Vivre ensemble
Éthique de l’imitation dans la littérature et le cinéma de l’immigration en France (1986–2005)
Résumé
Extrait
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sur l’auteur
- À propos du livre
- Pour référencer cet eBook
- Table des matières
- Remerciements
- Liste des abréviations
- Introduction
- Chapitre I: De la « cruauté du témoignage » à l’éthique de la mise en relation : Le Gone du Chaâba d’Azouz Begag
- Chapitre II: À l’école du sentiment : le cinéma de Ziad Doueiri et d’Abdellatif Kechiche
- Chapitre III: Mémoire, corps et transformation des subjectivités im/migrantes dans Vingt nuits et un jour de pluie de Lam Lê
- Chapitre IV: De « plagiée » à « plagiaire » et vice-versa : Paule Constant et Calixthe Beyala
- Conclusion
- Bibliographie
- Index
- Titres de la collection
Je tiens à remercier Karl Britto, Michael Cowan, Dominique Fisher, Nadia Louar, Evelyn Miranda, Keith L. Walker et mes parents. Mes remerciements vont également aux écrivains et cinéastes dont j’analyse les œuvres dans cette étude. Merci aussi à toutes les personnes autres que celles déjà mentionnées qui m’accompagnent de nombreuses façons sur mon chemin de vie, ainsi qu’à celles sans qui ce livre ne se serait pas matérialisé. Je remercie également Intellect Ltd. et les presses de l’université Clermont-Ferrand pour m’avoir donné la permission de reproduire des éléments de l’article et du chapitres intitulés respectivement « Ethics of Intermediality in Calixthe Beyala’s Fiction » (dans International Journal of Francophone Studies, 2014) et « La relation entre enseignant(e) et élève franco-maghrébin dans Le Gone du Chaâba (Azouz Begag) et L’Esquive (Abdellatif Kechiche) » (dans Maîtres et disciples. Les funambules de l’affection, édité par Valérie Deshoulières et Constantin Muguras, 2009). Les chapitres un et trois ont été écrits à partir de l’article et du chapitre intitulés respectivement : « De la ‘cruauté du témoignage’ à l’éthique de la mise en relation dans Le gone du Chaâba d’Azouz Begag » (dans Dalhousie French Studies, 2006) et « Memory, the Body and the Transformation of Migrant Subjectivities in Lam Lê’s film Vingt nuits et un jour de pluie » (dans Polyglot Cinema: Migration and Transcultural Narration in France, Italy, Portugal and Spain, édité par Verena Berger et Miya Komori, 2010). Ce livre est dédié à Nolann Cowan. ← vii | viii →
ALA | Assèze l’Africaine (1994) |
AS | Amours sauvages (1999) |
CPC | Confidence pour confidence (1998) |
DI | « L’Esquive. Découpage intégral, après montage, illustré de vidéogrammes du film » (2005) |
EDI | Écarts d’identité (1990) |
LDAASSO | Lettre d’une Africaine à ses soeurs occidentales (1995) |
LDC | Lila dit ça (1996) |
LGDC | Le Gone du Chaâba (1986) |
WS | White Spirit (1989) |
j’admets que mettre les civilisations différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est excellent ; qu’une civilisation, quel que soit son génie intime, à se replier sur elle-même s’étiole ; que l’échange est ici l’oxygène, et que la grande chance de l’Europe est d’avoir été un carrefour […] Mais alors, je pose la question suivante : la colonisation a-t-elle vraiment mis en contact ? ou, si l’on préfère, de toutes les manières d’établir le contact, était-elle la meilleure ? Je réponds non.
— AIMÉ CÉSAIRE1
Ce livre est le fruit d’un questionnement sur la persistance d’une pratique décelable dans les œuvres littéraires et cinématographiques produites par des écrivains et cinéastes contemporains issus de l’immigration en France : il s’agit de l’emprunt à la littérature ou aux arts visuels produits par des prédécesseurs français. Le corpus d’œuvres retenues pour analyse dans cette étude met en présence des écrivains et cinéastes d’origines très diverses afin de suggérer que l’emprunt et les enjeux qu’il véhicule sont au cœur de la production littéraire contemporaine par des immigrants issus des anciennes colonies françaises (ou de leurs descendants), quelle que soit l’origine géographique ou culturelle de ceux-ci. Sont ainsi considérés des écrivains et cinéastes ayant des liens avec le Cameroun (Calixthe Beyala), le Liban (Ziad Doueiri), le Vietnam (Lam Lê) et le Maghreb (Azouz Begag et Abdellatif Kechiche). Le recours à l’imitation est d’autant plus surprenant que la littérature et le cinéma issus de l’immigration n’en sont plus au premier stade de leur développement et qu’ils bénéficient, en outre, et depuis de nombreuses années déjà, d’une reconnaissance significative en tant que champ ← 1 | 2 → d’étude à part entière de la recherche universitaire. Il faut chercher du côté de la réception critique la plus répandue des œuvres issues de l’immigration pour expliquer, du moins en partie, la persistance du phénomène imitatif : les œuvres réalisées par des immigrants et leurs descendants sont encore trop souvent considérées comme de simples témoignages. Autrement dit, les écrivains et cinéastes issus de l’immigration seraient des reproducteurs mécaniques de la réalité dépeinte dans leurs œuvres et non des créateurs. Dans un tel contexte de réception, l’emprunt culturel par ces derniers peut alors s’interpréter comme une manière, justement, de revendiquer pour eux-mêmes le statut de créateur à part entière. Mais cette stratégie, si c’en est bien une, garantit-elle nécessairement à ceux qui la choisissent la reconnaissance sur la scène française des arts et des lettres ? Rien n’est moins sûr.
Dans les milieux francophones, l’imitation de la culture française par des artistes issus de l’immigration est très souvent perçue comme une reproduction purement mécanique censée pallier le manque de talent ou la malhonnêteté des artistes en question : par exemple, selon le chercheur Farid Laroussi, Azouz Begag serait un imitateur « stérile »2 du réalisme ; Jean-Luc Douin, critique au journal Le Monde indique pour sa part que le dernier film du cinéaste vietnamien Lam Lê, Vingt nuits et un jour de pluie, imite le film Hiroshima mon amour, « mais, hélas, à son irréparable désavantage » ; enfin, la romancière franco-camerounaise Calixthe Beyala fut accusée de « contrefaçon partielle » pour ses pratiques intertextuelles extrêmes, dernier exemple en date d’une longue tradition française de dénonciation touchant les écrivains francophones issus des colonies3. L’imitation d’artistes français par des écrivains et cinéastes issus de l’immigration a donc mauvaise ← 2 | 3 → presse et il convient de se demander pourquoi ces derniers continuent d’y recourir alors qu’elle n’assure généralement pas aux artistes la légitimité qu’ils recherchent.
Résumé des informations
- Pages
- IX, 139
- Année de publication
- 2016
- ISBN (PDF)
- 9783035307788
- ISBN (MOBI)
- 9783035395976
- ISBN (ePUB)
- 9783035395983
- ISBN (Broché)
- 9783034319447
- DOI
- 10.3726/978-3-0353-0778-8
- Langue
- français
- Date de parution
- 2015 (Décembre)
- Mots clés
- Colonialisme postcolonialisme intermédialité colonialism intermediality éthique intertextualité
- Page::Commons::BibliographicRemarkPublished
- Oxford, Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am Main, New York, Wien, 2016. IX, 139 p.