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Les mutations des discours médiatiques : approche contrastive et interculturelle

de Dominique Dias (Éditeur de volume) Nadine Rentel (Éditeur de volume)
Collections 238 Pages

Résumé

Les genres discursifs, pensés comme outil théorique nécessaire pour faciliter la production et la réception des textes, évoluent dans le temps, mais également dans l’espace. Chaque aire linguistique et culturelle possède des spécificités génériques qui se manifestent dans la réalisation des discours médiatiques. En raison de la digitalisation grandissante, les discours médiatiques sont de plus en plus diffusés et consommés sous leur forme numérique, ce qui implique une reconfiguration des pratiques de production et de réception. Le présent ouvrage se propose d’examiner les enjeux interculturels de ces discours médiatiques. Les textes réunis dans cet ouvrage font ressortir les contrastes entre le français et l’allemand, mais également entre le français et d’autres langues.

Table des matières

  • Couverture
  • Titre
  • Copyright
  • À propos des directeurs de la publication
  • À propos du livre
  • Pour référencer cet eBook
  • Sommaire
  • Introduction
  • Constitution et définition des discours médiatiques
  • Les premiers journaux périodiques. Constructions de discours de presse (Michel Lefèvre)
  • Relations intersubjectives dans le discours journalistique : une étude contrastive français/anglais (Emmanuel Baumer et Laure Lansari)
  • Essai de définition du genre Bericht : approche contrastive français/allemand (Catherine de Corbie)
  • Transmédialité et nouveaux médias
  • Stratégies linguistiques d’authenticité dans les recensions en ligne allemandes sur Youtube (Nadine Rentel)
  • Bookstagram : un cas de transmédialité générique ? Étude contrastive français-allemand (Dominique Dias)
  • Approches multimodales
  • Obésité et surpoids dans les discours de presse féminine et générale, française et allemande (Sylvain Farge)
  • Le véhicule électrique dans la presse allemande et française : analyse multimodale contrastive d’un objet discursif controversé (Jérémy Machy et Elodie Vargas)
  • « AIRATP » et « Alles Absicht » : la construction multimodale du comique (Liubov Patrukhina)
  • Médias et société
  • Conceptualisation de la crise sanitaire dans le discours médiatique : Étude contrastive des métaphores de Covid-19 en français et en chinois (Wenjie Hong)
  • Covering COVID-19 in the French and US press: Quotes, sources and journalistic ethos (Caroline Peynaud)
  • Media discourse and the Greek #MeToo movement: A pilot study contrasting French and Greek newspapers’ stance (Fabienne Baider and Anastasia Dimou)
  • Informations sur les auteurs
  • Titres de la collection

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Introduction

Les genres discursifs, pensés comme outil théorique nécessaire pour faciliter la production et la réception des textes, n’ont rien de fixe : ils évoluent dans le temps, mais également dans l’espace. Chaque aire linguistique et culturelle possède des spécificités génériques qui se manifestent dans la réalisation des discours médiatiques malgré l’intensification des échanges dans le cadre de la mondialisation et à l’ère du tout numérique. Ces spécificités représentent un défi en termes de compréhension interculturelle, de médiation linguistique et d’intériorisation des normes génériques.

Les études sur les genres textuels en France (Beacco ; Adam ; Ablali, Bouhouhou & Tebbaa) comme en Allemagne (Brinker ; Adamzik ; Gansel) ont élaboré des outils d’analyse des genres tout en soulignant la difficulté à fixer de manière précise leurs frontières. Des ouvrages collectifs ont déjà abordé la question de l’évolution des genres, dans une perspective proprement diachronique et textuelle (Hauser, Kleinberger & Roth) ou encore dans leur dimension médiatique (Reutner, Schröpf & Rentel). Le présent volume a pour objectif de revenir sur les outils théoriques et méthodologiques pour penser les discours médiatiques dans une perspective contrastive et en fonction des différents facteurs à l’origine de leurs mutations.

En raison de la digitalisation grandissante, les discours médiatiques sont de plus en plus diffusés et consommés sous leur forme numérique, ce qui implique une reconfiguration des pratiques de production et de réception de ces discours. L’opposition entre scripturalité et oralité dans leur dimension médiale et/ou conceptuelle (voir Koch & Oesterreicher) constitue notamment un axe d’analyse pertinent : les corpus de réseaux sociaux numériques ou la communication par smartphone (cf. les études de Dürscheid) se caractérisent ainsi, malgré leur scripturalité, par un degré élevé de spontanéité.

Dans le sillage de la digitalisation, on peut également noter la place incontournable qu’occupe la problématique de la multimodalité, rejetant l’illusion d’un discours « logocentré » (Paveau) et interrogeant le rapport entre texte et image. On sait l’importance que revêt l’image dans certains genres pour décoder l’écrit (pour les genres publicitaires cf. Rentel). Cette réalité est de plus en plus importante pour les discours médiatiques dans le contexte numérique. On peut déplorer en ce sens le nombre encore trop faible d’études empiriques prenant en compte ces facteurs multimodaux, même si l’intérêt de la recherche se fait grandissant (voir l’ouvrage de Thurlow, Dürscheid & Diémoz).

←7 | 8→Les discours médiatiques numériques se caractérisent par ailleurs par un fort dialogisme, qui redistribue les rôles des destinateurs et des destinataires, comme l’indique le mot-valise Produsers, désignant ces locuteurs qui à la fois génèrent et consomment des contenus. Parmi les mutations affectant les discours médiatiques, on peut également évoquer les phénomènes d’hybridation (Dias) susceptibles de favoriser l’émergence de nouveaux genres textuels plus ou moins éphémères et qui complexifient les configurations énonciatives et leurs modes de mise en discours.

L’ensemble de ces mutations revêt des particularités culturelles qui ne doivent pas être ignorées dans l’analyse générique des textes (Fix). Les analyses contrastives français-allemand, mais également avec d’autres langues font apparaître de nouveaux observables, et mettent au jour les enjeux interculturels de ces discours médiatiques (Gonnot, Schwerter & Rentel).

La première partie du présent ouvrage propose des réflexions concernant la conception et la définition des discours médiatiques, notamment au regard d’un sentiment de globalisation communicationnelle. De la naissance des discours journalistiques à leur constitution en passant par leur désignation, il apparaît que la perspective contrastive révèle en réalité bien des spécificités culturelles. Michel Lefèvre propose ainsi une étude contrastive des premiers journaux périodiques en France et en Allemagne au XVIIe siècle, en particulier de la Gazette de Paris et du Nordischer Merkur. Il montre la manière dont ces discours journalistiques naissants se structurent, en analysant notamment les caractéristiques stylistiques et la configuration énonciative de ces textes avec les méthodes de l’analyse de discours contrastive. Emmanuel Baumer et Laure Lansari examinent la manière dont se construit la relation entre auteur et lecteur dans la presse écrite en anglais et en français. Malgré les similitudes notables qui traversent les discours médiatiques, leur corpus montre comment la relation entre auteur et lecteur peut être dite égalitaire en anglais et asymétrique en français. Leur étude porte à la fois sur les formes verbales, avec l’analyse des temps verbaux, et sur les formes nominales, avec l’analyse des chaînes de référence. La contribution de Catherine De Corbie propose, quant à elle, une réflexion sur la notion de genre textuel à l’exemple du Bericht allemand. Elle montre ainsi le flou définitionnel qui règne dans la désignation et la définition des genres journalistiques, ce qui est d’autant plus visible dans une perspective contrastive. Le but de son étude est de parvenir, en combinant une démarche bottom-up et top-down, à comprendre la constitution et l’évolution des normes génériques dans leur dimension culturelle.

La deuxième partie de l’ouvrage traite de la question de la transmédialité, à savoir la migration de certaines pratiques discursives vers d’autres supports, ←8 | 9→notamment dans le contexte des réseaux sociaux numériques. Cette transmédialité interroge en particulier le décentrement de la parole experte au profit de celle des amateurs et inscrit les discours dans de nouveaux formats multimodaux. Cette partie s’ouvre sur une contribution consacrée aux stratégiques linguistiques dans les recensions filmées sur Youtube. Le but de l’étude menée par Nadine Rentel est d’identifier des stratégies linguistiques ayant comme objectif de mettre en scène l’authenticité des présentations. Les données montrent que les stratégies identifiées permettent aux énonciateurs d’augmenter le caractère persuasif des évaluations. Dominique Dias propose, pour sa part, d’explorer le cas du Bookstagram sous l’angle de la transmédialité à partir d’un corpus contrastif français/allemand. Cette pratique discursive émergente permet d’interroger la notion de média dans ses dimensions technologiques, institutionnelles et linguistiques. En effet, on peut considérer cette pratique comme la transposition sur Instagram de la recension journalistique, mais sous une forme non professionnelle et avec toutes les libertés et les contraintes liées au format des réseaux sociaux.

La troisième partie du volume rassemble des contributions qui ont fait le choix de mettre l’analyse multimodale au cœur de leur réflexion. Elles montrent notamment à quel point le rapport entre texte et image peut être spécifique d’une aire culturelle donnée. Sylvain Farge s’intéresse au discours portant sur l’obésité dans les presses générale et féminine en Allemagne et en France. Dans sa contribution, il se focalise sur les différences culturelles entre les deux langues et décrit les relations entre le texte et les images. L’apport de sa contribution est notable du point de vue méthodologique : l’analyse factorielle des correspondances multiples qu’il opère plaide pour une saisie du genre par l’approche statistique plutôt qu’au travers de la notion de prototype. L’étude contrastive d’Élodie Vargas et de Jérémy Machy est consacrée à la représentation de la voiture électrique dans des articles en ligne issus de journaux nationaux français et allemands. Les auteurs adoptent une démarche résolument multimodale et montrent les différences culturelles notables dans le rapport image/texte qui nourrissent des visées argumentatives spécifiques à chaque aire culturelle. Liubov Patrukhina propose d’effectuer une analyse contrastive de deux spots publicitaires pour des régies de transport, l’un pour la RATP en France et l’autre pour la BVG en Allemagne. Ces vidéos répondent à de nouvelles stratégies publicitaires, notamment parce qu’elles sont diffusées via les réseaux sociaux. L’auteure montre ainsi comment texte et image tendent à détourner des modèles génériques routiniers pour maintenir l’attention du spectateur tout en construisant un effet comique qui repose sur un découpage séquentiel.

←9 | 10→Enfin, une quatrième partie est centrée sur le rapport entre médias et société qui n’est pas sans influer sur la forme et les évolutions des discours médiatiques. Certains sujets de société qui ne sont pas propres à une culture en particulier, comme ici la pandémie de coronavirus ou le mouvement #Metoo, bénéficient d’une couverture médiatique qui trouve cependant une expression spécifique en fonction des pays. La contribution de Wenjie Hong est consacrée à la conceptualisation métaphorique de l’épidémie de Covid-19 dans les presses chinoise et française. Elle s’interroge sur la manière dont la crise sanitaire est métaphoriquement représentée dans la presse et montre dans quelle mesure cette conceptualisation est spécifique à une aire culturelle donnée. Cette question de la représentation de la crise dans les médias est cruciale car elle influe sur la conception que les citoyens ont de la maladie et peut expliquer les comportements en matière de prévention et d’action sanitaire. Caroline Peynaud s’intéresse à la couverture médiatique de la pandémie de Covid-19, et en particulier dans le contexte de l’incertitude qui caractérise la première période, en février et mars 2020. L’analyse repose sur un corpus contrastif tiré de deux journaux, le New York Times pour les États-Unis et le Monde pour la France. L’auteure examine la représentation des discours experts à travers les citations et les systèmes de renvois. La gestion de la parole experte par les journalistes est en effet spécifique à chaque pays et laisse entrevoir la manière dont une culture professionnelle journalistique s’adapte en temps de crise. Fabienne Baider et Anastasia Dimou présentent une étude exploratoire sur la représentation de la version grecque du mouvement #Metoo à partir du cas de la sportive Sofia Bekatorou dans la presse en France et en Grèce. Les auteures s’appuient sur les méthodes de l’analyse critique du discours pour montrer notamment comment les choix lexicaux et syntaxiques influent sur la manière de représenter cette affaire et de penser les répercussions sociales et culturelles qu’elle peut avoir.

Résumé des informations

Pages
238
ISBN (PDF)
9783631884607
ISBN (ePUB)
9783631884614
ISBN (Relié)
9783631869123
DOI
10.3726/b20244
DOI
10.3726/b20243
Langue
français
Date de parution
2022 (Novembre)
Published
Berlin, Bern, Bruxelles, New York, Oxford, Warszawa, Wien, 2022. 238 p., 9 ill. n/b, 19 tabl.

Notes biographiques

Dominique Dias (Éditeur de volume) Nadine Rentel (Éditeur de volume)

Dominique Dias est maître de conférences en linguistique allemande à l’Université Grenoble Alpes. Il est membre du laboratoire ILCEA4 et travaille au sein de l’équipe du Gremuts en linguistique textuelle sur les genres de discours. Nadine Rentel est professeure de langues romanes à l’Université de Sciences Appliquées de Zwickau. Avant de rejoindre Zwickau, elle a travaillé comme lectrice du DAAD en France (aux universités de Besançon et de Paris IV-Sorbonne), puis fut assistante post-doc à l’Université de Sciences Commerciales et Économiques de Vienne.

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