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La mobilité dans la formation des enseignant.e.s en Suisse : quelles conceptions scientifiques pour quels défis didactiques ? / Mobilität in der schweizerischen Lehrer:innenbildung: Wissenschaftliches Verständnis und didaktische Herausforderungen

de Jésabel Robin (Éditeur de volume) Simone Ganguillet (Éditeur de volume)
©2024 Collections 198 Pages
Open Access

Résumé

Cet ouvrage collectif questionne l’articulation entre les conceptions théoriques de la mobilité et les pratiques institutionnelles de celle-ci dans les instituts de formation des enseignant.e.s en Suisse.
Unter anderem werden folgende Fragen diskutiert: Wie werden Mobilitäten in der schweizerischen Lehrer:innenbildung typisiert? Inwiefern finden grundlegende Konzepte, Begriffe und Epistemiologien Eingang in die Curricula? Quelles sont les limites et les perspectives ?
Chaque contribution apporte un éclairage situé institutionnellement aux questionnements communs, wobei Einblicke in bestehende Praktiken, das zugrunde liegende wissenschaftliche Verständnis und damit verbunden didaktische oder institutionelle Herausforderungen aufgedeckt werden.
L’ouvrage réunit des contributions en français, en anglais, en allemand et parfois combinant plusieurs de ces langues, wie diese Synopsis.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos de l’auteur
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Table des matières / Inhaltsverzeichnis
  • INTRODUCTION / EINLEITUNG
  • 1 De la diversité des pratiques institutionnelles : Kontextualisierung und Konzeptualisierung von Mobilitäten
  • PARTIE 1: Mobilitätserfahrungen im Rahmen der (fremd-) sprachlichen Ausbildung
  • 2 Dynamiques identitaires et parcours de mobilité chez les futur.e.s enseignant.e.s d’une institution bilingue: pour quels enjeux et quelle transférabilité didactique ?
  • 3 Moment d’étonnements en Suisse alémanique: Ein Photo-Voice Projekt mit angehenden DaF-Lehrpersonen während ihres Mobilitätsaufenthalts an Deutschschweizer Primarschulen
  • 4 Mobilität im frankophonen Sprach- und Kulturraum in der Ausbildung von Primarlehrpersonen in der Deutschschweiz: Formen und Professionsbezug
  • 5 Legitime und illegitime Destinationen für obligatorische Fremdsprachaufenthalte zukünftiger Englischlehrpersonen: Aktuelle Praxis und Perspektiven aufgrund wissenschaftlicher Erkenntnisse
  • PARTIE 2 : Mobilitätserfahrungen ausserhalb der (fremd-) sprachlichen Ausbildung
  • 6 Un échange interculturel international « chez soi ». Repenser la mobilité
  • 7 Articuler mobilité linguistique, institutionnelle et professionnelle : Ein bilingualer Studiengang im Praxisfeld
  • 8 Les discours des étudiant.e.s qui se frottent à l’altérité, une rhétorique du vide ?
  • PARTIE 3: Mobilitätserfahrungen von Dozierenden
  • 9 Mobility in the times of the Ukrainian crisis: A case for the Swiss National Science Foundation and the scholars at risk network
  • CONTREPOINT
  • 10 Un ouvrage à visée performative

1 De la diversité des pratiques institutionnelles : Kontextualisierung und Konzeptualisierung von Mobilitäten

Jésabel Robin & Simone Ganguillet

Les cantons et leurs instituts de formation des enseignantes et enseignants soutiennent les activités d’échanges et de mobilité des enseignantes et enseignants dans les autres régions linguistiques de Suisse, en veillant à ce que les futurs enseignants et enseignantes d’une autre langue nationale effectuent un stage d’enseignement dans la région linguistique correspondante dans le cadre de leur formation initiale.

(CDIP, 2017, p. 4)

Les avantages que peuvent potentiellement présenter des expériences de mobilité dans le cadre d’une formation initiale sont nombreux. Si les pratiques institutionnelles de la mobilité en Suisse semblent tout aussi nombreuses, c’est que, justement, les recommandations y sont non contraignantes.

À l’origine de ce projet, il y a l’option « stage romand » de l’institut de formation primaire de la Pädagogische Hochschule Bern (PHBern) dont nous sommes co-responsables. Cette option se présentait jusqu’à présent sous forme d’« expériences articulant différents types de mobilité: mobilité géographique, mobilité linguistique, mobilité culturelle et mobilité professionnelle » (PHBern, 2023a). Le projet « Didactique de la mobilité » (Robin, 2016–2019) et ses nombreuses publications semblaient avoir suffisamment légitimé son importance dans la formation pour que nous abordions la place qu’occuperait la mobilité au sein d’un nouveau plan d’études (PH Bern, 2023b) avec sérénité. Il est aujourd’hui clair que la mobilité va conserver dans notre institut son statut marginal « à la périphérie de la formation » (Robin & Tomasini, 2022, p. 292). En parallèle aux semestres d’échange académique sur le mode Erasmus1 et à une troisième variante qui reste à ce jour à définir, l’expérience dorénavant nommée « Changement de perspective » sera réduite à deux semaines et ne sera pas reconnue comme de la véritable pratique professionnelle qui est, elle, obligatoire et à laquelle des crédits de formation sont attribués. Il s’agit pour nous d’une apparente incohérence entre, d’une part, des discours institutionnels stratégiques prônant l’internationalisation, la diversité, le bi/plurilinguisme, la qualité de la formation, les approches transversales, la professionnalisation et, d’autre part, le peu de reconnaissance accordée à ces expériences de formation ayant jusqu’à présent, justement, réussi à articuler ces objectifs.

Entre les institutions qui valorisent effectivement les expériences de mobilité dans les curricula et mettent en place les ressources nécessaires à leur insertion dans la professionnalisation, et celles qui en utilisent le nom à des fins stratégiques mais dont les pratiques internes traduisent en vérité précisément l’inverse, il circule parfois encore des représentations de la mobilité d’un autre temps. Qu’il s’agisse d’ignorance ou d’instrumentalisation, toutes deux nous semblent inexcusables lorsque ces mêmes institutions prétendent en parallèle, et comme s’il s’agissait d’autre chose que de mobilité, à l’internationalisation et aux financements qui vont avec. De ce côté-là, la PHBern est d’ailleurs exemplaire : elle promeut très généreusement la mobilité de son personnel et les offres de cours en anglais se développent. Lorsque les stratégies de partenariat international sont en jeu, l’institution sait se positionner. Toutes les mobilités ne se valent pas…

Il est connu que l’insatisfaction pousse à faire rupture et à s’émanciper. Notre inconfort a, en ce sens, été le moteur du passage à l’action. Qu’il soit toutefois établi que l’enjeu de cet ouvrage n’a jamais été de récompenser ou dénoncer les bonnes ou mauvaises pratiques (et selon quels critères d’ailleurs ?) des institutions suisses de formation des enseignant.e.s, mais bien de comprendre le large spectre de pratiques de cette notion polysémique (Mincke, 2020) surtout lorsqu’elles sont légalement basées sur des recommandations non-contraignantes. Au-delà du recensement des dispositifs, et transcendant nos propres expériences, l’ambition de cet ouvrage est ainsi de sensibiliser à cette diversité des conceptions et des pratiques.

1.1 Articuler conceptions et pratiques de la mobilité dans les formations

Un recensement réalisé fin 2016 auprès des bureaux des relations internationales des institutions de formation initiale des enseignant.e.s en Suisse (Robin, 2018) avait établi que lorsqu’il y avait préparation à la mobilité (ce qui était loin d’être systématiquement le cas), celle-ci n’était pensée qu’en termes de compétences en langue et plus précisément en termes de niveaux selon le Cadre européen commun de référence pour les langues. Aucune de ces institutions de formation professionnelle, pourtant commanditaire de la mobilité, ne la concevait en termes professionnels. Il n’est dès lors pas étonnant que le réinvestissement professionnel soit si peu pensé. Pourtant, historiquement et jusqu’à la deuxième moitié du vingtième siècle, l’idée courante qui justifiait les déplacements dans le cadre d’une formation était l’acquisition de savoir-faire professionnels spécifiques et l’imprégnation d’idées ou courants de pensée (les apprentissages en langue ne représentaient qu’un aspect secondaire), tel un rituel de passage pour obtenir l’acceptation des pair.e.s et l’habilitation à exercer une profession : « au pair », peregrinatio academica, compagnonnage, etc. (Caspard, 1998).

On peut en outre très bien réaliser des expériences de mobilité, professionnelles mêmes, au sein d’un même espace linguistique, il suffit de penser que la francophonie est présente sur plusieurs continents pour s’en persuader : dans une expérience de mobilité entre Suisse romande et France (ou Québec), l’enjeu n’est pas la langue. L’articulation de la mobilité avec les formations en langues correspond ainsi à une construction relativement récente, en lien notamment avec la construction d’une identité européenne au sortir de la deuxième guerre mondiale (Sokolovska, 2021). Qu’en seulement quelques décennies la professionnalisation ait ainsi été évacuée au profit exclusif d’un rattachement aux compétences en langues est tout-à-fait remarquable. Cela nous prouve aussi que, selon les contextes historiques et les intérêts économiques, les conceptions de la mobilité varient.

Ainsi, aucune « évidence », tout est question de choix. Dans ces conditions, ne présenter les expériences de mobilité dans le cadre de la formation des futur.e.s enseignant.e.s que sous l’angle de l’apprentissage en langues, telles qu’elles apparaissent dans les recommandations, est un parti pris pour le moins irritant.

Résumé des informations

Pages
198
Année de publication
2024
ISBN (PDF)
9782875749178
ISBN (ePUB)
9782875749185
ISBN (Broché)
9782875749161
DOI
10.3726/b21622
Open Access
CC-BY
Langue
français
Date de parution
2024 (Mai)
Mots clés
Mobilité Formation des enseignant.e.s Internationalisation
Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
Bruxelles, Berlin, Chennai, Lausanne, New York, Oxford, 2024. 198 p., 1 ill. en couleurs, 8 ill. n/b, 6 tabl.

Notes biographiques

Jésabel Robin (Éditeur de volume) Simone Ganguillet (Éditeur de volume)

En poste à la Pädagogische Hochschule Bern (Suisse), Jésabel Robin et Simone Ganguillet travaillent en didactique des langues. Leurs travaux portent sur le contexte sociolinguistique suisse, les dispositifs de formation des enseignant.e.s, la différenciation en cours de FLE, les politiques linguistiques familiales, le bi/plurilinguisme et les expériences de mobilité.

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Titre: La mobilité dans la formation des enseignant.e.s en Suisse : quelles conceptions scientifiques pour quels défis didactiques ? / Mobilität in der schweizerischen Lehrer:innenbildung: Wissenschaftliches Verständnis und didaktische Herausforderungen