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Euripide, Alceste et Hécube Édition bilingue

Nouvelle traduction en vers français, introduction et commentaires par Bruno Garnier

de Bruno Garnier (Auteur)
©2022 Monographies 378 Pages

Résumé

Le présent ouvrage offre une traduction inédite des tragédies d’Euripide Alceste et Hécube, en plaçant le texte grec en regard du texte français. Précédées par des études critiques sur la traduction de ces œuvres et sur les œuvres elles-mêmes, ces traductions nouvelles, fondées sur une étude philologique du texte grec, visent à relancer le processus de la réception de ces tragédies en français.
Dans la langue grecque du Ve siècle avant Jésus-Christ, comme dans la littérature dramatique française, la forme poétique produit des effets immédiats sur le lecteur ou le spectateur, par ses contraintes familières et par de soudaines variations de rythme et de sonorités. La prose académique ne rend aucunement compte de la dimension musicale du vers grec, alors que le vers français est devenu, depuis les romantiques et grâce aux innovations plus récentes, un instrument d’une incomparable souplesse pour traduire avec précision.
Alceste est une tragédie d’un style unique parmi toutes les tragédies grecques qui ont été conservées. Elle se singularise par la présence de registres inhabituels, en apparence plus légers qu’à l’accoutumée, au point que certains commentateurs l’ont apparentée à tort à une tragi-comédie. Or cette œuvre présente une situation d’initiation mystique sous-jacente pour le couple que forment Alceste et son époux Admète.
Hécube nous plonge au cœur des désordres causés par la guerre aux rapports des hommes entre eux et avec le divin. Elle interroge certains aspects de la démocratie et pose la question de la place des femmes dans un monde d’hommes. En outre Hécube a fait l’objet d’une profusion de traductions qui en fait un musée de la traduction de la tragédie grecque en français.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • I. Introduction générale
  • 1. Avant-propos : la piété et le sacrifice
  • 2. La réception d’Hécube et d’Alceste en France
  • L’impasse herméneutique
  • De la langue au texte dans la traduction d’Hécube
  • Réseaux sémantiques du corps et du toucher
  • Les traductions versifiées d’information d’Alceste
  • 3. Principes philologiques d’une traduction en vers
  • Traduction philologique et traduction poétique
  • Chercher des équivalences entre métriques
  • Plasticité de l’alexandrin
  • La traduction des systèmes strophiques
  • Conclusion : vers une traduction poétique des tragiques
  • II. Alceste
  • 1. Introduction
  • La trame événementielle
  • Tragédie ou drame satyrique ?
  • Poids de la nécessité ou triomphe de l’inattendu ?
  • La résurrection d’Alceste est-elle définitive ?
  • La palingénésie d’Alceste comme rite initiatique
  • 2. Texte et traduction
  • III. Hécube
  • 1. Introduction
  • La trame événementielle
  • L’influence de la guerre du Péloponnèse
  • La justice et la piété bafouées
  • Psychologie et religiosité
  • Grecs et barbares : opposition et relativisme
  • Le chœur tragique : miroir et amplification
  • 2. Texte et traduction
  • Bibliographie

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I.
Introduction générale

1. Avant-propos : la piété et le sacrifice

Alceste et Hécube n’ont apparemment guère de ressemblance, et de fait, la première raison qui peut motiver leur lecture l’une à la suite de l’autre serait la recherche de contrastes, qu’il s’agisse des sources, des motifs ou de l’illustration du genre tragique. Or précisément, ces contrastes mettent en lumière ce qu’il y a d’invariant dans l’œuvre du dramaturge, qui tient au tragique d’Euripide en propre.

Alceste date de 438 avant Jésus-Christ, tandis qu’Hécube connut sa première représentation quatorze ans plus tard, en 4241. Le contexte historique de chacune de ces pièces est bien spécifique. Dans la production du dramaturge, qu’on s’accorde à évaluer à une cinquantaine d’années, de 455 (Les Péliades) à 406 (Les Bacchantes), Alceste appartient à la première période, celle qui précède la guerre du Péloponnèse qui débuta en 431 et se termina en 404, tandis qu’Hécube est située à la charnière d’une période marquée par des œuvres patriotiques sur fond de guerre du Péloponnèse (Les Héraclides, ~430, Thésée, 455–428), et d’une période qui exprime la désillusion du poète à l’égard de l’absurdité de la guerre, avec Hécube (424) Érechthée (~422) et Les Troyennes (415)2.

Dans Alceste, Sparte et Athènes, non seulement ne sont pas en guerre l’une contre l’autre, mais sont associées par le poète, au deuxième stasimon3, dans l’évocation des chants que les deux cités allaient dédier à l’histoire d’Alceste (v. 448–454).

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À l’intérieur de la période créatrice d’Euripide qui précède la guerre du Péloponnèse, une première phase va de 455 à 438, dont on sait peu de choses en dehors des titres des pièces représentées sous le nom d’Euripide et de quelques fragments des Péliades, si bien qu’on peut dire que la majeure partie de la production connue de l’œuvre d’Euripide a été composée durant la seconde moitié de sa vie. Une nouvelle phase commence avec Alceste et se poursuit jusque dans les premières années de la guerre du Péloponnèse autour de l’année 427, et cette phase est marquée par trois tendances principales. Premièrement, ces œuvres ont pour thème les relations entre les sexes4. Deuxièmement, un sauveur intervient généralement au milieu du drame pour en dévier le cours. C’est le cas d’Héraclès dans Alceste, mais aussi d’Égée dans Médée, de Pélée et d’Oreste dans Andromaque, etc. Troisièmement, à l’exception d’Éole et de Chrysippe, une femme d’exception domine ces drames en transgressant les normes traditionnelles, pouvant aller jusqu’au sacrifice de sa vie.

Le thème du sacrifice volontaire devait survivre à cette deuxième phase, puisqu’on en voit les prolongements et les modulations, sur fond de guerre de Troie, dans Hécube et dans Iphigénie à Aulis. Il n’apparaît dans aucune des tragédies conservées d’Eschyle ou de Sophocle, à l’exception, peut-être, des Sept contre Thèbes, d’Eschyle, où Étéocle, se sentant maudit, croit que sa mort seule serait agréable aux dieux (v. 703), sans que, toutefois, ne soit exprimée l’idée d’un sacrifice volontaire5.

Malgré leurs différences d’époque et de ton, Alceste et Hécube sont illuminées par deux figures de jeunes femmes courageuses, aux ressemblances troublantes – Alceste, dans la pièce éponyme et Polyxène dans Hécube. Leurs deux sacrifices se ressemblent par leurs motivations, bien que les situations soient très différentes. Toutes deux y consentent au nom de valeurs plus élevées que leur condition mortelle : l’amour (conjugal et filial) pour Alceste, la liberté, pour Polyxène.

Ainsi, Alceste déclare :

Mais vivre loin de toi, voir mes enfants sans père,

Je ne l’ai pas voulu, préférant me soustraire

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Aux bonheurs qui s’offraient encore à mon jeune être6.

(Alceste, v. 287–289)

Et Polyxène :

Un esclave acheté n’importe où souillerait

La couche qu’aux rois seuls, jadis on destinait ?

Non, jamais ! En livrant à l’Hadès ma personne,

Je veux que mon regard d’un libre éclat rayonne. […]

Sans honneur une vie est un fardeau bien grand.

(Hécube v. 365–367 et 389).

La poursuite de leur existence altérerait leur dignité. Dans le cas d’Alceste, choisir de vivre en laissant s’accomplir l’arrêt divin contre la vie d’Admète, c’est-à-dire survivre à son mari alors qu’elle peut le sauver, serait « trahir son époux » (προδοῦναι […] πόσιν, Alceste, v. 180). De même, la condition d’esclave promise à Polyxène, prise de guerre pour les Grecs, serait, pour elle, une « honte » (λώϐαν, Hécube, v. 213). Au moment de mourir, toutes deux expriment la même émotion en contemplant, pour la dernière fois, l’astre du jour, et elles le font exactement dans les mêmes termes, ce qui ne saurait être un hasard de la part d’Euripide :

Elle veut, défaillante et respirant à peine,

Du soleil, toutefois, considérer l’éclat :

Son disque et ses rayons, plus jamais ne verra.

Cet instant, pour en jouir, est sa dernière chance.

(Alceste, v. 205–208)

La seule différence entre les vers v. 207–208 d’Alceste et les vers 411–412 d’Hécube, est que Polyxène, dans Hécube, s’exprime à la première personne (οὔποτ[ε]… προσόψομαι… : « je ne contemplerai plus jamais… »), tandis que dans Alceste, la servante parle de la reine à la troisième personne (οὔποτ[ε]… προσόψεται… : « elle ne contemplera plus jamais… »).

Les deux jeunes femmes meurent durant le temps du drame mais, si la mort d’Alceste n’est pas définitive, celle de Polyxène nourrit le fantôme d’Achille assoiffé de sang.

On voit bien, par la permanence de ce motif, que la guerre du Péloponnèse ne modifie qu’en surface les tendances profondes qui semblaient ←11 | 12→s’être établies dans les pièces antérieures. Et s’il est certain que la guerre a assombri la vision de l’humanité que nous livre Euripide dans les œuvres de cette nouvelle période, il nous semble pertinent de relever aussi que les traits de l’humanité et la nature profonde de la condition des mortels7 sont les mêmes. La guerre ne change ni les hommes ni ce qu’implique leur condition. Au contraire, elle révèle de façon brutale leurs qualités et leurs vices et met en lumière les valeurs de piété, de mesure et de générosité, qui régissent ou devraient régir les rapports des humains entre eux et avec le divin.

Alceste célèbre les valeurs de la piété et en particulier celle de l’hospitalité incarnée par le personnage d’Admète, l’ami du dieu Apollon et l’ami d’un demi-dieu, Héraclès. Hécube montre la négation de ces mêmes valeurs et met en scène avec une violence inouïe la démesure qui s’attache à leur transgression, à travers Ulysse, qui refuse de rendre la grâce autrefois accordée à la suppliante Hécube, à cause de sa recherche démagogique de la faveur populaire, et Polymestor, qui assassine par cupidité le dernier fils que Priam avait confié à sa bienveillante protection. D’un côté, Admète voit sa piété récompensée par la résurrection d’Alceste, arrachée à la mort par Héraclès. De l’autre, l’impiété de Polymestor lui vaut un châtiment sanguinaire, aveuglé par les aiguilles des Troyennes qui, de plus, assassinent ses deux enfants.

Les deux pièces se distinguent par leur forme. Sont-ce les deux meilleurs exemples du genre tragique qu’on puisse donner ? La question de savoir jusqu’à quel point Alceste mêle au genre tragique des aspects du drame satyrique est toujours discutée. Françoise Graziani estime que le caractère exceptionnel d’Alceste tient au fait « d’offrir un concept de tragédie distinct aussi bien de la tragédie sanglante (Œdipe ou Les Bacchantes) que de la tragi-comédie de type satyrique (Le Cyclope) ou encore de type romanesque et parodique (représenté par Hélène dans l’œuvre d’Euripide)8 ».

En ce qui concerne Hécube, la duplicité d’action, qui semble la caractériser, avec le sacrifice de Polyxène d’abord et le châtiment de Polymestor ensuite, lui a valu souvent de vives critiques sur le plan structurel. Pour ←12 | 13→des raisons différentes, Alceste et Hécube ne représentent sans doute pas la forme canonique du genre tragique telle qu’on la décrit généralement en évoquant Œdipe Roi de Sophocle.

Et pourtant, il nous est apparu que le même sens tragique profond traverse Alceste et Hécube. Pour le comprendre, une trame sous-jacente doit être mise au jour, qui repose sur l’existence d’un parcours initiatique qui sous-tend l’action dramatique et dont les manifestations émergent notamment dans les parties chorales et les chants méliques de la tragédie. Dans les deux œuvres qui nous intéressent, ce sont respectivement Admète, pour Alceste, et Hécube dans la pièce éponyme, qui sont conduits à suivre un tel parcours. Comme nous le verrons, le chœur d’Alceste accompagne le cheminement du roi de Phérès dans la lente reconnaissance du véritable sens de la piété qui consiste, non pas seulement à se montrer hospitalier, mais à renoncer à toute forme d’orgueil et à respecter les forces du destin, comme le chante le chœur dans le quatrième stasimon entièrement dédié à l’inflexible déesse qu’est la Nécessité. Dans Hécube, la reine déchue de Troie, qui ne peut comprendre d’abord ni l’apparition de sa fille Polyxène sous la forme d’une biche égorgée par un loup ni celle de l’ombre de son fils Polydore dans un rêve, accèdera lentement à la conscience de ses malheurs. Le sens que revêtent ces épreuves est la célébration d’une qualité, nommée dans les deux tragédies par l’adjectif hosios (ὅσιος, « pieux »). Là encore, ce sont les chants du chœur et les parties chantées par les personnages qui sont les plus significatifs de ce processus initiatique jalonné d’épreuves. Le cheminement du personnage vers la reconnaissance de la piété, qui donne à la tragédie sa valeur religieuse, soutient la trame événementielle que l’on nomme généralement intrigue en français, c’est-à-dire le mythos (μῦθος) par lequel Aristote décrivait l’action tragique, qui n’est que l’aspect le plus superficiel de la tragédie.

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2. La réception d’Hécube et d’Alceste en France

L’impasse herméneutique

L’interprétation anthropologique de la tragédie grecque conduit à une forme d’herméneutique. Ainsi, pour Florence Dupont, le matricide commis par Oreste dans les trois tragédies que nous possédons sur le sujet, d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide, n’a rien de commun avec le meurtre d’une mère dans la cité grecque de l’époque, car « il est sans référent méta-théâtral ». Interne au théâtre, le matricide d’Oreste, comme tout autre événement théâtral – par exemple, le meurtre de Polydore par son hôte dans Hécube –, n’inviterait pas les spectateurs à s’interroger sur les mœurs de leurs contemporains. La « fiction tragique ébranle et fissure le monde présenté au théâtre – et cela, pour le seul temps de la représentation et du rituel9 ». Autrement dit, le mythe serait, par lui-même, « insignifiant », et alors, c’est toute la théorie aristotélicienne de la mimésis qui s’effondrerait. Cette interprétation conduirait, par voie de conséquence, à rendre impossible l’entreprise de traduction, puisque l’œuvre à traduire est irrémissiblement enchâssée dans un espace scénique clos, imprégné de rituels, de croyances religieuses, qu’exprimait une forme musicale, chorégraphique, gestuelle, irrémédiablement perdue.

Une manière de contourner l’obstacle pourrait consister à limiter la traduction à une opération entre deux langues, prenant acte que la traduction des œuvres dans leur plénitude est impossible. C’est une option très ancienne. Au poète latin Horace, on doit la séparation entre deux fonctions : celle du traducteur fidèle et celle de l’inventeur qui seul peut s’approprier l’œuvre d’autrui pour lui redonner vie :

Vous ferez d’une matière prise au domaine public votre propriété privée si vous ne vous attardez pas à faire le tour de la piste banale et ouverte à tous, si vous ne vous appliquez pas à rendre, comme le fidèle traducteur, un mot pour un mot, si vous ne vous jetez pas, en imitant, dans un cadre étroit d’où la timidité ou bien l’économie de l’œuvre vous interdiront de sortir10.

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La distinction opérée par Horace prive le traducteur de l’inventio et réserve la proprietas à l’auteur libre d’inventer. La traduction ainsi restreinte à une correspondance entre deux lexiques est déchargée de la dimension poétique qui seule pourrait donner une idée de la valeur musicale, symbolique et cultuelle d’une tragédie grecque. C’est une leçon que retiendra du Bellay dans le manifeste fondateur de la Pléiade, où il dénie à la traduction toute autre valeur qu’informative et recommande la production d’œuvres originales imitées des anciens en langue française11. Cette impossibilité théorique de la traduction recréatrice continua d’animer un courant de pensée vigoureux, qui contribua à confiner jusqu’à nos jours la traduction des œuvres anciennes au statut d’un exercice scolaire, essentiellement grammatical et dénué de toute ambition littéraire12.

De la langue au texte dans la traduction d’Hécube

Nous opposerons deux objections à cette prétendue impasse herméneutique de la traduction recréatrice. La première objection porte sur l’aspect musical de l’œuvre à traduire. S’il semble aventureux de prétendre restituer le rituel religieux inhérent à la dramaturgie antique, la dimension poétique de la tragédie grecque, qui la rendait perceptible aux spectateurs, peut être traduite. Une traduction recréatrice, qui prend en compte les formes métriques et la matérialité sonore du texte grec, est en mesure de restituer notamment « les connexions sémantiques spécifiques qui apparaissent en vertu du changement, dans un texte poétique, du rapport entre l’enveloppe sonore du mot et sa sémantique, de même que la sémantisation du niveau grammatical13 » et, ajoutons-nous, du niveau métrique. Sur cet aspect, nous reviendrons plus loin quand nous aborderons la question de la traduction en vers.

La seconde objection que nous opposons à l’impossibilité supposée de traduire une tragédie grecque autrement que de façon informative tient ←15 | 16→à la différence que nous voulons souligner entre champs lexicaux – qui sont des données de la langue et de la culture du texte source – et réseaux sémantiques, qui sont des données du texte à traduire. L’objectif du traducteur français de l’Alceste ou de l’Hécube d’Euripide ne saurait être de traduire toute la réalité sociale, culturelle et religieuse dont la langue et la littérature grecques anciennes étaient porteuses. Cependant, s’il existe bien dans tout texte des constituants irrémissibles parce qu’enchâssés dans des cultures qu’on ne peut pas faire resurgir miraculeusement de terre, il y a également quelque chose qui passe la barrière des langues et des époques, parce que cette chose passe déjà la barrière du temps et de l’espace pour le lecteur français helléniste qui lit Euripide aujourd’hui et qui entend l’original. Ce quelque chose, ce n’est pas le vouloir dire d’une langue, ni d’une époque, lesquelles ne veulent rien dire à proprement parler, mais le vouloir dire de quelqu’un. On songe ici à Maurice Pergnier : « La traduction n’a jamais à être fidèle à des formes linguistiques […], mais à des auteurs, à des textes, qui ne sont pas seulement langue, mais qui sont avant tout pensée, style, et écriture14 ». C’est en ce sens qu’Henri Meschonnic avait dit que « la traduction est le seul mode de lecture qui se réalise comme écriture15 ».

Ainsi, même si les mots portent des signifiés qui ne se recoupent pas d’une langue dans une autre, d’une époque dans une autre, du moins existe-t-il des réseaux sémantiques, des paradigmes lexicaux, dont l’auteur de tout texte se joue pour le tramer d’une multitude de sens. Le traducteur peut en chercher des équivalents dans sa langue. Prenons l’exemple du récit du sacrifice de Polyxène dans Hécube.

Elle, ayant entendu les mots des tout-puissants,

Prend sa robe à l’épaule et tirant vers ses flancs

Jusque près du nombril la déchire et dévoile

Sa poitrine et ses seins, d’une forme idéale,

Comme d’une statue. Et, le genou fléchi,

Elle tient ce discours, d’un courage inouï :

“Voici mon sein, garçon, si le frapper t’agrée.

Si c’est le cou voilà ma gorge préparée”.

Ne voulant pas, voulant, par la vierge attendri,

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Du souffle avec le fer, il tranche le conduit.

Une source jaillit. Elle, quoiqu’expirante,

À grand soin, en tombant, de demeurer décente,

Cachant aux mâles yeux ce que le bien prescrit (v. 557–570).

Ce passage présente une série de particularités lexicales autour des mots qui servent à désigner le corps de Polyxène, auxquelles un traducteur doit prêter la plus grande attention16. Polyxène découvre sa « poitrine » (στέρνα v. 560) et ses « seins » (μαστούς v. 560), puis elle offre au sacrificateur une alternative : il doit choisir de la frapper à la « poitrine » (στέρνον v. 563) ou au « cou » (ὑπ’ αὐχένα v. 564), c’est-à-dire à la « gorge » (λαιμὸς, v. 565). Finalement, Néoptolème choisit le second terme de l’alternative en tranchant le « passage du souffle » (πνεύματος διαρροάς v. 567). Quel parti le traducteur doit-il prendre ? Comme le remarque fort justement Jean Bollack, traducteur d’Œdipe Roi17,

… en général, on commence par ne pas comprendre. On se met dans la situation de ne pas comprendre. C’est s’éloigner de toutes les utilisations prédéterminées. Je me force à me représenter toutes les difficultés possibles, c’est-à-dire à repérer ce que l’auteur peut avoir dit d’inattendu. Repérer la différence, c’est supposer que l’auteur a pu dire une chose qui a été assimilée, tenter d’abolir une abolition. […] L’incompréhension objective, au départ du travail, est doublée d’une volonté méthodique de non-compréhension18.

Essayons donc de percevoir cette étonnante distribution de mots pour désigner les parties du corps de Polyxène offertes au coup, une distribution lexicale a priori étrange et dont nous ne chercherons pas à dissiper l’étrangeté en naturalisant le texte original dans la langue cible par la suppression des prétendues répétitions ou synonymies au nom d’une simplification stylistique. En revanche, nous recourrons à la méthode à laquelle conduit l’usage de tout bon dictionnaire, à savoir l’intertextualité, le croisement patient et méticuleux des contextes d’emploi de ces mots qui nous semblent étranges dans d’autres textes appartenant à la même culture que le texte source.

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Polyxène a découvert ses seins et son admirable poitrine semblable à celle d’une statue. N’est-ce pas un pléonasme ? Cela semble être l’avis de l’auteur de cette traduction anonyme imprimée chez Donnaud en 1868 :

Lors, déchirant sa robe, elle expose à nos yeux

Un sein d’ivoire (ainsi d’une épouse des dieux

En montre une statue artistement sculptée)19.

Cependant, les deux mots ont des connotations différentes. Μastos (μαστός) est tantôt le sein maternel gorgé de lait, (un enfant « oublieux de [mes] seins et de ma nourriture », dit Clytemnestre chez Sophocle20), tantôt un objet sexuel (« Tu t’es bien gardé de tuer la femme que tu tenais à ta merci, rappelle Pélée à Ménélas chez Euripide : à la vue de son sein, tu as laissé tomber l’épée pour recevoir son baiser21 »). Sternon (στέρνον) désigne à la fois la poitrine de la femme, comme c’est ici le cas et comme c’était le cas au vers 424, mais aussi le buste du guerrier, l’un des endroits du corps où il convient de frapper : Euripide évoque dans Les Suppliantes les « coups fracassant les poitrines22 », et Étéocle, s’apprêtant à livrer le combat fratricide, demande à Athéna de lui donner le courage de plonger le fer « dans la poitrine de [s]‌on frère23 ». Mais c’est Hector, qui, s’adressant à Achille dans l’Iliade, donne la clef de la signification du coup porté au buste du guerrier, en recommandant de ne pas enfoncer la lance dans le dos, mais en face, à travers la poitrine24. Le guerrier valeureux doit être frappé devant, à la poitrine, et non de dos. Le coup porté au buste est la mort digne du guerrier, c’est celle que Polyxène propose à Néoptolème de lui donner.

Les deux termes (μαστούς et στέρνον), désignent la même partie du corps vue par deux regards : l’armée des Grecs voit des seins désirables, ceux de la femme à travers ses attributs maternels ou sexuels ; mais la jeune fille, elle, demande la mort du guerrier, en s’imaginant frappée au buste. Ce mot seul est employé par Polyxène au vers 563. C’est peut-être sur ←18 | 19→cet élément que Sénèque a pu se fonder pour la nommer virago, « vierge virile », mais Euripide, lui, n’avait pas prononcé de qualification explicite. De surcroît, cette mort virile lui est refusée chez Euripide. Néoptolème frappe au passage du souffle. Il a donc choisi la deuxième voie que lui avait présentée Polyxène pour mourir : le « cou » (αὐχένα, v. 564), qu’elle avait aussi nommé la « gorge » (λαιμὸς, v. 565). Ici de nouveau, les deux mots ne font pas pléonasme, en dépit des apparences : ils éclairent de deux significations complémentaires le choix du fils d’Achille. Le cou, dans les propos que tient Polyxène, désigne également le col de l’utérus chez Hippocrate25. En lui donnant ainsi la mort, le bourreau grec respecte la différenciation des sexes que, d’une certaine manière, Polyxène l’invitait à transgresser en offrant d’abord le buste d’un guerrier. La gorge, elle, est liée au rituel du sacrifice des animaux : « tranche les trois gorges de trois brebis », demande Athéna à Thésée à la fin des Suppliantes d’Euripide26, et Polyxène est appelée « génisse » au vers 52627. Néoptolème, en bon sacrificateur, immole la vierge à la gorge, comme les brebis. Il se réfère au rituel. En outre, Polyxène mourra par la partie du corps qui porte le joug de la servitude, ainsi qu’elle l’avait elle-même déclaré à sa mère un peu plus tôt en ces termes :

Car qui n’est pas rompu à goûter la détresse,

Subit mais sur le cou, porter le joug le blesse ;

Il vaudrait mieux, pour lui, être mort que vivant.

Sans honneur une vie est un fardeau bien grand (v. 375–378).

Ainsi, la mort que Polyxène reçoit par le cou lui rappelle la condition servile à laquelle elle tentait d’échapper au moment suprême. On n’échappe pas à son destin. Dans le corps tragique, rien n’est laissé au hasard parce que tous les lieux de la mort y sont à leur juste place.

Réseaux sémantiques du corps et du toucher

L’attention aux réseaux sémantiques tissés par le lexique dans un texte mis en relation avec d’autres textes, exige du traducteur une triple ←19 | 20→lecture : linéaire, pour suivre les évolutions du sens général de l’œuvre et de l’usage des mots qui le portent dans la continuité de la lecture ; spiralaire, pour mettre au jour les réseaux qui constituent une trame sémantiquement signifiante mais non perceptible à la seule lecture linéaire ; enfin, intertextuelle, car ce texte à traduire entretient des similitudes sémantiques, ou des transgressions sémantiques, avec d’autres textes qui l’ont précédé ou qui lui sont contemporains. Ces trois modes de lecture permettent d’appréhender l’original au sens que donne de ce mot Marc de Launay : « un texte est un produit d’un ou plusieurs auteurs, qui s’inscrit, au sein d’un espace linguistique et d’une tradition culturelle, parmi d’autres textes, c’est-à-dire dans une intertextualité qu’il pourra mobiliser à divers degrés28 ».

Par exemple, une lecture spiralaire d’Hécube révèle la surimposition du langage du corps sur tous les autres langages, dont celui des passions et celui de la persuasion. C’est un fantôme, l’ombre de Polydore, qui ouvre la pièce29, et son désir d’être reconnu et enseveli est à la fois une prescription et une prédiction. « Donc tout ce que je veux va se réaliser », dit-il (v. 50–51). L’apparition de Polydore emprunte au registre du corps, ici de la main ou des bras30. Le fantôme de Polydore veut que son corps échoue entre les bras d’Hécube pour en obtenir les rites funéraires :

Oui aux dieux infernaux j’ai fait cette prière,

D’obtenir et la tombe et les bras de ma mère (v. 49–50).

Aux spectateurs, ce fantôme parle d’un autre fantôme, celui d’Achille qui s’est dressé sur sa tombe pour exiger qu’on lui donne Polyxène, ou plus précisément, le « sang juvénile » de Polyxène (v. 127). Tout commence donc par des désirs de fantômes qui empruntent le langage du corps et tout finira par la prophétie d’un mort vivant, Polymestor, aveuglé mais prophète à son tour, comme Œdipe devenu aveugle31. La structure de la tragédie nous dit que la guerre de Troie a épuisé les humains ←20 | 21→sur scène, les captives troyennes, mais, dans l’après-tragédie, ce sera le tour des vainqueurs, qui s’imaginent regagner leurs foyers heureux (v. 1291–1292) alors que certains, à commencer par Agamemnon, trouveront la mort à leur arrivée, selon la terrible prédiction de Polymestor qui annonce au roi d’Argos un « bain de sang » (v. 1281). Tout commence dans le sang et tout finit dans le sang.

Dans Hécube, aux vaincus, comme aux fantômes, il ne reste que le langage du corps : les gestes traditionnels des suppliants, la main qui touche les genoux ou la main, le menton, la joue du vainqueur. À l’exception des gestes d’amour que Polyxène dédie à sa mère en guise d’adieu (v. 409–410), la main est le plus souvent violente comme si seuls les gestes terrifiants étaient suivis d’effets. C’est la main d’Ulysse qui entraînerait brutalement Hécube si elle résistait (v. 405–408) ; c’est la main d’Hécube qui va s’armer pour la vengeance (v. 876–877). Ce sont les mains des captives qui feignent la maternité souriante et préparent les agrafes de la mort (v. 1159), et c’est la main de Polymestor éperdu, aveugle, qui lance des pierres et voudrait lacérer Hécube comme s’il avait la griffe d’un lion (v. 1172–1175).

À toutes ces mains, à tous ces bras et ces poings, on accordera la palme aux mains du sacrifice de Polyxène, justement placé au centre de gravité de la tragédie : geste du fils d’Achille prenant Polyxène par la main (mais ce n’est pas un mariage, c’est un égorgement), geste des soldats de l’élite achéenne qui veut contenir à deux mains la « génisse » (v. 526), geste du sacrificateur élevant à deux mains la coupe des libations. Toutes ces mains accomplissent les gestes du rituel, mais c’est un rite trompeur, car ces mains de Grecs sont des mains meurtrières, comme le seront les mains des Troyennes sous la tente au moment de châtier Polymestor, mains trompeuses, elles aussi, faussement amicales et caressantes, avant de se faire cruelles et sanguinaires (v. 1151–1171). Aucune main, aucun toucher ne manquent à l’appel dans la traduction en vers de la présente édition, ni dans celle de Nicole Loraux et François Rey en 198832. Et il ne s’agit pas ici d’un attachement superstitieux au mot : le microcosme du mot rend visible le macrocosme de la structure de l’œuvre à traduire, car le mot est signifiant au niveau de la structure globale.

←21 | 22→

L’agencement des mots ne prend pas seulement sens au niveau de la grammaire de la phrase, qui est une donnée de la langue. Il prend sens par la transgression réitérée de l’ordre normal des choses dont l’expression ordinaire est celle de l’orthonyme. En effet, pour tous les référents usuels d’une culture, la langue dispose d’une appellation qui vient immédiatement à l’esprit de la communauté. Cette dénomination immédiate peut être qualifiée d’orthonyme. La couleur de cette page c’est le « blanc » ; le fait de mettre des mots les uns à la suite des autres sur un papier c’est « écrire »33. « L’orthonyme est la lexie (mot ou toute séquence mémorisée) la plus adéquate, sans aucune recherche connotative, pour désigner le référent34 », comme l’orthosyntaxe est la configuration habituelle pour dire qu’un acte est produit par un sujet dont l’objet suit le verbe. Or la poésie a pour qualité propre de pouvoir transgresser l’orthonymie et l’orthosyntaxie, et ces transgressions sont signifiantes. Prenons un exemple. Quand Talthybios, narrateur omniscient du sacrifice de Polyxène, nous plonge dans la conscience du bourreau, il nous dit quelque chose qui contrarie l’ordre habituel des choses dans l’ordre des mots et dans le choix des signifiants :

Ὃ δ´οὐ θέλων τε καὶ θέλων οἴκτῳ κόρης,

τέμνει σιδήρῳ πνεύματος διαῤῥοάς ·

κρουνοὶ δ´ἐχώρουν.

Ne voulant pas, voulant, par la vierge attendri,

Du souffle avec le fer, il tranche le conduit.

Une source jaillit. […] (v. 566–568).

Dans le texte d’Euripide, la négation précède l’affirmation (οὐ θέλων τε καὶ θέλων, « ne voulant pas et voulant »). Or l’usage grammatical généralement établi veut que le verbe soit d’abord présenté sous sa forme affirmative, canonique, avant d’être éventuellement soumis au doute par une forme négative. Mais Euripide n’a pas écrit cela. Dans la bouche de Talthybios, autrement dit, dans la conscience de Néoptolème, le non-vouloir précède le vouloir, le mouvement de la volonté va du contre-ordre vers l’ordre d’agir ou plutôt vers la permission d’agir, parce que le sentiment qui l’inspire en premier, c’est la « compassion pour la jeune fille » ←22 | 23→(οἴκτῳ κόρης). La pitié attendrit le bourreau. L’acte fatal (τέμνει σιδήρῳ, « il tranche avec le fer ») lui vient en second lieu, comme geste rituel imposé à sa conscience rétive, comme geste attaché nécessairement, en dépit de ses préventions, à son statut de sacrificateur, de fils d’Achille, de Grec, de vainqueur. Le fer tranche « les conduits du souffle » (πνεύματος διαῤῥοάς) presque malgré lui. C’est la même contrainte extérieure qui avait détourné Ulysse de l’acquittement de sa dette à Hécube pour aboutir à l’expression arrogante du refus de gracier la fille de celle qui lui a sauvé la vie autrefois. Et c’est la même contrainte extérieure qui motivera les réserves d’Agamemnon à châtier Polymestor, dont il avait d’abord exprimé le dégoût que lui inspirait spontanément son crime. Tous ces héros voient leur bonne conscience initiale changée en son contraire par les actes auxquels les condamnent leur statut de chef ou de héros et la victoire assumée.

Ce même passage fournit d’autres embûches au traducteur, qui heurtent frontalement les usages orthonymiques du français : c’est tout d’abord le lieu du corps frappé (πνεύματος διαῤῥοάς, « les conduits du souffle »), terme étrange, qui semble plutôt sortir d’un traité d’anatomie que d’une tragédie. Car le mot grec diarrhoè (διαῤῥοή), auquel on doit le français diarrhée, signifie « écoulement au travers », « conduit pour l’écoulement » de l’eau ou de l’air. Une traduction en prose française bien policée aurait beaucoup de mal à rendre cette image dans toute sa crudité, qui est pourtant celle qu’a choisie de nous livrer Euripide. Image concrète, tangible, palpable, matérielle et presque sonore d’un cou humain tranché, d’un souffle dont l’air ne peut plus passer (le mot fait allitération avec la géminée ῤῥ), d’une personne humaine tout à coup réduite à ses organes, à son état matériel de chair et d’os.

Une autre difficulté de traduction, c’est l’indétermination de la nature de l’écoulement qui suit immédiatement le coup porté : le grec nomme des « sources » (κρουνοὶ), sans préciser qu’il s’agisse de sang. Cette indétermination peut surprendre le traducteur, non seulement parce qu’elle contrevient à l’orthonymie au nom de laquelle ces sources doivent être suivies d’un complément de nom qui en spécifie la nature, mais aussi parce que le texte grec d’Hécube présente plusieurs occurrences du mot sang : « […] Et d’un cou cerclé d’or le noirâtre ruisseau De son sang la souiller d’une pourpre vermeille » (v. 152–153) ; « Qu’une double ration de sang, ainsi ruisselle, / De la Terre au défunt qui réclame ce sort » (v. 392–393), etc. Pourquoi Talthybios ne nomme-t-il pas le sang ?

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 24→

Est-ce par égard pour Hécube, qui entend ce récit ? On s’étonnerait de trouver chez lui des scrupules que n’ont pas les compagnes troyennes d’Hécube, ni Hécube elle-même, dans les passages cités. Plus sûrement, cette omission doit recevoir la même interprétation que la transgression grammaticale de la négation qui précède l’affirmation. C’est au narrateur que nous devons cette intrusion dans la conscience de Néoptolème, qui ne voit pas, qui ne veut pas voir ce sang : sa conscience est comme anesthésiée, son geste est machinal, réduit à un acte violent mais trivial, un geste anatomique, un geste automatique. Sa volonté n’y participe qu’à peine : commet-il un crime, ou sacrifie-t-il une « génisse » (v. 526) ?

Attardons-nous maintenant sur la réception de ce court passage sous la plume des traducteurs français depuis la Renaissance.

Quelle attention les traducteurs français de la tragédie grecque ont-ils accordée aux particularités lexicales et sémantiques du texte grec ? Reprenons l’exemple des vers 566–568 d’Hécube.

Ὃ δ´οὐ θέλων τε καὶ θέλων οἴκτῳ κόρης,

τέμνει σιδήρῳ πνεύματος διαῤῥοάς ·

κρουνοὶδ ´ἐχώρουν.

Voici quelques traductions en vers et en prose datant de la fin du XVIe siècle à nos jours35.

Pyrrhus prenant pitié de la noble pucelle,

Voulant et non voulant, en ce doute chancelle.

Finalement le glaive a poussé au travers

Des conduits de l’esprit : et le sang coule envers

Ainsi que de tuyaux.

Guillaume Bochetel, 154436

[…] Il se trouble il chancelle ;

Résumé des informations

Pages
378
Année
2022
ISBN (PDF)
9782875743930
ISBN (ePUB)
9782875743947
ISBN (MOBI)
9782875743954
ISBN (Broché)
9782875743923
DOI
10.3726/b18741
Langue
français
Date de parution
2021 (Décembre)
Published
Bruxelles, Berlin, Bern, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 378 p.

Notes biographiques

Bruno Garnier (Auteur)

Diplômé d’Études Approfondies de l’Institut d’études grecques et Docteur de l’Université de Paris Sorbonne en 1996, Bruno Garnier est l’auteur d’une série de publications sur la traduction littéraire des œuvres de l’Antiquité grecque, avant de s’orienter vers l’étude des rhétoriques politiques en éducation. Il est aujourd’hui professeur de sciences de l’éducation à l’Université de Corse.

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Titre: Euripide, Alceste et Hécube Édition bilingue
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