L’égarement comme signe d’une communauté
La Génération Perdue d’Aragon, Dos Passos, Fitzgerald et Hemingway
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Amaury Dehoux
DEUXIÈME PARTIE : DIRE LE MOI POUR ACCÉDER À L’HISTOIRE
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DEUXIÈME PARTIE DIRE LE MOI POUR ACCÉDER À L’HISTOIRE 75 Les romans d’Aragon, Hemingway, Fitzgerald et Dos Passos parta- gent un projet scriptural commun, qui est d’exprimer, sous une forme littéraire, l’expérience négative de l’après-guerre. Par là, il s’agit aussi d’écrire un moment précis de l’Histoire collective, même si cela passe par une écriture du singulier, de l’individuel. Cette écriture s’explique par la situation particulière qu’engendre la guerre pour les écrivains de la Génération Perdue. Le conflit mondial survient en effet au moment où débutent les dernières années de formation de ces écrivains nés à la fin du XIXe siècle et marque donc le prolongement de leur éducation. Toutefois, alors que l’éducation vise justement à diffuser des modèles de comportement, l’expérience de la guerre et du séjour en France produit exactement l’effet contraire, dans la mesure où elle empêche de rejoin- dre la certitude d’un comportement arrêté. En d’autres termes, le pro- longement de l’éducation s’avère problématique puisqu’il aboutit à une forme d’inachèvement, à une non-éducation, qui devient la norme pour tous ces jeunes hommes. Privé de modèles communs, chacun doit alors réinventer les signes de sa propre éducation. En ce sens, toute éducation devient singulière. Et l’enjeu devient dès lors de tirer des formes com- munes de l’expérience individuelle : la conception traditionnelle de l’éducation, selon laquelle l’individualité s’affirme au d...
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