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« It’s so queer ! »

Les masculinités dans les films de Vincente Minnelli et de Jacques Demy

de Sabrina Bouarour (Auteur)
©2023 Monographies XII, 348 Pages
Série: European Connections, Volume 46

Résumé

« Outre les rapprochements novateurs entre les films de Minnelli et Demy, ce livre démontre admirablement qu’il est non seulement possible mais important de fonder les approches esthétiques traditionnelles sur une analyse rigoureuse ancrée dans les gender studies. »
(Phil Powrie, professeur émérite d’études cinématographiques, University of Surrey, Royaume Uni)
Au-delà de leurs univers oniriques souvent qualifiés d’enchantés, les films musicaux et les mélodrames de Vincente Minnelli et de Jacques Demy témoignent des mutations socio-culturelles d’après-guerre.
Ces productions du cinéaste de la Nouvelle Vague et du grand représentant de l’âge d’or hollywoodien sont emblématiques d’un style camp apprécié à la fois des publics populaires, des tenant·e·s du cinéma d’auteur·trice et des sous-cultures queer.
A partir d’une analyse des masculinités articulée aux dimensions de sexualité, de classe et de race, le livre examine les représentations de genre entre la France et les États-Unis, à l’heure où la Guerre froide, la société de consommation, la décolonisation, mais aussi les mouvements féministes globalisés transforment profondément les identités individuelles et collectives.
L’autrice explore comment les films de ces deux cinéastes, reconnus internationalement mais jamais rapprochés, façonnent des modèles de masculinités alternatives fondées sur des valeurs empathiques et inclusives.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières
  • Liste de figures
  • Remerciements
  • Introduction
  • Chapitre 1 Culture cosmopolite et mutation des normes de genre dans l’après-guerre
  • Chapitre 2 Genre (gender) et fluidité entre le film musical et le mélodrame
  • Chapitre 3 « Marins, amis, amants ou maris » : figures masculines ambivalentes et négociations identitaires
  • Chapitre 4 Gene Kelly : danser la virilité entre Hollywood et Rochefort
  • Chapitre 5 Poétique du possible dans Lady Oscar : mascarade camp, peinture mélodramatique et révolution queer
  • Chapitre 6 Mélodrame masculin, transgressions queer et intersectionnalité à l’heure du code de production hollywoodien : le cas de Tea and Sympathy de Minnelli
  • Chapitre 7 Masculinités vulnérables et contestations sociales : repolitiser le film musical et le mélodrame pour refonder la communauté
  • Chapitre 8 California Dreamin’ : anticonformisme et réinvention des normes dans les années 1960
  • Conclusion(s) La larme de miel et le soupçon de sel
  • Bibliographie générale
  • Archives de production
  • Index

Remerciements

Je tiens à remercier Laurent Jullier pour avoir cru en mon projet et avoir encadré mes recherches par-delà les frontières, avec une flexibilité et une bienveillance sans lesquelles je n’aurais pas pu mener à bien ce travail dans d’aussi bonnes conditions. Ma gratitude va ensuite à Laura Mason, dont la générosité, l’amitié, et les relectures éclairantes accompagnent l’écriture de ce livre entre Baltimore et près de la rue Daguerre.

Ce livre est le fruit d’un travail effectué entre Paris, Baltimore et Bologne. Le contrat doctoral que j’ai obtenu à l’ENS Ulm et l’échange universitaire prolongé avec le Humanities Center et le Film and Media Studies Program de Johns Hopkins University à Baltimore ont été décisifs pour m’immerger dans la culture américaine. Je remercie Jean-Loup Bourget et Françoise Zamour pour m’avoir soutenue et aiguillée dans l’élaboration de mon projet doctoral. L’IRCAV de Paris III-La Sorbonne Nouvelle et The University of London Institute in Paris (ULIP) ont financé la production de ce livre. Merci tout particulièrement à Guillaume Soulez et Charlotte Legg.

Aux États-Unis, Hent de Vries, Derek Schilling, Todd Shepard, Linda Williams, Vanessa R. Schwartz et Linda Delibero ont a eu la gentillesse de m’orienter dans mon exploration de l’histoire du genre et du cinéma. Les conversations avec Tulio Zille et ses remarques avisées m’ont été indispensables. En Italie, je remercie chaleureusement Cristina Bragaglia de l’Université de Bologne, mais aussi Federica Magarini, Laura Spaggiari, Mariantonietta Peloso et Ambra Migliorisi, avec qui le goût du cinéma s’est cultivé à la Cineteca et sotto le stelle della piazza Maggiore. À Paris, des relecteur·trice·s attentif·ve·s m’ont fait l’amitié de prendre du temps pour améliorer ce travail : Olivier Cheval, Adrien Naselli, Maïté Allain, Marie Chaudey, Kamil Talbi, Frédéric Lavigne, Guido Furci et Riccardo Barontini.

À mes parents, pour leur soutien et, en particulier, à ma mère, sans qui ce livre a parfois perdu de son sens.

À Michel, toujours sur le pont. Son infinie patience a accompagné la finalisation de ce livre, ralenti par une pandémie, la distribution d’un film et l’arrivée prochaine d’un autre projet (pro)créatif qui promet lui aussi quelques nuits blanches.

Paris, juin 2023

Introduction

« Il était particulièrement attentif à ce que chacun disait et avait en lui une délicatesse presque féminine, très éloignée du modèle machiste du metteur en scène imposant à tous son autorité », se souvient le cinéaste Costa-Gavras au sujet de son ami Jacques Demy.1 Il était : « l’un des réalisateurs les moins machos ou phalliques, et, grâce au travail accompli avec différents collaborateurs de la Freed Unit, il a su apporter une touche de raffinement camp aux numéros des films musicaux en réalisant des films au style audacieux », retient James Naremore, chercheur spécialiste de Vincente Minnelli.2 Ces deux assertions pourraient désigner le même homme. En réalité, elles se rapportent à deux cinéastes majeurs du cinéma international qui n’ont jamais été rapprochés jusque-là. Leurs films et leurs parcours personnels présentent pourtant des affinités par-delà leurs différences de nationalité et de génération. Ce que l’on retient d’eux ? Un mélange d’enchantement, un travail des couleurs et un sens aigu des tensions entre rêve et réalité. À sa mort en 1986, le New York Times note que Minnelli était un « maître de la forme », qu’il avait la faculté de créer « une aura de sophistication et une touche de nostalgie sans jamais tomber dans l’excès ».3 Le scénariste et parolier Alan Jay Lerner, fidèle collaborateur, le considère comme « le plus grand réalisateur de films musicaux que le grand écran ait jamais connu ».4 Quant à Demy, il est considéré comme « le maître de la comédie musicale à la française »5 et « le père du roman musical »6.

Ces affinités formelles rencontrent aussi des origines sociales similaires. Minnelli (1903–1986) naît à Chicago et grandit dans une famille d’artistes ambulants qui mettent en scène des pièces de théâtre dans des petites villes du Midwest. Après son lycée à Delaware, dans l’Idaho, il part travailler à Chicago, où il conçoit les vitrines des grands magasins Marshall Field’s. À défaut de pouvoir financer des études universitaires, il suit des cours du soir à l’Art Institute et devient assistant du photographe Paul Sloane, spécialisé dans le portrait de célébrités.7 Sa première expérience de la mise en scène s’effectue au théâtre, où il élabore des décors et costumes sophistiqués pour Balaban & Katz, une société de cinéma qui possède également des théâtres et lui offre l’opportunité d’aller à New York. En 1933, il est nommé directeur artistique du Radio City Music Hall, le plus grand théâtre de l’époque, où il fait ses débuts à Broadway et monte des comédies musicales à succès. En 1940, il est embauché à la MGM par Arthur Freed. Il y reste sous contrat pendant 26 ans et donne un nouveau souffle aux films musicaux jugés trop statiques. Minnelli devient un trésor national de l’âge d’or hollywoodien. Entre 1943 et 1976, il réalise 34 films.

De l’autre côté de l’Atlantique, Demy (1931–1990) grandit lui aussi en province. Né à Pontchâteau, en Loire-Atlantique, il passe son enfance à Nantes. Sa mère est coiffeuse et son père garagiste. Comme Minnelli, il grandit dans un milieu modeste où ses parents, férus de cinéma, d’opérette, d’opéra et de spectacle de marionnettes, l’initient aux arts populaires. Durant son enfance, il conçoit ses propres spectacles de marionnettes pour les enfants du quartier, utilise un petit projecteur pour les mettre en scène et réalise des petits films d’animation.8 Sa vocation de cinéaste se heurte au refus de son père qui aimerait le voir reprendre le garage et lui impose une formation de chaudronnier. Il suit malgré tout des cours à l’école des Beaux-Arts de Nantes et, grâce au soutien du cinéaste Christian Jaque, monte à Paris pour faire une école de cinéma.9 Dans ses films, il se détourne de la capitale au profit de la province française. Il met en scène des femmes sans les réduire à des fantasmes masculins et se fait une place à part dans la Nouvelle-Vague, parmi les cinéastes dits de la rive gauche. En 1964, le succès international des Parapluies de Cherbourg fait de lui le grand représentant du film musical à la française. Entre 1957 et 1988, il réalise 14 longs-métrages et 7 courts-métrages.

Bien qu’appartenant à des cultures distinctes, Minnelli et Demy partagent un univers cinématographique strié de références artistiques communes. Leurs films engagent un dialogue explicite avec la culture de l’autre. Les personnages de Demy ont le regard tourné vers Paris et l’Amérique. Ils espèrent, depuis leur petite ville de province, monter à la capitale pour mener une vie d’artiste ou « trouver l’amour au bord du Pacifique » (Les Demoiselles de Rochefort). À Los Angeles, Lola, qui a suivi son grand amour et l’a perdu, découvre une ville où le rêve américain s’expose dans un malaise diffus qui révèle sa facette cauchemardesque (Model Shop). Minnelli n’est pas en reste de ses désirs d’ailleurs. Ses personnages rêvent d’une autre identité dans un Paris fantasmé où ils·elles se confrontent à de grandes désillusions. Dans Gigi, la capitale française et le conformisme de la scène mondaine du Maxim’s musèlent la spontanéité et l’authenticité d’une jeune fille amenée à devenir une femme. Avec An American in Paris, Minnelli porte au plus haut point son idéalisation de la culture artistique française qui chemine vers un désenchantement inévitable. Gene Kelly y incarne un ancien GI américain désireux d’acquérir le talent et la renommée des peintres français d’avant-garde. Il échoue à accorder ses ambitions à la réalité parisienne d’après-guerre. Dans Les Demoiselles de Rochefort, le danseur américain du film de Minnelli ressurgit. Il incarne un compositeur américain à succès dans une petite ville de province où tous et toutes sont fasciné·e·s par l’idée de mener une vie d’artiste à Paris.

Cinéma d’auteur·trice vs cinéma de genre

L’autre point commun entre les deux cinéastes porte sur leur réception. Des deux côtés de l’Atlantique, une critique dominée par l’approche esthétique a largement mis en avant la dimension picturale de leurs films, très souvent appréhendés au seul prisme du cinéma d’auteur·trice. En 1989–1990, le MoMa de New York rend hommage à Minnelli en lui consacrant une exposition accompagnée d’une rétrospective.10 En 2004–2005, le Centre Pompidou de Paris accueille un événement analogue.11 Les deux musées d’art moderne mettent l’accent sur le « Minnelli coloriste » et adoptent une approche auteuriste. Le constat est identique pour le cinéma de Demy. En 2013, la Cinémathèque française organise la première grande exposition consacrée au cinéaste : « Le monde enchanté de Jacques Demy ». L’angle choisi pour aborder ses films – l’enchantement – fait écho au rêve évoqué pour Minnelli. Le versant films pour enfants, coloré, pictural, onirique et magique, est privilégié quitte à passer sous silence sa composante politique plus subversive, réduisant l’univers de Demy à une jolie bonbonnière.12 Jean-Pierre Berthomé est revenu sur les problèmes épistémologiques soulevés par l’exposition en examinant le rôle joué par Ciné-Tamaris dans l’historiographie du cinéma de Demy.13 La société, qui réunit les héritiers de la famille Varda-Demy, gère son patrimoine filmique et, en tant qu’ayant droit, possède un droit moral sur l’œuvre du cinéaste :

Cette position de quasi-monopole a l’avantage de rendre accessible au public la presque totalité de l’œuvre. Son risque corollaire est que les ayants droit contrôlent à la fois l’accès aux films, qu’ils peuvent refuser, la fidélité aux originaux, à travers leurs choix de restauration, et même en bonne partie l’exégèse, puisque tout ouvrage sur Demy doit passer par Ciné-Tamaris pour réunir son illustration. Cela ne va pas sans réécriture de l’histoire.14

L’historiographie en question a accentué la part de merveilleux et le formalisme des films au détriment de leur versant socio-politique tourmenté et queer qui a été minoré voire masqué. Bien que cette composante esthétique « enchantée » représente un aspect constitutif des films de Demy, s’y limiter atrophie leur richesse et ne rend pas compte de leur aptitude à s’adresser aussi bien à des publics familiaux et populaires qu’à des communautés LGBTQ+.

La polarisation de la littérature critique sur la dimension esthétique des films de Demy s’explique aussi par la prévalence de l’approche auteuriste dans les études cinématographiques françaises. Les études culturelles, qui se sont d’abord développées en Angleterre dans les années 1960, abordent les productions culturelles comme polysémiques et tributaires de contextes et de réceptions multiples, en refusant toute hiérarchisation culturelle entre une culture académique légitime (high culture) et une culturelle populaire dévaluée (low culture). Cette approche a mis l’accent sur les rapports de pouvoir invisibilisés.15 Dans son article fondateur de 1973, Stuart Hall a montré que la réception d’une image n’existe pas en soi mais qu’elle est « décodée » par les spectateur·trice·s qui la négocient sans cesse et lui donnent des sens différents. Les études culturelles ont mis en avant que les discours ne sont ni clos ni figés mais toujours soumis à des interprétations différenciées. Or le cadre culturel français et son idéal républicain universaliste tendent à être réticents aux questionnements liés à la différence.16

Ce livre, ancré dans les cultural studies, aborde les représentations dans un souci d’historicisation. Faire dialoguer les films avec leur cadre socio-culturel sans hiérarchisation permet de réfléchir à ce qui a pu donner lieu à des lectures si variées. Prendre en compte la pluralité des publics et replacer ces productions visuelles dans leur contexte de production invite à renouveler leur interprétation et à se délester d’un jugement de goût relatif à une culture d’élite excluante. Sur ce point, Geneviève Sellier et Noël Burch observent :

Aujourd’hui, dans les pays développés, deux pôles socio-culturels structurent la production et la consommation des films : le cinéma d’auteur et le cinéma de genre. D’un côté la légitimité culturelle, de l’autre le box-office. D’un côté la culture d’élite, de l’autre la culture de masse. La cinéphilie savante ne prend en considération que le cinéma d’auteur qui s’adresse à un public de plus en plus restreint, cependant que le cinéma de genre, stigmatisé sous le terme de « cinéma commercial » n’obtient l’attention des critiques que lorsqu’il est pratiqué par un auteur.17

Dans le contexte du système des studios où les genres filmiques sont centraux, les films de Minnelli assument davantage la rencontre entre une culture populaire américaine qui s’arrime à son entertainment grand public et l’influence plastique de références européennes avant-gardistes. Dans le cadre français, les articles élogieux de Jean Douchet et Jean Domarchi aux Cahiers du Cinéma18 et ses continuateurs contemporains, ont longtemps mis l’accent sur la notion d’auteur·trice.19 Si la démarche s’explique par la prévalence de la tradition cinéphilique française du cinéma d’auteur·trice, elle reste surprenante.

Minnelli œuvrait à l’intérieur d’une industrie où le système des genres est très codifié. Dans la réception critique française, les films n’ont pas été resitués dans une époque marquée par un boom économique ni dans une pratique collective qui les complexifie. Stephen Harvey a pourtant montré que le style des films de Minnelli résulte d’un équilibre entre la personnalité du cinéaste et un travail collaboratif avec les employés de la MGM, considérée comme le Tiffany des studios durant les années 1950. James Naremore s’efforce lui aussi de recontextualiser ses films, qu’il situe à la lisière entre idéologie bourgeoise et esthétique : « étudier le travail de Minnelli revient à examiner la relation entre le dandysme et la culture de masse, ou entre l’esthétique et la société de consommation ».20 Raphaëlle Moine est revenue sur les raisons socio-historiques de cette « désaffection pour la notion de genre au cinéma dans la recherche française ».21 Elle pointe l’opposition entre un cinéma grand public déterminé par « un jeu de répétitions et de variations un ensemble de conventions narratives, iconographiques et stylistiques » et qui serait « mercantile et peu créatif », face à un cinéma d’auteur·trice « affranchi des contraintes institutionnelles, économiques et idéologiques de genres ».22 Or les films de Minnelli et Demy brouillent sans cesse les frontières entre ces deux catégories d’analyse. Leurs réceptions par la critique professionnelle et les publics plus ordinaires en témoignent.

Résumé des informations

Pages
XII, 348
Année
2023
ISBN (PDF)
9781800792869
ISBN (ePUB)
9781800792876
ISBN (MOBI)
9781800792883
ISBN (Broché)
9781800792852
DOI
10.3726/b18098
Langue
français
Date de parution
2023 (Juin)
Mots clés
Film and Media Gender studies Cold War
Published
Oxford, Bern, Berlin, Bruxelles, New York, Wien, 2023. XII, 348 p., 23 ill. en couleurs, 2 ill. n/b.

Notes biographiques

Sabrina Bouarour (Auteur)

Sabrina Bouarour est maîtresse de conférences à la University of London Institute in Paris (ULIP). Docteure en études cinématographiques et audiovisuelles, elle est diplômée de l’École Normale Supérieure (rue d’Ulm) et a enseigné à Paris III–Sorbonne Nouvelle, Johns Hopkins University, Columbia University et l’université Gustave Eiffel. Elle est actuellement chercheuse associée à l’IRCAV (Institut de Recherches sur le Cinéma et l’Audioviduel de l’université Paris III–Sorbonne Nouvelle) et a co-dirigé le numéro de Mise au Point : « Analyser l’intersectionnalité au cinéma. Circulation d’un concept en France et aux Etats-Unis » (2023). Diplômée du Centre de Formation des Journalistes (CFJ), elle a écrit pour Le Monde et So Film. Elle a également produit et réalisé le long-métrage documentaire Lights of Baltimore (2022).

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