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Documents diplomatiques français

1970 – Tome II (1er juillet – 31 décembre)

de Ministère des Affaires étrangères (Éditeur de volume)
©2014 Autres XXXVIII, 878 Pages

Résumé

Imperceptiblement, les années 1960 s’éloignent et le décor des années 1970 est déjà planté dans ce second semestre : en Europe, la détente se substitue à la guerre froide ; à la confrontation Est/Ouest succèdent les tensions entre le Nord et le Sud. Le représentant français à l’ONU note très justement « que la 25e session de l’ONU a été marquée par une révolte des petits contre les grands ». Les pays du Sud découvrent rapidement la force de l’action solidaire.
Une autre caractéristique des années 1970, déjà présente à cette période, est la violence qui se manifeste sous la forme du terrorisme au Québec, dont le retentissement en France est énorme, et de la révolte des Palestiniens de Jordanie, réprimée par le roi Hussein.
Dans ce contexte international renouvelé ou en voie de l’être, comment la diplomatie française se situe-t-elle ?
En Europe, elle est confrontée à un double défi : le premier est le succès de l’Ostpolitik du chancelier W. Brandt. Le deuxième défi est celui de l’élargissement de la Communauté économique européenne.
Dans le monde, le représentant français à l’ONU a beau estimer que la France a une « position morale exceptionnelle », une « audience non négligeable », la réalité telle qu’elle ressort des télégrammes des postes est plus nuancée.
En Afrique sub-saharienne, la France est malmenée par ses anciennes colonies ou considérée comme une simple pourvoyeuse de crédits.
Au Moyen-Orient, bien que le retrait britannique à l’est d’Aden ouvre un espace à la France, qui en profite pour s’implanter dans la région, la diplomatie française est surtout spectatrice.
En Asie, la France ne peut que déplorer l’impasse des négociations américano-vietnamiennes, la poursuite de la guerre, la reprise des bombardements américains sur le Nord Vietnam, et même l’extension du conflit au Cambodge.

Table des matières

  • Couverture
  • Page de Titre
  • Page de Copyright
  • Commission des Archives Diplomatiques
  • Avertissement
  • TABLE MÉTHODIQUE
  • I. – QUESTIONS MULTILATÉRALES
  • A) NATIONS UNIES (ONU)
  • B) DÉSARMEMENT ET SÉCURITÉ
  • C) QUESTIONS ATOMIQUES
  • D) AFFAIRES SPATIALES
  • E) AFFAIRES AÉRONAUTIQUES
  • F) OTAN
  • II. – L’EUROPE
  • A) L’EUROPE DE L’OUEST
  • 1) Les Communautés européennes
  • 2) La République fédérale d’Allemagne
  • 3) La Belgique
  • 4) Chypre
  • 5) L’Espagne
  • 6) La Grande-Bretagne
  • 7) La Grèce
  • 8) L’Italie
  • 9) La Norvège
  • 10) La Turquie
  • B) L’EUROPE DE L’EST
  • 1) Pacte de Varsovie
  • 2) L’urss
  • 3) La Bulgarie
  • 4) La Hongrie
  • 5) La Pologne
  • 6) La République démocratique Allemande
  • 7) La Roumanie
  • 8) La Tchécoslovaquie
  • 9) La Yougoslavie
  • III. – L’AFRIQUE
  • A) GÉNÉRALITÉS
  • B) LE MAGHREB
  • 1) L’Algérie
  • 2) La Libye
  • 3) Le Maroc
  • C) AFRIQUE SUBSAHARIENNE
  • 1) Aden
  • 2) L’Afrique du Sud
  • 3) L’Angola
  • 4) Le Burundi
  • 5) Le Congo (Brazzaville)
  • 6) Le Congo (Kinshasa)
  • 7) La Côte d’Ivoire
  • 8) Le Dahomey
  • 9) L’Éthiopie
  • 10) Le Gabon
  • 11) Le Ghana
  • 12) La Haute-Volta
  • 13) l’île Maurice
  • 14) Le Kenya
  • 15) Le Mali
  • 16) Le Niger
  • 17) Le Nigeria
  • 18) La Rhodésie
  • 19) La République centrafricaine
  • 20) Le Rwanda
  • 21) Le Sénégal
  • 22) La Somalie
  • 23) Le Soudan
  • 24) La Tanzanie
  • 25) Le Tchad
  • 26) La Zambie
  • IV. - LE PROCHE-ORIENT
  • 1) La crise du proche-orient
  • 2) L’Arabie saoudite
  • 3) L’Irak
  • 4) L’Iran
  • 5) Israël
  • 6) La Jordanie
  • 7) Le Liban
  • 8) Les Pays du golfe persique
  • 9) La République arabe unie (RAU)
  • 10) La Syrie
  • 11) Le Yémen
  • V. – L’ASIE
  • A) L’ASIE OCCIDENTALE
  • 1) L’Inde
  • 2) Le Pakistan
  • B) L’ASIE DU SUD-EST
  • 1) Le Cambodge
  • 2) L’Indonésie
  • 3) Le Laos
  • 4) Généralités Vietnam
  • 5) Le Nord-Vietnam
  • 6) Le Sud-Vietnam
  • C) L’EXTRÊME-ORIENT
  • 1) La République populaire de Chine
  • 2) Le Japon
  • VI. - L’AMÉRIQUE
  • A) L’AMÉRIQUE DU NORD
  • 1) Le Canada
  • 2) Les États-Unis
  • B) L’AMÉRIQUE LATINE
  • 1) L’Argentine
  • 2) La Bolivie
  • 3) Le Brésil
  • 4) Le Chili
  • 5) La Colombie
  • 6) Le Mexique
  • 7) Le Pérou
  • Juillet
  • 1 M. Hutte, Ambassadeur de France en Zambie, À M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères
  • 2 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, À M. Burin des roziers, Ambassadeur de France à Rome.
  • 3 Note de la sous-direction Algérie
  • 4 Compte rendu de Mission pour M. Bruno de Leusse
  • 5 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 6 M. Fontaine, Ambassadeur de France à Sofia, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 7 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 8 Note de la direction d’Afrique-Levant sous-direction d’Afrique
  • 9 Note
  • 10 Compte rendu
  • 11 Compte rendu
  • 12 M. Rostain, Ambassadeur de France à Niamey, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 13 M. de Courson de la Villeneuve, Ambassadeur de France à Kinshasa, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 14 Note De la direction d’Afrique-Levant, sous-direction d’Afrique
  • 15 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères. à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 16 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Boegner, Représentant permanent de la France auprès des Communautés européennes.
  • 17 M. Boegner, Représentant permanent de la France auprès des Communautés européennes. à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 18 M. Siraud, Ambassadeur de France à Ottawa, À M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 19 M. Burin des Roziers, Ambassadeur de France à Rome, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 20 M. Georgy, Ambassadeur de France à Tripoli, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 21 M. Dauge, Ambassadeur de France à Phnom Penh, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 22 Note de la direction des Affaires économiques et financières (service de coopération économique)
  • 23 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 24 Note
  • 25 Compte rendu
  • 26 Note
  • 27 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, À divers Représentants diplomatiques de la France à l’étranger.
  • 28 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 29 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 30 Compte rendu de la réunion du lundi 13 juillet 1970 au palais du peuple
  • 31 Note de la sous-direction d’Europe centrale
  • 32 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 33 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 34 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 35 Note du Premier ministre à l’attention du Président de la République
  • 36 Note de la sous-direction d’Europe méridionale
  • 37 Note du service des Affaires scientifiques pour le Ministre
  • 38 Le Ministre des Affaires étrangères, à M. Le Ministre de l’Économie et des Finances.
  • 39 M. Manac’H, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 40 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à différents Représentants diplomatiques de la France à l’étranger.
  • 41 M. Delauney, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Libreville, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 42 M. Pofilet, Ambassadeur de France au Soudan, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 43 M. Chayet, représentant permanent de la France a.i. au Conseil de sécurité, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 44 Compte Rendu
  • 45 M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, à M. de Tricornot de Rose, représentant permanent de la France auprès de l’Otan.
  • 46 M. de Bouteiller, ambassadeur de France à Djeddah. à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 47 M. Barbey, Ambassadeur de France à Lagos, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 48 M. de Schonen, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Bangui, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 49 M. Dorget, Ambassadeur de France à Lima, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 50 Le Président de la République centrafricaine, à M. Pompidou, Président de la République française.
  • 51 M. Boegner, Représentant permanent de la France auprès des Communautés européennes. à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 52 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Touzé, ambassadeur de France à Port-Louis.
  • 53 M. Calvy, chargé d’Affaires de France a.i. en Bolivie, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 54 M. Pompidou, président de la République française à M. Diori, président de la République du Niger
  • 55 M. Lucet Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 56 M. Chodron de Courcel, Ambassadeur de France à Londres, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 57 M. Raphaël-Leygues, Ambassadeur de France à Abidjan, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 58 M. Bourhis, chargé d’Affaires de France a.i. à Bujumbura, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 59 Note de la direction des Affaires politiques, Amérique
  • 60 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 61 Note Direction des Affaires africaines et malgaches
  • 62 M. Alphand, Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, à M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou.
  • 63 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 64 M. Malo, chargé d’Affaires de France a.i. à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 65 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 66 Note de la sous-direction du Levant
  • 67 Note de la sous-direction du Levant
  • Août
  • 68 Note entretien du Secrétaire général avec l’ambassadeur d’Afrique du Sud le 31 juillet 1970
  • 69 Note de la direction d’Amérique pour le cabinet du ministre
  • 70 M. Lucet Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 71 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 72 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 73 Note de la direction d’Afrique-Levant sous-direction d’Afrique
  • 74 M. d’Harcourt, Ambassadeur de France à Dublin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 75 M. Radius, Consul général de France à Luanda, à M. Tiné, Ambassadeur de France à Lisbonne.
  • 76 Note
  • 77 M. Anthonioz, Ambassadeur de France à Accra à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères,
  • 78 M. Gaultier de La Ferrière, chargé d’Affaires de France a.i. à Budapest, M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 79 M. Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 80 Note pour Monsieur le Ministre
  • 81 M. Belloir, chargé d’Affaires de France a.i. au Pakistan, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 82 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 83 M Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 84 M Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 85 M. de Courson de la Villeneuve, Ambassadeur de France à Kinshasa, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 86 M. Delahaye, premier conseiller à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 87 M. Vimont, Ambassadeur de France à Prague, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 88 M. Couturier, chargé d’Affaires de France à Libreville, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 89 Note de la direction des Affaires économiques et financières (service de coopération économique)
  • 90 M. Doudinot de la Boissière, Ambassadeur de France à Kigali, à M. Bourges, secrétaire d’État auprès du Ministre des Affaires étrangères.
  • 91 M Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 92 M. Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 93 M. Delahaye, chargé d’Affaires de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 94 M. Delahaye, chargé d’Affaires de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 95 Compte rendu
  • Septembre
  • 96 Université de Vishva Bharat Ram, à M. Pompidou, Président de la République Française.
  • 97 M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, à M. Cerles, ambassadeur de France à Bagdad.
  • 98 M. Dufournier, Ambassadeur de France à Beyrouth, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 99 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 100 M. Siraud, Ambassadeur de France à Ottawa, À M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 101 Note
  • 102 M. Cerles, ambassadeur de France à Bagdad, à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères
  • 103 M. Chodron de Courcel, Ambassadeur de France à Londres, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 104 Note
  • 105 Note
  • 106 Compte rendu de la conversation entre M. Maurice Schumann et M. Kozyrev
  • 107 Compte rendu
  • 108 Note De la direction des Affaires politiques pour le ministre
  • 109 Note de la sous-direction d’Afrique
  • 110 M. Merillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 111 M. Toffin, Ministre-délégué, adjoint au chef du gouvernement militaire français à Berlin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 112 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 113 Note de la sous-direction d’Afrique
  • 114 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères au Ministère des Affaires étrangères à Paris,
  • 115 M. de Courson de la Villeneuve, Ambassadeur de France à Kinshasa, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 116 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 117 M. Tiné, Ambassadeur de France à Lisbonne, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 118 M. d’Halloy, consul général de France à Jérusalem, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 119 Note de la direction d’Afrique-Levant sous-direction du Levant
  • 120 M. Dauge, Ambassadeur de France à Phnom Penh, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 121 Note De la direction des Affaires économiques et Financières
  • 122 M. Mérillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 123 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 124 M. Kosciusko-Morizet, Ambassadeur, Représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et Chef de la mission permanente française auprès des Nations unies, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 125 M. Mérillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 126 M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, à M. Cerles, ambassadeur de France à Bagdad
  • 127 M. Burin des Roziers, Ambassadeur de France à Rome, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 128 M. Servoise, Délégué général de France à Hanoï, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 129 M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, aux représentants diplomatiques de la France dans les pays de l’Otan ainsi qu’à Moscou et Helsinki.
  • 130 Le ministre des Affaires étrangères, à M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara.
  • 131 Note de la sous-direction d’Afrique
  • 132 Compte rendu
  • 133 M. Mérillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 134 M. Puaux, Ambassadeur de France au Caire, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 135 M. Charles-Roux, Ambassadeur de France à Téhéran, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 136 M. Kosciusko-Moriset, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française auprès de l’Onu à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 137 Note de la direction Afrique-Levant, sous-direction d’Afrique
  • 138 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 139 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 140 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 141 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 142 Compte rendu
  • 143 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 144 Note de la direction d’Asie-Océanie
  • Octobre
  • 145 Note
  • 146 M. Gorce, Ambassadeur de France à Djakarta, à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères.
  • 147 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 148 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 149 M. Chodron de Courcel, Ambassadeur de France à Londres, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 150 M. Benard, ambassadeur de France à Addis-Abeba, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 151 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 152 Compte rendu
  • 153 M. Servoise, Délégué général de France à Hanoï, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 154 Note De la direction des générale des relations culturelles, scientifiques et techniques
  • 155 Note Du service des Affaires scientifiques
  • 156 M. Brandt, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, à M. Pompidou, Président de la République française.
  • 157 Compte rendu de l’entretien du président de la République avec les dirigeants soviétiques au Kremlin
  • 158 M. de Luze, Ambassadeur de France en Afrique du Sud, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 159 M. Doudinot de la Boissière, Ambassadeur de France à Kigali, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 160 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 161 Compte rendu de l’entretien du président de la République avec les dirigeants soviétiques au Kremlin
  • 162 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 163 Le Ministère des Affaires étrangères, à M. Kosciusko-Morizet, Ambassadeur, Représentant permanent au Conseil de sécurité et Chef de la mission permanente française près les Nations unies.
  • 164 Note de la sous-direction d’Europe orientale
  • 165 M. Boegner, Représentant permanent de la France auprès des Communautés européennes. à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 166 M. Siraud, Ambassadeur de France à Ottawa, À M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 167 Compte rendu de l’entretien du président de la République avec Brejnev, Kossyguine et Podgorny, au cours d’un dîner dans une datcha près de Moscou (probablement Zoubovka, aux environs d’Ouspenskaié)
  • 168 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 169 M. Sebilleau, Ambassadeur de France à Belgrade, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 170 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, À différents représentants diplomatiques de la France à l’étranger.
  • 171 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 172 M. Delaye, Ambassadeur de France à Ouagadougou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 173 M. Wapler, Ambassadeur de France à Ankara, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 174 Compte rendu
  • 175 Note du service des Affaires scientifiques pour le Ministre
  • 176 Note de la sous-direction d’Europe orientale
  • 177 M. Wibaux, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française au Tchad, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 178 Note de la sous-direction d’Europe centrale
  • 179 M. Mérillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 180 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 181 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 182 de la direction des Affaires politiques (sous-direction Asie-Océanie)
  • 183 Compte rendu
  • 184 Compte rendu
  • 185 Note de M. de Schonen
  • 186 M. Kosciusko-Morizet, Ambassadeur, Représentant permanent au Conseil de sécurité et Chef de la mission permanente française près les Nations unies, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 187 Note de la Direction des Affaires africaines et malgaches
  • 188 Compte rendu
  • 189 M. Kosciusko-Morizet, Ambassadeur, Représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et Chef de la mission permanente française auprès des Nations unies, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 190 Note de la direction des Affaires politiques Afrique-Levant sous-direction du levant
  • 191 M. Kosciusko-Moriset, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française auprès de l’Onu à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 192 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 193 Note du service des Affaires scientifiques
  • 194 Note de M. de Lipkowski pour le Ministre.
  • 195 Compte-rendu
  • 196 M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, à M. Legendre, Ambassadeur de France à Islamabad.
  • 197 Note de la sous-direction d’Europe centrale
  • 198 Note de la sous-direction d’Europe orientale
  • 199 Note De la direction d’Afrique-Levant sous-direction d’Afrique
  • 200 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 201 M. Cerles, ambassadeur de France à Bagdad, à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères
  • 202 M. Cerles, ambassadeur de France à Bagdad, à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères
  • 203 M. Cerles, ambassadeur de France à Bagdad, à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères
  • Novembre
  • 204 Note de la direction des Affaires politiques, Afrique-Levant
  • 205 Note
  • 206 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 207 M. Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 208 Note de la sous-direction d’Europe orientale
  • 209 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 210 M. Manac’h, Ambassadeur de France à Pékin, à M. Laurent, Directeur général des Relations culturelles, scientifiques et techniques.
  • 211 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 212 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 213 M. de Menthon, Consul général de France à Québec, À M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 214 M. Lefebvre de Laboulaye, Ambassadeur de France à Rio de Janeiro, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères,
  • 215 M. Merlot, chargé d’Affaires de France a.i. à Bangui, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 216 M. Gastambide, Ambassadeur de France à Budapest, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 217 M. Merillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 218 M. Rostain, Ambassadeur de France à Niamey, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 219 Note de la direction des Affaires politiques (sous-direction d’Europe occidentale)
  • 220 Note de la sous-direction d’Europe méridionale pour le Cabinet du Ministre
  • 221 Compte rendu de l’entretien entre le ministre et l’ambassadeur des États-Unis
  • 222 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Dufournier, Ambassadeur de France à Beyrouth.
  • 223 Note de la sous-direction d’Europe orientale
  • 224 Compte rendu Audience du Sénateur Charles Percy, Républicain
  • 225 Compte rendu
  • 226 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 227 M. de Saint-Légier de la Sausaye, Ambassadeur de France à Santiago, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 228 Compte rendu
  • 229 Compte rendu
  • 230 Note
  • 231 Compte rendu
  • 232 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 233 Compte Rendu
  • 234 M. Charles-Roux, Ambassadeur de France à Téhéran, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 235 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Dufournier, Ambassadeur de France à Beyrouth.
  • 236 Note pour le Ministre
  • 237 Note de la sous-direction d’Afrique
  • 238 Note
  • 239 M. Chodron de Courcel, Ambassadeur de France à Londres, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 240 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches pour le Ministre
  • 241 M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, aux représentants diplomatiques de la France en Europe ainsi qu’à Washington
  • 242 Note
  • 243 Note de la sous-direction du Levant
  • 244 Note de la direction d’Amérique pour le secrétaire d’État
  • 245 Note De la direction des Affaires politiques, Afrique-Levant sous-direction du Levant
  • 246 M. Ross, Ambassadeur de France à Vientiane, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 247 M. Sebilleau, Ambassadeur de France à Belgrade, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 248 M. Argod, ambassadeur de France à Dakar, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 249 Note pour le Cabinet du Ministre
  • 250 Note de la direction des Affaires économiques et financières.
  • 251 M. Gillet Ambassadeur de France à Madrid, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères
  • 252 Note de la direction des Affaires politiques. Afrique du Nord pour le Ministre
  • 253 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 254 Note De la direction des Affaires économiques et financières pour la direction des Nations unies et organisations internationales
  • Décembre
  • 255 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à différents Représentants diplomatiques de la France à l’étranger.
  • 256 Note de la direction des Affaires politiques (sous-direction Asie-Océanie)
  • 257 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches pour le Ministre
  • 258 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 259 M. de Schonen, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Bangui, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 260 M. Vimont, Ambassadeur de France à Prague, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 261 Note de la sous-direction d’Europe centrale
  • 262 M. Gastambide, Ambassadeur de France à Budapest, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 263 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 264 M. Benard, ambassadeur de France à Addis-Abeba, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 265 Compte Rendu Entretien tenu à l’Ambassade du Congo à Paris, le 8 décembre 1970
  • 266 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 267 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 268 M. Carton, Ambassadeur de France à Koweït, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 269 Compte rendu
  • 270 Compte rendu
  • 271 M. Chaban-Delmas, Premier ministre à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères
  • 272 M. Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 273 M. Roger Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France à Moscou, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 274 Note de la sous-direction d’Europe orientale
  • 275 M. Levasseur, Ambassadeur de France à Bogota, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 276 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 277 M. Lucet Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 278 M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 279 Note pour le Ministre
  • 280 Compte-rendu
  • 281 M. Mérillon, Ambassadeur de France à Amman, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 282 Note de la Direction des Affaires africaines et malgaches
  • 283 Note de la direction des Affaires africaines et malgaches
  • 284 M. Benard, ambassadeur de France à Addis-Abeba, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 285 M. Boegner, Représentant permanent de la France auprès des Communautés européennes. à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 286 M. Guth, chargé d’Affaires de France a.i. à Kigali, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 287 M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères, à M. Lucet, Ambassadeur de France à Washington.
  • 288 M. Kosciusko-Morizet, Ambassadeur, Représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et Chef de la mission permanente française auprès des Nations unies, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 289 Note
  • 290 M. Basdevant, Ambassadeur, Haut Représentant de la République française à Alger, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 291 Note de la direction des Affaires politiques
  • 292 Note de la sous-direction d’Afrique pour le ministre
  • 293 M. Jordan, Ambassadeur de France à Varsovie, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 294 Note De la direction des Affaires politiques. Afrique du Nord, au Secrétariat général à Paris
  • 295 Le Ministère des Affaires étrangères, à M. Georgy, Ambassadeur de France à Tripoli d’Afrique.
  • 296 Note de Dossier
  • 297 Note de la direction des Affaires économiques et financières
  • 298 Note de la sous-direction du Levant
  • 299 M. Gaussen, Consul général de France à Barcelone, M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • 300 M. Jordan, Ambassadeur de France à Varsovie, à M. Schumann, Ministre des Affaires étrangères.
  • INDEX DES NOMS DE PERSONNES
  • Cahier d’illustrations

DOCUMENTS DIPLOMATIQUES FRANÇAIS

1970

TOME II

(1er JUILLET – 31 DÉCEMBRE)

1

M. HUTTE, AMBASSADEUR DE FRANCE EN ZAMBIE,

    À M. SCHUMANN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

T. nos 165 à 169.

Lusaka, 1er juillet 1970.

Diffusion réservée.

(Reçu : 10 h. 53).

La visite de M. Carraud1 à Lusaka ne devait pas être terminée après l’entrevue avec le président Kaunda2, au cours de laquelle celui-ci avait exposé ses sentiments à l’égard de nos livraisons d’armes à l’Afrique du Sud et de notre participation à Cabora Bassa, avec des propos certes très fermes, mais exposés sur un ton modéré et avec un sourire aimable.

En effet M. Mark Chona3 nous invitait hier soir M. Carraud et moi4 à un cocktail qui, à notre surprise, était une sorte de séminaire auquel il avait convoqué six secrétaires permanents (2 n’avaient pas pu venir) et quelques hauts fonctionnaires.

La France fut prise à partie d’une façon très directe, quoique toujours courtoise, pour les livraisons d’armes. Cabora Bassa ne fut même pas évoqué. Au cours de ces discussions – dont j’ai malheureusement des expériences répétées et toujours aussi désagréables – les accusations contre la France furent cependant portées avec une nuance de retenue devant le porteur du message du président Pompidou, retenue que ces interlocuteurs n’ont généralement pas pour moi. C’est ainsi qu’ils ont évité de dire crûment que si la France ne décrétait pas l’embargo sur les armes à destination de l’Afrique du Sud, c’était autant dans un but lucratif que pour des raisons de haute stratégie. Mais dans l’ensemble la politique de notre pays en la matière ne fut pas ménagée.

Par rapport aux discussions du passé, je relève deux éléments nouveaux. Tout d’abord, aucune différence n’est plus faite entre armes défensives et offensives. Même les hélicoptères ne furent cités qu’incidemment. Cela peut tenir à ce que la Zambie considère que la différence est trop difficile à établir et que cela permet de jouer sur les mots. Cela tient aussi, selon une allusion de M. Chona, qu’une action préventive ou une réaction contre un « droit de suite » pourrait être envisagée par la Zambie. Mais il est possible aussi que l’on considère ici qu’une Afrique du Sud bien armée deviendrait sur le plan stratégique un élément important qui amènerait l’Occident à l’admettre comme une alliée indispensable.

Autre élément nouveau : le gouvernement conservateur britannique ne voudra pas résister à ses industriels et suivra l’exemple de la France qui sera ainsi à l’origine d’une véritable compétition pour armer l’Afrique du Sud aux meilleures conditions.

M. Chona a conclu ces débats en déclarant – comme l’avait fait le ministre des Finances, dont j’ai retransmis les paroles au Département dans ma dépêche no 565/AL du 18 novembre 19695 – que l’administration zambienne conclura difficilement des contrats intéressants avec la France tant que celle-ci continuera ses livraisons d’armes à l’Afrique du Sud.

Il n’y a aucun doute sur le fait que ce « séminaire » a été organisé avec l’accord de M. Kaunda, sinon même sur son instigation. Il révèle une répartition des rôles, le président se limitant à des considérations générales, et M. Chona, avec ou sans compères, procédant aux discussions de détail et au « corps à corps ».

(Afrique. Levant – Afrique - Zambie 1966–1970
Relations politiques avec la France – ZA 6-3
)

1 Pierre Carraud, conseiller des Affaires étrangères, est envoyé en mission auprès du président Kaunda pour lui exposer la politique de la France vis-à-vis des pays du sud de l’Afrique (Afrique du Sud, Rhodésie). Sa venue est annoncée par le président Pompidou dans sa lettre du 24 juin 1970 ; voir D.D.F. 1970-I le télégramme de Lusaka du 29 juin.

2 Le Dr Kenneth David Kaunda est président de la République de Zambie depuis le 24 octobre 1964.

3 Mark Chona, secrétaire permanent du ministère des Affaires étrangères de Zambie depuis 1965, est nommé le 18 février 1969 assistant spécial du président pour les Affaires étrangères.

4 Édouard Hutte, conseiller des Affaires étrangères, est ambassadeur de France à Lusaka depuis le 18 juillet 1969.

5 La dépêche de Lusaka no 565/AL du 18 novembre 1969 est intitulée : « Entrevue avec M. Mudenda, ministre des Finances ». Au cours de l’entretien E.N.K Mudenda, ministre des Finances de Zambie depuis novembre 1967, entreprend l’ambassadeur de France, Édouard Hutte, sur la question de la livraison d’armes à l’Afrique du Sud et sur le barrage de Cabora Bassa ; il manifeste de l’intérêt pour le charbon de la mine de Maamba, et se montre agacé lorsque l’ambassadeur lui parle de la construction du chemin de fer Tanzam par les Chinois.

2

M. SCHUMANN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

    À M. BURIN DES ROZIERS, AMBASSADEUR DE FRANCE À ROME.

T. nos 581 et 5821.

Paris, 1er juillet 1970, 14 h. 23.

Création à Florence d’une institution universitaire européenne

À la suite des récentes conversations franco-italiennes, un accord paraît se dégager sur le schéma que nous avions proposé à nos interlocuteurs en ce qui concerne le projet d’une institution universitaire européenne2.

Il s’agirait de créer à Florence un établissement de recherche et d’enseignement au niveau le plus élevé, qui porterait le nom d’institut d’études supérieures universitaires. Les premiers groupes de disciplines retenues seraient, comme nous le souhaitions, les disciplines historiques et divers aspects de droit communautaire.

Des liens contractuels pourraient être établis avec bon nombre d’universités nationales parmi lesquelles, bien entendu, celle de Florence.

La mission de l’institut tiendrait compte également du rôle assigné au futur institut de Milan pour la gestion de la technologie3.

La procédure pourrait désormais se dérouler de la manière suivante : le projet remanié serait adressé aux six États de la Communauté par le gouvernement italien en vue d’une conférence d’experts prévue au mois de septembre prochain à Florence.

Les conclusions des travaux des experts seraient soumises à l’approbation des ministres, dont la réunion couronnerait celle des experts.

L’institut pourrait commencer à fonctionner au début de l’année universitaire 1971/1972, compte tenu des mesures pratiques à adopter et des travaux à effectuer qui occuperaient la prochaine année universitaire.

(Collection des télégrammes, Bruxelles-Delfra, 1970)

1 Ce télégramme est adressé à Étienne Burin des Roziers, ambassadeur de France à Rome depuis le 4 juillet 1967.

2 Sur l’origine de ce projet voir : D.D.F. 1960-II, no 250 et D.D.F. 1961-II, nos 30 et 47. La convention relative à la création d’un institut universitaire européen est signée à Florence le 19 avril 1972. Il commence à assurer des cours en 1976.

3 Fondé sur une initiative de l’OCDE, l’institut international de gestion de la technologie de Milan est destiné à donner une formation avancée sur les nouvelles méthodes de gestion des systèmes technologiques complexes.

3

NOTE

DE LA SOUS-DIRECTION ALGÉRIE

Visite de M. Bencheikh de l’ambassade d’Algérie

N. no 269.

Paris, 1er juillet 1970.

Le sous-directeur d’Algérie1 a reçu le 1er juillet, sur sa demande, M. Bencheikh, secrétaire de l’ambassade d’Algérie2.

1°) Grande Commission.

Il s’agissait d’une visite de routine, mais très rapidement, M. Bencheikh en est venu à notre proposition de tenir le 27 juillet la première réunion de la grande commission franco-algérienne3. Il a, tout d’abord, demandé où en était l’élaboration de l’ordre du jour que la partie française devait soumettre à la partie algérienne. Il lui a été répondu que ce projet était prêt, en ce qui concerne le Département, et qu’il était actuellement soumis à l’approbation des différents ministres concernés.

M. Bencheikh a ensuite exposé les préoccupations de son gouvernement qui, sous réserve de l’examen de notre projet d’ordre du jour, voulait avoir l’assurance que les ministres réunis au sein de la grande commission auraient des pouvoirs de décision, de telle sorte que, à défaut de solutions immédiates, il soit au moins possible de dégager les principes essentiels de règlement des principaux problèmes pendant entre les deux pays. Du point de vue du gouvernement algérien, les dossiers étaient suffisamment connus sur le plan technique pour être désormais traités à l’échelon politique, sans nouveau renvoi aux travaux d’experts, sinon pour la mise en forme des décisions arrêtées par les ministres.

Bien entendu, le problème des hydrocarbures se trouvait au centre du débat. Il convenait toutefois de prendre en considération l’ensemble des échanges commerciaux entre la France et l’Algérie, ce que ce dernier pays demandait en vain depuis 1968. C’est la raison pour laquelle le gouvernement d’Alger était convaincu de la nécessité de « globaliser » la négociation, de telle sorte qu’un équilibre satisfaisant puisse être trouvé entre les intérêts des deux parties.

En d’autres termes, on s’interrogeait du côté algérien sur le sens et la portée que nous entendions donner à l’éventuelle réunion de la grande commission avant la fin du mois. On craignait qu’il ne s’agisse que d’une mesure pour rien, d’un rideau de fumée qui traduirait en fait un constat d’échec. Les conséquences en seraient très graves pour l’avenir des relations bilatérales et, par contrecoup, pour le parallélisme heureusement constaté depuis plusieurs années dans les grandes orientations des deux pays sur le plan international. La question se posait donc de savoir si l’on considérait, du côté français, que les problèmes avaient suffisamment mûri pour que les ministres s’en saisissent le 27 juillet et soient en mesure de les régler, au moins dans leurs grandes lignes.

M. Barbier a répondu à son interlocuteur qu’il ne lui appartenait pas de s’engager sur les problèmes économiques et commerciaux qui n’étaient pas de sa compétence. Quant à la question de l’opportunité de réunir la grande commission, il semblait à la partie française qu’il convenait d’enrayer le processus de dégradation constaté ces dernières semaines et d’éviter l’escalade des mesures unilatérales4. C’est d’ailleurs dans cet esprit que les deux gouvernements étaient convenus d’instituer la grande commission et le moment paraissait venu de la réunir. Au demeurant, M. Malek5 avait eu tout récemment l’occasion d’exposer au Secrétaire général du Département les préoccupations de son gouvernement à ce sujet et M. Alphand6 lui avait exposé le point de vue du gouvernement français. Il n’y avait rien, pour l’instant, qui puisse y être ajouté.

M. Bencheikh en est convenu. Il tenait cependant à préciser que l’incertitude dans laquelle se trouvait son gouvernement quant aux finalités que nous assignions à la réunion proposée était telle qu’il avait prescrit à son ambassade à Paris de poser le problème à tous les échelons. Il lui importait, en effet, qu’il n’y ait aucun doute chez le partenaire français sur le point de vue des dirigeants d’Alger, pour lesquels la réunion de la grande commission ne se justifiait que si elle offrait un espoir sérieux de dégager la solution des principaux problèmes en instance. On pouvait, dans cet esprit, se demander si un délai supplémentaire de réflexion et de préparation ne serait pas nécessaire, l’essentiel étant de ne pas risquer un échec.

2°) Relations franco-espagnoles.

M. Bencheikh a ensuite abordé le problème des relations franco-espagnoles et demandé quelques explications sur la genèse et la portée de l’accord de coopération militaire signé à Madrid7. Après lui avoir précisé que notre ambassadeur à Alger avait pris l’initiative, sur instruction du Département, de donner toutes indications utiles à ce sujet au ministère algérien des Affaires étrangères, M. Barbier a rapidement résumé les éléments d’information qui avaient été donnés par le Département à nos ambassadeurs en Afrique du Sud.

3°) Statut de la Mosquée de Paris8.

Le diplomate algérien a ensuite indiqué que les trois ambassades du Maghreb à Paris, de plus en plus préoccupées par la situation juridique et les méthodes de gestion de la mosquée de Paris, avaient décidé d’en saisir à nouveau le Département par une démarche conjointe. À cet effet, une note était en cours d’élaboration qui serait prochainement remise à la Direction d’Afrique du Nord, sans doute dès la semaine prochaine.

4°) Incidents de Belleville9.

M. Bencheikh a rappelé la note verbale que son ambassade avait remise le 23 juin au Département au sujet des récents incidents survenus dans le quartier de Belleville entre Nord-Africains musulmans et Israélites. Le fait que seuls des musulmans aient été arrêtés et que seuls des Algériens aient été jusqu’ici condamnés avait suscité une très vive émotion, tant dans les milieux gouvernementaux – M. Kaïd Ahmed10, de passage à Paris il y a trois jours, s’en était fait l’écho auprès de l’ambassade en termes très sévères – qu’au sein de la colonie algérienne. Celle-ci acceptait les condamnations, sans doute justifiées, ressentait avec beaucoup d’amertume l’impunité dont bénéficiaient les manifestants de confession israélite et le déni de justice qui en résultait.

M. Bencheikh avait pour instruction de rappeler la note verbale précitée et plus précisément les demandes instantes de son gouvernement tendant :

– d’une part, à ce que l’enquête soit poursuivie, les manifestants israélites coupables de violences arrêtés et déférés devant les tribunaux (deux ressortissants algériens, en particulier, avaient été très grièvement blessés à la gorge par des coups de rasoir) ;

– d’autre part, à ce qu’aucune mesure d’expulsion ne soit prise à l’encontre des ressortissants algériens, tous très honorables, déjà lourdement sanctionnés par le tribunal à la suite de ces incidents.

L’ambassade d’Algérie souhaitait qu’en donnant une suite favorable à sa requête, l’administration française reconnaisse le bon comportement général de la colonie algérienne et la rapidité avec laquelle ses ressortissants s’étaient conformés aux appels au calme et à la discipline que leur transmettaient les agents de l’ambassade dépêchés sur les lieux.

Il est à noter que, dès réception de la note algérienne, la direction des Conventions administratives et des Affaires consulaires a saisi la Chancellerie du problème, tout au moins en ce qui concerne le cas des ressortissants algériens mis en état d’arrestation, mais non jugés en audience de flagrant délit.

(Direction d’Afrique du Nord, 1966–1975, Algérie, 1970, les relations
franco-algériennes
)

1 Cette note porte la signature de M. Yves Barbier, conseiller des Affaires étrangères, délégué dans les fonctions de sous-directeur Algérie au Département, depuis septembre 1966.

2 Mourad Bencheikh est deuxième secrétaire de l’ambassade d’Algérie à Paris depuis 1970.

3 Une grande commission mixte franco-algérienne est constituée, à l’échelon ministériel, au terme de la visite en Algérie de M. Schumann, ministre des Affaires étrangères, du 2 au 4 octobre 1969. Cette commission a pour mission de préparer l’avenir des relations de toute nature entre les deux pays. Le projet d’ordre du jour de la réunion de la grande commission franco-algérienne, proposé au gouvernement algérien, est transmis par le télégramme de Paris à Alger nos 673 et 674 du 4 juillet 1970, non publié. Le télégramme d’Alger nos 2033 à 2035 du 16 juillet fait part de l’ajournement de cette réunion.

4 Toutes les sociétés pétrolières françaises titulaires de concessions en Algérie ont reçu, le 25 juin 1970, une lettre du ministre algérien de l’Industrie et de l’Énergie, M. Belaïd Abdesselam, leur prescrivant de rapatrier désormais en Algérie la contre-valeur de 1,80 dollar par baril de pétrole et de condensat exporté, ce qui représente environ 90 à 95 % de leurs recettes en devises. Se reporter aux télégrammes d’Alger nos 1811 à 1814 et 1815 à 1823 du 25 juin 1970, non publiés.

5 M. Redha Malek est ambassadeur d’Algérie à Paris depuis le 3 juillet 1965.

6 M. Hervé Alphand est Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères depuis le 7 octobre 1965.

7 L’accord de coopération militaire franco-espagnol est signé à Madrid le 22 juin 1970. Il entre en vigueur à la signature.

8 La décision de construire la Mosquée de Paris, première mosquée construite en France métropolitaine, se concrétise après la Première Guerre mondiale pour rendre hommage aux morts de confession musulmane qui ont combattu pour la France. La société des Habous, association créée spécialement à cet effet en 1917, est chargée de construire la mosquée. Financée par la France (loi du 19 août 1920) qui accorde un crédit de 500 000 F pour la construction d’un Institut musulman regroupant une mosquée, une bibliothèque et une salle d’étude et de conférences, elle est inaugurée le 16 juillet 1926. Le 18 mai 1957, par arrêté publié au Journal Officiel de la République française du 21 mai, Guy Mollet, président du Conseil, prend une « décision portant agrément de M. Boubakeur Hamza Ben Kaddour en qualité de directeur de l’Institut musulman de la Mosquée de Paris ». C’est un coup de force imposé par les circonstances mais qui place directement cet établissement sous l’autorité de la France. Les justifications mentionnées dans l’arrêté « agréant » M. Boubakeur (sans qu’aucune autre instance n’ait proposé sa nomination) indiquent la complexité de la situation juridique de la Mosquée de Paris. L’Institut musulman est rattaché administrativement, le 24 septembre 1957, au ministère de l’Intérieur, en remplacement du ministère des Affaires étrangères.

9 Le 15 juin 1970, de violentes échauffourées éclatent dans le quartier de Belleville à Paris, opposant juifs et musulmans, suscitant une forte émotion dans l’opinion, apeurée par d’hypothétiques affrontements communautaires ou interethniques.

10 M. Kaïd Ahmed (commandant Slimane) est membre du Conseil de la Révolution (constitué le 19 juin 1965), secrétaire général du Front de libération national algérien (FLN) depuis 1967.

4

COMPTE RENDU DE MISSION

POUR M. BRUNO DE LEUSSE

Directeur des Affaires africaines et malgaches1

Mission en RCA

C.R. no 361/DAM2.

Paris, 1er juillet 1970.

1°) Les travaux du Comité mixte franco-centrafricain réuni à Bangui du 24 au 27 juin, en application de l’accord de Coopération en matière monétaire, économique et financière, se sont déroulés dans une excellente atmosphère. (Relevé des conclusions et communiqué final ci-joints)3.

Du côté centrafricain, le mérite en revient certainement à M. François Pehoua, commissaire général au Trésor public de la RCA, chef de délégation, qui ne s’est pas départi, au cours des conversations, d’un grand esprit d’objectivité et a abordé les quelques points délicats de l’ordre du jour avec tact et intelligence. La compétence professionnelle des autres membres de la délégation centrafricaine était, il faut en convenir, assez inégale ; tous ont fait preuve à notre égard de dispositions amicales.

2°) Dès la première séance, se référant à la lettre en date du 7 avril 19704 du Président centrafricain à Monsieur le Président de la République française, la délégation de la RCA a marqué l’importance que les autorités de Bangui attachent aux suites qui seront réservées à cette correspondance qui constitue une demande d’indemnisation des charges supplémentaires découlant pour les finances centrafricaines de la dévaluation française.

M. Pehoua a demandé l’inscription de cette affaire sous la rubrique « divers » de l’ordre du jour5.

Au total, les autorités centrafricaines évaluent à 1 milliard 100 millions de Frs CFA le préjudice résultant pour elles de l’opération monétaire d’août 1969. Les dernières pièces du dossier justificatif sont parvenues tout récemment au ministère français de l’Économie et des Finances où elles vont être étudiées.

En tout état de cause, la situation des finances centrafricaines apparaît critique. Le budget de 1970, établi tardivement, est en déséquilibre6 ; par ailleurs, le montant des créances restant à régler au titre des exercices antérieurs s’élèverait, selon certaines estimations, à 2 milliards de Frs CFA. On s’attend donc à de sérieuses difficultés de trésorerie au cours des prochains mois. Il n’est pas douteux que, même si la dévaluation n’avait pas eu lieu, la RCA aurait été appelée à rechercher à l’extérieur certains moyens financiers susceptibles, sinon de résoudre entièrement, du moins d’atténuer ses difficultés actuelles.

3°) Il reste qu’en dépit de la faiblesse de son économie et du handicap constitué par son éloignement de la mer, ce pays accomplit un effort sérieux notamment dans le domaine de la production agricole qui intéresse l’immense majorité de la population. L’opération « Bokassa »7 a produit des effets positifs. Ainsi les exportations de coton-fibre (17 000 tonnes en 1969 d’une valeur de plus de 2 milliards 300 millions de Frs CFA) dépassent-elles de très loin celles qui étaient effectuées au moment de l’indépendance.

Les perspectives de développement ne sont pas mauvaises en ce qui concerne les cultures de café (9 100 tonnes en 1969). Les exportations de bois sont en très net progrès (près de 60 000 m3) ; en valeur elles sont passées de 300 millions de Frs CFA en 1968 à plus de 600 en 1969.

Dans le secteur minier, la production des diamants constitue une intéressante ressource ; les ventes ont représenté plus de 4 milliards de Frs CFA en 1969.

Enfin la mise en exploitation des mines d’uranium de Bakouma et l’installation de deux nouvelles usines textiles du groupe Agache-Villot sont évidemment de nature à valoriser sensiblement l’économie centrafricaine.

Les autorités de Bangui sont toutefois préoccupées par la saturation du chemin de fer Congo-Océan dont la RCA est tributaire tant pour ses approvisionnements que pour ses exportations. Nos interlocuteurs nous ont marqué l’intérêt qu’ils attachent à la création d’une liaison ferroviaire Bangui-Douala. Cette affaire en est encore au stade des études mais, d’ores et déjà, le gouvernement centrafricain souhaite, dans ce domaine, l’appui du gouvernement français.

4°) En matière de commerce extérieur, nous ne pouvons que nous féliciter du pourcentage élevé des échanges de la RCA avec notre pays. Pour l’année 1969, 54,5 % des biens importés par la RCA étaient originaires de la France qui recevait 51,2 % des exportations centrafricaines.

On peut craindre cependant que l’orientation des échanges ne se modifie à l’avenir et que le commerce avec les pays de l’Est, en particulier, ne connaisse certains développements à notre détriment.

En tout état de cause, il conviendra, pour le maintien de nos positions, que les maisons françaises de Bangui (qui, en bien des cas, représentent, à la fois, des marques françaises et étrangères) fassent preuve d’un plus grand dynamisme commercial en faveur de nos productions nationales.

5°) Ayant exercé en RCA, de 1956 à 1959, des fonctions dévolues aujourd’hui aux membres du corps préfectoral, j’étais curieux de revoir ce pays après onze ans d’absence.

À vrai dire, il ne m’a pas semblé que la nature des rapports humains entre Français et Centrafricains ait tellement changé. Encore qu’il faille faire preuve de prudence en pareille matière, surtout après une aussi brève mission, nos interlocuteurs m’ont paru relativement moins « complexés » que lors de l’indépendance et de rapports apparemment plus faciles qu’à cette époque. Sauf exceptions, nos compatriotes ne se déplaisent pas en RCA où ils n’ont pas le sentiment d’être entièrement des étrangers, bien que des mesures récentes aient confirmé certains dans le sentiment de la précarité de leur situation. Les contacts de la colonie française avec la population africaine sont assez nombreux ; des relations souvent très anciennes se poursuivent. Plusieurs de nos interlocuteurs m’ont, de façon familière, donné des nouvelles d’Européens ou d’Africains que j’avais connus autrefois.

Notre ambassade jouit actuellement d’un prestige certain. Le discours prononcé par M. de Schonen lors du dîner qu’il a offert en l’honneur des deux délégations, de même que le communiqué final publié à l’issue de nos travaux ont été intégralement diffusés sur les antennes de Radio-Bangui.

En ce qui concerne la vie des circonscriptions de l’intérieur, les quelques informations que j’ai pu recueillir m’inclinent à un jugement assez réservé. Je crains qu’une détérioration assez sensible de l’appareil administratif ne se soit produite et ne se poursuive, notamment dans l’exercice des fonctions d’autorité et dans les domaines de la justice, de la fiscalité et de la santé.

(DAM, Direction des Affaires africaines et malgaches,
République centrafricaine, 1970–1972
)

1 M. Bruno de Leusse de Syon, ministre plénipotentiaire, est chargé des Affaires d’Afrique-Levant au Département, depuis janvier 1970.

2 Ce compte rendu est signé par M. Jacques Bertrand, conseiller des Affaires étrangères, à la direction des Affaires africaines et malgaches au Département, depuis août 1961.

3 Ces documents ne sont pas joints au présent compte rendu mais sont classés dans le dossier d’archives DAM, direction des Affaires africaines et malgaches, 1970–1972, no 39. L’ordre du jour de ce Comité mixte franco-centrafricain était le suivant : suites données aux conclusions de la précédente réunion ; examen des échanges en 1969 ; perspectives des échanges en 1970 ; problèmes de produits (coton, café, diamants, industries forestières) ; informations réciproques sur les accords conclus avec les pays tiers ; questions diverses (assurances, accord domanial, conséquences de la dévaluation sur les finances publiques centrafricaines). La délégation française était conduite par M. Pecriaux, chef du service des Relations économiques, monétaires et financières au secrétariat d’État aux Affaires étrangères.

4 Ici, il y a erreur de datation, la lettre du président Bokassa au président Pompidou est du 6 avril 1970. Elle est reproduite dans D.D.F. 1970-I.

5 Le 8 août 1969, le franc français est dévalué de 11,5 %. La situation financière de la RCA est exposée et commentée dans les télégrammes de Bangui, nos 748 à 759 du 22 juin 1970, et de Paris à Bangui nos 212 à 222 du 29 juin 1970. Ces documents ne sont pas reproduits. Les conséquences de la dévaluation du franc français en République centrafricaine ont fait l’objet d’un document établi par le ministère des Finances de la RCA, daté du 20 mai 1970, remis à M. Schumann, ministre des Affaires étrangères.

6 La masse globale du budget pour 1970 est en augmentation apparente de 5,5 % mais en fait de 11 % par rapport aux prévisions initiales de 1969.

7 « L’opération Bokassa » est un programme d’incitation de la population aux travaux agricoles. Cette campagne de retour à la terre est lancée dès la prise du pouvoir par le général Bokassa, en 1966. De grands progrès ont été réalisés dans la production du coton, café, manioc et arachide. Cette opération est complétée par la réforme agraire du 29 août 1970.

5

M. LUCET, AMBASSADEUR DE FRANCE À WASHINGTON,

    À M. SCHUMANN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

T. nos 3901 à 3909.

Washington, 2 juillet 1970.

 

(Reçu : le 3, 2 h. 22).

Conférence de sécurité européenne

Résultats de la réunion de Budapest

Je me réfère à la circulaire du Département no 241 et aux télégrammes de Repan Bruxelles nos 1196 et suivants.

Au département d’État, et comme le montre la déclaration faite au Conseil atlantique par le représentant américain, c’est une attitude de prudence qui prévaut à l’égard des récentes décisions prises à Budapest par les pays du Pacte de Varsovie.

Cependant, dans l’analyse préliminaire à laquelle ils se sont livrés, les services du département d’État notent que, si les textes de Budapest ont évité toute polémique, et s’efforcent de donner l’impression d’une approche conciliante, sur le fond l’attitude de l’Est ne paraît s’être rapprochée qu’assez faiblement des positions alliées :

– les pays communistes ont en effet rejeté le point de vue occidental selon lequel des progrès appréciables et préalables doivent être réalisés dans les négociations en cours, et notamment, en matière de sécurité ;

– l’idée émise du côté occidental de créer un organisme permanent permettant d’amorcer des négociations multilatérales a été transformée assez sensiblement, puisque cet organisme serait mis sur pied à la suite de la conférence de sécurité ;

– il est fait écho, pour la première fois, aux propositions relatives à la réduction mutuelle et équilibrée des forces, mais rien ne permet de penser que l’Est accepterait de discuter sérieusement de ce problème, lors de la conférence ou après celle-ci ;

– les suggestions occidentales en faveur d’un libre-échange des idées et des personnes sont ignorées ;

– sans doute, convient-il de noter que l’Est accepte d’ajouter à la liste des thèmes de discussion, les relations culturelles et les problèmes de l’environnement ;

– c’est également la première fois que la participation des États-Unis et du Canada est formellement acceptée.

À partir de cette analyse prudente, voire réservée, nos interlocuteurs affirment cependant qu’aucune position définitive n’a encore été arrêtée. Avant d’en arriver là, il convient tout d’abord de poursuivre l’étude des documents, puis de procéder à des consultations approfondies entre alliés. C’est alors seulement qu’il sera possible d’arrêter une opinion et une ligne de conduite.

C’est pourquoi, estime-t-on, il y a quelque chose de trop précipité dans les suggestions de procédure faites à Bruxelles par sir Bernard Burrows1. À la vérité, on cache mal un agacement, un peu étonné, à l’égard de Londres : on ne s’attendait pas, semble-t-il, à voir le gouvernement conservateur endosser aussi rapidement, en ce domaine, les vues de M. Wilson2.

Sans doute convient-il que le Conseil fasse un rapport, mais celui-ci ne saurait être mené à bien avant le début de septembre : on verrait alors ce qu’il convient de décider à propos d’une éventuelle réunion ministérielle. Toutefois, cette dernière question devrait être tranchée, non pas a priori, mais en tenant compte des positions qui auront été dégagées sur le fond du problème.

En revanche, peut-être pourrait-on envisager, d’ici la fin du mois de juillet, de faire publier par l’Alliance une sorte de communiqué de presse qui serait une réponse d’attente, et qui pourrait apaiser les préoccupations manifestées par certains alliés à l’égard de l’opinion publique.

Je me réfère à mon télégramme précédent.

En ce qui concerne l’interprétation à donner aux documents de Budapest, du point de vue des relations Est-Ouest, et sur le plan des intentions soviétiques, nos interlocuteurs du département d’État font remarquer que deux approches sont possibles.

D’une part, on pourrait considérer qu’en acceptant la perspective de négociations sur la réduction des forces étrangères, les pays de l’Est ont, partiellement, accepté la proposition occidentale, et qu’il y a donc là une concession limitée, mais portant sur le fond.

D’autre part, le fait de repousser une telle négociation à une date postérieure à la réunion d’une conférence de sécurité européenne constitue une évidente manœuvre tactique, qui peut vider de sa substance l’apparente concession faite aux thèses occidentales.

Quel est de ces deux aspects, celui qui, dans les intentions de Moscou, l’emporte ? Les experts du département d’État déclarent ne pas vouloir encore se prononcer. L’idée d’une réduction, voire d’une élimination des forces étrangères, a été souvent mise en avant par les pays de l’Est. Plus récemment, les Soviétiques ont, à diverses reprises, laissé entendre qu’ils seraient prêts à examiner des propositions concrètes qui leur seraient présentées en matière de réduction des forces mais ils insistaient à l’époque pour que l’affaire fût traitée en dehors de la conférence européenne, c’est donc sur ce point de procédure, qu’un certain infléchissement serait apparu. (À cela, on peut ajouter que, dans les propos tenus au début de l’année, soit au ministre néerlandais des Affaires étrangères3 – cf. télégramme de Moscou no 917 du 10 février, soit à M. Egon Bahr4 – cf. mon télégramme no 987 du 17 février, M. Gromyko aurait déjà laissé apparaître une certaine évolution dans ce sens).

En conclusion, et tout en réservant leur jugement final, nos interlocuteurs paraissent pencher davantage vers une interprétation tendant à donner aux décisions de la réunion de Budapest, une signification surtout tactique. Ils ne cachent pas qu’en tout état de cause, les Soviétiques ont exploité habilement les possibilités que leur offrait la proposition britannique de création d’une commission permanente.

Quant à l’attitude allemande, ils notent que les propos tenus devant le Conseil Atlantique sont plus nuancés et plus prudents que les déclarations publiques faites par le chancelier (cf. télégramme de Bonn 4366). L’attitude relativement favorable du gouvernement fédéral n’a pas surpris ici, car on savait que celui-ci souhaitait que la question de la réduction des forces fût examinée par la conférence de sécurité européenne, puis renvoyée, le cas échéant, à une commission ad hoc (cf. mon télégramme no 1579 du 13 mars).

On suppose ici que cette question a pu, en diverses circonstances, être évoquée bilatéralement entre Allemands et Soviétiques, et notamment lors des entretiens Bahr-Gromyko. On croit savoir aussi que M. Tsarapkine en aurait parlé au chancelier peu avant la réunion ministérielle de l’Alliance à Rome. On n’exclut donc nullement l’hypothèse selon laquelle cet aspect des choses constituerait un des multiples éléments de la négociation entre Bonn et Moscou.

(Collection des télégrammes, Washington, 1970)

1 Sir Bernard Burrows, représentant permanent du Royaume-Uni au Conseil atlantique depuis 1966.

2 Rt Hon. James Harold Wilson, dirigeant du parti Travailliste, Premier ministre de Grande-Bretagne de 1964 à 1970.

3 Joseph Luns, ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas depuis 1956.

4 Egon Bahr, diplomate et homme politique de la RFA ; il est depuis 1969 secrétaire d’État et plénipotentiaire du gouvernement fédéral à Berlin.

6

M. FONTAINE, AMBASSADEUR DE FRANCE À SOFIA,

    À M. SCHUMANN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

D. no 600/EU.

Sofia, 2 juillet 1970.

Lutte contre le « courant gris »

dans les arts et la littérature

La presse bulgare publie à intervalles réguliers des articles sur le « courant gris »1 dans la littérature et les arts et sur la nécessité de le combattre2. Lors de la conférence théorique de l’Union des écrivains bulgares qui s’était tenue en décembre 1969, de nombreuses interventions avaient été consacrées à la critique du « courant gris » particulièrement dans la poésie et la prose mais également dans d’autres arts.

La notion de « courant gris », qui n’est pas nouvelle est difficile à cerner. Le Rabotnichesko Delo du 14 juin indique que « l’impuissance artistique », « l’incapacité esthétique », la « négligence de la forme » n’en sont que des éléments. « L’essentiel » dans le « courant gris » poursuit le commentateur, « c’est sa passivité devant les problèmes du communisme », son « refus de penser civiquement ». Dans son rapport au congrès des peintres le 17 juin, M. Venelin Kotsev3, secrétaire du PCB, précise que la définition du courant gris ne comprend pas « seulement les œuvres médiocres, naturalistes, illustratives, mais aussi des œuvres pseudo-novatrices où le manque d’idée et de sentiment se dérobe derrière des effets de couleurs, des compositions sans but, derrière une virtuosité professionnelle sans âme ». En bref, la notion de « courant gris » désigne les œuvres artistiques qui, pour des raisons à la fois esthétiques et idéologiques, ne sont pas considérées comme satisfaisantes.

Depuis le congrès des Komsomols de Sofia en mars 19694, le journal du parti reprend avec constance les thèmes du rapport de M. Todor Jivkov5 sur le devoir des intellectuels : « Ils doivent placer au centre de leurs descriptions artistiques l’homme nouveau, l’édificateur du socialisme… ». Dans un éditorial du 10 avril le Rabotnichesko Delo insistait sur la nécessité pour les artistes d’être « plus près du peuple et plus près de la vie » et de consacrer leurs œuvres à des personnages éclatants tels « l’ouvrier, l’agriculteur, le communiste, le dirigeant communiste ». L’éditorialiste s’élevait contre les tentatives « d’ignorer, de minimiser ou de contourner » les principes et les critères de classe et de parti et insistait sur l’importance de la formation idéologique et communiste des créateurs.

À différentes reprises la presse bulgare a dénoncé en termes généraux et plus rarement en donnant des noms, « certains jeunes poètes, écrivains, metteurs en scène, peintres, compositeurs qui essayent d’imiter les courants modernistes de l’Occident et se prennent aux faux-semblants de la diversion idéologique de l’impérialisme qui spéculent sur des slogans éculés de « liberté créatrice » et de « littérature et art au-dessus des classes »6. C’est ainsi que des metteurs en scène de théâtre ont été vivement critiqués pour « des fautes idéologiques dans la mise en scène »7. Ce fut également le cas d’une des plus grandes poétesses bulgare, Blaga Dimitrova8, critiquée par Pouls9, journal littéraire des Komsomols, pour un grand nombre de « violations grossières du réalisme socialisme et de la philosophie marxiste-léniniste » et finalement pour son attitude « irresponsable » après la publication de 12 de ses derniers poèmes dans la revue bulgare Septembri.

La lutte contre « le courant gris » étant compliquée et noble, « il convient que l’État la développe et l’encourage ». Le critique, au premier chef, a un rôle à jouer dans ce domaine. On insiste pour qu’il se consacre à cette tâche avec une ardeur accrue, d’autant que ce combat est « plus nécessaire que jamais »10. Le rapport précité de M. Venelin Kotsev au congrès des peintres, souligne que le congrès se déroule « à un moment de lutte sévère entre l’idéologie socialiste et l’idéologie bourgeoise », et l’idéologue en chef ajoute, pour mieux situer son propos, que « les événements dans certains pays socialistes ont montré à quel point les conséquences peuvent être graves quand on ne riposte pas aux attaques de l’idéologie bourgeoise, lancées sous une forme bienveillante ».

Le nouveau président de l’Union des Peintres bulgares, M. Mirtchev11, affirme pour sa part dans l’Otecestven Front12 du 30 juin que « la direction de l’Union prendra une série de mesures pour la formation idéologique et pour le renforcement intellectuel des peintres, afin qu’ils puissent non seulement résister à toutes tentatives d’érosion idéologique, mais aussi, passer à l’offensive de l’art bourgeois moderne ».

La lutte contre « le courant gris » – notion suffisamment imprécise pour conférer à la vigilance du parti l’ubiquité optima – dans les arts et la littérature répond en fait à des préoccupations très précises. S’il s’agit en principe de créer un art « idéologiquement pur », l’essentiel est de combattre l’influence corrosive de l’Occident. Le rédacteur en chef d’un des grands hebdomadaires littéraires bulgares, le Litteraturen Front expliquait récemment à l’un de mes collaborateurs que la « diversion idéologique » agit au niveau du subconscient des individus qui, au contact de telle ou telle œuvre occidentale, ne peuvent même pas se rendre compte qu’ils sont contaminés. Il ne faut pas dans ces conditions s’étonner si le Rabotnichesko Delo énumère avec sérieux dans son édition du 29 juin, les mesures qui sont mises en œuvre à Varna, centre touristique par excellence de la Bulgarie, pour éviter « une contamination idéologique de la population par les touristes occidentaux »13.

Une pareille méfiance semble difficilement conciliable avec l’acceptation des pays membres du pacte de Varsovie de faire figurer à l’ordre du jour de la conférence européenne l’élargissement des échanges au domaine culturel. Elle est à l’origine des difficultés que rencontre quotidiennement le service culturel de cette ambassade dans son action, en particulier de diffusion et dont je me propose d’entretenir le Département par dépêche séparée avant la réunion de la commission mixte en octobre prochain14.

P.S. J’attire la particulière attention du Département sur la dernière des citations reproduites en annexe, qui constitue un intéressant commentaire d’une déclaration de M. Maurice Schumann.

1 Le « courant gris » des « ouvrages sans valeur littéraire », c’est-à-dire, en fait, sans valeur idéologique. Voir à ce sujet la dépêche no 131/EU du 26 février 1969, intitulée : la lutte idéologique et le devoir de l’écrivain, qui reprend un document publié par l’hebdomadaire Litteraturen Front, organe de l’Union des écrivains, se situant sur le plan de l’actualité politique bien plus que littéraire et correspond à la « ligne dure » du moment.

2 Note du rédacteur : « Un article a été de nouveau consacré à ce thème dans le Rabotnichesko Delo du 14 juin. Le premier congrès des peintres bulgares qui s’est réuni les 18, 19 et 20 juin à Sofia l’a également abordé au cours de ses travaux (bilan de l’activité des peintres bulgares, tâches qui se posent à eux dans le futur, élection du bureau de l’Union) ». « Je communique ci-joint au Département quelques extraits significatifs de divers textes récents ». Rabotnichesko Delo est l’organe officiel du parti communiste bulgare.

3 Venelin Kotsev, né en 1926, rejoint les Komsomols en 1940, est arrêté pour activités de résistance en 1944 et condamné à 10 ans de prison, libéré après la prise du pouvoir par les communistes en septembre 1944. Il travaille pendant près de 10 ans pour le komsomol et rejoint le parti communiste en 1946. En février 1951, il est élu membre du comité central du Komsomol, réélu en mai 1954. En 1956, il est nommé chef du département des institutions culturelles et éducatives au ministère de l’Éducation et de la Culture ; en 1959, il est chef du département cinématographique de ce même ministère. En novembre 1962, il est élu candidat-membre au comité central, le mois suivant, il abandonne le ministère de l’Éducation et de la Culture pour prendre la direction du département de la Culture et des Arts du comité central. Il est élu député à l’Assemblée nationale en février 1966, puis en novembre de la même année, élu membre à part entière du comité central et nommé secrétaire du comité central du PCB.

4 Note du rédacteur : « Ma dépêche no 215/EU du 26 mars 1969 ».

5 Todor Khristov Jivkov, né le 7 septembre 1911, homme politique bulgare, est secrétaire général du parti communiste bulgare depuis le 4 mars 1954, président du Conseil des ministres depuis 1962.

6 Note du rédacteur : « Rabotnichesko Delo des 22 et 26 mars 1970 ».

7 Note du rédacteur : « Rabotnichesko Delo du 27 avril 1970 ».

8 Blaga Dimitrova, née en 1922, est un écrivain, une romancière, traductrice, poétesse bulgare. Elle est diplômée en littérature slave de l’université de Sofia en 1945. À l’institut des jeunes écrivains, elle soutient en 1951 une thèse intitulée : « Maïakovski et la poésie bulgare ». Ses poèmes évoquent alors la résistance et la construction du socialisme. Elle publie son premier roman en 1966, « Voyage vers soi ». Elle se fait critiquer pour « apolitisme » ou pour « modernisme ». Les critiques se font de plus en plus violentes, elle est même accusée de « trahison envers la patrie ».

9 Note du rédacteur : « Pouls du 23 décembre 1969 ». Pouls est le journal littéraire des Komsomols.

10 Note du rédacteur : Rabotnichesko Delo du 14 juin : « parlant des « guerres puniques » qui sont menées contre les critiques ; l’auteur signale la « fermeté et la force morale » dont ont besoin ceux-ci pour défendre leur opinion honnête ».

11 Nicolas Mirtchev, président de l’Union des peintres bulgares.

12 Otecestven Front ou Front de la patrie, du nom de la coalition politique de gauche qui assume le pouvoir suite au coup d’État du 9 septembre 1944. Le président du premier gouvernement du Front de la Patrie est Kimon Gueorguiev du 9 septembre 1944 au 23 novembre 1946.

13 Se reporter à la dépêche de Sofia no 709/EU du 30 juillet 1970, non publiée, qui traite du problème de la diversion idéologique et des précautions à prendre pour enrayer l’infiltration touristique. Les villes des bords de la mer Noire, surtout l’été, sont particulièrement mises en garde. Le parti prévoit des écoles de marxisme sur les navires, car les marins se rendant en pays capitalistes peuvent être soumis à une diversion idéologique, et organise des séminaires théoriques pour les capitaines et chefs mécaniciens. Aucun domaine, pour les Bulgares, n’échappe à l’idéologie.

14 Les négociations de la commission mixte culturelle, scientifique et technique ont lieu à Sofia du 12 au 14, octobre 1970.

7

M. WAPLER, AMBASSADEUR DE FRANCE À ANKARA,

    À M. SCHUMANN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

D. no 8991.

Ankara, 2 juillet 1970.

Visite à Istanbul de six navires

de guerre français

Six bâtiments de l’escadre française de la Méditerranée, effectuant une croisière d’entraînement sous le commandement du contre-amiral Sauzay, après avoir participé à un exercice de l’OTAN, ont accompli du 25 au 29 juin, à Istanbul, une visite précédée et suivie d’une escale à Athènes et Naples.

Il s’agissait de trois escorteurs d’escadre – le Cassard2 (vaisseau amiral), le D’Estrées et le Forbin – de deux escorteurs rapides – le Vendéen et l’Agenais – et d’un bâtiment de soutien logistique, le Rhin.

Les autorités turques ont réservé le meilleur accueil à notre flotte dont la visite – bien que non officielle – a été marquée par de nombreuses cérémonies et réceptions qui ont été autant d’occasions de célébrer l’amitié entre les deux pays.

Je tiens à souligner l’excellent effet que produisait l’escadre française durant ces quatre jours où, alignée dans un ordre parfait, elle a stationné au cœur même du Bosphore, au large de l’ancien palais impérial de Dolmabahçe3, sorti en 1968 de sa torpeur pour accueillir le général de Gaulle.

Il convient de mentionner également la bonne impression produite sur la population locale par les nombreux marins de l’escadre, qui se sont signalés dans l’ensemble par la correction de leur tenue et auxquels les habitants d’Istanbul ont prodigué d’emblée les marques de sympathie dont ne bénéficient plus guère les marins d’une VIe Flotte4 dont les apparitions se font d’ailleurs de plus en plus rares.

Retenu à Ankara par la présentation de mes lettres de créance5, je n’ai pu prendre part aux manifestations organisées en l’honneur de l’escadre qu’à partir du soir du 26 juin marqué d’une réception au Palais de France, qui a permis à nos officiers de rencontrer les autorités turques. Avant mon arrivée à Istanbul, l’ambassade était représentée aux premières cérémonies par notre consul général6 et notre attaché militaire7.

Le premier jour de l’escale, des visites de courtoisie ont été échangées par l’amiral avec les autorités civiles et militaires d’Istanbul, le second fut marqué par diverses cérémonies du souvenir, au cours desquelles des gerbes furent déposées par l’amiral, d’abord au monument d’Atatürk, ensuite au cimetière français de Feriköy8 où reposent notamment les 26 000 morts de la guerre de Crimée. L’amiral célébra leur mémoire, après l’absoute, dans une courte allocution très appréciée du côté turc, où l’on vit une marque d’attention dans le soin apporté par l’orateur à évoquer la campagne de Crimée où Français et Turcs combattaient côte à côte. On nous rendit d’ailleurs la politesse, car le capitaine de vaisseau turc, chef d’État-major de la zone Nord, qui assistait à cette cérémonie aux côtés de l’amiral Sauzay, s’associa à l’hommage rendu à nos morts et fleurit lui aussi le monument français, un tel geste étant accompli pour la première fois par un officiel turc.

Une réception offerte par l’amiral à bord du Cassard, le soir du 28, clôtura cette visite, dont je ne voudrais pas terminer le compte rendu sans dire un mot de la conférence de presse qui, bien que restreinte, a été fort bien accueillie par les auditeurs de l’amiral Sauzay. Notamment les représentants de la télévision turque se montrèrent satisfaits des réponses très complètes données à leurs questions.

L’amiral, qui exprima en particulier son appréciation de l’excellente tenue des bâtiments turcs qu’il avait eu récemment sous ses ordres au cours de manœuvres interalliées, formula le vœu d’accueillir une escadre turque à Toulon. Il autorisa ses hôtes à photographier notre flotte, les entretint de l’armement de nos navires – modernes sans être nucléaires – et particulièrement des torpilles magnétiques destinées à la guerre sous-marine.

(Europe, Turquie, 1961–1970, relations politiques avec la France,
1970, no 143
)

1 M. Arnauld Wapler est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Ankara le 20 mars 1970. Il succède à ce poste à M. Gontran Begoügne de Juniac.

2 Le Cassard a été conçu comme escorteur antiaérien et anti-sous-marin. Mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de Bretagne à Nantes en novembre 1951, il est lancé en mai 1953 et mis en service en avril 1956. Au début des années 1960, il entre en grand carénage pour devenir navire de commandement. Le navire participe aux événements de Suez en novembre 1956. Le port-base du Cassard est Toulon durant toute son existence. Il devient, durant quelques mois, navire-amiral de l’escadre française de la Méditerranée, en remplacement du Colbert parti à Brest pour sa refonte en croiseur lance-missiles à partir de novembre 1969. Il est désarmé le 1er octobre 1974. La ville marraine du Cassard est Nantes.

3 Le palais de Dolmabahçe est situé à Istanbul, sur le côté européen du Bosphore et a servi en tant que principal centre administratif de l’Empire ottoman de 1853 à 1922, à l’exception d’une vingtaine d’années, entre 1889 et 1909, où fut utilisé le palais de Yildiz. Six sultans y résidèrent de 1856 à l’abolition du califat en 1924. Le dernier des califes à y vivre fut Abdülmecit II. Le 3 mars 1924, une loi transfère la propriété du palais au patrimoine national de la nouvelle République turque. Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de cette République, a utilisé le palais présidentiel comme résidence d’été. Il y mourut le 10 novembre 1938.

4 La VIe Flotte des États-Unis est une unité opérationnelle de l’US Navy opérant dans la mer Méditerranée. Elle dépend du commandement Naval Forces Europe. En 1946, une petite escadre, la Sixth Task Fleet de la US Naval Forces, Eastern Atlantic and Mediterranean est déployée en Méditerranée orientale pour contrer les menées de l’Union soviétique dans la région en ce tout début de guerre froide et en 1950, la VIe Flotte est créée sous son nom actuel. Son port d’attache fut la rade de Villefranche-sur-Mer entre 1945 et 1966, il est actuellement à Gaète en Italie. En 1964, la Ve Eskadra soviétique fait son apparition. En 1970, elle dépasse en nombre la flotte américaine.

5 Arnauld Wapler présente ses lettres de créance le 25 juin 1970. Voir le télégramme d’Ankara nos 432 et 433 du même jour, non repris.

6 Charles de Geis de Guyon de Pampelonne est consul général à Istanbul depuis juillet 1968.

7 Le colonel Eugène, Jules Henze est attaché des Forces armées, chef de poste, attaché militaire, naval et de l’air à Ankara depuis 1968.

8 Le cimetière catholique latin de Feriköy où des monuments ont été édifiés en mémoire des soldats français, italiens et savoyards tombés pendant la guerre de Crimée (1854–1856), guerre entre l’Empire russe et une coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, la France du Second Empire et le royaume de Sardaigne. Le 26 février 1856, un congrès s’ouvre à Paris, sous la présidence du ministre français des Affaires étrangères, Walewski. Les Anglais et les Français obligent la Russie à reconnaître l’indépendance de l’Empire ottoman Les négociations aboutissent le 30 mars 1856 à la signature du traité de Paris.

8

NOTE

DE LA DIRECTION D’AFRIQUE-LEVANT

SOUS-DIRECTION D’AFRIQUE

Visite au Président Kaunda

N.1

Paris, 2 juillet 1970.

Résumé des informations

Pages
XXXVIII, 878
Année
2014
ISBN (PDF)
9783035264043
ISBN (ePUB)
9783035296150
ISBN (Relié)
9782875741523
DOI
10.3726/978-3-0352-6404-3
Langue
français
Date de parution
2015 (Avril)
Mots clés
Guerre froide Terrorisme Diplomatie
Published
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2014. XXXVIII, 878 p.

Notes biographiques

Ministère des Affaires étrangères (Éditeur de volume)

La collection Documents diplomatiques français se compose de plusieurs séries. Ce volume s’insère dans la série « Depuis 1954 », dirigée par Maurice Vaïsse, professeur des universités à Sciences Po. Il a été préparé par Colette Barbier, docteur en histoire, Antoine Daveau, diplômé d’études supérieures, Philippe Husson, ministre plénipotentiaire, Françoise Pequin, conservateur en chef honoraire des Archives du ministère des Affaires étrangères, et Michel Barcellino, secrétaire de la Commission.

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