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En marge des grands: le football en Belgique et en Suisse

de Thomas Busset (Auteur)
©2018 Collections X, 224 Pages

Résumé

Cet ouvrage regroupe une dizaine de contributions qui, pour la plupart, ont été présentées lors d’un colloque qui s’est tenu en février 2017 à l’Université de Neuchâtel. Dans un contexte dans lequel l’emprise économique et sportive des grands championnats nationaux européens ne cesse de s’étendre, les «petits» pays, dont les équipes ont de plus en plus de peine à s’illustrer sur la scène continentale, semblent relégués au rang de faire-valoir. Le monde scientifique reproduit ce déséquilibre en focalisant ses recherches sur les acteurs dominants. Consacrer un colloque et un ouvrage aux footballs belge et suisse traduit la volonté de rompre avec ces approches. Du reste, les deux pays ont joué un rôle éminent dans l’histoire du football européen, et ce, tant au niveau sportif qu’institutionnel. Bien que marginalisés, les championnats belge et suisse attirent chaque week-end des dizaines de milliers de spectateurs dans les stades. A ce titre, ils sont confrontés à de nombreux enjeux quant à leur organisation, au mode de gestion des supporters ou à la lutte contre le racisme et la discrimination, autant d’éléments qui peuvent amener un regard nouveau à la recherche consacrée au football.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • A propos des éditeurs
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Belges et Suisses ou comment se bien porter à l’ombre des grands (Thomas Busset, Bertrand Fincoeur et Roger Besson)
  • La Belgique et la Suisse dans la construction du football international (1904-1930) (Paul Dietschy)
  • Les spectateurs du football suisse: des débuts à la Seconde Guerre mondiale (Christian Koller)
  • Quand les entreprises font tourner le ballon: essor et déclin des clubs de football dans l'arc jurassien (Benjamin Zumwald)
  • Histoire des paris sportifs dans le football: étude comparée des modèles belge et suisse depuis la fin des années 1920 jusqu’en 1985 (Xavier Breuil)
  • Une histoire économique du football suisse au XXe siècle est-elle possible et utile? (Laurent Tissot)
  • Le retour du professionnalisme dans le football suisse d’élite (1947-1988) (Jérôme Berthoud, Grégory Quin et Philippe Vonnard)
  • Du ballon au bâton: la Belgique et la Suisse dans l’histoire européenne contemporaine des stratégies de maintien de l’ordre lors des matches de football (Pascal Viot et Olivier Fillieule)
  • Hooliganisme 2.0: l’essor des free fights en Belgique (Bertrand Fincoeur)
  • Black Footballers and Coaches Between White Lines: A Multi-Level Analysis of Racism and Anti-Racism CSR Movements in Belgian Football (Chris Heim, Joris Courthouts and Jeroen Scheerder)
  • Le profil démographique des équipes de première division suisse et belge (2009-2017) (Roger Besson, Raffaele Poli et Loïc Ravenel)

Belges et Suisses ou comment se bien porter à l’ombre des grands

Thomas BUSSET, Bertrand FINCOEUR et Roger BESSON

Aujourd’hui, le football européen est dominé par une poignée de clubs très puissants évoluant dans les cinq grands championnats qui forment ce que l’on a pris coutume d’appeler le «big-5». L’emprise économique et sportive de ces ligues ne cesse de se renforcer comme en témoigne la décision récente de l’Union européenne de football association (UEFA) de leur accorder davantage de représentants en Ligue des Champions, la compétition maîtresse des clubs. Dans ce contexte, les petits pays, dont les meilleures équipes ont de plus en plus de peine à s’illustrer sur la scène continentale, semblent relégués au rang de faire-valoir. Le monde scientifique reproduit ce déséquilibre en focalisant la majeure partie de ses recherches sur les acteurs dominants et en n’accordant qu’un intérêt poli aux autres.

Consacrer un colloque et un ouvrage aux footballs belge et suisse traduit la volonté de rompre avec ces approches. Du reste, ces deux pays ont joué un rôle éminent dans l’histoire du football européen, et ce, tant au niveau sportif qu’institutionnel. Pendant longtemps, leurs clubs ont pu s’illustrer dans les compétitions européennes. Plusieurs équipes belges ont même atteint les finales et décroché des titres à l’instar du RSC Anderlecht (deux victoires en Coupe des vainqueurs de coupe, en 1976 et 1978, une en Coupe de l’UEFA, en 1983) ou du FC Malinois (Coupe des vainqueurs de coupe 1988). De même, les deux sélections nationales peuvent se targuer de résultats appréciables compte tenu de leur taille démographique. La Suisse, hormis une longue période de disette, et la Belgique participent régulièrement au tour final de la Coupe du monde et des Championnats d’Europe, les Diables rouges étant même capables de rivaliser avec les traditionnels favoris.

Au niveau de la gouvernance du football, les deux pays occupent également une place de choix. La Suisse, qui abrite d’innombrables organisations sportives, dont la Fédération internationale de football association ← 1 | 2 → (FIFA), l’UEFA, le Comité international olympique (CIO) ou le Tribunal arbitral du sport, est un acteur incontournable. En tant que siège de multiples institutions européennes, la Belgique intervient également dans la réglementation du sport. Qui plus est, c’est sans doute une histoire belge qui a été à la source du déclin des clubs des «petits» pays sur la scène continentale. Le 15 décembre 1995, saisie par un footballeur alors inconnu du public, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) prononce son verdict dans le désormais célèbre «arrêt Bosman». Ce faisant, elle donne raison à Jean-Marc Bosman, un joueur liégeois désireux de rejoindre un club français, en considérant que les règlements de l’UEFA, et notamment ceux qui instaurent des quotas de joueurs liés à la nationalité, contreviennent à la libre circulation des travailleurs entre les Etats membres de l’Union européenne. L’arrêt a eu la portée qu’on lui connaît, en contribuant à accélérer la transformation du paysage footballistique européen, de plus en plus marqué par le sceau des inégalités, en raison aussi des recettes liées aux droits de retransmission des matchs. Dans ce contexte, les championnats belge et suisse sont relégués au rang de viviers des plus grands. Ils ne sont cependant pas les seuls concernés, puisque les grandes performances sur la scène européenne des clubs néerlandais, roumains ou encore ex-yougoslaves semblent aujourd’hui appartenir à un passé révolu.

Bien que marginalisés d’un point de vue sportif, les championnats belge et suisse n’en demeurent pas moins populaires à l’échelle de leur pays, attirant chaque week-end des dizaines de milliers de spectateurs dans les stades. A ce titre, ils sont confrontés à de nombreux enjeux quant à leur organisation, au mode de gestion des supporters ou à la lutte contre le racisme et la discrimination, autant d’éléments qui peuvent amener un regard nouveau à la recherche consacrée au football.

Enfin, programmer un colloque et un ouvrage aux footballs belge et suisse, c’est aussi réunir des chercheurs de divers horizons et travaillant sur des objets manifestement proches pour stimuler des approches comparatives. Quatre contributions de cette publication font d’ailleurs directement le parallélisme entre les deux pays. ← 2 | 3 →

Recherches sur le football en Belgique

Contrairement à d’autres pays européens qui ont érigé le sport comme véritable objet d’étude pour les scientifiques – la Suisse, notamment, dispose d’une offre de formation universitaire en sciences du sport, intégrant des perspectives historiques, sociologiques, psychologiques, économiques, etc., autour du fait sportif – la Belgique ne compte pour véritables enseignements universitaires en sport que ceux dispensés dans les départements d’éducation physique, où l’approche du sport se limite encore trop souvent aux seules pratiques sportives en tant que telles et à l’apprentissage de disciplines «dures» comme la physiologie ou la psychomotricité. En conséquence, la production scientifique de chercheurs en sciences humaines et sociales sur des objets sportifs est parfois le résultat d’un intérêt personnel, presque à la marge, du sociologue, de l’historien, etc., pour la chose sportive sans toutefois que cet intérêt parvienne réellement à s’ancrer dans une dynamique institutionnelle de recherche. Faire un état des lieux de la recherche sur le football en Belgique tient cependant de la gageure tant la situation en Belgique francophone apparaît différente de celle de la Belgique néerlandophone. S’il peut ainsi être hasardeux de soutenir l’existence d’un courant de recherche sur le football «en Belgique», il est encore plus douteux d’identifier un courant «belge» de recherche sur le football.

Si l’on se réfère à la seule partie francophone du pays, la Belgique pourrait ainsi apparaître, à certains égards et sous une double perspective historique et disciplinaire, comme un parent pauvre de la recherche en Europe sur le football. Des jalons existent toutefois et c’est certainement à l’Université Libre de Bruxelles, autour des travaux de Jean-Michel De Waele et de ses collaborateurs sur la question des identités, des supporters et des enjeux politiques des premiers et des seconds, que l’on retrouve la contribution la plus riche à la recherche du XXIe siècle sur le football (par ex., De Waele, Gloriozova, Gibril et Spaaij 2018, De Waele et Louault 2016, De Waele et Husting 2008). Plus spécifiquement sur la question des violences ou des dérives liées au football, c’est toutefois à Liège avec Manuel Comeron (Comeron et Govaert 1995, Comeron 1997 et 2003) puis Bertrand Fincoeur (Fincoeur 2008, 2011 et 2014) que le football a reçu le plus d’attention. Ces travaux surviennent toutefois plusieurs années après la brèche ouverte, à la suite des incidents dramatiques du Heysel (1985), ← 3 | 4 → par l’équipe de criminologues de l’Université de Leuven en matière d’analyse de la violence liée au football (Van Limbergen et Walgrave 1988). On retrouve encore aujourd’hui ce rôle moteur des chercheurs flamands dans l’impressionnant corpus de littérature en sciences sociales sur le sport qui s’est développé en Belgique néerlandophone, autour de chercheurs comme Jeroen Scheerder, Bart Vanreusel, Paul De Knop, Marc Theeboom ou encore Paul Wylleman. La recherche plus spécifiquement consacrée au football est en revanche plus limitée, même si l’on ne peut passer sous silence les travaux sur la gouvernance du football (Geeraert 2016, Geeraert, Scheerder et Bruyninckx 2013), le supportérisme (Boen 2017) ou sur la problématique des discriminations raciales à l’œuvre dans le football belge (Vanreusel 1996; voir aussi le chapitre de Heim, Corthouts et Scheerder dans le présent ouvrage).

Recherches sur le football en Suisse

Longtemps délaissé par le monde académique suisse, l’espace du sport fait l'objet d'un intérêt grandissant depuis le tournant du siècle. Plus particulièrement deux facteurs ont favorisé cet essor. Premièrement, des enseignants universitaires – par exemple les historiens Christian Koller, à Zurich, et Laurent Tissot, à Neuchâtel, de même que le sociologue Christophe Jaccoud et le géographe Raffaele Poli, à Neuchâtel – ont ouvert des brèches en consacrant des cours et des séminaires à des thématiques sportives, stimulant ainsi la réalisation de mémoires de licence et de thèses. Deuxièmement, la création d’institutions comme le Centre International d’Etude du Sport (CIES), à Neuchâtel, ou l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne (ISSUL) a cimenté l’émergence de pôles de recherche interdisciplinaire plus seulement cantonnés dans la formation de maîtres de sport1.

On dispose d’une foison de travaux sur l’histoire du football en Suisse, de son implantation, à partir du mitan du XIXe siècle, jusqu’au lendemain ← 4 | 5 → de la Seconde Guerre mondiale. Ces études s’inscrivent dans le sillage d’un article de Pierre Lanfranchi (1998) qui a mis en évidence le rôle des instituts privés des bords du Léman et celui des écoles techniques et de commerce de la région zurichoise dans la diffusion du football sur le continent européen et au-delà. Dans l’impossibilité de citer tous les auteurs, mentionnons, pour la région germanophone, C. Koller (voir son article avec références dans le présent volume), Beat Jung (2006) et Marianne Meier (2004), et, pour la Suisse romande, Jérôme Berthoud, Grégory Quin et Philippe Vonnard (2016). Une synthèse récente est consacrée aux liens entre football et politique (Busset et Koller 2018). Les décennies de 1960 à 1990, qui correspondent à la phase de déclin du football suisse, sont encore mal étudiées. L’implantation en Suisse du siège des deux grandes fédérations internationales, l’UEFA et la FIFA, a favorisé l’émergence de travaux sur l’internationalisation du football (Vonnard 2012, Vonnard, Quin et Bancel 2016). Le niveau du championnat et les résultats des équipes helvétiques sur le plan international l’expliquent sans doute en partie, le décalage usuel de plusieurs décennies entre les faits et les études historiques également. Cette lacune va être progressivement comblée (voir Berthoud, Quin et Vonnard dans le présent volume).

Les travaux sont de nouveau plus nombreux pour la période récente, ce qui s’explique par l’éventail des thématiques abordées et des disciplines intéressées. Le supportérisme a notamment donné lieu à des études socioanthropologiques (Busset et al. 2008) et psychologiques (Brechbühl et al. 2017). L’organisation, en Suisse, des championnats d’Europe de football 2008 et la gestion de la sécurité ont suscité l’attention des criminologues (Viot et al. 2009) et des géographes (Klauser 2011). Le rôle du football dans l’intégration des diasporas (Poli et al. 2012) et, en particulier, l’engagement des filles d’origine migrante dans les activités organisées constituent un autre domaine bien étudié, sous l’angle ethnographique s’agissant du second thème (Jaccoud et Malatesta 2016, Zannin et al. 2018). La migration des joueurs a été traitée sous l’angle géographique (Poli 2004). Enfin, l’approche quantitative connaît un essor important grâce à l’Observatoire du football CIES, dont les analyses s’inscrivent dans une perspective internationale, les bases de données permettant cependant aussi des analyses ciblées (voir Besson, Poli et Ravenel dans le présent volume). ← 5 | 6 →

Deux footballs pionniers et leurs défis contemporains

Paul Dietschy évoque le rôle de quelques figures belges et suisses dans la mise en place et le développement de la Fédération internationale de football association (FIFA), et, partant, dans la construction de l’internationalisme sportif. En effet, dès les années 1880 et 1890, Suisse et Belgique sont à l’avant-garde de la diffusion du football et le nombre de joueurs licenciés dans la première moitié des années 1930 y est proportionnellement encore bien plus élevé que dans les «grands» pays comme la France ou l’Italie. Si Belges et Suisses ont été les protagonistes du football international pendant le premier conflit mondial et les déchirements qui ont marqué l’immédiat après-guerre, les routes parallèles des deux footballs semblent s’écarter ensuite l’une de l’autre. La Belgique participe à la Coupe du monde de 1930, en Uruguay. La Suisse privilégie la Coupe des nations, organisée à Genève, par le Servette FC, pour l’inauguration du nouveau stade de la ville. Cette compétition réunit des clubs majeurs issus de dix pays. Certains organes de presse fêtent l’événement, estimant que les équipes de club sont plus homogènes que les équipes nationales. Concurrencé par la Mitropa Cup, le tournoi ne sera toutefois pas reconduit.

Christian Koller retrace l’histoire du public du football suisse jusqu’à l’entre-deux guerre. S’il est difficile de le chiffrer pour la période antérieure au premier conflit mondial, on sait par contre qu’il se comporte parfois de manière incongrue. La construction de stades commence au seuil du XXe siècle et connaît un essor à partir des années 1920. Les médias contribuent à la popularisation du football en commentant les rencontres, la presse écrite dès les années 1890, la radio et le cinéma suivent dès les années 1920, puis la télévision après la Seconde Guerre mondiale. Dans l’entre-deux-guerres, l’affluence dans les stades atteint un niveau qui ne sera pratiquement plus dépassé jusqu’à l’aube du XXIe siècle. En parallèle, la culture supportériste s’est progressivement constituée à travers ses rituels et sa topographie symbolique, créant ainsi ses lieux de mémoire. Cependant, la petite taille du territoire national ainsi que l’absence de grandes agglomérations urbaines et de bassins industriels freinent l’essor de la culture de masse, expliquant en partie l’échec des premiers efforts de ← 6 | 7 → professionnalisation du football suisse, une situation qui nuira longtemps à sa compétitivité au niveau international.

Benjamin Zumwald confronte le parcours de deux clubs neuchâtelois, le FC La Chaux-de Fonds et le FC Neuchâtel Xamax. L’approche est centrée sur deux présidents emblématiques, l’un patron de plusieurs entreprises, principalement dans le secteur horloger, l’autre chef d’une entreprise familiale de la construction. Leur investissement au sein de leur club respectif reflète particulièrement bien l’interdépendance qui s’est créée entre les performances sportives et économiques. Le premier a puisé ses ressources dans l’essor fulgurant qu’a connu l’industrie horlogère des années 1940 à 1970. La crise frappant ce secteur industriel dès le milieu des années 1970 signifiera aussi le déclin du club de la Chaux-de Fonds. Quant au second, il connaît une ascension plus tardive reposant essentiellement sur l’investissement d’un entrepreneur charismatique et de sa famille toute entière. Ces entreprises et entrepreneurs locaux ont indéniablement joué un rôle fondamental dans l’histoire des clubs. Parallèlement à leur investissement financier, de leurs capacités décisionnelles, gestionnaires et innovatrices découle la réalisation de performances sportives.

Xavier Breuil s’est intéressé aux concours de pronostics sur les matchs de football en Belgique et en Suisse. Généralement considérés comme des jeux de hasard, ces paris sportifs étaient largement prohibés en Europe avant 1945, sauf en Angleterre, en Suède et dans les deux pays étudiés. La comparaison entre ces derniers est d’autant plus intéressante qu’ils ont adopté différents modèles d’organisation et de gestion. Alors que la Belgique laisse ces concours aux mains de sociétés privées spécialisées, belges ou britanniques, qui apparaissent dès 1931, la Suisse les confie, en 1938, à une association à but non lucratif, la Société du Sport-Toto, qui détient dès lors un monopole en la matière. Si les sociétés belges n’ont que très modestement contribué au développement du sport, sauf pendant une très courte période, la Société du Sport-Toto, par contre, a fourni un apport financier important au mouvement sportif. A la suite de la généralisation des loteries à numéros, à partir des années 1970, les paris sportifs déclinent. En Belgique, les sociétés organisatrices disparaissent, en Suisse la Société du Sport-Toto survit grâce à l’intervention de l’Etat qui lui confie la gestion du nouveau jeu de hasard.

Laurent Tissot pose la question de savoir si une histoire économique du football suisse est possible. Pour y répondre, l’auteur se penche plus particulièrement sur la demande en football, c’est-à-dire la capacité de ce der ← 7 | 8 → nier à attirer un public. Quantitativement, l’affluence au stade progresse durant la première moitié du XXe siècle, puis stagne et décroît fortement à partir des années 1980, cette désaffection des stades pouvant notamment s’expliquer par les résultats de l’équipe nationale, mais aussi par la concurrence des retransmissions télévisuelles. Cependant, cette information n’est guère révélatrice de l’impact du football sur l’économie suisse. A cet égard, une comparaison avec d’autres domaines des loisirs est éclairante. Reprenant les données concernant le nombre d’entrées aux zoos de Bâle et de Zurich ainsi qu’au théâtre de cette dernière ville et en les mettant en perspective avec les données disponibles pour le FC Zurich et le FC Servette, L. Tissot constate que l’attrait des manifestations sportives est moindre. Ce résultat l’amène à défendre l’hypothèse que le football n’a pas été un élément entraînant de forts effets économiques dans son sillage. Cette conclusion appelle de nouvelles études.

Jerôme Berthoud, Grégory Quin et Philippe Vonnard retracent la lente réintroduction du professionnalisme dans le football suisse dans la deuxième partie du XXe siècle. Un démêlé judiciaire opposant un joueur à son club, qui ne l’aligne plus mais fait obstacle à un transfert en fixant une somme élevée pour libérer l’intéressé, fera avancer les choses. En effet, en 1976, le Tribunal fédéral, en sa qualité d’instance suprême, juge que les règlements du football suisse sont contraires à la libre circulation des travailleurs garantie par le Code des obligations, ouvrant ainsi les portes du rétablissement du professionnalisme. Cependant, il faut attendre la fin des années 1980 et une nouvelle réforme du football suisse pour que le statut de joueur professionnel se pérennise. Les auteurs expliquent ce retard suisse – la Belgique, par exemple, réintroduit le professionnalisme en 1974 déjà – en renvoyant, entre autres, au mode de formation professionnel dual axé sur l’apprentissage en entreprise, un contexte dans lequel la pratique du football est considérée comme un simple loisir. En outre, le profil des dirigeants de club n’a suivi qu’avec retard les développements constatés dans les entreprises sous l’effet de la libéralisation croissante des échanges et de la financiarisation de l’économie.

Résumé des informations

Pages
X, 224
Année
2018
ISBN (PDF)
9783034336901
ISBN (ePUB)
9783034336918
ISBN (MOBI)
9783034336925
ISBN (Broché)
9783034336864
DOI
10.3726/b14782
Langue
français
Date de parution
2018 (Septembre)
Published
Bern, Berlin, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2018. X, 224 p., 6 ill. n/b, 10 tabl., 17 graph.

Notes biographiques

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