Génocide, enfance et adolescence dans la littérature, le dessin et au cinéma
Series:
Edited By Silke Segler-Meßner and Isabella von Treskow
Témoignages d’enfants tutsis : mémoires singulières, paroles transversales, (re)constructions collectives
Extract
| 209 →
Catalina Sagarra
Témoignages d’enfants tutsis : mémoires singulières, paroles transversales, (re)constructions collectives
Or, l’œil ne peut plus jamais oublier ces doigts sous la pancarte ou qui pendent au bout d’eux-mêmes, le long de la robe : deux êtres ont peur et la photo ne fait voir que deux corps dont l’un, des doigts, soutient la pancarte à son cou : la peur ne se voit pas, elle est invisible.1
(Georges-Arthur Goldschmidt, Un Jardin en Allemagne)
C’est cela que nous aborderons en analysant les récits que de jeunes Rwandais ont laissés sur leur expérience du génocide. Entendons « expérience » au sens d’« épreuve » pour laquelle le sujet n’a précisément aucun peritus, c’est-à-dire aucune habileté pour aller de l’avant. La charge dysphorique de cette expérience est ce sur quoi nous aimerions réfléchir, car c’est là, il nous semble, que loge l’asymétrique inversion de deux extrêmes : d’un côté, l’extrême violence des actes génocidaires, de l’autre, l’extrême impuissance des sujets visés par cette même violence. Mais cette inversion devient incommensurablement disproportionnée et forcément plus qu’asymétrique lorsqu’il s’agit des enfants qui ne peuvent appréhender un monde qui bascule au point de ne plus faire aucun sens, au point d’intérioriser, sans pourtant en saisir les ressorts, que leur vie est en danger et qu’il leur faut lutter pour sa sauvegarde,...
You are not authenticated to view the full text of this chapter or article.
This site requires a subscription or purchase to access the full text of books or journals.
Do you have any questions? Contact us.
Or login to access all content.