Frères et sœurs du Moyen Âge à nos jours / Brothers and Sisters from the Middle Ages to the Present
Résumé
Do brotherhood and sisterhood have a history? They have long been forgotten by historiography but now are benefitting from a growing interest from historians. This collective work, with thirty contributions from historians from different countries, testifies to this new interest. Although badly known, brothers and sisters occupy a central place in family relations. By emphasizing the long term and a large geographical area, from North America to Europe, the editors of this volume wish to seize their history by confronting different systems of kinship that are constantly evolving. To define and measure sibling relationships, to analyze them as a resource through the association of collective strategies and individual trajectories, to live and represent brother and sisterhood: these are the paths followed by the authors who have been careful not to forget sisters. Thanks to the variety of the studies assembled here, writing the history of fraternal relations offers the opportunity to renew approaches to the evolution of both kinship and family relations.
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- À propos de l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Liste des contributeurs
- Les enfants du peintre
- Introduction
- Partie I : Définir et mesurer la fratrie
- « Le gardien de mon frère ». Les relations fraternelles dans le christianisme, entre le meurtre d’Abel et les « frères en Christ »
- Conflits entre frères et sœurs en Castille à la fin du Moyen Âge
- La fraterna et la ramification des familles du patriciat vénitien, XVe–XVIIIe siècles
- La fraternisation sur la terre dans le droit roumain ancien : usages linguistiques et structures sociales
- Faux frères – Âmes sœurs ? Les relations ambigües entre les bâtards royaux et les héritiers de la Couronne (XVIe–XVIIe siècles)
- Les fratries des familles recomposées dans le Toulousain au XVIIIe siècle
- Familles et fratries à l’épreuve de la mortalité. La Dombes aux XVIIIe et XIXe siècles
- Fratrie, collatéraux et corésidence à Charleville aux XVIIIe–XIXe siècles
- Sibling Destinies : an Analysis of Brothers’ and Sisters’ Home-Staying and Home-Leaving Behaviour in 1871 and 1881 Canada
- Diverging Pathways? Sibling Differences in Marriage Timing in a Commercialized Rural Region of The Netherlands, 1860–1940
- Partie II : La fratrie comme ressource : stratégies collectives, trajectoires individuelles
- Stratégies successorales et non exclusion des cadets et des sœurs dans les familles aristocratiques du Rouergue (XIIIe–XIVe siècle)
- Fratrie et crédit en Dauphiné au XIVe siècle
- Communion fraternelle et destins individuels en contexte servile. L’exemple sanclaudien (Jura, XIVe–XVe siècles)
- Transmettre aux frères et sœurs : étude des liens adelphiques dans des testaments roussillonnais du XVe siècle
- « Maynage commun en ung hostal ». Vivre entre frères et sœurs à Montpellier à la fin du Moyen Âge
- Les relations entre frères et sœurs en système coutumier parisien, dans le milieu des officiers : de la solidarité au conflit structurel, XVIe–XVIIe siècles
- Siblings, Family Strategies and Access to Resources in Catalonia (eighteenth-nineteenth centuries). Peasants, Honourable Citizens, Merchants and Indianos
- Les relations de germanité en région parisienne à la lumière de la pratique normande (XVIIe–XVIIIe siècles)
- Brothers and Sisters in Court : Sibling Relationships in the Middle and Lower Classes in Early Modern Italy (Turin, 18th century)
- Caïn et Abel. Conflits fraternels au Royaume d’Aragon (XVIIIe et XIXe siècles)
- Sages-femmes et sœurs en France au XIXe siècle
- Partie III : Vivre et représenter la fraternité : du lien vécu au lien rêvé
- Le lien fraternel en construction : normes sociales et idéaux chrétiens dans la société franque (VIe–IXe siècle)
- L’évolution des attitudes dans la relation frère-sœur du XVIe au XVIIIe siècle
- Genre et fratrie dans les portraits de famille vénitiens du XVIe siècle
- Knit Together in Brotherly Society : l’idéal fraternel au sein des corporations de métier londoniennes dans la seconde moitié du XVIe siècle. L’exemple des spectacles
- Raconter, taire et défendre les ressemblances entre frères et sœurs dans les familles italiennes au XVIIe siècle
- Watchmen of Female Sexuality and Defenders of Family Honour. Brothers as Guardians of their Sisters. Spain in Early Modern Times
- Frères et sœurs de Caïn. Le lien fraternel à l’épreuve du crime de sang au XVIIIe siècle
- D’Argenson « la chèvre » et d’Argenson « la bête ». Une entaille dans le système à maison de la noblesse française d’Ancien Régime (1718–1757)
- La représentation des personnages de sœurs dans les mémoires judiciaires (France, 1770–1780)
- Vivre un idéal de fraternité universelle : la « Tribu Arc-en-ciel » de Joséphine Baker
- Conclusions
- Series Index
Laurence Alessandria : Université Paris 7 – Diderot
Francisco José ALFARO PÉREZ : Université de Saragosse
Benedetta BORELLO : Université de Roma – La Sapienza
Fabrice BOUDJAABA : CNRS, Centre de Recherches Historiques, EHESS
Hilde BRAS : Université de Wageningen
Guy BRUNET : LARHRA, Université Lyon 2
Marianne CARON : Université de Montréal
Vincent CORRIOL : CERHIO, Université du Maine
Claire CHATELAIN : CNRS, IRHiS, Université Lille 3
Diego DELEVILLE : Grenoble
Yves DENÉCHÈRE : CERHIO, Université d’Angers
Lisa DILLON : Université de Montréal
Christine DOUSSET : Framespa, Université Toulouse 2 – Jean Jaurès
Julie DOYON : Pléiade, Université Paris – XIII
Llorenç FERRER ALOS : Université de Barcelone
Véronique GARRIGUES : Framespa, Université Toulouse 2 – Jean Jaurès
Roberto J. GONZÁLEZ-ZALACAIN : UNED-Tenerife
Encarna JARQUE MARTÍNEZ : Université de Saragosse
Emmanuel JOHANS : CERHIO Université du Mans
Jan KOK : Katholieke Universiteit Leuven, Université Catholique de Louvain
Fabien LACOUTURE : Université Paris 1
Lucie LAUMONIER : Université Concordia, Canada ← xi | xii →
Didier LETT : Université Paris 7 – Diderot
Cynthia LEWIS : Université de Montréal
Stéphane MINVIELLE : LIRE, Université de Nouvelle-Calédonie
Sylvie MOUYSSET : Framespa, Université Toulouse 2 – Jean Jaurès
Michel NASSIET : CERHIO, Université d’Angers
Sylvie PERRIER : Université d’Ottawa
Dorit RAINES : Université Ca’Foscari, Venise
Agnès RAVEL : EHESS
Isabelle RÉAL : Framespa, Université Toulouse 2 – Jean Jaurès
Oana RIZESCU : Université de Bucarest
Marta RUIZ SASTRE : Université de Huelva
Nathalie SAGE PRANCHÈRE : Centre Roland-Mousnier, Université de Paris-Sorbonne
Olivier SPINA : LARHRA, Université Lyon 2
Géradine THER : Centre Georges Chevrier, Dijon, Université Toulouse 2 – Jean Jaurès
Jérôme Luther VIRET : Université de Metz
Beatrice ZUCCA MICHELETTO : GHRIS, Université de Rouen
Anne-Laure ZWILLING : CNRS, DRES, Strasbourg
Ces trois enfants sont les aînés d’une fratrie qui en comptera sept, nés entre 1872 et 1895 des deux unions du peintre Henri Zuber (1844–1909), l’auteur du tableau reproduit en couverture de l’ouvrage1. Bien que la date précise de celui-ci soit inconnue, la tradition familiale veut aujourd’hui que le triple portrait ait été peint après la mort de leur mère et qu’il date d’environ 1882. L’air grave voire la tristesse des trois bambins reflèterait le drame qui les a frappés. Si l’on retient cette datation, je suis tentée de voir dans le plus jeune non pas Louis, comme le veut cette même tradition, car il aurait eu sept ans en 1882, mais le petit Étienne, qui porte encore la robe que les très jeunes enfants, à la fin du XIXe siècle, endossent dans leurs premières années. Anna, née en 1872, la grande sœur protectrice qui semble retenir contre elle son plus jeune frère, est l’aînée ; son frère Henri Adolphe, à l’arrière-plan, est né deux ans après elle. Le plus petit, né en 1879, s’il s’agit bien d’Étienne, doit avoir deux ou trois ans à l’époque où leur père, un paysagiste plutôt qu’un portraitiste, peint le tableau.
La mère, Madeleine Oppermann, ne s’est pas remise après la naissance d’Étienne et s’éteint en 1881, après deux années de maladie qui grèvent d’angoisse l’atmosphère familiale. Elle laisse un veuf qui, bien qu’inconsolable, se résout en 1883 à prendre pour seconde femme Hélène Risler, de treize ans sa cadette, qui lui survivra vingt-trois ans et semble avoir été une mère attentionnée pour les trois enfants qu’elle lui donne comme pour les quatre orphelins du premier lit. La tragédie de la Grande Guerre ne l’épargnera pas : ses deux plus jeunes fils, à l’âge de 26 et 22 ans, tomberont au champ d’honneur en 1917. Tous les autres enfants d’Henri Zuber se marieront et laisseront une abondante descendance. Je suis la petite-fille du plus grand des deux garçons du portrait. ← xiii | xiv →
Sages enfants du XIXe siècle… Les artistes du XIXe siècle ne sont pas avares de portraits enfantins. Celui-ci se distingue moins par sa facture que par la sourde mélancolie d’enfants pourtant bien portants, roses et frais, bien élevés : ont veillé sur leur prime éducation une mère aussi responsable que peut l’être une mère en milieu protestant et une éducatrice à demeure. Elles les ont instruits avant que, adolescents, les garçons entrent à l’École alsacienne, dont le père est l’un des membres fondateurs, puis qu’ils intègrent l’une ou l’autre des grandes Écoles républicaines d’ingénieurs. Comme on pouvait s’y attendre, la fillette du tableau, Anna, ne suivra pas un tel itinéraire, encore interdit aux filles. Très douée pour le dessin et la peinture, elle sera la seule élève de son père, travaillera à ses côtés et se fera une certaine réputation dans l’aquarelle, où il excelle, et la peinture de fleurs, spécialité bien féminine ; elle sera acceptée à la Société des artistes français et récompensée par elle. Ses frères Henri et Louis mettront au service d’entreprises spécialisées dans l’impression sur tissu ou papier leurs talents de dessinateurs et la tradition picturale de la famille qui s’est illustrée dans la fabrication des papiers peints depuis le début du XIXe siècle.
Ces parcours, à la fois laïques et profondément imprégnés d’éthique réformée, se devinent-ils dans cette image ? Celle-ci éclaire un peu l’atmosphère d’une famille bourgeoise de la IIIe République, que le régime allemand implanté en Alsace a conduite à renoncer à la province d’origine pour se fixer à « l’intérieur », à suivre les filières éducatives françaises plutôt que les collèges et écoles suisses, à embrasser les combats de la République durant l’affaire Dreyfus et la guerre de 14, bref à parachever une acculturation entamée depuis la fin du XVIIIe siècle2.
1 Christiane Klapisch-Zuber a eu la gentillesse de nous autoriser à reproduire ce tableau de famille en couverture de notre ouvrage collectif et nous l’en remercions ici très vivement (ndlr).
2 Pour plus d’informations sur le peintre, son œuvre et sa famille, cf. Pierre Miquel, L’École de la nature, 1840–1900, Maurs, La Martinelle, 1985, t. IV et V ; Denis Blech, Henri Zuber. De Pékin à Paris, itinéraire d’une passion, Paris, Somogy, 2008 ; et le site <www.henri-zuber.com>.
Longtemps négligés par l’historiographie, frères et sœurs font aujourd’hui l’objet d’une attention particulière de la part des historiens. Ce constat nous a conduit à organiser à Rennes, puis à Toulouse, en 2011 et 2012, un double colloque international intitulé « Frères et sœurs du Moyen Âge à nos jours » qui a rassemblé des chercheurs majoritairement historiens, mais venant aussi d’autres disciplines, autour d’une thématique en plein essor. La présente publication est issue de ces rencontres, même si elle n’en constitue pas la transcription la plus fidèle : l’ordre de présentation des communications retenues a, en effet, été repensé pour construire un ouvrage collectif offrant un regard scientifique neuf sur un sujet qui ne l’est pas moins.
La longue indifférence des historiens pour l’histoire des frères et sœurs ayant été clairement établie par plusieurs auteurs1, il nous a paru inutile de nous y attarder trop longuement. En revanche, comprendre les raisons pour lesquelles les historiens sont de plus en plus nombreux à s’intéresser aux fratries nous a semblé plus pertinent, comme l’articulation de cet intérêt avec les inflexions récentes de la démographie historique, de l’anthropologie de la parenté et de l’histoire sociale.
L’engouement pour l’histoire des frères et sœurs s’inscrit dans une période où les disciplines les plus intéressées par les relations familiales connaissent de profondes inflexions, tant du point de vue de leurs problématiques que de leurs méthodologies. La démographie historique s’est aujourd’hui considérablement éloignée de son premier objet d’étude autour de la construction des principaux indicateurs démographiques des populations anciennes : fécondité, nuptialité, mortalité, etc. C’est, en effet, au travers de ce prisme que les fratries étaient envisagées, de manière marginale, par les historiens démographes. La taille de la fratrie les intéressait au premier chef, reflet de la forte fécondité des femmes – et de la faiblesse ← xv | xvi → des intervalles intergénésiques – à une période qui ne connaissait pas encore de processus de contrôle ni de réduction des naissances, soit avant la seconde moitié du XVIIIe siècle pour les régions d’Europe occidentale les plus avancées. Elle était également évoquée à travers les effets du régime de mortalité élevée dans les populations du passé, lequel avait pour conséquence de réduire singulièrement le nombre de frères et sœurs, mais aussi de créer des écarts d’âge parfois très importants entre survivants, et plus encore quand ils étaient issus de lits différents. En s’éloignant de l’étude de ces indicateurs statistiques, du décompte systématique du nombre des membres qui constituaient, selon les cas, la famille et/ou le ménage, les historiens démographes ont ainsi été de plus en plus attentifs à la nature et aux différentes formes de relations familiales. Cette histoire de la famille tend à se constituer en un champ autonome, finalement assez différent des méthodes et des objets de la démographie historique au sens strict. Mais nombre de travaux de ce nouveau champ, particulièrement en France, prennent pour partie appui sur les résultats et la documentation produits par la démographie historique. Parmi les études remarquables qui s’intéressent aux relations familiales, celles de Vincent Gourdon sur les grands-parents2 ou de Marion Trévisi3 sur les oncles et tantes (directement liées aux relations adelphiques) ont recours aux bases de données issues de la démographie historique pour mesurer la fréquence et la durée de ces relations familiales au cours de l’existence des individus. Ces recherches vont bien au-delà des problématiques propres à la démographie historique telle qu’elle s’est constituée, et relèvent d’une histoire de la famille au sens large, soucieuse de comprendre également les affects et les représentations. Le développement récent et prometteur des travaux sur le for privé, en partie à l’initiative d’historiens formés à la démographie historique, s’inscrit également dans la dynamique de cette histoire de la famille4. ← xvi | xvii →
L’anthropologie historique a connu, elle aussi, au cours des deux dernières décennies, nombre d’inflexions qui l’ont conduite à porter une attention accrue aux relations adelphiques. Le dialogue entre historiens, médiévistes et modernistes surtout, et les anthropologues de la parenté est ancien. L’un des points de rencontre majeurs entre ces deux disciplines fut sans aucun doute la question des systèmes de transmission successorale. Les travaux de cartographie des systèmes coutumiers de partage des héritages, de Jean Yver5 à Dionigi Albera6, en passant par ceux d’Emmanuel Le Roy Ladurie7, de Georges Augustins8 ou d’Emmanuel Todd9, ont entretenu des liens forts entre les deux disciplines. Chacune avait d’excellentes raisons de s’intéresser à cette thématique : le caractère central de la filiation dans le fonctionnement des systèmes de parenté pour les anthropologues ; la place éminente de la propriété foncière, de sa transmission dans les économies préindustrielles, et dans les processus de reproduction sociale des individus pour les historiens. Pourtant, chez les uns comme chez les autres, la relation intergénérationnelle, si importante soit-elle, ne peut suffire à comprendre le fonctionnement de systèmes de parenté ou les modes de reproduction économique et sociale. Bien entendu, cette longue tradition de recherche scientifique n’a pas ignoré l’existence des fratries mais l’a surtout envisagée à travers le prisme de l’héritage. D’une certaine manière, pour les anthropologues comme pour les historiens, l’histoire des fratries fut en fait souvent l’histoire des aînés et des cadets dont les destins divergeaient irrémédiablement à la mort du père. Les premiers étaient appelés à la succession, tandis que les seconds, exclus de l’héritage et, du même coup, du monde des propriétaires et du marché de l’alliance matrimoniale, se voyaient fréquemment condamnés au célibat définitif, voire exclus du village et contraints à la migration pour trouver des ressources propres. Bien entendu, ce schéma esquissé à grands traits ne vaut pas pour l’ensemble des recherches, ne serait-ce que parce que nombre de sociétés ← xvii | xviii → préindustrielles ignoraient le droit d’aînesse et pratiquaient le partage égalitaire. Pourtant, force est de constater qu’historiens et anthropologues10 ont longtemps privilégié l’étude des systèmes inégalitaires dont la maison pyrénéenne constitue une sorte d’archétype. Dans ces conditions, ils ont souvent été conduits à envisager les rapports au sein des fratries au prisme de l’inégalité issue du système intergénérationnel de transmission des biens. En bref, la fratrie, dans le cadre de l’anthropologie historique de la parenté, a rarement été étudiée pour elle-même, mais souvent comme un groupe d’individus dont les relations étaient d’abord commandées par celles qu’entretenaient les parents avec leurs enfants. La position de cadet imposait ainsi presque mécaniquement une forme de soumission de celui ou celle qui restait « faire oncle ou tante » chez son aîné, devenu chef de la maison à la mort des parents.
Pourtant, en cernant au plus près la variété et la complexité des systèmes de transmission successorale, historiens et anthropologues ont été conduits à considérer le maillon fraternel comme un élément essentiel de compréhension des systèmes de parenté. Ainsi, même si le droit d’aînesse existe dans nombre de systèmes inégalitaires, il n’est pas systématique11. Bien souvent, c’est le testament du père ou le contrat de mariage du fils désigné comme héritier qui organise la succession. Le père choisit alors le fils, voire la fille, qui lui paraît le plus qualifié pour reprendre la maison. Par testament, il peut d’ailleurs modifier son choix ou l’adapter quand la mort vient bousculer la succession prévue. C’est donc bien en tenant compte de la configuration familiale dans son ensemble, et en particulier de celle de la fratrie, que s’organise la transmission intergénérationnelle.
Plus largement, les travaux de l’anthropologie historique de la parenté ont largement remis en cause le caractère fixiste des modèles de transmission. En soulignant le caractère partiellement malléable de ces systèmes et du droit de la famille qui s’adapte aux conjonctures économiques, ces recherches invitent à discuter le caractère quelque peu mécanique des relations de parenté qui ne découlent pas uniquement de la place de chacun dans un processus de transmission. Ainsi, tout en renouant avec l’ambition d’une approche macro des systèmes de parenté en Occident, D. Sabean ← xviii | xix → et al.12 ont mis en évidence deux phases d’évolution, l’une conduisant les systèmes de parenté à privilégier la patrilinéarité à partir de la fin du Moyen Âge, une autre aux 18e et 19e siècles mettant en avant le rôle de la collatéralité dans le fonctionnement des systèmes familiaux. La vérification de la validité de cette forte hypothèse les a ensuite conduit à s’interroger sur la place et le rôle de la fratrie dans cette seconde évolution, la relation adelphique apparaissant comme l’un de ses moteurs13. L’ambitieuse typologie des systèmes familiaux alpins proposée par Dionigi Albera14 – pour un espace archétypal d’un fonctionnement patrilinéaire – souligne également l’horizontalisation des rapports intrafamiliaux autour des 18e et 19e siècles. À ce titre, l’ouvrage invite lui aussi à insister sur le rôle structurant des relations entre frères et sœurs dans le fonctionnement des systèmes familiaux. Sous un angle différent et à partir de sources singulières, la violence intrafamiliale saisie dans les lettres de rémission, Michel Nassiet15 observe au cours des derniers siècles de l’époque moderne le rôle croissant des frères dans la gestion des conflits et la préservation de l’honneur familial. Plus globalement, l’ensemble des travaux qui discutent une hausse générale des mariages consanguins en Europe entre la deuxième moitié du 18e siècle et la première moitié du 19e siècle renvoient à la collatéralité et questionnent les relations adelphiques.
Pour ces différentes raisons, l’histoire des frères et sœurs participe à la fois de l’émergence d’une anthropologie historique des relations familiales et des sentiments, mais aussi d’une relecture de l’évolution des systèmes de parenté en Occident. Celle-ci s’inscrit dans les nouveaux champs de l’histoire sociale, aussi bien du point de vue de ses méthodes que de ses problématiques.
Les historiens du social, très intéressés par la question de la reproduction familiale, ont souvent mis l’accent sur l’analyse des destins comparés des pères et des fils. Cette problématique renvoyait à la fois à une certaine conception du fonctionnement de la famille où primait la relation verticale, mais aussi à une certaine approche méthodologique, celle du ← xix | xx → traitement quantitatif d’une source mise en série. Les travaux sur les actes et contrats de mariage ont ainsi, durant plusieurs décennies, constitué l’un des principaux instruments de mesure de reproduction et de mobilité sociales16. Les biais qu’implique une telle démarche ont été bien identifiés. En comparant la situation professionnelle du père et de son fils au mariage de ce dernier, on met en regard deux individus qui se trouvent à deux stades très différents de leur cycle de vie et qui évoluent dans des contextes socioéconomiques sensiblement différents puisque 25 à 30 ans les séparent.
La volonté de mieux prendre en compte la complexité des parcours sociaux s’est traduite de différentes manières sur le plan méthodologique. Elle a pris la forme éclatante de la microhistoire chez nombre d’historiens du social, et celle, moins flamboyante certes, mais tout aussi fructueuse, du suivi longitudinal et des parcours de vie, notamment en histoire sociale des populations, dans la filiation de la démographie historique17. Quelle que soit la perspective choisie, la prise en compte de l’environnement des individus s’est élargie. Les historiens ne les situent plus seulement sur la ligne verticale des ascendants et des descendants, mais tentent de resituer les individus dans leur environnement social et familial élargi, à chaque instant de leur observation.
La prise en compte de la complexité des processus de reproduction sociale conduit alors inévitablement les historiens à s’intéresser davantage aux relations de collatéralité. La connaissance de cet environnement familial semble indispensable à la compréhension du destin de chaque individu. En sortant du ménage et en examinant également les multiples liens familiaux de solidarité et les concurrences qui peuvent exister hors de la sphère domestique, l’étude des relations adelphiques, notamment à l’âge adulte, devient indispensable. Du point de vue de la reproduction sociale, la fratrie apparaît ainsi comme une échelle plus pertinente pour analyser et comparer les destins éducatifs, matrimoniaux et professionnels, car frères et sœurs (à la différence de pères et fils) affrontent des situations et des contextes socioéconomiques proches, sinon semblables, du fait de ← xx | xxi → leur proximité d’âge. Les recherches de Lisa Dillon18, de Jan Kok19, ou de Lionel Kesztenbaum20 et plus généralement l’usage des généalogies, à la manière de l’enquête TRA, ou des listes nominatives du 19e siècle dans les travaux de suivi longitudinal des individus21, attestent de l’intérêt de tenir compte de la fratrie, de sa taille, du rang de naissance de chacun, et pas seulement des parents, pour comprendre le niveau de patrimoine des individus ou leur propension à la migration par exemple.
Depuis quelques années, les fratries apparaissent de plus en plus comme un observatoire des pratiques familiales et sociales et conduisent les historiens à prendre conscience que frères et sœurs sont partout, si l’on ose dire. Pourtant malgré cet engouement récent pour l’histoire des fratries, on dispose encore de peu de synthèses – et moins encore de monographies spécifiquement dédiées –, mais plus souvent d’ouvrages rassemblant des contributions variées, issues ou non de colloques. À cela s’ajoute une certaine inégalité de production selon les périodes historiques. Les médiévistes ont sans aucun doute été les plus actifs en ce domaine22. Historiens modernistes et contemporanéistes apparaissent en revanche plus en retrait. Ces décalages ne sont pas forcément aisés à expliquer. La profusion de registres paroissiaux à l’époque moderne a pu, en quelque sorte, conduire à pousser dans ses plus extrêmes raffinements l’analyse des données démographiques, jusqu’au stade des « rendements décroissants », quand leur pauvreté pour le Moyen Âge ne pouvait qu’inciter les médiévistes à déplacer l’angle d’observation. La place prépondérante de l’époque moderne dans les travaux de démographie historique a peut-être freiné l’intérêt pour l’étude des relations adelphiques, alors que la rareté des matériaux rendant impossibles le même type d’approche pour les périodes plus anciennes a, en revanche, favorisé l’émergence de recherches novatrices sur les frères ← xxi | xxii → et sœurs. Sans doute, faut-il aussi évoquer l’importance du lien fraternel asexué comme modèle dans la société médiévale, alors que par la suite la relation conjugale a connu une forte promotion. Quelles que soient les époques considérées, les analyses doivent affronter un certain nombre de difficultés méthodologiques, dont la définition des sources n’est pas la moindre. Ce « lien faible » ne suscite pas de sources qui lui soient spécifiquement dédiées, à l’image de celles qui évoquent directement la relation parent/enfant. Mais ces mêmes sources sont mobilisables pour analyser les relations adelphiques : ainsi l’acte de mariage comme l’acte de baptême, qui permettent d’abord d’établir des filiations, sont aussi une mine d’informations très riches sur les relations entre frères et sœurs, dès lors qu’on fait appel à des informations moins centrales contenues dans ces actes. Au mariage, la présence de frères parmi les témoins, variable selon les époques et selon qu’il s’agit d’actes de mariage religieux ou civils, est un indicateur de plus en plus souvent retenu dans l’étude des sociabilités familiales23. De même, le choix d’un frère comme parrain ou d’une sœur comme marraine sont une des formes nouvelles d’exploitation d’une source constamment utilisée par les historiens depuis un demi-siècle24.
Mais le lien adelphique ne se donne pas à voir si aisément, et en tout cas jamais de manière systématique dans les sources classiquement mobilisées par les historiens de la famille. Les registres paroissiaux ne le montrent directement que de manière très aléatoire à l’occasion d’un parrainage ou d’un témoignage. La simple identification systématique des fratries exige la reconstitution des familles et la création de généalogies. Le lien fraternel reste donc le plus souvent reconstitué par l’historien.
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L’ambition de cet ouvrage collectif est de proposer une approche très large de la fratrie, aussi bien sur le plan géographique que thématique, du Moyen Âge à nos jours, pour comprendre à la fois la spécificité du lien et la diversité de ses formes selon les époques et les espaces. Nous souhaitons également, on l’aura compris, saisir l’articulation du lien adelphique ← xxii | xxiii → avec les relations familiales en général ainsi qu’avec le fonctionnement et l’évolution des systèmes familiaux. À ce titre, l’éclairage fourni par d’autres disciplines (le droit, la théologie, l’histoire de l’art) enrichit notre compréhension de la dimension historique du lien adelphique.
L’espace envisagé est vaste puisqu’il s’étend à de nombreux pays de l’Europe du Nord, à la Méditerranée, en passant par la Roumanie et l’Amérique. Cette diversité géographique est passionnante car elle renvoie à la variété des systèmes de parenté. Or, les relations adelphiques dépendent étroitement du contenu des autres liens de parenté. Être frères et sœurs dans un espace qui privilégie les ménages élargis ou les ménages complexes n’a pas le même sens que dans une région de partage égalitaire ou de familles nucléaires. Le rôle des systèmes successoraux a également un effet prononcé sur la nature de la relation fraternelle selon qu’elle accorde une primauté à l’un des membres de la fratrie ou qu’elle les place sur un pied d’égalité, sinon par rapport à la succession, du moins par rapport à l’héritage.
Le temps long s’impose ici, car la relation adelphique doit être replacée dans le cadre d’une problématique plus ample concernant les évolutions des structures de la parenté en liaison avec le développement de l’individualisme et la diffusion du modèle nucléaire d’organisation familiale. Sans pour autant sombrer dans une quête systématique des moindres signes d’évolution, il nous a paru intéressant d’interroger l’articulation entre les transformations touchant notamment les modes de transmission et les formes de corésidence familiale d’une part, et celles affectant les relations adelphiques d’autre part. La longue durée est par ailleurs nécessaire au prisme de la question du genre, essentielle dans l’étude des fratries. Avant leur rang de naissance, c’est le sexe des membres de la fratrie qui détermine leur place en son sein, conditionne leur devenir et influe sur le contenu des relations adelphiques. Mais s’il est évident que filles et garçons ne peuvent avoir ni les mêmes stratégies ni les mêmes destins sociaux et qu’ils occupent des rôles différents au sein des fratries, il reste à saisir comment les déterminations genrées varient selon les sociétés et évoluent au fil du temps.
Un travail de définition préalable a paru indispensable. Qu’est-ce, en effet, qu’une fratrie du point de vue juridique ? Si les lois coutumières ou le Code civil circonscrivent assez clairement ce qui constitue le lien entre parent et enfant à travers, par exemple, le contrôle de l’illégitimité et l’énoncé des obligations matérielles et morales des uns envers les autres, ← xxiii | xxiv → la relation entre frères et sœurs semble assez absente des textes de droit. Ce flou juridique est renforcé par un certain flottement terminologique autour du terme même de « fratrie », lequel est apparu assez récemment en français et n’existe pas dans toutes les langues. Ses usages sont multiples, varient selon les contextes et les locuteurs, sans être toujours bien explicités. Certaines sociétés l’utilisent pour désigner les enfants issus du même père et de la même mère, quand, pour d’autres, un seul parent commun suffit à créer un lien fraternel entre ceux que la langue française nomme demi-frère. Il convient donc de s’interroger sur la manière dont les acteurs institutionnels notamment et, plus largement, l’ensemble des contemporains, appréhendent une relation qui peut reposer sur un lien biologique sans pour autant constituer un espace de socialisation et de vie partagée et inversement. Lorsque le lien du sang ne devient qu’un critère parmi d’autres pour définir la relation adelphique, dans quelle mesure cette dernière intègre-t-elle beaux-frères et belles-sœurs ? Qu’en est-il également des enfants issus de parents différents mais qui partagent le même toit, notamment dans le cadre de ce qu’on appelle aujourd’hui les familles recomposées ? Le lien fraternel doit à l’évidence être considéré en liaison avec les autres relations familiales et nous devons tenir compte de la variété, dans le temps et dans l’espace, des systèmes des relations familiales. Pour reprendre la terminologie empruntée à Claude Levi-Strauss par Didier Lett, à côté du « système des appellations », c’est-à-dire de l’ensemble des relations identifiées et nommées dans un système de parenté, il existe aussi un « système des attitudes » qui recouvrent le contenu affectif, économique, etc. des relations. Le va-et-vient entre ces deux systèmes, discours et normes d’une part, vécu et contenu effectif de la relation de l’autre, permet de mieux appréhender les spécificités de ce lien et ces variations dans les temps et dans l’espace25.
La définition du lien fraternel passe également par sa mesure. L’exercice reste délicat car, outre les problèmes de sources – la reconstitution de la fratrie exige celle de toute la famille et le croisement de multiples actes civils ou religieux –, il dépend de la définition de la fratrie retenue, ce qui complique le jeu des comparaisons.
La démographie historique qui cherchait à définir les régimes démographiques des sociétés anciennes (fécondité, âge au décès, etc.) a mis ← xxiv | xxv → l’accent, nous l’avons dit, sur l’étude des relations intergénérationnelles, si bien que l’on dispose de nombreuses études sur l’âge de la paternité et de la maternité, le nombre d’enfants d’un couple, l’âge où l’on devient orphelin, etc. En revanche, rares sont les enquêtes qui permettent de mesurer la taille effective des fratries, la durée des cohabitations des frères et sœurs au sein d’un même foyer selon le rang de naissance de chacun de ses membres. Une mesure quantitative de la taille des fratries, de leur composition dans différentes sociétés et de leurs évolutions en liaison avec les transformations des régimes démographiques est donc nécessaire. Mais au-delà de la quantification des liens biologiques, il paraît important de tenir compte également de la réalité de leur vécu. C’est pourquoi certaines contributions s’interrogent également sur la fréquence et la durée de la corésidence entre frères et sœurs, autant d’indicateurs de l’intensité de la relation adelphique dans le parcours de vie des individus et de la réalité concrète de ces liens.
Le questionnement sur les liens effectivement mobilisés et vécus renvoie à un second thème largement abordé dans cet ouvrage : celui de la fratrie envisagée comme une ressource, comme expression de solidarités familiales, notamment sur le plan matériel ou économique. Nous avons souhaité aborder cette question, ainsi que celle des conflits nés de la relation adelphique qui lui est étroitement associée, en les inscrivant dans le cadre plus large des processus de reproduction sociale et familiale. Il s’agit notamment de comprendre les interactions entre les parcours de vie des individus et les stratégies collectives déployées au niveau de la fratrie pour assurer la reproduction sociale de l’ensemble du groupe familial. Les solidarités et formes d’entraide qui existent entre frères et sœurs sont ici entendues dans un sens très large qui va de l’appui temporaire (l’accès au marché du travail ou au crédit par exemple) à des formes d’association plus formelles et durables (frérèches commerciales, biens et exploitations agricoles détenus en indivision). La question de la fratrie comme ressource pose évidemment celle plus classique de la position de chacun dans le système d’héritage. Toutefois, sans naturellement l’exclure, nous n’avons pas souhaité privilégier ici la relation aîné/cadet en système à maison, déjà bien étudiée. Le destin socioprofessionnel des frères, notamment en système de partage égalitaire, a retenu notre attention, de même que d’autres paramètres pouvant éclairer le rôle de la fratrie et les destins différenciés des individus : l’environnement urbain ou rural par exemple, le milieu social, ou encore le niveau éducatif. Dans quelle mesure les processus individuels ← xxv | xxvi → de reproduction sociale dépendent-ils des configurations adelphiques ? La composition de la fratrie en termes de genre nous paraît ici centrale pour comprendre leurs effets sur les destins de chacun. Là aussi, le chantier est complexe, car les sources à mobiliser pour simplement identifier la fratrie, et plus encore pour en connaître le fonctionnement, sont souvent multiples et éparses. La variété des démarches méthodologiques des auteurs de cet ouvrage permet de mieux appréhender cette dimension du lien fraternel.
Enfin les liens adelphiques ne sauraient se réduire à leur dimension matérielle ou économique. Derrière ces situations sociales et ces destins individuels, ces formes d’entraide et ces conflits, se cache aussi un entrelacs de relations affectives constitutives du lien adelphique. On le sait, l’intensité des sentiments noués au sein de la fratrie, de la haine à l’amour incestueux, a nourri abondamment l’imaginaire au fil des temps. Laissant ici de côté la littérature pour des sources plus classiques en histoire, telles les archives judiciaires, un troisième type de questionnement, croisant sans cesse les deux précédents, a été proposé sur l’expression des sentiments fraternels et les représentations de la fratrie. Il renvoie à la façon dont s’articulent les affects vécus et les modèles de comportement, selon des modalités différentes en fonction du genre des protagonistes, à l’évolution des différents types de systèmes familiaux. Les systèmes très inégalitaires ne provoquent-ils pas, par exemple, la frustration des cadets, conduisant parfois certains d’entre eux jusqu’au crime26 ? La jalousie et la haine peuvent paraître d’autant plus scandaleuses qu’elles s’écartent des normes sociales qui prescrivent l’affection entre frères et sœurs, garante d’une forme de cohésion familiale. Bien que peu encadré par le droit, le lien adelphique est, en effet, chargé d’une forte valeur morale. Aussi, la relation fraternelle, relation horizontale associant l’amitié aux liens du sang, a été promue comme un lien modèle, sous la forme idéalisée de la fraternité. Les mutations de cet idéal dans la longue durée, des confréries médiévales aux loges maçonniques, invitent à explorer les modalités selon lesquelles les sociétés réinvestissent le lien fraternel pour modeler de nouvelles relations sociales. ← xxvi | xxvii →
La trentaine de contributions réunies dans ce volume a donc pour double objectif de présenter un état de la recherche actuelle sur cette relation à la fois commune et singulière qu’est le lien adelphique, et de proposer des pistes suggestives pour une meilleure connaissance du maillon fraternel comme élément essentiel à la structuration de la famille tout autant qu’à l’épanouissement individuel de chacun de ses membres. ← xxvii | xxviii →
1 D. Lett (2008), « Les frères et sœurs, “parents pauvres” de la parenté », Médiévales, 54, p. 5–12.
2 V. Gourdon (2001), Histoire des grands-parents, Paris, Perrin.
3 M. Trévisi (2008), Au cœur de la parenté. Oncles et tantes dans la France des Lumières, Paris, PUPS.
4 J.-P. Bardet, F.-J. Ruggiu (2014), Les écrits du for privé du Moyen Âge à 1914, Paris, CTHS. Cet ouvrage de synthèse est l’aboutissement du travail mené par les membres du groupe de recherche CNRS sur les écrits du for privé depuis une dizaine d’années. À travers un ensemble d’études historiques et d’orientations méthodologiques, il propose un regard nouveau sur l’individu et la famille au sein de la société. De plus, il comporte une très utile bibliographie à laquelle on renverra volontiers tout lecteur intéressé.
5 J. Yver (1966), Essai de géographie coutumière, égalité entre héritiers et exclusion des enfants dotés, Paris, Sirey.
6 D. Albera (2011), Au fil des générations. Terre, pouvoir et parenté dans l’Europe alpine (XIVe-XXe siècle), Grenoble, PUG.
7 E. Le Roy Ladurie (1972), « Système de la coutume. Structures familiales et coutumes d’héritage en France au XVIe siècle », Annales ESC, 1972/4–5, p. 825–846.
8 G. Augustins (1989), Comment se perpétuer ? Devenir des lignées et destins des patrimoines dans les paysanneries européennes, Nanterre, Société d’ethnologie.
9 E. Todd (2012), L’origine des systèmes familiaux, Paris, Gallimard.
10 À la notable exception de M. Segalen (1985), Quinze générations de Bas-Bretons, Paris, PUF.
11 A. Zink (1993), L’héritier de la maison. Géographie coutumière du Sud-Ouest de la France sous l’Ancien Régime, Paris, EHESS.
12 D. Sabean, S. Teuscher and J. Mathieu (2007), Kinship in Europe. Approaches to Long Term Development (1300–1900), New York, Oxford, Berghahn.
Résumé des informations
- Pages
- 630
- Année de publication
- 2016
- ISBN (ePUB)
- 9783034322911
- ISBN (PDF)
- 9783035203455
- ISBN (MOBI)
- 9783034322928
- ISBN (Broché)
- 9783034314688
- DOI
- 10.3726/978-3-0352-0345-5
- Langue
- français
- Date de parution
- 2016 (Août)
- Mots clés
- fratries famille histoire frères et sœurs
- Published
- Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2016. 657 p., 17 ill. n/b, 46 tabl. n/b