Chargement...

Parthenay « ville numérique »

Aux prémices de la société européenne de l’information

de Alain D’Iribarne (Auteur) Emmanuel Eveno (Auteur)
©2024 Monographies 486 Pages
Série: Action publique / Public Action, Volume 23456

Résumé

L’arrivée en Europe d’Internet a représenté un défi technologique, mais aussi et surtout économique et social que l’Union européenne, sa Commission, ses Etats constitutifs et ses collectivités territoriales se sont efforcés de relever en développant un modèle de « société européenne de l’information ». L’élaboration de ce modèle s’est notamment appuyée sur des programmes communautaires de R&DT.
C’est à la connaissance de cette politique publique ambitieuse que les auteurs de cet ouvrage nous invitent, à partir de la façon dont une petite ville française (Parthenay dans les Deux-Sèvres), s’est saisie de l’opportunité pour se constituer en un véritable laboratoire de « ville numérique », mobilisant à cet effet ses citoyens comme co-concepteurs de services publics innovants. Il s’agit d’une expérience qui a connu à son époque un retentissement important.
A l’aide d’une description méticuleuse, cet ouvrage offre la possibilité d’entrer dans une compréhension fine des logiques des acteurs mobilisés par l’expérimentation et, par là même, de tirer de multiples enseignements pour la conduite de projets consacrés à la nouvelle génération de politiques de « villes numériques » présentées comme des « villes intelligentes » ou « smart cities ».

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Remerciements
  • Introduction générale
  • Partie I: L’INVENTION dE la «SOCIÉTÉ européenne DE L’INFORMATION»
  • Introduction
  • Chapitre I – Les POLITIQUES NATIONALES en matière de Société de l’information
  • Les prémices d’une politique publique européenne en faveur d’une «société de l’information»
  • CHAPITRE III – Quatre petites villes- laboratoires
  • Conclusions de la Partie I
  • Partie II: PARTHENAY « VILLE NUMÉRIQUE »
  • Introduction
  • CHAPITRE IV – Le laboratoire dans la ville
  • Chapitre V – De la ville-pionnière a la ville-laboratoire
  • CHAPITRE VI – DU modèle-expérimental au modèle-école.
  • CHAPITRE VII – empreintes du modèle parthenaisien
  • Conclusion de la partie II
  • Conclusion générale
  • In dex
  • Table des illustrations
  • Bibliographie
  • Postface
  • Annexes

Remerciements

Le travail qui trouve son expression dans cet ouvrage, forcément très synthétique, doit beaucoup à un grand nombre de personnes, des membres de l’équipe de recherche mobilisée, des partenaires, des collègues, des amis:

Les initiateurs:

Et l’ensemble de leurs collaborateurs, notamment:

  • Stéphane Martayan
  • Francia Nichols

Les continuateurs:

  • François Gilbert

Côté Industriels:

  • Claude Piaget
  • Herwig Heckl

Les partenaires européens de la recherche:

  • Barbara Lenz
  • Angela Lopez ✝
  • Evelyn Wütruck

L’équipe française de recherche:

  • Christophe Beslay ✝
  • Evelyne Cavet
  • Bernard Corminboeuf
  • Françoise Desbordes
  • Philippe Dugot
  • Nicolas Golovtchencko
  • Luc Jaëcklé
  • Valérie Pillon
  • Tahar Slimani
  • Catherine Soldano
  • Philippe Vidal

Equipe de tournage du film "De Parthenay la féérique à Parthenay la numérique"Jean JimenezNathalie Michaud

Lydia Bordese pour sa relecture vigilante.Nous voudrions également dire ici la dette que nous avons vis-à-vis de très nombreux agents de la mairie de Parthenay. C'était certes leur travail que de faire avancer le projet "ville numérique", mais ils l'ont fait avec enthousiasme, avec générosité, avec cœur. Et ils nous ont accueilli dans cette belle dynamique qui a fait de Parthenay un projet magnifique, un projet dont la mémoire ne doit pas s'effacer. Au bout du compte, c'est la mission que nous voudrions assigner à ce livre. Les politiques publiques sont comme un palimpseste. Les écrits s'empilent les uns sur les autres, comme des couches géologiques, mais les derniers estompent ceux qui précèdent, se hâtent de les recouvrir et de les rendre illisibles. La strate de Parthenay nous semble devoir être préservée car elle a été et reste exemplaire à maints égards.

Introduction générale

Pourquoi un tel ouvrage consacré à la genèse de la «société européenne de l’information» et à l’émergence des «villes numériques», ce qui nous ramène aux deux dernières décades du XXe siècle, alors même que l’intérêt vis-à-vis de ces questions semble s’être émoussé?

Les politiques qui, hier, s’efforçaient de faire émerger une «société de l’information», se préoccupent aujourd’hui davantage d’en limiter les effets potentiellement pervers (cyber-attaques, cyber-harcèlement, «fake news»…). La «société de l’information» ne ferait plus rêver les générations contemporaines, elle se serait en quelque sorte banalisée. Ce qui, dans l’actualité, y renvoie désormais, quand il ne s’agit pas de cybercriminalités, ce serait l’émergence de nouveaux produits, à la fois signes de performances technologiques (la 5G, l’Intelligence Artificielle…) et des attentes sociales qui y sont associées (aliénées?).

Or, il fut un temps, pas si lointain, où la «société de l’information» était prometteuse, où de nombreux auteurs s’aventuraient à affirmer que nous étions en transit vers une nouvelle «civilisation» (bouleversement comparable, selon Bernard Stiegler, à celui du passage du mésolithique au néolithique), voire de changer «d’ère» pour Jacques Robin (1989). De nombreux ouvrages de la décennie 1990 évoquent ainsi en des termes qui paraissent aujourd’hui hyperboliques, une «révolution de l’information» susceptible de modifier très substantiellement le fonctionnement de nos sociétés (Albert Bressand et Catherine Distler (1995) proposaient d’embarquer vers un «prochain monde» qu’ils intitulaient «Réseaupolis», tandis que, depuis la Californie où il officiait, Manuel Castells (2001) évoquait à son tour l’avènement d’une «société en réseau»), quand d’autres encore pronostiquaient une transformation de la condition humaine à travers la promesse d’une «humanité augmentée»1.

Avec la diffusion rapide et de plus en plus massive des Techniques d’information et de Communication2 au cours des années 1970/1980, l’idée selon laquelle elles pouvaient être les éléments moteurs d’une innovation de rupture (qui viendrait profondément transformer notre vie quotidienne), s’est imposée d’autant plus facilement qu’elle semblait s’incarner de multiples manières: dans le fonctionnement des organisations, dans les mutations économiques, dans la diffusion des savoirs, dans la production culturelle, les modes de vie et la vie politique, jusque dans nos imaginaires et nos représentations du monde. Elles se présentaient même, selon Philippe Breton (2000), comme un nouveau culte….

Le début du déferlement d’Internet dans le monde à partir des années 1990 a eu pour effet d’apporter un surcroît de crédit à l’hypothèse qui prétendait en faire un vecteur de changement radical. En très peu de temps (quelques années à peine), la quasi-totalité des pays ont adopté des politiques censées répondre au défi états-unien des «autoroutes de l’information» initié et promu à travers toute la planète par le vice- président Al. Gore. Pays industriels comme pays en voie de développement se lancent dans ce qui apparaît alors comme un nouveau credo en termes de politiques économiques. Pour les pays en voie de développement, les TIC ont été perçues dans bien des cas comme les leviers d’un saut technologique, permettant d’envisager un rattrapage des économies des suds. N’ayant pas connu de réelle phase d’industrialisation, ces pays comptaient accéder, grâce à ces techniques, à une nouvelle forme de développement. Pour les pays industrialisés à la recherche d’un nouveau souffle ou de nouveaux relais de croissance (et tout particulièrement pour l’Union européenne), les notions de «Nouvelle Économie» ou de «Net-économie» ont fait florès jusqu’à l’an 2000, et les puissances publiques se sont efforcées d’en favoriser l’installation dans leurs territoires.

Ce qui a donné du crédit à ces thèses «révolutionnistes» a été le constat assez unanimement partagé que le déploiement des technologies en question avait provoqué des changements importants, radicaux parfois et que ceux-ci avaient été particulièrement rapides et donc visibles. «Il n’y a jamais eu de système de communication qui se soit développé aussi vite dans l’histoire de l’humanité, à l’échelle mondiale» observait Pierre Lévy3. Pour nombres d’auteurs des deux dernières décennies du XXe siècle, le double argument de la généralisation et de la rapidité de la diffusion de ces technologies dans le monde permettait de valider l’hypothèse qu’elles étaient les vecteurs principaux des transformations du monde.

Il n’y évidemment jamais eu de consensus autour de ce qu’il fallait attendre de ces transformations. Les décennies 1980 et 1990 ont notamment été le théâtre d’affrontements entre les tenants d’une approche «techno-optimistes» et ceux que l’on pourrait qualifier de «techno- pessimistes». Un auteur comme Paul Virilio est l’un des représentants les plus marquants de cette seconde catégorie. Il a ainsi longtemps occupé une position qu’il désignait lui-même comme celle d’un «Cassandre atypique» parmi les penseurs des transformations du monde, autrement dit de quelqu’un qui devine ou perçoit ce que l’avenir a de menaçant mais qui est condamné à ne pas être cru. Prolongeant un courant philosophique qui dénonce les dangers de l’innovation technique, il a ainsi fondé une nouvelle discipline, dite «dromologie», pour science de la vitesse. Pour cet auteur, c’est précisément ce processus d’accélération qui met en question les fondations de nos sociétés. La tyrannie de l’instantané aurait pour effet de détruire distance et distanciation.

Avec le recul, il est aujourd’hui beaucoup trop facile de souligner les erreurs ou les exagérations des auteurs de l’époque. Tel n’est pas notre propos ici. Ce qui nous intéresse, c’est d’établir la chronique d’une politique publique qui s’est exprimée à plusieurs échelles (internationale, en particulier en nous appuyant sur la politique états-unienne des années 1990 et sur son exportation à travers le monde; communautaire, à l’échelle de l’Union européenne; nationale, à l’échelle de la France; locale, à l’échelle de quelques villes expérimentales) et qui est aussi le reflet des préoccupations du moment.

Redoutant moins l’«accélération de l’histoire» que les effets de mode dans le domaine des idées et concepts, il nous est paru important d’achever cet ouvrage commencé il y a trop longtemps afin d’éviter que ce moment passionnant, tant il a produit d’effervescences des idées et de controverses intellectuelles, tant il a été un temps de profondes remises en questions et d’innovations, tant il a porté des espoirs de transformations via d’ambitieuses (trop ambitieuses?) politiques publiques, soit en quelque sorte recouvert par les strates plus récentes.

Nous avons donc considéré, dans ce long travail, qu’il y avait un devoir de mémoire qui s’imposait à nous. Il est probable que nous soyons à contre-courant de la grande masse des recherches contemporaines qui portent sur le rôle des technologies numériques dans les sociétés contemporaines. Les «Smart Cities» ont partout remplacé les «villes numériques» (de fait, qui s’en souvient, qui en parle encore?), et le choix de l’anglicisme n’est ici pas innocent, de même qu’Internet est aujourd’hui relégué au second rang avec le déferlement de l’A.I. (pour Artificial Intelligence, encore un anglicisme). Nous sommes donc, possiblement à contre-courant, sans doute en décalage avec les effets de modes intellectuelles qui veillent, pour être efficaces, à un remplacement perpétuel des idées et concepts et qui finissent par ne valoriser, dans une sorte de bibliothèque idéale parfaitement marketée (cet anglicisme-là, nous n’avons pas pu l’éviter), que quelques-uns d’entre eux, synthétiques le plus souvent, réducteurs très généralement, anglophones systématiquement, amnésiques dans la majorité des cas.

Notre ouvrage se consacre à une strate que nous considérons particulièrement importante dans l’histoire des idées et des politiques publiques portant sur le rôle des technologies numériques dans la société: les «villes numériques», dans le contexte des politiques publiques dédiées à la «société de l’information». Il s’appuie sur une documentation volumineuse, que nous avons pu accumuler et exploiter dans le cadre de notre participation aux projets européens qui démarrent dans la deuxième moitié des années 1990.

La première partie s’attache à la description du processus d’élaboration de la « société européenne de l’information ». Elle débute par une reconstitution synthétique de la politique états-unienne sur les «autoroutes de l’information», par le pari français sur les TIC, puis se concentre sur le cas de l’Union Européenne.

Il apparaît que les décennies 1980 et 1990 constituent sur bien des points une période charnière et profondément innovante. On peut ainsi considérer que l’ensemble des politiques publiques consacrées à l’émergence de la «société européenne de l’information» faisaient partie d’un ensemble plus vaste de réflexion sur le devenir de l’institution européenne. Interpréter correctement ces deux dernières décennies du XXe siècle nécessite de les resituer dans l’ensemble des grands bouleversements de l’époque. D’une certaine manière, les espoirs, les utopies comme les craintes qui se sont exprimées alors autour des technologies numériques ne peuvent s’expliquer qu’en relation avec ces autres bouleversements.

Dès 1993, soit quelques mois à peine après qu’ait été rendu public le projet états-unien « autoroutes de l’information », l’Union européenne commença à élaborer son propre projet, consistant à développer dans l’ensemble des pays la composant, une «société européenne de l’information», distincte du modèle états-unien car porteuse de ses propres valeurs économiques et sociales.

La deuxième partie de notre ouvrage est consacrée à l’expérimentation en contexte territorial, ce que l’on a considéré à l’époque comme une mise à l’épreuve de la politique européenne dans un territoire ou ville laboratoire. Selon les époques de l’expérimentation et la succession des projets, il y a eu tout d’abord trois villes, une en France, une en Espagne et une en Allemagne (ex RFA) , puis un quatrième, également en Allemagne (ex RDA), et, dans un dernier temps, une cinquième ville, italienne, s’est installée dans le projet tandis que s’effaçait la ville espagnole. Notre ouvrage se concentre sur le cas de la ville française. Il s’agit de la ville de Parthenay dans le Département des Deux-Sèvres. Cette ville était, à travers son maire, Michel Hervé, à l’initiative du projet européen de «ville numérique» et, par ailleurs, c’est sur le cas de cette ville que nous disposions de la documentation la plus précise, la plus originale et la plus abondante.

Pour rédiger cette partie, nous avons puisé dans la somme considérable des matériaux que nous avons pour partie constitués, au fil des années et pour partie rassemblés, à la fois pendant l’expérimentation et pendant les années qui ont suivi. Nous avons en effet été très directement mobilisés dans la gouvernance de l’ensemble du projet européen ainsi que dans les diverses opérations de recherche qui ont été conduites sur le site de Parthenay entre 1995 et 2000, et ceci sans qu’il n’y ait eu aucune interruption. Il s’agit donc là d’une opération de recherche sur un même site d’une longévité assez inhabituelle. Cette longévité nous a permis de faire les aller-retour nécessaires entre le niveau européen et le niveau local. Dans les deux cas, nous avons été en immersion prolongée dans les systèmes d’acteurs qui s’exprimaient à ces deux niveaux d’échelle.

Près de 30 ans après le démarrage des projets «villes numérisées», (1995), notre travail semble être revêtu par la patine de l’histoire. Nous ne sommes toutefois, ni l’un ni l’autre, des historiens. De fait, cet ouvrage a été rédigé par étapes, pendant une durée de plus de 20 ans à partir de l’année 2001. Les premières pages ont été écrites après la fin de notre présence dans les projets européens de «villes numérisées» en tant que responsable scientifique et, après que le maire de Parthenay, promoteur du projet, ait échoué à se faire réélire pour un cinquième mandat aux élections municipales de 2001. Cette défaite électorale a précipité notre départ, en qualité de chercheurs, du territoire de Parthenay.

C’est toutefois ce qui nous a permis, à l’un et à l’autre de prendre la distance et le recul nécessaires.


1 Cf. entre autres:

Pierre Lévy, L’intelligence collective: pour une anthropologie du cyberespace, (Ed. La Découverte, 2001).

Nicholas Negroponte, L’homme numérique. Comment le multimédia et les Autoroutes de l’Information vont changer votre vie, (Ed. française, R. Laffont, Coll. Pocket, 1995).

2 TIC dans la suite du texte

3 Cité in Véronique Kleck, Numérique et Cie. Sociétés en réseaux et gouvernance, (Ed. Charles Léopold Mayer, 2006), p. 26.

Introduction

Daniel Béland (2009: 39) date du début des années 1990 le fait qu’un «nombre grandissant de chercheurs s’intéresse au rôle des idées dans l’élaboration des politiques publiques». Il s’agissait jusqu’alors d’une partie peu visible et peu connue de leur histoire. L’analyse des politiques publiques s’intéressait alors surtout à la façon dont un référentiel d’action publique se déclinait dans ses différents terrains de concrétisation tandis que l’étape précédente, celle dont le référentiel était l’aboutissement, était généralement laissée dans le flou.

L’étude des combats d’idées ou des controverses est pourtant une étape nécessaire dans la compréhension des mécanismes de prises de décision y compris en matière d’action publique. Outre qu’elle permet de rendre compte de la complexité à l’œuvre dans la production des politiques publiques, elle participe aussi pleinement de la mise en œuvre d’une logique spécifique: celle qui préside au déploiement de la politique publique, qui lui donne tout son sens.

Les politiques publiques peuvent donc être analysées comme résultant de combats d’idées, des idées qui peuvent venir de différents horizons avant de se cristalliser aux niveaux politiques. C’est cette séquence particulière dans la généalogie des politiques publiques que nous proposons d’appeler la «problématisation politique», celle qui se traduit par le fait que des personnalités politiques décident de s’emparer de certaines des idées qui transitent entre différents mondes sociaux. En s’emparant de ce matériau, les acteurs politiques relayés par le monde des experts, qui s’efforce de le décliner en actions, transforment en partie ces idées. Un des intérêts de cette problématisation est qu’elle permet de mettre en évidence le fait que les référentiels d’actions le plus souvent considérés par les praticiens comme des constructions techniques neutres correspondent dans la réalité à une construction politique à partir d’une ou d’un ensemble d’idées. Et quand ces dernières font système et que celui-ci apparaît suffisamment stable, on peut alors parler d’idéologie. De plus, c’est lorsqu’elles acquièrent une force d’évidence auprès des acteurs chargés de participer à la mise en œuvre d’une politique publique que ces idées parviennent au terme de leur trajectoire.

La production d’un référentiel est bien le résultat d’un choix dans le cheminement d’une idée à l’autre, suivant un processus complexe au travers duquel se combinent et s’affrontent de nombreuses influences au sein d’un système d’acteurs qui peut être à la fois hétérogène et en perpétuel renouvellement. Cette production peut également valider en urgence une prise de conscience autour d’un problème qu’il s’agirait de traiter (c’est le cas notamment, à l’époque contemporaine, à propos du changement climatique), sans que, pour autant, le traitement soit efficace ou ambitieux. De fait, l’émergence d’un référentiel n’est pas le fruit d’une décantation qui permettrait dans tous les cas aux meilleures idées de se dégager, celles-ci étant souvent présentées comme l’expression d’un intérêt général ou d’un bien commun, mais elle est le plus souvent le résultat de compromis multiples et partiels entre prises de consciences, bonnes idées et rapports de forces entre acteurs dont un certain nombre sinon la plupart sont des représentants d’intérêts spécifiques.

Dans cette perspective, il devient particulièrement instructif de s’intéresser à l’apparition des idées, notions, concepts qui circulent, qui s’agrègent, se désagrègent, font florès ou s’invisibilisent pour faire résurgence quelques années plus tard… Ces idées s’élaborent, se testent, se consolident, s’invalident, s’exhument, s’imitent, se plagient, et ceci aux termes de circulations entre plusieurs mondes sociaux.

Dans la pratique, l’organisation de ces mondes sociaux peut être très sensiblement différente d’un pays à un autre. Dans certains pays, le monde de la recherche universitaire, producteur de concepts et de notions validés par des méthodologies scientifiques et académiques, occupe une position importante. Dans d’autres, ce monde est dans une position plus marginale et la production d’idées nouvelles se fait davantage dans la relation entre les représentants du Gouvernement et les différentes formes d’organisations sociales, comme les grands médias, les fondations, les associations, les acteurs économiques, les organisations religieuses… Tout dépend des relations historiquement établies entre ces différents mondes sociaux et de la porosité de ces mondes entre eux.

Notre premier chapitre s’attache à présenter la façon dont le monde des idées s’est concrétisé dans d’ambitieuses politiques publiques de niveau national. Nous nous sommes intéressé à deux cas, celui des États-Unis d’Amérique et celui de la France.

Le deuxième chapitre s’intéresse à une institution communautaire, constituée d’États-membres, l’Union européenne. La mise en œuvre de politiques publiques sur la «société européenne de l’information», a été un temps fort, fondateur d’une certaine manière, de cette institution en quête de reconnaissance.

Le troisième chapitre présente l’alliance qui a été élaborée entre cette institution européenne et des collectivités locales de pays membres. Cette alliance portait notamment sur les projets de «ville numérique».

Résumé des informations

Pages
486
Année de publication
2024
ISBN (PDF)
9783034348416
ISBN (ePUB)
9783034348423
ISBN (Broché)
9783034348409
DOI
10.3726/b21782
Langue
français
Date de parution
2024 (Octobre)
Mots clés
société de l’information villes du futur politiques publiques management de projet de R&D
Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
Bruxelles, Berlin, Chennai, Lausanne, New York, Oxford, 2024. 486 p., 17 ill. en couleurs.

Notes biographiques

Alain D’Iribarne (Auteur) Emmanuel Eveno (Auteur)

Alain d’Iribarne est économiste. Il étudie dans une perspective interdisciplinaire les relations qui peuvent exister entre les processus de diffusion et d’appropriation des innovations technologiques et les évolutions du travail, de l’emploi et des modes de vie. Emmanuel Eveno est Professeur de géographie et chercheur au Centre Interdisciplinaire d'Etudes Urbaines du Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoire (LISST-Cieu) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès. Il travaille à l’élaboration d’une théorie des relations entre la ville et les Techniques d’Information et de Communication.

Précédent

Titre: Parthenay « ville numérique »