 9781433168512
- ISBN (MOBI)
- 9781433168529
- ISBN (Relié)
- 9781433168499
- DOI
- 10.3726/b15586
- Open Access
- CC-BY
- Langue
- français
- Date de parution
- 2020 (Janvier)
- Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
- New York, Bern, Berlin, Bruxelles, Oxford, Wien, 2020. XVI, 196 p., 6 ill. n/b, 2 tabl.