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Domestiques et domesticités dans les pays de langues romanes

by Goncalo Placido Cordeiro (Volume editor) Graça Dos Santos (Volume editor) José Manuel da Costa Esteves (Volume editor)
©2025 Edited Collection 256 Pages
Series: Mondes de langue portugaise, Volume 5

Summary

À travers les siècles, la figure des domestiques, souvent invisibles mais omniprésentes dans l’histoire sociale, incarne une réalité complexe. Les rapports d’asservissement traversent l’histoire coloniale et persistent sous diverses formes dans nos sociétés contemporaines. La réflexion pluridisciplinaire proposée dans cet ouvrage, sur les représentations de la domesticité dans les pays de langues romanes, croise littérature, théâtre, cinéma et sciences sociales. Ce volume examine comment la domesticité renvoie à des enjeux de classe, de genre et domination, offrant un éclairage essentiel sur les rapports de pouvoir qui perdurent et la lutte contre les formes modernes de précarité.

Table Of Contents

  • Couverture
  • Page de titre
  • Page de droits d’auteur
  • Table des matières
  • Domesticité(s) dans les pays de langues romanes, une culture de la servitude
  • I. DU PASSÉ À L’EXTRÈME CONTEMPORANÉITÉ, APPROCHE SOCIO-HISTORIQUE ET ANTHROPOLOGIQUE D’UN MODÈLE ENTÊTANT
  • On l’appelait « Fatma-Marie ». La séquestration ordinaire d’une domestique à tout faire à la fin du XIXe siècle en Algérie coloniale (Nassima Mekaoui-Chebout)
  • Recueillie comme pupille, accueillie dans une famille : une jeune fille de l’Assistance publique placée comme domestique à l’épreuve de la séquestration
  • « Enfermée, maltraitée, privée de nourriture » : l’affaire Barbier, un fait divers spectaculaire révélateur de l’impunité ordinaire des employeurs
  • Fatma bent Mohamed peut-elle parler ? Le non-dit public de l’expérience traumatique et la réduction au silence politique de la subjectivité domestique
  • Références bibliographiques
  • « Travail d’esclave ». Quelle domination dans le service domestique du point de vue des bonnes à l’Île Maurice ? (Colette Le Petitcorps)
  • Le travail à l’hôtel est plus esclave que celui de bonne
  • Il y a tout de même des « domineurs » parmi les employeurs de bonnes
  • La contestation de la domination dans les emplois domestiques
  • Références bibliographiques
  • La domesticité au XXIe siècle : le cas des badanti en Italie (Caroline Savi)
  • Références bibliographiques
  • Le recul des droits sociaux au Brésil et son impact sur le travail domestique (Ruth Olivier Moreira Manus Botto)
  • Origines historiques du travail domestique
  • Le travail domestique vu comme profession au Brésil
  • La protection du travail domestique par l’OIT
  • La protection juridique des travailleurs domestiques au Brésil
  • Perspectives d’avenir du travail domestique au Brésil
  • Références bibliographiques
  • L’uniforme de la femme de ménage : une étude dialogique sur le discours de professionnalisation du travail domestique au Brésil (Flávia Silvia Machado)
  • Sociologie de la mode et le lieu de l’uniforme : indices théoriques et méthodologiques pour une analyse dialogique
  • L’utilisation de l’uniforme domestique au Brésil : de l’esclavage à la « PEC das domésticas »
  • Discours et sens autour de l’uniforme domestique : professionnalisation ou ostentation ?
  • Des nouvelles voix et l’hétérogénéité de positions idéologiques sur les réseaux sociaux
  • Considérations finales
  • Références bibliographiques
  • II. REPRÉSENTATIONS LITTÉRAIRES, DONNER CORPS ET VOIX AUX DOMESTIQUES : ENTRE SOUMISSION ET RÉSISTANCE
  • La domestique selon Eça de Queirós : empêcheuse de « coucher en rond » ou vraiment « bonne » ? (Fernando Curopos)
  • Références bibliographiques
  • La domesticité dans la littérature portugaise des années 1960 (Isabel de Jesus et Teresa Sousa de Almeida)
  • Références bibliographiques
  • Visages de la domesticité chez Dulce Maria Cardoso : entre soumission et rupture (Maria Araújo da Silva)
  • Références bibliographiques
  • La chambre de la femme de ménage, une senzala moderne ? Représentations du travail et de l’espace domestiques dans la littérature brésilienne contemporaine (Giulia Manera)
  • De l’esclave à l’employée de maison
  • De la campagne à la ville
  • La baraque et l’appartement bourgeois
  • Espace virtuel, voix réelles
  • Références bibliographiques
  • « La plume plus ou moins enragée » : récits de domestiques littéraires et témoignage au Río de la Plata (Lucia Campanella)
  • Références bibliographiques
  • « Ama de leche » à Porto Rico : nourrice de lait ou véritable mère (Grâce Cathy Agamboue Azizet)
  • Du corps comme porteur d’histoire et de mémoire
  • « Ama de leche » vers une relecture de l’historiographie officielle à Porto Rico
  • Références bibliographiques
  • Manuel et Maria : domestiques portugais en France (Marie-Isabelle Vieira)
  • Un écrivain engagé 
  • Les conditions de travail des domestiques
  • Manuel à l’épreuve de la chair
  • L’émancipation de Maria
  • Références bibliographiques
  • Médée, la Pétroleuse et Inna Shevchenko : domesticité et révolte de la créature d’intérieur (Carole Trévise)
  • Médée et la relation au sol
  • Instabilité du sujet
  • La misogynie d’Euripide
  • Gynécée et gynéconomes
  • Exil, chaos, cosmos
  • La Pétroleuse
  • Transgression spatiale et biologique
  • L’affreuse nudité
  • Les Femens
  • Références bibliographiques
  • III. LA SERVITUDE AU THÉÂTRE ET AU CINÉMA, DES IMAGINAIRES ENTRE PASSÉ ET PRÉSENT
  • Le paradoxe des serviteurs de théâtre sur les scènes espagnole et française au XVIIe siècle (Catherine Dumas)
  • Références bibliographiques
  • ¡A la cocina, a la cocina! Mots et images du pouvoir et de la résistance : la domestique dans quelques comédies espagnoles des années 1960-1970 (César Ruiz Pisano)
  • La construction d’un personnage
  • Du village à la ville : caractérisation de la domesticité
  • Se donner les moyens d’exprimer sa révolte
  • Références bibliographiques
  • Servitude ou subtilité d’un pouvoir ? Les domestiques socalcos de Manoel de Oliveira (Anabela Branco de Oliveira)
  • Références bibliographiques
  • La tragédie des domestiques dans l’imaginaire africain : les exemples de La Noire de… d’Ousmane Sembène et La Préférence nationale de Fatou Diome (El Hadji Abdoulaye Sall)
  • Le domestique : quel regard et quelle place dans la société ?
  • La maltraitance ou l’expérience douloureuse de la domesticité
  • L’émancipation du domestique : la prise de conscience et la révolte
  • Le travail comme symbole d’émancipation
  • Références bibliographiques

Graça Dos Santos, José Manuel Esteves, Gonçalo Plácido Cordeiro (dir.)

Domestiques et domesticités dans les pays de langues romanes

Bruxelles · Berlin · Chennai · Lausanne · New York · Oxford

ISSN (Print): 2795-6105 / ISSN (eBook): 2795-6113

ISBN 978-2-87574-810-2 (Print)

978-2-87574-850-8 (ePDF)

978-2-87574-851-5 (ePub)

DOI 10.3726/b22590

D/2025/5678/04

Suisse Publié par Peter Lang

Éditions Scientifiques Internationales - P.I.E.,

Bruxelles, Belgique

info@peterlang.com    http://www.peterlang.com/

Table des matières

Domesticité(s) dans les pays de langues romanes, une culture de la servitude

I. DU PASSÉ À L’EXTRÈME CONTEMPORANÉITÉ, APPROCHE SOCIO-HISTORIQUE ET ANTHROPOLOGIQUE D’UN MODÈLE ENTÊTANT

On l’appelait « Fatma-Marie ». La séquestration ordinaire d’une domestique à tout faire à la fin du XIXe siècle en Algérie coloniale

Nassima Mekaoui-Chebout

« Travail d’esclave ». Quelle domination dans le service domestique du point de vue des bonnes à l’Île Maurice ?

Colette Le Petitcorps

La domesticité au XXIe siècle : le cas des badanti en Italie

Caroline Savi

Le recul des droits sociaux au Brésil et son impact sur le travail domestique

Ruth Olivier Moreira Manus Botto

L’uniforme de la femme de ménage : une étude dialogique sur le discours de professionnalisation du travail domestique au Brésil

Flávia Silvia Machado

II. REPRÉSENTATIONS LITTÉRAIRES, DONNER CORPS ET VOIX AUX DOMESTIQUES : ENTRE SOUMISSION ET RÉSISTANCE

La domestique selon Eça de Queirós : empêcheuse de « coucher en rond » ou vraiment « bonne » ?

Fernando Curopos

La domesticité dans la littérature portugaise des années 1960

Isabel de Jesus et Teresa Sousa de Almeida

Visages de la domesticité chez Dulce Maria Cardoso : entre soumission et rupture

Maria Araújo da Silva

La chambre de la femme de ménage, une senzala moderne ? Représentations du travail et de l’espace domestiques dans la littérature brésilienne contemporaine

Giulia Manera

« La plume plus ou moins enragée » : récits de domestiques littéraires et témoignage au Río de la Plata

Lucia Campanella

« Ama de leche » à Porto Rico : nourrice de lait ou véritable mère

Grâce Cathy Agamboue Azizet

Manuel et Maria : domestiques portugais en France

Marie-Isabelle Vieira

Médée, la Pétroleuse et Inna Shevchenko : domesticité et révolte de la créature d’intérieur

Carole Trévise

III. LA SERVITUDE AU THÉÂTRE ET AU CINÉMA, DES IMAGINAIRES ENTRE PASSÉ ET PRÉSENT

Le paradoxe des serviteurs de théâtre sur les scènes espagnole et française au XVIIe siècle

Catherine Dumas

¡A la cocina, a la cocina! Mots et images du pouvoir et de la résistance : la domestique dans quelques comédies espagnoles des années 1960-1970

César Ruiz Pisano

Servitude ou subtilité d’un pouvoir ? Les domestiques socalcos de Manoel de Oliveira

Anabela Branco de Oliveira

La tragédie des domestiques dans l’imaginaire africain : les exemples de La Noire de… d’Ousmane Sembène et La Préférence nationale de Fatou Diome

El Hadji Abdoulaye Sall

Domesticité(s) dans les pays de langues romanes, une culture de la servitude1  

Le Journal d’une femme chambre évoque dans les mémoires, le plus souvent, le film où Jeanne Moreau est inoubliable dans le rôle de Célestine. Réalisé par Luis Buñuel en 1964 et joué en langue française, le film est une des adaptations cinématographiques du roman d’Octave Mirbeau, d’abord feuilleton paru dans la presse à partir de 1891. Plusieurs autres versions filmiques ont été réalisées dans diverses langues, dont la plus récente en 2015 avec Léa Seydoux dans le rôle principal. De nombreuses adaptations pour le théâtre existent également à l’international.

Évoquer les domestiques et la domesticité suscite une multitude de représentions collectives d’une condition subalterne représentée par une série d’employés domestiques (parfois dits « de maison »), le plus souvent un « petit personnel » assimilé à des métiers féminins qui vont de la soubrette d’antan aux différentes formes « d’aide à domicile » aujourd’hui. C’est une condition sociale qui fait écho à de sombres époques de ségrégation en lien avec l’histoire coloniale.

Ce volume propose de revenir sur une galerie de portraits et de représentations constitués au fil du temps, dans les pays de langues romanes (sans s’interdire une incursion dans d’autres espaces). Les approches s’élargissent aux divers champs disciplinaires (littérature, linguistique, arts plastiques et de la scène, cinéma…) et concernent aussi les domaines de l’histoire culturelle, sociale et politique. Les études mettent en perspective des situations humaines qui, sans restriction de genre (les employés domestiques sont aussi des hommes), peuvent atteindre l’inhumanité la plus extrême alors même que dans les salons bourgeois d’aujourd’hui des cas d’asservissement assimilés à l’esclavage surgissent régulièrement. Le livre revient sur ces formes d’exploitation s’inscrivant dans une imagerie entêtante et grégaire, souvent minorée ou passée sous silence et qu’il convient de déconstruire pour mieux en comprendre les reproductions au présent.

Au plus près du terrain et des acteurs, sociologues, économistes et spécialistes du droit du travail n’ont cessé, ces dernières années, de dénoncer la résurgence de rapports sociaux et de formes de travail qui relèvent dans un grand nombre de cas d’une économie de la servitude2 et de formes déshumanisantes de travail. La traite des êtres humains et l’esclavage contemporain3, concerneraient 40 millions de personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants. Dans un rapport de 2013 intitulé « Les travailleurs domestiques dans le monde : statistiques mondiales et régionales et étendue de la protection juridique », l’Organisation internationale du travail (OIT) estimait qu’il y avait au moins 53 millions de travailleurs domestiques dans le monde. L’emploi domestique s’apparente à l’une « des formes d’emploi les plus précaires, mal rémunérées, peu sûres et non protégées » qui existe dans le monde. Cette réalité tient à trois raisons : « le travail domestique est sous-estimé, invisible et insuffisamment réglementé4. »

Comment désigner les victimes de formes extrêmes d’exploitation et de travail forcé ? La catégorie de « domestique » peine à se détacher d’un vocabulaire qui l’inscrit dans le cadre du consentement, de rapports de confiance entre une employée et un patron, de l’exercice d’un métier digne, du service à la personne. Chargé de sens par les crimes du passé esclavagiste, le mot « esclave » intègre une vision morale et une conception éthique de la société, il renvoie à des corps soumis au marché, à des parcours intimement liés à des itinéraires migratoires, à des rapports économiques marqués par la lutte de tous contre tous à l’échelle du globe. Surtout, il s’appuie sur des conceptions contemporaines et occidentales de la dignité due à la personne, de la liberté individuelle, de la nature humaine. Éléments qui, en Europe, ont été profondément marqués par les débats autour de l’abolition de l’esclavage des XVIIIe-XIXe siècles, par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et enfin par l’affirmation de la pensée libérale et néo-libérale.

L’idéal de liberté a nourri les révolutions, autrement dit ces interruptions violentes du cours de l’Histoire, qui à intervalles réguliers ont contribué à renverser l’ordre établi. Cet idéal de liberté tient en partie de l’illusion, du mythe, tant les sociétés démocratiques semblent incapables de se défaire de l’ombre du travail servile et domestique qui ne cesse de se reconfigurer au rythme des évolutions du marché du travail et des évolutions de la loi.

Fruit de la réflexion menée lors d’un colloque international5, ce livre aborde la question de la domesticité à l’aune d’approches différenciées et pluridisciplinaires, concernant la culture de la servitude dans les pays de langues romanes. L’étude est organisée en trois parties : I. Du passé à l’extrême contemporanéité, approche socio-historique et anthropologique d’un modèle entêtant ; II. Représentations littéraires, donner corps et voix aux domestiques : entre soumission et résistance ; III. La servitude au théâtre et au cinéma, des imaginaires entre passé et présent. Elle contribue à étudier ces formes d’exploitation souvent minorées ou silencées.

Details

Pages
256
Publication Year
2025
ISBN (PDF)
9782875748508
ISBN (ePUB)
9782875748515
ISBN (Softcover)
9782875748102
DOI
10.3726/b22590
Language
French
Publication date
2025 (December)
Keywords
Domesticité servitude histoire sociale représentations artistiques
Published
Bruxelles, Berlin, Chennai, Lausanne, New York, Oxford, 2025. 256 p., 2 ill. en couleurs.
Product Safety
Peter Lang Group AG

Biographical notes

Goncalo Placido Cordeiro (Volume editor) Graça Dos Santos (Volume editor) José Manuel da Costa Esteves (Volume editor)

Graça Dos Santos est professeure des universités à l’Université Paris Nanterre, où elle dirige le CRILUS et est Vice-Présidente Culture, vie associative et rayonnement. José Manuel Esteves est l’enseignant responsable de la Chaire Lindley Cintra de Camões I.P à l’Université Paris Nanterre depuis 2002. Il intègre le CRILUS dont il est directeur-adjoint. Gonçalo Plácido Cordeiro est maître de conférences à l’Université Paris Nanterre, où il intègre le CRILUS.

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Title: Domestiques et domesticités dans les pays de langues romanes